Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Il n’y a que trois jours Messieurs que l’on vous a dépesché Saladin , et depuis
son départ on n’a point eu de vos nouvelles, sy bien qu’il y aura peu à adjous-
ter par cet ordinaire aux amples dépesches qu’il vous a portées.
Je vous diray pourtant que j’ay receu de nouveaux advis qui me confirment
dans la croyance que j’ay eue qu’il n’y avoit point de révocation expresse de
l’Empereur à l’ordre qu’il avoit donné au comte de Trautmandorff de nous
cedder Brisach, mais que les obstacles qui s’y sont rencontrez jusqu’à cette
heure sont partiz purement des négotiations des Espagnolz qui ont faict espé-
rer à ce ministre qu’ilz concluroient un accommodement particulier avec les
Estatz, et qu’après cela il ne falloit pas doubter que les François ne devinsent
plus traictables non seulement dans les affaires d’Espagne, mais en celles de
l’Empire, qu’ainsy avec un peu de patience l’on rendroit un signalé service à
l’Empereur et à la maison d’Austriche de sauver Brisach.
Et pour fortiffier davantage ce qu’il disoit Pineranda a faict en sorte que Knut
luy-mesme a parlé à Trautmandorff et qu’il l’a asseuré de l’intention de Mes-
sieurs les Estatz et de monsieur le prince d’Orange à faire un accommode-
ment mesme sans la France.
Nonobstant tout cela comme Trautmandorff est pressé par l’Empereur de
conclurre promptement la paix en toutes façons, qu’il en est fortement solici-
té par Bavières lequel a passé jusqu’aux menaces, et qu’en son particulier il a
grande passion de terminer l’affaire pour estre libre de s’en retourner, je sçay
que les Espagnolz mesmes appréhendent beaucoup de ne pouvoir l’em-
pescher dès qu’il sera de retour d’Oznabrug de nous cedder le point de Bri-
sach et de conclurre la paix, et la mort de l’Impératrice qui est depuis surve-
nue pourroit encor contribuer extrêmement à le faire haster s’il est vray
comme il est sans doubte que sa considération le retenoit.
D’ailleurs il est certain que les Impériaux n’ont faict que peu de préparatifs,
ou pour mieux dire n’en ont faict aucun pour la continuation de la guerre, ce
qui me faict espérer d’avoir à toute heure un courier qui nous apporte la nou-
velle que tout ce qui regarde nostre satisfaction dans l’Empire soit ajusté et
que par le moyen d’une suspension qui sera accordée pour exécuter ce dont
on sera demeuré d’accord, vous ayez mis monsieur le mareschal de Turenne
en liberté d’agir contre les Espagnolz comme il vous a esté mandé, ou du
moins avec partie de son armée, n’y ayant rien au monde qui soit plus néces-
saire que cela dans une conjoncture où nous sommes à toute heure à la veille
de veoir un accommodement particulier entre l’Espagne et Messieurs les Es-
tatz, ou au moins que l’armée de ceux-cy n’agissant point ne face aulcune
diversion des forces des aultres.
En oultre j’ay sceu que Peneranda et Volmar travaillent à persuader à Traut-
mandorff qu’il est plus important et plus du service de l’Empereur et du bien
de l’Allemange de s’accommoder avec la couronne de Suède sans la France, et
par conséquent qu’il ne doibt point relascher de Brisach, mais on m’avertist
que nonobstant tous leurs soins et leur éloquence Trautmandorff croit tout le
contraire et tesmoigne plus d’inclination pour nous que pour les Suédois. On
me mande mesme qu’il pense qu’on pourroit establir une sincère correspon-
dance entre son maistre et la France, et qu’il estimeroit très avantageux pour
l’Empereur le mariage de sa fille avec le Roy, mais que l’Impératrice avoit
là-dessus toutes les pensées tournées à celuy d’Espagne.
Die Nachrichten in Beilage 1 stammen aus verläßlicher Quelle.
Quoyque je marque audict sieur de La Thuillerie que l’on s’en va hazarder de
nostre costé, ce n’est qu’à dessein de donner de l’inquiétude à Messieurs les
Estatz et à monsieur le prince d’Orange. Car du reste vous pouvez estre as-
seurez comme l’on vous a desjà mandé que l’on ne risquera quoy que ce soit
que bien à propos pour ne pas changer la face des affaires qui nous est au-
jourd’huy sy favorable.
PS: Je viens de recevoir Messieurs la dernière lettre de monsieur de Bavière
dont je vous envoye la copie que l’on n’a pas le temps de traduire ny de
mettre en chiffre.