Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Eingang von nr. 164. Freude über den Inhalt von Beilage 1.
Si la résolution qu’a prise à la fin l’Empereur pressé par Bavières de consentir
à la satisfaction que cette couronne prétend dans l’Empire se trouve véritable
et sincère, on peut s’avancer à dire avec grand fondement que la paix est faitte
au moins dans l’Empire puisqu’il n’est pas à présumer qu’ils n’aient en mesme
temps résolu de contenter la couronne de Suède, et les deux couronnes estans
satisfaittes, on pourra aller bien viste dans l’assemblée sur la discution des
autres pointz. Cella ensuitte produira le contrecoup que nous pouvons sou-
haitter à l’esgard des Espagnolz pour les mettre à la raison, estant bien vray-
semblable qu’ils ne souffriroient jamais que l’on conclue un accommodement
dans l’Allemagne sans y estre compris pour ne se voir pas tomber sur les bras
le faix de la guerre dans les extrémitez où sont réduittes leur[s] affaires.
Vous verrez Messieurs que les termes de la lettre de monsieur le duc de Ba-
vières sont bien clairs et bien positifz. Néantmoins il ne seroit pas de la pru-
dence d’interrompre d’un moment comme il semble vouloir insinuer les ap-
pareilz pour la prochaine campagne, mais au contraire redoubler plustost les
soins que l’on en prend s’il estoit possible affin de faire redoubler aussy en
noz parties l’envie qu’elles ont de la paix et qu’elles perdent toutte espérance
de pouvoir nous amuser par des négotiations captieuses; et c’est de cette sorte
que l’on en usera icy.
Ce n’est pas que plusieurs raisons ne doivent persuader que celle-cy est d’au-
tre nature; l’Empereur a un extrême besoin de la paix parce qu’un seul des
accidens qui arrivent tous les jours dans les armes est capable de ruiner pour
jamais sa grandeur et le mettre en un estat dont il ne se puisse relever. Il ne
veut point pour cette considération hazarder les succez de la prochaine cam-
pagne, il voit qu’il ne peut conclurre d’accommodement en si peu de temps
sans donner entière satisfaction aux couronnes. Les lettres de monsieur de La
Thuillerie nous doivent persuader qu’il est rebutté de la créance dont on l’a
flatté qu’il pourroit séparer les Suédois d’avec nous. Il est pressé de faire la
paix par bonne partie des princes et estatz de l’Empire et bien vivement par
Bavières qui est le plus considérable. Il est donc à croire qu’il s’y porte sincè-
rement quoyque nous n’en aions l’obligation qu’à la pure nécessité qu’il en a.
Le duc de Bavières d’ailleurs fait les mesmes réflexions, et outre celles-là, que
s’il vient à mourir avant la paix, ses enfans courent risque d’estre ruinés ou
par un parti ou par l’autre. Il la souhaitte donc ardemment, et il trouve moien
de la conclurre non seulement en obligeant une grande couronne par la façon
dont il s’est porté pour luy faire avoir sa satisfaction, mais en trouvant dans
cette mesme satisfaction un notable avantage pour luy et pour sa maison, en
ce qu’il demeurera une porte ouverte par laquelle la France pourra luy tendre
les mains et le protéger si jamais les Espagnolz vouloient l’inquiéter et avec
un titre plus spécieux que par le passé puisque nous l’assisterions en qualité
de princes de l’Empire; et tout cella se fait aux despens de la maison d’Aus-
triche, à la diminution de laquelle il a l’intérest que chacun sçait.
Monsieur le mareschal de Turenne est parti, le fondz particulier pour la sub-
sistance de son armée est non seulement fait, mais l’argent en est envoie et
l’on a pourveu à toutes les choses nécessaires pour la mettre en campagne.
Enfin on n’oublie aucun soin imaginable pour faire qu’elle soit plus forte et
plus belle qu’elle n’a jamais esté, et j’oserois mesme en respondre pourveu que
Bönichausen fasse bien son devoir et qu’il vienne de Hambourg seulement les
deux tiers des trouppes que le sieur de Meules nous a fait espérer; la lettre de
Bavières n’a servi qu’à nous faire redoubler tous noz soins en cella et à faire
partir ledit sieur mareschal deux jours plus tost.
Je ne laisse rien en arrière de ce qui peut servir à soustenir les affaires du roy
d’Angleterre et on ne luy refuse nulle des assistances qu’on luy peut donner.
Mais comme luy-mesme contribue à sa perte, se laissant aller à de mauvais
conseilz qu’on luy suggère, je crains extrêmement que pour beaucoup que la
France face elle aura de la peine à le maintenir. Pour cella il ne me semble [de]
voir que deux voyes, l’une si la paix générale se faisoit, car alors ses sujetz
apréhendans les résolutions de cette couronne ne s’esloigneroient pas tant
d’un accommodement raisonnable, et pourroient bientost retourner sous son
obéissance; et l’autre si nous assistions dès à présent ledit roy en sorte que
nous contraignions les parlementaires à se mettre à la raison. Mais il seroit
bien malaisé que nous nous engageassions si avant tant que nous aurons d’au-
tres guerres ailleurs. Cependant je ne voy quasi point de salut pour ledit roy
qu’en l’un de ces deux moiens, vous ne sçauriés croire Messieurs à quel point
je me tourmente continuellement en cella, mais les remèdes ne profitent pas
comme je souhaitterois, non seulement parce que le mal est grand, mais parce
que le malade ne contribue pas de son costé ce qu’il devroit à les faire valoir
pour sa guérison.
J’ay considéré ce que vous me mandés touchant la conduitte que l’on doit
tenir avec le duc Charles quand on conclurra la paix, et ay trouvé l’avis extrê-
mement judicieux et digne de vostre prudence. Il faudra s’en souvenir dans le
temps.
Je vous adresse les avis que nous avons eus cette semaine de Rome parmy
lesquelz vous trouverez une bulle nouvelle contre les cardinaux qui sortent de
l’Estat ecclésiastique sans permission de Sa Sainteté, qui perdront dans les
premiers six mois les revenus de leurs charges et de leurs bénéfices, dans les
secondz six mois les charges et les bénéfices mesmes, et dans les trois mois
suivans qui font quinze en tout, ils encourent la privation du cardinalat
mesme, si le pape veut, et cella nonobstant tout commendement d’empereurs,
de roys et de potentatz.
Rechtliche und politische Einwände gegen die Bulle, die natürlich gegen die
Barberini und gegen Frankreich gerichtet ist, das sie in seinen Schutz genom-
men hat, und die ohne Wissen und Zustimmung der Kardinäle zustandegekom-
men ist.
Les Espagnolz ont bonne grâce de vouloir maintenant dire que nous avions
recherché à Madrid par le moien du nonce la belle offre qu’ils firent derniè-
rement de remettre tous les différens au jugement de la Reine, et de vouloir
sur cette fausseté insinuer à noz alliez que c’estoit à dessein d’introduire une
négotiation particulière à Paris. Cet artifice se destruit de soy-mesme, et je ne
sçay pas ce qu’ils pourront respondre quand on les fera souvenir combien de
voyes ils ont tentées pour pouvoir proposer icy quelque chose sans que jamais
on ayt voulu se relascher seulement de les escouter.
Je vous envoie la copie d’une nouvelle lettre que monsieur le nonce a receue
cette semaine du marquis Mattei, à laquelle on ne respondra que par un refus
à l’accoustumée.
PS: Depuis ce mémoire achevé j’ay eu avis de très bon lieu que Peneranda
avoit escrit il y a desjà quelque temps à Bruxelles que les médiateurs avoient
dit que vous autres Messieurs les aviez plusieurs fois entretenus et mesmes
pressés du mariage de l’infante avec le Roy en luy donnant en dot les Pays-
Bas et que vous leur aviés dit que vous ne doutiez pas que les Espagnolz ne s’y
portassent d’autant plus volontiers qu’outre les autres raisons qui les y
convioient, ils estoient comme asseurez de voir par ce moien auparavant trois
ou quatre années la guerre allumée entre la France et Messieurs les Estatz.
Vous devez faire estat de cet avis duquel vous vous servirez comme vous le
jugerez plus à propos, vous en ouvrant aux médiateurs et vous plaignans à eux
de ce que le tour que nous ont joué dernièrement les ministres d’Espagne en
Holande sous la couverture de la proposition qu’ils nous ont faitte a eu sa
principale origine dudit rapport, si ce n’est que ç’ayt esté une pure invention
de Peneranda. Le tout est pourtant entièrement remis à vostre prudence.