Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Monsieur le prince d’Orange aprouve fort |:que l’on tasche d’entrer
en négotiation avec les Espagnolz d’avoir les Pays-Bas pour la Catalogne:|. Il ne peust
s’en mesler n’ayant point de personne à qui il osast confier un tel secret, mais il croist
|:que Vostre Eminance est le seul:| qui peust mener à bonne fin ce tretté, et puis en faire
|:l’exécution à Munster comme s’il avoit esté traicté audit lieu:|. Il n’a pas désiré que j’aye
escrit |:à monsieur le duc de Longueville que j’aye eu ordre de luy en parler:|, parce que
il suplie Vostre Eminance |:vue les espritz à qui il a à faire qu’il ne paroisse pas qu’il en
aye eu aucune cognoissance. Il a jugé à propos pour eschauffer davantage les Espagnolz à
exécuter cette proposition de faire sçavoir à Castel Rodrigo par un marchand d’Anvers
qui luy est affidé :| qu’il ne faut pas que les Espagnols s’attandent que la France et cest
Estat se séparent jamais d’intérêts; qu’il devroit songer à proposer des conditions raisona-
bles qui se peussent accepter de part et d’auttre, affin d’empêscher leur ruinne totalle, que
vraysemblablement ils ne peuvent esvitter, le Roy et Messieurs les Estats attaquant la
Flandres avec vig[u]eur, des deux costés, comme ils ont intention de le faire.
Son Altesse a fort gousté les raisons que je luy ay alléguées, portées par le mémoire de
Vostre Eminance, pour faire voir que tout l’avantage |:de cet eschange est plus pour les
Espagnolz et Messieurs les Estatz que pour la France:| et quoyqu’il conviene que touttes
ses raisons sont très fortes, il m’a dit qu’il croyoit que Messieurs les Estats ne pourroi[en]t
jamais conssantir |:à tous ces advantages se voyans privez d’Anvers:| et qu’il en pourroit
arriver beaucoup d’inconvéniants |:en ce que Messieurs les Estatz pour empescher que le
commerce de la mer n’allast dans cette ville feroient beaucoup de choses qui choqueroient
la France, et qui pourroient troubler la bonne intelligence qu’il souhaicte debvoir estre
entre la France et Messieurs les Estatz:|. Je le lessé parler longtemps sur ce sujet, m’allé-
guant plusieurs raisons comme |:cette place ne peut estre dans son lustre qu’entre les
mains de Messieurs les Estatz à cause du commerce:|. Je luy répliqué |:qu’Anvers estoit
de telle importance dans le Pays-Bas:| qu’asseurémant la Reyne, et Vostre Eminance, ne
consantiroit jamais de l’en séparer, et estant demeuré ferme là-dessus, il me demanda si je
croyois que Vostre Eminance à sa prière et à sa considération obtient de la Reyne qu’elle
conssantist |:à un eschange de Maestric avec Anvers:|. Je luy répondis |:que l’eschange
estoit si inesgal:| que je ne l’oserois pas proposer, mais que je le pouvois bien asseurer que
Vostre Eminance avoit une telle tandresse et defférance pour les choses qu’il désiroit qu’il
faudroit bien qu’elles feussent difficiles s’il n’en venoit à bout auprès de Vostre Eminance;
mais que j’estois obligé de luy dire mon santimant, que je trouvois ceste proposition im-
possible |:veu l’inesgalité des places:|. Il me dit ensuitte qu’en cas |:que ce traicté réussist
si Vostre Eminance ne fairoit pas en sorte que le roy d’Espagne cédast à Messieurs les
Estatz tous les droictz et les prétentions qu’il peut avoir sur leurs provinces, et si la France
entrant en leur place ne ratiffieroit pas cette cession avec toutes les formes que Messieurs
les Estatz sçauroient désirer:|. Quoyque dans mon instruction je puisse accorder cest
article, néantmoins, j’ay creu le devoir randre difficille, affin que se faisant en la forme que
Son Altesse désire, il en eust plus d’obliguation à Vostre Eminance, et luy respondis que je
n’avois point d’ordre là-dessus, mais que je le pouvois asseurer par avance, que lorsqu’il
fairoit cognoistre à Vostre Eminance ses intantions, qu’elle avoit tant d’amitié pour sa
personne, qu’asseurémant elle ménageroit les interêts de Messieurs les Estats en sorte,
qu’il paroistra, qu’ils n’auroi[en]t jamais obtenu d’eus-mesmes de Vostre Eminance ce
qu’elle leur accordera à sa prière.
Il ne se peust rien adjouster à la satisfaction qu’il a receu de voir la confiance que Vostre
Eminance a en luy. Il m’a demandé deus jours pour songer encore mieus à tout ce que je
luy ay dit avant de me déclarer ses derniers santimants. J’ay creu par avance estre obligé de
faire sçavoir à Vostre Eminance ce qui s’est passé dans la première conférance que j’ay eue
avec Son Altesse. Je verrai demain madame la princesse d’Orange. Ankunft Pauws und
Knuyts aus Münster. L’ons ne sçaura que demain le sujet de leur voyage. |:Monsieur le
prince d’Orange a fort approuvé le prétexte du mien:| et m’a commandé de voir les prin-
cipaus de la province de Hollande, et leur dire en conversation que j’estois venu pour
concerter les desseins de la campagne. Ceste province continue tousjours à traverser mon-
sieur le prince d’Orange en tout ce qu’elle peust. J’ay suivi l’ordre que Vostre Eminance
me donna l’année passée de luy escrire une lettre séparée.
en négotiation avec les Espagnolz d’avoir les Pays-Bas pour la Catalogne:|. Il ne peust
s’en mesler n’ayant point de personne à qui il osast confier un tel secret, mais il croist
|:que Vostre Eminance est le seul:| qui peust mener à bonne fin ce tretté, et puis en faire
|:l’exécution à Munster comme s’il avoit esté traicté audit lieu:|. Il n’a pas désiré que j’aye
escrit |:à monsieur le duc de Longueville que j’aye eu ordre de luy en parler:|, parce que
il suplie Vostre Eminance |:vue les espritz à qui il a à faire qu’il ne paroisse pas qu’il en
aye eu aucune cognoissance. Il a jugé à propos pour eschauffer davantage les Espagnolz à
exécuter cette proposition de faire sçavoir à Castel Rodrigo par un marchand d’Anvers
qui luy est affidé :| qu’il ne faut pas que les Espagnols s’attandent que la France et cest
Estat se séparent jamais d’intérêts; qu’il devroit songer à proposer des conditions raisona-
bles qui se peussent accepter de part et d’auttre, affin d’empêscher leur ruinne totalle, que
vraysemblablement ils ne peuvent esvitter, le Roy et Messieurs les Estats attaquant la
Flandres avec vig[u]eur, des deux costés, comme ils ont intention de le faire.
Son Altesse a fort gousté les raisons que je luy ay alléguées, portées par le mémoire de
Vostre Eminance, pour faire voir que tout l’avantage |:de cet eschange est plus pour les
Espagnolz et Messieurs les Estatz que pour la France:| et quoyqu’il conviene que touttes
ses raisons sont très fortes, il m’a dit qu’il croyoit que Messieurs les Estats ne pourroi[en]t
jamais conssantir |:à tous ces advantages se voyans privez d’Anvers:| et qu’il en pourroit
arriver beaucoup d’inconvéniants |:en ce que Messieurs les Estatz pour empescher que le
commerce de la mer n’allast dans cette ville feroient beaucoup de choses qui choqueroient
la France, et qui pourroient troubler la bonne intelligence qu’il souhaicte debvoir estre
entre la France et Messieurs les Estatz:|. Je le lessé parler longtemps sur ce sujet, m’allé-
guant plusieurs raisons comme |:cette place ne peut estre dans son lustre qu’entre les
mains de Messieurs les Estatz à cause du commerce:|. Je luy répliqué |:qu’Anvers estoit
de telle importance dans le Pays-Bas:| qu’asseurémant la Reyne, et Vostre Eminance, ne
consantiroit jamais de l’en séparer, et estant demeuré ferme là-dessus, il me demanda si je
croyois que Vostre Eminance à sa prière et à sa considération obtient de la Reyne qu’elle
conssantist |:à un eschange de Maestric avec Anvers:|. Je luy répondis |:que l’eschange
estoit si inesgal:| que je ne l’oserois pas proposer, mais que je le pouvois bien asseurer que
Vostre Eminance avoit une telle tandresse et defférance pour les choses qu’il désiroit qu’il
faudroit bien qu’elles feussent difficiles s’il n’en venoit à bout auprès de Vostre Eminance;
mais que j’estois obligé de luy dire mon santimant, que je trouvois ceste proposition im-
possible |:veu l’inesgalité des places:|. Il me dit ensuitte qu’en cas |:que ce traicté réussist
si Vostre Eminance ne fairoit pas en sorte que le roy d’Espagne cédast à Messieurs les
Estatz tous les droictz et les prétentions qu’il peut avoir sur leurs provinces, et si la France
entrant en leur place ne ratiffieroit pas cette cession avec toutes les formes que Messieurs
les Estatz sçauroient désirer:|. Quoyque dans mon instruction je puisse accorder cest
article, néantmoins, j’ay creu le devoir randre difficille, affin que se faisant en la forme que
Son Altesse désire, il en eust plus d’obliguation à Vostre Eminance, et luy respondis que je
n’avois point d’ordre là-dessus, mais que je le pouvois asseurer par avance, que lorsqu’il
fairoit cognoistre à Vostre Eminance ses intantions, qu’elle avoit tant d’amitié pour sa
personne, qu’asseurémant elle ménageroit les interêts de Messieurs les Estats en sorte,
qu’il paroistra, qu’ils n’auroi[en]t jamais obtenu d’eus-mesmes de Vostre Eminance ce
qu’elle leur accordera à sa prière.
Il ne se peust rien adjouster à la satisfaction qu’il a receu de voir la confiance que Vostre
Eminance a en luy. Il m’a demandé deus jours pour songer encore mieus à tout ce que je
luy ay dit avant de me déclarer ses derniers santimants. J’ay creu par avance estre obligé de
faire sçavoir à Vostre Eminance ce qui s’est passé dans la première conférance que j’ay eue
avec Son Altesse. Je verrai demain madame la princesse d’Orange. Ankunft Pauws und
Knuyts aus Münster. L’ons ne sçaura que demain le sujet de leur voyage. |:Monsieur le
prince d’Orange a fort approuvé le prétexte du mien:| et m’a commandé de voir les prin-
cipaus de la province de Hollande, et leur dire en conversation que j’estois venu pour
concerter les desseins de la campagne. Ceste province continue tousjours à traverser mon-
sieur le prince d’Orange en tout ce qu’elle peust. J’ay suivi l’ordre que Vostre Eminance
me donna l’année passée de luy escrire une lettre séparée.