Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
J’ay receu vostre lettre du X e du passé qui m’informe des termes où se treuve du costé de
la couronne de France la paix généralle dans l’Empire et mes différens avec les Pala-
tins d’Hidelberg[!], comme aussy des préparatifs de la nouvelle campagne et des traictez
d’Espagne.
Quant à la paix avec l’Empire, je vous donne part que mon ministre que j’ay dépesché
exprès à l’Empereur touchant la satisfaction de la France, m’a mandé qu’il a à la fin dis-
posé l’Empereur de consentir au contentement de ladite couronne ainsy que j’en ay fait
avertir par mes ambassadeurs messieurs les plénipotentiaires de France, et à son retour je
vous desduiray par le menu ce qui s’est passé en sa négotiation, espérant comme vous
m’en avez souvent asseuré que l’Empereur se résolvant à cette satisfaction se peult pro-
mettre en eschange d’avoir la paix de la France, elle n’aura plus occasion de se mettre sy
tost en peine pour les préparatifs de la campagne prochaine, mais plustost d’estre média-
trice de la suspension si désirée de tous et venir à une solide conclusion de la paix puis-
qu’aultrement faisant des appareilz plus pour continuer la guerre que pour la laisser et
nous treuvans réduictz à la nécessité de faire encor le mesme oultre ce qu’on a desjà faict,
non seulement il y auroit lieu de ne rien espérer de la disposition de la France à la paix et
tous les estats de l’Empire indifféremment demeureroient offencez contre elle et s’obstine-
roient davantage à s’opposer comme cy-devant sur le point de sa satisfaction, mais moy-
mesme qui ay faict condessendre l’Empereur à cette résolution sur la promesse réciproque
de la paix, oultre la hayne que j’en ay desjà encourue je tumberois de nouveau en malveil-
lance et aigreur de tous costez et en serois décrédité, ce que mes offices sy passionnez
pour la France n’ont pas mérité, et comme je me prometz qu’il n’arrivera pas, aussy veux-
je espérer que l’on ne tardera pas plus longtemps à m’assister actuellement dans les raisons
légitimes que j’ay pour la voix électoralle pour ma maison et pour la rescompence des
millions qui me sont deubs particullièrement à cette heure qu’il semble qu’on veuille se
servir de l’occasion de l’amnestie pour mettre aussy en jeu cette affaire monstrant avec des
effectz comme j’ay faict ce que la couronne de France et particulièrement le roy deffunct
de glorieuse mémoire m’ont promis sy positivement.
Touchant les traictez des Espagnolz comme je vous ay desjà mandé plusieurs fois je n’en
ay nulle cognoissance parce qu’ilz se meffient de moy, mais sy attendu la résolution que
j’ay faicte prendre à l’Empereur avec la paix qui en dépend ilz facilitent les choses de leur
costé pour le repos de la Chrestienté, j’auray d’aultant plus de joye de la cession d’Alsace
que j’ay procurée que vous m’asseurez que la France dans les différens qu’elle a avec
l’Espagne désire plustost la paix qu’une longue guerre.
Touchant la satisfaction des Suédois, je croy que les difficultez concistent dans la vive
opposition de l’électeur de Brandebourg qu’ilz croyent eux-mesmes de surmonter, mais
je ne doubte point que l’authorité de la couronne de France ne puisse faire facilement que
l’électeur de Brandebourg ne vienne à quelque party et que les Suédois donnent lieu à
toutes les modérations possibles dans leur satisfaction, et ainsy la France s’oblige éternel-
lement la religion et l’Empire.