Acta Pacis Westphalicae II C 2 : Die Schwedischen Korrespondenzen, Band 1: 1645-1646 / Wilhelm Kohl
167. D’Avaux an Salvius Münster 1646 August 18 n. St
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Münster 1646 August 18 n. St.
Kopie: DG, A I 1, Legat . [ 5 ], 26–27 als Beil. D zu Nr. 168
Notwendigkeit eines besseren Verhältnisses beider Kronen zu Kurbayern.
Er wisse noch nicht mit Sicherheit, wann und ob Longueville oder er selbst nach
Osnabrück reisen werden.
J’acquiesse entierement aux propositions des Estats, que Votre Excellence
me mande, touchant les moiens de contraindre l’Empereur à une paix
raisonnable et asseurée, et il est certain que, si outre la conjonction des
armes des deux couronnes (qui doit avoir maintenant dissipé toute sorte
d’ombrages) nous venons à gaigner le duc de Bavieres, en le mettant hors
d’interest, il pressera sans cesse à Vienne pour faire conclurre un traitté,
qui luy devra estre si avantageux. C’est un prince sage, qui sçait bien qu’il
est suspect à une partie de la maison d’Austriche et haï de l’autre, qui a de
grandes richesses et de fort bonnes trouppes, qui est si avancé en aage, qu’il
n’a plus de lendemain que pour y perdre et enfin tres interessé à faire la
paix avec la satisfaction des couronnes, quand il sera asseuré d’y trouver
la sienne. Tout cela est si vray et si considerable, qu’en l’humeur, ou je vois
aujourdhuy nos parties et dans les nouvelles alliances et esperances qu’ilz
forment, je crois sans hesiter que la seule esperance de paix qui reste, est
appuiée sur la teste d’un homme de quatrevingt ans et que, si le duc de
Bavieres venoit à mourir, sa veuve, ses enfans, son armée passeroient entre
les mains de l’Empereur et donneroient moien aux ennemis de continuer
la guerre tant qu’ilz ne la pourroient pas finir par parcelles, en destachant
peu à peu les uns ou les autres d’un parti, qui est composé de tant de diverses
pieces. Je ne sçais mesme, si la vie de ce prince nous est une suffisante
caution contre le dessein, les artifices et la patience admirable des Espagnols,
qui attendent tousjours de grandes choses par le benefice du temps. C’est
la principale maxime de toute leur politique, specialement quand ilz ont à
faire aux François. Vostre Excellence sçait jusques ou ilz avoient desja
engagé dernierement quelques uns des ambassadeurs de messieurs les Estats
et quoyqu’on y ayt mis bon ordre, ilz ne se rebutent point. Un certain milord
d’Angleterre fait à present beaucoup d’allées et venues de Bruxelles en
Hollande. Il se passe d’autres choses ailleurs, dont j’entretiendray Votre
Excellence à la premiere veue, et en un mot, Monsieur, les conseils de la
maison d’Austriche sont tels que vous me mandés. Elle marche à grans
pas à la separation des alliés, soit qu’ilz s’y laissent induire par surprise ou
qu’ilz y soient comme forcés par quelque accident. Si cela ne luy peut
reussir ny d’une façon ny d’autre, elle se promet au moins que l’amour de
la paix servira de praetexte à ceux qui auront mis leurs interests à couvert,
pour entrainer tout le reste dans un traitté precipité sans qu’on ayt loisir
d’obtenir de bonnes conditions. Contre tant de pieges, qui ne sont que trop
bien preparés, il ne suffit pas, à mon advis, de nous appliquer de bonne
sorte à faire agir comme il faut le duc de Bavieres. Il y a un autre remede
non moins necessaire et qui depend de nous mesmes, en moderant les con-
ditions de la paix et justifiant par ce moyen les vives instances, pour ne dire
menaces, que fera Bavieres. Je m’expliqueray plus emplement, quand j’auray
l’honneur de voir Votre Excellence.