Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
213. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1646 Oktober 21
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[Münster] 1646 Oktober 21
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 78 fol. 198–199’ = Druckvorlage; laut Vermerk fol. 199’
abgegangen am 23. Oktober 1646.
Abschluß des Vertrages für das Reich von Schweden abhängig. Befürchtungen hinsichtlich schwe-
discher Bestrebungen zum Schaden Bayerns und des deutschen Katholizismus. Waffenruhe von
Wrangel abgelehnt. Zurückhaltung in der schwedischen Satisfaktionsfrage. Mißtrauen gegenüber
Bayern. Verhalten gegenüber Schweden.
La conclusion de la paix de l’Empyre dépend aujourd’huy de la résolution
qu’on aura prise en Suède après y avoir sceu l’ajustement que nous avons fait
avec les Impériaux de ce qui concerne la satisfaction du Roy, et l’avancement
qu’il y a dans le traité d’Espagne, soit entre nous et les Espagnolz, soit entre
eux et les Hollandois.
L’apréhension de laisser demeurer derrière l’intérest de la Suède sera un puis-
sant motif pour luy faire modérer ses prétentions. Mais cependant il est très
fascheux que ses ministres nous donnent la loy et nous entraînent comme par
force aux lieux où ilz sçavent très bien que nous ne voulons pas aller. Il seroit
bien à craindre qu’après s’estre servi de nous pour ruyner le duc de Bavière,
s’ilz en estoient venus à bout entièrement, ilz ne prétendissent encor plus hau-
tement de nous donner maistrise en d’autres choses, et que peut-estre ilz ne
levassent le masque avec le reste des protestantz pour ruyner la religion ca-
tholique dans l’Allemagne. Ilz cognoissoient de 〈…〉 faire sans la France.
Il nous paroist par diverses conjectures que c’est leur dessein secret et qu’ilz
ne s’en sont abstenus ouvertement jusqu’icy que par l’apréhension de nous
choquer dans un temps où ilz ont encor besoin de nous, mais s’ilz avoient
réduit les affaires au point de se pouvoir passer de nostre assistance et à ne
treuver 〈pas〉 d’obstacles dans 〈cette〉 entreprise ilz seroient d’humeur à ne
nous considérer pas beaucoup et à pousser tout leur dessein sans se soucier de
nostre intérest contraire ny mesme de noz oppositions.
Desjà nous voyons qu’ilz prennent l’ocasion de la conection où ilz nous ont
embarqués pour establir leurs quartiers conjointement avec nous dans la
Suavbe et dans la Franconie, quoyque cy-devant ilz eussent tousjours offert
de nous laisser le cercle de Suavbe tout franc et de partager celluy de Franco-
nie . S’ilz ont une fois pris pied dans ces deux cercles et qu’après en avoir
chassé les Impériaux et Bavarois, ilz puissent y establir leurs contributions
pour l’entretien d’un nouveaux corps d’armée. Outre le préjudice que la reli-
gion catholique en recevra la pluspart des estatz de ces deux cercles en faisant
aujourd’huy profession, ce qui produiroit bientôt des contestations et querel-
les 〈…〉 faschent en traitant comme les leurs, non seulement nous les au-
rons un peu trop près de nous, mais il sera très difficile de les ramener dans
des concerts pacifiques, lorsqu’ilz verront un moyen asseuré de continuer
avantageusement la guerre aux despens d’autruy, et ilz pourroient enfin s’ em-
porter si avant que nous serions forcés dans peu de temps par honneur et par
conscience de nous déclarer contre eux, ce qui seroit fascheux et peu seur
dans le peu de confiance qu’on peut prendre en tous ceux du parti
contraire.
J’estimerois que pour remédier à ces inconvéniens sans nous engager encor à
combatre directement leurs prétentions que le point de leur satisfaction qui
est une matière délicate, sensible et sur laquelle nous ne sommes pas si bien
fundez par le traité d’alliance à la contredire que sur le reste; sollte Turenne
ihnen zum einen darlegen, daß wir ihr derzeitiges militärisches Vorgehen nicht
billigen, l’autre qu’on n’entend pas de ruyner entièrement monsieur le duc de
Bavière s’il veut se mettre à la raison, mais surtout qu’on ne peut consentir
que l’on exerce des cruautés dans son pays par le fer ny le feu que la raison de
guerre n’exige pas et que l’honneur deffend entre princes crestiens.
Nous avons apris par la voye de Cassel mais sans lettre de monsieur de Tu-
renne que Vranguel a refusé une suspension de deux mois que monsieur de
Bavière a demandée. Le premier subjet d’estonnement a esté qu’on ne parle
que de Vranguel et non point de monsieur de Turenne dans ce refus, comme
s’il lui apartenoit de décider seul des quaestions de cette importance, l’autre
que les armées confœdérées estans aujourd’huy en des lieux où elles peuvent
subsyster commodément, elles refusent une suspension qui leur donneroit
moyen d’attendre sans péril et sans aucun préjudice le succez de la négotia-
tion qui se fait icy, ce qui monstre clairement que les Suédois songeant plus à
des fins particulières qu’au bien général, n’ont autre intention que de ruyner
entièrement le duc [de] Bavière non seulement parce qu’il est le principal ap-
puy qui reste aux catholiques dans l’Allemagne, mais peut-estre aussi parce
qu’ilz l’ont tousjours recogneu trop attaché aux intérests de la France.
Quand nous parlerons un peu haut sur ces deux pointz, nous le pourrons
faire sans contrevenir aux traités d’alliance et avons de très grandes raisons,
mais sur le point de leur satisfaction particulière dont nous ne sommes que les
agens et que nous sommes obligés par les traités de procurer au contentement
de la Suède, j’estime que nous y devons encor pendant quelque temps mar-
cher avec grande circonspection, au moins jusqu’à ce que le traité d’Espagne
soit conclud. Si avant cela nous pressons les Suédois, les raisons que nous y
employerons et nostre exemple serviront aux Hollandois pour nous persua-
der de faire le mesme en faveur des Espagnolz que nous avions conseillé aux
autres de faire en faveur des Impériaux. D’ailleurs nous ne sommes pas encor
si bien asseurés de la franchise ny de la bonne volunté de ceux-cy qu’ilz ne
puissent s’acomoder avec les Suédois peut-estre à des conditions secrètes qui
seroient à nostre préjudice, principalement aujourd’huy que la caution du duc
de Bavière nous manque. Nous estions comme asseurés auparavant que ce
prince ny une partie des estats catholiques qui suivent ses conseils n’eussent
pas consenti à un acomodement particulier avec la Suède et les protestants
dans lequel nous eussions peu recevoir du préjudice, mais aujourd’huy qu’il
en est outré contre la France pour qu’elle contribue au mauvais traitement
qu’il reçoit dans son pays, je ne sçay si on se pourroit promettre qu’il ne
consentira facilement à tous les acomodemens où il treuveroit son compte
particulier. J’apréhende mesme qu’un de ses députez qui a sa résidence en
cette ville et qui est parti à Osnabruc n’y travaille pour sonder les estatz des
Suédois et des protestantz sur ce subjet et pour remettre son maistre en bonne
intelligence avec eux.
A la vérité lorsque nous aurons receu quelque plus grande seureté de la bonne
foy de Impériaux en nostre endroit (à quoy nous allons travailler) et quand
nous aurons conclud le traité d’Espagne qui est bien avancé, nous pourions
alors parler librement aux Suédois sans rien craindre et leur déclarer nette-
ment s’ilz ne s’accomodent qu’on ne veut pas continuer la guerre plus long-
temps pour un intérest particulier, mais sans ces deux précautions je tiendrai
périlleux de se déclarer trop avant.
Il faut estre icy perpétuellement en garde pour ne donner point de prise ny
d’un costé ny d’autre sur nostre conduite.