Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
13. d’Avaux an Mazarin Münster 1645 Dezember 2
Münster 1645 Dezember 2
Ausfertigung: AE , CP All. 45 fol. 219–221’ = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , MD
France 2163 nr. 19. Kopie: AE , CP All. 53 fol. 346–349’.
Je receus hier au soir la lettre et les commandemens de Vostre Eminence par
le courrier La Buissonnière. Ce matin nous avons esté visiter le comte de
Trautmansdorff, et ainsy il ne me reste que le temps de faire cette response à
la haste pour ne pas laisser Vostre Eminence en soin touchant l’affaire dont il
luy a pleu m’escrire.
|:Vous estes bien servy:| Monseigneur, |:les avis qu’on vous donne sont fon-
dez sur de grandes apparences et mesme sur quelques véritez:|. Il est certain
que les ennemis se tournent de tous costés pour introduire des négotiations à
part, et comme ils ont trouvé Vostre Eminence inaccessible ils veulent tenter
les Suédois. Ils ont fait agir l’électeur de Saxe , ils ont envoié exprès vers le
mareschal Torstenson , |:et les Espaignols se sont fort remuez icy pour sur-
prendre monsieur de Rozenhan:|. Saavedra l’a veu plusieurs fois, il y a eu des
collations à la campagne, et il n’a rien obmis pour s’insinuer en l’esprit de ce
résident, jusques à luy parler de mariage entre le roy d’Espagne et la reyne de
Suède. En mesme temps il a essayé de le mettre en deffiance de la France, luy
représentant le commerce que nous avons avec le duc de Bavières et jurant
que bientost nous serions d’accord avec ce prince et tromperions les Suédois.
Nous avons sceu toutes ces prattiques en leur temps, et ledit sieur de Rosen-
han ne nous les a pas cachées, mais nous avons attribué cella aux artifices
ordinaires des ennemis. Et de vray Monseigneur j’espère que le jugement que
vous faittes de la constance des Suédois ne vous trompera point; au moins
n’ay-je pas remarqué que tous ces effortz aient fait impression sur leurs es-
pritz . La conduitte si nette et si prudente que vous avés tenue sur les grandes
avances que faisoit le duc de Bavières lorsqu’il envoia son confesseur
Johann Vervaux SJ (1585 od. 1586–1661), Beichtvater Kf. Maximilians von Bayern. Er war
im März/April 1645 nach Paris entsandt worden, um dort Verhandlungen aufzunehmen. Ma-
zarin verwies jedoch seine Vorschläge mit Rücksicht auf die schwed. Verbündeten nach Mün-
ster ( ADB XXXIX S. 638 ; Schweinesbein S. 181–217).
cour et tout ce qui s’en est depuis traitté icy a esté suivi de communications si
confidentes et si punctuelles par les ordres réitérés de Vostre Eminence qu’il
ne faut que cette preuve pour destruire les calomnies des ennemis et affermir
la fidélité des alliés quand elle auroit pu estre esbranlée. Aussy Monseigneur
sçais-je que de Rosenhan se moqua de Saavedra sur la proposition de mariage
et luy dit en riant qu’il falloit donc que le roy d’Espagne se fît lutérien. L’on
en a fait depuis une raillerie à Osnabrug.
Quand à monsieur Salvius, il me déclara l’autre jour, et j’en fis rapport à mes-
sieurs mes collègues, que ce grand soin que tous les plénipotentiaires d’ Espa-
gne avoient pris de le visiter le premier, et de luy rendre beaucoup de démon-
strations d’honneur n’estoit pas pour ses beaux yeux (il usa de ce terme) ny
pour leur bonne volonté envers la Suède, mais que c’estoit pour travailler
tousjours à la désunion ou au moins à mettre jalousie entre nous et eux.
«Comment donc», luy dis-je, «vous en avoient-ils fait quelque ouverture?» Il
répliqua qu’il faudroit qu’ils eussent perdu toute honte de luy proposer d’ a-
bord un tel manquement, mais que dans l’entretien ils avoient entrejetté quel-
que parole tendante à cette fin, comme par exemple que la France ne veut
point de paix et se sert utilement de ses alliés pour proffiter de la guerre.
J’essaya de faire parler davantage ledit sieur Salvius qui est assés libre avec
moy, et qui me descouvrit alors ses plus sensibles pensées tant à l’esgard |:de
monsieur le baron Oxestern son collègue que:| de la cour de Suède, et autres
choses de confiance dont le récit seroit trop long et inutile, ne regardant que
ses intérestz particuliers. Mais autant de fois que je le remis sur la visite des
Espagnolz, autant de fois il m’asseura qu’ils n’avoient touché cette matière
que bien délicatement et en termes généraux. Enfin s’appercevant que cella
me donnoit peine il me dit de bonne sorte qu’il estoit le dernier homme du
monde dont je devois prendre ombrage; qu’il avoit la mesme opinion de moy,
et qu’après avoir esté tous deux emploies depuis tant d’années à former et
maintenir l’alliance qui est entre noz roys et de laquelle ils se sont si bien
trouvés il faudroit avoir perdu l’honneur et le sens si l’un de nous venoit à
destruire luy-mesme son ouvrage. Il adjousta qu’ils avoient avis que la France
traittoit non seulement avec le duc de Bavières mais avec tous les autres élec-
teurs catholiques à la ruine des Suédois et des protestans d’Allemagne. Il ne
me fut pas difficile de luy faire voir la fausseté de cet avis, puisqu’ils ont sceu
de nous jusqu’aux moindres particularités de ce que le duc de Bavières a pro-
posé et de la résolution que nous y avons prise de leur consentement mesmes,
mais qui est venu trop tard, estant certain que pour leur avoir tant déféré nous
avons perdu l’occasion de faire un traitté qui leur eust esté aussy avantageux
qu’à la France.
Il est à remarquer que monsieur Salvius rendant la visite au comte de Penna-
randa et à ses collègues qui estoient ensemble il n’y demeura qu’un quart
d’heure, et qu’ils en ont fait plainte; que lorsqu’ilz furent chés luy il se mit à
parler de la religion et à dire qu’il vaudroit mieux que les prestres fussent
mariés «quam scortatores», à quoy l’archevesque de Cambray repartit qu’ils
ne doivent estre ny l’un ny l’autre; que cet entretien despleut aux Espagnolz;
et que monsieur Oxenstiern sachant que monsieur Salvius avoit esté visité icy
de toute l’assemblée avec tant d’esclat et de cérémonies désapprouva la con-
duitte de son collègue, et dit à monsieur de La Barde (qui ne luy en parloit
pas) que s’il avoit esté à Munster il se seroit bien gardé de recevoir ce compli-
ment des plénipotentiaires d’Espagne pour ne point donner jalousie à ceux de
France.
Si l’on veut aussy examiner de près le véritable intérest des Suédois, il semble
qu’ils ne sçauroient trouver leur compte dans une paix clandestine, parce que
l’Empereur ne peut pas leur accorder la Poméranie (qui est la seule pièce qui
les accommode) et eux-mesmes ne la veulent pas sans le consentement et des-
dommagement de l’électeur de Brandebourg comme leur estant nécessaire
pour la posséder avec seureté. Or tout cella ne sçauroit se négotier secrète-
ment , et tant s’en faut qu’il y ait rien de tel, qu’au contraire les ambassadeurs
de Suède et ceux de Brandebourg sont présentement aux mains sur le fait de
laditte province.
D’ailleurs la Suède est toute environnée d’ennemis irréconciliables, Moscovie,
Dannemarch, Pouloigne et l’Empereur, et elle n’a point de plus solide amitié
ny de plus puissante que celle de la France.
|:Néantmoins:| Monseigneur |:tout cela ne m’assure pas en une affaire si
importante:|. Je considère que |:monsieur Salvius avoue luy-mesme que les
ennemis ont frapé à sa porte:|; que |:monsieur de Rosenhan n’a peut-estre
pas tout dit:|; qu’il a |:veu plus d’une fois le conte de Pineranda:|; que nous
receusmes avant-hier une lettre de monsieur d’Avaugour
Charles Dubois (ca. 1600–1657), baron d’Avaugour, seit 1642 frz. Res. bei der schwed. Ar-
mee ; 1633–1641 verschiedene Missionen, u. a. nach Dänemark, Schweden und Polen; 1647
zusammen mit Croissy frz. Kommissar auf der Ulmer Konferenz, 1649 mit Vautorte Überwa-
chung der Exekution des WF, 1652 Ges. Frk.s auf dem RT zu Regensburg ( DBF IV
Sp. 824–826; Chéruel , Avaugour).
mande que |:l’Empereur a dépesché un homme vers Torstenson pour luy
porter parolle d’un accommodement particulier:|; et qui plus est, que
|:Vostre Eminence en a eu avis de deux endroits bien différens:|. Ces choses
|:venues à nostre connoissance depuis que monsieur Salvius est party de cette
ville:|, me donnent lieu de |:m’esclaircir encore avec luy:| sur ce sujet, sui-
vant ce qui en sera résolu icy entre nous, et je ne manqueray pas, Monsei-
gneur , d’y apporter toutes sortes de soins et toute l’industrie dont je suis
capable …