Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen

22
Vostre Eminence a jugé tout ce qui se pouvoit faire icy aussy bien que sy
23
elle eust esté sur les lieux. Lorsque j’y fus envoyé, ma principalle charge
24
estoit de convenir avec cet Estat des conditions d’une garentie récipro-
25
que

40
Vgl. den Entwurf einer Instruktion Ludwigs XIV. für Servien, Paris 1647 Januar 10 (Text:
41
APW II B 5/2 Anhang, hier 1559 Z. 2–5).
, mais la résolution prise à Munster depuis mon départ par ses pléni-
26
potentiaires de signer leur traicté avec les Espagnolz

42
Gemeint sind die ndl.-span. Provisional-Art. vom 8. Januar 1647 (s. [nr. 11 Anm. 9] ).
ayt presque changé
27
ma négotiation et m’a obligé de travailler plustost à empescher l’effect de
28
cette résolution qui nous eust laissé seulz chargez de la guerre d’Espagne,
29
que de disputer sur les conditions de la garentie qui aussy bien se fust
30
treuvée inutile sy Messieurs les Estatz eussent faict un traicté particulier.
31
Dieu m’a faict la grâce de résister pendant six mois au dessein que la pro-
32
vince de Hollande avoit faict de passer oultre sans considérer l’intérest de
33
la France, à quoy je ne doubte point qu’elle ne se fust portée sy elle eust
34
peu attirer dans ses sentimens les aultres provinces. Il a fallu nécessaire-
35
ment se servir de celles-cy pour arrester l’impétuosité de l’aultre laquelle,
36
picquée de ne pouvoir parvenir à ses fins sans causer une division scanda-
37
leuse dans cette république, a empesché de tout son pouvoir qu’on n’ayt
38
mis l’armée de Messieurs les Estatz à la campagne. A la vérité elle s’est
39
treuvée la plus puissante parce qu’elle tient la bourse, quelque bonne dis-

[p. 196] [scan. 308]


1
position qu’eussent les aultres provinces de faire leur debvoir envers nous,
2
et de contenter en cela |:monsieur le prince d’Orange qui le désiroit pas-
3
sionnément:|. Il me semble que |:dans tout le reste nous avons assez heu-
4
reusement fait réussir les intentions du Roy, veu les mauvaises impres-
5
sions dont la pluspart des espritz estoient remplis lorsque j’arrivay icy,
6
soit par corruption, soit par ignorance, ou bien par ingratitude, qui est le
7
vice ordinaire de cette nation:|.

8
Vostre Eminence a remarqué très prudemment que |:si on mesnage pré-
9
sentement que Messieurs les Estatz ne

41
9 se] nicht dechiffriert.
se puissent réunir plus estroicte-
10
ment avec l’Espagne après la paix, et qu’on les engage à nous assister
11
dans la négotiation de Munster pour obtenir ce que nous désirons des
12
Espagnolz, nous aurons sujet d’estre contens:|, et je suis entièrement de
13
cette oppinion parce que |:après la paix faicte il arrivera des conjonctures
14
qui feront désirer de nous à Messieurs les Estatz des choses que mainte-
15
nant ilz refusent:|. Je croy que |:nous avons asseuré

42
15 l’un] laut chiffriertem Text der Druckvorlage; im Klartext falsch dechiffriert: l’une
l’un et l’autre de ces
16
poinctz, et qu’à l’avenir les choses prendront encore un meilleur chemin.
17
Il me semble desjà de voir que la pluspart des espritz reviennent de l’aveu-
18
glement où ilz ont esté, et:| reprennent les anciennes maximes de conser-
19
ver soigneusement l’union de la France et de cet Estat, sy bien que le
20
traicté qui a esté résolu produira un bon effect |:non seulement au-dehors
21
par l’esclat que fera la nouvelle de:| nostre réconciliation avec cet Estat
22
que les Espagnolz publient d’avoir séparé de nous, mais aussy au-dedans
23
en ramenant effectivement dans l’amitié de la France beaucoup de gens
24
qui s’en estoient esloignez, et principalement ceux qui ne l’avoient faict
25
que par les faulces impressions qu’on leur avoit données.

26
D’ailleurs, Monseigneur, |:à bien considérer le traicté de garentye comme il
27
est dressé

43
S. nr. 68 Beilage 1.
l’on peut dire avec quelque raison de n’avoir pas peu fait de
28
porter cet Estat à ce qu’il a accordé. On ne croyoit pas qu’on voulust jamais
29
s’obliger à garentir la Catalogne ny la Lorraine, et:| je sçay certainement
30
que |:les Espagnolz en sont sensiblement picqués, comme on l’a pu voir
31
icy à la contenance de leurs partisans et aux diligences qu’ilz ont faictes
32
pour empescher cette résolution:|. Pau, Knut et leurs adhérens avoient
33
donné parolle que cela ne passeroit jamais, et n’ont rien oublié pour s’y
34
opposer. |:Outre le desplaisir que nos ennemis en reçoivent, nous en tire-
35
rons un très grand advantage en ce que Messieurs les Estatz pour ne retom-
36
ber pas en guerre pour la Lorraine ny pour la Catalogne seront obligez
37
d’:|affectionner ce poinct qui est le plus important de nostre traicté, et
38
|:d’exiger des Espagnolz la promesse que nous demandons de n’assister
39
point les princes de cette maison:| comme aussy de |:nous faire accorder
40
les précautions que nous désirons pour la seureté de la trêve en Catalogne:|.

[p. 197] [scan. 309]


1
A la vérité nous eussions bien désiré que |:l’article

35
1 4 e] im Konzept: quatriesme. Der chiffrierte Text der Druckvorlage ist unklar; Dechiffrie-
36
rung
im Klartext: 24 e
4 e

37
Gemeint ist Art. 5.
du traicté de garen-
2
tye qui parle de l’assistance des alliez eust esté un peu plus estendu et
3
conceu aux termes que:| je l’avois dressé dans le project que j’ay donné à
4
Messieurs les Estatz

38
S. nr. 44 Beilage 2.
, mais oultre que nous luy avons tousjours donné
5
dans les conféren〈ces〉 l’explication qu’il doibt avoir et que nous préten-
6
dons de donner aux commissaires de Messieurs les Estatz nostre intention
7
par escript lorsque le traicté sera signé, nous avons très grand subjet de
8
croire qu’après la signature Messieurs les Estatz mesmes désireront cette
9
explication |:et que plusieurs choses deviendront faciles qui sont à présent
10
très difficiles et capables de causer quelque désunion, si on s’obstinoit à
11
les demander:|. C’est l’advis de nos amis et des sages de l’Estat |:qui reco-
12
gnoissent fort bien et me l’ont déclaré qu’il faudra nécessairement faire
13
après la conclusion de la paix générale un nouveau traicté entre la France
14
et cet Estat:|. J’ay faict tout ce qui m’a esté possible pour |:les confirmer
15
dans cette opinion pour ce qu’alors nous serons mieux en estat de dire nos
16
raisons que maintenant que les moindres difficultez qui viennent de nous
17
quoyque très raisonnables leur font croire que nous les advançons pour
18
retarder la paix:|.

19
Quant à la négotiation de Munster, qui doibt estre nostre principal but,
20
personne de ceux à qui j’ay parlé ne faict difficulté que les Espagnolz ne
21
doivent nous laisser toutes les conquestes, |:mais je crains que la résolu-
22
tion qui a esté prise de nous y assister et de faire tenir parole aux Espa-
23
gnolz estant confiée aux plénipotentiaires de cet Estat dont la pluspart
24
sont à la dévotion des ennemis, ne soit rendue inutile par leurs artifices.
25
C’est l’appréhension de monsieur de Niderhost aussi bien que la mienne.
26
C’est pourquoy:| avant mon départ je suis résolu de travailler à deux cho-
27
ses. La première à faire donner s’il est possible un ordre plus exprès sur
28
|:la rétention de toutes les conquestes afin que les malintentionnez des
29
plénipotentiaires ne puissent pas chicaner sur ce que les Espagnolz ont
30
cy-devant accordé ou refusé, comme:| je sçay qu’il y en a parmy eux qui
31
|:pour nous rendre odieux, et nous faire passer pour insociables ont dict
32
qu’on avoit accordé Piombino

39
Piombino, befestigte Hafenstadt an der it. Küste ggb. der Insel Elba, war am 8., die Zita-
40
delle am 11. Oktober 1646 von frz. Truppen eingenommen worden ( Chéruel, Minorité
41
II, 298f).
et Portolongone

42
Porto Longone, Hafenfestung auf der Insel Elba, zum Stato dei Presidi gehörig, war am
43
29. Oktober 1646 von frz. Truppen eingenommen worden ( Chéruel, Minorité II, 298f;
44
Caciagli, 137–140).
, et:| à présent qu’ilz
33
voyent la résolution prise de nous faire avoir tout ce qui a esté accordé
34
ilz ont bien l’effronterie de dire que ces |:deux places n’ont jamais esté

[p. 198] [scan. 310]


1
expressément promises:| par les Espagnolz

40
Servien faßte die Bereitschaft der Spanier, die umstrittenen Verhandlungspunkte mit Frk.,
41
darunter die Frage der Zession Piombinos und Porto Longones, einer Entscheidung durch
42
die Gst. zu unterwerfen (vgl. [nr. 1 Anm. 31] ), als faktische Aufgabe der beiden Plätze sei-
43
tens Spaniens auf (vgl. Servien an [Longueville], [Den Haag] 1647 April 15; Text: APW II
44
B 5/2 nr. 229, hier 1077 Z. 8–11).
. Ce poinct sera le plus difficile
2
de la négotiation quand nous serons à Munster, principallement |:si
3
Messieurs les Estatz font refus de s’en expliquer comme il faut. Ce n’est pas
4
qu’ilz ne croyent la chose raisonnable, mais ilz souhaictent la paix avec tant
5
d’ardeur que estans desjà asseurez de tout ce qu’ilz ont à désirer pour
6
eux, ilz ne veuillent pas le rompre pour l’intérest d’autruy, et évitent soi-
7
gneusement toutes les choses qui les pourroient faire retomber dans la
8
guerre. Ce qui est de plus fascheux est que les Espagnolz qui cognoissent
9
leur appréhension en proffictent à nostre préjudice et pour ranger Mes-
10
sieurs les Estatz de leur costé contre nous, n’ont qu’à dire que les choses
11
que nous demandons ne seront jamais accordées, et qu’ilz ayment mieux
12
continuer la guerre. Ce mot de guerre, quoyque prononcé avec artifice,
13
espouvente si fort nos alliez qu’au lieu de nous ayder comme ilz doivent
14
à:| surmonter les difficultez qui se présentent, |:ilz se tournent contre nous
15
pour nous faire relascher, ne voulans point:| examiner qui a tort ou raison
16
|:ny se souvenir de leur obligation, pourveu qu’ilz prennent le plus court
17
chemin pour arriver à la paix:|.

18
Cela me faict croire que quand pour faciliter la paix on auroit pris résolu-
19
tion de |:rendre Piombino et Portolongone:| (ce que je ne croy pas pour-
20
tant qu’on doive faire), les Espagnolz qui ne visent pas tant à |:ravoir les
21
deux places:| comme à chercher des prétextes de séparer Messieurs les
22
Estatz de nous pour les obliger de traicter sans nous, après avoir gaigné
23
ce poinct en demanderoient un aultre et se serviroient sur les articles de
24
Casal, du duc Charles et tous les aultres des mesmes artifices qui leur
25
auroient réussy pour |:celuy de Piombino et Portolongone:|.

26
La seconde poursuite que j’ay envie de faire avant mon départ, et qui
27
pourra apporter sy elle réussit quelque remède à l’inconvénient que je
28
viens de toucher est |:pour faire changer les plénipotentiaires qui nous
29
sont contraires ou si l’on n’en peut venir à bout travailler à les gaigner à
30
quelque prix que ce soit:|. Lorsque j’ay proposé à |:monsieur le prince
31
d’Orange et à quelques autres de mes amys ce changement:| et que je
32
leur en ay dict les raisons, ilz m’ont bien avoué qu’il seroit juste, |:mais
33
ilz croyent impossible d’en venir à bout dans l’humeur où est encor la
34
province de Holande qui a le principal pouvoir et qui peut-estre a fait
35
agir secrettement nos contretenans comme ilz ont faict:|.

36
C’est pourquoy j’ay estimé à propos de faire |:traicter confidemment par
37
nos amys la réconciliation de Pau et de Knut et de leurs adhérens:|, me
38
souvenant que Vostre Eminence a tousjours incliné à |:les ramener par
39
douceur si la chose estoit possible:|. Il est bien certain que jusques à pré-

[p. 199] [scan. 311]


1
sent elle ne l’a pas |:esté et que pour gaigner ce qu’on leur a promis ilz ont
2
voulu s’acquitter aussi de leur promesse envers les Espagnolz:|, mais voyant
3
aujourd’huy qu’ilz |:n’ont pu empescher la garentye de la Catalogne et
4
de la Lorraine, que:| la passion qu’ilz ont tesmoignée les a décriez et dé-
5
créditez dans l’Estat et que s’ilz portoient les choses à l’extrémité entre la
6
France et cette république, ilz pourroient un jour en estre responsables et
7
exposer leurs personnes à de grands périlz, les peuples estans accoustu-
8
mez de se prendre aux autheurs des mauvais conseilz, |:ilz seront peut-
9
estre bien aises de se raccommoder et d’agir en sorte qu’ilz puissent estre
10
récompensez par les deux partyes. C’est à quoy je fais travailler, mais j’ay
11
déclaré qu’il faut mesnager la forme et la matière dans cet accommode-
12
ment:|, c’est-à-dire que |:l’Estat ou monsieur le prince d’Orange intercède
13
pour eux envers le Roy, et suplie Sa Majesté d’oublier le passé, et qu’on
14
puisse estre asseuré qu’ilz agiront comme il faut à l’avenir dans les inté-
15
restz de la France:|. Quand cela n’arriveroit pas, je ne croy pas qu’ilz ayent
16
|:désormais le crédit d’engager l’Estat à les protéger, encore moins à faire
17
des plaintes pour eux, quelque instance qu’ilz en ayent faicte:| ilz n’ont
18
presque treuvé personne qui leur ayt esté favorable dans cette prétention.
19
Néantmoins la protection que Vostre Eminence me faict espérer en ce cas,
20
est un nouveau subjet d’obligation que je luy ay lequel joinct à une infi-
21
nité d’aultres me mettent en estat de ne pouvoir jamais m’en acquiter.

22
Je m’estonne que l’ambassadeur de Portugal qui est icy n’ayt point faict
23
sçavoir au marquis de Nizza les raisons qui m’avoient empesché pendant
24
quelque temps de parler de son affaire puisqu’il les avoit approuvées et
25
m’avoit promis de les faire sçavoir à son maistre et à ses collègues. Je
26
n’ay pas laissé de faire depuis peu la proposition dont j’avois cy-devant
27
donné advis à Vostre Eminence

39
Vgl. zuletzt nr. 19.
. Elle a esté receue par les commissaires
28
qui traictent avec moy, et raportée dans l’assemblée de Messieurs les
29
Estatz Généraux, mais ilz ne m’ont point faict de response et n’ont pas
30
mesmes délibéré sur ma proposition. Quand je m’en suis plaint aux com-
31
missaires, quelques-uns m’ont respondu qu’il falloit que |:le roy de Por-
32
tugal outre la restitution des places occupées dans le Brésil par les révoltez
33
payast les dommages et intérestz de la compagnie

40
Gemeint ist die 1621 gegründete Westindische Kompanie (WIC). Als Pendant zu der 1602
41
gegründeten Ostindischen Kompanie (VOC) war sie mit weitreichenden Vollmachten der
42
Gst. ausgestattet und sollte u.a. die ndl. Interessen in Lateinamerika gegen Spanien und
43
Portugal vertreten ( Boxer, Dutch, 23–30; Boxer, Portuguese, 106–127; zur Bedeutung
44
des WFK für die Ost- und Westindische Kompanie vgl. van Hoboken; Rietbergen).
puisque tout a esté
34
faict par son ordre:|. J’ay reparty qu’il seroit plus scéant de déclarer qu’on
35
ne veult point d’accommodement que de faire une semblable demande.
36
En effect, je voy qu’on incline plus icy à |:faire la guerre au roy de Portu-
37
gal dans le Brésil qu’à recevoir satisfaction de luy:|. Ilz disent haultement
38
que |:deux souverains en ce pays-là ne feroient que se faire préjudice l’un

[p. 200] [scan. 312]


1
à l’aultre, et que:| pour en tirer un proffict considérable il fault nécessaire-
2
ment que |:un seul en soit le maistre. Rien ne pouvoit jamais venir plus
3
mal à propos tant pour les Portugais que pour nous, que ce différend du
4
Brésil qui a commencé d’esloigner nos alliez de nous, et de les unir avec
5
les Espagnolz, en les intéressant dans une mesme guerre. Sans cette nou-
6
veauté:| je ne croy pas que cet Estat eust pris la pensée de |:attaquer pré-
7
sentement le roy de Portugal, ny qu’il eust faict difficulté de se joindre à
8
nous pour obtenir une trêve pour luy:|. Les faultes de cette importance ne
9
se font point sans qu’il en couste. Le mal est que nous qui n’y avons point
10
de part ne laissons d’en souffrir, car certainement c’est le point qui a dé-
11
concerté toute nostre bonne intelligence avec Messieurs les Estatz.

12
Il fault que Philipes Le Roy soit allé treuver l’Archiduc pour quelque
13
affaire de grande importance. On escript de Brusselles qu’aussytost qu’il
14
a esté arivé, Castel Rodrigue et luy sont allez ensemble au camp de Land-
15
recy. Je ne sçay pas sy Vostre Eminence aura eu quelque lumière de ce
16
qu’il y a traicté. Sy ce qu’on m’a voulu faire croire est véritable, |:nous
17
avons sujet d’en bien espérer, car on m’a asseuré qu’estant allé donner
18
part de la résolution qui a esté prise touchant la garentye et la négotiation
19
de Munster, il a esté chargé d’advertir les ministres d’Espagne que s’ilz
20
faisoient difficulté sur les choses qui ont esté cy-devant accordées, ilz ex-
21
citeroient de grandz changemens dans cet Estat, et l’obligeroient peut-
22
estre à reprendre les armes:|. J’ay assez souvent faict cognoistre à ces
23
gens-cy que ce seroit le meilleur et plus court moyen d’avoir la paix,
24
mais je ne sçay pas

42
24 pourquoy … point] laut Konzept; in der Druckvorlage: pourquoy ilz ne m’auroient pas
43
pourquoy ilz ne m’auroient point
pourquoy ilz ne m’auroient point donné cognoissance
25
d’une négotiation |:qui nous est si favorable si elle estoit vraye, et je voy
26
encore ceux qui gouvernent la Holande si mal disposez que je ne puis me
27
promettre d’eux une résolution si généreuse:|, encor que quelques-uns
28
d’entre eux m’ayent voulu faire espérer que leurs effectz seront meilleurs
29
que leurs parolles et qu’ilz travailleront efficacement à nous faire obtenir
30
des choses pour lesquelles ilz font scrupule de s’engager par escript de
31
crainte d’estre emportez plus avant qu’ilz ne vouldroient et nous rendre
32
trop difficiles dans les conditions de la paix.

33
Le |:gouverneur du Sas n’est pas encore arrivé. C’est

44
33 luy] im Konzept: luy seul
luy qui me peut don-
34
ner quelque lumière de celuy qui passa dernièrement par son gouver-
35
nement:|. Je n’y perds pas un moment de temps.

36
Je suis tout à faict du sentiment de Vostre Eminence qu’il seroit advan-
37
tageux de |:faire la paix pour le Pays-Bas si on ne la peut faire partout
38
conjoinctement avec Messieurs les Estatz. S’ilz se laissoient encore con-
39
duire à la raison ou aux:| considérations de l’honneur, |:ilz devroient estre
40
ravyz de cette facilité que:| nous aporterions pour ne retarder pas leur
41
accommodement par d’aultres intérestz que ceux |:des Pays-Bas:|. Mais

[p. 201] [scan. 313]


1
comme leur grande appréhension est de retumber dans la guerre pour quel-
2
que prétexte que ce soit, sy les Espagnolz font refus de cet expédient, ilz ne
3
se disposeront jamais à les obliger par les armes de l’accepter. Néantmoins
4
c’est le dernier et plus utile remède dont nous puissions nous servir contre
5
leur |:infidélité quand nous les y verrons résolus et que nous aurons perdu
6
l’espérance de faire un traicté général:|. Je suis entré en discours sur ce sub-
7
jet avec quelques-uns de noz confidens |:sans leur avoir fait cognoistre qu’à
8
la cour on se voulust porter à ce tempérament. Ilz l’ont trouvé très faisable,
9
mais ilz ne croyent pas icy que l’Estat voulust en ce cas nous donner aucun
10
secours en Catalogne ou en Italie, ny qu’il veuille s’obliger à la continua-
11
tion de la guerre en cas que les ennemis le refusent:|. C’est pourquoy il sera
12
peult-estre plus utile de |:voir ce qu’on pourra faire à Munster lorsque nous
13
y serons tous de retour, et différer l’ouverture de cet expédient jusqu’à ce
14
que l’espérance de conclurre une paix générale soit entièrement perdue.
15
Autrement si nous avions fait ouverture de cet expédient et qu’il ne réussist
16
pas, Messieurs les Estatz ne voudroient plus après cela prendre aucune part
17
dans tous les autres intérestz.

18
La prétention du Ringrave sur Benfelt est fondée sur une proposition que
19
luy a faicte le résident de Suède

43
Gemeint ist Spiering.
de luy faire tomber cette place moyen-
20
nant cent mil escus:|, mais j’ay tousjours 〈creu〉 et l’ay dict |:au Rhingrave
21
que si les Suédois qui sont desjà obligez de la rendre en demeuroient les
22
maistres:|, ilz vouldroient (bons mesnagers comme ilz sont) |:en tirer de
23
luy la juste valeur:|. C’est un cavalier qui paroist fort affectionné au ser-
24
vice du Roy et qui mériteroit d’estre assisté, veu mesme qu’on pourroit
25
mesnager l’intérest de Sa Majesté |:dans les conditions, car pourveu que la
26
place fust mise soubz la protection de la France et que l’on y eust une
27
garnison françoise, le traicté du Ringrave avec les Suédois nous seroit ad-
28
vantageux, et:| il me semble qu’on peult respondre à ceux qu〈i〉 parlent
29
pour luy qu’on le favorisera de bon cœu〈r〉 dans son dessein aux condi-
30
tions qui ont esté proposées entre luy et moy, mais qu’on appréhende que
31
l’affaire ne rencontre d’ailleurs de grandes difficultez.

32
Weisungsgemäß haben La Thuillerie und ich den Entschluß gefaßt, an
33
Ulfeldt zu schreiben ; zu dessen Unterstellungen gegenüber

36
33 Mazarin.] im Konzept, fol. 107, folgt eine offenbar an Lionne gerichtete Passage, die in
37
der Druckvorlage fehlt: La fidélité que je dois au service de Son Eminence m’oblige de
38
luy dire que 〈Saint-Tibal〉 n’est pas devenu plus sage ny plus modéré depuis la liberté de
39
son cousin [i.e. Montrésor], ce qui me fait croire que son mal est incurable et souhaiter
40
qu’il fust en tout autre lieu qu’icy où certainement il fait beaucoup de préjudice quelque
41
promesse qu’il ait fait à monsieur de Longueville 〈ou〉 à moy de n’agir point contre ma
42
négotiation.
Mazarin.

34
Sy la nouvelle du duc de Bavière se treuve véritable et qu’il ayt agy
35
comme l’on dict contre Jean de Vert et ceux qui l’ont suivy, nous serons

[p. 202] [scan. 314]


1
en estat désormais de |:faire avec luy les traictez qu’il désire, et cet événe-
2
ment nous donne moyen de guérir nos alliez de leurs soupçons lesquelz
3
joinctz au refus du subside et à la retraicte de nostre armée les avoient mis
4
en très mauvaise et dangereuse humeur:|. Je n’estime pas qu’après une ac-
5
tion sy franche de ce prince les Suédois puissent plus doubter de ses in-
6
tentions ny s’opposer à ses advantages. Je croy mesme qu’on leur pourra
7
faire comprendre qu’il est utile de |:l’attacher plus estroictement avec
8
nous par quelque traicté, afin qu’en estans demeurez d’accord en termes
9
généraux, ilz ne puissent pas un jour trouver mauvais ce que nous avions
10
faict. Le plus seur pourtant:| selon mon foible advis |:seroit de diférer la
11
signature du traicté particulier que nous voudrons faire avec ce prince
12
jusques après la conclusion du général:|. Cependant nous pouvons ouver-
13
tement |:le servir dans la rétention des places du Virtemberg pour conser-
14
ver une ligne de communication avec luy, et un moyen de le deffendre s’il
15
en est attaqué par les Impériaux:|. Je croy fermement que le seul bonheur
16
de Vostre Eminence a produict ce favorable succès |:qui nous retire d’un
17
péril très grand où nous estions à Munster:|.

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