Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

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ANHÄNGE

Anhang 1:
Theodore Godefroy: Elsaßmemorandum [vor 1644 April] S. 1083
Anhang 2:
[Jeremias Jakob Stenglin]: Elsaßmemorandum [1646 März] S. 1089
Anhang 3:
Analyse des Elsaßangebotes C [Münster 1646 April 16] S. 1098
Anhang 4:
Théodore Godefroy: Memorandum zu Pinerolo, lothringischen Bistümern, Elsaß. 1646 Mai S. 1102
Anhang 5:
Erlach an Longueville, d’Avaux und Servien.
Breisach 1646 Mai 6 S. 1108
Anhang 6:
Erlach an Longueville. Breisach 1646 Mai 10 S. 1110
Anhang 7:
Josias Glaser: Memorandum zur Übernahme des Elsaß als souveränen Besitz oder als Lehen. Münster 1646 Juni 1 S. 1112
Anhang 8:
Daniel Specklin: Elsaßkarte [1576] S. 1114
Kartentasche

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Anhang 1

Theodore Godefroy: Elsaßmemorandum

[vor 1644 April]
Kopie: AE , MD Alsace 10 fol. 157–160, datiert von anderer Hand: 1647, dazugehörige Kar-ten fehlen = Druckvorlage, vor und hinter den aktualisierenden Ergänzungen ist ein Asteriscus eingefügt; frühere Fassungen: [1] Coll. God. 332 fol. 388–389; AE , MD All. 13 fol. 96–102; AE , CP All. 19 fol. 150–155; [2] AE , MD Alsace 10 fol. 101–104, datiert von anderer Hand: 1646; BN, F. fr. 15505 fol. 206–209; BN, F. fr. 17915 fol. 121–127; Coll. God. 491 fol. 269–270’; AE , MD All. 14 fol. 96–105; [3] Coll. God. 491 fol. 265–267, datiert 1637; zur Erklärung vgl. Einleitung S. XLIIIf.
    l’Alsace
  • De l’Alsace et des seigneuries qu’elle comprend. Ce pays est situé entre la Lorraine, les comtez de Bourgongne et de Montbéliart, le canton de Basle en Suisse, l’évesché de Basle, la Suève, l’évesché de Spire et le Bas-Palatinat deçà le Rhin.
  • maison d’Austriche
  • La maison d’Austriche y tenoit avant ces guerres le landgraviat de la Haute-Alsace. Et le pays de Suntgaw, où est le com-té de Ferrete (en aleman Pfirt), entre la ville de Mulhausen, l’évesché de Basle et le canton de Basle. Auquel pays sont les villes de Altkirch, ou Altkilch, Dattenreit ou Dattenriet, Befort, l’abbaye de Masmunster, Than ou Dann, et Sen-heim ou Sennen. Et delà le Rhin elle tenoit le pays de Brisgaw, où est la ville de Brisach sur le Rhin, entre Strasbourg et Basle, et celle de Fribourg. * Mais le roy possède le tout à pré-sent. *

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    Audict landgraviat est la ville d’En-sisheim, ou Einsheim, où il y a appel des causes et procez dudict landgra-viat, des pays de Suntgaw et Brisgaw, et des prévostez de Rhinfelden, Sec-kingen, Waldshut et Lauffenberg, en-tre Basle et Schaffhausen.
    Le tout ayant esté baillé en partage au feu archiduc Léopold, frère de l’Empereur, qui a laissé un fils en bas aage.
  • le duc de Lorraine
  • Le duc de Lorraine y tenoit Sainct-Hippolite, ou Sainct-Pilt, et Scherwi-ler ou Chenonville (entre Markirch ou Saincte-Marie-aux-Mines et Sé-letstat), qui sont de l’ancien patri-moine de la maison de Lorraine. Le mesme duc possédoit aussi Bit-sche, entre Haguenaw et Sarbruck. Et Salme, entre Raon en Lorraine et Strasbourg.
  • les ducs de Wirtenberg
  • Les ducs de Wirtenberg, comtes de Montbéliart, y tiennent Horbourg, proche de Colmar, et Reichenwir ou Reichenwyer, entre Keisersperg et Séletstat.
  • le duc des Deux-Ponts
  • Le duc des Deux-Ponts, prince de la maison palatine, est seigneur de Bergzabern, entre Weissenbourg et Landaw.
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    le duc de la Petite-Pierre
  • Et un autre prince palatin, de la branche de Lautrec, a la seigneurie de Lutzelstein ou de la Petite-Pierre, proche de Pfaltzbourg, et de Saverne ou Zabern.
  • l’évesché de Strasbourg
  • De l’évesché de Strasbourg dépen-dent la ville de Saverne, Hohenbar, Reichshofen, Moltzheim, Dachstein, Rufach, Dambach, Kestenholtz, Weilerthal, Erstein, Kochersperg et Wantzenaw. Le Roy a garnison au-dict Saverne, à Hohenbar et à Reichshofen, entre Haguenaw et Bitsche. La ville de Strasbourg a ac-quis les bailliages de Kochersperg et Wantzenaw, et les rhingraves Otton et Otton-Louis sont maistres de Moltzheim, Dachstein et Erstein.
  • l’évesché de Spire
  • Et de l’évesché de Spire est Rheinza-bern, proche du Rhin, entre Spire et Strasbourg.
  • l’abbaye de Murbach
  • Il y a outre cela l’abbaye de Murbach entre Colmar et Sainct-Damarin (de laquelle dépendent la ville de Gebwi-ler et ladicte ville de Sainct-Dama-rin), que tenoit le second fils de l’Empereur avec l’évesché de Stras-bourg, l’abbaye de Lure ou Luders, proche de Luxeuil, au comté de Bourgongne.
  • [p. 1086] [scan. 416]

    abbayes de Morsmunster et Andlaw
  • L’abbaye de Morsmunster (mal nom-mée en la carte Masmunster), proche de Saverne, est aussi située dans ce pays, comme l’est encores Andlaw entre Séletstat et Rosheim, et plu-sieurs autres abbayes et priorez.
  • le comte de Hanaw
  • Les seigneuries de Buswiler, Newiler et Ingwiler, proche de Saverne, ap-partiennent à un comte de Hanaw, qui s’est mis soubs la protection de Sa Majesté. Et pour cest effect il y a garnisons françoises èsdictes places. Elles sont tenues de l’évesché de Mets par ledict comte, qui tient outre cela la seigneurie de Liechtenberg et autres.
  • le baron de Ribaupierrre
  • Celle de Rapolstein ou Ribaupierre, entre Séletstat et Saincte-Marie-aux-Mines, est au baron de Ribaupierre, qui est seigneur de Rapolswiler et Gemer.
  • Dagsbourg
  • Et Dagsbourg, entre Salme et Pfaltz-bourg, appartient aux comtes de Li-nange ou Leiningen.
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    les villes impériales
  • Les villes impériales sont Strasbourg, Séletstat, Colmar, Mulhausen, Muns-ter in Gregorienthal, Durkheim, Kei-sersperg, Obernheim, Rosheim, Ha-guenaw, Weissenbourg et Landaw, qui sont républiques libres, qui se gouvernent d’elles-mesmes, jouyssent de tous droicts royaux, comme les princes de l’Empire, et ne sont du domaine ou patrimoine particulier d’aucun prince ou seigneur. 1. Strasbourg est la plus grande, plus peuplée et fortifiée, et qui tient le plus de seigneuries, acquises pour la pluspart sur les éveschez de Stras-bourg et de Mets. 2. Séletstat ou Schlestat est entre Strasbourg et Colmar. 3. Colmar, entre Séletstat et Mul-hausen. 4. Mulhausen (alliée avec les Suisses et le Roy), entre Colmar et Basle. 5. Munster in Gregorienthal, entre Murbach et Saincte-Marie-aux-Mines. 6. Durckheim ou Turckheim, entre Colmar et Munster in Gregorienthal. 7. Keisersperg, entre Saincte-Marieaux-Mines et Colmar. 8. Obernheim ou Obereheinheim, entre Séletstat et Moltzheim. 9. Rosheim, proche de Moltzheim et de Mutzig. 10. Haguenaw, entre Strasbourg et Weissenbourg, où le Roy a garnison. 11. Weissenbourg ou Cron Weissen-bourg, entre Haguenaw et Landaw. 12. Et Landaw, entre Weissenbourg et Spire. Les Suédois * ont esté * maistres de ces villes, excepté de Strasbourg et Haguenaw. Et par ainsi en restent dix qui seroient commodes à la France *(qui les tient à présent)* pour d’autant pouvoir mieux conser-

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    ver la Lorraine, empescher le passage aux armées d’Espagne en Alemagne et aux Pays-Bas, et à celle fin d’avoi-siner les princes et estats de l’Empire, qui ont besoin de nostre secours.
    *Il y a* les villes impériales *à* mar-que*r* ès deux cartes l’Alsace, et le domaine de la maison d’Austriche.
  • le comté de Montbéliart
  • Du comté de Montbéliart Ce comté, qui relève immédiatement de l’Empire, contient quarante par-roisses, et est situé ès confins du comté de Bourgongne et de l’Alsace. L’on y a uny et incorporé les sei-gneuries de Horbourg et Reichenwir ou Reichenvyer, en la Haute-Alsace, entre Keisersperg et Séletstat. Et pareillement les seigneuries de Granges, Clareval et Passavant qui sont mouvantes du comté du [!] Bourgongne. Et encores celles de Blamont, Clé-mont, Chastelot et de Héricourt, qui sont tenues en souveraineté et ne re-lèvent de personne, ayans esté décla-rées pour telles par arrest de la cour de parlement de Grenoble, l’an 1614, le 15 juillet. Au jugement de laquelle se soubmeirent l’archiduc Albert, comme comte de Bourgongne, et le duc de Wirtenberg, comme comte dudict Montbéliart. Le tout ensemble faict deux cents parroisses, et vaut de revenu deux cent mille livres par an. Il fut donné en partage au frère puisné du feu duc de Wirtenberg, et en jouys-sent ses deux fils, qui sont en bas aage et cousins germains du duc de Wirten-berg, pour estre enfans des deux frè-res. Ils se sont mis soubs la protection du Roy, qui a garnison à Montbéliart et autres lieux dudict comté.

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Anhang 2

[Jeremias Jakob Stenglin]: Elsaßmemorandum

[1646 März]
Ausfertigung: AE , MD Alsace 10 fol. 122–127 = Druckvorlage. Vgl. Einleitung S. LIff.
[1. Herrschaftsverhältnisse] La Hautte- et Basse-Alsace, le Brisgau, le Suntgau et les villes forestières font ensemble une province qui prend sa longueur depuis Waldshuet, une des vil-les forestières, jusques à une lieue au-dessus de la ville de Weissenbourg, et qui s’estend en sa largeur depuis les montagnes de Voge jusqu’aux montagnes de la Forest-Noire. Auparavant ces guerres la maison d’Austriche outre les droits et les titres qu’elle a de prince et de landgrave de la Haute- et Basse-Alsace a possédé une bonne partie de cette province et ce qu’il y a de plus important pour sa seurté, le reste est à divers princes, estats ou villes de l’Empire. Premièrement se treuve hors de l’obéissance de la maison d’Austriche dans la Haute- et Basse-Alsace l’évesché de Strasbourg dont les terres principales sont les baillages du Coqusberg et Wanzenau, les villes et seigneuries de Saverne, Dachstein, Molsheim, Bersch, Geispizen, Benfelden, Erstein, Rinau, Markels-heim, Danbach, Hestenholz, Epffich, Rouffach et Sulz. 2° Le comté de Ha-nau où il y a de plus considérable les villes et seigneuries de Liechtenberg, Boussweiler, Ingweiler, Neuweiler, Hochfelt, Pfaffenhoven, Reichshoven et Werdt. 3° La noblesse de la Basse-Alsace qui est libre et immédiatement su-jecte à l’Empire. 4° La ville de Strasbourg et ses appartenances, sçavoir les terres de Barr, de Wassler, de Marlen, etc. 5° Les villes impériales de Colmar, Schlettstatt, Haguenau, Oberné, Keisersberg, Türckeim, Rosheim et Munster avec leurs appartenances. 6° Les abbayes de Murbach et de Lurre, Andlau, Aprimoustier, Münster et Marmoustier. 7° La terre de Saint-Hippolite qui est au duc de Lorraine. 8° La ville de Mulhousen qui est alliée avec les Suisses. 9° Le comté de Horbourg et la seigneurie de Richenwihr qui appartiennent aux princes de Montbéliard. Dans le Brisgau il y a hors de son obéissance: 1° Les marquisats de Hochberg et de Rottelin, le landgraviat de Sausenbourg et les seigneuries de Badenwei-ler, Lohr et Mahlberg appartenantes les unes et les autres au marquis de Bade. 2° Divers villages de l’évesché ou chapitre de Basle. 3° Quelques-uns de l’ab-baye de Saint-Blaise. 4° La commanderie de Bücken. 5° La commanderie de Heittersheim dont le commandeur est prince de l’Empire. 6° Les abbayes de Dennenbach, Ettenmunster et Schuttern, et 7° la seigneurie de Liechtenegg appartenante aux comtes de Tubinguen.

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Outre lesdits Estats et villes non dépendantes de la maison d’Austriche il y a dans la Haute-Alsace et dans le Suntgau les comtes de Ribaupierre, les barons de Pollweil, de Montjoye et de Morimont, les seigneurs de Kiensheim et gé-néralement la noblesse de laditte Haute-Alsace, Suntgau et Brisgau; tous les-quels quoyque soubmis à la maison d’Austriche ne laissent pas de jouyr d’une liberté fort entière pour s’estre la pluspart donnez volontairement et par af-fection à ladite maison et détachez de l’Empire soubs lequel ils estoient autre-fois tout de mesme que la noblesse de la Basse-Alsace l’est encor présente-ment. Les comtes de Ribaupierrre ont esté les derniers à prendre cette résolu-tion-là et estants en grande considération près des archiducs se sont finale-ment ou de bonne volonté ou par intérest laissez disposer à quitter leur estat immédiat de l’Empire dans lequel ils avoient eu séance, voix et suffrage parmy les comtes d’iceluy po〈ur〉 estre chef et président de laditte noblesse, laquelle a jouy soubs l’obéissance de la maison d’Austriche de ses privilèges et de ses biens avec autant de liberté que si elle eût estée [!] soubs l’Empire, n’esta〈nt〉 obligée à autre charge sinon qu’en cas de guerre il faut qu’un gentilh〈omme〉 fournisse à la demande du prince et entretienne pour un certain temp〈s〉 un homme à cheval quy deux quy trois selon qu’il est riche et puissant.
Quant au propre et le domaine de la maison d’Austriche, elle a possédé devant cette guerre dans la Haute-Alsace le comté de Tannes, la vill〈e〉 de Sennen, les baillages de Haut- et Bas-Lannseren, la ville de Ensishe〈im〉, le comté d’Egisheim et la ville de Berckem. En la Basse-Alsace, les archiducs d’Austriche ont eu dans leur maison la grande provosté de Haguenau qui est un gouvernement de l’Empire duquel dépendent soubs certaines conditions et en certaines choses les villes impéria-les de Haguenau, Colmar, Schlettstatt, Weissenbourg, Landau, Oberné, Kei-sersberg, Türckeim, Rosheim et Munster, et environ soixante-et-dix villages de la Basse-Alsace desquels villages le grand prévost jouyt. Les empereurs y mettoie〈nt〉 anciennement les grands provosts à mesure qu’il en venoit à manq〈uer〉 jusqu’à ce que la moitié de cette provosté fust engagée par l’Em-pire à un évesque de Strasbourg pour environ trente mil escus. Lequel évesque en après ayant aussi à faire d’argent en l’an 1406 et ensemble d’assistance en une guerre qu’il avoit vendit sa prétention à la maison palatine, laquelle fist en sorte que moyennant cinquante mil florins d’or qu’elle presta de plus à l’Empereur sur l’autre moitié de la provosté, sa jouyssance entière luy fust confirmée par l’Empereur en sorte que cette grand-provosté de Haguenau a estée [!] dans la maison palatine jusqu’à l’an 1558 que l’empereur Ferdinand, premier archiduc d’Austriche la rachepta de la maison palatine pour la mettre dans la sienne où elle a demeuré depuis. Dans le Brisgau la maison d’Austriche possédoit les villes de Brisach, Frei-bourg, Neubourg, Kenzinguen, Endinguen et les seigneuries de Burcken et de Waldkirch. Il y a maintenant garnison bavarroise dans la ville de Freibourg,

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et c’est aujourd’huy la seule pièce de toutes celles qui ont esté à la maison d’Austriche qui est hors de l’obéissance du Roy.
Dans le Suntgau elle a eu le comté de Ferrette, le comté de Béfort et la sei-gneurie d’Altkirch. Les archiducs mettent particulièrement parmy leurs tittres celuy de comtes de Ferrette quoyque ledit comté soye du Suntgau. Elle a possédé les quattre villes forestières toutes entières, sçavoir les villes et seigneuries de Rinfelden, de Seckinguen, de Lauffembourg et de Waldshuet avec le val de Frick. Il n’y a que Seckinguen où l’abbesse du lieu a bonne part aux revenus et Lauffembourg dont le domaine a esté engagé depuis quinze ou vingt ans à un gentilhomme du Suntgau nommé de Schönau pour une somme d’argent qu’il a presté à feu l’archiduc Léopold. Finalement il y a au-delà du Rin du costé d’Allemagne quattre baillages et quelques autres petites terres ou villages appartenants à la maison d’Austri-che, qui ne sont pas du Brisgau mais tout joignant situez dans l’Ortenau au-tour de la ville impériale d’Offenbourg assez près du Rin. Lesdits baillages s’appellent Otterwihr, Appenwihr, Ortenbourg et Acheren. Dans tous les Estats du domaine ou de l’obéissance de la maison d’Austriche a esté exercé la religion catholique à l’exclusion de la protestante, toutesfois on a souffert tacitement à quelques gentilshommes protestants l’exercice de la leur dans leurs maisons sans bruit. Et depuis que le Roy a conquis la province Sa Majesté le permet dans les garnisons où il y a des Allemands en vertu du traitté de Brisach. [2. Verwaltung] Lesdits Estats du domaine et de l’obéissance de la maison d’Austriche ont esté gouvernez par un conseil appellé en ce pays-là „la régence des pays antérieurs de la maison d’Austriche“. Ce conseil administroit aussi la justice, de laquelle toutesfois estoit permis d’appeller à la cour des archiducs en certaines choses. Sa résidence ordinaire estoit à Ensisheim. Il estoit composé du gouverneur général, lequel estant la pluspart du temps de maison de prince et bien sou-vent de celle d’Austriche mesme avoit grand pouvoir luy seul dans les choses d’authorité et qui regardent directement le souverain. Après luy entroit au conseil le lieutenant qui a tousjours esté de qualité de comte ou de baron et qui lorsque le gouverneur général estoit dans la province se tenoit attaché à la résidence d’Ensisheim. Un chancelier tenoit le troisiesme lieu et après luy huict ou dix gentilshommes et deux ou trois docteurs qui tous ensemble com-posants cette régence gouvernoient tout, et leurs ordres, mandements et sen-tences estoient expédiées soubs le nom de régence. Après ce conseil il y avoit une chambre des comptes composée d’un prési-dent, de cinq ou six gentilshommes, de deux ou trois autres personnes enten-dues et d’un trésorier ou caissier. Là tous les comptables rendoient leurs comptes et y portoient les revenus du prince, desquels revenus les appointe-ments et gages des officiers de la province estoient payez et le reste employé selon les ordres des archiducs ou de la régence.

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Il y avoit aussi un capitaine de la province qui estoit gentilhomme et qui avoit la direction des arsenaux des munitions de guerre et de bouche et des fortiffi-cations, qui prenoit cognoissance du besoing des places, qui faisoit faire les reveues des gens de guerre quand il y en avoit, qui les conduisoit dans leur[s] démarches et sur leurs routtes et qui avoit le soing des chasses et autres sem-blables droits du prince.
L’on voit par les vieux comptes généraux de la chambre des comptes que le revenu de cette province n’a vallu en temps de paix à la maison d’Austriche qu’environ deux cent ou deux cent trente mil livres tournois par an, et qu’a-près que les officiers en estoient payez de leurs gages et appointements il n’en est resté qu’environ cinquan〈te〉 mil escus pour les coffres du prince. Ses droits sont petits et quoyqu〈e〉 la bonté du pays eût permis de les augmenter il ne l’a pas voulu faire pour se conserver l’affection de son peuple, et pour s’acquérir celle des subjects de quelques-uns de ses plus proches voisins moin 〈s〉 puissants que luy et qui estoient plus fouillez que les siens sur qui i〈l〉 pouvoit avoir desseing. Mais lorsque la nécessité de ses affaires et la venue des armées de Suède en l’an 1632 l’obligèrent à faire des provisions extraordinaires pour la deffense du pays il fist demander au peuple une assis-tance d’argent extraordinaire de cent mil florins qui font près de soixante mil escus, laquelle il eut aussitost de bon gré et quelque temps après une autre semblable qui toutesfois n’estoit plus si volontaire et si prompte que la pre-mière, puisqu’en mesme temps il fist commencer à lever la neufiesme gerbe de tous les bleds pour en munir en partie les places et pour en fournir le reste aux armées impériales qui venoient à la défense du pays. Depuis que le Roy a conquis cette province par ses armes on a cessé entière-ment de lever les revenus ordinaires que la maison d’Austriche en tiroit tant à cause des désordres de la guerre, que parce que quantité d’habitants s’estants retirez en Suisse pour les éviter et les labourages n’allants qu’en confusion ce qu’on lèveroit de revenu n’iroit qu’à fort peu de chose, au lieu que par le moyen des contributions et des dixmes de bled et de vin extraordinaires qui sont maintenant en usage par toute l’Allemagne, l’on en peut tirer en argent ou en valleur le triple ou le quadruple des revenus ordinaires pour la subsis-tance nécessaire des trouppes. Cependant la maison d’Austriche ayant traitté fort doucement ce peuple aussi bien que la noblesse envers laquelle elle a tousjours estée [!] libérale tant à donner des biens de terre de son domaine en fief à quelques-uns et à faire d’autres grâces à d’autres, que particulièrement à leur laisser l’entrée libre aux charges mesme au conseil de la régence et de la chambre des comptes où les estrangers et ceux du pays estoient receus indifféremment selon qu’ils estoient treuvez capables. Il n’y a point de doubte qu’il ne reste à la noblesse et au peuple beaucoup de bonne volonté et d’inclination pour elle, et l’on voit bien qu’en ce temps-cy ils sont autant contraints dans leur esprit de la façon de vivre différente à la leur qu’incommodez en leurs biens par la subsistance qu’ils donnent aux armées et aux garnisons.

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Ce n’est pas que la maison d’Austriche y aye au commencement de son règne eu l’applaudissement qu’elle s’est acquis en la suitte par sa bonté et douceur. Les villes de Brisach et de Rinfelden ont esté longtemps à souspirer après leurs privilèges, session, voix et suffrage qu’ils avoient eu dans l’Empire comme villes impériales n’estants venues à la maison d’Austriche que par engagement d’un empereur pour une assez médiocre somme d’argent. Elles eussent bien voulu s’en rachepter si cela se fust pu faire par argent, et qu’elles se fussent veu en des mains moins fortes que celles des archiducs. Le Brisgau eût esté bien satisfait de demeurer aux marquis de Bade qui le prétendoient sur les archiducs par droit de succession des ducs de Zeeringuen et comtes de Freibourg qui en avoyent esté légitimes seigneurs. Mais le bon traittement qu’ils receurent ensuitte les uns et les autres leurs [!] a fait aggréer cette révolution et ç’a esté plustost la bonté du prince que ses forces qui les a fait demeurer dans leur debvoir.
[3. Befestigungen] Et de fait les places que la maison d’Austriche a eu dans cette province es-toient assez mal fortiffiées devant ces dernières guerres car les archiducs se tenoient asseurez de la fidélité de leurs subje〈ts〉, ils n’appréhendoient aucun de leurs voisins, des princes ou estats d’Allemagne tous moins puissants qu’eux, ils vivoient bien avec le duc de Lorraine, et les Suisses avoyent fait un traitté héréditaire et perpétuel come ils l’appellent avec eux de ne plus rien entrepren〈dre〉 sur leurs Estats. Mais lorsque ces derniers troubles d’Allema-gne ont commencé lesdits archiducs commencèrent aussi à mettre leurs places en meilleur estat. Brisach et Rinfelden furent fortiffiez et l’archiduc Léopold come évesque de Strasbourg fist parachever les fortiffications de Benfelden commencées longtemps auparavant. La couronne de Suède depuis qu’elle tient ladite place de Benfelden y a fait mettre quelques dehors et raccommoder et garder le fort de Rinau qui est sur une petite isle dans le Rin, où cette garnison fait aborder tous les batteaux qui montent ou qui descendent la rivière. Le Roy a fait employer pour les fortiffications des places de son obéissance quattre à cinq cent mil livres depuis que Sa Majesté les a conquises par ses armes. Brisach en a eu les trois cent mil et le reste a esté mis aux fortiffications des villes de Saverne, de Rinfelden, de Lauffembourg et de Neubourg. Ces deux dernières en ont esté mises en assez bonne deffense, mais Rinfelden les surpasse de beaucoup et Brisach en a esté rendu très bon en ce que ses bas-tions ont esté rehaussez et parachevez, des demy-lunes mises partout où il en estoit besoing, la montagne d’Eckersberg fortiffié〈e〉 et ses ouvrages atta-chez aux fortiffications de la ville et revestus de pierre du costé du Rin, telle-ment que cette place est en perfection. Il y a de plus les chasteaux de Tannes, de Béfort et de Freibourg du domaine de la maison d’Austriche qui sont assez bons et qu’on a laissé en estat aussi bien que deux autres de la noblesse dépendante des archiducs, l’un appelle Hohenack appartenant aux comtes de Ribaupierre et l’autre Landseron qui

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est aux sieurs Reich de Reichenstein, dans tous lesquels le Roy a ses garnisons si ce n’est dans celuy de Freibourg où il en a du duc de Bavière. Le chasteau de Hohentwiel qui est à trois lieues de la ville de Schaffhousen proche du lac de Constance appartient au duc de Wirtemberg. Le Roy en entretient présen-tement la garnison et elle obéit aux ordres du gouverneur de Brisach aussi bien que le chasteau de Joux au comté de Bourgogne.
Entre les autres places fortes de la province et qui n’appartiennent ny ne dé-pendent de la maison d’Austriche tient le premier rang la ville de Strasbourg qui est très bien fortiffiée. Elle a un bon chasteau dans ses terres nommé Her-renstein. Dans l’évesché de Strasbourg il y a la ville de Saverne dont les for-tiffications coustent bien quarante ou cinquante mille livres au Roy, celle de Benfelden et les chasteaux de Hautbarr et de Dachstein. Le marquis de Bade a le chasteau de Rottelin et le comte de Hanau celuy de Wilstett proche des quattre baillages appartenants à la maison d’Austriche dans l’Ortenau. Les villes de Colmar, de Schlettstatt et de Haguenau ne sont pas mauvaises. Di-vers chasteaux ont esté ruinez pendant cette guerre qui estoient des meilleurs, ceux de Ferrette et d’Altkirch appartenants à la maison d’Austriche le sont aussi bien que ceux de Hochberg et de Mahlberg appartenants au marquis de Bade et ceux du Coqusberg et de Rouffach dans l’évesché de Strasbourg avec quelques autres. La ville de Brisach est située sur une petite montagne, d’un costé le Rin bai-gne ses bords et de l’autre il n’y a que deux advenues pour y monter lesquelles sont aisées à garder. L’on peut voir par là que la ville de Brisach quoyque l’on voulust raser ses fortiffications seroit tousjours forte de nature et de sa situa-tion. Elle est du costé d’Allemagne dans le Brisgau qui par cette rivière est séparé des deux Alsaces et du Suntgau, en sorte toutesfois que si le Brisgau estoit à un prince et l’Alsace à un autre de puissance esgalle l’on ne seroit pas exempt de matière de contestes à cause de quelques petits droits et des reve-nus que le prince du Brisgau ou sa noblesse ont sur quelques lieux de l’Alsace et que ceux-cy en eschange ont chez les autres. Qui auroit Brisach avec le Brisgau sans l’Alsace et sans le Suntgau pourroit nonobstant cela maintenir ledit Brisach en temps de guerre mais il y auroit peine à le faire avec l’Alsace et le Suntgau sans le Brisgau, du moins il faudroit que Brisach eût pour soy la ville de Neubourg à trois lieues au-dessus de luy qui est ville du Brisgau sur le bord du Rin du costé d’Allemagne fortiffiée par les ordres du Roy depuis deux ou trois ans; cette place pourroit empescher entièrement à la ville de Brisach le commerce par eau avec la Suisse et avec les villes forestières sans quoy Brisach ne pourroit subsister à la longue, si en mesme temps le pays de Brisgau luy estoit contraire, puisqu’il tire des uns et des autres toutes ses nécess〈ités〉 ordinaires car l’Alsace estant pleine de vil-les ses paysants y vende〈nt〉 leur[s] denrées sur le lieu sans venir à Brisach. La Hautte-Alsace et le Suntgau sont contigus et leurs intérests, droits et revenus si fort meslés par ensemble qu’il seroit impossible de les séparer et parta-ger entre deux princes sans laisser lieu de discorde continuelle.

[p. 1095] [scan. 425]

La Basse-Alsace ou la grande provosté de Haguenau est tout à fai〈ct〉 à la bienséance de la Haute-Alsace, et quoyque ses revenus ne soye〈nt〉 pas grands, elle ne laisse pas d’estre fort considérable en ce que celuy qui la pos-sède a authorité dans dix villes impériales dont quelques-unes sont situées dans la Haute-Alsace. La maison d’Austriche s’en est si bien servy que par cette authorité il y a longtemps qu’elle a chassé la religion protestante de la ville de Haguenau et qu’elle a entrepris la mesme chose dans celle de Colmar d’où les ministres estoient desjà dehors et les bourgeois de cette religion-là prests à estre forcés dans leurs consciences lorsque les armées de Suède y ar-rivèrent.
Les quattre baillages de la maison d’Austriche dans l’Ortenau du costé d’Al-lemagne c’est ce qu’il y a de plus indifférent, car outre qu’ils ne sont pas importants pour leur revenu ils ne sont pas considérables pour leur situation ne pouvants ny servir ny nuire à la forteresse de Brisach. Il n’y a qu’un chas-teau appelle Ortenbourg qui est assez bon. Il pourroit bien estre que quel-ques-unes des autres terres ou villages là proches fussen〈t〉 des appartenan-ces de la grand-provosté de Haguenau. Les quattre villes forestières sont bien utiles pour la communicatio〈n〉 de Brisach mais non pas si absolument nécessaires quant à elles mesmes que Bri-sach ne s’en pût passer, si elles estoient situéez autre part que sur le Rin et dans une vallée fort estroitte à l’entrée de la Suisse. Elles sont très considéra-bles en ce que qui les tient avec Brisach garde par ce moyen tous les ponts sur le Rin à la réserve de ceux qui sont en Suisse et à Strasbourg, dont les sei-gneurs ne donnants passage à aucunes trouppes il faut que celles qui veulent passer cette rivière le fassent par le moyen de leur propre invention en quoy le pays et la rapidité du Rin donnent beaucoup de facilité de les empescher. Ce qui vient d’estre dit de la contiguïté et de la communication et seurté du pays et des places en tant qu’elles se peuvent servir ou nuire les unes aux autres se doibt entendre de ce que la maison d’Austriche a possédé dans la province. Parmy les autres princes, estats et villes impériales qui sont situé [!] dans la mesme province et dont a esté parlé cy-dessus il n’en a que trois de considé-rables pour ce qui est de leur force et pouvoir. Le premier est la ville de Stras-bourg qui outre ce qu’elle est bien fortifiée est riche et assez peuplée et a un pont sur le Rin, mais ne songeant qu’à sa conservation il y a bon moyen de bien vivre avec elle. Le second est le marquis de Bade dont les terres qu’il a dans la province sont toutes au-delà du Rin du costé d’Allemagne, et quoy-qu’elles soyent de bon revenu, toutefois il n’y a aucune ville capable d’y faire des provisions pour une guerre, ny de place forte horsmis le seul chasteau de Rottelin qui est petit. Le pays principal de ce marquis est du costé de Phi-lippsbourg, et si cette maison de Bade a pris les armes quelquefois ce n’a pas esté pour conquérir les Estats d’autruy mais pour défendre les siens et ses droits de succession. Le troisiesme est l’évesché de Strasbourg dont l’évesque ne seroit pas peu puissant s’il se rencontroit estre de la maison d’Austriche

[p. 1096] [scan. 426]

come fait celuy d’à présent, qu’il possédast la forteresse de Benfelden et la ville de Saverne dans l’estat où elles sont maintenant avec les chasteaux de Hautbarr et de Dachstein qui sont fort bons, et qu’il jouyst de l’évesché de Strasbourg et de l’abbaye de Strasbourg dans la Hautte-Alsace qui est très riche, ainsy que feroit l’évesque d’aujourd’huy qui en est abbé, surtout si outre cela la grand-provosté de Haguenau estoit dans sa maison. Si un évesque avec tous ces advantages se rencontroit d’humeur remuante, la place de Benfelden accommodée come elle est à présent et advancée come elle est vers la Haute-Alsace luy pourroit donner volonté et commodité d’entreprendre autant qu’elle serviroit de bride à ses desseings si elle estoit en d’autres mains que les siennes.
Il resteroit à parler de la forteresse de Philippsbourg, mais faute de cognois-sance solide il sera assez de dire qu’il semble que la communicat〈ion〉 la plus commode et la plus seure qu’elle pourroit avoir avec la France c’est par Lan-dau, Weissenbourg, Haguenau et Saverne dont les d〈eux〉 premières quoy-que villes impériales et situées hors de l’Alsace sont toutefois de la grand-provosté de Haguenau. [4. Donationen] Pour conclusion il ne sera pas hors de propos de faire mention des terres qui depuis que le Roy a conquis cette province par ses armes ont esté données à des officiers de l’armée de Sa Majesté ou à d’autres, partie par le duc de Wei-mar en son vivant, et dont les donations ont esté depuis sa mort confirmées par le Roy, partie aussi par Sa Majesté mesme. Il y en a si la mémoire ne trompe qui ont esté données pour tousjours et d’autres dont Saditte Majesté permet la jouyssance tant qu’il sera de son plaisir. Quant aux terres du domaine de la maison d’Austriche le sieur Taupad〈el〉 est en possession du comté de Ferrette et de la seigneurie de Burcken, le sieur de Schönbeck de la ville de Sennen, le colonel Betz de la seigneurie d’Alt-kirch, le comte de La Suse du comté de Béfort, le sieu〈r〉 Chausier comman-dant à Colmar du comté d’Egisheim, le marquis de Montausier de la ville de Berckem, les sieurs Hervart banquiers de Lion du baillage de Haut- et Bas-Lannseren, et le colonel Canoffski de la seigneurie de Waltkirch; ce dernier est mort depuis peu. Des terres dépendantes de l’obéissance de la maison d’Austriche et dont les seigneurs ou gentilshommes portent les armes pour son service ou n’ont pas voulu se venir mettre à la protection du Roy a esté donné la baronie de Poll-weil appartenante aux comtes Fouggre au général major Rosen, la terre d’Isenheim desdits Fouggres au lieutenant colonel Rosen son frère gouver-neur de Tannes, le val de Weiler desdits Fouggres au commissaire général Schavalizki et à son fils depuis sa mort, une partie de la baronie de Montjoye au colonel Eckard et au lieutenant colonel Hildebrand, la baronie de Mori-mont au sieu〈r〉 Stella résident du Roy à Strasbourg qui est mort, et la sei-gneurie de Kiensheim au colonel Hattstein et à son fils depuis sa mort.

[p. 1097] [scan. 427]

Des terres hors de l’obéissance et hors du domaine de la maison d’Austri-ch〈e〉 a esté donné celle de Markeltsheim à l’auditeur général Volquer, la-quelle est de l’évesché de Strasbourg, celle de Saint-Hippolitte du duché de Lorraine au feu sieur de Lisle résident pour le Roy à Strasbourg, la comman-derie de Bücken de l’ordre Teutonique et la baronie de Stauffen appartenante à des gentilshommes de la Haute-Alsace nommez de Schaumbourg au colonel Ehem, lesquelles deux terres le sieur de Rellinguen luy dispute pour en avoir un brevet de plus ancienne datte. La commanderie de Heittersheim avoit esté donnée mais le commandeur y a esté restably par ordre du Roy. La terre d’Ettenheim de l’abbaye d’Ettenmunster au colonel Streiff et la seigneurie de Liechtenegg au susdit sieur de Schönbeck.
Outre ces donations la couronne de Suède en a fait quelques-unes dont les terres sont aujourd’huy soubs le gouvernement de Benfelden, sçavoir Ichters-heim appartenant à un gentilhomme nommé Ascani au lieutenant colonel de Landenberg, Wertt appartenant à un gentilhomme nommé de Seebach au co-lonel Quernheim et à ses enfants, les terres d’Erstein, de Molsheim et de Dachstein de l’évesché de Strasbourg aux comtes Ringraves, et quoyque les deux dernières soyent du gouvernement de Brisach l’on les en a laissé jouyr pour estre des seigneurs considérables. La couronne de Suède a donné aussi à la ville de Strasbourg le baillage de la Wantzenau appartenant à l’évesché de Strasbourg dont laditte ville jouyt encor présentement. Ce sont les donations considérables qui ont esté faittes, outre lesquelles il y en a quelques autres de moindre importance, come de quelque village ou de la moitié d’un village selon la condition de la personne que le Roy a voulu gra-tifier, de quoy la mémoire ne fournit pas le destail et dont le récit seroit ennuyant.

[p. 1098] [scan. 428]

Anhang 3

Analyse des Elsaßangebotes C

Münster 1646 April 16
Kopien: B N, Coll. Dupuy 739 fol. 72–74’ = Druckvorlage; AE , CP All. 64 fol. 134–135’; AE , CP All. 64 fol. 166–167’. Vgl. Einleitung S. LVIf.
    l’Alsace 1646, 14 Apvril
  • Les conditions de la part de l’Empe-reur, soubs lesquelles il consent de quicter au roy de France l’Alsace et le pays de Suntgaw qui sont du patri-moine de la maison d’Austriche. Ces conditions baillées par escript aux médiateurs pour la paix à Muns-ter l’an 1646 le 14 d’Apvril.
  • Demandes de la part du roy de France
  • 1. Les demandes de la part du roy de France sont d’avoir pour satisfaction des fraiz de la guerre la Haute- et Basse-Alsace, où est Ensisheim entre Basic et Colmar. Item le pays de Suntgaw, qui comprend le comté de Ferrete et les villes de Tan et de Be-fort, le Brisgaw, où est Brisac, les vil-les forestières, qui sont Rinfelden, Seckinguen, Lauffenberg, et Walds-hut entre Basle et Constance. Et de plus Benfeld, et Saverne de l’évesché de Strasbourg et Philipsbourg en l’évesché de Spire.
  • Response à ces demandes de la part de l’Empereur
    Ce que l’Empereur demande estre restitué par la France aux estats d’Alsace relevans immédiatement de l’Empire qui ne sont du patrimoine de la maison d’Austriche
  • 2. La response de la part de l’Empe-reur est que la France rende tout ce qu’elle tient en Alsace des estats rele-vans immédiatement de l’Empire, qui ne sont du patrimoine de la maison d’Austriche, soyent ecclési-astiques ou séculiers, de quelque or-dre et dignité qu’ils se trouvent.

    [p. 1099] [scan. 429]

    3. Qu’elle rende pareillement Sa-verne et Philipsbourg.
    4. Et aussi les Suédois Benfeld, où la reine de Suède a garnison.
  • Que la France puisse retenir la Haute- et Basse-Alsace avec le Suntgaw
  • 5. Que la France puisse retenir la Haute- et Basse-Alsace et le Suntgaw soubs le titre de Landgraviat d’Alsace avec les mesmes droicts dont la maison d’Austriche a jouy cy-devant, tel qu’est celuy de garde et protec-tion (en Aleman Landvogtey) sur les villes impériales de Haguenaw, Col-mar, Selestat, Landaw, Weissen-bourg, et autres.
  • Ce que l’Empereur démande d’estre restitué par la France aux archiducs de Tirol
  • 6. Qu’elle restitue aux archiducs de Tirol et à la maison d’Austriche les villes de Rinfelden, Seckinguen, Lauffenberg et Waldshut. 7. Item le pays de Brisgaw. 8. Et encores Offenbourg et toutes les places qu’elle possède delà le Rhin du costé d’Alemagne, eu esgard à la situation de France.
  • Les charges et conditions soubs lesquelles l’Empereur entend que le roy de France retienne l’Alsace et le pays de Suntgaw.
  • 9. Que chacune des parties acquicte toutes les charges, soit réèles ou per-sonnèles, des pays et seigneuries qui leur demeureront. 10. Que le roy de France paye aux archiducs de Tirol cinq millions de reichstalars, qui est à dire douze mil-lions cinq cent mille livres de France, pour la Haute- et Basse-Alsace et le pays de Suntgaw, et ce dedans deux années.
  • [p. 1100] [scan. 430]

    L’Alsace et le Suntgaw ne sont délaissez pour tousjours à la couronne de France.
  • 11. Ces deux pays sont délaissez seu-lement au roy Louys XIV, à son frère le duc d’Anjou et à leurs descendans masles. Et iceux défaillans, ils revien-dront à la maison d’Austriche, et pour cela lesdicts archiducs en seront investis au mesme temps que le roy de France.
  • Que le roy tienne l’Alsace et le Suntgaw à foy et hommage et soubs la souveraineté de l’Empire
  • 12. Qui tiendra lesdits pays à foy et hommage et soubs la souveraineté de l’Empire. 13. Contribuera aux nécessitez de l’Empire à raison d’iceux autant que l’un des électeurs séculiers en payant sa taxe et cotte, selon qu’il en sera advisé aux diettes impériales et as-semblées des estats généraux. 14. Et assistera de plus l’Empereur contre les Turcs d’une certaine somme de deniers tous les mois, soit qu’il y ait rupture ouverte contre eux, ou juste crainte d’y entrer.
  • le roy d’Espagne
  • 15. Il traictera de paix avec le roy d’Espagne au mesme temps que avec l’Empereur. 16. Et le roy d’Espagne sera compris au traicté de paix, qui se doibt faire avec l’Empereur et l’Empire.
  • Brisac
  • 17. L’on attendra le commendement de l’Empereur pour sçavoir si on lais-sera Brisac entre les mains des François.
  • [p. 1101] [scan. 431]

    Surséance d’armes
  • 18. Il y aura une surséance d’armes entre la France et tout l’Empire. 19. En y comprenant le cercle de Bourgongne, qui est à dire tous les Pays-Bas et le comté de Bourgongne, qui restent soubs la domination du roy d’Espagne. 20. Et encores les royaumes et sei-gneuries héréditaires de l’Empereur, et ainsi la Bohème, la Silésie, la Mo-ravie et l’Austriche, où les Suédois tiennent plusieurs places.
  • le Palatinat
  • 21. La maison Palatine se contentera de la restitution du Bas-Palatinat où sont Heidelberg, Frankental, Creutz-nach et Oppenheim. 22. La dignité électorale et le Haut-Palatinat (où est Amberg devers la Bohème) demeureront à l’électeur de Bavière et à tous les descendans du feu duc Guillaume père dudit élec-teur, qui [a] deux fils, deux frères et deux nepveus.
  • la Haute-Austriche
  • 23. Et avec cela la maison d’Austri-che sera deschargée des prétentions du mesme électeur sur la Haute-Aus-triche où est Lintz.
  • Si la paix ne se faict
  • 24. Le tout que dessus avec protesta-tion, que si contre l’espérance qu’on en a, la paix ne se faict, ce qui est of-fert ne soit tenu pour offert, et nulle des parties ne sera point obligée en quelconque manière d’en rien ac-complir.

[p. 1102] [scan. 432]

Anhang 4

Théodore Godefroy: Memorandum zu Pinerolo, lothringischen Bistü-mern, Elsaß

1646 Mai
Kopien: Coll. God. 21 fol. 207–210 = Druckvorlage, datiert von der Hand Godefroys: en May 1646; AE , CP All. 65 fol. 137–140’, datiert von anderer Hand: Mai 1646; AE , CP All. 66 fol. 141–145, datiert von anderer Hand: Juni 1646; eigenhändiges Konzept: Coll. God. 491 fol. 261–261’. Vgl. Einleitung S. LX.
Considérations sur les offres faictes de la part de l’Empereur de faire cession et transport à la couronne de France de plusieurs seigneuries et droicts à celle fin de parvenir plus facilement au traité de paix qui se doit faire entre luy d’une part et le Roy d’autre.
    Pinerol
  • 1. Il offre à cest effect de consentir que le Roy retienne Pinerol que le feu roy son père a acquis du duc de Savoye en l’an 1632, d’autant qu’il prétend que ceste seigneurie relève de l’Empire et n’a peu estre aliénée sans le consentement de l’Empereur.
  • les villes et éveschez de Metz, Toul et Verdun
  • 2. Que le Roy jouysse des droicts dont les empereurs estoyent cy-devant en possession ès villes et éves-chez de Metz, Toul et Verdun qui sont des appartenances de l’ancien royaume de Lorraine, usurpé sur la couronne de France depuis le règne du roy Charles le Simple par l’empe-reur Henry l’Oiseleur et ses succes-seurs durant les guerres civiles et in-vasions des Normans.
  • [p. 1103] [scan. 433]

    l’Alsace
  • 3. Et finalement que le Roy et ses descendans masles et aussy son frère, monsieur le duc d’Anjou, et ses des-cendans masles retiennent la Haute- et Basse-Alsace et le pays de Sund-gaw entre Basle et le Bas-Palatinat du costé de la France, qui sont de l’an-cien patrimoine de la maison d’Aus-triche et cy-devant tenues [!] en par-tage par les archiducs de Tirol, ses cousins.
  • Pinerol
  • 1. Pour ce qui regarde Pinerol, l’Em-pereur ne quicte rien d’autant qu’il se peut vérifier que souventes fois ceste seigneurie a esté aliénée aux rois de France, sans que les empereurs y ayent contredict. Et l’on veoit à l’instruction donnée en l’an 1636 par le pape Urbain VIII au cardinal Ginetti, son légat à latere à Colongne, pour le traicté de paix, que l’évesque de Vienne et le prince d’Egenberg auroient proposé de la part de l’empereur Ferdinand II qu’il consentiroit que Pinerol demeurast à la France, si le duc de Savoye n’y contredisoit, que ledit pape Urbain auroit tasché de persuader aux Impé-riaux et aux Espagnols de ne laisser de faire la paix, encores que ceste sei-gneurie demeurast aux François, et le roy d’Espagne auroit demandé passage par la France d’Italie ès Pays-Bas pour ses gens de guerre, moyen-nant quoy il auroit déclaré n’en vou-loir empescher au Roy la jouissance.
  • [p. 1104] [scan. 434]

    les villes et éveschez de Metz, Toul et Verdun
  • 2. Quant aux villes et éveschez de Metz, Toul et Verdun, ce ne sera peu d’aventage à la France que le Roy jouisse sans contredict des mesmes droicts que l’Empereur d’autant qu’elles sont de grande estendue, soit pour le domaine des évesques ou pour le grand nombre de vassaux, et depuis que le roy Henry II s’est saisi desdites villes, nos rois et leurs prin-cipaux conseillers ont recongneu qu’elles relevoient de la souveraineté de l’Empire, qu’elles dépendoient de la jurisdiction de la chambre impé-riale de Spire, qu’elles estoyent obli-gées aux contributions pour les né-cessitez d’Alemagne, et que les éves-ques estoyent subjets de faire ser-ment de fidélité à l’Empereur pour leur temporel. Ce qu’il y a à désirer pour éviter tou-tes contentions à l’advenir et pour plus grand esclaircissement, c’est d’exprimer au traicté que l’Empereur cède et transporte à la couronne de France tous droicts de souveraineté, jurisdiction et féodalité qui luy pou-voient appartenir sur ces villes et éveschez et sur les vassaux et subjets qui en dépendent, et pour cela avoir le consentement des électeurs avec leurs signatures et seaux sans remet-tre l’affaire à une diète impériale qui aportera peut-estre trop de difficul-tez et longueurs.
  • [p. 1105] [scan. 435]

    l’Alsace
  • 3. Et pour ce qui touche l’Alsace et le Sundgaw l’Empereur y mect tant de conditions que l’acquisition sera plus dommageable que profitable à la France.
  • que l’Alsace soit tenue à foy et hommage de l’Empereur
  • 1. Entre autres l’Empereur entend que le Roy soit obligé ou les rois ses successeurs de luy en faire la foy et hommage lige et par conséquent de luy estre subjets sous prétexte de paix enfrainte et d’avoir usé de violence contre l’Empereur ou contre aucun des estats de l’Empire, de sorte qu’il luy sera loisible de les mettre au ban, et à son défaut les empereurs ses suc-cesseurs auront le mesme droict et ensuite ils les pourront condamner à mort comme rebelles, et sous ce pré-texte confisquer ces seigneuries ou bien les transférer à d’autres, ce qu’il leur sera d’autant plus facile d’exécu-ter selon les occasions, qu’elles sont situées au milieu de l’Alemagne et environnées d’autres seigneuries de la maison d’Autriche.
  • [p. 1106] [scan. 436]

    confiscations sur les rois de France et d’Angleterre comme vassaux et hom-mes liges
  • Ainsy en ont usé le pape Jules II contre le roy Louis XII pour le royaume de Naples (fief de l’Eglise), dont il investit Ferdinand roy d’Ar-ragon, les empereurs Maximilian I er et Charles V contre ledict roy Louys et le roy François I er pour le duché de Milan (fief de l’Empire), qu’ils ont donné aux Sforces et depuis aux rois d’Espagne, et nos rois Philippes Au-guste et Charles VII contre les rois d’Angleterre, sur lesquels ils ont confisqué les duchez de Normandie et de Guyenne. Estant à remarquer outre cela que le Roy recevra très peu d’adventage d’assister aux diètes impériales par les députez avec ceux de tant de prin-ces ecclésiastiques et séculiers, pré-lats, comtes et villes impériales de di-vers partis et différente religion, et y aura séance après les rois d’Espagne, de Danemarc et de Suède, qui comme ducs de Brabant, de Holsa-ce [!] et de Poméranie voudront sans doubte précéder un landgrave d’Al-sace. Et le semblable se fera par les ducs de Bavière, de Brunswig, de Wirtenberg, de Mechelbourg et au-tres princes.
  • que le roy paye douze millions cinq cent mille livres
  • 2. Le mesme Empereur veut aussi que le Roy paye en deux années pour l’acquisition de ces seigneuries cinq millions de reichstalars, qui font douze millions cinq cent mille livres de France, et néantmoins il n’en veut faire cession et transport à la France pour tousjours, mais pour un temps, à sçavoir pour le Roy et son frère et leurs descendans masles seulement.
  • [p. 1107] [scan. 437]

    remèdes aux inconvéniens que des-sus
  • 1. Pour remédier aux inconvéniens que dessus, il semble s’il ne se peut obtenir une investiture pour tous-jours pour les rois de France, qu’il sera à propos que au lieu du Roy, monsieur le duc d’Anjou, frère de Sa Majesté, et ses descendans masles et à leur défaut monsieur le duc d’Orléans son oncle et aussi ses descendans masles soyent investis par l’Empereur desdictes seigneuries d’Alsace et de Suntgaw à l’exemple de ce qui a esté convenu au traicté de Crespy en l’an 1544, que au lieu du roy François I er qui prétendoit que le duché de Milan luy appartenoit, qu’il seroit baillé à Charles duc d’Orléans, son second fils, et à ses descendans masles et que l’empereur Charles V en donneroit l’investiture en se réservant néant-moins l’authorité et le droict qu’il y avoit comme empereur. 2. Et quant à la somme immense payable en deux années que l’Empe-reur demande pour les archiducs de Tirol la réduire à une pension annuè-le modérée et proportionnée à la va-leur du revenu comme il fut accordé au traicté de Noyon l’an 1516, que ledict empereur Charles (lors seule-ment roy de Castille), feroit payer par chascun an audict roy François I er la somme de cent mille escus d’or à cause du royaume de Naples. Ou bien bailler en récompense aux-dicts archiducs quelques seigneuries en France selon qu’il fut stipulé au traicté de Blois l’an 1504 avec Maxi-milian roy des Romains, que le roy Louys XII donneroit quelques terres et seigneuries en France aux enfans de Louys Sforce, duc de Milan, pour avoir de quoy vivre honorablement.

[p. 1108] [scan. 438]

Anhang 5

Erlach an Longueville, d’Avaux und Servien

Breisach 1646 Mai 6
Kopie: Bern, XV. 37 S. 47–50 = Druckvorlage; Teildruck: Jacob S. 326f. Vgl. Einleitung S. LXII.
Stellungnahme zur Elsaßsatisfaktion: Geringer Nutzen für Frankreich aus Erwerb des Unter-Elsaß angesichts der dortigen reichsunmittelbaren Herrschaften und der beschwerlichen Aufgaben der Reichslandvogtei Hagenau; vergleichsweise größerer, v. a. strategischer, Vorteil aus Erwerb der Waldstädte und der Festung Neuenburg. Beschreibung des Umlandes und des Besitzes von Breisach. Zur Beurteilung der geforderten Entschädigung der Tiroler Habsburger Verweis auf Beilage.
Je vous remercie très humblement de la grâce qu’il vous a plu de me départir, de me faire savoir l’état auquel sont les affaires de la paix, et puisque vous me faites l’honneur de me demander mon sentiment sur celles qui concernent ce païs, je crois vous devoir dire que la Basse-Alsace ne consistant qu’aux païs dépendants de l’archevêché et ville de Strasbourg, comté de Hanau et autres seigneuries particulières et villes impériales, je ne vois aucun avantage que Sa Majesté puisse tirer de cette province au cas que tous les susdits soient resti-tués dans leurs biens comme ils l’ont été durant ces quartiers, et quand même le bailliage de Haguenau demeureroit au Roi, il ne consiste qu’en 40 villages qui sont entièrement ruinés, aussi bien que la ville; car quant aux autres villes qui sont sous la protection du baillif de Haguenau elles sont plus à charge que profitables, parce qu’en tems de paix l’on n’en retirera aucune utilité et en tems de guerre elles seront à celui qui sera maître de la campagne, ainsi que les députés de Colmar et de Strasbourg vous pourront informer plus particu-lièrement et partant selon mes sentimens et le peu de connoissance que j’ay du pays, il seroit bien plus avantageux au Roi de garder les villes forêtières, savoir les villes et seigneuries de Lauffenbourg et de Rhinfelden avec la ville de Sekingue qui sont toutes trois situées sur le Rhin et seront utiles à Sa Ma-jesté et spécialement en ce qu’elles la rendront maîtresse de tout le Haut-Rhin jusqu’en Suisse et fortifiant bien ces places, elle n’aura aucun ennemi à crain-dre de ces côtés-là. En second lieu l’alliance que la maison d’Autriche a avec les Suisses sera rompue et transportée sur la France dont elle ne tirera pas peu d’utilité, tant à cause du passage par la Suisse, que des troupes que Sa Majesté voudra lever dans ledit païs qui ne pourront plus refuser de servir du côté d’Allemagne, ce qui n’est pas un petit avantage; à quoi je joins que toutes les fois que la France rentrera en guerre avec la maison d’Autriche elle trouvera plus de facilité d’entrer en Souabe que si elle ne garde que Brisach qui n’est qu’un seul passage borné de montagnes assés difficiles et des villes d’Offem-bourg et de Fribourg, que les ennemis ne manqueront pas de fortifier de tout

[p. 1109] [scan. 439]

leur pouvoir. Quant à ce qui regarde Neubourg, elle tient le passage du Rhin de Brisach à Bâle et doit être conservée pour ce sujet, et me semble qu’il seroit très bon qu’elle demeurât au Roi, elle est située dans le marquisat, sans qu’au-cun village en dépende, et est seule entre Brisach et Bâle qui ait appartenu à la maison d’Autriche.
La banlieue de la ville de Brisach dont vous me demandés éclaircissement ne s’étend du côté de Brisgau que de la portée du canon en la plupart des lieux, de sorte que les lignes de la circonvallation que feu monsieur le duc de Wey-mar avoit faites étoient en partie du territoire de cette place, du côté de l’Al-sace, sitost qu’on a passé le pont, on entre dans la comté de Hombourg qui appartient aux princes de Montbéliard; la ville de Brisach possède en outre 3 villages dans le Brisgau, savoir Härtig, Achard et Under-Remchingue qui sont à 1 ½ heure d’ici, et un autre en Alsace qui est eloigné d’une heure et se nomme Bressen. Pour ce qui concerne les grandes sommes que la maison d’Autriche demande au Roi en échange de l’Alsace vous verrés par l’état cy-joint de la recette et dépense de la chambre des comptes de la cour souveraine d’Ensisheim, que les revenus que la maison d’Autriche en tiroit n’étoient pas capables de payer les intérêts des capitaux qu’elle doit et auxquels tout ce païs est hypothéqué; de sorte que vous pouvés par là juger le désavantage que Sa Majesté aura dans ce traitté. Le tems ne me permettant pas de faire traduire ledit état d’allemand en françois, j’espère que vous me tiendrés pour excusé. C’est là, Monseigneur et Messieurs, ce que j’ay cru devoir vous dire en répon-se à la lettre que vous m’avés fait la grâce de m’écrire et qui vient de m’être rendue tout présentement. Le peu de tems que j’ay pour satisfaire par le même ordinaire à ce que vous me faittes l’honneur de me demander m’empê-che de m’étendre plus au loin et m’oblige de finir ces lignes après vous avoir protesté que personne ne sçauroit être avec plus de passion que moi ...

Beilage:

Verzeichnis der Einnahmen und Ausgaben der Rechnungskammer Ensisheim (fehlt).

[p. 1110] [scan. 440]

Anhang 6

Erlach an Longueville

Breisach 1646 Mai 10
Kopie: Bern, XV. 37 S. 50–52 = Druckvorlage; Teildruck: Jacob S. 327f. Vgl. Einleitung S. LXII.
Sicherheitshalber Duplikat von Anhang 5 als Beilage 1. Weitere Ausführungen zur Elsaßsatisfak-tion: Reichslandvogtei Hagenau lediglich in habsburgischem Pfandbesitz, strategischer Nutzen der Waldstädte v. a. in Hinblick auf die Beziehungen zur Schweiz, zur Verdeutlichung Karte als Beilage 2; besondere Bedeutung der Festung Neuenburg; geringe Bedeutung des Umlandes von Breisach.
Je me donnay l’honneur de répondre à Votre Altesse sur la lettre qu’elle et messieurs d’Avaux et Servien m’avoient fait l’honneur de m’écrire incontinent qu’elle me fût rendue; mais comme parfois les lettres se perdent, j’ay cru vous devoir envoyer un duplicat de cette réponse pour plus d’assurance, à laquelle j’ay jugé à propos d’ajouter que la maison d’Autriche ne possède le bailliage de Haguenau que par hypothèque, et que partant cette place peut être rache-tée par les états de l’Empire, ce qui me fait encor retomber dans mes premiers sentimens que les villes forêtières avec tout ce qui est entre le Rhin et la Suisse seroient bien plus avantageux pour la France. Quant à la ville et bailliage de Waldshutt qui est une des susdittes villes, il seroit très important qu’elle de-meura [!] au Roi encore qu’elle soit située du côté du Schwarzwald, mais Sa Majesté se peut plus aisément passer de ce lieu que des autres, d’autant qu’il n’est aucunement propre à être fortifié, et même que ce n’est pas un passage sur le Rhin, n’y ayant aucun pont, et les terres qui sont vis-à-vis de l’autre côté de la rivière étant terres suisses qui ne permettent pas à la maison d’Au-triche d’y passer des troupes. Cependant, si cette place étoit conservée au Roy, je crois que ce seroit un très grand avantage et un moyen de lier la Suisse plus étroitement avec la France. J’envoye à Votre Altesse un plan de ce païs-là et n’eusse pas tant attendu à le faire si je n’eusse cru que monsieur de Vautorte à qui j’en ai donné un, lui auroit déjà communiqué avec toutes les informa-tions de cette province, que si Votre Altesse peut conserver lesdittes villes forêtières à la France avec la Haute- et Basse-Alsace, alors je crois qu’elle pourra bien accorder aux archiducs une somme d’argent, car l’affaire se pas-sant ainsi, je trouve qu’elle le mériteroit bien. Je crois aussi, Monseigneur, qu’il est très nécessaire que Neubourg demeure au Roy, d’autant que c’est un poste situé à moitié chemin entre Brisach et Bâle qui commande le Rhin si absolument, qu’aucun batteau ne peut descen-dre sans permission de cette place, laquelle j’ay passablement fait fortifier, et y fais travailler tous les jours, en sorte qu’elle commence à être en deffense, tellement que si le Roy la rend, il est très assuré que les ennemis s’en prévau-

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dront, quelque promesse qu’ils fassent à Sa Majesté du contraire, car ils n’ont aucun autre village ni ville que celle-là entre Brisach et Bâle, tout le reste du païs étant au marquis de Dourlach, à l’évêque de Bâle, au prince de Heiters-heim qui est le Grand-Prieur d’Allemagne, ou à d’autres particuliers. Enfin, si vous conservés au Roi Neubourg, la maison d’Autriche n’a plus un pouce de terre sur le Rhin entre Bâle et Brisach.
Pour ce qui regarde la banlieue de Brisach, il n’importe point du tout au ser-vice du Roy qu’elle soit plus grande, pourvu que les 3 villages qui sont à la ville lui demeurent, tout le reste du païs qui confine étant ou au marquis de Dourlach, prince de Heitesheim ou gentilshommes particuliers, sans qu’il y ait aucune place proche appartenante à la maison d’Autriche qui soit propre à être fortifiée, si ce n’est Kentzinguen, qui est à 4 heures d’ici, tirant vers Of-fembourg dont le poste est assés avantageux. Tous les autres postes qui sont sur le Rhin ne sont pas considérables. Je suplie très humblement Votre Altesse de m’excuser si j’abuse de son loisir par un si long entretien; j’ay cru devoir ainsi m’étendre pour lui donner au-tant d’éclaircissement que le peu de connoissance que j’ay de ce païs me le peut permettre et puis Votre Altesse m’ayant témoigné qu’elle trouvoit bon que j’en usasse de la sorte, je n’ay pas voulu manquer à ce commandement, désirant avec passion lui témoigner par mes très humbles obéissances com-bien je tiens à grand honneur de me pouvoir dire avec vérité ...

Beilagen:

1 Kopie von Anhang 5.
2 Elsaßkarte (fehlt).

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Anhang 7

Josias Glaser: Memorandum zur Übernahme des Elsaß als souveränen Besitz oder als Lehen

Münster 1646 Juni 1
Eigenhändige Ausfertigung: AE , CP All. 67 fol. 95–96 = Druckvorlage; Kopfvermerk von anderer Hand: Raisons pour tenir l’Alsace en fief plustost qu’en souveraineté. Vgl. Einleitung S. LXVIII.
Sequentes rationes videntur facere pro stabilienda sententia, quae dicit regi christianissimo a Caesareanis oblatas terras potius in foedum quam allodium esse accipiendas. Licet tanto monarchae minus conveniens et decorum esse videatur ab Impe-ratore Romanorum et Imperii statibus dependere et quidem certo homagio suppleto petere et accipere talia, quae proprietatis et superoritatis jure absolu-toque dominio possidenda offeruntur, tarnen re penitius considerata videntur sequentia haec dubia facile discutere. Et quidem primo per exempla aliorum regum et magnatum Europae, 〈scili-cet〉 Hispaniae, Daniae, Sweciae regum vel et Sabaudiae et Lotharingiae du-cum qui omnes, ut reges et principes sunt potentissimi, tamen certo respectu pro Imperii Romani membris atque vasallis haberi non sibi dedecori esse exis-timant, maxime ob commodum rerum suarum privatarum bene riteque pro-movendum, circa quod varia et multiplici praerogativa frui usque reges et principes isti gaudebant, quibus etiam frui et uti posteri dies et nos docebunt aliquando. 2. Quare non inconveniens etiam regi christianissimo in tam tenera aetate adhuc constituto esse videtur et praesenti occasione et tempore uti seque arc-tiori amicitiae et vicinitatis nexu cum Imperio Romano eiusque ordinibus et membris conjungere, ut et emolumentum et augmentum inde ad regnum Franciae Deo sic prospiciente aliquando dimanare possit. Utique per historiam certum et notum est, quid [!] tempore electionis Caroli Quinti Romanorum Imperatoris, qui Francisco Primo Galliae regi in obti-nendo diademate Caesareo nunquam praelatus fuisset, nisi ille ditiones et ter-ras in Germania sitas, hic vero nullas possedisset, acciderit. Et cum varia sit rerum hominumque vicissitudo et numinis supremi voluntas, cuius augurium ex variis fatalibus actionibus nobis nunc facile cognoscere licet, novas revolu-tiones imperiis orbis intendere videatur, et hinc forte proficuum erit non modo regem nostrum christianissimum habere et videre nunc potentissimum Germanici Imperii principem atque vasallum, sed tanquam ad grandia natum ejusdem cum bono Deo moderatorem summum. 3. Et certe longe tranquillius cumque maiori commodo istas regiones, etiam respectu vicinorum, tam principum, comitum atque dynastarum quam civi-

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tatum Imperialium minorum gubernabit, qui status non modo regem ut magnum Galliae monarcham venerabundi observabunt, verum etiam tan-quam vicinum amicum, collegam et protectorem, oppressis caelitus datum amabunt omniaque in eius honorem et gratiam profusissima voluntate favent. Inprimis vero respublica Argentoratensium obsequentissimam se regi praesta-bit, utpote quae ingenti liberata metu de libertate sua minus solicita fieret, quam forte periclitari sub absoluto in Alsatia imperio regis posse suspicata fuisset.
4. Hac itaque ratione ad limites Germaniae versus Helvetiam et Sueviam po-tentia regis christianissimi ad Rheni ripas solide firmata tantoque miliarium spatio extensa rex non modo cisrhenanis populis formidabilis sed et amicis et vicinis admirabilis amabilisque erit. Regiones suas justo lenique populis Ger-maniae consueto regimine adhibito miris modis augebit, conservabit et, civi-bus novis et veteribus iam in vicinia Helvetia et Burgundia exulantibus, om-nes agminatim accurrent, modo sint libera commercia nullaque vis hominum conscientiis iniciatur. Est namque terra divinitus benedicta regique concessa in decus et augmentum christianissimi regni, sub quo vivere dat Deus aliquando ipsum orbem chris-tianum universum. Sic veneratur, sic optat, sic sentit solida sinceraque fide Josias Glaser.

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Anhang 8

Daniel Specklin: Elsaßkarte [1576]

Druckvorlage: BN Ge.AA.1017. Das Faksimile in diesem Band (s. Kartentasche) ist leicht ver-kleinert.
Maße der Druckvorlage: 1,12 × 0,36 m; mit einem gleichmäßigen Raster aus parallel zum Kartenrand angelegten und senkrecht aufeinander stehenden Linien (8 in der Höhe, 25 in der Breite). Die sich daraus ergebenden Quadrate sind durch Zahlen am Rand gekennzeichnet. Das Exemplar weist kleinere Gebrauchsspuren und Beschädigungen am Rand auf. Die Reichsstädte und Reichsdörfer sind mit rotem Stift angekreuzt, Hagenau ist eingekreist. Der Stempel der Bibliothèque Royale weist auf die Erwerbung durch die Biblio-thek vor 1789 hin. Weiteres ist zur Geschichte des Exemplars nicht bekannt. Vgl. Fischer; Oehme; Grenacher; Schott; sowie Einleitung S. LVII. Ein Exemplar der Karte in der beschriebenen Ausführung benutzte und erläuterte Vautorte in seinem Elsaßmemorandum, vgl. Beilage 2 zu nr. 213.

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