Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
On a bien jugé à la cour que le comte de Trautmansdorff changeroit de dis-
cours après la jonction de l’armée du Roy à celle des confédérez et qu’il |:ad-
jousteroit plustost quelque nouvelle satisfaction à la France que de se rétracter
de celles qu’il avoit accordées:|, car Dieu mercy les affaires y paroissent à
présent bien disposées, et semble qu’il y a |:lieu d’espérer que Phillisbourg
demeurera au Roy:|. L’on peut assez imaginer sy nous avons impatience d’en
donner la nouvelle avec certitude.
En suitte de la conférence dont nous avons rendu compte par le dernier ordi-
naire messieurs les médiateurs ont rapporté que Trautmansdorff leur avoit
dict qu’il n’estoit pas au pouvoir de l’Empereur de nous accorder Philips-
bourg, que c’estoit un poinct auquel il falloit que tous les princes et estatz de
l’Empire donnassent leur consentement, qu’ils y estoient contraires, non seu-
lement les catholiques, mais encor davantage les protestans, que pour l’Empe-
reur il ne s’y opposeroit pas sy cela pouvoit faire la paix, qu’il le proposeroit
au collège des électeurs et qu’on verroit que de sa part il n’y seroit apporté
aucun empeschement, que nous devions nous ayder aussy et travailler à cet
effect auprès de noz alliez.
Nous respondismes que sy monsieur de Trautmansdorff vouloit proposer
ceste affaire dans le collège électoral avec dessein d’y faire naistre des opposi-
tions et des difficultez, ce n’estoit pas vouloir acheminer la paix, mais cher-
cher à la rompre, que l’Empereur n’estoit pas sy religieux quand il s’agissoit
de mettre des places de l’Empire entre les mains du roy d’Espagne ou d’autre
prince de la maison d’Austriche, que par la paix de Prague
Vgl. [nr. 52 Anm. 2] .
ment réservé Philipsbourg , et que depuis encor il avoit voulu donner ceste
place avec les revenus en toutte propriété à la maison d’Inspruch et l’annexer
à l’Alsace, que l’Empereur renvoyoit aux estatz les choses qu’il ne vouloit pas
accorder, mais que lorsqu’il affectionne une affaire il ne hésitoit point à la
conclurre sans en avoir leur consentement, ce qu’il a encor tesmoigné depuis
peu sur le suject de la paix d’Espagne dont il veut faire une condition néces-
saire pour la paix de l’Empire, quoyque les députez des princes qui sont icy et
à Osnabrug tant catholiques que protestans soient dans un sentiment bien
contraire.
Les médiateurs répliquèrent que l’intention des Impériaux n’est pas d’em-
pescher que Philipsbourg nous demeure sy les estatz de l’Empire y consen-
tent. Mais qu’on ne doit pas exiger de l’Empereur qui a faict serment de ne
pas souffrir qu’il soit rien démembré de l’Empire, que luy-mesme en face les
aliénations, qu’au faict de l’Alsace qui appartenoit à sa maison en particulier il
avoit eu plus de pouvoir qu’en celuy-cy, où chacun estoit contre nostre
prétention, que mesmes les députez de Trèves s’y opposeroient et l’avoient
ainsy déclaré publiquement.
Cela nous fit juger qu’il estoit temps de |:dire aux médiateurs ce que nous
avions tenu secret jusques alors, que monsieur l’eslecteur de Trèves y avoit
consenty:|. Nous leur fismes voir que |:la garde de Phillisbourg estoit la seu-
reté de la religion catholique en ces quartiers-là:|, et que ç’avoit esté le motif
qui avoit porté |:monsieur de Trèves:| à désirer qu’elle demeurast entre noz
mains, que celuy seul qui y avoit intérest y consentant il y avoit bien plus de
justice de nous en laisser la garde et la protection, que d’en transférer la pro-
priété avec tous les revenus comme l’Empereur avoit voulu faire. Les mé-
diateurs acquiescèrent à ces raisons et dirent qu’ils les représenteroient aux
Impériaux, nous convians de voir les députez des électeurs pour lever les
difficultez qu’ils pourroient faire sur ceste proposition.
Nous n’avons pas manqué aussytost après ceste conférence de solliciter les-
dicts députés. Nous avons esté chez ceux de Trèves et de Bavières, et avons
envoie le sieur de Saint-Romain vers Mayence et Saxe parce que nous ne les
voyons pas, et encor chez ceux de Cologne
Kurköln war auf dem WFK vertreten durch den Prinzipalges. Wartenberg (s. nr. 105
Anm. 12) sowie durch von der Recke, Landsberg, Merfeldt und Buschmann. – Dietrich Adolf
von der Recke (gest. 1661), 1643 Dompropst von Paderborn, Domherr in Münster, kurkölnis-
cher GR , wurde 1650 Bf. von Paderborn; er vertrat zusätzlich das Bt. Paderborn auf dem
WFK ( APW III D 1 S. 349; Foerster S. 5 Anm. 16). – Arnold von Landsberg, Propst zu
Obernkirchen, 1638–1646 Domherr in Köln; er vertrat zusätzlich das Bt. Minden auf dem
WFK ( APW III D 1 S. 348f.; Foerster S. 10 Anm. 35). – Dietrich Hermann von Merfeldt
zu Westerwinkel (1598–1658), Drost zu Wolbeck, kurkölnischer GR , seit 1636 Kanzler in
Münster ( Foerster S. 5f.; Walther S. 39–42). – Dr. Peter Buschmann (1604–1673), 1632
Paderborner Kanzler, 1639 kurkölnischer GR , 1640–1641 Ges. auf dem Regensburger RT ,
1643 auf dem Frankfurter Deputationstag, wurde 1648 Kanzler des GR ( NDB III S. 68f. ;
Honselmann ; Walther S. 44f.).
l’évesque d’Osnabrug et le comte de Witesthein
Sayn-Wittgenstein (s. [nr. 36 Anm. 8] ).
l’autre légation, ne sont pas en ceste ville à présent.
Nous monstrasmes à |:ceux de Trèves la signature de leur maistre, ayans por-
té avec nous l’original mesme du traicté :|. Nous les priasmes d’agir suivant
son intention ce qu’ilz promirent de faire; et nous d’escrire à la cour pour
faire recommander aux ministres du Roy qui sont à Rome d’appuier les inté-
restz de monsieur l’électeur contre les moines de Saint-Maximin
Den Franzosen war in Art. VII des Trierer Vertrages ( DuMont VI, 1 S. 346) die Protektion
über das Kloster Sankt-Maximin zugestanden worden (vgl. Abmeier S. 78). Zum Streit des
Kf.en mit dem Kloster s. [nr. 48 Anm. 1] .
affaire qu’il a fort à cœur, et dont ils nous firent une nouvelle instance.
Le |:traicté nous servit aussy chez les Bavarois:|. Ils nous avoient souvent dict
que leur maistre ne vouloit pas offenser l’électeur de Trèves en luy persuadant
de donner une partie de son bien à la France. Et nous leur remonstrasmes que
puisque |:nous avions son consentement, ilz ne nous pouvoient reffuser leurs
bons offices:|, veu mesmes que le |:comte de Trautmansdorff nous avoit faict
tesmoigner par les médiateurs qu’il estoit bien disposé, et que nous devions
nous aider et employer noz amis:|. Ils ont mieux receu |:cette instance qu’au-
cune autre que nous leur ayons faicte depuis deux mois:|. Ilz exaggérèrent
fort le grand accroissement de la France sy l’on adjouste encor Philipsbourg à
Brisach et à l’Alsace avec le Suntgaw. Le sieur Krebs qui est du païs disoit que
cela vaut un demy royaume. Ils nous firent valoir les grands |:offices que leur
maistre avoit rendu, ayant travaillé jour et nuict en un âge si avancé pour faire
obtenir au Roy une si abondante satisfaction:| et n’oublièrent pas de repré-
senter aussy avec quel soing et quelle fermeté |:ilz avoient en leur particullier
porté les intérestz de la France dans l’assemblée:|.
Après les remerciemens de ce que |:monsieur de Bavières et eux ont faict en
cette occasion:| dont nous les assurasmes d’avoir rendu bon compte à Sa Ma-
jesté qui en est demeurée très satisfaicte, on leur fist voir que la |:grandeur de
la France ne doit jamais estre suspecte à la maison de Bavières:|, que c’est au
contraire un moien de |:maintenir le grand establissement qu’elle procure au-
jourd’huy à leur maistre dans le traicté de la paix, et que l’acquisition de ces
deux places sur le Rhin asseurera encor la religion catholique dans tout le
voisinage:|. Nous prismes ensuitte occasion de leur dire que nous ne leur
voulions pas dissimuler que nous avions esté estonnez de leur silence et de
leur froideur, lorsqu’ils estoient le plus obligez de recongoistre |:les bonnes
intentions de la France et ce qu’elle faisoit pour l’avancement de la paix, pour
le bien de la religion catholique et pour la considération particulière de mon-
sieur de Bavières:|. Il fut dict beaucoup de choses de part et d’autre sur ce
suject, mais ils eurent peine à se défendre. Nous avons esté bien aises qu’ilz
|:connussent qu’ilz avoient manqué, et que nous n’estions pas satisfaictz de
leur conduitte:| en tout afin principalement qu’ils ne croyent pas |:s’estre
acquitez envers nous par le moyen des choses accordées:| jusqu’à présent
dont ils font tant d’esclat, et qu’ils sachent que |:pour nous contenter il est
besoing qu’ilz s’employent à ce que Phillisbourg nous demeure:|. Aussy re-
ceusmes-nous d’eux touttes |:bonnes parolles avec promesse de servir au désir
de la France:|.
Le sieur de Saint-Romain rapporte avoir laissé ceux qu’il a veu en bonne dis-
position; ils luy ont tous |:demandé si avec Phillisbourg on auroit la paix:|, ce
qui avoit aussy esté dict par ceux de Trèves et de Bavières. Il a respondu
comme nous qu’il faloit contenter noz alliez, mais que c’estoit beaucoup
|:avancer le traicté que de mettre la France hors d’intérest, et que nous contri-
buerions par ce moyen noz offices pour en facilliter la conclusion:|.
Nous avons sceu que l’affaire ayant esté proposée au collège électoral
résolu que |:l’on tiendroit les délibérations très secrettes:|. On n’a pas laissé
néantmoins de |:pénétrer qu’elle prend un bon chemin:|. Nous continuerons
tous les soings possibles pour la faire réussir au contentement de Leurs Majes-
tez. Et ainsy ayans terminé |:tout ce qui touche les intérestz de la France dans
l’Empire:|, on ne luy pourra plus imputer le retardement de la paix. Et cela
mesme nous |:conciliera l’affection et la confiance non seullement des princes
et estatz de l’Empire, mais encor des médiateurs et des Impériaux mes-
mes:|.
Nous avons grande peine à nous persuader que les Espagnols laissent faire la
paix de l’Empire sans faire aussy la leur, sy ce n’est que |:la mauvaise
conduitte de Messieurs les Estatz envers la France, tant aux affaires de la
guerre qu’en la négotiation de la paix, et l’affoiblissement entier de monsieur
le prince d’Orange ne les flatte de quelque espérance de pouvoir avec le temps
rendre leur condition meilleure:|, mais s’il arrive que les Impériaux |:soient
obligez d’achever leur traicté à part:|, nous ne manquerons pas de veiller à ce
qui nous est très prudemment ordonné par les mémoires.
Nostre premier soing sera d’apporter touttes les précautions cy-devant mar-
quées dans les dépesches de la cour pour empescher que |:les Espagnolz ne
proffittent des trouppes de l’Empereur et autres de son parti:|. Et comme
c’est chose qui sera très difficile, nous travaillerons au moins à faire en sorte,
ainsy qu’il nous est ordonné, de nous |:asseurer des principaux chefz et offi-
ciers des trouppes de Suède et de Hesse:|. Il y a desjà longtemps que nous en
avons parlé à monsieur Oxenstiern et aux députez de Madame la Landgrave,
qui nous y ont tesmoigné toutte bonne disposition, mais comme cela dépen-
dra principalement |:desdictz officiers:|, nous croyons que monsieur le ma-
reschal de Turenne estant tous les jours avec les uns et les autres, |:pourra
mieux s’en asseurer:| s’il en reçoit l’ordre de Sa Majesté, et qu’il pourra se
servir utilement pour cet effect des sieurs de Tracy et d’Avaugour. |:L’habitu-
de que nous avons icy avec les ambassadeurs de Bavière:| nous a faict penser
que nous pourrons peut-estre obtenir de leur maistre par le désir qu’il aura de
la paix, qu’il ne |:permette pas que ses trouppes passent au service du roy
d’Espagne:| ou du moins que la France en puisse avoir une partie.
Il ne se peut rien de meilleur ny de plus fort pour |:justiffier la France de ce
qu’on pourra se relascher à l’esgard du Portugal:| que les instructions qui
nous sont données sur ce suject, estant certain que sy |:l’affaire peut estre
conduitte par l’ordre et en la manière:| qu’on nous mande, il paroistra claire-
ment que |:Leurs Majestez y auront esté emportées par l’intérest général de la
chrestienté:|, et qu’au moins elles |:demeurent fermes en ce qui ne dépend
que d’elles comme est la liberté qu’on se réservera d’assister le Portugal après
la paix:|.
Sy les |:ambassadeurs d’Hollande agissoient avec nous de bonne foy:|, ce se-
roit certainement un moien fort avantageux pour |:asseurer la satisfaction de
la France du costé d’Espagne:| que celuy dont il est faict mention par le mé-
moire . Mais les grandes |:et justes causes de deffiance:| qui y sont marquées,
outre ce que nous voyons icy tous les jours, nous obligeront d’agir en cela
avec |:beaucoup de réserve et de circonspection:|, puisque sans doute |:si
nous venions à leur ouvrir noz dernières intentions:|, comme il faudroit faire
en ce cas, |:elles seroient cognues aussitost des Espagnolz, et la seureté que
nous pourrions prendre des ambassadeurs ne seroit peut-estre pas suffi-
sante:|.
D’ailleurs il n’y a maintenant icy que deux
l’un auquel nous n’avons pas subject de nous fort fier, et l’autre qui est mon-
sieur Clam est une personne fort foible:|. Outre cela nous voyons que le prin-
cipal but du mémoire estoit de |:faire promptement quelque convention avec
Messieurs les Estatz avant que la ratification fust arrivée
|:qu’elle est icy depuis trois jours, et que Brun a veu diverses fois Paw en
secret pour luy persuader de passer outre:|, puisqu’on a tout ce qui |:s’estoit
désiré du roy d’Espagne:|. Nous apprenons que ledict |:Brun n’a pas raporté
tout le contentement qu’il s’estoit promis de ses conférences, et que Pau ayant
eu:| le vent de ce qui se passe |:en Holande, où sa conduitte n’est pas géné-
rallement approuvée, a faict des responses dont on nous asseure que les Espa-
gnolz sont demeurez très mal satisfaictz:|, mais d’autant que leur dernière
entreveue ne fut faicte qu’hier |:en une maison de campagne:|, nous n’avons
pas encor pu en tirer tout l’esclaircissement nécessaire.
Pour ce qui nous est mandé que monsieur de La Thuilerie estant obligé de
retourner en France, il sera peut-estre nécessaire que |:l’un de nous aille à La
Haye:|, en cas que ce qu’on pourroit |:escrire d’icy au sieur Brasset ne suffise
pas:|. Nous nous tiendrons prestz à ce que la |:disposition des affaires pourra
requérir:| et à tout ce qu’il plaira à Leurs Majestez de nous commander. Il
faudra voir quelle sera la |:response de Messieurs les Estatz à l’escrit de mon-
sieur de La Thuillerie et à celluy du sieur Brasset:|, et quelle sera puis après
icy |:la conduicte de leurs ambassadeurs:|. Nous remarquons desjà que les-
dictes |:plainctes qui ont esté faictes à La Haye ont produict un bon effect, le
sieur Paw s’estans mis hier en grand soing de justiffier son proceddé:|, et
nous ayant assuré avec chaleur qu’il n’avoit |:rien faict et ne fera jamais rien
qui puisse desplaire à la France ny choquer tant soit peu les:| traictez de 1635
et 1644 ausquelz il avoit eu l’honneur de prester son ministère. En cas que
|:l’un de nous eût à faire ce voyage:|, il luy sera nécessaire d’avoir une lettre
de croyance.
Nous sommes bien aises de voir que les instances |:faictes à nostre poursuitte
par les:| Suédois pour le passeport des Portugais, ayent donné l’alarme aux
Espagnols, et quand à la liberté de Dom Edouart, |:si on ne gaigne rien par
les offres que l’on a faict, elle ne se doit espérer que dans la paix:|. Encor
est-il bien à craindre que les Espagnolz ne luy jouent cependant d’un mauvais
tour. Sur quoy nous avons faict et réitéré les protestations dont nous avons
cy-devant donné advis.
Celuy qui est porté dans le mémoire est bien véritable touchant la |:meffiance
que les Espagnolz ont de Contarini sur le poinct du Portugal:|. Car outre
qu’il a dict qu’il estoit malaisé de |:songer à la paix de la chrestienté:|, laissant
ceste guerre-|:là ouverte, l’intérest de la République s’y rencontre particulliè-
rement:|, et nous sçavons qu’il s’est |:employé pour y faire accorder une trêve
tant que la guerre du Turc durera:|, mais il a y trouvé |:telle résistance qu’il
est aujourd’huy le premier et le plus pressant à nous voulloir obliger de nous
en départir:|, et s’il |:en faut venir là, nous nous en prévaudrons pour la des-
charge de Leurs Majestez:|.
Nous attendons au premier jour le retour du sieur de Lumbres ou quelque
ample dépesche de sa part qui nous apprendra l’estat des affaires du Liège, et
s’il y aura lieu de |:songer à s’aider dans l’eslection d’un coadjuteur, en quoy
nous n’espargnerons ny soing ny argent, puisque:| Sa Majesté l’a pour agréa-
ble. Sy ledict sieur de Lumbres faict un plus long séjour au Liège, ce que nous
avons laissé à son choix, et à ce qu’il jugera devoir faire, estant sur les lieux,
nous l’avons faict souvenir qu’il |:doit désormais s’adresser directement à la
cour et y donner advis de ce qui se passera en cette ville-là:|.
Ce qui nous est mandé pour la |:négotiation de ce qui concerne la Catalo-
gne:| est accompagné de raisons sy fortes et sy importantes, que c’est à nostre
advis le meilleur |:et le plus seur moyen qui se puisse pratiquer pour terminer
cette affaire:|. Nous croyons que la fermeté avec laquelle |:nous persistons à
ne poinct consentir à aucune trêve pour ce païs-là qui ne soit aussy longue
que celle de la Hollande, est le chemin pour y parvenir:|, et nous empesche-
rons avec grand soing |:qu’on ne puisse pénétrer la facilité que nous avons
pouvoir d’y apporter dont nous ne nous servirons qu’en cas de besoing, parce
que cella nous osteroit le moyen d’y mesnager les avantages de la France:|.
Dans la conférence des médiateurs ils nous firent l’instance accoustumée de la
part des Impériaux de comprendre le roy d’Espagne au traicté, et de donner
passeport aux députez du duc Charles. Il n’est pas besoing de répéter icy les
responses, parce que ce furent les mesmes que nous avons mandées plusieurs
fois. Mais il fut répliqué par les médiateurs que voyans les affaires s’avancer,
ils pensoient à tout ce qui en pourroit retarder la conclusion, et qu’ilz pré-
voyoient que l’affaire du duc Charles y seroit un grand obstacle, n’estant pas
possible, disoient-ils, que l’Empereur puisse avec honneur abandonner un
prince, qui outre qu’il est vassal de l’Empire, sert actuellement dans le party
avec ses trouppes et sa personne. Ils nous exhortèrent vivement de trouver en
cela quelque expédient. On leur respondit que sy les Impériaux désirent la
paix, il ne faut plus renouveller une affaire sur laquelle la France s’est desjà
tant de fois déclarée. Que quand le duc Charles seroit ouy dans l’assemblée,
d’où il est exclus par les préliminaires, il n’obtiendroit rien de nous pour cela,
et que ce ne seroit que de la longeur et un nouvel empeschement à la paix.
Qu’en considération de l’Empereur et pour son respect, sy ce prince désire
envoier ses députez au Roy lorsque le traicté se conclurra avec l’Empereur, ils
seront favorablement receus et escoutez, comme il a desjà esté par nous repré-
senté, et que mesme au lieu du passeport qu’ils requéroient de nous pour
venir à Munster, lequel on ne peut leur accorder en aucune façon, on ne feroit
pas difficulté de leur en donner un pour ceux qu’il voudroit envoyer à la cour.
Que l’Empereur auroit par ce moyen satisfaict audict duc, et mesmes au delà
de ce qu’il est obligé, puisqu’il a renoncé diverses fois à ses alliances. Nous
leur allégasmes l’exemple de ce qui avoit esté faict au traicté de Noyon entre
le roy François Premier et l’Empereur Charles V e à l’esgard du roy de Na-
varre, dont la cause estoit bien plus favorable que celle dudict duc. Monsieur
Contariny demanda de voir ledict traicté qui luy a depuis esté envoié.
On nous avoit cy-devant ordonné de faire une |:lettre concertée à Messieurs
les Estatz pour confirmer ceux d’entre eux qui sont dans de bons sentimens et
ramener les autres qui se laissent entraîner par l’artifice des ennemis:|, et nous
avions respondu qu’il se présenteroit occasion de faire ceste |:lettre lorsque
l’on renouvelleroit l’instance pour accepter le neufiesme article:|. Ceste
instance nous fut faicte par leurs ambassadeurs la veille seulement que quatre
d’entr’eux partirent de l’assemblée, ce qui nous a faict différer jusqu’icy d’y
respondre, joinct que nostre intention a |:tousjours esté de retarder cette af-
faire, comme:| nous avons mandé plusieurs fois à la cour. Mais |:les amis que
nous avons parmi eux:| nous ayans convié de donner |:esclaircissement sur ce
point duquel les malintentionnez se servent pour persuader à Messieurs les
Estatz que nous ne voulions pas satisfaire aux engagemens que nous avons
avec eux:|, nous avons creu enfin y devoir respondre en la manière que l’on
verra par la copie d’un escrit cy-joinct. Nous |:n’y avons point voulu mesler
de plaintes:|, puisqu’elles ont esté prudemment représentées par monsieur de
La Thuilerie et par le sieur Brasset
Vgl. [nr. 124 Anm. 2] .
crédit parmy les provinces à ceux de leurs ambassadeurs de qui nous n’avons
pas suject d’estre contens, en faisant voir le préjudice qu’elles ont receu de
leur mauvaise conduite, puisqu’eux-mesmes ont apporté un obstacle formel à
ce qu’ils demandent de la France.