Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
J’ay eu peine de comprendre ce qui m’est mandé par la dépesche du
premier de ce mois, et ne puis connoistre de quelle façon je dois régler
ma conduitte sur ce qui m’est escrit. Vostre lettre porte que |:l’on eust
désiré que j’eusse envoyé le projet du traicté
l’on entend que je leur eusse seulement envoié connoissance de ce qui se
passoit icy, je crois que monsieur de Servien à qui j’en ay donné les avis
n’aura pas manqué de le faire, et que s’il l’a jugé à propos, il aura com-
muniqué nos articles, puisqu’ilz estoient dressez et résolus quand il est
parti de Munster, et qu’il en a porté la copie avec luy
veut dire que |:je devois remettre la médiation à Messieurs les Estatz et
la tirer des mains de leurs ambassadeurs:|, je ne vois pas que moy-mesme
sans en avoir receu aucun ordre de la cour, j’aie deu entreprendre de
faire un changement si notable. Cella eust |:offensé de tout poinct les
Médiateurs, et changé l’ordre de l’assemblée:|, qui ne dépend pas de la
France seule.
Pour introduire cette forme de traitter, le consentement de nos parties
estoit nécessaire, et pour cet effect il eust falu que j’eusse fait dire aux
plénipotentiaires d’Espagne que |:les ambassadeurs de Messieurs les
Estatz estans suspectz à la France, je ne pouvois user de leur entremise
pour achever la négotiation, mais que j’allois envoyer noz articles à La
Haye à leurs supérieurs:|, affin |:qu’eux-mesmes en prissent conoissance
ou qu’ilz députassent d’autres personnes sur lesquelles:| il ne pût |:tomber
aucun soupçon:|. De sorte que j’estime que |:j’eusse faict plaisir aux Espa-
gnolz, qui eussent esté bien aises d’avoir occasion d’envoyer un de leurs
ambassadeurs à La Haye pour conduire:| leurs menées et leurs pratiques.
Je vois que c’estoit leur but et leur désir, ainsy qu’il a paru |:au passage de
Brun par la Holande. Mais comme l’on s’est alors opposé à son desseing:|
avec beaucoup de prudence, aussy je n’estime pas qu’il eust esté du bien
du service de Leurs Majestés de |:se sousmettre au jugement de Messieurs
les Estatz et de les rendre neutres entre la France et l’Espagne, qui est ce à
quoy le conseil d’Espagne travaille et employe tous ses soings:|.
Je vous supplie aussy, Monsieur, de vous souvenir de ce qui est dans les
despêches de la cour du 18 et 25 e janvier , et de tant de bonnes et solides
raisons qui y sont très prudemment desduittes. Je m’asseure que vous
|:advouerez que dans la conduite que j’ay tenue icy, j’ay essayé de:| m’y
conformer entièrement et de les suivre.
Vous me mandés qu’il y a deux extrêmes à fuir: l’un de |:retirer la média-
tion d’entre les mains de Messieurs les Estatz, l’autre de la laisser en celles
de personnes si suspectes:|, et que cella se peut accommoder en prenant
une voie qui pourvoie aux deux inconvéniens, |:laissant la médiation aux
Estatz et en excluant Pau et Knuyt:|.
seul qui soit icy, puisque sy on l’exclud, c’est en effect oster la médiation
entière à Messieurs les Estatz.
Je n’ay point |:du tout bonne opinion de Pau, et sans doute nous devons
estre sur nos gardes contre luy et contre Knuyt. Je les tiens pour gaignés
et corrompus tous deux et s’ilz estoient nos juges, je tiendrois nostre
cause perdue devant eux. Je ne les considère que comme nos partyes et
ne parle à eux qu’avec la mesme précaution. Ilz ne peuvent nous contrain-
dre à accorder que ce qui nous plaira, et je juge que Pau parce qu’il est
amy des Espagnolz, peut mieux qu’aucun autre faire réussir le peu dont il
reste à convenir au traicté, parce qu’ilz ont confiance en luy, et qu’ilz se
déclareront plus facilement sur son entremise, qu’il est luy-mesme inté-
ressé en quelque façon à:| faire la paix, et à ne laisser pas imparfait l’ou-
vrage qu’il a commancé, qu’il |:s’efforcera d’achever non en nostre consi-
dération, mais pour la sienne et:| celle des Espagnolz mesmes ausquels il
ne peut rendre un meilleur office qu’en concluant le traitté, faire cesser les
maux dont ilz sont menacés. Que si l’effect |:n’en est pas si prompt qu’il
seroit à souhaicter:|, il semble que les difficultés qui se trouvent encores
dans le |:traicté de l’Empire, et celles de la garentye empeschent les Espa-
gnolz de s’ouvrir de leurs dernières intentions:|.
Cependant ce qui s’est fait donne à connoistre à tout le monde que le
retardement de la paix ne vient pas de nous, et rien à mon advis |:ne peut
estre plus utile dans les Provinces-Unies:| puisque les Espagnolz sont en
demeure, et que la prolongation d’un bien tant désiré leur doit estre juste-
ment imputée.
Au reste |:je ne suis engagé à chose aucune:|, et voiant ce qui est dans le
mémoire envoié à monsieur de Servien
faict à La Haye:|. Je me tiendray aussy en estat de pouvoir |:exécuter tout
ce qui me sera mandé de la cour:|. Ce que j’ay à désirer est que |:les ordres
en soient clairs et bien précis affin que je ne puisse tomber en faute:|, et
que je suive exactement ce qui me sera ordonné, qui est ma seule passion.
J’ay encore esté surpris de voir que l’on demande |:l’explication de deux
articles :| que vostre lettre dit sembler avoir esté |:dressez de concert entre
les ministres d’Espagne et de Savoye:|. Je vous ay fait sçavoir par la
mienne du 18 du mois passé , que les affaires de Savoie avoient esté lais-
sées en blanc parce que l’ambassadeur ne m’avoit pas encore mis en main
de quoy les remplir; il avoit esté mandé que l’on |:essayast de contenter le
marquis de Sainct-Maurice auquel on a confiance:|, ce qui fit que n’aiant
rien |:voulu advancer que de concert avec luy:|, il m’envoia des articles
tout dressez, me priant de les faire insérer parmy les nostres en la forme
qu’il les avoit luy-mesmes projectés. J’y fis néantmoins retrancher beau-
coup de choses et y laissay pour sa satisfaction ce que je creus qui ne
blessoit en rien les droitz du Roy, desquels j’ay fait |:une réserve si ex-
presse que ledict ambassadeur s’en est plainct:|, ainsy que je l’ay desjà
fait sçavoir .
Et quand à la restitution des places, cet article-là avoit esté concerté entre
messieurs mes collègues et moy. On a tousjours esté d’accord que l’on
restitueroit de part et d’autre ce que les armes des deux rois occupent
dans le Piedmont et le Montferrat. Les Espagnolz ont fait grande plainte
|:de ce que l’on met tout cela en esgalité:|, disans qu’ils ont occupé ce
qu’ilz tiennent sur leur ennemy et qu’il estoit bien rude de |:les obliger à
rendre leurs conquestes à noz alliez, puisque nous prétendions retenir
toutes celles que nous avons faictes sur eux:|; que ce que la France occupe
appartient à des maisons qui luy sont ami[e]s et alliées et que nous |:fai-
sons sonner bien haut une restitution à laquelle nous sommes obligez:|. Il
fut jugé à propos la première fois que l’on dressa les articles, de ne faire
point mention particulière des places mais de dire seulement que l’on ren-
droit de part et d’autre tout ce qui avoit esté occupé. On changea depuis
et on creut qu’il estoit |:meilleur de les nommer pour faire voir que nous
rendions beaucoup et l’Espagne peu. Nous faisions valoir cela aux inter-
positeurs:| en leur représentant qu’encores que ces places fussent à nos
alliez, nous les avions conquises quasi toutes sur les ennemis et conservées
avec tant et de si excessives despenses que nous pouvions avec justice ne
nous priver pas de la facilité que ces places nous donnent d’entreprendre
sur les Estatz du roy d’Espagne en Italie. Il y eut encore une |:autre con-
sidération qui nous porta à nommer les places, parce qu’en les désignant
toutes en particulier, nous pouvions obmettre Cavours à cause du des-
seing que l’on a d’en traicter:|. En les nommant il n’a pas esté oublié de
dire que les unes estoient tenues en dépost et les autres reconquises sur
l’ennemy par les armes de Sa Majesté. Ce sont les raisons que nous avons
eues de concevoir ainsi cet article; si elles sont improuvées en nous ordon-
nant ce qui doit estre fait, il sera assés facille d’y remédier.
Les ambassadeurs de Mantoue m’ont dit que ceux qui sont de la part de
ce prince à Paris leur ont mandé que j’avois eu ordre de Leurs Majestés
|:d’entendre ce qu’ilz veulent proposer sur la lésion qu’ilz prétendent leur
avoir esté faicte par le traicté de Querasque:|.
Je leur ay respondu que je n’avois point receu cet ordre et que nous en
avions tousjours eu de contraires, et leur ay osté |:toute espérance que l’on
fust pour admettre aucun expédient. Ilz n’ont pas ordre de s’opposer au
traicté de Querasque, mais ilz n’en ont point de l’approuver aussi:|, et
disent que madame la duchesse de Mantoue estant tutrice ne peut y don-
ner son consentement.
Je vous rens grâces bien humbles des nouvelles dont il vous plaist me faire
part, et attends celles que vous me faites espérer.
[PS] Il y a quelques jours que les députez de Messieurs les Estatz me
firent donner copie des articles qu’ils ont arrestez avec les Espagnols;
j’en ay faict mettre autant avec ceste lettre.
On verra par les lettres de Monsieur d’Avaux quelle est la disposition de
la Suède tant pour la paix que pour la suspension d’armes, |:soit générale,
soit particullière, avec monsieur de Bavière:|. Nous attendrons ensuitte les
ordres de Sa Majesté sur la conduite que nous aurons à tenir avec eux
|:s’ilz continuent dans les difficultez où ilz se sont arrestez jusqu’icy:|.
Mais quand il luy aura plu résoudre ce qui est à faire dans le traicté |:par-
ticulier avec ledict sieur duc:|, Sa Majesté est très humblement suppliée
d’envoier directement ses ordres à l’armée ou aux députés qui sont à Ul-
me, parce que ce lieu est fort esloigné de Munster, et qu’on ne peut leur
faire tenir des nouvelles d’icy qu’avec grande peine et hazard.