Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach

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Puisque les traictez s’avancent et que Dieu donne si visiblement sa bénédic-
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tion aux travaux incomparables de Son Eminence laquelle seule aura la gloire
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d’avoir acquis au Roy ce que la pluspart du monde n’osoit pas seulement
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prétendre il y a quelque temps ny à la cour ny icy quelque semblant qu’on
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face maintenant, et quelque soin que chacun prenne de s’en vouloir attribuer
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l’honneur, il me semble qu’il y a cinq diverses considérations à faire présente-
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ment que je tiens de très grande importance pour conduire cette négotiation à
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une heureuse fin.

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1
La première regarde principalement la forme qu’on y doibt tenir aussy bien
2
en traictant les affaires d’Espagne que celles d’Allemagne. Des quatre aultres,
3
il y en a deux qui concernent le traicté que nous devons faire dans l’Empire,
4
les deux dernières, celuy qui doibt estre faict avec les Espagnolz.

5
Pour la forme, je ne puis comprendre pourquoy nous différons de traicter
6
immédiatement avec nos parties, les ordres réitérez de la cour nous y obli-
7
gent, nous avons tousjours descouvert plus de choses et treuvé plus de facilité
8
dans les affaires en parlant à eux que lorsqu’elles ont passé par les mains des
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médiateurs. Ceux-cy quand nous leur avons donné la moindre espérance de
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nous relascher sur quelque point, le communicquent à l’heure mesme aux
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parties, sans le faire valloir, sans en tirer aulcun proffit pour nous, et travail-
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lant plustost à le faire mespriser qu’à obtenir quelque chose en contr’eschan-
13
ge. Nous avons remarqué diverses fois que les discours où ilz nous ont enga-
14
gez sur des matières chatouilleuses ont esté publiez aussytost après sur leur
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raport ou sur leurs lettres dans les lieux où ilz nous pouvoient faire préjudice.
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Lorsque nos parties leur donnent quelque commission, ils font les fins en
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traitant avec nous, ne raportent pas tout ce qui leur a esté dit et veullent tous-
18
jours capituler avec nous avant que découvrir une partie de ce qu’on les a
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chargés de nous dire, ne faisant pas scrupule de reprocher à nos parties leur
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facilité et de leur repraesenter qu’il ne faut pas aller si viste.

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On ne peult croire sans se flatter que le pape désire nostre avantage ny mesme
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qu’il veuille en effect que nous fassions la paix tandis que nous aurons de
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différens avec luy. Il y a grand subjet de croire que le nonce Chiggi ne s’est
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bien mis dans son esprit (son employ luy ayant esté donné par le pape def-
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funct) qu’en adhérant à ses passions particulières qui portent plustost son es-
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prit à la vengeance et à la persécution de ceux qu’il n’ayme pas qu’à la réunion
27
des princes chrestiens. On ne peult pas doubter que la républicque de Venize
28
ne souhaitte ardemment la paix généralle, son intérest particulier

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28 l’y] statt: luy in der Druckvorlage gesetzt.
l’y oblige
29
trop ne pouvant seule résister à un sy puissant ennemy que celuy qu’elle a sur
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les bras. Mais elle veoid de sy mauvais œil les prospéritez de la France qu’elle
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n’en a pas moins de jalousie que d’appréhention des forces du Turc, ce qui
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oblige son ministre de faire tout ce qu’il peut icy pour diminuer nos avantages
33
sans vouloir considérer comme nous le luy avons remonstré diverses fois que
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c’est le moyen de retarder la paix. Nous demeurons d’acord de toutes ces
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vérités quand nous en discourons entre nous, et cependant il y en a parmy
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nous qui ont tousjours eu leurs espérances tellement tournées du costé de
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Rome qu’ils ne peuvent consentir que l’on fasse ny que l’on die la moindre
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chose qui puisse estre mal receue dans cette cour-là, et cette vaine praetention
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nous a fait divers praejudices ayant esté cause que nous n’avons ny parlé au
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nunce si fortement qu’il falloit et qu’il nous estoit ordonné sur la mauvaise
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conduite du pape, ny proffité comme nous devions les ocasions qui se sont

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1
praesentées pour sortir sans esclat de la dépendance des médiateurs quoyque
2
nous recognoissions qu’elle est praejudiciable au service du Roy et que d’au-
3
tres que nous auroient il y a desjà longtemps curieusement cherché et chère-
4
ment achepté les moyens de les rendre inutiles. Je suis pourtant obligé de dire
5
que les médiateurs comencent de se mieux conduire en nostre endroit et qu’il
6
paroist en leur nouvelle manière d’agir que les advertissements que Son Emi-
7
nence leur a fait donner par leurs collègues de Paris ont fait un très bon effect
8
pourveu qu’il continue et que les ordres de leurs supérieurs ne les obligent pas
9
au contraire.

10
Sur le premier des points qui
11
regardent l’Empyre

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La seconde considération est sur les affaires de l’Empire. Trautmandorff ne
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cherche qu’à les achever promptement. Quoyqu’il soit assez franc et ouvert
14
en sa manière d’agir il ne laisse pas d’estre fin et très habille. Il cognoist fort
15
bien qu’en laissant la Poméranie aux Suédois il jette une pomme de discorde
16
entre les princes protestans d’Allemagne, et que ce sera une semence de
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guerre entre ceux qui espouseront les intérestz de Brandebourg et ceux qui
18
demeureront attachez à la Suède, qui divisera un jour le party qui est à présent
19
tout réuni contre l’Empereur. Je ne croy pas pourtant que nous ayons beau-
20
coup de subjet de craindre cet inconvénient ny qu’il mérite de retarder la
21
paix, estant certain que les protestans s’ilz demeuroient uniz deviendroient
22
insuportables, et que les subjetz de division qui naistront parmy eux les ren-
23
dront plus dépendans de la France qu’ilz ne considéreroient guières sans
24
cela.

25
Il y a un aultre inconvénient bien plus à craindre dont je vous ay cy-devant
26
touché quelque chose . On avoit cru jusqu’icy que la principale seureté de la
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paix qui doibt estre faicte dans l’Empire se rencontroit dans la résolution qui
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seroit prise de licentier de part et d’aultre toutes les troupes qui sont présen-
29
tement sus pied. La crainte du Turc oblige l’Empereur non seulement à
30
conserver les siennes, mais luy fournit un prétexte de retenir toutz les soldatz
31
allemandz qui sont aujourd’huy dans les armées de France, de Suède, de Ba-
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vière et de Madame la Lantgrave. Sy quand il sera maistre de toutes ces forces
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composées de gens sy agguerris il vient à s’accommoder avec le Grand Sei-
34
gneur comme il luy sera très facile, ces barbares n’estans pas d’humeur d’en-
35
treprendre là où n’y a rien à gagner, ou bien sy la conclusion de la paix géné-
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ralle que le Turc appréhende extrêmement est suivie de celle des Vénitiens
37
avec luy, l’Empereur se treuvera avoir en son pouvoir de très grandes forces
38
qu’il pourra tourner du costé qu’il vouldra, et surprendre celuy de ses voisins
39
qu’il aura intention d’attacquer, à quoy la France a plus d’intérest de prendre
40
garde qu’aulcun aultre puisqu’il ne faict aujourd’huy la paix avec elle que par

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1
contraincte et qu’il y a aparence qu’il conserve contre elle son animosité et un
2
très grand désir de vangeance.

3
Il y peult avoir deux remèdes: l’un de percister à secourir l’Empereur pour la
4
guerre du Turc (suivant ce qui est porté par le dernier mémoire du Roy )
5
d’hommes et non point d’argent, lesquelz pourront estre envoyez soubz un
6
chef fidelle, ou au roy de Pologne, ou du costé du Frioul pour faire croire que
7
ce sont forces entretenues par les Vénitiens; le second d’obliger la République
8
en donnant ce secours et luy tesmoignant que c’est pour l’amour d’elle qu’on
9
s’y engage, en cas qu’elle face la paix avec le Turc de se déclarer contre celuy
10
qui contreviendra au traicté faict dans l’Empire par son entremise, et joindre
11
ses forces à celuy qui se treuvera assailly. Il me semble que les Suédois font
12
grande refflection sur ce que dessus, et qu’ilz y chercheront quelques précau-
13
tions en concluant la paix, au moins est-il certain qu’ilz ne se dessaisiront qu’à
14
bonnes enseignes de leur armée en laquelle conciste toute leur force dans
15
l’Allemagne.

16
La 3 e considération est encor sur les affaires de l’Empire. Bien que l’Empereur
17
et le duc de Bavières se disposent à des conditions raisonnables pour la paix,
18
qu’ils ayent donné des réponses favorables sur tout ce qui regarde le public et
19
qu’on ayt desjà faict des offres très considérables aux Suédois pour leur satis-
20
faction particulière, ceux-cy ne semblent pas estre contens, et il m’a paru dans
21
mon voyage d’Oznabrug qu’ilz ont des desseins dont ilz ne s’expliquent pas
22
avec nous. L’asseurance qu’ilz ont d’avoir tous les protestans joinctz à eux sy
23
l’on continuoit la guerre, relève extrêmement leurs prétentions. Les Hessiens
24
qui nous déclarent tous les jours de ne pouvoir plus subsister, ne laissent pas
25
de faire soubs main des praticques pour empescher l’accommodement des
26
couronne[s], ce qui faict croire que l’intention des uns et des aultres pour peu
27
qu’ilz eussent encor de prospérité seroit d’exterminer tout à faict la religion
28
catholique en Allemagne, à quoy ils visent principalement quelque promesse
29
contraire qu’ils nous ayent faite par les traités d’alliance.

30
Il me semble que le baron d’Avaugour a plus agi pendant son voyage de la
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cour en officier suédois qu’en ministre de France ayant si vivement pressé la
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jonction de nostre armée avec celle de Suède pour entrer conjointement dans
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le Haut-Palatinat et ruyner le duc de Bavière, qui travaille si utilement pour
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nous et pour le public et contre lequel les Suédois augmentent leur haine
35
depuis qu’ils le voyent favorable aux intérests de la France. Il a esté très utile
36
d’en prendre la résolution, on a contenté les Suédois et épouvanté le duc de
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Bavière, lequel en ayant eu le vent a redoublé ses soins pour forcer l’Empereur
38
à donner satisfaction aux couronnes. Mais il seroit très périlleux et très prae-
39
judiciable selon mon sens d’exéquuter ce dessein dans la conjoncture prae-
40
sente. Si nous avions aydé aux Suédois à ruyner le duc de Bavière, il est très
41
asseuré qu’ils nous considéreroient fort peu dans l’Allemagne, n’ayant plus

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1
Saxe pour ennemy et pouvant joindre à eux le reste des protestants. Je sçay
2
certainement (et les Hessiens me l’ont confessé) qu’ils ont desjà discouru en-
3
tre eux des moyens de soutenir la guerre sans nous si on vouloit un peu aug-
4
menter le subside qu’on leur donne. Si l’armée de France est une fois jointe à
5
la leur, outre qu’elle sera contrainte de suivre tous leurs mouvements et de
6
travailler plustost pour leur utilité que pour la nostre, il sera malaisé qu’elle
7
s’en puisse jamais séparer. Le dessein des Suédois dans cette jonction a esté
8
autant contre nous que contre l’ennemy. Ils ne veullent pas que nous pre-
9
nions pied deçà le Rhin et néantmoins ils souhaittent que nous leur aydions à
10
suporter le faix de la guerre pendant l’hyver et que nous ne puissions plus
11
nous en éloigner pour faire rafraischir nos troupes delà le Rhin. D’ailleurs le
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corps de nos Vaymariens qu’ils croyent encore estre à eux les considère tous-
13
jours et deviendra plus insolent quand il aura leur appuy ou du moins asseu-
14
rance de retraite parmy eux. En un mot nostre armée n’estant pas si propre
15
aux fatigues que la leur et pouvant très difficilement demeurer en action une
16
année entière, peut-estre jugent-ils bien que ce sera un moyen de la ruyner et
17
après s’estre servis de nous pour détruire celle de Bavière ils n’auront pas
18
moins de joye de voir la nostre aussy détruite. Après tout cela je ne com-
19
prends pas quel praetexte honorable on peut prendre pour ne faire pas la paix
20
ny ce qu’on peut demander à l’Empereur par-dessus ce qu’il acorde, qui ne
21
soit praejudiciable au public et à la religion catholique. Tous nos traités d’al-
22
liance n’ont pour but que d’obtenir une paix honorable et seure, on nous
23
l’offre aujourd’huy, et par conséquent ce que nos alliés peuvent praetendre
24
au-delà est plus à craindre pour nous qu’à désirer. C’est pourquoy j’estime
25
qu’aussytost que nous serons asseurés de Brisac et que nous serons d’acord
26
avec les Impériaux sur les conditions qu’ils ont adjoustées à leur offre selon la
27
réponse qui nous sera faite de la cour, nous avons intérest de parler franche-
28
ment aux Suédois s’ils ne se veullent mettre à la raison, leur déclarer confi-
29
demment qu’on ne peut plus continuer la guerre ny fournir de l’argent à
30
cause que le royaume en est épuisé et leur faire adroitement comprendre que
31
l’on n’a jamais pris les armes que pour obtenir ce que les ennemis offrent,
32
dont nous estimons qu’un chacun doit estre content.

33
Après cela s’ils ne veullent pas consentir à la suspension générale je ne fais
34
point de doute que nous n’en devions promptement faire une particulière
35
avec Bavière, et que nous n’ayons plus de droit et de pouvoir de la conclurre
36
qu’ils n’en ont eu de faire celle de Saxe sans nous en avoir jamais communi-
37
qué les conditions. Nous n’en fairons pourtant pas de mesme de nostre costé,
38
nous prendrons leur advis auparavant, non pas pour le suivre s’il est contraire
39
au nostre, mais pour y mesnager honorablement leurs intérests qui seront à
40
couvert pourveu que la suspension s’entende aussy faite avec eux et avec les
41
Hessiens et qu’il ne soit pas permis aux Bavarois tandis qu’elle durera de don-
42
ner assistance à l’Empereur.

43
Je suis obligé de dire qu’en diverses conférences nous en avons fait ouverture
44
aux députés de Bavière qui ne nous ayant rien répondu font cognoistre que

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1
leur maistre voudroit bien n’estre pas réduit à prendre cette résolution qu’il
2
croid en quelque façon contraire à son honeur et à son devoir, capable de
3
ruyner tout à fait l’Empereur, et mesme de luy faire perdre la bonne disposi-
4
tion où il est pour conserver l’électorat dans sa maison. L’intention de Bavière
5
est selon sa coustume de se rendre considérable de part et d’autre sans venir
6
s’il est possible à aucune déclaration formelle qui soit praejudiciable au parti
7
qu’il a suivi jusqu’à praesent.

8
J’estime que sur les plaintes qu’il fait de nos praeparatifs et des desseins qu’on
9
a de l’attaquer on luy peut répondre que l’unique remède (si les Suédois refu-
10
sent la suspension générale comme je croy certainement qu’ils fairont) est
11
d’en faire une particulière avec luy, qui a esté offerte à ses ministres et qu’ils
12
n’ont pas acceptée. Car si dans les instances continuelles qu’il fait de cesser les
13
hostilités avec nous il entend demeurer en liberté d’assister l’Empereur contre
14
les Suédois, c’est une praetention qui ne peut réussir et qui donneroit subjet
15
s’il y persistoit de faire un mauvais jugement de ses intentions. En cela il
16
n’agiroit pas seulement contre nous mais contre luy-mesme, puisque s’il avoit
17
aydé à pousser les Suédois ou à les incommoder, l’Empereur qui ne l’ayme
18
pas trop et qui seroit poussé par les Espagnols deviendroit plus difficile aux
19
conditions de la paix, elle seroit par ce moyen différée pour longtemps, et
20
donneroit lieu à des révolutions d’affaires qui seroient très prejudiciables au
21
duc de Bavière en cas que pendant ces longueurs il vinst à mourir.

22
On luy peut bien faire valloir ce que j’ay fait pour luy au nom du Roy en mon
23
voyage d’Osnabruc. Je ne l’ay pas voulu tout communiquer à ses ministres de
24
crainte que ledit duc sçachant que son affaire est presque asseurée n’ayt pas
25
tant de chaleur à l’avenir pour les intérests de la France, mais y ayant apa-
26
rence que la difficulté de Brisac aura esté surmontée lorsque cette dépesche
27
sera praesentée à son Eminence, elle pourra faire sçavoir audit duc que sur les
28
instances de celluy de nous qui a esté le dernier à Osnabruc les Suédois sont
29
demeurés d’acord qu’il faut venir à un acomodement de l’affaire palatine
30
quoyqu’ils eussent demandé jusqu’icy l’entier restablissement du Palatin en
31
ses Estats et dignités. Ils ont mesme avoué que leurs derniers ordres de Suède
32
les obligent à cela. On y peut adjouster que la résolution en a esté prise sur les
33
poursuites qu’en ont fait les ministres du Roy depuis l’envoy du sieur de
34
Saint-Romain, car monsieur Oxestern non seulement m’a parlé de la sorte,
35
mais n’a pas rejeté l’expédient que je luy ay proposé de laisser le premier
36
électorat à Bavière en créant un huitiesme pour le Palatin et luy rendant tout
37
le Bas-Palatinat. A la vérité il m’a répondu que moyennant cela Bavière ne
38
devoit pas faire difficulté de rendre quelque partie du Haut-Palatinat, puisque
39
son député qui est à Osnabruc s’estoit tousjours laissé entendre que son mais-
40
tre viendroit de bon cœur à une composition raisonable lorsque ses cousins
41
les Palatins y viendroient de leur costé et s’adresseroient à luy.

42
Ce qui est estrange est que le duc de Bavière par son adresse et par sa fermeté
43
veut plus profiter de cette guerre se treuvant dans le parti malheureux que ne
44
fairont ceux qui ont eu la fortune favorable. Il employe librement ses persua-

[p. 880] [scan. 210]


1
sions pour disposer les vainqueurs à se relascher de leurs demandes, mais
2
nous n’avons pas encor veu qu’il ayt offert pour le bien de la paix qui luy est
3
si nécessaire de retrancher la moindre partie des siennes.

4
Je voy par le dernier mémoire du Roy

36
[Nr. 232] , vorletzter Absatz.
qu’on voudroit bien que l’armée de Sa
5
Majesté passast deçà le Rhin en cas qu’on fasse une suspension générale, mais
6
si les Suédois n’y veullent pas consentir je ne sçay pas si cette condition
7
pourra estre retenue dans celle qu’on veut faire en particulier avec Bavière, car
8
le principal soin qu’il a tousjours eu a esté de conserver ses quartiers dont il
9
perdra une partie si nous repassons au deçà [du] Rhin. J’avois estimé que la
10
suspension estant bien asseurée avec luy, l’armée du Roy agiroit plus utile-
11
ment si on la faisoit passer dans les Pays-Bas où elle pourroit donner un coup
12
mortel à la Flandre. Ce seroit une résolution presque nécessaire si les Hollan-
13
dois de leur costé ne font rien de considérable, aussy est-ce la plus grande
14
apréhension des Espagnols et ce qui leur fait tant faire de diligences icy et à
15
Vienne pour empescher la conclusion de la paix de l’Empyre ny d’aucune
16
suspension jusqu’à ce que leur traité soit fait. Je croy mesme que si cette ar-
17
mée ne pouvoit pas entrer dans la Flandre cette campagne elle pourroit estre
18
employée à ranger les Liégeois dans leur devoir

37
Im Laufe der Auseinandersetzungen zwischen der Stadt Lüttich und ihrem Landesfürsten, die
38
vom frz.-habsburgischen Gegensatz geprägt wurden, war 1637 der Anführer der profranzösi-
39
schen Partei in Lüttich ermordet worden. Zahlreiche Anhänger Frks waren verurteilt worden
40
oder ins Exil geflüchtet. Die Gewährung seiner Protektion zur Aufrechterhaltung der Neu-
41
tralität in Lüttich machte Frk nun davon abhängig, daß zuvor seine Anhänger restituiert
42
würden und allen Emigranten die Rückkehr gestattet würde ( Daris S. 138–239; Foerster
43
S. 380–387).
en les obligeant de restablir
19
ceux qu’ils ont cy-devant exilés pour avoir servi la France. C’est un point où
20
la réputation de la couronne demeureroit extrêmement engagée si on le lais-
21
soit en arrière par le traité de paix, et je ne voy pas comment nous pourrions
22
honorablement consentir à la neutralité de la ville de Liège ny mesme qu’elle
23
fust comprise dans la paix si elle ne donne auparavant entière satisfaction à Sa
24
Majesté sur ce subjet. Il ne seroit pas juste qu’au mesme temps que nous pour-
25
voyons si bien à l’utile contre l’Espagne nous abandonnassions l’honorable
26
contre une simple ville.

27
La quatriesme considération est sur les affaires d’Espagne. Il est comme im-
28
possible que ce que l’on traite icy avec les ministres du roy catholique ne soit
29
bientost sceu quelque secret qu’on y garde et que l’estant il ne cause quelque
30
grand changement dans la Cataloigne. Il seroit très utile de convenir praesen-
31
tement et promptement avec eux de la récompense qu’ils voudroient donner
32
pour la restitution de cette province qu’ils ont tant à cœur. Il me semble que
33
s’ils se disposoient à remettre au Roy en eschange Cambray et le Cambrésis
34
nous ne devrions point avoir de regret de quitter un pays que nous ne sçau-
35
rions conserver longtemps pour en recouvrer un qui est si fort à nostre bien-

[p. 881] [scan. 211]


1
séance et qu’on ne nous sçauroit jamais oster. Encor qu’il ne soit pas de si
2
grande estendue que l’autre il est sans comparaison plus utile et plus impor-
3
tant à la France et rend nostre frontière inexpugnable de ce costé-là, ce qui
4
acquiert une grande seurté à la ville de Paris. Si Son Eminence aprouve cette
5
proposition, il seroit à propos de nous faire sçavoir au plus tost les voluntés
6
de la Reyne. Je croy certainement que dans l’apréhension où sont les Espa-
7
gnols de la prochaine campagne nous tirerons plus d’eux que si nous la lais-
8
sons arriver, la pluspart des choses paroissant ordinairement plus grandes
9
dans l’imagination qu’elles ne se treuvent en effect. S’ils sont une fois asseurés
10
que les Hollandois ne fairont rien cette année comm’il y a tousjours subjet de
11
le craindre, ils reprendront courage et leur première fermeté, principalement
12
s’ils voyent tant soit peu de jour à les séparer de nous ou du moins à se servir
13
de leur entremise pour nous obliger à nous relascher de nos demandes, aus-
14
quelles nous sçavons que ceux-cy ne sont pas trop favorables dans leur
15
âme.

16
Il me semble qu’en asseurant au Roy le comté de Roussillon avec Rozes et
17
celluy d’Artois avec Graveline, Bourbourg et Thionville que je tiens une des
18
plus importantes places de toute nostre conqueste, aujourd’huy que nous de-
19
vons retenir l’Alsace, les éveschés et la Lorraine, nous pourrions restituer sans
20
regret Landrecy, Damvillers et les autres places de la Flandre que nous avons
21
fortifiées sur la rivière du Lys, avec celles que nous tenons dans la Franche-
22
Comté, pourveu qu’on nous donne Aire et Saint-Omer en eschange. On
23
pourroit céder ce faisant les droits que nos roys ont sur Dunquerque pour la
24
cession de ceux que l’Espagne a sur Gravelingne, et recevoir Cambray et le
25
Cambrésis pour la Cataloigne laquelle seroit praesentement rendue, moyen-
26
nant qu’on fist en mesme temps une trêve pour le Portugal. Il paroist desjà
27
quelque disposition à l’obtenir pour autant de temps que durera la guerre du
28
Turc. Si l’on peut, il faut l’avoir aussy longue que celle des Hollandois, mais à
29
toute extrémité ce ne seroit pas mal sortir de cette guerre que d’avoir asseuré
30
la conqueste de deux beaux comtés, de Graveline, de Bourbourg et de Thion-
31
ville, obtenu tout le Cambrésis et procuré un asseuré repos pour quelques
32
années au roy de Portugal, outre ce que nous adjousterons au royaume du
33
costé de l’Allemagne, qui n’est pas moins considérable puisque l’acquisition
34
de l’Alsace, de la Lorraine et des trois éveschés qu’on asseurera en la meilleure
35
forme qui se pourra est encore plus grande et plus importante que celle qu’on
36
fait sur l’Espagne. Je veux bien croire qu’on pourroit obtenir quelque chose
37
de plus si on vouloit s’obstiner et hazarder jusqu’au bout, pourveu qu’on fust
38
asseuré de la fidélité des alliés et de la sagesse de tous les François, mais
39
comme les affaires du monde sont subjètes à de grands changements, la pru-
40
dence ne doit pas permetre quand nous serons venus à bout de nos intentions
41
sur les principaux points que nous avons intérest de praetendre, de laisser
42
longtemps toutes choses en incertidude pour avoir un peu davantage.

43
La cinquiesme considération est sur les affaires d’Italie. Je ne voy pas une
44
entière seurté pour Casal dans l’expédient qui nous est praescrit par nos ins-

[p. 882] [scan. 212]


1
tructions

37
Die Hauptinstruktion vom 30. IX. 1643 sah entweder eine frz. Garnison bis zur unabhängi-
38
gen Regierung Karls III. von Mantua oder eine Garnison aus Schweizern und Venezianern
39
vor ( APW [I 1 S. 79–85] ).
. Quand il y aura des Suisses, il sera bien malaisé qu’on puisse exiger
2
d’eux un serment qui empesche le souverain de disposer au moins dans quel-
3
que temps de sa place et mesme d’en traiter avec les Espagnols ou par un
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mariage ou par un eschange. Il n’y a qu’un fils et une fille dans la maison de
5
Mantoue, dont le fils est très débile et malsain. Je sçay que le duc de Guas-
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talle

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It. Hgt., zu Mantua gehörig. Hg. Caesar II. (1592–1632) hatte seine Prätentionen auf Man-
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tua nicht verwirklichen können ( Coniglio S. 490).
pour cette raison ne veut point accepter la partie qu’on luy praesente
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pour son fils aisné

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Ferdinand III. (1618–1678), Hg. von Guastalla; er vermählte sich 1647 mit Margherita
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d’Este ( Coniglio S. 490f; Isenburg II T 129).
, attendant ce que deviendra le petit prince de Mantoue
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pour pouvoir en cas qu’il vinst à mourir marier son fils avec la sœur unique
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dudit prince qui seroit héritière du Montferrat et de tous les biens allodiaux
10
du Mantouan. Si cela arrivoit, on sçait bien que Guastalle est tout à fait atta-
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ché avec l’Espagne. D’ailleurs qui peut empescher ou que l’eschange du Cré-
12
monois

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Landschaft im Hgt. Mailand.
dont il a esté tant parlé ne se fasse enfin ou que le roy d’Espagne ne
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songe à cette princesse pour son fils ou pour luy-mesme, la maison d’Autriche
14
ayant esté soigneuse de tout temps de rechercher les mariages qui luy peuvent
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aporter quelque agrandissement. Les expédients proposés par nos instruc-
16
tions pour la seurté de Casal seroient assez bons s’ils pouvoient estre
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conjoints, c’est-à-dire qu’en y mettant une garnison de Suisses dépendants du
18
Roy et payés par Sa Majesté on peût en mesme temps marier le duc de Man-
19
toue en France et sa sœur avec le duc de Savoye; encor y auroit-il tousjours
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quelque chose à craindre. Mais puisque d’un costé monsieur le duc d’Orléans
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a tant d’aversion contre cette alliance et que de l’autre la duchesse de Mantoue
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en a une si grande contre le mariage de Savoye avec sa fille, il me semble qu’il
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ne seroit pas hors de propos pour éblouyr la maison de Mantoue et dissiper
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pour un coup toutes les cabales du parti contraire, de proposer le mariage du
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Roy avec la jeune princesse de Mantoue. Ell’est d’aussy bonne maison que la
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feu rcyne mère

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Maria de’ Medici (1573–1642), Gemahlin Heinrichs IV. und Regentin nach seinem Tod.
et beaucoup plus proche à succéder dans un Estat considéra-
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ble à la France. On pourroit convenir par les conditions qu’elle fust praesen-
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tement conduite en France pour y estre élevée près de la Reyne. En attendant
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que le Roy soit en aage de consommer le mariage, il arrivera peut-estre des
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changements ou qui rendront ce mariage fort avantageux à la France comme
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si le frère venoit à mourir ou qui fourniront des praetextes de ne s’y tenir pas,
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soit que le Roy y ayt répugnance quand il sera en aage de dire son advis, soit
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que la rencontre des affaires fasse praesenter quelque parti plus sortable pour
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Sa Majesté et utile pour son Estat en cas que le duc de Montoue vinst à se
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marier et avoir des enfants. En ce cas il ne seroit pas malaisé de se servir du
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peu d’inclination que le Roy auroit pour cette princesse pour la renvoyer ho-

[p. 883] [scan. 213]


1
norablement comm’on fist autrefois la fille de l’empereur Maximilian

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Margaretha von Österreich (1480–1530), Tochter Maximilians I.; im Alter von drei Jahren
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wurde sie an den frz. Hof geschickt, wo sie erzogen und Gemahlin des späteren Kg.s Karl VIII.
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von Frk werden sollte. Nach dessen Heirat mit Anne, Hg.in der Bretagne, wurde sie als
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13jährige an den Wiener Hof zurückgesandt ( ADB XX S. 323f. ).
qui
2
avoit esté acordée avec le roy Charles VIII et qui estoit bien de meilleure
3
maison. Ell’avoit esté longtemps nourrie en France, on ne laissa pas de la
4
ramener chez ses parents pour faire espouser audit roy l’héritière de Breta-
5
gne

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Anne (1477–1514), 1488 Hg.in der Bretagne; sie war bereits per Prokuration mit Maximilian
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I. verheiratet gewesen, als sie 1491 die Gemahlin Kg. Karls VIII. von Frk wurde und der frz.
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Krone als Mitgift die Bretagne einbrachte ( DBF II Sp. 1326–1331).
. Je ne voy pas pourquoy on ne pourroit pas faire la mesme chose en ce
6
temps-là si le service du Roy et le bien du royaume le requéroit, on pourroit
7
mesme alors disposer de cette princesse en faveur du duc de Savoye ou de
8
quelque autre prince qu’on voudroit favoriser. Il me semble que cela rom-
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proit toutes les mesures des Espagnols et nous donneroit un droit et un inté-
10
rest encore plus légitime que nous n’avons aujourd’huy de pourvoir à l’entière
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seurté de Casal, à cause de l’expectative que nous aurions sur le Monferrat
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tandis que le duc de Mantoue ne seroit point marié ou n’auroit point d’en-
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fants.

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Soit que l’on apreuve cette proposition ou que l’on en fasse quelqu’autre meil-
15
leure, si nous concluons bientost la paix avec l’Espagne, il ne paroist pas que
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les affaires d’Italie soient en estat d’estre terminées définitivement. Je croy que
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pour avoir le temps de pourvoir suffisemment à toutes choses il suffira prae-
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sentement ou de faire une trêve dans l’Italie, ou bien si ell’est rejetée par les
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Espagnols qui disent desjà qu’il faut faire la paix partout ou la trêve partout,
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on pourra faire aussy la paix en Italie à condition de rendre tout de part et
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d’autre (hors Pignerol dont on ne parle plus). La promesse en sera faite solen-
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nellement par le traité et néantmoins on conviendra en attendant qu’on ayt
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acomodé les différends de Savoye et de Mantoue et concerté l’Estat auquel
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Casal devra demeurer pour tousjours, que la France le retienne en dépost
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pour quelques années avec les places du Piémont nécessaires pour y aller,
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moyennant quoy pour contenter les Espagnols on pourra consentir que Ver-
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ceil demeure entre leurs mains pour le mesme temps. Si cest expédient pou-
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voit réussir, il nous serviroit merveilleusement pour tenir en bride ces deux
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princesses dont nous avons subjet d’apréhender l’humeur. Elles n’auroient
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pourtant pas grande ocasion de se plaindre puisque la restitution de leurs
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places seroit promise et stipulée par le traité de paix. Il paroistroit que l’on ne
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vient à cette convention qu’affin que les affaires d’Italie ne retardent pas plus
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longtemps la conclusion de la paix générale et que l’on ayt loysir de s’acorder
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sur les moyens d’asseurer Casal et d’accomoder les différends de Savoye et de
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Mantoue sur l’exéquution du traité de Quérasque. La considération d’avancer
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la paix par ce moyen y rendra les médiateurs favorables pourveu que l’affaire
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soit mesnagée avec adresse, qu’on y vienne par degrés et qu’on ne se découvre

[p. 884] [scan. 214]


1
pas de l’intention secrète qu’on a pour le mariage de la princesse de Mantoue
2
jusqu’à ce que le traité général soit signé et exéquuté.

3
Je ne praevoy dans cette proposition qu’un seul inconvénient, qui est que si
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ladite princesse estant promise au Roy devenoit maistresse du Monferrat les
5
Espagnols auroient entre les mains une place d’un prince allié de la France
6
qu’ils fairoient difficulté de rendre lorsqu’ils nous verroient maistres de Casal
7
par le mariage de la princesse à laquelle tout le Monferat seroit escheu. Mais
8
comme cette difficulté seroit mal fundée, le pis qui nous pourroit arriver se-
9
roit de revenir aux armes avec eux pour une cause très juste en laquelle tous
10
les princes d’Italie qui seront garends du traité seroient obligés de se joindre à
11
la France.

12
Je demande pardon à Son Eminence de tant d’imaginations creuses dont je
13
prends la liberté de l’entretenir. Je pourrois bien les examiner mieux et les
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mettre en meilleur ordre, mais je croy de rendre plus de respect à Son Emi-
15
nence lorsque je luy découvre naïfvement toutes mes pensées de les soubme-
16
tre à sa prudente censure que si je les faisois passer par la mienne propre qui
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ne peut pas estre esclairée de ces grandes et belles lumières que Dieu a don-
18
nées à Son Eminence si abundemment.

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