Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
On a différé quelque temps pour les raisons que l’on a faict sçavoir à
messieurs les plénipotentiaires de respondre à leurs dépesches, touchant la
négotiation d’un accommodement avec monsieur le duc de Bavières sur
laquelle monsieur le cardinal Mazarin a escript cependant à monsieur le duc
de Longueville deux lettres qui auront peu donner par avance beaucoup de
lumière des sentimens et des intentions de Leurs Majestez sur les choses les
plus essencielles. Maintenant on y adjouste le présent mémoire qui avec
celluy dont fut chargé le sieur de Bergerac et les deux lettres cy-dessus
achèveront de donner ausdicts sieurs plénipotentiaires toute la cognoissan-
ce qui se peult des pensées et des volontez de Sa Majesté du destail de cette
matière, sy desjà ilz n’y ont pris quelque résolution avec la promptitude que
les ministres de Bavières demandoient ayans recognu les intentions de Sa
Majesté et ayans peu entendre de la vive voix du sieur Bergerac la nécessité
qu’il y avoit de pourveoir aux quartiers d’hyver.
Bedeutende Verstärkung der Truppen in Deutschland. Mais avec tout cela il y
a subjet de craindre qu’il y aura beaucoup de difficulté à bien establir les
quartiers d’hyver delà le Rhin. Car comme pour cela il semble estre
nécessaire de s’emparer de Heilbron et de Heidelberg qui ne manquent de
rien de ce qui leur fault pour la deffence, et que d’ailleurs les environs
desdictes places ont esté mangez aultant par l’armée bavaroise que par la
nostre, il est fort à appréhender que nous aurons grande peine d’y pouvoir
subsister le temps qu’il fauldra pour nous en rendre maistres. Néantmoins
les dernières nouvelles que l’on en a sont que Hailbron estoit investy et que
l’on songeoit à ouvrir la tranchée quand l’infanterie qui estoit à deux
journées de là seroit arrivée, il est pourtant vray que messieurs les
mareschaux adjoustent qu’ilz prendroient bien garde de ne faire rien mal à
propos.
Il semble donc que la plus forte raison qui nous devroit obliger à entendre à un
accommodement avec le duc de Bavières et noz alliez à le treuver bon et y
donner leur consentement seroit celle d’avoir lieu par ce moyen de s’establir
delà le Rhin, et avec tant d’aultres advantages que l’on pourroit retirer de la
conclusion de cette affaire, avoir celluy-cy principallement d’establir sans
obstacle et avec seureté noz quartiers d’hyver dans l’Allemagne à quoy il n’y
aura nulle difficulté puisqu’eux-mesmes nous les offrent.
Il est constant que rien ne peult estre plus préjudiciable aux Suédois que de
donner lieu à l’Empereur de se prévalloir des forces de Bavières par nostre
retour deçà le Rhin, de façon que sy ce que l’on mande de beaucoup
d’endroictz est vray que Torstenson soit demeuré d’accord d’une suspen-
sion d’armes pour six mois avec le duc de Saxe, en intention de convenir
aussy d’une neutrallité, et cela sans se mettre en grande peine de nous en
rien participer, on ne void pas comme c’est que les ministres de Suède se
pourront empescher de donner les mains à quelque sorte d’accord avec le
duc de Bavières puisqu’il n’y a rien dans l’estat présent des affaires qui
puisse estre plus avantageux à la cause commune que de la conclurre à peu
près aux conditions qu’il a esté projecté, et que les Suédois en leur
particulier ne proffitent pas moins de celuy-cy que de celuy qu’ilz ont
solicité eux-mesmes et que l’on mande estre achevé avec le duc de Saxe, ne
pouvant estre mis en doubte que sy les armes du Roy sont contrainctes à
repasser le Rhin, celles de Suède auront aussy bien sur les bras l’armée
bavaroise que l’Impérialle. Enfin, comme les intérestz de la couronne de
Suède sont tous en Allemagne on ne peult rien faire qui diminue les forces
de l’Empereur qui ne leur soit en quelque façon plus advantageux qu’à la
France laquelle a tant d’aultres intérestz ailleurs et il fauldroit bien que la
passion et la caprice prévalussent sur la raison et qu’ilz eussent résolu de
n’escouter aulcune proposition quoyqu’utile à la cause commune quand elle
seroit en faveur d’un prince catholicque, s’ilz apportoient le moindre
obstacle à l’avancement de la négotiation avec Bavières supposé que nous y
treuvions noz seuretez.
Mais on passe plus oultre et on dict que quand mesme Sa Majesté seroit
asseurée que le duc de Bavières vouldroit tromper, on ne debvroit pas pour
cela laisser de le bien establir delà le Rhin par le moyen d’un accommode-
ment quoyque simulé, sy tant est comme il y a grande apparence que nous
ne puissions pas treuver facilité à le faire de nous-mesmes, car les hostilitez
cessans avec l’armée bavaroise et ayans de bons quartiers, nous aurions
moyen de remettre la nostre en meilleur estat qu’elle n’ayt jamais esté et la
mesme commodité que le duc de Bavière auroit de se remettre aussy de son
costé, il ne la rencontreroit pas moins par nostre retraicte deçà le Rhin, au
contraire, il l’auroit plus grande ayant plus d’estendue de pays qui contri-
bueroit à la subsistance de ses troupes. D’ailleurs quelque mauvaise
intention qu’il pust avoir et contre nous et contre noz alliez, il est certain
que les armes de France estans bien establies delà le Rhin, celles de Bavière
ne pourroient pas songer à quitter leur pays pour se joindre à l’Empereur,
non pas en considération de sa promesse, mais parce que venant à manquer
de foy il laisseroit son pays exposé à l’invasion de noz forces. En oultre,
supposé que l’intention du duc de Bavières fust de faire un accommode-
ment de peu de durée, et qui luy donnast seulement lieu de se mettre en
meilleur estat qu’il n’est, il est constant que quoy qu’il en fist dire aux
Espagnolz et à l’Empereur, malaisément s’y fieroient-ilz ayant desjà beau-
coup de soupçon de luy, et cela sans doubte les porteroit à condessendre
plus facilement aux conditions advantageuses que nous et noz alliez
pouvons désirer pour une paix généralle.
Pour conclusion, on ne veoid pas que les plus grands ennemis du duc de
Bavières s’ilz veullent parler et se conduire par la raison puissent révocquer
en doubte qu’il ne soit non seulement advantageux, mais nécessaire de faire
un accommodement avec ledict duc, soit que la guerre doibve continuer,
soit pour contraindre la maison d’Austriche à une bonne paix.
Et comme toutes les personnes qui parlent de cette affaire ne disconvien-
nent pas de cela, mais disent seulement que c’est un prince fin et rusé avec
lequel il n’y a point de seureté, qui nous trompera en mettant toutes les
choses au pis, on ne veoid pas que quand il en auroit la volonté il ne se
trompe plus luy-mesme qu’il ne nous sçauroit attrapper pour les raisons
marquées cy-dessus et pour beaucoup d’autres qui seroient trop longues à
desduire. Et avec cela, quoyque dans les apparences et dans les effectz
mesmes nous tesmoignassions avoir entière confiance en sa bonne inten-
tion pour la fidelle exécution de ce qu’il auroit promis, on ne laisseroit pas
de prendre ses précautions et d’estre continuellement alerte comme sy
chaque jour il nous devoit manquer.
Tout ce qu’il y a de plus important en cecy est qu’il ne fault pas perdre un
moment de temps parce que sy on ne conclud quelque chose avec luy qui
puisse estre exécuté dans le mois qui vient, s’il recognoist une fois que la
France ne soit pas en estat de luy faire du mal il pourroit changer d’advis et
de conduicte. Il y a pourtant assez de raisons de croire que les pressantes
instances qu’il faict de quelque accommodement avec cette couronne ne
naissent pas de tant de l’appréhention qu’il peult avoir que noz armes
soient pour faire de grands progrès en Allemagne à son préjudice comme
du désir qu’il a de la paix et de nous vouloir obliger à luy estre favorables
dans tous ses intérestz quand on viendra à la conclurre, recognoissant fort
bien que personne ne peult à l’esgal de Sa Majesté contribuer sy effective-
ment à ses advantages. Dans la conférence que les ambassadeurs de
Bavières eurent avec monsieur d’Avaux, il semble qu’ilz s’ouvrirent sincère-
ment des intentions de leur maistre tant sur le poinct de ses intérestz que
sur ceux du Roy et de ses alliez, et comme ilz demeuroient d’accord de se
démettre des Estatz qui appartenoient au prince Palatin, de nous assister à
l’establissement que nous prétendons en Allemagne et de moyenner les
satisfactions de la couronne de Suède, pourveu que nous déclarassions quel
devoit estre cet establissement, que nous luy promissions de luy ayder à le
faire desdommager par l’Empereur de ce qui luy est deu pour la guerre de
Bohême et que nous l’assistassions à conserver dans sa maison la dignité
électoralle, il semble qu’il n’y auroit aucun inconvénient de le contenter
là-dessus aultant qu’il pourra deppendre de nous, car pour la récompence et
desdommagement il nous est avantageux de le luy procurer, cela ne
pouvant estre exécuté qu’avec diminution des Estatz ou des intérestz de
l’Empereur. Pour l’électorat, la France employa ses offices en faveur du duc
de Bavière comme luy-rriesme avoue, et aujourd’huy par beaucoup de
raisons debvroit souhaitter de le satisfaire là-dessus, puisque par ce moyen
on pourroit l’engager à nous procurer tout ce qui nous est plus avantageux.
Il est vray que c’est un poinct assez délicat pour noz alliez et pour tous les
protestans d’Allemagne, mais il semble aussy que la proposition de créer
une nouvelle dignité électoralle donne lieu de sortir de cette affaire au
contentement d’un chacun et avec beaucoup d’advantage pour la France et
pour ses alliez, puisqu’oultre que l’accroissement du nombre des électeurs
ne peult estre que préjudiciable à l’Empereur, nous rendons instrument de
toutes noz justiffications le duc de Bavière, lequel aujourd’huy par son
argent et par ses armes et par le bon estat dans lequel se treuve encor son
pays, est le prince le plus considérable en Allemagne. Les maximes du
temps du feu roy estoient qu’on ne devoit rien oublier pour conserver
l’électorat au duc de Bavières pourveu qu’on fust certain qu’il s’employeroit
pour procurer les advantages de la France dans la conclusion de la paix, et
quelqu’un asseure qu’en ce temps-là le prince palatin n’espérant pas de
pouvoir rentrer dans la dignité électoralle comme dans ses Estatz proposa
luy-mesme que cette dignité fust alternative dans sa maison et dans la
branche de Bavières, ce qui nous peult donner lieu de croire qu’il s’estimera
très heureux et bien traicté sy rentrant dans la pocession de ses Estatz il
pouvoit avoir aussy l’électorat qu’on créeroit.
Enfin, comme messieurs les plénipotentiaires demandent de sçavoir préci-
sément les volontez du Roy sur ce point, on croid y avoir satisfaict
abondamment par ce qui est dict cy-dessus, et mesmes sy on peult tirer du
duc de Bavière des advantages considérables, particulièrement dans la
seureté de ce qu’il promettra, on estime que touchant cet électorat on s’y
pourroit engager par un article secret en cas qu’on ne vist pas jour d’y faire
présentement consentir les ministres de Suède, et que cependant les
intérestz de la France et de la cause commune fussent exposez à quelque
notable préjudice pour n’avoir pas conclud cet accommodement. Toutesfois
sy on recognoist de pouvoir mieux faire on ne doubte point que messieurs
les plénipotentiaires n’y employent leur addresse accoustumée, s’agissant
d’un point très délicat et qui pourroit causer des inconvéniens très notables.
Sy on est obligé à promettre par escript et par un article secret il fauldroit
tascher d’y parler de noz alliez comme pourroit estre: ‘que le Roy estant
asseuré que sesdicts alliez pour faciliter la paix de la chrestienté et le repos
de l’Empire, consentiront volontiers à ce qui concerne le duc de Bavière sur
le poinct de l’électorat, Sa Majesté promet’ etc. Car quoyque pour la
satisfaction de Bavière le Roy promette et s’engage positivement, néant-
moins si contre les promesses solemnelles qu’auroit faictes le duc de
Bavière de garder inviolablement le secret, cela venoit jamais à se descou-
vrir, ce qui auroit esté dict de noz alliez serviroit d’excuse pour leur faire
cognoistre que quand nous y sommes obligez nous n’avons pas doubté
qu’ilz n’y consentissent pour le bien et advancement de la paix.
Mais au mesme temps que l’on tesmoigneroit au duc de Bavière la bonne
volonté de la France sur ce point (que messieurs les plénipotentiaires
sçauront bien faire valloir à ses ministres comme estant celluy qui touche le
plus au coeur à leur maistre) il fault l’engager non pas seulement à nous
procurer les satisfactions que nous prétendons en Allemagne, mais à nous
les faire obtenir et il n’a esté que fort à propos de veoir un peu estendu noz
demandes, parce que ce prince estant une fois engagé à nous les faire
accorder s’il est nécessaire d’en diminuer quelque chose, nous avons droict
sy nous voulions d’obliger aussy le duc de Bavières à relascher de ce qu’il
aura prétendu et qui luy aura esté promis.
On pourroit aussy dans la conclusion de la paix engager par un traicté
particulier le duc de Bavière et ses successeurs à deffendre envers tous et
contre tous le partage qui seroit demeuré à la France en Allgemagne, Sa
Majesté et ses successeurs s’obligeans aussy en eschange à la conservation
des Estatz du duc de Bavières à ses enfans. Et au cas que messieurs les
plénipotentiaires examinant plus en détail la chose, la croyent advantageuse
à cette couronne on aura mesme moyen de la faire passer pour une grâce au
duc de Bavières parce que le père Vervau fist icy des instances très
presssantes à monsieur le cardinal Mazarin d’arrester cette deffence réci-
procque dans la conclusion de la paix. Et sy ce prince a véritablement les
pensées que ledict père at tesmoignées, c’est-à-dire, de voulloir tousjours
bien vivre avec la France et de laisser cet ordre et cet enseignement à ses
enfans, il est à présumer qu’il s’employera volontiers pour nous faire avoir
un bon partage comme la Haulte- et Basse-Alsace et Philisbourg lesquelz
estants contiguz ou fort proches de son pays, nous mettent plus en estat de
l’assister en cas de besoin.
On avoit oublié de dire cy-dessus sur le point des seuretez qu’on peult
désirer du duc de Bavières, qu’au deffault d’Ermenstein on sera bien
satisfaict des autres places dont on a parlé et mesmes Sa Majesté donne
pouvoir à messieurs les plénipotentiaires de se relascher de quelques-unes
suivant qu’ilz jugeront estre à propos pour avancer ou ne pas manquer à
conclurre le traicté. En outre, il fault nécessairement tascher de vaincre la
répugnance que ledict duc pourra avoir à s’employer comme il fault pour
les satisfactions de la couronne de Suède. Monsieur d’Avaux leur fist
prudemment cognoistre qu’en vain le duc de Bavières travailleroit à faire
contenter la France sy les Suédois ne l’estoient aussy sans quoy le Roy ne
peult jamais consentir à la conclusion de la paix.
Il semble que tout ce que dessus pourroit estre traicté et conclud avec noz
alliez, leurs advantages et intérestz ne s’y treuvans guères moins que les
nostres, mais en cas que messieurs les plénipotentiaires creussent de
rencontrer des difficultez à disposer promptement les espritz des ministres
de Suède sur le point de l’électorat, comme il ne peult estre que préjudici-
able au service du Roy d’avoir une négotiation avec Bavières qui ne puisse
estre achevée dans la fin du mois prochain, on pourroit monstrer de
correspondre à la confiance avec laquelle les députez ont traicté avec nous
et leur faisant cognoistre et valloir les intentions de Sa Majesté sur ledict
poinct de l’électorat, tumber par ce moyen promptement d’accord d’une
cessassion d’armes et de l’establissement de noz quartiers d’hyver par la
remise de quelques places qui puissent servir tant à nous donner seureté de
ses quartiers qu’à estre asseurez que ledict duc n’assistera directement ny
indirectement le party contraire.
On a esté bien aise d’apprendre que les ambassadeurs de Bavières lorsque le
sieur d’Avaux leur déclara que la satisfaction que nous prétendons en
Allemagne n’avoit rien de commun avec la juste pocession où nous sommes
de la Lorraine, n’y apportèrent aulcune contradiction, cela estant d’aultant
plus à estimer que leur maistre est si proche allié du duc Charles et a
tesmoigné tousjours prendre protection particulière de ses intérestz.
Ce que les ministres de Bavières ont dict quand on les a pressez pourquoy
on ne suivoit pas les propositions de père Vervau de mettre l’électeur de
Collogne et les cercles de Suabe et de Franconie soubz la protection du
Roy, est une eschapatoire qui n’a nul fondement estant constant que jamais
monsieur de Brienne ny personne de la part de Sa Majesté n’a parlé à
monsieur le nonce Bagni de se déclarer contre ceux qui ne vouldroient pas
la paix. On a bien peu dire audict sieur nunce que pour prendre confiance
audict duc il falloit des effortz et non pas des parolles.
Quant à la proposition de Franckendal on suivra le sentiment desdicts
sieurs plénipotentiaires de tirer en longueur jusques à ce qu’on y voye plus
clair.
On envoyera par le premier ordinaire la coppie de ce qui s’est traicté avec
l’ambassadeur de Pologne et tout ce qui s’est faict dans l’occasion du
mariage de madame la princesse Marie par le moyen duquel on destache
ledict roy de l’estroicte union que luy et ses prédécesseurs par une longue
suitte d’années ont entretenue avec la maison d’Austriche sans faire
cependant rien de nostre costé qui ne soit avantageux à la cause commune
et aux intérestz particuliers de la couronne de Suède avec laquelle on veult
estre en tout temps en parfaicte intelligence.
Le discours de monsieur Oxenstiern touchant le royaume de Bohême et le
Palatin est parfaictement beau, mais malaisé à estre praticqué, et à la vérité
sy la couronne de Suède tenoit ferme à de semblables pensées sans voulloir
s’en relascher pour faciliter la paix, on ne pourroit pas beaucoup espérer de
sa conclusion, mais il n’est pas nécessaire d’entrer davantage dans ce détail,
nous devant suffire d’avoir faict cognoistre audict Oxenstiern nostre
intention par la responce que le sieur Servien luy a faicte très prudente et
très adroicte.
Quand ces messieurs nous veullent vendre les facilitez qu’ilz ont apportées
pour la paix de Dannemarck, affin disent-ilz d’agir plus vigoureusement en
Allemagne et de contraindre l’Empereur à consentir à une paix par le
moyen de laquelle toutes choses soient remises en l’estat qu’elles estoient
avant l’origine de cette guerre, il est bien aisé de leur faire cognoistre que la
véritable raison a plustost esté les avantages qu’ilz tirent de cet accord,
puisque s’ilz eussent eu tousjours cette bonne intention il eust bien mieux
vallu ne pas rompre contre Dannemarck et proffiter du mauvais estat où
estoient pour lors les affaires de l’Empereur, employant dans l’Allemagne
les trouppes dont ilz se sont serviz dans la nouvelle guerre où ilz
s’engagèrent.
Il y a pourtant grande apparence de croire que les Suédois ne percisteront
pas en certaines sortes de prétentions comme sont celles cy-dessus lorsque
nous serons proches de la conclusion de la paix, et nottamment s’ilz ont
subjet d’estre satisfaictz dans leurs intérestz particuliers et sy la France
parle fortement en ce qui sera raisonnable, ainsy qu’elle pourra bien le
faire, puisqu’à la grandeur et aux prospéritez de ce royaume, aux forces et
aux amis que le Roy avoit desjà en Allgemagne, peult-estre aura-t-on alors
adjousté les roys de Pologne et de Dannemarck et le duc de Bavières.