Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
120. d’Avaux an Longueville und Servien Osnabrück 1646 Februar 16
Osnabrück 1646 Februar 16
Duplikat für Brienne: Ass. Nat. 275 fol. 117–122’, 109–114 = Druckvorlage; Eingang in Paris
nach Dorsal fol. 114’: 1646 März 7
S. [nr. 114 Anm. 1] .
Kopie: AE , CP All. 75 fol. 233–237’. Reinkonzept, von d’Avaux unterzeichnet: AE , CP All.
63 fol. 415–421’. Druck, mit nr. 137 zusammengefaßt als: Relation de ce qui s’est passé
au voiage de Monsieur d’Avaux à Osnabrug, datiert: 1646 Februar 24: Mém. et Nég. I
S. 298–328; Nég. secr. III S. 84–91.
12. Februar: Ankunft in Osnabrück. 1. Konferenz mit Oxenstierna und Salvius. Argumente
der Franzosen gegen den von den Ständen beabsichtigten Modus consultandi; prinzipielle Zu-
stimmung der Schweden; Einwände Oxenstiernas; geringe Friedensneigung der Schweden.
13. Februar: 2. Konferenz. Widerspenstigkeit der Schweden; Ablehnung einer Waffenruhe; Be-
schwerde der Franzosen über die schwedischen Verstöße gegen das Bündnis und die Vereinbarun-
gen mit Oxenstierna; Diskussion über den Modus consultandi. 14. Februar: 3. Konferenz. Einlen-
ken der Schweden; Vorschläge zur Beilegung der Differenzen; Versprechen, auf die Stände im
gewünschten Sinne einzuwirken; Unterredung Trauttmansdorff-Salvius s. mündlicher Bericht.
15. Februar: 4. Konferenz. Entgegenkommen der Stände in der Frage der Deputation; ihre Wei-
gerung, die Reihenfolge der Beratungen zu ändern. 16. Februar: Gespräche d’Avaux’ mit Vertre-
tern der Stände; deren Rechtfertigungen und Beteuerungen. Beschlüsse der Stände vom 14. und
15. Februar betr. Paß für Lothringen, eventuelle Trennung der Verhandlungen über spanische
und Reichsinteressen, Wahl des römischen Königs. Haltung Trauttmansdorffs und der Stände in
der Satisfaktionsfrage.
J’arrivay icy lundy avant midy, j’envoiay aussytost faire compliment à mes-
sieurs les ambassadeurs de Suède et eux à moy.
Après disner ils me vinrent visiter. Monsieur de La Barde fut présent à la
conférence comme il a esté depuis aux autres. En voicy la relation en forme
de journal.
Du 12 e febvrier
Il nous parut que messieurs les ambassadeurs de Suède n’ont point de mau-
vaise intention, qu’ilz estoient bien aises qu’on les fût venu visiter et qu’ilz ont
envie de se remettre bien avec nous.
Monsieur Oxenstiern estoit un peu mortifié et inquiet. Monsieur Salvius
content et qui ne s’estonne pas du bruict.
Nous jugeasmes que monsieur Salvius voulut donner une fois sur son collè-
gue en me demandant avec un sousris depuis quand nous le tenions sy grand
seigneur et d’humeur sy altière qu’il prétendît faire quelque chose d’autorité
avec un prince ambassadeur de France et deux autres plénipotentiaires. Mon-
sieur Oxenstiern prévint ma response et dit assez brusquement en se tournant
vers luy: «Ny moy aussy je n’entreprens rien sur ces messieurs, je n’en ay pas
eu seulement la pensée.» «Il est vray», répliqua l’autre, «mais c’est que mon-
sieur d’Avaux me regardoit en disant que les loix de la société obligent d’agir
de concert et de ne rien faire d’autorité.»
Ils ne firent point de résistence à faire marcher ensemble les intérestz de l’Em-
pire et ceux des couronnes. Ils agréèrent et approuvèrent touttes noz raisons
ayans seulement dict que les estatz ont suivy la distribution que nous avons
faicte en quatre classes et l’ordre mesme que les couronnes ont tenu en leurs
propositions et répliques, estant certain que le poinct de la satisfaction est
après tous ceux qui touchent les affaires publiques de l’Alemagne. Nous res-
pondismes que nous sommes bien contens qu’on suive cet ordre et qu’on dé-
libère sur tous les articles de noz propositions l’un après l’autre, ainsy qu’ilz
sont escrits, mais que d’en prendre une partie et laisser le surplus c’est ce que
nous n’estimons pas juste et qu’il |:seroit périlleux pour les deux couron-
nes:|. Que nous n’empeschions pas que les droictz des princes de l’Empire,
l’amnistie, les griefz et autres telles matières soient consultées en premier lieu
tant à Munster qu’à Osnabrug, pourveu que rien ne se conclue auparavant
que d’avoir entamé et examiné le reste de la proposition dont les articles sont
inséparables et ne font tous ensemble qu’un project de paix.
Nous représentasmes qu’il ne faut pas permettre que les relations et correla-
tions se facent (qui sont les termes dont on use dans les diètes), c’est-à-dire
que les estatz de l’Empire prennent leur dernière résolution que sur le tout.
Les ambassadeurs de Suède en demeurèrent d’accord et promirent de le décla-
rer nettement icy aux députez des princes et estatz afin de les obliger à tenir
une autre méthode.
Monsieur Salvius conta sur ce propos qu’un des conseillers du duc de Mekel-
bourg
Adolf Friedrich I. (1588–1658), Hg. von Mecklenburg-Schwerin ( ADB I S. 119f. ). Er war auf
dem WFK vertreten durch Dr. Abraham Kayser (1603–1652, 1643 Geh. Legationsrat)
( Schnell S. 110f.) und Dr. Johann Marquart (Lebensdaten nicht ermittelt); s. APW II A 5
[nr. 2 Anm. 9] .
nes estrangères estoient tellement meslées et confuses ensemble que l’on
|:n’en pourroit jamais sortir que par une infidélité de l’une ou l’autre partie:|,
c’est-à-dire que les estatz d’Alemagne |:feroient leurs affaires à part ou que les
couronnes en feroient le tour. Il rioit en faisant ce conte et sambloit tacite-
ment en demeurer d’accord:|.
Monsieur Oxenstiern ne tesmoigna guères d’empressement |:pour la paix:|.
Il répéta plusieurs fois ce qu’il a dict cy-devant et mesmes il s’en servit pour
une des raisons qui nous pourroient obliger à |:laisser les estatz de l’Empire
en liberté de traicter et de conclurre leurs affaires sans parler des nostres:|,
d’autant, disoit-il, qu’ilz |:ne s’accorderont jamais entre eulx et qu’ainsy la
rupture du traité sera imputée à l’intérest public:| et non à celuy des couron-
nes. Il en parla de sorte qu’on diroit qu’il ne travaille pas tant à |:faire la paix
comme à justiffier la continuation de la guerre et à s’acquérir en tel cas l’as-
sistance de quelques princes et:| villes d’Alemagne. Nous remarquasmes
quelque chose de pareil dans un autre discours que fit monsieur Salvius bien
qu’il ne songeât alors qu’à railler un peu monsieur Contariny. Il contoit
comme celuy-cy le pressant dernièrement d’avancer le traicté répétoit de fois
à autre: «Sy vous ne voulez pas la paix, dites-le», et il représentoit l’action
dudict sieur Contariny. Puis il adjouta qu’il luy avoit enfin respondu: |:«Si
nous ne voullions pas la paix, nous ne serions pas si folz de le dire»:|, et
là-dessus il rioit avec plaisir.
Ilz nous firent sçavoir que l’un d’entr’eux avoit esté le jour précédent chez le
comte de Trautmansdorff pour luy porter leur nouveau pouvoir signé de la
royne de Suède comme il l’avoit désiré et qu’à ceste occasion il avoit tenu
plusieurs discours dont ilz se remettoient à nous informer le lendemain parce
qu’il estoit trop tard.
Du 13 e
Nous trouvasmes grand changement, ilz contestèrent sur tout ce que nous
proposasmes, mesmes de la part des médiateurs, comme la suspension d’ar-
mes quoyque nous n’y eussions aucunement appuié, monsieur Oxenstiern nia
beaucoup de véritez et la conférence ne fut guères agréable de part ny d’autre.
Mais il faloit un peu nous faire sentir pour arrester le cours d’une autorité
qu’ilz s’estoient donnée assez hardiment depuis quelques mois.
L’histoire de tout ce qui se passa seroit trop longue, nous fusmes six heures
ensemble et tousjours en mauvaise humeur. Noz paroles néantmoins à mon-
sieur de La Barde et à moy, noz plaintes et nos instances ne leur donnèrent
aucune occasion de s’aigrir, comme ilz ne firent pas aussy, mais ilz eurent
peine de se voir |:convaincre de beaucoup de contraventions à l’alliance et à
nostre dernier concert:|, et monsieur Oxenstiern s’essuya le visage à plusieurs
reprises.
Ilz suèrent encor pour se démesler du reproche que nous fismes aux estatz de
l’Empire qui sont à Osnaburg, car ils cognurent bien que cela retomboit sur
eux, et nous n’estions pas marris d’estre entendus à demy-mot. C’est que
nous leur demandasmes d’où vient que l’assemblée des estatz à Munster
ayant résolu de députer vers les plénipotentiaires de France et ayant mesmes
nommé pour cet effect les ambassadeurs de Mayence, Bavières, et Brande-
bourg, l’assemblée des estatz à Osnabrug avoit empesché ceste députation.
Monsieur Oxenstiern et monsieur Salvius feignirent premièrement de n’en
rien sçavoir, et ils se regardoient l’un l’autre comme sy la chose leur eût esté
toutte nouvelle; mais à la longue, comme nous poursuivions ceste plainte,
leur ressentiment les trahit. Ilz voulurent justifier leurs bons amis, et dirent
avoir appris qu’ilz n’ont pas empesché qu’on ne députât vers nous; mais seu-
lement que ce ne fût pas au nom de tout l’Empire ny pour traicter de la satis-
faction de la France comme ceux de Munster prétendoient. Que leur raison
est que les députez de Munster ne font pas le corps de l’Empire et que ce
n’est pas aussy à eux seulz à traicter d’un poinct sy important avec les
couronnes. Mais que s’ilz veulent députer vers nous en leur nom seulement,
et pour estre esclaircis de quelque chose, ceux d’Osnabrug en sont très
contentz et jugent mesmes que ceste communication des estatz avec les pléni-
potentiaires des couronnes devroit estre plus fréquente pour avancer le traicté
de la paix.
Nous leur remonstrasmes que le suject de la députation estoit justement aux
termes qu’on approuve à Osnabrug puisqu’il est certain qu’elle avoit esté ré-
solue par les estatz de Munster pour nous convier de les informer particuliè-
rement de l’intention du Roy sur quelques poinctz de nostre réplique et non
pour autre chose. Et quant à l’authorité du corps de l’Empire, ilz ont bien
recognu à Munster qu’elle est partagée à présent en deux lieux, puisque pour
faire ceste députation ils en ont demandé l’avis et le consentement des estatz
qui sont à Osnabrug. Que ceste déférence les mettoit hors d’intérest et des-
truict le prétexte de leur opposition.
Les ambassadeurs de Suède ne sortirent pas bien de ce passage, surtout quand
nous leur dismes: |:«Ce sont voz amis que les estatz d’Osnabruk, ilz sont tous
protestans hormis deux ou trois, ilz dézpendent de vous, cella s’est veu en
toutes les choses où vous avez pris intérest, et cependant il ne sort de ce
conseil[-là] que des désadvantages pour la France. Au lieu que:| à Munster où
sont noz parties et ennemis nous y avons tousjours procuré vostre contente-
ment.»
En cet endroict nous les fismes souvenir de l’admission de Magdebourg, de la
concession des passeportz aux estatz médiatz, du consentement à la division
du corps de l’Empire, et d’autres résolutions favorables pour eux que nous
avons tirées des estatz qui sont à Munster.
Nous ajoutasmes que suivant leur désir l’on feroit encor en sorte que les
griefz des catholiques leur seront présentez de la part desdictz estatz, car le
jour précédent monsieur Oxenstiern nous avoit tesmoigné d’en estre en grand
soing.
Tout cela comparé au refus qu’on a faict à Osnabrug de consentir à une dé-
monstration d’honneur que ceux de Munster vouloient faire à l’ambassade de
France incommodoit un peu ces messieurs, mais pour lors ilz ne firent que
disputer et chercher des excuses.
Ilz en usèrent de la mesme sorte touchant l’exclusion de monsieur de La
Barde de leurs conférences avec les Impériaux; la demande qu’ilz ont faicte de
trois éveschez cy-devant tenus par les catholiques; la |:déclaration publique
de neutralité avec le roy d’Espagne; le peu d’esgard aux surséances dont nous
les avons requis:|; la substitution d’un ministre à un curé catholique du dio-
cèse d’Osnaburg qui est mort depuis 15 jours
contraires aux traictés d’alliance.
Il est vray que sur les deux premiers poinctz monsieur Salvius en laissa la
deffense à son collègue, parla peu et foiblement.
Il fit plus sur le suject d’une dernière plainte de l’inexécution de ce qui avoit
aussy esté arresté à Munster avec monsieur Oxenstiern. Car comme nous
vinsmes à dire qu’il avoit esté résolu que toutte la matière du traicté de paix
estant distribué[e] en quatre classes l’on délibéreroit en mesme temps sur un
article de la première et sur un autre de la seconde, il prit la parole et tesmoi-
gna que c’estoit le bon chemin pour conserver l’union et la confiance entre les
deux couronnes alliées et les estatz de l’Empire. Monsieur Oxenstiern sous-
tint pourtant qu’il n’y a point de péril à laisser terminer à part les intérestz
desdictz estatz, et il trouvoit tousjours un grand avantage pour les couronnes
à |:rompre le traicté sur le faict particullier des protestans parce, dict-il, que
jamais les estatz catholiques n’accorderont leurs demandes:|.
Il faut bien avouer avec luy que sy |:l’on tendoit à la continuation de la
guerre, en voylà le meilleur moyen et le plus spécieux qu’on peût avoir et qui
engageroit à nostre parti l’affection et l’assistance de plusieurs princes d’Alle-
magne. Mais outre que tous noz ordres vont à la paix, cella engageroit aussy
la France dans les prétentions des protestans et dans une guerre de reli-
gion:|.
Nous insistasmes donc à ce que les estatz traictent des deux premières classes
ensemble, ou qu’au moins après avoir opiné et arresté ce qu’ilz veulent fair 1
sur tous les poinctz de la première, ils passent immédiatement à la seconde et
puis aux deux autres, afin qu’ayans délibéré de ceste sorte ilz donnent leurs
advis par un mesme escrit sur toutte la réplique comme ils ont faict cy-devant
sur toutte la proposition. Monsieur de La Barde représenta cet exemple aux
ambassadeurs de Suède qui servit bien à nostre dessein puisque les mesmes
estatz ont desjà tenu ceste manière de consulter sur la mesme affaire. Cela
nous donna aussy moyen de respondre à monsieur Oxenstiern qui remons-
troit la confusion et presque impossibilité aux estatz de faire rapport à leurs
confrères de tant de diverses matières dont ils auroient délibéré.
Nous dismes ensuite, et les Suédois en demeurèrent d’accord, que les estatz de
l’Empire se sont cy-devant excusez de déclarer leur sentiment aux plénipoten-
tiaires de l’Empereur sur leur response à noz propositions, jusques à ce que
nous eussions esclaircy deux articles qui estoient couchez en termes généraux,
l’un touchant la satisfaction des couronnes, l’autre touchant la seureté de la
paix, afin, disoient-ilz alors, qu’ilz pussent avec plus de fondement délibérer
sur touttes les choses contentieuses sans en faire à deux fois. Maintenant qu’à
leur instance on s’est expliqué sur lesdictz articles il est bien raisonnable
qu’ilz suivent l’ordre, qu’ilz ont eux-mesmes jugé le meilleur et auquel ilz ont
désiré qu’on s’accommodât.
Du 14 e
Les ambassadeurs de Suède nous vinrent trouver avec un esprit de douceur et
un acquiescement à la pluspart de noz instances.
Monsieur Oxenstiern fut de nostre advis et de celuy de monsieur Salvius tou-
chant la manière de consulter, et que les deux premières classes devoient estre
mises ensemble ou successivement l’une après l’autre sans attendre une entiè-
re résolution sur la première. Il dit que luy et son collègue en feroient ins-
tance aux estatz et qu’il désiroit qu’il ne s’y trouvât point de difficulté. Nous
repartismes que s’il s’y en trouve il estoit bien nécessaire qu’il leur plût de
déclarer ouvertement leur intention auxdictz estatz, et d’en faire bruict. En un
mot qu’il faudroit |:agir comme ilz ont agi ci-devant lorsque les estatz de
l’Empire n’ont pas faict ce qu’ilz voulloient:|. Ilz en tombèrent d’accord et il
fut résolu entre nous que dez le lendemain ilz envoyeroient convier les dépu-
tez de Lunebourg
Das Gesamthaus Lüneburg war auf dem WFK vertreten durch: Dr. Jakob Lampadius
(1593–1649), braunschweig-lüneburgischer GR und Vizekanzler ( ADB XVII S. 574–578 ;
Dietrich; Walther S. 61–64), und Dr. Heinrich Langenbeck (1603–1669), braunschweig-
lüneburgischer Kammerrat und Kanzler ( ADB XVII S. 662–664 ).
En second lieu ilz promirent de leur parler aussy de bonne sorte sur le suject
de la députation et nous y firent espérer contentement.
3. Ilz proposèrent que pour terminer à l’amiable le différend touchant ce mi-
nistre qu’ilz ont mis à la place d’un curé, il sera faict enqueste par tesmoings
des deux religions en nombre esgal pour sçavoir sy le défunct a esté catholi-
que ou luthérien, soubz prétexte qu’une fois il fut forcé par leurs gens de
guerre de prescher dans sa parroisse qu’on pouvoit communier soubz les deux
espèces. Nous n’avons pas peu refuser ceste voye qui a apparence de justice et
sommes bien aises qu’ilz s’y soient soumis.
4. Ilz recognurent que |:l’alliance oblige à surseoir la négotiation quand l’un
des alliez le requiert:|, et déclarèrent qu’ilz y satisferont de leur part sans se
vouloir rendre |:juges de l’intérest pour lequel nous leur pourrions demander
cette surséance:|. Ilz se réservèrent seulement la faculté de nous en dire leur
avis, comme ils recevront volontiers le nostre en pareille occasion. Cela fut
ainsy arresté d’un commun consentement.
5. Monsieur Oxenstiern remonstra qu’il fut concerté avec luy à Munster que
|:la Suède n’ayant point de guerre avec le roy d’Espagne les deux traictez de
paix se pourroient séparer:|, mais il s’excusa sur le deffaut de sa mémoire s’il
ne se souvenoit pas que ceste résolution deût estre cachée aux ennemis, et il
dit qu’aussy n’est-elle pas connue pour avoir déclaré qu’ilz |:tiennent les Es-
pagnolz pour neutres:|.
6. Qu’il y a remède à leur prétention sur les évêchez catholiques et que les
choses n’en demeureroient pas là. Ilz nous firent connoistre qu’ilz |:s’en dé-
sisteront, mais s’excusèrent de le déclarer positivement:|.
7. Que sy nous désirions que la première fois qu’ilz auront à traicter d’affaires
avec les plénipotentiaires de l’Empereur, ilz y appellent monsieur de La
Barde, ilz le feront pour nous satisfaire sur le passé, mais qu’ilz ne pourront
pas continuer sy monsieur de Rosenhan n’assiste aussy aux conférences
quand nous traicterons avec les Impériaux soit par nous-mesmes, soit par
les médiateurs; qu’autrement il seroit à propos de traicter par escrit afin
de rendre la chose égale. Nous nous chargeasmes d’en faire rapport, veu mes-
mes qu’ilz dirent qu’ilz n’auront pas sy tost occasion de revoir les Impé-
riaux.
8. Et d’autant que nous avions aussy faict plainte |:qu’en demandant un pas-
seport pour les ambassadeurs de Portugal:| ilz avoient tesmoigné au comte de
Trautmansdorff que |:cella ne retarderoit pas la négotiation de la paix et
rendu par ce moyen:| l’instance inutile, monsieur Oxenstiern avoua qu’il
avoit esté arresté qu’on ne |:feroit pas cognoistre nostre intention aux Impé-
riaux:|, mais il dit avoir entendu seulement que ceste demande n’empesche-
roit pas qu’on ne traictât lors sur la réplique, et que quand on voudra passer
outre il |:insistera audit passeport:|. Monsieur Salvius promit le mesme soing
avec espérance de succez.
9. Qu’ilz ne rejettent point la suspension proposée par les médiateurs, et ne
peuvent aussy l’accepter sans en avoir eu l’advis du mareschal Torstenson à
qui ilz en avoient escrit le mesme jour. llz ajoustèrent que pendant que la
response viendra, l’on verra icy quel train prendront les affaires, et que sy
elles s’acheminent à la paix, ilz croyent bien à propos de commencer par une
suspension d’armes de quelques mois.
Ilz finirent par le récit de ce qui s’est passé entre monsieur Trautmansdorff et
monsieur Salvius dont je rendray compte de bouche à Vostre Altesse et à vous
Monsieur .
Du 15 e
Ilz nous raportèrent ce qu’ilz avoient faict avec les députez de Lunebourg, de
Weimar
Dr. Georg Achaz Heher (1601–1667), nürnbergischer Konsulent und sachsen-gothaischer Rat,
Vertreter Sachsen-Weimars auf dem WFK ( ADB XI S. 291f. ).
à ceux de Munster, qu’ilz n’ont pas entendu empescher ny différer la députa-
tion qu’ilz vouloient faire vers les plénipotentiaires de France, mais seulement
déclarer qu’il ne s’y peut rien conclurre sans leur intervention puisqu’ilz font
partie de l’Empire; mais que sur l’autre poinct lesdictz députez s’estoient ex-
cusez de changer maintenant l’ordre qu’ilz ont pris en leurs délibérations et
avoient tesmoigné ne le pouvoir faire, s’ilz ne voloient abandonner les inté-
restz de l’Empire. Que d’entamer le poinct de la satisfaction des couronnes
sans estre assurez de la leur par une résolution finale sur tout le contenu au
premier chapitre, ce seroit consentir qu’on le passât soubz silence, ou qu’au
plus on le traictât fort froidement et négligemment.
Nous respondismes qu’il en arriveroit ainsy du second, s’il demeure en arriè-
re, et que ne tendans qu’à l’union comme nous faisons il est de l’intérest com-
mun d’éviter la moindre apparence de séparation. Nous n’oubliasmes pas
de marquer les soings que les couronnes ont pris de convoquer les princes
d’Alemagne en ceste assemblée, la patience de dix-huict mois que nous avons
eue à les attendre, et l’effort qu’il a falu faire pour maintenir leur droict de
suffrage. Mais à vray dire il nous parut que monsieur Oxenstiern estoit tous-
jours dans son premier sentiment, et nous voyons bien qu’au lieu de porter et
presser les estatz à faire en cela ce qu’ilz doivent, il leur donne plutost suject
de s’affermir en leur conduite.
Quant à la lettre qu’ilz doivent escrire à ceux de Munster, nous avons tes-
moigné quelque désir d’en voir le project auparavant qu’elle soit envoyée afin
qu’il n’y arrive pas encor du malentendu.
Du 16 e
Tout ce jour a esté employé à négotier avec plusieurs députez qui me sont
venus voir; ceux d’Altembourg, Weimar, Hesse, Lunebourg, et Mekelbourg,
dont aucuns m’avoient desjà veu. J’ay donné heure à d’autres pour demain. Je
ne sçais sy c’est que je suis de facile croyance pour les Allemans, mais ilz
m’ont plus persuadé que |:n’ont faict les ambassadeurs de Suède:|. Il me sem-
ble qu’ilz sont très esloignez du dessein de faire leurs affaires à part, et qu’ilz
cognoissent bien qu’en leur foiblesse présente ilz ne peuvent rien sans les cou-
ronnes qui tiennent un tiers de l’Alemagne. De plus ilz m’ont faict entendre
que leurs différendz ne seront pas sy malaisés à vuider, qu’ilz prendront des
voyes d’accommodement, et qu’ilz se défaudroient à eux-mesmes s’ilz man-
quoient à travailler pour la satisfaction des couronnes, sans quoy ilz ne joui-
roient pas de la paix qui leur est sy nécessaire et auroient perdu le seul appuy
auquel ilz se peuvent fier contre la puissance qui les a sy souvent opprimés.
Qu’ilz ne veulent pas faire un second traicté de Prague quand ilz le pour-
roient ny suivre un sy funeste exemple.
Néantmoins nous tenons ferme et c’est bien le plus seur à mon advis. Car tout
ce que dessus est fort considérable et presque certain tant que |:les couronnes
demeureront bien unies:|; mais sy après que |:nous aurons laissé contenter
les protestans l’on s’addresse aux Suédois pour sortir aussy d’affaires avec
eulx:|, comme il y a grande apparence, nous ne |:serons plus assistez que
foiblement et impatiemment par ceux qui auront desjà leur compte:|. Et il est
à remarquer que l’Empereur peut satisfaire les uns et les autres avec le bien
d’autruy en donnant des éveschez aux protestans et la Poméranie aux Suédois,
là où nostre satisfaction ne se peut accorder qu’à ses despens.
Quelques députez m’ont dict que sy monsieur Oxenstiern au retour de Muns-
ter leur eût faict entendre que l’intention des couronnes estoit qu’ilz délibé-
rassent ensemble d’un article de la première classe et d’un de la seconde, et
ainsy consécutivement, ilz s’y seroient conformez sans difficulté.
Enfin ilz veulent que la chose ne soit plus entière et appréhendent au dernier
poinct qu’on ne les oblige à changer de méthode. Je verray encor demain ce
qui se pourra faire et partiray dimanche ou lundy. J’ay proposé à messieurs les
ambassadeurs de Suède ce que Vostre Altesse et vous Monsieur m’avez faict
l’honneur de m’escrire pour ajuster tout ensemble |:le différend de monsieur
de La Barde et celluy des estatz :|. Cet expédient a pleu merveilleusement à
monsieur Salvius, il s’employe à le faire réussir, mais il me vient encor de
mander par un des siens qu’il y trouve beaucoup d’obstacles.
Avant-hier matin au conseil des estatz l’on reprit l’affaire de Lorraine et tous
ont expliqué leur advis de l’autre jour, en sorte que, sy le duc Charles comme
prince de l’Empire à cause du marquisat de Nomenic
S. [nr. 32 Anm. 15] ; vgl. auch Meiern II S. 347ff.
port il est à propos de luy rendre cet office, mais que s’il s’y rencontre encor
de la difficulté cela ne mérite pas d’arrester le traicté de paix et qu’il faut
passer outre.
Hier ilz mirent en délibération sy les intérestz d’Espagne doivent estre traic-
tez conjoinctement avec ceux de l’Empire. Austriche a maintenu qu’oui. Il a
passé au contraire et a esté résolu que l’on fera office pour le roy d’Espagne à
ce que les deux traictez se facent conjoinctement, et ce pour la considération
qu’il est prince de l’Empire à cause du comté de Bourgoigne, mais que sy l’on
ne peut l’obtenir, cela ne doit nullement retarder la paix d’Alemagne.
Ilz ont aussy délibéré sur le 9 article de nostre réplique par lequel nous avons
demandé que sy à l’advenir il faut eslire un roy des Romains, il ne soit pas d 1
la famille de l’empereur qui régnera alors. Austriche, Bavières, Brandebourg,
Wirtzbourg
Nach Meiern II S. 354 –362: Österreich, Bayern, Würzburg, Basel, Pommern-Stettin.
l’assemblée a suivy leur avis, mais a dict que pour contenter les couronnes et
pour le bien de l’Empire, la question s’il est à propos d’eslire un roy des Ro-
mains ne pourra estre vuidée que dans une diète générale, et que sy ceste
élection est jugée nécessaire, ce sera lors aux électeurs à faire choix de la per-
sonne ainsy qu’ilz voudront; les députez d’Austriche et autres cy-dessus nom-
mez se sont encore efforcez de faire changer cet advis mais en vain, la plura-
lité des voix l’a emporté de beaucoup.
Monsieur Lampadius et monsieur Scheffer jugent que le comte de Traut-
mansdorff ne donnera pas lieu aux estatz d’opiner sur les satisfactions et qu’il
en voudra traicter luy-mesme avec les plénipotentiaires des couronnes. Et
moy je dis que ce discours |:me faict craindre que les estatz ne soient bien
aises de n’entrer pas dans cette matière et de se descharger de l’envie envers
l’Empereur:| s’ils opinent |:à l’avantage des couronnes et de la plainte des
couronnes s’ilz font le contraire:|. Je m’affermiray en ceste pensée s’ilz conti-
nuent de résister sy scrupuleusement à ce qu’on désire qu’ilz délibèrent en
mesme temps de leurs affaires et des nostres.