Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
155. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 März 8
Paris 1646 März 8
Kopien: AE , CP All. 64 fol. 57–58 = Druckvorlage; AE , CP All. 75 fol. 367–367’. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 59 fol. 355–356. Überbracht durch Coiffier. Druck: Mém. et Nég. II
S. 33–36; Nég. secr. III S. 112–113; Gärtner VIII S. 454–457. Regest: Mazarin , Lettres II
S. 727–728.
Positive Reaktion des Prinzen von Oranien auf den Tauschgedanken s. Beilage 1. Spanisches
Angebot an Frankreich: Darstellung der Spanier den Holländern gegenüber s. Beilage 2.
Depuis nos despêches toutes achevées le courrier de Holande est arrivé qui
m’a rendu une lettre du sieur d’Estrades du 26 e de febvrier laquelle m’ infor-
mant de ce qui s’estoit passé en la première conférence qu’il a eue avec mon-
sieur le prince d’Orange fait voir que je ne m’estois pas trompé quand je
jugeay que ledit sieur prince souhaitteroit pour le moins avec autant de pas-
sion que nous l’eschange de la Catalogne avec les Pays-Bas. Je vous envoye
Messieurs la copie de la lettre mesme dudit d’Estrades qui vous fera toucher
au doigt cette vérité; et comme en des affaires de cette nature avoir gaigné
l’esprit de ce prince c’est en quelque sorte tenir la volonté des Estatz puis-
qu ’outre le crédit qu’il a près d’eux il a tant d’autres moiens de parvenir par
adresse aux fins qu’il veut, j’ose dire que le point qui me paroissoit quasi le
plus difficile en cette affaire est desjà surmonté puisque vous remarquerés
bien par laditte lettre que les seules choses où il a formé des obstacles en ce
qui regarde les Estatz ont esté touchant Anvers, et la cession des droitz des
Espagnolz ratifiée par la France. De façon que comme l’on avoit desjà préveu
et remédié à l’un et à l’autre il semble qu’il ne nous reste qu’à bien espérer de
ce costé-là.
Pour les Espagnolz qui y ont le principal intérest, outre qu’il y a grande ap-
parence que le nonce et Contareni n’en auroient pas si souvent parlé en l’air
et sans avoir pénétré quelque chose de leur intention, je ne fais nulle doute
que quant ilz n’y auroient jamais eu de disposition, l’estat de leurs affaires ne
leur conseillast d’embrasser plustost que de n’avoir pas la paix des conditions
qu’ils creussent encores bien plus désavantageuses.
Vous verrez par laditte lettre comme monsieur le prince d’Orange a exigé
dudit d’Estrades que l’on ne sceust point à Munster qu’il eust aucune
connoissance de cette affaire, il ne couste rien de le contenter en cella et de ne
tesmoigner à qui que ce soit que vous autres Messieurs sachiés qu’il en soit
informé. Mais je tiens qu’au mesme temps que ledit d’Estrades s’y est engagé
envers luy il n’aura pas manqué de vous escrire en toute confidence à son
insceu suivant l’ordre qu’il en eut à son départ d’icy et la recharge que je luy
en ay faitte depuis .
Il me semble Messieurs que la lettre dudit sieur d’Estrades nous doit resjouir
extrêmement dans la matière qu’elle nous fournit d’augmenter noz espérances
pour la bonne issue du parti de l’eschange; pour le moins nous aurons bien-
tost un libre pouvoir de traitter cette affaire sans crainte que les Estatz s’en
formalisent, qui estoit ce qui nous gehennoit le plus, quoyqu’à la vérité l’ es-
gard des Catalans nous obligera tousjours de nous y conduire avec grande
circonspection et grand secret.
Si j’apprens quelque chose sur cecy du costé de La Haie, ou si j’ay quelque
nouvelle connoissance que je juge importante à l’acheminement de l’affaire, je
ne manqueray pas de vous despêcher courrier sur courrier pour vous en ad-
vertir et vous donner lieu de vous en prévaloir.
Après avoir escrit jusques icy monsieur le comte de Brienne m’envoie une
lettre du sieur d’Estrades dont je vous adresse aussy la copie. L’artifice des
Espagnolz y paroist bien clair, puisqu’ils n’ont pas de honte d’avoir fait dire à
Messieurs les Estatz qu’ils ont remis absolument à la Reine la décision de
toutes les affaires et mesmes des différens qu’ils ont avec lesditz Sieurs Estatz
quoyqu’ils n’aient fait ny l’un ny l’autre; mais le disant il faut qu’ils aient eu la
visée de faire appréhender aux Estatz que la Reine décidant sur tout ils seront
contraintz à passer par ce que la France voudra, laquelle ne songera qu’à se
procurer des avantages à leurs despens de concert avec l’Espagne. Cependant
cella alarme toute la Holande et je suis bien en peine de la résolution que le
prince d’Orange a faitte là-dessus de renvoier ledit sieur d’Estrades, bien qu’ a-
près tout je croy qu’estant bien asseuré de nostre franchise il ne permettra pas
que de pareilles malices produisent aucun mauvais effet, lequel après tout se-
roit préjudiciable aux uns et aux autres et seulement avantageux aux enne-
mis .
1 D’Estrades an Mazarin, Den Haag 1646 Februar 26, Kopie [fehlt]. Ausfertigung: AE , CP
Holl. 36 fol. 69–71’ :
Monsieur le prince d’Orange aprouve fort |:que l’on tasche d’entrer
en négotiation avec les Espagnolz d’avoir les Pays-Bas pour la Catalogne:|. Il ne peust
s’en mesler n’ayant point de personne à qui il osast confier un tel secret, mais il croist
|:que Vostre Eminance est le seul:| qui peust mener à bonne fin ce tretté, et puis en faire
|:l’exécution à Munster comme s’il avoit esté traicté audit lieu:|. Il n’a pas désiré que j’aye
escrit |:à monsieur le duc de Longueville que j’aye eu ordre de luy en parler:|, parce que
il suplie Vostre Eminance |:vue les espritz à qui il a à faire qu’il ne paroisse pas qu’il en
aye eu aucune cognoissance. Il a jugé à propos pour eschauffer davantage les Espagnolz à
exécuter cette proposition de faire sçavoir à Castel Rodrigo par un marchand d’Anvers
qui luy est affidé :| qu’il ne faut pas que les Espagnols s’attandent que la France et cest
Estat se séparent jamais d’intérêts; qu’il devroit songer à proposer des conditions raisona-
bles qui se peussent accepter de part et d’auttre, affin d’empêscher leur ruinne totalle, que
vraysemblablement ils ne peuvent esvitter, le Roy et Messieurs les Estats attaquant la
Flandres avec vig[u]eur, des deux costés, comme ils ont intention de le faire.
Son Altesse a fort gousté les raisons que je luy ay alléguées, portées par le mémoire de
Vostre Eminance, pour faire voir que tout l’avantage |:de cet eschange est plus pour les
Espagnolz et Messieurs les Estatz que pour la France:| et quoyqu’il conviene que touttes
ses raisons sont très fortes, il m’a dit qu’il croyoit que Messieurs les Estats ne pourroi[en]t
jamais conssantir |:à tous ces advantages se voyans privez d’Anvers:| et qu’il en pourroit
arriver beaucoup d’inconvéniants |:en ce que Messieurs les Estatz pour empescher que le
commerce de la mer n’allast dans cette ville feroient beaucoup de choses qui choqueroient
la France, et qui pourroient troubler la bonne intelligence qu’il souhaicte debvoir estre
entre la France et Messieurs les Estatz:|. Je le lessé parler longtemps sur ce sujet, m’ allé-
guant plusieurs raisons comme |:cette place ne peut estre dans son lustre qu’entre les
mains de Messieurs les Estatz à cause du commerce:|. Je luy répliqué |:qu’Anvers estoit
de telle importance dans le Pays-Bas:| qu’asseurémant la Reyne, et Vostre Eminance, ne
consantiroit jamais de l’en séparer, et estant demeuré ferme là-dessus, il me demanda si je
croyois que Vostre Eminance à sa prière et à sa considération obtient de la Reyne qu’elle
conssantist |:à un eschange de Maestric avec Anvers:|. Je luy répondis |:que l’eschange
estoit si inesgal:| que je ne l’oserois pas proposer, mais que je le pouvois bien asseurer que
Vostre Eminance avoit une telle tandresse et defférance pour les choses qu’il désiroit qu’il
faudroit bien qu’elles feussent difficiles s’il n’en venoit à bout auprès de Vostre Eminance;
mais que j’estois obligé de luy dire mon santimant, que je trouvois ceste proposition im-
possible |:veu l’inesgalité des places:|. Il me dit ensuitte qu’en cas |:que ce traicté réussist
si Vostre Eminance ne fairoit pas en sorte que le roy d’Espagne cédast à Messieurs les
Estatz tous les droictz et les prétentions qu’il peut avoir sur leurs provinces, et si la France
entrant en leur place ne ratiffieroit pas cette cession avec toutes les formes que Messieurs
les Estatz sçauroient désirer:|. Quoyque dans mon instruction je puisse accorder cest
article, néantmoins, j’ay creu le devoir randre difficille, affin que se faisant en la forme que
Son Altesse désire, il en eust plus d’obliguation à Vostre Eminance, et luy respondis que je
n’avois point d’ordre là-dessus, mais que je le pouvois asseurer par avance, que lorsqu’il
fairoit cognoistre à Vostre Eminance ses intantions, qu’elle avoit tant d’amitié pour sa
personne, qu’asseurémant elle ménageroit les interêts de Messieurs les Estats en sorte,
qu’il paroistra, qu’ils n’auroi[en]t jamais obtenu d’eus-mesmes de Vostre Eminance ce
qu’elle leur accordera à sa prière.
Il ne se peust rien adjouster à la satisfaction qu’il a receu de voir la confiance que Vostre
Eminance a en luy. Il m’a demandé deus jours pour songer encore mieus à tout ce que je
luy ay dit avant de me déclarer ses derniers santimants. J’ay creu par avance estre obligé de
faire sçavoir à Vostre Eminance ce qui s’est passé dans la première conférance que j’ay eue
avec Son Altesse. Je verrai demain madame la princesse d’Orange. Ankunft Pauws und
Knuyts aus Münster. L’ons ne sçaura que demain le sujet de leur voyage. |:Monsieur le
prince d’Orange a fort approuvé le prétexte du mien:| et m’a commandé de voir les prin-
cipaus de la province de Hollande, et leur dire en conversation que j’estois venu pour
concerter les desseins de la campagne. Ceste province continue tousjours à traverser mon-
sieur le prince d’Orange en tout ce qu’elle peust. J’ay suivi l’ordre que Vostre Eminance
me donna l’année passée de luy escrire une lettre séparée.
en négotiation avec les Espagnolz d’avoir les Pays-Bas pour la Catalogne:|. Il ne peust
s’en mesler n’ayant point de personne à qui il osast confier un tel secret, mais il croist
|:que Vostre Eminance est le seul:| qui peust mener à bonne fin ce tretté, et puis en faire
|:l’exécution à Munster comme s’il avoit esté traicté audit lieu:|. Il n’a pas désiré que j’aye
escrit |:à monsieur le duc de Longueville que j’aye eu ordre de luy en parler:|, parce que
il suplie Vostre Eminance |:vue les espritz à qui il a à faire qu’il ne paroisse pas qu’il en
aye eu aucune cognoissance. Il a jugé à propos pour eschauffer davantage les Espagnolz à
exécuter cette proposition de faire sçavoir à Castel Rodrigo par un marchand d’Anvers
qui luy est affidé :| qu’il ne faut pas que les Espagnols s’attandent que la France et cest
Estat se séparent jamais d’intérêts; qu’il devroit songer à proposer des conditions raisona-
bles qui se peussent accepter de part et d’auttre, affin d’empêscher leur ruinne totalle, que
vraysemblablement ils ne peuvent esvitter, le Roy et Messieurs les Estats attaquant la
Flandres avec vig[u]eur, des deux costés, comme ils ont intention de le faire.
Son Altesse a fort gousté les raisons que je luy ay alléguées, portées par le mémoire de
Vostre Eminance, pour faire voir que tout l’avantage |:de cet eschange est plus pour les
Espagnolz et Messieurs les Estatz que pour la France:| et quoyqu’il conviene que touttes
ses raisons sont très fortes, il m’a dit qu’il croyoit que Messieurs les Estats ne pourroi[en]t
jamais conssantir |:à tous ces advantages se voyans privez d’Anvers:| et qu’il en pourroit
arriver beaucoup d’inconvéniants |:en ce que Messieurs les Estatz pour empescher que le
commerce de la mer n’allast dans cette ville feroient beaucoup de choses qui choqueroient
la France, et qui pourroient troubler la bonne intelligence qu’il souhaicte debvoir estre
entre la France et Messieurs les Estatz:|. Je le lessé parler longtemps sur ce sujet, m’ allé-
guant plusieurs raisons comme |:cette place ne peut estre dans son lustre qu’entre les
mains de Messieurs les Estatz à cause du commerce:|. Je luy répliqué |:qu’Anvers estoit
de telle importance dans le Pays-Bas:| qu’asseurémant la Reyne, et Vostre Eminance, ne
consantiroit jamais de l’en séparer, et estant demeuré ferme là-dessus, il me demanda si je
croyois que Vostre Eminance à sa prière et à sa considération obtient de la Reyne qu’elle
conssantist |:à un eschange de Maestric avec Anvers:|. Je luy répondis |:que l’eschange
estoit si inesgal:| que je ne l’oserois pas proposer, mais que je le pouvois bien asseurer que
Vostre Eminance avoit une telle tandresse et defférance pour les choses qu’il désiroit qu’il
faudroit bien qu’elles feussent difficiles s’il n’en venoit à bout auprès de Vostre Eminance;
mais que j’estois obligé de luy dire mon santimant, que je trouvois ceste proposition im-
possible |:veu l’inesgalité des places:|. Il me dit ensuitte qu’en cas |:que ce traicté réussist
si Vostre Eminance ne fairoit pas en sorte que le roy d’Espagne cédast à Messieurs les
Estatz tous les droictz et les prétentions qu’il peut avoir sur leurs provinces, et si la France
entrant en leur place ne ratiffieroit pas cette cession avec toutes les formes que Messieurs
les Estatz sçauroient désirer:|. Quoyque dans mon instruction je puisse accorder cest
article, néantmoins, j’ay creu le devoir randre difficille, affin que se faisant en la forme que
Son Altesse désire, il en eust plus d’obliguation à Vostre Eminance, et luy respondis que je
n’avois point d’ordre là-dessus, mais que je le pouvois asseurer par avance, que lorsqu’il
fairoit cognoistre à Vostre Eminance ses intantions, qu’elle avoit tant d’amitié pour sa
personne, qu’asseurémant elle ménageroit les interêts de Messieurs les Estats en sorte,
qu’il paroistra, qu’ils n’auroi[en]t jamais obtenu d’eus-mesmes de Vostre Eminance ce
qu’elle leur accordera à sa prière.
Il ne se peust rien adjouster à la satisfaction qu’il a receu de voir la confiance que Vostre
Eminance a en luy. Il m’a demandé deus jours pour songer encore mieus à tout ce que je
luy ay dit avant de me déclarer ses derniers santimants. J’ay creu par avance estre obligé de
faire sçavoir à Vostre Eminance ce qui s’est passé dans la première conférance que j’ay eue
avec Son Altesse. Je verrai demain madame la princesse d’Orange. Ankunft Pauws und
Knuyts aus Münster. L’ons ne sçaura que demain le sujet de leur voyage. |:Monsieur le
prince d’Orange a fort approuvé le prétexte du mien:| et m’a commandé de voir les prin-
cipaus de la province de Hollande, et leur dire en conversation que j’estois venu pour
concerter les desseins de la campagne. Ceste province continue tousjours à traverser mon-
sieur le prince d’Orange en tout ce qu’elle peust. J’ay suivi l’ordre que Vostre Eminance
me donna l’année passée de luy escrire une lettre séparée.
2 D’Estrades an Mazarin, Den Haag 1646 Februar 27, Kopie: AE , CP All. 59 fol. 354 : Der
Prinz von Oranien hat mir mitgeteilt, Pauw und Knuyt seien gekommen, pour advertir Mes-
sieurs les Estatz que messieurs les plénipotentiaires de France leur avoient déclaré que le
roy d’Espagne remettoit entièrement entre les mains de la Reyne l’ajustement de la paix,
comme aussy celuy des différends qui sont entre Messieurs les Estats et ledict roy d’ Espa-
gne et que cela leur a esté confirmé par les médiateurs et les plénipotentiaires d’Espagne
mesme. Er zeigte sich etwas überrascht de cette prompte déclaration si publique und drückte
den Wunsch nach meiner baldigen Rückkehr aus, um Eure Eminenz über Verschiedenes, seine
Interessen und seine Stellung betreffend, zu informieren. Ich solle weiterhin die Vereinbarung
der Feldzugspläne als einzigen Zweck meines Kommens ausgeben.