Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Le récit que nous allons faire de quelques conférences que nous avons eues
aves les |:ambassadeurs de Bavières fera voir un des effectz de la victoire de
monsieur le duc d’Anguien:|, puisqu’ils |:nous ont prévenus dans les
ouvertures que nous leur aurions pu faire suivant les prudens avis de
Monsieur le Cardinal:|. Nous |:n’avons pas laissé par advance de leur faire
savoir la dureté des Espagnolz et leur donner jalousie du dessein qu’ilz ont
depuis l’arrivée du duc de Terranova à Vienne d’empescher que l’Empereur
ne facilite le traicté de paix et surtout qu’il ne la face sans eulx:|.
Dimanche dernier ils vinrent trouver moy d’Avaux et me dirent que
l’appréhension de donner trop d’ombrage |:aux Impériaux:| leur avoit fait
chercher l’occasion de parler seulement à l’un de nous et que néantmoins
s’il estoit besoin ils nous verroient tous ensemble. Que |:leur maistre:| ne
désire rien tant que le traitté de paix, et que pour y parvenir il juge
nécessaire de pourvoir principalement à |:la satisfaction de la France, à celle
de Suède et à celle de la maison Palatine:|. Qu’il comprend bien qu’en ce
dernier point, il parle contre ses propres intérestz et que c’est sur luy que
tombe la charge de la satisfaction de laditte maison, mais qu’il recognoist
aussy que sans cella on ne peut pas présentement bien obtenir le repos de
|:l’Allemagne:|. Que pour la |:satisfaction de la France:| il offre de s’y
employer de bonne sorte pourveu que nous luy fassions sçavoir |:secrette-
ment en quoy elle consiste:| ne désirant pas qu’on sache qu’il se mesle de
cette affaire et qu’il usera bien de |:cette confiance:|. Qu’il se promet qu’en
nous rendant sincèrement ses offices de ce costé-là, |:la France l’assistera de
son aucthorité:| et fera en sorte que |: la dignité électoralle demeure en sa
famille:| sans quoy il ne peut jamais consentir à aucun accommodement et
proteste que |:pour s’i maintenir il hazarderoit tous ses Estatz et ses
enfans:|. Qu’il désiroit estre esclairci sur l’un et l’autre point affin que d’un
costé il eust moien de |:procurer la satisfaction:| que nous pouvons
prétendre raisonnablement, et de l’autre qu’il pust s’asseurer qu’en ce
faisant |:il seroit conservé dans son eslectorat:|. Que pour |:la satisfaction
de la couronne de Suède:| il ne désiroit pas s’en mesler et néantmoins sur ce
qui leur fut remonstré que pour avoir |:la paix:|, il n’estoit pas moins besoin
de |:satisfaire ladicte couronne que celle de France:| ils tesmoignèrent que
|:leur maistre:| n’y seroit pas contraire, mais que |:d’estre leur médiateur
comme il s’offroit à nous:| de s’y employer à bon escient c’est ce qu’il ne
veut pas. Quant à |:la satisfaction de la maison Pallatine qu’il est prest de
restituer ce qu’il tient dans le Bas-Palatinat ensemble tout le Hault:| et
mesme de consentir qu’il soit |:créé un huictiesme eslecteur dont la dignité
soit conféré au prince palatin:| pourveu qu’il se contente de tenir le
|:dernier rang et que l’Empereur face 〈rembourser〉 ledit sieur duc des
fraiz de la guerre de Bohême:| pour lesquels il luy avoit |:assigné le
Haut-Palatinat:| ou bien qu’il le remette |:en possession du pais d’Ober-
Ens:| qu’il tenoit auparavant |:par engagement pour lesdittes sommes:|.
Que nous déclarant si ouvertement ses sentimens et ses intérestz il espéroit
la mesme confiance de nostre part par le moien de laquelle il hasteroit plus
en trois mois la conclusion du traitté que l’on ne feroit en un an par les
négotiations publiques.
Je leur demanday quelle est |:cette satisfaction qu’il juge:| que nous
pouvons prétendre raisonnablement et qu’estant |:prince si expérimenté
dans les affaires et si aucthorisé à la cour Impérialle:|, il cognoissoit bien
quelle raison nous avons de ne pas laisser |:l’Allemagne et la religion
cat[h]olique:| exposée à beaucoup de périls si nous abandonnions |:noz
conquestes:| et quelle est la disposition du parti contraire sur ce sujet. Ils ne
s’en expliquèrent pas autrement sinon qu’ils demeurèrent d’accord que
|:nostre satisfaction:| doit estre convenable à l’estat présent des affaires et
proportionnée |:aux avantages que nous avons en Allemagne:|.
Je leur fis une autre question touchant le |:huictiesme électorat et si
l’Empereur et les autres eslecteurs:| y consentiroient, sur quoy ils tesmoi-
gnèrent que |:l’Empereur:| y pourroit bien faire quelque difficulté parce
que ce seroit attribuer |:cette dignité et aucthorité à trois princes d’une
mesme maison:|, mais que desjà |:quelques eslecteurs:| n’y estoient pas
contraires, et qu’enfin si |:la France voulloit maintenir cette nouvelle
création:|, c’estoit un honneste moyen pour contenter la |:maison Pallatine
auquel l’Empereur:| seroit obligé d’acquiesser.
Nous parlasmes de |:Brisac, Philisbourg et de l’Alsace:| mais en des termes
généraux, me remettant à ce qui en seroit arresté sur mon rapport par
messieurs mes collègues. Que seulement je leur pouvois bien dire que |:la
satisfaction qui nous est deue en Allemagne:| n’a rien de commun avec la
juste possession en laquelle |:nous sommes de la Lorraine:| ce qui ne fut
point contredit par eux. Ils me voulurent faire remarquer que l’ordre qu’ils
avoient receu estoit du 2 e de ce mois et m’en monstrèrent la lettre. Mardy
comme nous pensions leur aller faire response nous d’Avaux et Servien
|:monsieur Krebs:| revint chés moy d’Avaux avec une grosse despesche du
|:duc de Bavière dattée du 9 e:|, en suitte de laquelle il réitéra les mesmes
|:offres et offices:|, cy-dessus exprimés, plus adjousta que |:son maistre:| ne
pouvoit assez s’estonner que les intérestz de |:la France et les siens:| estans
presque les mesmes et |:la mesme religion:| et aiant tousjours |:respecté
particulièrement le feu roy et Leurs Majestez:| que néantmoins |:leurs
armées soient tous les jours aux mains avec une si grande effusion de sang.
Il s’estendit davantage sur ce chappitre et parla comme les gens qui
|:demandent quartier:|. Ensuitte après avoir stipulé extraordinairement le
secret, il me proposa qu’il seroit expédient pour le bien commun qu’il y
eust |:intelligence et cessation d’hostilité entre les deux armées de monsieur
d’Anguien et de Bavières:| et qu’elles se conservassent l’une et l’autre
|:dans de bons quartiers:| pour estre comme les |:arbitres de la paix:| et que
|:le duc de Bavière offre de joindre ses forces contre ceux qui ne voudroient
pas consentir à des:| conditions raisonnables de paix. Qu’entre lesdittes
conditiones il y met |:la satisfaction de la France:| pour laquelle il
s’interposera fortement eremployera |:son armée:| en cas de besoin |:contre
ceux qui ne la voudroient pas accorder et qui reffuseroient:| ce qui est
raisonnable pour les alliez du Roy. Que sur ce fondement il nous importe
de |:luy laisser ses quartiers:| affin d’y tenir |:ses trouppes en bon estat:| et
qu’il désireroit si la proposition agréé que les ordres en fussent envoyez
promptement de la cour à |:monsieur le duc d’Anguien:|. Je luy respondis
que nous estions sur le point de les aller trouver comme nous fismes le
lendemain monsieur Servien et moy après que j’eus rendu compte de ce que
dessus à monsieur le duc de Longueville et à monsieur Servien.
Nous considérasmes tous ensemble que quoyque ces ouvertures nous
parussent bien utiles il estoit à propos de différer nostre response jusques
au jour de l’ordinaire pour avoir plus d’esclaircissement des intentions de
Leurs Majestez sur ce qui touche |:monsieur de Bavière. Cella nous a réussy
puisque la despêche qu’il a pieu à monsieur le Cardinal me faire à moy duc
de Longueville le 12 e de ce mois nous a fait agir avec plus d’asseurance sur
le contenu cy-dessus. Nous allasmes donc le lendemain chez |:les députtez
de Bavière:|. Dans une longue conférence que nous eusmes avec eux, nous
taschasmes de leur faire comprendre le grand intérest qu’a |:leur maistre
dans la décadence visible des affaires de l’Empereur de chercher un appuy
plus asseuré que le sien:| veu qu’il sçavoit très bien que |:les Espagnolz luy
sont entièrement contraires et que l’Empereur mesme:| ne feroit peut-estre
pas de difficulté de |:sortir d’affaires à ses despens:| s’il y voyoit jour. Après
entrant dans la matière nous leur respondismes sur la première instance
qu’ils avoient faitte touchant |:nostre satisfaction particulière:| qu’encores
que nous eussions refusé de |:nous en ouvrir avec les médiateurs:| et que
nous aions |:concerté avec noz alliez de ne nous en pas expliquer qu’après
que nous aurions receu la réponse à noz propositions:| nous voulions bien
|:traicter confidemment avec eux:| sur les asseurances qu’ils nous avoient
données de |:la disposition de leur maistre à nous y procurer tout contente-
ment:| raisonnable. A quoy nous adjoustasmes les précautions suivantes: 1.
que |:le duc de Bavières:| voulût aussy prendre garde qu’on ne se servît pas
de |:nostre facilité pour donner jalousie à noz alliez:|, en leur faisant croire
que |:nous eussions voulu entendre à un traicté particulier ce qui n’est
nullement nostre intention:|, nous asseurans aussy que |:ce n’estoit pas celle
de leur maistre:|. 2. Que nous n’entendons aucunement nous départir |:des
demandes:| que nous avons |:faictes pour l’intérest public de l’Allemagne:|
dans lequel nous avions tousjours creu et croyons encores que consistoit la
principale seureté |:pour la paix:|. C’est pourquoy il estoit très nécessaire si
|:Son Altesse vouloit faire parestre sa bonne disposition |:à la paix qu’elle
fist aussy en mesme temps:| résoudre les choses générales. Que nous ne
voulions pas leur désavouer que les résolutions favorables qui pourroient
estre prises sur |:noz intérestz particuliers ne nous portassent plustost à
faciliter par noz offices vers noz alliez et amis les autres affaires:| qui
regardent le général. 3. Qu’au reste |:la confiance estoit entière de nostre
part comme ilz nous y avoient conviez:| et que nous leur venions dire |:dès
la première conférence les dernières intentions de Leurs Majestez:| des-
quelles ils ne doivent pas espérer qu’on se relasche après en façon
quelconque.
Les aians ainsy préparés nous leur représentasmes que nous pourrions
prétendre avec raison de |:garder tout ce que nous avons conquis en
Allemagne:|, veu mesme que ceux qui nous |:le pouvoient disputter ne sont
pas en estat de le reprendre:|, mais au contraire de faire tous les jours de
|:nouvelles pertes:|. Que nous |:nous réduisons pourtant:| à ce qui est
absolument nécessaire pour |:maintenir la liberté d’Allemagne et l’intérest
de noz alliez:| en quoy la |:religion catholique et la maison de Bavière:|
trouveront aussy un grand appuy dans les occasions qui se peuvent
présenter à l’avenir. Qu’à cette fin nous |:ne pouvons quitter la Haute- et
Basse-Alsace avec Brisack et Philisbourg et le territoire voisin:| qui sert à la
|:subsistance desdictes places:| comme aussy |:les quatre villes Forestiè-
res :|. Ils respondirent |:avec quelque estonnement d’une telle proposition
que quand l’Empereur pourroit estre induict:| ce qu’ils jugeoient très
difficile |:à nous abandonner ce qui appartient à sa maison en ladicte
province:|, il y a plusieurs |:autres seigneurs qui n’ont jamais porté les
armes contre la France:| lesquels |:il ne seroit pas juste de despouiller:|.
Qu’il y a aussy |:dix villes Impérialles:| et que ce seroit |:choquer tout
l’Empire et noz propres alliez:| si nous |:y voulions prétendre plus de droict
que n’i a eu la maison d’Austriche:|. Que le seul |:comte de Hanau y a
vingt-quatre baillages:|, que les |:évesques de Basle, de Strasbourg et autres
prélatz y ont plusieurs places:|, et qu’on ne croyoit pas que |:nous
voulussions retenir le bien de l’Eglise:|. Nostre response fut que nous
croyons que |:le Roy se contenteroit d’avoir en propriété ce qui a apartenu à
la maison d’Austriche:| qui est |:Brizak, le Brisgaud, le Suntgau et autres
terres et droictz de souveraineté qu’elle a eue dans la Haute- et Basse-
Alsace, la protection des villes Impérialles avec garnison aux lieux où le Roy
jugera qu’il en seroit besoing:|. Enfin que |:les estatz qui rellèvent imé-
diatement de l’Empire et qui ont esté cy-devant sous la protection de la
maison d’Austriche relèveront encores de l’Empire et seront sous la
protection du Roy et les estatz médiats relèveront de Sa Majesté comme
langrave d’Alsace:|. Qu’outre cella |:Philisbourg nous doit demeurer et que
monsieur de Bavière doit estre bien aise que cette place soit entre noz
mains:|, pouvant estre un moyen pour |:maintenir la religion catolique dans
le Bas-Palatinat:|, et que quoyque |:cette place dépende de l’évesque de
Spire nous la garderons à aussy bon tiltre que l’Empereur eust pu faire:|
lequel se l’estoit réservée par |:le traicté de Prague:|. Que |:pour Mayence,
Spire et Vormes le Roy se disposera à les rendre au mesme temps que
Trèves et Armestein seront rémis entre les mains de l’eslecteur de Tréves:|.
Nous dismes ensuitte que |:les droicts acquis par le Roy sur la Loraine:|
aians esté confirmés |:par divers traictez:|, ce ne seroit pas vouloir la paix
|:de la part de l’Empereur:| si dans le traitté |:il vouloit parler de cette
affaire et y prendre intérest:| puisque mesme par tous les traittez faitz avec
|:le duc de Lorraine il a renoncé à l’alliance de la maison d’Austriche, le Roy
ne feroit pas difficulté de recognoistre l’Empereur et l’Empire pour les
portions de cet estat qui en rellèvent:|. Que pour |:l’Alsace et les autres
estatz cy-dessus mentionnez:| il seroit bien à propos qu’ils |:fussent
possédés par le Roy en toute souverainté:| puisqu’ils ont fait |:autresfois
partie du royaume d’Austrasie appartenant à noz Roys:|. Que si néant-
moins ils |:recognoissoient que cella pust choquer les estatz de l’Empire:|,
nous voulions bien leur dire |:en confiance que nous croyons que le Roy se
pourroit résoudre à faire la mesme recognoissance que l’ont cy-devant
faicte les princes de la maison d’Austriche qui l’ont possédée:|. Nous leur
avons aussy représenté que quoyque |:Saverne soit une pièce de l’évesché
de Strasbourg elle est nécessaire pour la seureté du passage:| aussy bien que
|:d’autres lieux qui sont sur le chemin de Philisbourg et nécessaire pour y
avoir libre comunication:|. Nous en avons parlé en cette sorte umpeu
générale affin que lorsque nous aurons l’information que nous attendons
nous n’ayons qu’à esclaircir noz demandes et non pas à les augmenter. Tout
cella |:leur fit peine et leur parut excessif:|, mais néantmoins |:ilz se
chargèrent d’en escrire à leur maistre lequel verroit ce |:qui se pourroit
faire. Nous avons adjousté qu’il seroit inutile de travailler à |:nostre
satisfaction:| si au mesme temps on ne pourvoioit à |:celle de la couronne
de Suède:|. Ils ont respondu que |:leur maistre en estoit bien d’advis:| et
que mesme il conseilleroit |:à l’Empereur de contenter raisonnablement les
Suédois:|, mais que d’estre l’entremetteur de leurs affaires:| ce n’est pas son
intention.
Pour ce qui est de |:son intérest touchant le rembourcement de ce qui luy
est deu par l’Empereur ou la restitution des terres qui avoient esté
engagées:|, nous avons prononcé hardiment en sa faveur et promis |:l’assis-
tance du Roy pour en tirer raison dans la négotiation:|. Quant à |:l’eslecto-
rat:| nous l’avons aussy asseuré de tout ce qui deppend de |:Sa Majesté:|
pourveu que les |:effectz répondent à ses parolles:|, mais qu’il a grand
intérest |:d’avancer le traitté d’autant qu’il pourroit arriver:| de si notables
changemens, que |:nous ne serions pas assés puissans auprès de noz alliés
des princes protestans de l’Empire:| pour obtenir la |:conservation de cette
dignité en sa maison:| parce qu’en un mot nous ne voudrions pas |:rompre
avec noz alliez pour quoy que ce fust:| ouy bien employer jusques-là tout ce
qui sera en nostre pouvoir.
Nous passasmes de ce discours à celuy de la |:suspension d’armes:|
proposée à l’un de nous comme il est porté cy-dessus. Nous les asseurasmes
premièrement du |:secret qu’ilz y désirent:|, et après leur avoir déclaré de
nouveau que cette affaire ne peut estre conclue que |:du consentement de la
couronne de Suède:|, nous leur fismes doucement reproches de ce que |:le
succez de Margentheim:| leur avoit sans doute fait |:surseoir une pareille
suspension que le confesseur de leur maistre:| avoit commencée avec |:Son
Eminence:|, qu’alors il proposoit de mettre sous la |:protection du Roy:|
non seulement |:sa personne mais aussy celle de son frère l’eslecteur de
Cologne et leurs Estatz avec les cercles de Franconie, Suabe et Bavières:|,
que nous ne croyons pas qu’ils voulussent reprendre aujourd’huy |:le
traicté:| soubs d’autres conditions. Ils nous respondirent que ce qu’ils ont
eu charge de nous dire n’est pas tant une proposition de leur part comme
une response de |:monsieur de Bavière sur une ouverture que luy a esté
faicte de la part de Monsieur le Cardinal par monsieur le nonce Bagni de se
déclarer contre ceux qui ne voudroient pas la paix:| qu’il tesmoigne d’estre
prest de faire. Mais ne nous pouvans pas fonder sur l’avis qu’ils nous en
donnoient, nous avons essaié d’agir sur le pied de |:première proposition:|,
et sur ce nous fismes lecture de |:l’endroict des lettres de Son Eminence:|
qui en fait mention . Nous cogneusmes bien que leurs ordres n’y estoient
pas conformes et nous dirent que |:cette protection desdicts eslecteurs et
cercles n’avoit esté demandée que contre les Suédois:|. Sur quoy voyans
que pour nous donner l’échange ils ne s’attachoient plus qu’au |:traicté
général:| et disoient qu’il valloit mieux |:faire la paix:|, nous trouvasmes à
propos de les engager dans leurs premiers discours et dismes que |:quelque
traicté particulier qu’il y avoit à faire entre nous il y avoit trois conditions:|
qui y estoient requises: 1. Que |:les Suédois, les Hessiens et tous noz alliez y
soient compris:| en sorte que |:le traicté porte une obligation précise du duc
de Bavière de ne donner aucune assistance de gens ny d’argent à l’Empereur
ni à aucun autre prince que ce soit contre lesdicts:| alliez. 2. Que l’on
convienne |:des contributions et des quartiers entre le Rhin et le Danube:|.
3. Et qu’on mette |:entre les mains du Roy quelques places pour la seureté
de l’observation de ce qui sera promis:|. Ils demeurèrent d’accord de la
première condition en toutes ses parties à la charge aussy que |:l’armée du
Roy ne donnera aucun secours contre l’Empereur ny contre l’eslecteur de
Cologne:|. Ils vouloient de plus que |:pendant la surséance:| elle demeurast
tout à fait sans action, mais nous leur tesmoignasmes que ny l’un ny l’autre
ne pouvoit estre accordé. Quant au second point ils prétendent que |:les
quartiers qu’ilz ont eu jusques icy leur doivent estre:| laissés et sur la
difficulté que nous en fismes, ils présupposèrent que |:les trouppes de Hesse
s’en voulloient retourner par deçà et que celles de monsieur le duc
d’Anguien et de monsieur de Turenne pouvoient aisément subsister dans
leurs anciens quartiers:|. Nous leur répliquasmes nettement qu’il est
impossible d’entendre à une telle proposition et après plusieurs discours
tenus de part et d’autre il nous parut qu’on les pourroit induire à |:nous
faire part de leurs quartiers:|. La troisième condition fut fort contestée par
eux. Ils dirent qu’il |: falloit se fier à la parolle d’un grand prince et à la foy
d’un traicté qu’il signeroit:|. Sur quoy nous leur fismes considérer que ne
pouvans pas |:résoudre cette suspension sans le consentement de noz alliez
qui ne le donneroient qu’à grande peine et sur de bons gages:|, il est besoin
absolument que |:nous ayons en main de quoy les asseurer de l’exécution
des conditions qui les regardent:|, que |:messieurs les plénipotentiaires de
Suède nous ont souvent dit que monsieur de Bavière ne s’empescheroit
jamais d’assister l’Empereur contre eulx:| et qu’à moins de |:licentier ses
trouppes et de mettre Ingolstat entre noz mains, ilz n’estimoient pas que
nous en puissions avoir une suffisante seureté:|. Que nous ne voulions pas
toutefois songer de |:luy proposer un désarmement pour diminuer sa
puissance, qu’au contraire nous souhaittions qu’il se maintînt dans un estat
considérable afin de mesnager mieux ses intérestz et les nostres dans la
main et faire pancher l’Empereur du costé que nous désirions:|, encores
moins à luy demander |:une pièce si importante comme Ingolstat ni
toucher à aucune partie de ses Estatz:|, mais qu’avec justice nous pouvions
demander |:Ermestein et Fribourg qui n’appartiennent point audit duc et
qui ont esté prises sur nous:|. A ce mot |:d’Ermenstein ils furent estonnez
disans que c’est la plus considérable place d’Allemagne et dont leur maistre
ne peut pas disposer:|. Nous dismes que |:si ce n’est luy c’est son frère
l’eslecteur de Cologne et que c’est une mesme chose:|. Ils soustinrent que
|:ni l’un ni l’autre n’i a le pouvoir entier et que celluy qui y commande
ayant aussy serment de l’Empereur ne voudroit pas rendre la place quand il
en auroit ordre desdits électeurs:|. Il fut aussy parlé de |:Heildeberg où ledit
duc tient garnison:|, mais sans nous relascher aucunement |:d’Ermestein:|
où nous dismes plusieurs fois que |:l’honneur du Roy est engagé et que ledit
duc de Bavière recherchant comme il fait la bienveillance de Sa Majesté:|
elle tiendroit malaisément pour ses véritables amis ceux qui ne voudroient
pas luy procurer le contentement de |:recouvrer cette place pour la remettre
entre les mains du prince qui luy avoit cy-devant confiée:| Ils persistèrent à
tesmoigner beaucoup de répugnance et dirent que si nous voulions |:finir la
guerre dans l’hiver prochain il n’estoit pas besoing de place de seureté:|,
néantmoins sur la fin de la conférence comme ils nous trouvèrent fermes de
ce costé-là ils |:se chargèrent d’en escrire à leur maistre:| et nous nous
séparasmes bien d’ensemble. Quoyque cette conférence qui fut fort longue
nous ait obligé d’estre un peu prolixes dans le récit nous croyons encores à
propos de ne passer pas sous silence |:qu’en parlant d’Ermestein les
députtez de Bavières:| tesmoignèrent entre autres difficultez qu’on désiroit
beaucoup d’eulx et qu’on ne leur donnoit rien d’asseuré:| parce que |:nostre
promesse de conserver l’eslectorat dans sa maison n’est pas suffisante si
celle de noz alliez n’i est joincte ou que le Roy ne s’y oblige positivement
sans leur consentement:|.
Nous avons mis à part les principales questions qui résultent de toute la
négotiation cy-dessus déduitte et y avons adjousté qui est de nostre
opinion: Pour ce qui est de l’affaire de |:Frankendal dont:| on demande noz
sentimens
de sortir de |:cette place:|. Il y a très grande apparence qu’il s’en est
addressé au |:résident d’Angleterre qui est à Francfort pour quelque
mauvaise fin:|, puisque Son Eminence nous fait la faveur de nous en
demander noz sentiments, nous estimerions que |:sans rejetter la proposi-
tion:| il seroit à propos de |:la tirer un peu en longueur:| pour s’en mieux
esclaircir. Car estant certain que ce n’est pas |:par affection envers la reine
de Bohême que le gouverneur de Frankendal offre de luy remettre cette
place :| et qu’il est forcé par quelque autre puissante considération il
importe pour la réputation et pour plusieurs autres raisons que |:les armes
du Roy la retirent des mains des ennemis et que ce soit:| Sa Majesté qui |:la
rende à ceux à qui elle appartient:|, parce que si nous avons à mesnager
|:avec la maison Palatine quelques conditions à l’avantage de la France et de
la religion catolique en le restablissant dans ses Estatz, cette forteresse:| qui
est bien considérable estant en noz mains, nous y peut beaucoup ayder.
Joint que s’il y a quelque chose à résoudre sur cette affaire il y vaudra mieux
que ce soit |:sur la fin de la campagne qu’à présent parce que les ennemis
proffiteront moins en ce temps-là de la garnison qui en sortira:|.
Quant à |:la guerre du Turc:| nous croyons bien |:si elle continue:| comme
on publie que |:le Grand Seigneur en a faict veu qu’il sera difficile que la
France puisse esviter enfin de s’y engager:| et qu’il sera mesme avantageux
de le faire pour les raisons que Son Eminence remarque très prudemment.
Mais la coustume |:des Vénitiens estant d’embarquer les autres pour avoir
moyen de s’en retirer les premiers, et les Espagnols en semblables occasions
s’estant tousjours plustost laissez emporter à l’animosité qu’ilz ont contre la
France:| et au dessein de |:luy faire du mal qu’au zelle de leur religion et au
soing de deffendre la chrestienté:|, il semble |:qu’on y doit marcher avec
grande circonspection:| et qu’il seroit bon de |:ne s’obliger positivement à
rien si l’on ne faict qu’une trêve auquel cas il suffiroit de donner espéran-
ce:|. Mais en faisant la paix nous estimons qu’on |:s’y pourroit engager avec
seureté et que ce dessein ne seroit pas moins utille que glorieux à la
France.