Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
Gassion hatte mir bereits dasselbe Memorandum zukommen lassen, das
Sie mir als Beilage zu Ihrem Brief vom 1. dieses Monats schickten; er
meldete anschließend, daß er mit 6000 Infanteristen und 3000 Reitern ei-
nen Posten an der Schelde erobern könne. Rantzau ist davon in Kenntnis
gesetzt und reist morgen nach Dünkirchen zurück.
Ich bin mit Ihrem Verhalten gegenüber dem Prinzen von Oranien sehr
zufrieden; sein militärischer Plan ist kühn, aber da er uns viel nützen
kann, sollten wir ihm nichts in den Weg stellen.
Ce qui me donne quelque peine est que |:Messieurs les Estatz qui ont
desjà tant de propension à croire que nous voulions tout brouiller ne
manqueront pas de se persuader que nous avons desbauché monsieur le
prince d’Orange pour l’engager à ce dessein:| quoyque |:ce soit luy-mesme
qui nous en presse:|, et j’appréhende surtout que |:cela n’attire quelque
chose contre luy, dans ses commencemens, dont il reçoive du préjudice:|.
Il sera bon de |:le luy représenter et luy tesmoigner nos craintes affin qu’il
cognoisse de quel pied:| Leurs Majestez |:marchent en ce qui le regarde,
puisqu’elles préfèrent ses intérestz aux leurs propres et ne se soucieroient
pas de remporter des avantages qui puissent luy faire tort.
Le remède en quelque façon pour empescher qu’on ne croye que nous
ayo〈ns〉 agy de concert et que la France ayt sceu son dessein, seroit de
publier aussytost que:| l’ordinaire |:qui porte ce〈tte〉 despesche sera arivé
à La Haye, que:| l’on a résolu icy de commencer 〈à〉 agir le |:premier jour
de may, qui est le temps:|, comm〈e〉 vous verrés cy-après, |:que l’on peult
faire quelque chose, et on pourra adjouster que:| Leurs Majestez ont dé-
signé le mesme jour pour part〈ir〉 et aller sur la frontière donner chaleur
aux actions de la campagne, s〈y les〉 Espagnolz entre cy et là ne veulent
pas consentir au peu qui reste de n〈oz〉 prétentions, ce qui véritablement
paroistroit ridicule, après avoir donn〈é les〉 mains à tous les poinctz les
plus importans, si on ne voyoit qu’ilz espèr〈ent〉 tousjours de nous divi-
ser de nos alliez, et que cela fera changer la face 〈des〉 affaires à leur
advantage.
Vous pouvés |:donc asseurer monsieur le prince d’Orange que le premier
jour de may infailliblement monsieur le mareschal de Gassion fera une
diversion plus considérable qu’il ne l’avoit promise affin qu’il prenne là-
dessus ses mesures, et que ce sera en un endroict esloigné de la mer, affin
de diviser davantage les forces des ennemis:|.
Es ist uns nicht möglich, unsere Truppen, wie der Prinz von Oranien
wünscht, schon am 21. April ins Feld zu führen. Falls es für den Erfolg
seiner Unternehmung unbedingt notwendig sein sollte, daß sie vor dem
1. Mai ausrücken, benachrichtigen Sie Gassion und Rantzau, und diese
werden alles Mögliche tun, den Feldzugsbeginn auf den 25. April vor-
zuziehen; senden sie in diesem Fall Ihre Nachricht in doppelter Ausferti-
gung auf dem Land- und Wasserwege, und geben Sie auch andernfalls
beiden Nachricht!
J’ay appris par vostre mesme lettre les diligences que font nos amys pour
|:disposer les six provinces à faire quelque effort extra:|ordinaire |:pour
mettre l’armée en campagne encore que la Hollande persistast à ne vou-
loir rien faire de son costé:|, et que sur cela |:vous aviez dict confidemment
à monsieur le prince d’Orange que pour l’obliger:| en cette rencontre, Sa
Majesté se porteroit de bon cœur non seulement à |:continuer le subside,
mais à l’augmenter pourveu qu’on pust espérer quelque fruict de l’armée
qui seroit mise en campagne:|.
Sur quoy je vous metz en considération que |:la Hollande n’y concourant
pas:|, il est infaillible que |:tout le subside que nous donnerions ne sçauroit
produire aucun effect considérable puisque les six provinces ensemble
ne contribuent:| ordinairement |:que le tiers de ce que faict la Hollande
seule:|.
De plus, il seroit à craindre extrêmement que |:la Hollande, puissante
comme elle est, picquée au vif, ne prist des résolutions qui pourroient
nous estre plus préjudiciables que l’advantage que nous no〈us〉 en pro-
mettons ne peult estre grande:|.
En tout cas, il semble qu’il vaudroit mieux que |:nous despensassions
nous-me〈smes〉 nostre argent:|, estant sans doute que |:nous tirerons
plus 〈de〉 proffit d’employer les quinze cens mil livres du subside ordi-
naire et extraordinaire à de nouvelles levées qu’à les donner pour une
foible diversion:|.
Et tant s’en faut que |:monsieur le prince d’Orange doive souhaitter qu’il
a plustost intérest 〈de〉 n’aller point en campagne que d’y estre foible:|,
parce qu〈e〉 |:tout le monde n’auroit pas le discernement d’attribuer à son
peu de forc〈es〉 de n’avoir rien faict de considérable:|, et ce fut à peu
pr〈ès la〉 raison qui me fit dire l’autre jour à |:son escuyer en passant
que son m〈aistre〉 devoit se consoler aysément en cas que la paix se fist
parce qu’il ne sçauroit faire:| à beaucoup près, |:dans la continuati〈on de〉
la guerre, tout ce dont le monde le croid capable, ny correspondre 〈à la〉
grande estime que l’on a de luy:|.
Vous verrés par le mémoire du Roy que Sa Majesté vous confirme |:les
f〈acultés〉 qu’elle vous avoit desjà donné sy amples pour résouldre le poinct
de la garentie, que:| vous pouvés librement |:pratiquer tou〈s les〉 expédiens
que vous jugerez à propos pour guérir les méfiances qu’ont Messieurs les
Estatz que nous les voulions engager légèrement dans de nouvelles guerres:|,
dans l’asseurance que tout ce que vous ferés là-dess〈us〉 sera approuvé.
Si jamais vous rencontrés Goring le père , qu’on dict qui doibt re-
tourn〈er〉 bientost à La Haye, vous aurés beau champ de luy faire des
reproc〈hes〉 qu’après les advances qu’il avoit faictes icy, et les sentimens
qu’il 〈a〉 tesmoignés de n’avoir autre inclination qu’à servir utilement le
roy son maistre , il se soit si fort attaché au party de ceux qui font tout ce
qu’ilz peuvent contre luy. Mais à dire le vray, nous n’avons pas faict
grande perte en cette maison, et c’est une marque du malheur des Espa-
gnolz, que quand une fois entre cent ilz ont sur nous quelque advantage,
il est tousjours de nulle considération.
Il faut |:pourtant prendre garde à ce qu’on escript d’Anvers qu’il y passoit
tous les jours des Angloys et des Escossois qui avoient suivy le filz du-
dict Goring, à quoy:| il faut essayer de |:remédier, et monsieur le prince
d’Orange qui y a tant d’intérest ne refusera pas d’y employer son autho-
rité:| quand mesme il seroit vray, |:comme ledict Goring se vante et que:|
je ne veux pas croire, que |:madame la princesse d’Orange le favorise
soubz main en cela:|.
Vous pouvés dire, si vous le jugés à propos, à |:Sa[i]nt-Ybal:| que la con-
duicte qu’il a tenue avec vous, et les services qu’il a essayé de rendre |:par
le moyen de ses amis:|, feront songer icy à une chose où peut-estre on
n’eust pas pensé sans cela. J’entendz parler de |:la liberté de son cousin :|.
Ce n’est pourtant pas une chose résolue, mais je prétendz de luy rendre
office près de Sa Majesté.
Si |:le traicté de la campagne se faict, puisqu’on peult soulager Messieurs
les Estatz de la grande despense qu’ilz ont faicte jusques à présent pour
tenir leur armée de trente-deux gallions à la mer:|, il semble que |:le moins
qu’ilz puissent faire pour nous, ce sera de nous en donner huict ou dix
pour la mer Méditerranée et en tenir aultant dans l’Océan:|. Et mesme
on pourroit |:à la fin se passer de ceux-cy, promettant pourtant, sy nous
faisions quelque project du costé de la mer, de faire tout ce qu’ilz pour-
roie〈nt〉 pour nous assister:|.
Je réplique ce que je vous ay desjà mandé , que je désire, comme vous
p〈ouvés〉 juger, avec passion vostre prompt retour à Munster. Mais d’un
autre co〈sté〉, il est certain que |: nous ne devons rien attendre du traicté
de la campagn〈e〉 s’il n’est faict avant que vous quittiez La Haye:|, et
vo〈us en〉 sçavés la conséquence. Nous pressons monsieur de La Thuil-
lerye de partir, m〈ais je〉 ne croy pas que nous puissions en venir à bout
avant les festes .
Je fais tant de cas de l’advis que vous verrés dans le mémoire du Roy
d’aujourd’huy |:de ce qu’a dict Philipes Le Roy à Bruxelles:|, q〈ue je〉
juge que cela vous pourroit bien donner lieu de |:retourner à Munster
p〈ortant〉 avec vous la décision de tout:|, comme il arriveroit infaillible-
me〈nt〉 si |:vous persuadez Messieurs les Estatz de la justice de nos pré-
tentions qui reste〈nt〉 à adjuster et que vous puissiez les engager à décla-
rer aux Espag〈nolz〉 que s’ilz n’y donnent les mains, ilz mettront leur
armée en campagne et agiront contre eux aussy vigou〈reusement〉 que
jamais pour les y obliger:|.
Je suis adverty que les Espagnolz songent à |:desbaucher l’esprit de l’élec-
teur de 〈Brandebourg〉:| et à essayer de |:former une union avec luy, Mes-
sieurs les Estatz, le roy de Danne〈mark〉 et avec quelques villes impé-
rialles; Castel-Rodrigue en a parlé desjà à l’ambassadeur de Danne〈mark〉
à son passage à Bruxelles:|. Ilz prétendent |:se servir de madame la
princesse 〈d’Orange〉 pour engager Brandebourg:|, et peut-estre que |:le
voyage que Goring le 〈père〉 doibt faire à La Haye:| pourroit bien |:estre
pour ce subjet aultant qu〈e pour〉 desbaucher le plus qu’il pourra d’An-
glois et d’Escossois:|. Je vous prie d’y avoir l’œil de près, et de faire ce qui
dépe〈ndra〉 de vos soings pour rompre leurs mesures; en quoy |:je croy
que monsieur le prince 〈Guillaume le〉 sçachant et ayant des intérestz
tous contraires, vous secondera fort volontiers de tout son pouvoir:|.
Je reçois aussi advis de bon lieu que |:la pensée des ministres d’Espagne,
et:| particulièrement |:de Castel-Rodrigue et de Pineranda, est s’ilz peu-
vent venir à bout de séparer Messieurs les Estatz de la France, de conti-
nuer la guerre avec nous et de tout hazarder, et la principale raison qu’ilz
en ont c’est qu’aussy bien par le traicté que nous ferions, ilz n’auroient
pas le repos dont ilz ont besoin, la France se réservant la liberté d’assister
le roy de Portugal, et ilz n’auroient faict que transférer le siège de la
guerre dans l’Espagne mesme:|. Cet advis mérite grande réflexion.
Il me semble de vous avoir escrit autresfois de |:faire une trêve dans les
Pays-Bas jusqu’à la paix :|. Je vous prie d’y songer de nouveau. Car je ne
trouverois pas que dans l’estat présent des affaires |:que nous ne sommes
pas asseurez que Messieurs les Estatz mettent en campagne ny mesme des
aultres résolutions qu’ilz peuvent prendre à nostre préjudice, il nous fust
dés:|advantageux |:de faire cette trêve pour quelque temps, puisqu’aussy
bien ne pouvons-nous pas espérer de faire seulz de grands progrès:|, et
comme |:les ennemis n’ozeroient retirer leurs troupes des Pays-Bas pour
s’en servir ailleurs de crainte que nous ne rompissions après la trêve:|, il
est certain que |:rien ne seroit plus capable de porter à un dernier déses-
poir les peuples de Flandres se voyant manger jusqu’aux oz par des trou-
pes inutiles et qui sont en sy grand nombre pour l’estendue du pays qu’il
ne seroit pas longtemps sans estre réduict aux dernières extrémitez, et
nous pourrions:| cependant |:faire de grands progrès ou en Cathalogne
ou en Italie, employant l’armée de monsieur de Turenne et ce que nous
aurions pu tirer de celles de Flandres, laissant nos postes suffisamment
garniz:|. Je 〈n’ay〉 point escrit ce desseing à personne, mais je seray bien
aise d’avoir vostre ad〈vis〉 et mesme que vous examiniés la matière, |:afin
d’y estre préparé en ca〈s〉 que Messieurs les Estatz fissent quelque pro-
position semblable dans le dessein qu’ilz peuvent avoir de ne mettre point
en campagne affin de nous empescher de faire des progrès dans les Pays-
Bas, et que les Espagnolz ne pussent tourner de nouveau leurs armes con-
tre eux:|, comme il pourroit arriver si |:nous y recevions quelque es〈chec〉
y soustenant la guerre seulz:|.