Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
N’ayant pas veu lieu de disposer en peu de temps Messieurs les Estatz à
résouldre avec nous les diférens qui nous restent avec l’Espagne avant que
faire partir leurs plénipotentiaires pour Munster, et ayant fort bien recognu
qu’il fauldroit encor employer beaucoup de temps et surmonter beaucoup
de difficultez pour cette négotiation, j’ay cru qu’il valloit mieux avant que
partir de La Haye s’applicquer suivant les ordres de Vostre Eminence à
|:regaigner ceux desdicts plénipotentiaires qui ont le plus agy contre nous,
et tascher à les rendre favorables pour:| les poinctz que nous avons encor à
terminer puisque ce qu’ilz ont le plus ouvertement combatu et en quoy ilz
s’estoient plus avant engagez de |:promesse avec les Espagnolz estoit la ga-
rentye de la Lorraine et de la Catalogne qu’ilz n’ont pu empescher:|.
J’ay représenté cy-devant à Vostre Eminence que comme il a esté absolu-
ment nécessaire d’agir |:contre eux à La Haye pour faire cognoistre leur
engagement et rompre leurs pratiques, il ne l’est pas moins maintenant de
les regaigner si l’on peut puisque Messieurs les Estatz les renvoyent avec
un pouvoir absolu:| non seulement de |:conclurre leur traicté, mais de ju-
ger qui refusera de s’accommoder à la raison ou de la France ou de l’Es-
pagne:|. Pour entendre à |:cet accommodement:| et avoir prétexte de
changer les ordres qui ont esté cy-devant envoyez de ne |:traicter point
avec Pau et Knut
Neben Pauw (vgl. [nr. 85 Anm. 4] ) war auch Knuyt im März 1647 von Frk. von der Inter-
position in den frz.-span. Verhandlungen ausgeschlossen worden ( Braun, Einleitung,
XCVIff).
le prince d’Orange en priast:| Vostre Eminence par une de ses lettres et
qu’elle |:l’obtinst à sa prière de la Reyne:|. J’ay mesnagé que d’aultres que
moy luy en ont faict la proposition, et lorsque je luy en ay parlé, j’ay
traicté la chose avec luy comme sy elle eust esté desjà résolue sans moy
et comme y donnant mon consentement pour luy complaire.
Ce n’est pas que je n’aye remarqué |:l’aversion qu’il a encore contre Pau et
Knut, accompagnée:| peult-estre de |:quelque appréhension que ces deux
hommes s’estans réconciliez avec nous ne:| s’y attachent trop |:et ne:| reçoi-
vent quelque |:protection de nostre part pour nous avoir servy dans:| une
occasion sy importante que celle de |:la paix:|. J’ay plus recognu de cette
|:aversion dans les discours des principaux confidens dudict prince que
dans les siens parce qu’il parle fort peu:|. Ilz ne m’ont pas celé |:l’appréhen-
sion qu’il a que Pau ne rentre en crédit dans sa province:|, sur quoy je leur
ay respondu ce que je devois et faict avouer que |:son authorité seroit en-
core plus à craindre pour ledict sieur prince s’il avoit porté sa province à
désobliger la France en:| faisant un traicté particulier, et que puisque sur les
diverses instances que j’ay faictes de |:changer Pau et Knut ou de leur don-
ner des adjoinctz, on n’a sceu faire prendre aucune résolution:|, il falloit
maintenant que nous approchons de la conclusion du traicté, et que nous
aurions eu à |:passer par leurs mains ou à rompre commerce avec toute la
légation, appaiser des aigreurs passées, au moins en apparence.
Ledict prince:| m’a promis d’escrire à Vostre Eminence sur ce subjet
monsieur de La Thuillerie s’est chargé de concerter avec luy la forme de la
lettre affin qu’elle ne fasse préjudice à personne, mais sy |:l’aversion qu’il a
contre cet accommodement à laquelle il est excité par:| quelques-uns de
ceux qui |:l’approchent:| l’empe〈sche〉 d’exécuter de bonne sorte ce qui a
esté concerté avec luy, Vostre Eminence luy pourroit escrire comme
ayant faict résouldre la chose sur la prière que je luy en ay faicte de la part
|:dudict prince:| qui effectivement m’en a chargé, car il se treuve que |:Pau
et moy sommes desjà presque d’accord sur ce sujet quoyque nous ne nous
soyons point veus, et qu’il m’a faict porter parole par le sieur Huguens
qui doit venir à Munster pour le tenir en bonne humeur qu’il servira
Leurs Majestez avec affection et fidélité et que par son advis les Espa-
gnolz ne doivent pas faire difficulté de laisser toutes les conquestes:|, à
quoy je sçay que quelques-uns de ses collègues font difficulté au moins
|:touchant Piombino et Portolongone:|.
Vostre Eminence n’oubliera pas s’il luy plaist que s’agissant d’asseurer des
royaumes par le traicté on n’employera pas mal la libéralité du Roy en-
vers ceux qui nous y assisteront, et qu’il importe extrêmement pour les
raisons que j’ay marquées par ma précédente despesche que |:nous puis-
sions promettre largement des terres dans nos conquestes de Flandre à
tous ceux des plénipotentiaires qui en voudroient recevoir, afin qu’ilz
s’intéressent plus affectionnément à nous faire retenir toutes les dépen-
dances des chastellenies qui sont entre les mains du Roy, qui:| est un
poinct de grande conséquence et qui n’a point encor esté accordé.
Sy les actions de guerre que Vostre Eminence a sy glorieusement faict
réussir depuis quelque temps continuent de prospérer, je ne doubte point
que nous ne puissions conclurre la paix avec l’Espagne dans moins de
temps qu’on ne pense. Il semble que les choses passées ne sont arivées
que pour faire cognoistre aux Espagnolz qu’ilz n’auroient pas sy bon
marché de nous qu’ilz s’estoient promis quand nous demeurerions seulz
en guerre avec eux, puisque la deffection de Messieurs les Estatz et le
malheur de l’armée d’Allemagne qui sont deux accidens très considérables
qu’on n’avoit pas peu préveoir, n’ont pas empesché que dès la première
année nous n’ayons desjà plus gaigné que perdu.
Mais je ne doibs pas celer à Vostre Eminence que sy nous voulons |:rete-
nir Messieurs les Estatz avec nous:|, il fauldra nécessairement |:faciliter les
poinctz de moindre importance et:| ceux qui ne nous touchent pas essen-
tiellement comme celluy de |:Savoye, du prince Edouard
Eduard (Dom Duarte) von Bragança (1605–1649), Bruder Kg. Johanns IV. von Portugal,
war im Februar 1641 in ksl. Gewahrsam genommen und im Sommer 1642 nach Mailand
überführt worden, wo er bis zu seinem Tod in Gefangenschaft blieb. Frk. und Schweden
forderten auf dem WFK seine Freilassung ( ABEPI I 133, 338–346 und 367ff; Rebello da
Silva, 370–378; Ramos-Coelho, Infante; GEPB IV, 1048f).
d’Atrye
Scipione di Ghiaceti d’Acquaviva d’Aragón, Gf. von Châteauvillain, Hg. von Atri und
Melfi (1588–1648), Abt von Saint-Arnulf (Metz); er erhob Anspruch auf das im Kgr. Nea-
pel gelegene Hgt. Atri, das seinem Urgroßvater Giulio Antonio, Gf. von Conversano, Ca-
serta und Santa Agata, von Ks. Karl V. wegen seiner Parteinahme für Frk. genommen und
einer jüngeren Linie der Familie übertragen worden war ( DBF III, 1422; Zedler II, 1057,
1060, 2061f).
Ce que Vostre Eminence aura maintenant de plus pressé sera |:l’instance qui
sera faicte par l’ambassadeur de Holande pour avoir une déclaration du Roy
touchant le commerce de la mer Méditerranée. Biquer dist:| dernièrement
en plaine assemblée |:que si l’on la refusoit, la province de Holande ne ratif-
fieroit point le traicté de garantye:|, sur quoy il fut |:bafoué de toute l’assem-
blée qui:| luy respondit qu’il n’estoit pas de son pouvoir ny de |:sa province
pour une prétention nouvelle de révoquer en doute la confirmation d’un
traicté:| solemnellement résolu par l’advis de toutes les provinces.
Sy Vostre Eminence me permet de luy dire mes foibles sentimens,
j’estime qu’il fault donner |:de bonnes paroles à l’ambassadeur sans s’en-
gager, parce qu’après la conclusion de la paix nous pourrons parler plus
hardiment, et en accordant les articles qu’on désiré, faire aussi adjouster
ceux que nous avons demandez ou expliquer ceux qui sont desjà accor-
dez:|. Il est un peu fascheux que Messieurs les Estatz qui ont sans compa-
raison plus besoin de la France tant pour le commerce que pour leur dé-
fense qu’elle n’a besoin d’eux, ayent treuvé le moyen de nous faire faire
avec haulteur en toutes occasions presque tout ce qu’ilz veullent. Vostre
Eminence peult estre asseurée qu’ilz ne sçauroient se passer de nous, |:et
qu’ilz seront bien estonnez après le traicté général quand on leur tesmoi-
gnera:| qu’on ne se soucie pas beaucoup de |:celuy de garentye, et que
mesme on fera difficulté de la part du Roy de le ratiffier s’ilz ne l’expli-
quent comme il faut:|.
J’ozerois quasy respondre qu’ilz deviendront plus raisonnables |:quand ilz
se verront traictez avec moins de douceur:| et qu’on verra l’effect du pro-
verbe qui dict: |:«Poignez vilain, il vous oindra; oignez vilain, il vous
poindra»
dus insupportables et qu’il est honteux que des marchandz et des bour-
geois sçachent mieux se prévaloir que nous de:| la nécessité que nous
avons les uns des aultres. Il me semble que quand eux et nous faisons
|:semblant de nous vouloir séparer:|, nous sommes comme deux joueurs
déprimé[s] qui vont à cassade où le plus hardy faict quitter son compa-
gnon. Quand je voy les bassesses qu’ilz font pour conserver l’amitié des
moindres Estatz où ilz ont quelque commerce, je ne puis croire qu’ilz se
puissent jamais priver de celuy de France qui leur est sans comparaison
plus advantageux et plus nécessaire. Je me prometz de représenter quel-
que jour de bouche à Vostre Eminence des choses sur ce subjet |:qui
〈nous〉 mettront en estat de ne recevoir pas la loy de ceux qui nous sont
inférieurs. A présent il faut dissimuler à cause que toutes leurs affaires
sont faictes, et que les nostres sont demeurées en arrière par l’opiniastreté
de ceux qui ont bien l’audace:| aujourd’huy |:de rejetter le retardement de
la paix sur:| Vostre Eminence |:et sur ses créatures qui n’en sont point
31 coupables:|.] im Konzept folgt eine an Lionne gerichtete Passage, die in der Druckvorlage
fehlt: Je ne sçay comme monsieur de Longueville ny monsieur d’Avaux osent permettre
que leurs partisans publient que la paix a esté retardée par Son Eminence et par moy, car
outre que ce n’est pas entendre les affaires de 〈mieux〉 de croire que les Espagnols ayent
esté en volunté de s’acomoder tandis qu’ils nous ont veu en contes〈tation〉 avec Mes-
sieurs les Estatz, s’il falloit venir à l’esclair〈cissement〉 de la vérité, on pouroit reprocher
au premier que ses prætentions d’Altesse [s. APW II B 2, XXXVf] nous ayans réduits à
passer par les mains d’autruy et à l’autre que sa vanité l’ayant fait insister contre raison
pour plairre à monsieur Esp〈rit〉 [i.e. Jacques Esprit (1611–1678); er hatte sich im Ge-
folge der Herzogin von Longueville auf dem Westfälischen Friedenskongreß aufgehalten;
vgl. ABF I 378, 140–156] et aux 〈dames〉 sur des vétilles nous ont porté sur le bord du
præcipice et fait perdre de très belles ocasions de sortir d’affaires.
recognoissent qu’ilz ne peuvent plus faire croire que la France ne veult
pas la paix, n’ozant pas aussy proposer de se détacher d’elle ny de s’unir
plus estroictement avec l’Espagne [et] taschent d’irriter l’Estat contre les
Suédois et les Portuguais. Je voy desjà la résolution prise de faire la guerre
à ceux-cy dans le Brésil
Zur Beilegung der ndl.-port. Differenzen hatten Servien und La Thuillerie am 31. Juli
1647 eine Erklärung abgegeben, die an die vorangegangene Proposition Serviens (vgl.
nr.n 2, 19 und 69) anknüpfte und den Vorschlag einer Inklusion Portugals in einen mehr-
jährigen Waffenstillstandsvertrag bei Restitution der ndl. Besitzungen in Brasilien enthielt.
– Proposition faitte à Messieurs les Estatz touchant le Portugal, Den Haag 1647 Juli 31.
Kopien (frz.): AE , CP Holl. 38 fol. 94–94’ (Beilage zu La Thuillerie an [Brienne], Den
Haag 1647 August 5; Ausf.: ebd. fol. 90–93; Eingang laut Dorsalvermerk, fol. 93’ und 95’:
1647 August 13; Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Holl. 45 fol. 196–199; Teildruck, mit
falschem Adressaten: Groen van Prinsterer, 235); AE , CP Holl. 42 fol. 144–144’ (mit
Eingangsvermerk, fol. 144’: La coppie que dessus est arrivée le 13 aoust à Munster de la
part de l’ambassadeur de Portugal, et a esté communiquée par monsieur Servient le 11 du
mesme mois ); AE , CP Holl. 45 fol. 191–191’; IF, CG 496 fol. 261–262 (von der Hand
Doulceurs; mit eigh. Korrekturen und Marginalien Godefroys sowie dem gleichen Ein-
gangsvermerk wie in der Kopie AE , CP Holl. 42 fol. 144’); spätere Kopie: BME, F10 p.
145–147. Konzept (frz.; mit eigh. Korrektur Serviens): AE , CP Holl. 42 fol. 145–146.
Druck: Siri X, 909f (it. ÜS); Abreu y Bertodano, 143f (span. mit it. ÜS); CDI 83, 401f
(span. ÜS).
aussy aux aultres dont ilz ne peuvent souffrir l’establissement dans l’Alle-
magne, et encore moins l’authorité qu’ilz vont prendre par ce moyen dans
toute la mer Baltique. Il y en eut l’aultre jour que sur un deférend [!] de la
ville de Bremen et du comte d’Oldembourg pour un péage sur la rivière
du Vezer où celuy-cy est protégé par les Suédois et par les estatz de l’Em-
pire [ilz] oppinèrent à envoyer des vaisseaux de guerre à l’entrée de la
rivière pour empescher l’intention des Suédois et des estatz de l’Empire
qui ont confirmé ce péage.
J’ay l’honneur d’escrire cette lettre à Vostre Eminence d’Utrecht pour
obéir au commandement qu’il luy a pleu me faire de ne luy escrire plus
de La Haye. Je tascheray d’arriver à Munster le plus tost qu’il me sera
possible, croyant que sy Messieurs les Plénipotentiaires veullent profiter
la conjuncture présente, et se prévalloir des advis que je leur donneray,
nous conclurrons la paix généralle en peu de temps. Les estatz de cette
province m’ont visité en corps et m’ont prié de demeurer aujourd’huy
pour me faire un grand festin, oultre que je n’eusse pas peu refuser ces
tesmoignages de leur bonne volonté, j’ay cru à propos de les recevoir
pour mieux faire esclatter l’union de la France et de cet Estat.
|:Ceux de Holande donnèrent encore une preuve de leur mauvaise vo-
lonté le dernier jour avant mon départ, s’estans opposés obstinément
qu’on ne me fist le mesme présent qu’on a accoustumé de faire aux aultres
ambassadeurs. Les autres six provinces en ont esté si piquées qu’elles ont
refusé de contribuer à d’autres choses désirées par la Holande:| jusqu’à ce
qu’elle eust donné son consentement |:audict présent:|. Comme l’affaire ne
me touche point en particulier et que j’ayme beaucoup mieux |:n’avoir
point esté réga〈l〉é par eux que si pour leur complaire j’avois moins eu
de passion pour les intérestz du Roy:|, il est advantageux de veoir que |:six
provinces se déclarent:| tousjours |:si ouvertement pour:| tous les intérestz
de la France |:et que dans la Holande mesme il y en ayt grand nombre qui
souffrent avec regret:| les résolutions |:extravagantes 〈de〉 quelques
espritz passionnez qui gouvernent aujourd’huy cète province. Ce qui me
fasche un peu en cette rencontre est qu’ilz s’accoustument à perdre le res-
pect envers Leurs Majestez que l’on pourra quelque jour leur faire mieux
garder qu’ilz ne font maintenant:|.