Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Puisque les traictez s’avancent et que Dieu donne si visiblement sa bénédic-
tion aux travaux incomparables de Son Eminence laquelle seule aura la gloire
d’avoir acquis au Roy ce que la pluspart du monde n’osoit pas seulement
prétendre il y a quelque temps ny à la cour ny icy quelque semblant qu’on
face maintenant, et quelque soin que chacun prenne de s’en vouloir attribuer
l’honneur, il me semble qu’il y a cinq diverses considérations à faire présente-
ment que je tiens de très grande importance pour conduire cette négotiation à
une heureuse fin.
La première regarde principalement la forme qu’on y doibt tenir aussy bien
en traictant les affaires d’Espagne que celles d’Allemagne. Des quatre aultres,
il y en a deux qui concernent le traicté que nous devons faire dans l’Empire,
les deux dernières, celuy qui doibt estre faict avec les Espagnolz.
Pour la forme, je ne puis comprendre pourquoy nous différons de traicter
immédiatement avec nos parties, les ordres réitérez de la cour nous y obli-
gent, nous avons tousjours descouvert plus de choses et treuvé plus de facilité
dans les affaires en parlant à eux que lorsqu’elles ont passé par les mains des
médiateurs. Ceux-cy quand nous leur avons donné la moindre espérance de
nous relascher sur quelque point, le communicquent à l’heure mesme aux
parties, sans le faire valloir, sans en tirer aulcun proffit pour nous, et travail-
lant plustost à le faire mespriser qu’à obtenir quelque chose en contr’eschan-
ge. Nous avons remarqué diverses fois que les discours où ilz nous ont enga-
gez sur des matières chatouilleuses ont esté publiez aussytost après sur leur
raport ou sur leurs lettres dans les lieux où ilz nous pouvoient faire préjudice.
Lorsque nos parties leur donnent quelque commission, ils font les fins en
traitant avec nous, ne raportent pas tout ce qui leur a esté dit et veullent tous-
jours capituler avec nous avant que découvrir une partie de ce qu’on les a
chargés de nous dire, ne faisant pas scrupule de reprocher à nos parties leur
facilité et de leur repraesenter qu’il ne faut pas aller si viste.
On ne peult croire sans se flatter que le pape désire nostre avantage ny mesme
qu’il veuille en effect que nous fassions la paix tandis que nous aurons de
différens avec luy. Il y a grand subjet de croire que le nonce Chiggi ne s’est
bien mis dans son esprit (son employ luy ayant esté donné par le pape def-
funct) qu’en adhérant à ses passions particulières qui portent plustost son es-
prit à la vengeance et à la persécution de ceux qu’il n’ayme pas qu’à la réunion
des princes chrestiens. On ne peult pas doubter que la républicque de Venize
ne souhaitte ardemment la paix généralle, son intérest particulier l’y oblige
trop ne pouvant seule résister à un sy puissant ennemy que celuy qu’elle a sur
les bras. Mais elle veoid de sy mauvais œil les prospéritez de la France qu’elle
n’en a pas moins de jalousie que d’appréhention des forces du Turc, ce qui
oblige son ministre de faire tout ce qu’il peut icy pour diminuer nos avantages
sans vouloir considérer comme nous le luy avons remonstré diverses fois que
c’est le moyen de retarder la paix. Nous demeurons d’acord de toutes ces
vérités quand nous en discourons entre nous, et cependant il y en a parmy
nous qui ont tousjours eu leurs espérances tellement tournées du costé de
Rome qu’ils ne peuvent consentir que l’on fasse ny que l’on die la moindre
chose qui puisse estre mal receue dans cette cour-là, et cette vaine praetention
nous a fait divers praejudices ayant esté cause que nous n’avons ny parlé au
nunce si fortement qu’il falloit et qu’il nous estoit ordonné sur la mauvaise
conduite du pape, ny proffité comme nous devions les ocasions qui se sont
praesentées pour sortir sans esclat de la dépendance des médiateurs quoyque
nous recognoissions qu’elle est praejudiciable au service du Roy et que d’au-
tres que nous auroient il y a desjà longtemps curieusement cherché et chère-
ment achepté les moyens de les rendre inutiles. Je suis pourtant obligé de dire
que les médiateurs comencent de se mieux conduire en nostre endroit et qu’il
paroist en leur nouvelle manière d’agir que les advertissements que Son Emi-
nence leur a fait donner par leurs collègues de Paris ont fait un très bon effect
pourveu qu’il continue et que les ordres de leurs supérieurs ne les obligent pas
au contraire.
Sur le premier des points qui
regardent l’Empyre
La seconde considération est sur les affaires de l’Empire. Trautmandorff ne
cherche qu’à les achever promptement. Quoyqu’il soit assez franc et ouvert
en sa manière d’agir il ne laisse pas d’estre fin et très habille. Il cognoist fort
bien qu’en laissant la Poméranie aux Suédois il jette une pomme de discorde
entre les princes protestans d’Allemagne, et que ce sera une semence de
guerre entre ceux qui espouseront les intérestz de Brandebourg et ceux qui
demeureront attachez à la Suède, qui divisera un jour le party qui est à présent
tout réuni contre l’Empereur. Je ne croy pas pourtant que nous ayons beau-
coup de subjet de craindre cet inconvénient ny qu’il mérite de retarder la
paix, estant certain que les protestans s’ilz demeuroient uniz deviendroient
insuportables, et que les subjetz de division qui naistront parmy eux les ren-
dront plus dépendans de la France qu’ilz ne considéreroient guières sans
cela.
Il y a un aultre inconvénient bien plus à craindre dont je vous ay cy-devant
touché quelque chose . On avoit cru jusqu’icy que la principale seureté de la
paix qui doibt estre faicte dans l’Empire se rencontroit dans la résolution qui
seroit prise de licentier de part et d’aultre toutes les troupes qui sont présen-
tement sus pied. La crainte du Turc oblige l’Empereur non seulement à
conserver les siennes, mais luy fournit un prétexte de retenir toutz les soldatz
allemandz qui sont aujourd’huy dans les armées de France, de Suède, de Ba-
vière et de Madame la Lantgrave. Sy quand il sera maistre de toutes ces forces
composées de gens sy agguerris il vient à s’accommoder avec le Grand Sei-
gneur comme il luy sera très facile, ces barbares n’estans pas d’humeur d’en-
treprendre là où n’y a rien à gagner, ou bien sy la conclusion de la paix géné-
ralle que le Turc appréhende extrêmement est suivie de celle des Vénitiens
avec luy, l’Empereur se treuvera avoir en son pouvoir de très grandes forces
qu’il pourra tourner du costé qu’il vouldra, et surprendre celuy de ses voisins
qu’il aura intention d’attacquer, à quoy la France a plus d’intérest de prendre
garde qu’aulcun aultre puisqu’il ne faict aujourd’huy la paix avec elle que par
contraincte et qu’il y a aparence qu’il conserve contre elle son animosité et un
très grand désir de vangeance.
Il y peult avoir deux remèdes: l’un de percister à secourir l’Empereur pour la
guerre du Turc (suivant ce qui est porté par le dernier mémoire du Roy )
d’hommes et non point d’argent, lesquelz pourront estre envoyez soubz un
chef fidelle, ou au roy de Pologne, ou du costé du Frioul pour faire croire que
ce sont forces entretenues par les Vénitiens; le second d’obliger la République
en donnant ce secours et luy tesmoignant que c’est pour l’amour d’elle qu’on
s’y engage, en cas qu’elle face la paix avec le Turc de se déclarer contre celuy
qui contreviendra au traicté faict dans l’Empire par son entremise, et joindre
ses forces à celuy qui se treuvera assailly. Il me semble que les Suédois font
grande refflection sur ce que dessus, et qu’ilz y chercheront quelques précau-
tions en concluant la paix, au moins est-il certain qu’ilz ne se dessaisiront qu’à
bonnes enseignes de leur armée en laquelle conciste toute leur force dans
l’Allemagne.
La 3 e considération est encor sur les affaires de l’Empire. Bien que l’Empereur
et le duc de Bavières se disposent à des conditions raisonnables pour la paix,
qu’ils ayent donné des réponses favorables sur tout ce qui regarde le public et
qu’on ayt desjà faict des offres très considérables aux Suédois pour leur satis-
faction particulière, ceux-cy ne semblent pas estre contens, et il m’a paru dans
mon voyage d’Oznabrug qu’ilz ont des desseins dont ilz ne s’expliquent pas
avec nous. L’asseurance qu’ilz ont d’avoir tous les protestans joinctz à eux sy
l’on continuoit la guerre, relève extrêmement leurs prétentions. Les Hessiens
qui nous déclarent tous les jours de ne pouvoir plus subsister, ne laissent pas
de faire soubs main des praticques pour empescher l’accommodement des
couronne[s], ce qui faict croire que l’intention des uns et des aultres pour peu
qu’ilz eussent encor de prospérité seroit d’exterminer tout à faict la religion
catholique en Allemagne, à quoy ils visent principalement quelque promesse
contraire qu’ils nous ayent faite par les traités d’alliance.
Il me semble que le baron d’Avaugour a plus agi pendant son voyage de la
cour en officier suédois qu’en ministre de France ayant si vivement pressé la
jonction de nostre armée avec celle de Suède pour entrer conjointement dans
le Haut-Palatinat et ruyner le duc de Bavière, qui travaille si utilement pour
nous et pour le public et contre lequel les Suédois augmentent leur haine
depuis qu’ils le voyent favorable aux intérests de la France. Il a esté très utile
d’en prendre la résolution, on a contenté les Suédois et épouvanté le duc de
Bavière, lequel en ayant eu le vent a redoublé ses soins pour forcer l’Empereur
à donner satisfaction aux couronnes. Mais il seroit très périlleux et très prae-
judiciable selon mon sens d’exéquuter ce dessein dans la conjoncture prae-
sente. Si nous avions aydé aux Suédois à ruyner le duc de Bavière, il est très
asseuré qu’ils nous considéreroient fort peu dans l’Allemagne, n’ayant plus
Saxe pour ennemy et pouvant joindre à eux le reste des protestants. Je sçay
certainement (et les Hessiens me l’ont confessé) qu’ils ont desjà discouru en-
tre eux des moyens de soutenir la guerre sans nous si on vouloit un peu aug-
menter le subside qu’on leur donne. Si l’armée de France est une fois jointe à
la leur, outre qu’elle sera contrainte de suivre tous leurs mouvements et de
travailler plustost pour leur utilité que pour la nostre, il sera malaisé qu’elle
s’en puisse jamais séparer. Le dessein des Suédois dans cette jonction a esté
autant contre nous que contre l’ennemy. Ils ne veullent pas que nous pre-
nions pied deçà le Rhin et néantmoins ils souhaittent que nous leur aydions à
suporter le faix de la guerre pendant l’hyver et que nous ne puissions plus
nous en éloigner pour faire rafraischir nos troupes delà le Rhin. D’ailleurs le
corps de nos Vaymariens qu’ils croyent encore estre à eux les considère tous-
jours et deviendra plus insolent quand il aura leur appuy ou du moins asseu-
rance de retraite parmy eux. En un mot nostre armée n’estant pas si propre
aux fatigues que la leur et pouvant très difficilement demeurer en action une
année entière, peut-estre jugent-ils bien que ce sera un moyen de la ruyner et
après s’estre servis de nous pour détruire celle de Bavière ils n’auront pas
moins de joye de voir la nostre aussy détruite. Après tout cela je ne com-
prends pas quel praetexte honorable on peut prendre pour ne faire pas la paix
ny ce qu’on peut demander à l’Empereur par-dessus ce qu’il acorde, qui ne
soit praejudiciable au public et à la religion catholique. Tous nos traités d’al-
liance n’ont pour but que d’obtenir une paix honorable et seure, on nous
l’offre aujourd’huy, et par conséquent ce que nos alliés peuvent praetendre
au-delà est plus à craindre pour nous qu’à désirer. C’est pourquoy j’estime
qu’aussytost que nous serons asseurés de Brisac et que nous serons d’acord
avec les Impériaux sur les conditions qu’ils ont adjoustées à leur offre selon la
réponse qui nous sera faite de la cour, nous avons intérest de parler franche-
ment aux Suédois s’ils ne se veullent mettre à la raison, leur déclarer confi-
demment qu’on ne peut plus continuer la guerre ny fournir de l’argent à
cause que le royaume en est épuisé et leur faire adroitement comprendre que
l’on n’a jamais pris les armes que pour obtenir ce que les ennemis offrent,
dont nous estimons qu’un chacun doit estre content.
Après cela s’ils ne veullent pas consentir à la suspension générale je ne fais
point de doute que nous n’en devions promptement faire une particulière
avec Bavière, et que nous n’ayons plus de droit et de pouvoir de la conclurre
qu’ils n’en ont eu de faire celle de Saxe sans nous en avoir jamais communi-
qué les conditions. Nous n’en fairons pourtant pas de mesme de nostre costé,
nous prendrons leur advis auparavant, non pas pour le suivre s’il est contraire
au nostre, mais pour y mesnager honorablement leurs intérests qui seront à
couvert pourveu que la suspension s’entende aussy faite avec eux et avec les
Hessiens et qu’il ne soit pas permis aux Bavarois tandis qu’elle durera de don-
ner assistance à l’Empereur.
Je suis obligé de dire qu’en diverses conférences nous en avons fait ouverture
aux députés de Bavière qui ne nous ayant rien répondu font cognoistre que
leur maistre voudroit bien n’estre pas réduit à prendre cette résolution qu’il
croid en quelque façon contraire à son honeur et à son devoir, capable de
ruyner tout à fait l’Empereur, et mesme de luy faire perdre la bonne disposi-
tion où il est pour conserver l’électorat dans sa maison. L’intention de Bavière
est selon sa coustume de se rendre considérable de part et d’autre sans venir
s’il est possible à aucune déclaration formelle qui soit praejudiciable au parti
qu’il a suivi jusqu’à praesent.
J’estime que sur les plaintes qu’il fait de nos praeparatifs et des desseins qu’on
a de l’attaquer on luy peut répondre que l’unique remède (si les Suédois refu-
sent la suspension générale comme je croy certainement qu’ils fairont) est
d’en faire une particulière avec luy, qui a esté offerte à ses ministres et qu’ils
n’ont pas acceptée. Car si dans les instances continuelles qu’il fait de cesser les
hostilités avec nous il entend demeurer en liberté d’assister l’Empereur contre
les Suédois, c’est une praetention qui ne peut réussir et qui donneroit subjet
s’il y persistoit de faire un mauvais jugement de ses intentions. En cela il
n’agiroit pas seulement contre nous mais contre luy-mesme, puisque s’il avoit
aydé à pousser les Suédois ou à les incommoder, l’Empereur qui ne l’ayme
pas trop et qui seroit poussé par les Espagnols deviendroit plus difficile aux
conditions de la paix, elle seroit par ce moyen différée pour longtemps, et
donneroit lieu à des révolutions d’affaires qui seroient très prejudiciables au
duc de Bavière en cas que pendant ces longueurs il vinst à mourir.
On luy peut bien faire valloir ce que j’ay fait pour luy au nom du Roy en mon
voyage d’Osnabruc. Je ne l’ay pas voulu tout communiquer à ses ministres de
crainte que ledit duc sçachant que son affaire est presque asseurée n’ayt pas
tant de chaleur à l’avenir pour les intérests de la France, mais y ayant apa-
rence que la difficulté de Brisac aura esté surmontée lorsque cette dépesche
sera praesentée à son Eminence, elle pourra faire sçavoir audit duc que sur les
instances de celluy de nous qui a esté le dernier à Osnabruc les Suédois sont
demeurés d’acord qu’il faut venir à un acomodement de l’affaire palatine
quoyqu’ils eussent demandé jusqu’icy l’entier restablissement du Palatin en
ses Estats et dignités. Ils ont mesme avoué que leurs derniers ordres de Suède
les obligent à cela. On y peut adjouster que la résolution en a esté prise sur les
poursuites qu’en ont fait les ministres du Roy depuis l’envoy du sieur de
Saint-Romain, car monsieur Oxestern non seulement m’a parlé de la sorte,
mais n’a pas rejeté l’expédient que je luy ay proposé de laisser le premier
électorat à Bavière en créant un huitiesme pour le Palatin et luy rendant tout
le Bas-Palatinat. A la vérité il m’a répondu que moyennant cela Bavière ne
devoit pas faire difficulté de rendre quelque partie du Haut-Palatinat, puisque
son député qui est à Osnabruc s’estoit tousjours laissé entendre que son mais-
tre viendroit de bon cœur à une composition raisonable lorsque ses cousins
les Palatins y viendroient de leur costé et s’adresseroient à luy.
Ce qui est estrange est que le duc de Bavière par son adresse et par sa fermeté
veut plus profiter de cette guerre se treuvant dans le parti malheureux que ne
fairont ceux qui ont eu la fortune favorable. Il employe librement ses persua-
sions pour disposer les vainqueurs à se relascher de leurs demandes, mais
nous n’avons pas encor veu qu’il ayt offert pour le bien de la paix qui luy est
si nécessaire de retrancher la moindre partie des siennes.
Je voy par le dernier mémoire du Roy qu’on voudroit bien que l’armée de Sa
Majesté passast deçà le Rhin en cas qu’on fasse une suspension générale, mais
si les Suédois n’y veullent pas consentir je ne sçay pas si cette condition
pourra estre retenue dans celle qu’on veut faire en particulier avec Bavière, car
le principal soin qu’il a tousjours eu a esté de conserver ses quartiers dont il
perdra une partie si nous repassons au deçà [du] Rhin. J’avois estimé que la
suspension estant bien asseurée avec luy, l’armée du Roy agiroit plus utile-
ment si on la faisoit passer dans les Pays-Bas où elle pourroit donner un coup
mortel à la Flandre. Ce seroit une résolution presque nécessaire si les Hollan-
dois de leur costé ne font rien de considérable, aussy est-ce la plus grande
apréhension des Espagnols et ce qui leur fait tant faire de diligences icy et à
Vienne pour empescher la conclusion de la paix de l’Empyre ny d’aucune
suspension jusqu’à ce que leur traité soit fait. Je croy mesme que si cette ar-
mée ne pouvoit pas entrer dans la Flandre cette campagne elle pourroit estre
employée à ranger les Liégeois dans leur devoir
Im Laufe der Auseinandersetzungen zwischen der Stadt Lüttich und ihrem Landesfürsten, die
vom frz.-habsburgischen Gegensatz geprägt wurden, war 1637 der Anführer der profranzösi-
schen Partei in Lüttich ermordet worden. Zahlreiche Anhänger Frks waren verurteilt worden
oder ins Exil geflüchtet. Die Gewährung seiner Protektion zur Aufrechterhaltung der Neu-
tralität in Lüttich machte Frk nun davon abhängig, daß zuvor seine Anhänger restituiert
würden und allen Emigranten die Rückkehr gestattet würde ( Daris S. 138–239; Foerster
S. 380–387).
ceux qu’ils ont cy-devant exilés pour avoir servi la France. C’est un point où
la réputation de la couronne demeureroit extrêmement engagée si on le lais-
soit en arrière par le traité de paix, et je ne voy pas comment nous pourrions
honorablement consentir à la neutralité de la ville de Liège ny mesme qu’elle
fust comprise dans la paix si elle ne donne auparavant entière satisfaction à Sa
Majesté sur ce subjet. Il ne seroit pas juste qu’au mesme temps que nous pour-
voyons si bien à l’utile contre l’Espagne nous abandonnassions l’honorable
contre une simple ville.
La quatriesme considération est sur les affaires d’Espagne. Il est comme im-
possible que ce que l’on traite icy avec les ministres du roy catholique ne soit
bientost sceu quelque secret qu’on y garde et que l’estant il ne cause quelque
grand changement dans la Cataloigne. Il seroit très utile de convenir praesen-
tement et promptement avec eux de la récompense qu’ils voudroient donner
pour la restitution de cette province qu’ils ont tant à cœur. Il me semble que
s’ils se disposoient à remettre au Roy en eschange Cambray et le Cambrésis
nous ne devrions point avoir de regret de quitter un pays que nous ne sçau-
rions conserver longtemps pour en recouvrer un qui est si fort à nostre bien-
séance et qu’on ne nous sçauroit jamais oster. Encor qu’il ne soit pas de si
grande estendue que l’autre il est sans comparaison plus utile et plus impor-
tant à la France et rend nostre frontière inexpugnable de ce costé-là, ce qui
acquiert une grande seurté à la ville de Paris. Si Son Eminence aprouve cette
proposition, il seroit à propos de nous faire sçavoir au plus tost les voluntés
de la Reyne. Je croy certainement que dans l’apréhension où sont les Espa-
gnols de la prochaine campagne nous tirerons plus d’eux que si nous la lais-
sons arriver, la pluspart des choses paroissant ordinairement plus grandes
dans l’imagination qu’elles ne se treuvent en effect. S’ils sont une fois asseurés
que les Hollandois ne fairont rien cette année comm’il y a tousjours subjet de
le craindre, ils reprendront courage et leur première fermeté, principalement
s’ils voyent tant soit peu de jour à les séparer de nous ou du moins à se servir
de leur entremise pour nous obliger à nous relascher de nos demandes, aus-
quelles nous sçavons que ceux-cy ne sont pas trop favorables dans leur
âme.
Il me semble qu’en asseurant au Roy le comté de Roussillon avec Rozes et
celluy d’Artois avec Graveline, Bourbourg et Thionville que je tiens une des
plus importantes places de toute nostre conqueste, aujourd’huy que nous de-
vons retenir l’Alsace, les éveschés et la Lorraine, nous pourrions restituer sans
regret Landrecy, Damvillers et les autres places de la Flandre que nous avons
fortifiées sur la rivière du Lys, avec celles que nous tenons dans la Franche-
Comté, pourveu qu’on nous donne Aire et Saint-Omer en eschange. On
pourroit céder ce faisant les droits que nos roys ont sur Dunquerque pour la
cession de ceux que l’Espagne a sur Gravelingne, et recevoir Cambray et le
Cambrésis pour la Cataloigne laquelle seroit praesentement rendue, moyen-
nant qu’on fist en mesme temps une trêve pour le Portugal. Il paroist desjà
quelque disposition à l’obtenir pour autant de temps que durera la guerre du
Turc. Si l’on peut, il faut l’avoir aussy longue que celle des Hollandois, mais à
toute extrémité ce ne seroit pas mal sortir de cette guerre que d’avoir asseuré
la conqueste de deux beaux comtés, de Graveline, de Bourbourg et de Thion-
ville, obtenu tout le Cambrésis et procuré un asseuré repos pour quelques
années au roy de Portugal, outre ce que nous adjousterons au royaume du
costé de l’Allemagne, qui n’est pas moins considérable puisque l’acquisition
de l’Alsace, de la Lorraine et des trois éveschés qu’on asseurera en la meilleure
forme qui se pourra est encore plus grande et plus importante que celle qu’on
fait sur l’Espagne. Je veux bien croire qu’on pourroit obtenir quelque chose
de plus si on vouloit s’obstiner et hazarder jusqu’au bout, pourveu qu’on fust
asseuré de la fidélité des alliés et de la sagesse de tous les François, mais
comme les affaires du monde sont subjètes à de grands changements, la pru-
dence ne doit pas permetre quand nous serons venus à bout de nos intentions
sur les principaux points que nous avons intérest de praetendre, de laisser
longtemps toutes choses en incertidude pour avoir un peu davantage.
La cinquiesme considération est sur les affaires d’Italie. Je ne voy pas une
entière seurté pour Casal dans l’expédient qui nous est praescrit par nos ins-
tructions
Die Hauptinstruktion vom 30. IX. 1643 sah entweder eine frz. Garnison bis zur unabhängi-
gen Regierung Karls III. von Mantua oder eine Garnison aus Schweizern und Venezianern
vor ( APW [I 1 S. 79–85] ).
d’eux un serment qui empesche le souverain de disposer au moins dans quel-
que temps de sa place et mesme d’en traiter avec les Espagnols ou par un
mariage ou par un eschange. Il n’y a qu’un fils et une fille dans la maison de
Mantoue, dont le fils est très débile et malsain. Je sçay que le duc de Guas-
talle
pour son fils aisné
pour pouvoir en cas qu’il vinst à mourir marier son fils avec la sœur unique
dudit prince qui seroit héritière du Montferrat et de tous les biens allodiaux
du Mantouan. Si cela arrivoit, on sçait bien que Guastalle est tout à fait atta-
ché avec l’Espagne. D’ailleurs qui peut empescher ou que l’eschange du Cré-
monois dont il a esté tant parlé ne se fasse enfin ou que le roy d’Espagne ne
songe à cette princesse pour son fils ou pour luy-mesme, la maison d’Autriche
ayant esté soigneuse de tout temps de rechercher les mariages qui luy peuvent
aporter quelque agrandissement. Les expédients proposés par nos instruc-
tions pour la seurté de Casal seroient assez bons s’ils pouvoient estre
conjoints, c’est-à-dire qu’en y mettant une garnison de Suisses dépendants du
Roy et payés par Sa Majesté on peût en mesme temps marier le duc de Man-
toue en France et sa sœur avec le duc de Savoye; encor y auroit-il tousjours
quelque chose à craindre. Mais puisque d’un costé monsieur le duc d’Orléans
a tant d’aversion contre cette alliance et que de l’autre la duchesse de Mantoue
en a une si grande contre le mariage de Savoye avec sa fille, il me semble qu’il
ne seroit pas hors de propos pour éblouyr la maison de Mantoue et dissiper
pour un coup toutes les cabales du parti contraire, de proposer le mariage du
Roy avec la jeune princesse de Mantoue. Ell’est d’aussy bonne maison que la
feu rcyne mère et beaucoup plus proche à succéder dans un Estat considéra-
ble à la France. On pourroit convenir par les conditions qu’elle fust praesen-
tement conduite en France pour y estre élevée près de la Reyne. En attendant
que le Roy soit en aage de consommer le mariage, il arrivera peut-estre des
changements ou qui rendront ce mariage fort avantageux à la France comme
si le frère venoit à mourir ou qui fourniront des praetextes de ne s’y tenir pas,
soit que le Roy y ayt répugnance quand il sera en aage de dire son advis, soit
que la rencontre des affaires fasse praesenter quelque parti plus sortable pour
Sa Majesté et utile pour son Estat en cas que le duc de Montoue vinst à se
marier et avoir des enfants. En ce cas il ne seroit pas malaisé de se servir du
peu d’inclination que le Roy auroit pour cette princesse pour la renvoyer ho-
norablement comm’on fist autrefois la fille de l’empereur Maximilian
Margaretha von Österreich (1480–1530), Tochter Maximilians I.; im Alter von drei Jahren
wurde sie an den frz. Hof geschickt, wo sie erzogen und Gemahlin des späteren Kg.s Karl VIII.
von Frk werden sollte. Nach dessen Heirat mit Anne, Hg.in der Bretagne, wurde sie als
13jährige an den Wiener Hof zurückgesandt ( ADB XX S. 323f. ).
avoit esté acordée avec le roy Charles VIII et qui estoit bien de meilleure
maison. Ell’avoit esté longtemps nourrie en France, on ne laissa pas de la
ramener chez ses parents pour faire espouser audit roy l’héritière de Breta-
gne
temps-là si le service du Roy et le bien du royaume le requéroit, on pourroit
mesme alors disposer de cette princesse en faveur du duc de Savoye ou de
quelque autre prince qu’on voudroit favoriser. Il me semble que cela rom-
proit toutes les mesures des Espagnols et nous donneroit un droit et un inté-
rest encore plus légitime que nous n’avons aujourd’huy de pourvoir à l’entière
seurté de Casal, à cause de l’expectative que nous aurions sur le Monferrat
tandis que le duc de Mantoue ne seroit point marié ou n’auroit point d’en-
fants.
Soit que l’on apreuve cette proposition ou que l’on en fasse quelqu’autre meil-
leure, si nous concluons bientost la paix avec l’Espagne, il ne paroist pas que
les affaires d’Italie soient en estat d’estre terminées définitivement. Je croy que
pour avoir le temps de pourvoir suffisemment à toutes choses il suffira prae-
sentement ou de faire une trêve dans l’Italie, ou bien si ell’est rejetée par les
Espagnols qui disent desjà qu’il faut faire la paix partout ou la trêve partout,
on pourra faire aussy la paix en Italie à condition de rendre tout de part et
d’autre (hors Pignerol dont on ne parle plus). La promesse en sera faite solen-
nellement par le traité et néantmoins on conviendra en attendant qu’on ayt
acomodé les différends de Savoye et de Mantoue et concerté l’Estat auquel
Casal devra demeurer pour tousjours, que la France le retienne en dépost
pour quelques années avec les places du Piémont nécessaires pour y aller,
moyennant quoy pour contenter les Espagnols on pourra consentir que Ver-
ceil demeure entre leurs mains pour le mesme temps. Si cest expédient pou-
voit réussir, il nous serviroit merveilleusement pour tenir en bride ces deux
princesses dont nous avons subjet d’apréhender l’humeur. Elles n’auroient
pourtant pas grande ocasion de se plaindre puisque la restitution de leurs
places seroit promise et stipulée par le traité de paix. Il paroistroit que l’on ne
vient à cette convention qu’affin que les affaires d’Italie ne retardent pas plus
longtemps la conclusion de la paix générale et que l’on ayt loysir de s’acorder
sur les moyens d’asseurer Casal et d’accomoder les différends de Savoye et de
Mantoue sur l’exéquution du traité de Quérasque. La considération d’avancer
la paix par ce moyen y rendra les médiateurs favorables pourveu que l’affaire
soit mesnagée avec adresse, qu’on y vienne par degrés et qu’on ne se découvre
pas de l’intention secrète qu’on a pour le mariage de la princesse de Mantoue
jusqu’à ce que le traité général soit signé et exéquuté.
Je ne praevoy dans cette proposition qu’un seul inconvénient, qui est que si
ladite princesse estant promise au Roy devenoit maistresse du Monferrat les
Espagnols auroient entre les mains une place d’un prince allié de la France
qu’ils fairoient difficulté de rendre lorsqu’ils nous verroient maistres de Casal
par le mariage de la princesse à laquelle tout le Monferat seroit escheu. Mais
comme cette difficulté seroit mal fundée, le pis qui nous pourroit arriver se-
roit de revenir aux armes avec eux pour une cause très juste en laquelle tous
les princes d’Italie qui seront garends du traité seroient obligés de se joindre à
la France.
Je demande pardon à Son Eminence de tant d’imaginations creuses dont je
prends la liberté de l’entretenir. Je pourrois bien les examiner mieux et les
mettre en meilleur ordre, mais je croy de rendre plus de respect à Son Emi-
nence lorsque je luy découvre naïfvement toutes mes pensées de les soubme-
tre à sa prudente censure que si je les faisois passer par la mienne propre qui
ne peut pas estre esclairée de ces grandes et belles lumières que Dieu a don-
nées à Son Eminence si abundemment.