Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Il y a quelque malheureuse meffiance qui cause des divisions entre tous les
ministres de cette assemblée. Il n’y en a presque point qui ne soient aussy
mal ensemble que monsieur d’Avaux et moy, les deux Portugais, Brun et
Savedra, celuy-cy avec l’archevesque de Cambray qui est arrivé en dernier
lieu , l’ambassadeur de Savoye avec le président qui l’accompagne, sans que
les deux Suédois ny le comte de Nassau et Volmar en soient exemptz. Ceux
qui en sont aujourd’huy plus avant, sont l’archevesque de Cambray et
Savedra, ce dernier ayant sceu que monsieur le nunce avoit envoyé
demander audience à l’autre, luy a envoyé dire qu’il ne pouvoit pas la
donner et qu’il ne devoit point se mesler d’affaires à son préjudice, l’autre
soutient le contraire, et l’animosité y est desjà très grande.
Ceux de Savoye me sont venus voir aujourd’huy l’un aprez l’autre pour me
faire plainte d’un advis que j’ay donné à la cour, l’abbé de Verrua leur ayant
escrit qu’il estoit venu de moy et que j’avois accusé Madame Royale de faire
traiter avec les Espagnolz pour Pignerol. Je ne me soucie pas d’avoir esté
nommé, car je n’ay fait que mon debvoir, mais ce bon abbé a tort de dire
que j’ay accusé madame de cela, à quoy je n’ay jamais pensé. J’ay bien rendu
compte du discours qui nous a esté fait par messieurs les médiateurs
lorsqu’ilz nous ont demandé, si nous estions bien asseurez que les Savo-
yards ne prétendissent point la restitution de Pignerol, et que Savedra
parloit, comme s’il avoit quelque asseurance de les y pouvoir engager, que
je ne sçavois pas s’ilz luy en avoient témoigné quelque chose, et que si cela
estoit, il falloit que ce fust le président Belletier plustost que l’ambassadeur,
parce qu’il avoit visité diverses fois Savedra et son collègue, ce que l’autre
n’avoit point fait. Voylà ce me semble ce que j’ay mandé, qui est la vérité.
Le président voulant justifier sa conduite lorsqu’il m’a parlé, m’a fait voir
plusieurs longues lettres qu’il a escrites au marquis de Pianesse
est icy et d’autres qu’il a receues dudit marquis. Il n’y a rien à la vérité qui
parle de Pignerol contre les intentions de la Reyne. Au contraire en un
endroit de lettre de Pianesse il y a ces motz que ce sera peut-estre l’affaire
dont l’on parlera le moins à Munster. Mais estant assez extraordinaire
qu’un inférieur fasse des négotiations longues et secrètes à l’insceu de son
supérieur, et qu’il tienne de grandes registres des lettres qu’il escrit et reçoit
en particulier sur les affaires, je luy ay répondu qu’il produisoit des tiltres
contre luy-mesme, puisque ces lettres faisoient voir qu’il avoit traité
diverses fois avec les Espagnolz et plusieurs autres ministres de cette
assemblée sans nous en rien communiquer, qu’il n’estoit pas malaisé de
présenter celles qu’on vouloit faire voir et suprimer les autres, que je n’avois
rien escrit que ce qui nous avoit esté raporté par messieurs les médiateurs
du discours de Savedra et de son opinion, que pour cest effet je le mènerai
quand il voudroit chez les médiateurs pour leur faire en sa présence les
discours qu’ilz nous avoient tenus de cette affaire, qu’ilz ne désavoueront
pas, que la chose est assez importante pour mériter d’estre esclaircie et que
pour cest effect j’en ay deu donner advis à la cour, principalement au temps
que je me suis treuvé seul chargé des affaires, que si Savedra avoit dit vray,
la présumption estoit contre ledict président, puisque c’estoit luy seul qui
avoit veu Savedra, que tant s’en faut que j’eusse soupçonné Madame Royale
de luy en avoir donné ordre, que je croyois certainement, s’il avoit fait
quelque chose en cela, qu’il s’estoit avancé sans charge, que néantmoins il y
avoit quelque chose à dire de ce qu’ayant veu diverses fois les Espagnolz et
les autres ministres de cette assemblée, il ne nous avoit point donné part de
ce qu’il traitoit avec eux. Auch d’Avaux mußte bestätigen, daß wir von den
Mediatoren in dieser Weise informiert worden waren.
J’ay découvert que monsieur d’Avaux ayant recognu en monsieur de Lon-
gueville une grande envie d’achever promptement icy les affaires pour s’en
retourner en France, luy a voulu persuader pour l’engager à prendre son
parti, qu’il treuveroit en moy des ordres secretz pour contrarier ce dessein.
Prioleau ne me l’a pas tout à fait confessé, mais s’il va jamais à la cour, je
m’asseure qu’il vous l’avouera. Cette impression n’a pas esté donnée à
monsieur de Longueville seul, on l’a donnée à divers ministres de cette
assemblée pour me rendre odieux auprez d’eux, ce que Prioleau a fort bien
remarqué.
A l’heure mesme que je vous escris ce mémoire, je fais partir un gentilhom-
me pour aller treuver de ma part madame la Lantgrave et luy porter de
bouche et par escrit ce que vous m’avez ordonné de la part de Son
Eminence, qui a trop de bonté de prendre des soins si obligeans de son
fidelle serviteur, dont je luy seray redevable jusqu’à la mort.
Je vous prie de l’asseurer que si monsieur d’Avaux s’en va, tous ces artifices
seront découverts et paroistront au jour pour retumber sur luy. Il est certain
que l’animosité l’a emporté bien avant et l’a obligé à faire des choses bien
éloignées du devoir, que j’esclaircirai à monsieur de Longueville aussytost
que l’autre sera party. S’il s’en va, vous pouvez asseurer Son Eminence que
nous fairons icy les affaires doucement, glorieusement et avec l’ayde de
Dieu heureusement. S’il demeure, comm’il semble en avoir envie, il sera
bien malaisé de travailler en paix, et pour vous dire le vray, je prévoy qu’il
faudra qu’enfin je me retire, non pas par mescontentement ny par aucun
dépit, mais parce que cest homme qui agist sans cesse contre moy par des
voyes secrètes et malicieuses, me mettroit enfin mal avec monsieur de
Longueville, ce qu’il m’importe extrêmement d’éviter ou de prévenir. –
D’Avaux behauptet neuerdings, in der Zeit, in der er sich weigerte, an den
Verhandlungen teilzunehmen, krank gewesen zu sein. Depuis vostre discours
avec monsieur de Bagny sur mon subjet , monsieur Chigy n’a pas paru
mieux disposé pour moy, au contraire il a agi plus ouvertement à faire des
cabales pour monsieur d’Avaux avec Prioleau, que monsieur de Longueville
a envoyé icy pour traiter de son tiltre d’Altesse. Je ne croy pas qu’il ozast se
mesler de ces cabales, s’il n’avoit ordre secret du pape. J’ay pourtant tout
dissimulé sans luy rien témoigner ny à son collègue. Ilz font les difficiles
pour ce tiltre, quoyque les Suédois, les Portugais et Savoye soient disposez
de le donner à monsieur de Longueville.