Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
223. Lionne an Servien Paris 1644 August 27
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Paris 1644 August 27
Eigenhändige Ausfertigung: AE , CP All. 30 fol. 239–240 = Druckvorlage.
Zu nr. 198. Beschwerde d’Avaux’ über Sie bei Mazarin. Hoffnung auf Aussöhnung zwischen
d’Avaux und Servien. Kritik an nr. 198.
Le malheur a voulu que je me suis trouvé tout le jour occupé à travailler
sous Son Eminence et que je n’ay pu avoir un moment de loisir pour le
donner à vous escrire que peut estre un quart d’heure avant le départ du
courrier estant présentement plus douze heures de nuit.
Je ne puis donc pour cette fois que vous accuser la réception de vos dépesches
du [ Lücke ] du courant dont celle que vous aviez consignée à un courrier
extraordinaire quinze heures avant le départ du courrier ne m’a esté rendue
que quinze heures après l’arrivée de l’autre, et cependant je n’en estois pas
peu en peine parce que je n’avois point la copie de la lettre que vous avés
escrite à Monsieur d’Avaux .
J’ay aussytost mis du monde après pour en faire diverses copies, mais
comm’il ne faudra guère moins de quatre ou cinq jours pour avoir achevé
les premières, personne ne l’a encore veu que moy, mesme Son Eminence
parce qu’on y travaille hors du logis et que j’ay esté bien aise d’éviter qu’il
n’exigea de moy qu’on ne la fit point voir, quoyque j’estime qu’il ne l’auroit
pas fait après que Monsieur d’Avaux a fait courre les rues et les ruelles de
Paris à la sienne. J’ay sujet de croire que la précaution a esté inutile, mais il
fait bon jouer à son seur aux affaires particulièrement qui regardent autruy
et dont nous sommes chargéz.
Monsieur d’Avaux en doit envoyer une copie à Monsieur le Comte de
Brienne à ce qu’il luy mande. Cependant il a fait une grande lettre de
plainte à Son Eminence où il exaggère au dernier point la façon dont vous
l’avez traité et use mesme mesme de ces termes que vous l’avez traité en
paroles de 〈…〉 et qu’après les excès où vous vous estes emporté il n’a
plus rien à attendre de vous que le fer et le poison.
J’ay essayé du justifier partout les raisons que vous avez eues de ne le pas voir
chez luy après la difficulté qu’il a faite de donner la parole positive que vous
aviez désiré de luy avec grande justice. Il s’est servi de la demande que vous
luy en aviez faite pour prouver que vous sentiez bien vous mesme à quel
point vous deviez l’avoir offensé.
Son Eminence m’a dict qu’il falloit que vous vous fussiez emporté en
d’estranges choses veu la façon dont luy escrivoit Monsieur d’Avaux. Je luy
ay reparti que je luy ferois bientost voir la lettre et que je le supliois de
confronter en quels termes vous avoit escrit Mondict Sieur d’Avaux et en
quels aussy vous luy respondiez, et s’il s’y trouvoit aucune notable différence,
je consentois d’estre puny moy mesme. Qu’après cela je ne voyois pas
pourquoy Monsieur d’Avaux prétendoit pouvoir offenser impunément un
homme d’honneur et égal à luy sans qu’on put repousser l’injure en la
mesme forme.
Tout cela fait bien icy de la peine, et je souhaite extraordinairement que le
voyage de Messieurs de Saint Romain et de Saint Nicolas ayt opéré quelque
chose de bon, en tout cas je vous conjure par vostre service mesme d’y
procéder en sorte que vous puissiez évidemment faire cognoistre qu’il n’a
pas tenu à vous.
J’ay admiré la réplique qui est une des plus belles pièces que j’aye jamais
veu [es]. Je vous diray seulement avec la liberté que vous me permettez qu’il
y a certains endroits où j’eusse souhaitté que vous eussiez évité de parler
du tiers et du quart. C’est une pièce que la curiosité rendra tost ou tard
quelque jour publique, et vous l’escrivez à Monsieur d’Avaux qui est vostre
ennemy comme s’il devoit la tenir secrète. Par exemple en un lieu vous vous
mettez sur les bras tout le Grand Conseil, accusant la fainéantise des jeunes
Conseillers, dans les copies je feray changer un mot et mettray seulement la
fainéantise des jeunes gens de Paris. Je vous prie de le trouver bon. J’en
ay dict mon sentiment à Monsieur l’Abbé de Saint Nicolas qui l’a fort
aprouvé. J’auray l’honneur de vous en dire davantage par l’ordinaire
prochain.