Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
Le sieur de Préfontaine arriva hier en ceste ville, le mesme jour nous
avons esté en conférence avec les Médiateurs jusqu’à neuf heures du soir.
Il a fallu du temps pour deschiffrer le mémoire du Roy, qui est fort long,
et tout ce que nous avons pu faire a esté de le lire une fois seulement.
Comme il contient plusieurs poincts de très grande importance, et mérite
d’estre considéré à loisir, nous différerons d’y respondre par l’ordinaire
suivant, et rendrons compte succinctement de ce qui s’est passé dans la
négotiation pendant la dernière sepmaine.
Nous fusmes avertis il y a trois jours que les |:ambassadeurs de l’Empe-
reur avoient enfin receu quelques ordres et que le docteur Volmar sans
nous en faire rien sçavoir préparoit un voyage à Osnabruk:|.
Nous en donnasmes avis aux Médiateurs et leur fismes connoistre que |:si
l’on nous laissoit en arrière:|, ce n’estoit pas le moien d’avancer la conclu-
sion des affaires, mais de prolonger ou de rompre, et que nous avions
intérest de sçavoir au vray les intentions que les Impériaux avoient pour
nous, afin de régler |:nostre conduicte dans la négotiation qu’ilz voul-
loient introduire avec les Suédois et les protestans selon le subject qu’ilz
nous en donneroient:|.
Lesdicts Sieurs Médiateurs ne manquèrent pas de voir incontinent les Im-
périaux
avec nous sy nous ne proposions rien de nouveau, nous respondismes que
nous estions sy esloignés de faire de nouvelles demandes que l’on se tien-
droit dans les termes de l’escrit arresté le 13 septembre 1646
Gemeint sind die ksl.-frz. Satisfaktionsartikel vom 13. September 1646 (s. [nr. 1 Anm. 17] ).
posé ès mains desdicts Sieurs Médiateurs, mais que comme nous ne pré-
tendions pas y faire aucun changement, que nous ne souffririons pas
aussy que l’on y ajoutast ou retranchât la moindre chose, présupposans
que la paix se faisant avec l’Empereur, il promît de n’assister le duc Char-
les ny le roy d’Espagne sy la guerre continue avec luy. |:Il fust jugé à
propos de faire cette déclaration estimans qu’elle auroit de deux effectz
l’un:|, ou que nos parties s’engageans à traicter par une offre sy raisonna-
ble, la paix s’en ensuivroit, ou que ne se faisant pas, il seroit connu de tout
le monde que la France la veut sincèrement, et que la seulle haine et aver-
sion de la maison d’Austriche contre elle s’oppose à ce bien tant néces-
saire à la chrestienté.
Nous jugeasmes que |:n’ayans pu concerter avec les Suédois l’escrit:| dont
il est faict mention dans l〈es〉 dernières dépesches de la cour , la |:susdicte
déclaration tiendroit lieu d’un manifeste et rendroit:| visibles à un chacun
les bonnes intentions de Leurs Majestez.
Ce qui |:a réussy jusques icy de cette ouverture est que Volmar qui devoit
aujourd’huy partir pour Osnabrug:| demeurera encore icy quelques jours.
Et parce qu’il a dict qu’il estoit à propos de confirmer par quelque nouvel
escrit celuy du 13 septembre, nous avons proposé aux Médiateurs de dres-
ser et mettre en articles ce qui a esté cy-devant résolu, pour les signer
ensuitte, et les déposer entre leurs mains.
Pour cet effect nous repassasmes hier avec eux non seulement ce qui re-
garde la satisfaction de la France, mais encor les cessions et renontiations
qui doivent estre faictes tant par l’Empereur que par les princes de la
maison d’Austriche des Trois-Eveschez, de l’Alsace et du Suntgaw, afin
d’essaier d’oster touttes les difficultés qui se peuvent rencontrer dans les
termes et dans la manière d’expliquer les choses. Sy les Impériaux
l’agréent, nous travaillerons dès aujourd’huy auxdicts articles pour les ré-
diger en la mesme sorte qu’ils doivent estre insérez dans le traicté de paix,
et les signer en mesme temps.
|:L’obligation de n’assister point le roy d’Espagne ny le duc Charles nous
donne tousjours grande peine:|, et en ces poinctz-là nos parties ont un
merveilleux avantage sur nous, car outre qu’en l’un et en l’autre ils ne
manquent pas de prétextes fort spécieux, tout |:le monde est de leur costé
quand ilz ne se veullent pas déclarer sur le faict du duc Charles jusques à
une finalle conclusion:|. Ils ont dict aux Médiateurs que l’Empereur ne
feroit point de paix que celle d’Espagne ne se fist aussy, et pour l’affaire
de Lorraine qu’il se remet à ce que feront sur cela les Espagnolz.
Nous avons répliqué les mesmes choses qui ont esté sy souvent escrites,
que sy le roy d’Espagne veut traicter en mesme temps, nous y consenti-
rons bien volontiers, et mesmes que l’on s’accommodera avec luy avant
que le traicté de l’Empire s’achève, sy plutost l’on est d’accord des condi-
tions, mais que l’un des traictez ne dépend point de l’autre, et qu’il n’y a
ny rapport, ny connexité entr’eux. Quant au duc Charles, nous avons prié
les Médiateurs de considérer que l’Empereur nous renvoie à l’Espagne, et
que les Espagnols quand ils parlent de ceste affaire aux Holandois nous
remettent à l’Empereur. Mais que nous protestions que c’estoit une con-
dition absolue, et que l’on ne traicteroit jamais avec les uns ny les autres,
s’ils ne promettoient de ne donner aucune assistance audict duc. Qu’il ne
s’estoit jamais rien faict de nostre part que sur ce fondement, et que sy
l’on n’estoit en volonté de s’y accommoder, l’on perdroit inutilement le
temps, et l’on travailleroit en vaine sur tous les autres poinctz.
Il seroit superflu et ennuieux de rapporter icy tout ce qui a esté dict sur
des affaires tant de fois agitées, mais parce que les Impériaux parlent avec
plus de fermeté que jamais, nous avons prié les Médiateurs de prendre
d’eux une response précise et par escrit s’il se peut sur ces deux poincts.
|:Nostre but est d’avoir en main de quoy faire voir parmi les estatz de
l’Empire que les intérestz d’Espagne retardent la paix, ce qui obligeroit
sans doubte l’Empereur de venir à quelque expédient ou contraindroit le
roy d’Espagne, s’il juge que le traicté de l’Empire ne luy soit pas utille, de
se rendre plus traictable dans celluy qu’il doit faire avec nous:|. Desjà nous
avons appris que la déclaration que nous avons faicte de vouloir demeurer
sincèrement à l’escrit du 13 septembre a produict un bon effect dans
toutte l’assemblée, où l’on commence à blasmer les Impériaux de ce qu’ils
veulent faire dépendre les affaires de l’Empire sy absoluement de la vo-
lonté des Espagnols, en sorte qu’en ayant hier donné |:part à un des am-
bassadeurs de Brandebourg :| il nous parut à son discours et à sa conte-
nance que |:son maistre ny les autres princes de l’Empire surtout les pro-
testans n’aprouveroient pas une semblable résolution:|.
L’on avoit cru que les articles par nous délivrés aux plénipotentiaires
d’Espagne depuis le 23 jusques au 48 e
S. [nr. 203 Anm. 8] und [nr. 223 Anm. 5] .
mais cela n’a pu estre faict tant ils sont lentz et peu eschauffés. Ils dis-
putent tousjours sur le poinct de Casal, et se rendent tout à faict opinias-
tres sur celuy des fortifications en Catalogne. Ils se sont déclarés sur le 18 e
où il y aura peu de difficulté, mais quand tout cela sera d’accord, ce ne
sera pas grande chose. Il est vray aussy que ce qui reste à accommoder est
facile, sy l’on veut agir de bonne foy.
Nous n’omettons aucune diligence pour faire connestre partout que la
France recherche avec soing les moiens qui peuvent produire la paix. La
relation cy-joincte du sieur de Saint-Romain qui est de retour d’auprès de
l’électeur de Brandebourg en fera foy. Et nous envoyons le sieur de
Montbas vers l’électeur de Cologne, non pas qu’il y aie lieu d’espérer
qu’il change de résolution, mais afin que sy on ne peut le ramener dans
le traicté d’Ulm, on le rende au moins favorable à l’avancement de la paix
et aux conditions que nous y prétendons pour la France, en luy faisant
toucher au doigt qu’elle n’a esté différée jusqu’icy que par la seule résolu-
tion que monsieur l’électeur de Bavières et luy ont prise de se joindre à
l’Empereur. Ledict sieur de Montbas a charge de faire voir clairement
qu’il ne tient pas à Leurs Majestez que le trai〈tt〉é ne soit desjà conclu,
et tous nos discours dans les visites continuelles que nous faisons aux dé-
putés de l’assemblée ne tendent qu’à leur faire comprendre ceste vérité
que la pluspart commencent à très bien connestre.
Les affaires sont icy en un poinct que |:pourveu que l’on aye de bonne
volonté, elles se peuvent aisément conclurre. Il y a touteffois grand sub-
ject de doubter quel en sera l’événement:|, d’autant que tout[e] l’estude
des Espagnols est ou d’esloigner la paix ou de la rendre peu seure, et que
|:lesdictz Espagnolz sont maistres en quelque façon des deux traictez, dis-
posans entièrement de l’aucthorité de l’Empereur:|. Mais de quelque arti-
fice dont ils se puissent servir, nous oserions assurer d’une chose Leurs
Majestez, ou que la |:paix se fera si noz parties en sont capables ou que
chacun cognoistra avec évidence qu’elles se seront mises en tout devoir
raisonnable pour la procurer et que la seulle passion des ennemis l’aura
empeschée:|.
Dans le mémoire que le sieur d’Erbigny fit il y a huict jours par nostre
ordre de |:ce qu’il a veu en Bavières qui nous sembla mériter d’estre con-
sidéré:| il fut obmis de donner avis que le |:comandant
a dict que sy on luy donnoit deux mil hommes de pied et quatre cens
chevaux, il pourroit |:les entretenir des contributions sans que le Roy
fust quasi obligé à aucune despense:|.