Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
127. Mazarin an d’Avaux Paris 1647 August 30
Paris 1647 August 30
Ausfertigung: AE , CP All. 79 fol. 267–268 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 85 fol.
127–128. Kopie: AE , CP All. 101 fol. 361–363’. Teildruck: Mazarin , Lettres II, 483f.
Spanisch-savoyisches und spanisch-kaiserliches Heiratsprojekt. Haltung der schwedischen
Gesandten. Widerlegung der Ausführungen Bruns zur Lage Frankreichs; Vorbehalte gegen-
über einer Unterredung d’Avaux’ mit Brun.
Pour respondre à la vostre du 20 e du courant, je vous diray sur le sujet de
la proposition du mariage de l’infante d’Espaigne avec monsieur de
Savoye que d’abord que la nouvelle de la mort du prince d’Espaigne ar-
riva , j’eus la pensée qu’une telle proposition se pourroit faire, et que dans
cette prétention les Espaignols ne viseroient pas tant à faire un duc de
Savoye roy d’Espaigne qu’à rendre le roy d’Espaigne maistre du Pied-
mont et de la Savoye. Quoy qu’il en soit |:nous avons avis que le mariage
de l’Empereur
Gemeint ist vermutlich Ehg. Ferdinand; vgl. [ nr. 6 Anm. 3 ] .
la conclusion:|.
Nous avons receu dans la dépesche du sieur Chanut
Vgl. das Schreiben Chanuts an Longueville, d’Avaux und Servien, Stockholm 1647 Juli 26
(Ausf.: AE , CP Suède 11 fol. 164–170; unvollständige Duplikate, datiert 1647 Juli 27: AE ,
CP Suède 9 fol. 315–316’ [für Brienne]; AE , CP Suède 11 fol. 174–176; [für Mazarin] AE ,
CP Suède 13 fol. 150–151’), das als Beilage zu Chanut an Brienne, Stockholm 1647 Juli 27
(Ausf.: AE , CP Suède 9 fol. 293–294; Kopie: AE , CP Suède 13 fol. 151’–152’), bzw. Cha-
nut an Mazarin, Stockholm 1647 Juli 27 (Ausf.: AE , CP Suède 13 fol. 146–149), an den frz.
Hof übersandt worden war.
lettre que monsieur le comte Oxenstiern a escritte à la reyne de Suède:| au
mesme temps |:qu’une copie nous en est venue avec la vostre :|. Je vous
diray pourtant touchant |:la conduitte de monsieur Salvius envers la
France:| qu’il semble et il a ainsi paru en plusieurs ocasions |:qu’il craigne
plus de la part dudit Oxenstiern qu’il n’espère de celle de la reine sa mais-
tresse et qu’estant appuié de sa protection et connoissant son inclination
vers cette couronne:| il n’en appuye pas tousjours assés les intérêts, ny ne
travaille assez fortement pour serrer le nœu[d] de l’union |:qu’elle a avec
la Suède:| conformément aux intentions de la reyne, et à dire vray au bien
de son service, comme elle-mesme le reconnoît ainsi que vous me mar-
quez |:dans la demande que nous faisons que l’Empereur ne puisse assister
après la paix les Espagnolz:|; ce luy est une belle ocasion pour lever le
masque et s’opposer avec vigueur |:à la molesse avec laquelle son collègue
nous a secondez:| et qui a plus servy à faire |:refuser nostre demande qu’à
nous la faire accorder:|.
La conversation de |:Brun avec vostre médecin:| est merveilleuse, et
comme il n’est rien de plus vray que les principes qu’il suppose, pour faire
voir que toute sorte de raisons veulent que les Espagno〈ls〉 désirent la
paix, il est faux aussi comme vous sçavez qu’ils l’ayent tout de bon dési-
rée ; comme il est impossible que le malheur qui a acompaigné nos affaires
au commencement de cette campaigne, procède de la répugnance que
nous ayons apportée à la paix, il faut qu’il ait quelque autre cause, puisque
nous n’avons rien souhaité avec plus de passion, ny rien poursuivy avec
une plus grande condescendance aux intérêtz de nos ennemis, et un plus
grand relaschement des nostres.
|:Ledit sieur Brun:| se trompe pourtant en ce qu’il a avancé, que peu s’en a
fallu que le malheur susmentionné n’ait changé la face de nos affaires. La
prontitude avec laquelle il a esté réparé et avec usure, fait bien voir qu’il
est de la France comme de ces grands arbres, annosae quercus, dont les
racines sont plus profondes que la cime n’est haute, et qui peuvent bien
estre un peu esbranlez, mais très difficilement abattus. Il est vray que
nous n’avons point fait depuis quelque temps des conquestes du costé de
la Cataloigne; mais aussi avons-nous empesché que les ennemis n’en fis-
sent sur nous de ce costé-là, et comme la conservation ne fait pas moins
d’honneur à Dieu que la création des choses, il arrive aussi quelquefois
qu’il n’est pas moins glorieux de conserver que de conquérir.
L’accident arrivé à l’armée de monsieur le mareschal de Turene, et que
nulle prudence humaine ne pouvoit prévoir, ny par conséquent divertir,
a bien esté pour nous un grand lucrum cessans et il est vray que sans cet
accident nous aurions peut-estre fait des progrez, qui auroient bien fait
crier les Flamens contre l’obstination avec laquelle les Espaignols s’ es-
toient esloignez de la paix. En quelque estat que soit cette armée, nous ne
laisserons pas de nous en beaucoup prévaloir, et tous les coups de cette
campagne ne sont pas encore ruez, si l’on ne les arreste par la conclusion
de la paix |:que les députés d’Espagne disent se pouvoir conclure en qua-
tre heures si nous voulons:|. A la vérité vous ne nous pouviez escrire une
meilleure nouvelle, pourveu que l’événement ne la démante point. |:L’ af-
faire du Portugal:| n’y peut point faire obstacle puisque vous en avez l’ es-
claircissement |:et le pouvoir de la terminer avec toutes les autres choses:|.
Pour ce qui est de |:l’entreveue avec Brun:| je la trouve un peu délicate, et
à dire vray un peu dangereuse. Ce n’est pas que vous ne soyez |:plus ha-
bille homme que luy, mais il n’est pas si homme de bien que vous:|, et
vous sçavez que c’est un esprit |:à faire poison des meilleurs choses, arti-
ficieux , semeur de faux bruitz et grand artisan de calomnies, tesmoin les
libelles qu’il a publiés contre la France et les avantages qu’il a tirés à nos-
tre préjudice et de la vérité de la conférence qu’il a eu avec monsieur Ser-
vien
gez à propos que |:cette entreveue se fasse:|, vous y serez muny de si bons
antidotes qu’il n’en pourra résulter d’inconvénient fascheux, quand
mesme il n’en arriveroit aucun bien pour les affaires généralles |:ny pour
les nostres:|.