Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
La dépesche du 10 e de ce mois ne nous a esté rendue que le 19 e, s’estant
rencontré que le courrier qui porte les lettres de France à Anvers n’y estoit
pas arrivé quand l’ordinaire en est party. Et comme l’on a esté occupé à dé-
chiffrer, et à une longue conférence que nous eusmes hier avec les médiateurs,
nous différerons la response et vous donnerons seulement advis de ce qui s’est
faict en ladicte conférence.
Messieurs les médiateurs ont laissé passer |:dix jours sans nous voir depuis ce
qui avoit esté dict touchant les affaires d’Espagne:|. Ilz ont rapporté qu’ils en
|:avoient entretenu le comte de Penaranda comme d’eulx-mesmes et sans
nous engager ny faire aucune proposition de nostre part ainsy que nous les en
avions priez :|; que |:Penaranda les en avoit remerciez et pris du temps pour
y penser:|, de quoy lesdicts sieurs médiateurs ont conceu bonne opinion ju-
geans que ce |:délay est pour comuniquer avec le marquis de Castelrodri-
gue:|, duquel ils croient qu’il |:attend la response avant que de faire la
sienne:|. Ils adjoustèrent que le comte de Penaranda avoit veu depuis chacun
d’eux séparément, et qu’il leur avoit tesmoigné par un semblable discours es-
tre en doute sy |:la France vouloit tout de bon entendre à la paix, et si ce
qu’ilz luy avoient dict estoit sur quelque fondement:|, à quoy lesdicts sieurs
médiateurs ont dict avoir respondu qu’ils n’avoient |:aucune charge des pléni-
potentiaires de France, mais qu’ilz ne parloient pourtant pas sans fondement
et sans quelque lumière; que si de la part de l’Espagne l’on faisoit les choses
par eux avancées, la France pourroit entrer en expédient au faict du Portu-
gal:|.
Le mesme Peneranda leur dit qu’il ne voyoit pas qu’il y eût apparence de faire
la paix ny entre la France et l’Espagne, ny avec l’Empire, par ce, dit-il, que les
Impériaux et nous ne nous voulons point séparer, et ne ferons jamais la paix
en un lieu, qu’elle ne se fasse en l’autre; que les François ne veulent point
quitter les Suédois, et les Suédois ne veulent point de paix, ce qui paroît par
les demandes nouvelles et peu raisonnables qu’ils font, leur dessein estant de
|:s’appuier des protestans et de faire une guerre de religion dans l’Allema-
gne:|.
Nous répliquasmes aux médiateurs que nous ne voulions point nous séparer
de noz alliez, |:mais que si l’on nous avoit accordé nostre satisfaction:|, et
que l’on tînt avec nous |:la procédure que mérite le soing:| que nous prenons
de faciliter la paix et les marques évidentes de la désirer, nous pourrions
|:faire auprès des Suédois des offices plus puissans et peut-estre plus efficaces
qu’ilz n’ont esté jusques icy:|; que l’on pouvoit arrester ce qui |:touche la
France en particullier:| sans aucun péril ny préjudice, puisqu’il ne devoit
avoir effect qu’en cas que le traicté général se fît, mais que nous désirions
|:d’en estre asseurez afin de pouvoir sans crainte:| nous emploier envers noz
alliez et noz amys, lesquels nous ne voulions pas désobliger, comme le dessein
de noz parties estoit de nous y engager insensiblement; que lorsque monsieur
Oxenstiern estoit venu à Munster, nous avions disposé les choses à un poinct
que sy le comte de Trautmansdorff ne se fût esloigné, il y avoit apparence
d’une prompte conclusion; que nous avions |:mesme hazardé les affaires et
faict différer le passage du Rhin à l’armée du Roy:|, mais que les Impériaux
abusans de |:nostre facillité:| et poussez par les artifices d’Espagne avoient
pris espérance de ruiner les Suédois, et perdu l’occasion d’achever un bon
œuvre sy bien acheminé; que l’on voyoit bien clairement le peu de disposition
que noz parties ont encor aujourd’huy à la paix, puisque lorsqu’on parle au
comte de Trautmansdorff de faire celle de l’Empire, il met l’Espagne en avant,
et quand on |:veut traicter avec Penaranda des affaires d’Espagne, il change le
discours sur celles d’Allemagne et sur les Suédois:|. „C’est la |:demande de
Phillisbourg et des dix villes qui a tout gasté“:|, repartit monsieur Contariny.
[„]On avoit tousjours dict et escrit de la cour que Brisach accordé, la paix
estoit faicte à l’esgard de la France, et quand on en a esté assuré, l’on a faict
aussytost de nouvelles demandes. Cela a surpris toutte l’Alemagne, dégousté
les amys de la France, et mis en appréhension ses ennemys. C’est ce qui est
cause que l’Empire ne veut pas traicter sans l’Espagne, qui a faict les mariages,
et obligé la maison d’Austriche à s’unir plus estroictement.[“]
On répliqua que la demande n’estoit pas nouvelle; que nous nous estions
tousjours réservez de traicter non seulement sur Philipsbourg, mais encor sur
Benfelt, Saverne, et Neybourg ; que de quatre places nous réduisans à une, on
ne pouvoit pas nous blasmer de ne pas vouloir accepter un tempérament. Les
médiateurs dirent: „Mais encor sy vous |:remettiez la demande de Phillis-
bourg à la conclusion du traicté et après avoir disposé voz alliez à un accomo-
dement que l’on cognust que ce poinct accordé vous ne demanderiez rien
davantage, et qu’il y eust lieu d’espérer ensuitte la paix, peut-estre que:| tra-
vaillans auprès des |:Impériaux pour vous faire donner ce contentement, il s’y
pourroit faire quelque chose“:|. Ce discours fut faict et répété sy souvent que
nous ayant obligé à conférer ensemble quelque temps, nous résolumes enfin
de leur déclarer:
Que comme dans |:les affaires d’Espagne:| nous leur avions |:faict voir ce
que nous déférions à leurs instances et à leurs sentiments en nous ouvrant à
eux des dernières résolutions que nous y pouvions prendre, nous en ferions
maintenant autant pour celles de l’Empire:|; et que moiennant que |:Phillis-
bourg nous demeurast, la difficulté touchant les villes de l’Alsace cesseroit
aisément:|, et que nous nous contenterions d’en avoir |:la parolle des média-
teurs, sans que les Impériaux fussent obligez de s’en expliquer qu’après que
les autres affaires auroient esté adjustées:|; et pour leur tesmoigner le vérita-
ble désir que l’on a en France de la paix, nous ferions |:au delà de ce qu’ilz
prétendoient et yrions tous trois à Osnabruk pour faire un effort vers noz
alliez et les porter autant qu’il nous seroit possible à l’accomodement tant
pour leur satiffaction que pour les affaires généralles de l’Empire:|; que nous
faisions ceste ouverture en confiance à messieurs les médiateurs laquelle nous
ne désirions pas qu’elle |:fust divulguée:|, et demandions d’estre prompte-
ment résolus, parce que sy |:elle n’estoit acceptée nous penserions à noz af-
faires d’ailleurs:|, estant sur le dernier poinct auquel |:noz pouvoirs nous per-
mettoient de nous relascher et pour l’Empire et pour l’Espagne:|.
Les médiateurs se |:chargèrent de parler au comte de Trautmansdorf et de
nous rendre une résolution:|. Nous ne sçavons pas quel sera le succez de
|:cette négotiation:|, mais les mesmes raisons que nous |:avions eu de faire
pour l’Espagne l’ouverture:| dont nostre dernière dépesche a rendu compte,
nous ont obligées à faire celle-cy, puisque nous avons |:ordre et pouvoir de
conclurre mesme sans Phillisbourg:|; que |:cette manière d’agir:| nous a sem-
blé la plus propre |:à l’obtenir et la moins sujecte à l’envie:|; que l’on nous a
tousjours ordonné |:d’apporter plus de facilité aux affaires de l’Empire qu’en
celles d’Espagne:|; que nous voyons que la paix |:est désirée par Leurs Majes-
tez et en quelque façon nécessaire à la France:|, et que l’avancement de l’un
des deux traictez donnera coup à la perfection de l’autre; que nous avons
affaire à |:des alliez difficilles et couvertz:| qui seront obligez de nous faire voir
|:le fonds de leurs intentions:| et de donner à connoistre |:s’ilz veullent effec-
tivement la paix ou si leur desseing est d’abuser de nostre alliance et de s’en
servir à des fins pour lesquelles elle n’a point esté contractée:|; et enfin qu’il
ne nous peut nuire en aucune façon d’en user de la sorte, et que le moindre
avantage que nous en puissions retirer, est de |:nous justiffier envers Dieu et
le monde, nous rendre favorables les médiateurs s’ilz agissent sans passion:|
et les estats de l’Empire, et faire voir à toutte l’Europe la sincérité de Leurs
Majestez à procurer son repos. Et quant au |:voyage d’Osnabruk:| la mort de
madame Oxenstiern |:nous fournit un prétexte d’aller visitter le mari:|, et
puis toutte la légation de la Suède estant une fois venue à Munster, celle de
France est en quelque façon obligée de retourner à Osnabrug. Et comme l’af-
faire ne se pourra pas |:terminer si promptement:|, il arrivera peut-estre que
les plénipotentiaires de Suède estans |:invitez par nostre exemple à venir tous
deux à Muster, la paix s’y pourra conclurre:|, ce qui seroit bienséant à la
|:dignité de la couronne et au respect deub à Leurs Majestez:|.
C’est tout ce qui se passa dans ceste conférence. Les médiateurs nous dirent
aussy qu’ils avoient faict noz plaintes de la rigueur qu’on tient au prince
Edouart, que Peñaranda avoit tesmoigné de s’en estonner, et de ne pouvoir
croire qu’on luy fît aucun mauvais traictement et promit d’en escrire de nou-
veau. Mais monsieur Contariny advoua que les advis de Venise confirmoient
ce dont les Portugais se plaignent; qu’il croyoit bien que Penaranda improu-
voit ceste procédure, mais qu’il n’y pouvoit apporter aucun remède. Il ad-
jousta qu’il en parleroit au comte de Trautmansdorff, son maistre ayant inté-
rest qu’il ne soit faict aucun tort à ce prince, pour lequel nous réitérasmes noz
protestations.
Wir haben die Schreiben für Krebs erhalten.
Nous vous en rendons grâces bien humbles, Monsieur, et de ce qu’il vous a
pleu escrire à Péronne pour le frère de monsieur Brun, vous estans extrême-
ment obligez de tant de soings que vous avez agréable de prendre à nostre
considération.
PS: Monsieur Hceufft
Johann (Jan) Hoeufft (1578–1651), 1601 in Frk. eingebürgert, Ratssekretär unter Kg. Ludwig
XIII., Bankier in Paris ( Hoeufft S. 68–72), war für die Finanzierung der frz. und schwed.
Truppen zuständig. Über seinen Neffen Matthias (Mattheus) Hoeufft (1606–1669), Bankier in
Amsterdam ( ebd. S. 79–84), erfolgte die Überweisung von Geldern an die frz. Ges. auf dem
WFK ( Bosbach, Kosten S. 67).
nir les cinquante mil livres qui doivent estre remplacées, et qui ont esté em-
ployées aux nouvelles levées et à |:l’affaire de Trèves:|. Et néantmoins le ser-
vice du Roy requiert qu’il y soit pourveu. Nous vous supplions, Monsieur, de
le faire considérer et que la résolution qui sera prise soit suivie d’une prompte
exécution.