Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
221. Memorandum Serviens für Lionne Münster 1646 April 14
Münster 1646 April 14
Konzept: AE , CP All. 76 fol. 163’–166
Reihenfolge: fol. 164–166, 163’ (= eigenhändige Nachschrift auf gesondertem Blatt). Die Rei-
henfolge der Abfassung der beiden Memoranden vom 14. April 1646 (nrs. 221, 222) läßt sich
nicht mit Bestimmtheit ermitteln, ist insofern auch wohl unerheblich, als beide am 24. April in
Paris eintrafen. Hier wurde die Reihenfolge im Aktenzusammenhang übernommen.
Interesse Frankreichs an der Fortdauer des Türkenkriegs während der Verhandlungen. Gründe
für einen Waffenstillstand in Italien. Nachteile eines Waffenstillstands in Katalonien. Möglich-
keiten der Abhilfe: Verzicht auf Garnisonen; Beschränkung auf Schweizer; Entschädigung für
Katalonien. Bitte um Weisungen. Vorteil von Pensionszahlungen an die Erzherzöge von Tirol.
PS: Privata.
Le plus grand advantage que nous ayons dans toute cette négotiation est la
guerre du Turc sans laquelle nous eussions peult-estre esté forcez par une
ligue des princes d’Italie, et par la jalousie de plusieurs aultres de faire un
traicté désadvantageux ou du moins très différend de celuy que nous pouvons
espérer de faire. C’est pourquoy je perciste en l’oppinion que j’ay tousjours
eue qu’il se fault bien garder d’avancer l’accommodement des Vénitiens avant
que le nostre soit faict, après lequel sy Dieu favorise ces traictez d’un heureux
succès, la France sera en estat de respondre à tous ceux qui luy vouldront
demander quelque chose et mesme de faire des entreprises considérables
contre le Turc pourveu que chacun s’y engage.
Je tiens aussy très dangereux d’accommoder les affaires d’Italie sy on n’ atta-
che auparavant par quelque mariage le duc de Mantoue, et sy on ne tasche de
résouldre celuy de sa sœur avec le duc de Savoye. Sans cela il est comme
impossible de pourveoir suffisamment à la seureté de Casal quelques précau-
tions qu’on y apporte, et les difficultez qui se peuvent rencontrer sur ces trois
poinctz me font croire qu’on sera enfin contrainct de ne faire qu’une trêve
pour l’Italie, mais j’estime qu’il ne seroit pas à propos de s’en ouvrir ny peult-
estre mesme de nous en envoyer les ordres jusqu’à ce que tous les aultres
poinctz soient ajustez, nous ne serions peult-estre pas tous assez retenuz pour
tenir ce dessein caché jusqu’au temps qu’il le faudra faire paroistre. Sy les
ennemis en avoient maintenant la moindre cognoissance ilz prendroient ce
prétexte pour ne faire qu’une trêve partout, qui est tout ce qu’ilz désirent,
mais lorsqu’on sera d’accord pour la rétention du Roussillon et de ce qui nous
devra demeurer dans les Pays-Bas, quand on verra qu’il n’y aura plus que les
difficultez du costé d’Italie qui retarderont la paix, on pourra y faire une trêve
aussy bien que pour la Catalogne et pour le Portugal pour chercher pendant
qu’elle durera les moyens de s’accommoder en ces trois lieux, sans pour cela
différer la conclusion de la paix partout ailleurs.
Je croy néantmoins la trêve pour la Catalogne un peu périlleuse pour nous.
Les peuples de ce pays-là voyans que nous aurons asseuré le Roussillon et
laissé le reste en incertitude cognoistront bien clairement que c’est un chemin
pour les abbandonner, et qu’il n’est plus question que du temps et de la
forme. Cette oppinion rendra les partisans que le roy d’Espagne peult encor
avoir dans le pays plus hardiz à parler et à entreprendre. Sy l’on n’y entretient
point d’armée pendant la trêve, on demeurera tousjours à la discrétion d’un
peuple léger et changeant, et les garnisons de Tarragonne, Tortose et Lérida
seront perpétuellement en estat d’y faire des pratiques et des entreprises. Sy
on est contrainct d’y entretenir une armée, ce ne sera pas beaucoup gagner
par la trêve, la despence y demeurera esgalle à celle de la guerre avec cette
différence qu’on n’en pourra espérer aucun fruict, et les pays qui ne peuvent
estre conservez que de cette sorte ne sont pas beaucoup à estimer.
J’estime qu’il y peult avoir trois remèdes, l’un de mesnager dans les conditions
de la trêve qu’on n’entretienne point de gens de guerre dans l’estendue dudict
pays de part ny d’aultre, non pas mesme dans les places. Cela nous seroit
avantageux sy on le pouvoit obtenir pour deux raisons; la première, parce que
nous n’avons point de places dans le pays où il y ayt garnison du Roy et les
ennemis en entretiennent de grosses dans les 3 villes qu’ilz tiennent; la se-
conde , parce que la plus grande partie des peuples et tous les magistratz es-
tans à la dévotion du Roy et soubzmis à l’authorité d’un viceroy, il y auroit
plus à espérer pour nous qu’à craindre sy toute la province estoit laissée en cet
estat.
Le second remède seroit en cas que les Espagnolz ne pussent approuver le
premier, de les obliger à n’entretenir que des Suisses dans les places qui leur
demeureront et en régler le nombre.
Le 3 e et le plus seur seroit de convenir présentement d’une récompence pour
la Catalogne. J’ay sy grande appréhention que nous ne la perdions pendant la
trêve et qu’elle ne facilite aux Espagnolz le moyen de la ravoir sans qu’il leur
en couste rien que je croirois beaucoup plus utile d’en traicter par about en
concluant la paix quand nous n’en devrions estre récompensez que par une
seule place pourveu que ce fust Cambray.
Après tout la Catalogne est un loup que nous tiendrons par les oreilles lors-
qu ’il n’y aura plus d’armée. Je souhaicterois bien qu’elle vallust quelque chose
à la France avant que retumber entre les mains de l’ennemy, puisqu’aujour-
d’huy c’est ce qui le touche plus sensiblement et qu’il y a peu de chose qu’il
ne nous donne pour la ravoir tandis que nous la tiendrons en estat qu’il ne
s’en puisse pas aisément rendre maistre. Tout cela selon mon foible sentiment
mérite bien qu’il plaise à Son Eminence d’y faire refflection et de nous pres-
crire ce que nous aurons à faire sur ce subjet, puisqu’il me semble que la
négotiation s’eschauffe de tous costez et que nous serons peult-estre bientost
obligez de traicter de cette affaire.
La pension que l’on pourra donner aux princes de Tirol sera selon mon advis
très honorable pour le Roy, rendra la rétention que l’on faict de leur pays
moins odieuse dans l’Allemagne, servira beaucoup à la seureté de l’acquisition
et mesme fournira un prétexte légitime de révocquer les alliénations qui ont
esté faictes du domaine de l’Alsace par diverses donations qu’il seroit très
préjudiciable de faire subsister à cause qu’elles ont esté faictes à des estrangers
qui sont tous luthériens ou calvinistes, au lieu qu’il importe extrêmement
d’establir des François et des catholicques dans cette nouvelle conqueste. A
toute extrémité la pension que le Roy pourra donner à ces princes sera aussy
advantageuse à Sa Majesté et ne sera pas plus mal employée que celles qu’on a
données depuis longtemps aux princes de la maison de Savoye, d’ailleurs elle
nous donnera moyen d’avoir leur consentement et leurs tiltres pour jouir des
droictz qui leur ont cy-devant appartenu dans ledict pays.
Privata: Beunruhigung über den Gesundheitszustand von Lionnes Frau und Kind.
Empfehlung.