Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
|:Une des lettres dont il a pleu à Vostre Eminence de m’honorer vient de
produire un si bon effet que je ne tarderay pas à luy en rendre compte:|. Au
retour de chez monsieur le duc de Longeville où j’estois allé luy tesmoigner la
part que je prens à son contentement
Über die Geburt seines Sohnes; s. [nr. 57 Anm. 1] .
ordinairement la messe. |:Le sieur Isola y est venu incontinent après:|, et s’est
mis à ma veue, en sorte que j’ay esté obligé de le saluer. La messe achevée il
m’a laissé partir de ma place et puis s’est avancé pour m’aborder. Son compli-
ment a esté que sans moy il n’auroit point ouï aujourd’huy de messe parce
que les ecclésiastiques de Munster sont trop matineux pour luy. Je luy ay
demandé si son logis estoit proche. Il m’a dit que non, mais qu’il estoit pres-
que tousjours chez monsieur le comte de Nassau dont je suis voisin. Il auroit
pu nommer aussi Saavedra puisque nous ne sommes séparez que d’un mur, et
qu’il est bien aussy souvent chez luy. J’avois creu au commencement qu’il ne
s’estoit pas trouvé là sans dessein, mais comme il continuoit à parler de choses
inutiles et qu’il fait un très grand froid, j’ay pris le chemin de la porte. Lors il
|:a esté contraint de se descouvrir plus tost et moins adroittement qu’il ne
vouloit:|. «Je vois, dit-il, Monsieur qu’on tesmoigne de la resjouissance chez
monsieur le duc de Longueville», et en est demeuré là pour attendre ma res-
ponse. Je n’ay pas voulu le laisser en peine, je luy ay dit que c’estoit à cause
qu’il luy est né un filz, et cette nouvelle l’a tellement satisfait qu’outre |:les
autres circonstances cy-dessus touchées j’ay recogneu clairement:| que l’arri-
vée d’un courrier
La Chèze, mit nrs. 57, 58; s. [nr. 57 Anm. 1] .
son des trompettes avoit |:donné de l’appréhension aux ennemis qui voyent
cela de leurs fenestres:|. Ce discours nous aiant portés à dire d’un commun
consentement qu’il ne manquoit plus à la félicité de monsieur de Longueville
que de faire la paix, il a adj ouste comme en segret que les Espagnolz se résou-
dront enfin à perdre, et qu’ils nous laisseront une partie de noz conquestes. Je
luy ay répliqué d’un ton encores plus bas que la résolution est prise de ne
rendre quoy que ce soit; que je luy avois desjà dit cy-devant que les plénipo-
tentiaires d’Espagne devoient prendre leurs mesures là-dessus, et qu’à présent
je l’en asseurois derechef avec toute certitude; qu’il connestroit par la suitte
des affaires que je luy parle avec un esprit de paix, et que mesme j’estois merri
de voir que durant qu’on marchande nous arriverons insensiblement en un
temps qui ne sera guères propre à la négotiation, et qui nous promet de gran-
des choses. Il a avoué nettement que nous avons sujet d’espérer de nouveaux
progrès à cette campagne, mais que le hazard peut tousjours beaucoup aux
actions de la guerre |:et qu’il peut aussy arriver des changemens dans le
monde:|. Je crois qu’il vouloit dire |:dans la couronne de France:|. Il me
semble que son intention alloit là, sans que j’en puisse pourtant asseurer. Il ne
m’a pas donné loisir de le désabuser de cette vaine imagination qui couste
desjà bien cher au roy d’Espagne, et quand il a cessé de parler je me suis
attaché à la conclusion de son discours sans me souvenir du reste. Il avoit fini
par ce mot, |:et avec une contenance assez résolue:|, que c’est en vain que
nous nous proposons |:la paix avec les Espagnolz tandis que les choses de-
meureront partout en l’estat où elles sont maintenant:|, car en ce cas la
France seroit bien en paix, mais non pas l’Espagne qui auroit tousjours dans
ses entrailles ceux qui ne perdroient aucune occasion d’achever sa ruine de
tout point. J’ay voulu luy donner meilleure opinion de nous si une fois la paix
estoit faitte; sur quoy je ne l’ay pas persuadé. Il me semble Monseigneur que
|:je n’ay guères fait plus d’impression sur son esprit:|, quand je luy ay res-
pondu que comme ils sentent par où la France a plus d’avantage sur eux, nous
le cognoissons aussy, et que le Roy seroit mal conseillé de s’en priver volon-
tairement sans aucun besoin; et lorsqu’il y a bien plus d’apparence d’y en
adjouster d’autres que de rien perdre de ce costé-là. Il a dit seulement que les
avis qui venoient de Paris ne portent pas qu’on veuille traitter avex cette ri-
gueur; et comme je m’en moquois, les appellant des bruitz de ville, il s’est
laissé entendre que |:cela vient de bonne part:| et vouloit que j’en creusse
encores davantage comme s’il n’ozoit s’en expliquer. En effet Monseigneur je
ne sçais s’ils ne sont point trompés par de faux avis, ou s’ils ne se trompent
point eux-mesmes, car estant arrivé |:fort à propos que sur-le-champ j’ay fait
voir le contraire au sieur Isola, il est demeuré fort surpris et pouvoit à peine
croire à ses yeux:|. J’ay donc enfin reparti |:en mettant la main dans ma po-
chette comme y estant forcé pour le destromper:|, que je pensois avoir enco-
res sur moy la dernière despêche de Vostre Eminence. Et après luy en avoir
monstré la datte qui est du 30 e décembre, il a leu avec moy un article conte-
nant ce qui s’ensuit: «J’adjouste encore, que tous les préparatifz pour la cam-
pagne prochaine estans maintenant prestz de nostre costé, ce qui ne s’est
point fait sans une despense infinie, nous entendons qu’on en fasse la consi-
dération qu’ils méritent, et qu’on compte sur les grans progrès que nous se-
rions capables de faire.»
Cella l’avoit desjà esbranlé quand je me suis apperceu qu’il jettoit l’œil sur
l’article précédent dont la pluspart est en chiffre, et qu’ainsy il pourroit croire
que le secret et le vray luy estoient cachez. Pour ne luy laisser aucun doute et
le convaincre entièrement je me suis résolu |:comme si c’estoit avec peine:|
de luy faire voir encores ledit article dont voicy copie mot à mot:
«Quoyque je vienne de vous escrire en général des bonnes intentions que
nous apportons à faire la paix, je ne laisseray pas de vous dire plus particuliè-
rement que quand nous avons parlé de retenir tout ce que nous avons
conquis, nous avons entendu pour le temps auquel nous avons fait cette dé-
claration; mais que depuis, noz conquestes s’estant augmentées, il la faut ajus-
ter à l’estat où nous nous trouvons maintenant; en quoy il n’y a point de
chicane.»
La lecture et le deschifrement de cet article a |:touché visiblement ledit
Isola:|, il m’a quitté en haussant les espaules et disant que ce n’est pas vouloir
la paix, parce qu’on sçait fort bien qu’il est impossible aux Espagnolz de
l’accepter à cette condition. Puis tout à coup |:il est revenu sur ses pas et
m’a dit qu’il faudra trouver des moyens de s’accommoder:|. J’ay demandé
comme quoy, il a respondu |:qu’on nous feroit quelques ouvertures, et s’est
retiré:|.
Ich bitte Sie, mir weiterhin Ihr Wohlwollen und Ihren Schutz zu bewahren.