Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen

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Nous avions eu d’abord intention de vous envoyer cette dépesche par un
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homme exprez, mais ayans attendu quelques jours un second escrit des
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Suédois qu’ilz nous avoient promis de nous envoyer refformé pour la
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substance à peu prez comme le nostre lequel nous nous promettions de
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vous envoyer avec le premier qui sera cy-joinct, nous sommes insensible-
20
ment arrivez au jour de l’ordinaire sans avoir encore receu ledit escrit. C’est
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pourquoy sans différer davantage pour l’attendre nous avons estimé vous
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devoir rendre compte de ce qui s’est passé au voyage que l’un de nous vient
23
de faire à Oznabruk affin que Sa Majesté ayt assez de loysir pour délibérer
24
sur les ordres qu’elle aura agréable de nous envoyer, s’agissant d’une
25
proposition qui contient tous les principaux articles du traicté et que nous
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nous sommes solennellement obligez de donner conjoinctement avec les
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Suédois pour le plus tard aux prochaines festes de la Pentecoste. Nous
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espérons qu’on remarquera à la cour combien il importe de n’y manquer
29
pas, puisque ce n’a pas esté sans quelque peine que nous avons obtenu ce
30
délay des Suédois qui croyoient que l’arrivée de monsieur de Saint Romain
31
nous auroit suffisamment instruict des volontez de Sa Majesté et qu’aprez
32
cela nous n’aurions plus besoing de ce long terme qui nous avoit esté
33
accordé au voyage de monsieur Oxenstiern. Ilz eussent bien souhaitté que
34
nous eussions résolu présentement toutes choses et donné la proposition
35
sans plus différer pour tirer profit des favorables conjunctures où se
36
treuvent les affaires du party, mais nous avons persisté à voulloir que la
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Reyne eust le temps de faire derechef examiner en son conseil tout ce qui a
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esté de nouveau concerté avec eux en exécution des ordres qui nous ont
39
esté envoyez et ilz en sont demeurez d’accord.

40
Qu’oultre ce qui est contenu en la proposition dont nous envoyons la
41
coppie, nous avons eu à traicter avec eux divers poinctz de très grande
42
considération. Celuy de la religion a tenu le premier lieu comme le plus
43
important et celuy que Sa Majesté tesmoigne d’avoir plus à coeur. Aprez
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nous avons creu nous devoir esclaircir de leurs intentions sur la trefve en
45
cas qu’elle fût proposée et que la paix se rende trop difficille à conclure,

[p. 327] [scan. 375]


1
nous avons voulu sçavoir en outre quel estoit leur dessein à l’esgard de
2
l’Espagne en cas qu’elle ne voullust pas conclurre la paix en mesme temps
3
que celle de l’Empire seroit traittée. Ensuite nous leur avons |:renouvellé
4
noz plainctes sur les poursuittes de l’Escossois qui traicte de leur part avec
5
le parlement d’Angleterre:|. Et pour conclusion nous leur avons |:commu-
6
nicqué la proposition qui a esté faicte à la court par le confesseur du duc de
7
Bavières qui:| a esté gardée pour la dernière conférence de crainte que
8
mettant d’abord de la deffiance dans leur esprit dont ilz ne sont que trop
9
susceptibles, elle ne portast préjudice au reste de la négociation qu’on avoit
10
à faire avec eux, car pour l’office fait cy-devant en Hollande par monsieur
11
d’Estrade sur la guerre de Dannemark, nous avons estimé de les avoir sy
12
plainement satisfaictz aux précédentes conférences qu’ilz ont paru en
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demeurer contens. Nous avons mesmes tasché de leur faire doucement
14
comprendre que s’il y avoit lieu d’en reparler et d’examiner par le menu
15
tout ce qui s’est passé en cette affaire, il se treuveroit peut-estre que nous
16
aurions plus de subjet de nous plaindre du résident suédois, qu’eux de celuy
17
de France, ce que néantmoins nous avions mieux aymé dissimuller en
18
imputant ce que l’un et l’autre a fait au zèle qu’ilz ont eu pour le service de
19
leurs maistres.

20
1. Il y a eu quelque esclaircissement nouveau à prendre avec eux sur la
21
forme de traitter avant qu’entamer les matières. L’intention de l’Empereur
22
est lorsque les députez qui estoient à Francfort seront arrivez icy que les
23
propositions qui viendront de nous ou des Suédois soient délivrées à ses
24
commissaires lesquelz en communicqueront avec lesdictz députez qui
25
s’assembleront par collèges comme ilz font dans les diettes et donneront
26
leur advis auxdicts commissaires pour former là-dessus les responces et
27
demandes qu’ilz auront à nous faire tant icy qu’à Oznabruk. Dez la
28
première foys que messieurs les médiateurs nous ont communicqué icy
29
cette intention de l’Empereur pour la forme de traitter nous leur avons
30
tesmoigné que nous n’y pouvions point donner de résolution qu’aprez en
31
avoir conféré avec noz alliez, mais que nous y prévoyons deux grandes
32
difficultez, l’une que lesdictz députez tandis qu’ilz avoient esté à Francfort
33
n’ayans point eu pouvoir de leurs supérieurs d’y traitter des affaires de la
34
paix généralle, mais seulement de travailler au règlement de la justice et à
35
quelques autres poinctz particuliers

42
Die Versammlung der Reichsdeputation in Frankfurt war nur zur Beratung von Justizwesen
43
und Landfrieden einberufen worden ( Dickmann S. 113).
auxquelz leur commission estoit
36
limitée, nous ne voyons pas avec quelle authorité ilz pourroient ny en
37
prendre cognoissance ny décider de ce qui n’est pas compriz dans leur
38
pouvoir. La seconde, que ce seroit faire un affront à tous les autres députez
39
qui sont icy, qui y ont esté invitez par les deux couronnes et qui sont
40
spécialement munis de pouvoirs pour intervenir au traitté de la paix sy en
41
leur présence et à leur exclusion ceux qui viennent de Francfort s’attribu-

[p. 328] [scan. 376]


1
oient le droict de tout faire sans eux. Lorsqu’il en a esté traicté avec les
2
Suédois, ilz ont fort appreuvé nostre responce, mais leur oppinion est que
3
|:il fault passer plus avant et qu’on doit essayer par tous moyens d’achever
4
de dissoudre cette assemblée de Francfort parce qu’elle n’est composée que
5
de personnes dépendantes de l’Empereur:|. Que la résolution qui a esté
6
prise de |:les transférer est un bon commencement pour y parvenir et que
7
quand les depputtez qui y estoient cy-devant seront arrivez à Munster, on
8
pourra se servir de l’opposition que tous les autres formeront à leur
9
prétention pour la destruire et les rendre inutiles, ce qui vraysemblable-
10
ment les obligera dans quelque temps de se retirer:|.

11
Il a paru qu’oultre la raison alléguée qui peut estre commune entre eux et
12
nous, ilz en ont deux autres particulières de n’approuver pas la translation
13
de cette députation de Francfort où nous n’avons point de part, l’une parce
14
qu’elle prétend de s’establir à Munster et non point à Oznabruk, ce qui leur
15
donne jalousie |:et nous avons apris qu’en tout cas ilz ont dessein de l’attirer
16
à Osnabruk:|, l’autre que la pluspart de ceux qui la composent sont
17
catholicques et diminueroient par leur présence le crédit des autres venuz à
18
nostre semonce qui sont presque tous protestans. S’il n’y avoit que ces deux
19
raisons à considérer |:nous ne serions pas obligez d’adhérer au sentiment
20
des Suédois, mais il est vray que l’Empereur ayant pris cet expédient pour
21
fortiffier son parti dans cette assemblée, il semble que nous avons trop
22
grand intérest de le tenir suspect et d’y regarder de bien près:|.

23
2. Quant à la matière de la proposition, en jettant les yeux sur le premier
24
escrit que les Suédois nous ont donné

43
Beilage 2.
on verra bien d’abord par le nombre
25
des articles qu’ilz y ont insérez qui regardent la religion, la peine qu’il y a
26
eu de les combattre sur ce poinct qu’ilz ont extrêmement à coeur, et par
27
leur inclination propre et par les instances continuelles qui leur sont faittes
28
par tous les autres députez qui sont près d’eux. Cela a obligé de leur parler
29
franchement et avec un peu de vigueur sur cet article en leur représentant:
30
Qu’il y avoit subject de s’estonner que de 18 articles dont estoit composée
31
la proposition qu’ilz nous avoient communicquée et dont neuf ou dix
32
estoient sans difficulté comme ceux qui portent de faire cesser la guerre,
33
restablir la paix, deslivrer les prisonniers, restituer le commerce et quelques
34
autres semblables, il y en avoit six qui ne parloient que de la religion, ce qui
35
feroit veoir trop clairement et obligeroit un chacun de croyre que l’unique
36
object des armes suédoises a esté jusques icy la ruyne de la religion
37
catholicque et l’avancement de la protestante. Qu’ilz sçavoient bien que la
38
guerre entreprise par les deux couronnes dans l’Allemagne n’avoient [!]
39
point eu pour but la religion et que la France n’avoit jamais entendu d’estre
40
alliée pour cela. Que |:le seul dessein dans l’alliance a esté d’abaisser
41
l’aucthorité de l’Empereur et de la maison d’Austriche, rellever celle des
42
estatz de l’Empire, restablir le mieux qu’on pourra les princes despouillez,

[p. 329] [scan. 377]


1
asseurer le plus advantageusement qu’il sera possible les intérestz particul-
2
liers des deux couronnes et laisser la religion en l’estat qu’elle estoit lorsque
3
la guerre a esté commencée:|. Que la voye qu’ilz veullent prendre |:seroit
4
plus capable de ruiner noz affaires et restablir celles de l’Empereur que de
5
nous procurer aucun solide advantage:| parce que la considération du Roy
6
ayant empesché plusieurs princes catholicques tant dans l’Allemagne que
7
dans l’Italie de s’intéresser dans cette guerre par les asseurances qu’on leur a
8
données qu’il ne s’agist point de la religion et que ce n’est purement qu’une
9
guerre d’Estat à quoy ilz ont adjousté foy, prenant confiance aux parolles et
10
à la conduitte d’un Roy très chrestien et très catholique qu’ilz n’ont pas
11
creu capable d’agir contre sa propre religion |:voyant aujourd’huy le
12
contraire dans les demandes de noz alliez, ilz pourront prendre de
13
nouvelles résolutions, former des desseins de se déclarer ouvertement
14
contre nous, et y jouer de leur reste comme dans une occasion où il est
15
question de deffendre ce qui touche plus sensiblement tous les hommes:|.
16
Qu’oultre le préjudice qu’on recevroit dans |:la résolution manquant à
17
nostre parolle et donnant lieu de croire qu’elle n’auroit esté donnée que
18
pour tromper:|, nous en recevrions un très nottable dans noz affaires
19
communes pour le grand nombre de nouveaux ennemis que cela pourroit
20
attirer contre nous lesquelz retenuz par le respect de la France et prenant
21
confiance en la justice de ses desseins avoient esté heureusement persuadez
22
de n’y prendre point de part. Qu’ilz n’ignorent pas que les Espagnolz se
23
vantent d’avoir un pape à leur dévotion auquel par conséquent il ne sera pas
24
malaisé de persuader ce qu’ilz voudront quand ilz auront en main de quoy
25
appuyer leurs persuasions et faire veoir que c’est principallement à la
26
religion catholique qu’on en veult ce qui entraisneroit beaucoup d’aultres
27
potentatz dans les résolutions que Sa Saincteté pourroit prendre sur ce
28
fondement. Que les appréhensions et les jalousies de tous les princes
29
catholicques peuvent devenir d’aultant plus grandes qu’on a desjà sceu
30
|:partout les recherches qui ont esté faittes de la part de la Suède d’une
31
estroicte union avec le parlement d’Angleterre, ce qui ne tend qu’à faire une
32
ligue de tous les protestans et venir enfin à l’exécution du convenant
33
d’Escosse

39
Schottische Konföderation (Covenant) von 1638 gegen den Ausbau des Anglikanismus und
40
gegen Einflüsse des Katholizismus; sie wurde in Form eines Bündnisses der schottischen Stände
41
mit dem englischen Parlament am 13. August 1643 von den Schotten erneuert und am 18.
42
September 1643 vom Parlament in London angenommen (Druck: Du Mont VI, 1 S.
43
287–290; vgl. Guizot I S. 443f.).
qui a pour object la ruine de la religion catholicque:| en tous
34
lieux. Qu’ilz doivent un peu mieux considérer ce qui peut faire préjudice à
35
la réputation d’un grand Roy leur principal allié qui n’a rien oublié pour
36
contribuer à leur grandeur, non seulement en satisfaisant punctuellement à
37
toutes les conditions des traittez d’alliance, mais par tous les autres offices
38
que Sa Majesté a peu faire en Pologne, Dannemark et ailleurs pour les

[p. 330] [scan. 378]


1
garentir ou deslivrer de nouveaux ennemis, mesmes en Hollande, où le
2
ministre du Roy a sy puissamment travaillé en dernier lieu par ordre exprez
3
de Sa Majesté |:pour les faire assister en la guerre de Dannemark, encore
4
que cet office fust beaucoup préjudiciable à tous noz desseins de Flandres:|.
5
Que sy l’alliance de la France leur est chère et leur a esté sy utile jusques
6
icy, ilz ne doivent pas mesler dans leurs desseins des poinctz chatouilleux
7
qui pourroient donner des scrupulles à la piété de la Reyne et faire doubter
8
un jour sy on peullt avec honneur et conscience y adhérer. Qu’enfin il ne
9
seroit pas raisonnable qu’en toutes occasions ilz fissent l’explication des
10
traittez d’alliance |:comme il leur plaist et contre la teneur des parolles et
11
des clauses qu’ilz contiennent:| qu’il est expressément porté que la religion
12
demeurera en l’estat qu’elle estoit avant la guerre commencée par les deux
13
couronnes |:non pas de celle de Bohême:| qu’encore que par le traitté de
14
Vismar il soit dit que les choses tant de la religion que profanes seront
15
remises comme en 1618, outre que ce traitté n’a pas esté ratiffié

39
Der in Wismar abgeschlossene Vertrag zwischen Schweden und Frankreich war eigentlich
40
nur der Interimsvertrag vom 1. April 1636 (Druck: Rydberg V, 1 S. 373–375), da die
41
Entwürfe für den eigentlichen Bündnisvertrag erst den Regierungen unterbreitet werden
42
mußten ( Dickmann S. 91f.). Die Bestätigung und Ratifikation des Inhalts dieses Bündnisver-
43
trages erfolgte erst durch den Hamburger Vertrag von 1638.
, les autres
16
articles accordez pour le mesme subject doibvent servir de règle et
17
d’interprétation à celuy-là, qu’ilz se peuvent souvenir comme la promesse
18
de laisser jouir les ecclésiasticques de leur revenu a esté exécutée de leur
19
part et combien de foys nous avons esté contrainctz de leur faire plainctes
20
des continuelles contraventions qui y sont faittes. Ilz demeurent bien
21
d’accord que la guerre où les deux couronnes sont engagées n’est point
22
pour la religion et protestent qu’ilz ne pensent point à destruire la
23
catholicque, mais ilz soustiennent qu’on ne peut faire la paix dans l’Alle-
24
magne sans y remettre touttes choses en l’estat qu’elles estoient avant
25
l’origine de la guerre qui a esté l’année 1618, qu’en cela il n’est point
26
question de faire préjudice aux catholicques ny d’agrandir les protestans,
27
mais d’affermir le repos public qui ne peut durer que chacun ne jouisse de
28
ce qui luy appartenoit devant les troubles |:que si nous voulions doutter de
29
cette maxime, nous serions plus contraires à noz propres alliez que
30
l’Empereur mesme:| qui leur a accordé par le traicté de Prague la jouissance
31
des biens ecclésiasticques pour quarente ans et qu’il ne feroit pas difficulté
32
de leur donner davantage s’ilz se voulloient séparer de nous et se réunir
33
avec luy |:et que ce poinct est de si grande considération que n’ayans point
34
de véritables alliez dans l’Allemagne ny ausquelz nous puissions nous fier
35
contre la maison d’Austriche que les protestans, nous y devons marcher
36
avec très grande circonspection, pour ne les dégouster pas ou les convier de
37
prendre peut-estre son parti qui ne seroit pas advantageux aux deux
38
couronnes, puisqu’elles ne sauroient jamais rien faire d’utile pour elles ny

[p. 331] [scan. 379]


1
de glorieux dans l’Allemagne sans l’assistance des protestans, tous les autres
2
estans uniz à la maison d’Austriche et par conséquent noz ennemis couvertz
3
ou déclarez:|. Que nous nous treuvons dans une extrême peine pour ajuster
4
en ce rencontre les sainctz mouvementz de la Reyne et de son conseil en
5
faveur de la religion catholicque avec les inclinations de noz alliez et plus
6
véritables amis qui se rencontrent tous protestans, car encore que nous
7
ayons droict par quelques articles des traittez d’alliance de résister aux
8
Suédois sur ce poinct |:et eux et nous ne savons comme nous deffendre des
9
instances de tous les estatz protestans qui ont suivi nostre parti dans
10
l’Allemagne et par l’assistance desquelz nous espérons de venir à bout de
11
noz desseins, tant pour noz intérestz particulliers que pour les publicz,
12
estant à craindre que si nous leur reffusons absolument ce qu’ilz demandent
13
sur un poinct si affectionné par eulx que celluy de leur religion et où:| ilz
14
déclarent de ne voulloir que ce qui leur a appartenu aultresfois mesmes du
15
consentement des Empereurs |:non seullement nous ne perdions leur
16
bonne volonté qu’ilz tourneront toute du costé de la Suède, mais nous ne
17
leur donnions la pensée de s’en adresser sans nous tout droict à l’Empereur
18
où sans doutte ilz trouveroient grande facillité pour les affaires de la
19
religion, pourveu qu’ilz se veullent réunir avec luy contre nous, et se rendre
20
facilles dans ce qu’il désire d’eulx pour les intérestz d’Estat. Il y en a mesme
21
qui nous ont déclaré nettement que sans leur contentement la paix ne se
22
pouvoit pas faire parce que leur résolution est quand ilz seroient abandon-
23
nez des couronnes et qu’ilz ne pourroient rien obtenir de l’Empereur, de se
24
perdre plustost les armes à la main que d’estre traictez à l’advenir
25
impérieusement comme ilz ont esté cy-devant en toutes rencontres. Les
26
Suédois qui n’ont pas le mesme obstacle de consience que nous font valloir
27
la force de leurs raisons, exagèrent les subjectz qu’il y a de craindre les
28
effectz de leur mescontentement et se portent aveuglément à leur complai-
29
re, ce qui leur acquiert beaucoup de crédit dans tout le party à nostre
30
préjudice:|. C’est ce qui nous faict treuver ce pas sy glissant en toutes
31
façons qu’il est presque impossible d’y prendre une assiète solide et qui ne
32
soit subjetté à tumber dans divers inconvéniens |:car après tout nostre plus
33
grande jalousie est contre la maison d’Austriche qui n’est pas si abbaissée
34
qu’elle ne puisse estre relevée par un coup de bonheur. Quoyque nous
35
eussions une extrême appréhention de causer quelque division entre nous
36
et les Suédois qui eust esté très périlleuse à l’ouverture de la négotiation et
37
qui eust donné jour aux ennemis d’en proffiter:| le poinct estoit trop
38
important et nous estoit trop soigneusement commandé par la Reyne pour
39
en parler mollement, c’est pourquoy nous avons estimé leur devoir
40
descouvrir avec franchise et liberté ce qui nous empeschoit de satisfaire
41
entièrement à leur désir affin qu’ilz taschassent de s’accommoder à nostre
42
impuissance. Enfin la contestation a esté assez doucement terminée et ilz se
43
sont départiz non seulement de la prétention qu’ilz avoient eue d’abord de
44
nous faire faire les mesmes demandes qu’ilz avoient projectées dans les

[p. 332] [scan. 380]


1
intérestz de la religion, mais nous les avons disposez à se conformer à noz
2
intentions |:et mesme à ne mesler pas dans leur proposition les poinctz qui
3
pourroient faire trop d’esclat et donner impression au monde que l’on a
4
faict la guerre jusques icy plus pour la religion que pour l’Estat:|. Ilz nous
5
ont donc fait espérer qu’ilz refformeront leur proposition et l’ayant dressée
6
à peu prez conforme à la nostre pour la substance ilz nous en envoyeront le
7
project au premier jour lequel sera joinct à cette dépesche s’il nous arrive
8
avant que le courrier parte

41
Dieser überarbeitete schwedische Entwurf kam, wie die Gesandten am Anfang des Schreibens
42
feststellen, nicht mehr zeitig in Münster an; er wurde als Beilage 1 zu nr. 105 an Brienne
43
übermittelt.
.

9
Il est bien vray qu’ilz prétendent en venant à l’explication de l’article qui
10
parle de la religion et en proposant les moyens d’accommodement entre les
11
catholicques et protestans pour dresser le règlement qui doibt servir de loy
12
entre eux à l’advenir, de remettre sur le tappis les mesmes demandes que
13
nous leur avons faict oster de leur proposition, mais outre que cela ne
14
paroistra que comme un accessoire et moyen nécessaire pour éviter les
15
troubles et pour affermir la paix et qu’il y a beaucoup de demandes qui
16
peuvent estre faictes en conséquence de diverses déclarations et concessions
17
des Empereurs, |:nous aurons eu advantage qu’il n’aura pas esté mis dans les
18
premières demandes qui seront publiées partout qu’il n’en sera parlé qu’à la
19
réplique et que ce seront les Suédois seulz qui en feront l’instance comme
20
on désire à la cour, à quoy mesme nous tascherons d’apporter les résistances
21
qui seront en nostre pouvoir sans qu’au moins nous nous meslions de
22
demander ou d’appuyer que ce que nous pouvons faire avec honneur et
23
consience et à quoy le bien de l’Estat et le service de Leurs Majestez nous
24
obligeront pour ne mescontenter pas entièrement les anciens amis et alliez
25
du royaume:|.

26
3. Aprez cette résolution prise la proposition de la trêve a esté mize sur le
27
tappis assez à propos, car les Suédois ayans tesmoigné estre bien ayses de
28
nous voir marcher de sy bon pied et sy franchement dans la négociation
29
généralle contre leur attente et les impressions qu’on leur avoit voulu
30
donner que nous ne désirions point de paix, il leur a esté respondu que la
31
France y a tousjours esté sy portée que Leurs Majestez souhaittoient mesme
32
de sçavoir comme on auroit à se conduire en cas qu’elle fust trop difficile à
33
conclure, et qu’on fît ouverture d’une longue trêve. Monsieur Salvius a
34
reparty d’abord pourveu qu’elle fût de cent ans qu’ilz y pourroient
35
entendre, il luy a esté réplicqué qu’il y avoit un terme plus court prescript
36
par le dernier traitté d’alliance, qu’outre cela le subside qui leur avoit esté
37
promis pour l’entretennement de leurs trouppes pendant le temps qu’elle
38
dureroit faisoit veoir bien clairement qu’on n’avoit pas estimé devoir
39
prétendre à un sy long délay et que nous serions bien heureux sy mesme en
40
concluant la paix nous pouvions espérer seulement de demeurer en repos la

[p. 333] [scan. 381]


1
moytié de ce terme, |:mais quoy qui leur ait pu estre dict, ilz ont tousjours
2
déclaré qu’ilz n’y pouvoient entendre et que les choses y estoient moins
3
disposées que jamais non seullement parce qu’une trêve de dix ou douze ans
4
finiroit presque en mesme temps que celle qu’ilz ont avec la Pologne et qu’ilz
5
ne sauroient que faire de leur milice pendant qu’elle dureroit, mais parce
6
qu’estans aujourd’huy dans les mains héréditaires et maistres de plusieurs
7
grandes provinces d’Allemagne comme ce n’estoit pas l’ordinaire dans les
8
trêves de rien quitter, il n’estoit pas à présumer que l’Empereur voulût
9
consentir qu’ilz demeurassent en l’estat qu’ilz se trouvent:|. Ce discours estant
10
fait par monsieur Salvius et contredit par diverses responses, monsieur
11
Oxenstiern a priz la parolle et prononcé comme par forme de décision que ce
12
n’estoit pas la saison de disputter de cela et qu’il falloit auparavant faire tous nos
13
effortz pour avoir la paix |:estant bien difficille d’espérer jamais une
14
conjoncture plus favorable pour sortir d’affaires par à bout que celle qui se
15
présente à quoy il a fallu nécessairement acquiescer pour ne faire pas paroistre
16
un desseing desjà formé de préférer la trêve à la paix:|.

17
4. Ilz ne se sont pas deffenduz par de meilleures raisons des instances qui
18
leur ont esté faites touchant les intérestz d’Espagne en cas qu’elle ne
19
voullust pas conclure la paix en mesme temps que celle de l’Empire pourra
20
estre résolue. On leur a représenté à diverses fois qu’en suite |:des traictez
21
d’alliances ilz ne sont pas moins obligez d’estre en guerre avec les
22
Espagnolz qu’avec l’Empereur:| puisque le premier article porte en termes
23
exprez ‘bellum decretum esto, geratur et continuetur in Imperatorem,
24
domum Austriacam et eius adhaerentes’

38
Artikel 1 des Bündnisvertrages von Wismar lautet an dieser Stelle: bellum … geratur
39
adversus domum Austriacam, inprimis Imperatorem Romanum eiusque adhaerentes …
40
( Rydberg V, 1 S. 367), Artikel 1 des Hamburger Vertrages von 1638 hat: bellum decretum
41
esto, geratur ac continuetur in filium eius [Ferdinandi II. Imperatoris] Ferdinandum et
42
domum Austriacam eiusque adhaerentes ( Rydberg V, 1 S. 425).
, qu’ilz ne pouvoient pas désavouer
25
que le roy d’Espagne ne fust l’aisné de la maison d’Austriche |:et que quand
26
on voudroit expliquer selon leur opinion qu’on a seullement entendu de
27
faire la guerre à la branche de la maison d’Austriche qui est en Allemagne,
28
on ne peut pas nier que le roy d’Espagne n’y soit compris comme l’un des
29
principaux adhérans et par conséquent que la guerre n’ait esté résolue entre
30
les deux couronnes contre luy aussy bien que contre l’Empereur:|. Que le
31
second article commence de cette sorte: ‘hi ut ad honestam tandem pacem
32
universalem eo potentius adigantur uterque regum’ etc.

43
Artikel 2 des Hamburger Vertrages von 1638.
et que si l’on n’eust
33
entendu parler que de l’Empereur il eust fallu mettre ‘ille’ en singulier et
34
non pas ‘hi’ en pluriel ce qui monstre qu’on a voulu parler des deux
35
branches de la maison d’Austriche et de tous ses adhérens parmy lesquelz le
36
roy d’Espagne est compris ou d’une façon ou d’aultre. Qu’il est dit en un
37
aultre endroict: ‘agantur Coloniae res Regis Christianissimi, Hamburgi

[p. 334] [scan. 382]


1
autem vel Lubecae res regni Sueciae’

42
Artikel 9 des Hamburger Vertrages von 1638.
, ce qui fait voir encore que les
2
principaux intérestz de la France estans ceux qu’elle a à démesler avec
3
l’Espagne, ilz doivent estre terminez en mesme temps que ceux de la Suède
4
sy on veut accomplir de bonne foy ce qui est prescrit par les traittez qui
5
portent encore en un aultre lieu: ‘uterque conventus alter ab altero totus
6
pendeat et ita cohaereant ut pace vel utroque loco confecta vel neutro
7
discedatur’

43
Artikel 14 des Hamburger Vertrages von 1638.
. Que nous n’avons pas prétendu pour cela de les obliger depuis
8
l’ouverture de la guerre à envoyer des hommes ny des vaisseaux aux
9
Pays-Bas ny aux costes d’Espagne ayant bien recogneu que l’entreprise eust
10
esté difficile à exécuter pour eux et que nous nous sommes contentez qu’ilz
11
ayent fait leurs effortz en Allemagne comme le lieu qui leur est le plus
12
commode pour y soustenir la guerre, |:mais qu’il ne leur est pas permis d’y
13
faire la paix si nous de la faisons en mesme temps avec l’Espagne sans
14
violler les traictez puisqu’ilz sont obligez de s’arrester et nous attendre:|
15
lorsque nous leur déclarerons que nous ne pouvons |:passer outre et que
16
nous ne manquerons pas de leur faire cette déclaration lorsque les Espa-
17
gnolz:| tesmoigneront de ne voulloir pas faire marcher d’un |:mesme pied à
18
la négotiation que nous avons à faire avec eux que celle des affaires de
19
l’Empire et qu’allors ilz seront forcez ou de contrevenir directement aux
20
traictez ou de s’arrester sur nostre instance:|. Que pour conclusion sçachant
21
bien que le principal appuy de l’Empereur est tousjours venu d’Espagne, ilz
22
n’eussent pas peu espérer d’aller pendant cette guerre d’un bout de
23
l’Allemagne à l’aultre et de gaigner des batailles dans la Bohesme avec une
24
armée de quatorze mille hommes sy nous n’eussions tenu lesdictes forces
25
d’Espagne occupées en tant de divers lieux et qu’aprez cela il ne seroit pas
26
juste qu’ilz eussent tiré le principal proffit des effortz que nous avons faictz
27
contre l’Espagne et qu’ilz nous laissassent chargez de cette guerre lorsqu’ilz
28
sortiroient d’affaires avec l’Empereur, ce qui ne seroit pas faire une paix
29
généralle comme portent tous les traittez précédentz. |:Ilz ont voulu faire
30
croire par leur réponce qu’on leur a souvent faict la mesme demande et que
31
l’on est tousjours demeuré satisfaict des raisons qu’ilz ont alléguées pour
32
s’en excuser, qu’on peut s’en enquérir de tous les ministres qui ont traicté
33
avec eux en divers temps, qui n’ont jamais soustenu qu’on deubst donner
34
une semblable explication aux traictez d’alliance et que mesme on leur a
35
souvent faict cognoistre pourveu que nous n’eussions à faire qu’aux
36
Espagnolz sans que l’Empereur s’en meslât que nous n’en serions pas
37
beaucoup en peine, que c’estoit à quoy il falloit remédier par le traicté
38
général et si bien brider l’Empereur qu’il ne pust pas à l’advenir disposer
39
des forces de l’Empire contre nous dans les différens que nous pourrions
40
avoir avec l’Espagne, qu’ilz offroient de ne faire point la paix sans cette
41
condition et en cas qu’après le traicté faict l’Empereur y contrevînt de

[p. 335] [scan. 383]


1
reprendre les armes pour luy faire la guerre, mais que c’estoit tout ce qu’on
2
pouvoit raisonnablement exiger d’eux:|. Néantmoins lorsqu’on leur a
3
tesmoigné que nous ne pouvions pas nous contenter de |:cette précaution
4
qui nous exposeroit à un mal présant et asseuré et rendroit le remède
5
incertain pour l’advenir:| monsieur Oxenstiern qui avoit tousjours laissé
6
parler son collègue a dit qu’il n’estoit pas temps de former une contestation
7
pour ce subject, que les Espagnolz n’estoient pas en estat de refuser la paix
8
|:et qu’en cas qu’ilz fissent les difficilles contre raison, on auroit loisir
9
pendant le traicté d’i chercher quelque bon expédient, mais n’estant pas
10
encore demeuré satisfaict de cette espérance indéfinie et leur ayant repré-
11
senté qu’ilz seroient bien estonnez si suivant leur sentiment nous avions
12
faict un traicté de paix ou de trêve avec les Espagnolz avant que celluy des
13
affaires de l’Empire fust achevé, le baron Oxenstiern a réplicqué qu’il estoit
14
en nostre pouvoir de le faire et qu’ilz n’avoient pas droict de s’y
15
opposer:|.

16
A la vérité, on les eust peu presser davantage de déclarer leur intention, sy
17
monsieur de Rorté qui estoit présent ne m’eust fait souvenir qu’ayant eu
18
charge cy-devant lorsqu’il estoit en Suède de demander la mesme chose,
19
quelques-uns des principaux ministres luy firent entendre que |:il pourroit
20
obtenir ce qu’il demandoit et qu’ilz promettroient de ne traicter point avec
21
l’Empereur tant que nous serions en guerre avec l’Espagne, pourveu que la
22
France de son costé s’obligeast expressément de ne traicter point avec les
23
Espagnolz tandis que la guerre dureroit entre la Suède et l’Empereur, ce
24
qu’ayant faict sçavoir à la cour en ce temps-là, au lieu de luy envoyer ordre
25
d’accepter cette obligation réciproque, on luy escrivit d’en sursoir la
26
poursuitte et de n’en parler plus:|. Cette considération a obligé de n’enfon-
27
cer pas davantage cette matière parce que |:rencontrant desjà très grande
28
difficulté dans l’esprit des Suédois de ne conclurre point la paix de l’Empire
29
sans que nous sortions d’affaires avec les Espagnolz en mesme temps parce
30
qu’ilz croient que le premier est beaucoup plus facille à faire que l’autre,
31
elle deviendroit beaucoup plus grande et ne pourroit estre surmontée par
32
aucun expédient, si nous avions prétention de les assujettir et demeurer
33
libres de nostre costé, c’est-à-dire qu’il nous fust permis de traicter avec les
34
Espagnolz sans eux et que néantmoins ilz ne puissent pas terminer les
35
affaires de l’Empire sans que celles d’Espagne fussent aussi terminées:|.

36
5. Ilz ont receu avec respect la communication qui leur a esté donnée |:du
37
voiage du confesseur du duc de Bavière et des propositions qu’il a faictes à
38
la cour:|. Mais ilz ont tesmoigné d’abord en interrompant le discours qui
39
leur en a esté commencé qu’elle ne pouvoit pas passer auprez d’eux pour
40
une nouvelle puisqu’il y avoit desjà longtemps qu’on leur avoit donné advis
41
|:que ce confesseur avoit faict deux voyages à Paris et qu’en se retirant en
42
dernier lieu il avoit laissé charge à un sien frère, docteur de Sorbonne, de
43
traicter en son absence, mais que ledit duc de Bavière nous tromperoit
44
encore comme il avoit desjà faict plusieurs fois et qu’il n’y avoit rien à faire

[p. 336] [scan. 384]


1
avec luy que de le bien battre pour en avoir raison:|. Il a esté respondu que
2
nous avions très grand suject de doutter de la vérité de deux poinctz qu’ilz
3
avançoient et qu’on nous avoit sy amplement et sy particulièrement escrit
4
tout ce qui s’estoit passé en cette affaire que nous pouvions tenir pour faux
5
ou supposé tout ce qui n’estoit pas contenu dans la lettre que nous avions
6
receue, qu’outre qu’il n’y avoit pas apparence que |:ce confesseur qui est
7
Allemand eust un frère résident à Paris dans la Sorbonne, nous estions très
8
asseurez qu’il n’avoit faict qu’un seul voyage:| et que dez la première
9
audience qu’il avoit eue avec Son Eminence elle nous avoit faict l’honneur
10
de nous |:informer exactement de tous:| les discours qu’elle avoit eus avec
11
luy quoyque ce fust la veille de Pasques, que pour le surplus nous n’avions
12
point besoing de |:nous justiffier d’avoir escouté ses propositions puisque
13
nous avions droict de le faire et que cella ne tendoit qu’à procurer un bien
14
commun en diminuant le nombre de noz ennemis, qu’il estoit porté par les
15
traictés que les princes du parti contraire ‘aut rationibus trahantur aut ut
16
adigantur’. Ce qui faisoit voir qu’on n’avoit pas estimé devoir rejetter la
17
voye de douceur, ny reffuser ceux qui voudroient abandonner nostre
18
ennemi commun, que ce seroit un procédé bien estrange si lorsqu’on nous
19
offrira d’ouvrir civilement les portes:| des lieux où nous avons envie
20
d’entrer, nous respondions que nous ne voullons pas qu’on les ouvre et que
21
nous les voulions rompre, qu’on n’avoit rien trouvé à redire lorsqu’on avoit
22
offert au duc de Saxe la neutralité sans mesme nous en communiquer, que
23
la liberté debvoit estre pour le moins esgalle de part et d’aultre |:et que s’ilz
24
tesmoignoient tant d’aversion contre les princes catholiques qui auroient
25
envie de se réunir avec nous, il paroistroit clairement aux yeux de tout le
26
monde que ce seroit en haine de leur religion, ce qui pourroit offenser
27
Leurs Majestez, faire préjudice aux affaires communes et estre mal interpré-
28
té de tout le monde:|. Qu’on ne pouvoit pas procéder dans une affaire ny
29
plus honnestement ny plus sincèrement |:qu’en nous chargeant comme on
30
avoit faict de donner une entière cognoissance à noz alliez de la première
31
proposition qui en avoit esté faicte et en renvoyant la négotiation par deçà
32
afin qu’on s’i pust conduire et y prendre résolution de concert avec eux:|.
33
Ce discours leur ayant fait cognoistre qu’on avoit un peu subject de se
34
plaindre de leurs soubçons |:et de leurs adversions ausquelles ilz se laissent
35
quelques fois plustost emporter que conduire par la raison:| ilz ont
36
respondu qu’ilz estoient très obligez à Leurs Majestez de la bonne
37
confiance (ce sont leurs motz), qu’ilz ne treuvoient rien à dire à tout ce qui
38
avoit esté faict puisqu’on n’y pouvoit procedder plus franchement, mais que
39
|:cognoissans les finesses de ce vieux regnard:|, c’est encore comme ilz
40
parlent, |:qui ne tendent qu’à amuser par de belles espérances afin d’esviter
41
le mal qu’on luy pourroit faire présentement, ou du moins rallentir les
42
préparatifs qui se font pour la guerre:| ilz croyent qu’on a très grand suject
43
de s’en deffier et qu’on ne leur sçauroit oster de l’esprit que son dessein ne
44
soit de nous tromper pour faire ses affaires à noz despens dont ilz prient

[p. 337] [scan. 385]


1
Dieu que nous n’ayons pas des preuves plus tost que nous ne pensons, à
2
quoy ilz ont adjousté que |:les affaires d’Allemagne ne prendront point une
3
heureuse fin que lorsque les ducz de Bavière et de Saxe ne seront plus, que
4
ce sont deux vieux obstinez qu’on rangera jamais à la raison que par la
5
force:|. Que néantmoins il n’y a point de mal d’escoutter |:ce que veut dire
6
le duc de Bavière:| pourveu que l’affaire soit maniée de deçà par un bon
7
concert comme nous l’avons offert, mais qu’ilz ne seront jamais d’advis de
8
|:rien traicter avec luy qu’il ne désarme entièrement et ne donne de bons
9
gages des promesses qu’il fera comme Ingolstat et quelque autre place de
10
cette nature:|. Il a esté réplicqué qu’ayant recognu que |:il peut estre utile à
11
tout le parti de destacher ce prince d’avec l’Empereur, l’on pourra songer
12
aux conditions et les examiner sans passion lorsque ses ministres s’en
13
ouvriront à nous:| que depuis l’advis qui nous a esté donné nous n’avons
14
rien appris de leur part, que nous sommes résoluz de les laisser venir et
15
qu’ilz ne nous proposeront rien dont nous ne donnions cognoissance à
16
l’heure mesme à noz alliez, que néantmoins pour les conditions qui
17
pourroient estre proposées |:il faut considérer que quand ledict duc de
18
Bavière seroit résolu de licentier son armée, ce ne seroit peut-estre pas
19
l’avantage du parti, parce que tous les chefz estans affectionnez à l’Empe-
20
reur, ce seroit luy fournir une nouvelle armée sans que peut-estre mesme
21
ledict duc le pust empescher:|. Nous leur avons fait cognoistre ensuitte que
22
pour |:procedder aussy généreusement avec les ennemis que franchement
23
avec les amis, il estoit à propos de ne divulguer pas l’affaire et qu’il suffisoit
24
de s’i conduire entre nous comme il falloit:|. Mais ilz ont respondu qu’elle
25
estoit desjà si publicque qu’il seroit inutile de la voulloir tenir secrette, et de
26
faict nous nous sommes apperceuz que diverses personnes |:en ont receu
27
advis de Paris en mesme temps et que celluy qui faict icy les affaires du
28
prince Palatin

37
Vertreter der kurpfälzischen Interessen war zu dieser Zeit noch der Legationssekretär
38
Franciscus Gernand. Er schrieb am 1. Mai 1645 an Lampadius, die Gesandten seien in
39
procinctu und würden in Kürze erscheinen (Gernand an Lampadius, Münster 1645 April
40
21 / Mai 1, Hauptstaatsarchiv Hannover, Calenberg Br. 11 nr. 82 II fol. 218). Für Münster
41
waren Philipp Streuff von Lauenstein und Dr. Jonas Meisterlin bestimmt, für Osnabrück
42
Joachim Camerarius (1603–1687) ( Hauck S. 77); der Einzug in Münster fand unauffällig am
43
19. Mai 1645 statt.
nous a redict en s’en louant beaucoup toutes les mesmes
29
choses qui nous ont esté escrittes:|.

30
On n’a pas pourtant estimé à ce premier coup |:leur debvoir ouvertement
31
communiquer l’offre dudict duc pour les cercles de Franconie et de Suabe,
32
de craincte d’augmenter leur jalousie et leur donner subjet de croire que la
33
protection qu’il a demandée pour ces deux cercles va indirectement contre
34
eux, du moins contre la prétention qu’ilz ont tousjours eue de mettre celluy
35
de Franconie soubz contribution ou bien pour ne leur faire pas naistre
36
l’envie d’avoir part à la protection offerte. On s’est contenté de leur dire en

[p. 338] [scan. 386]


1
passant qui si le duc de Bavière en s’accommodant avec nous pouvoit attirer
2
la Franconie et la Suabe dans le parti, ce ne seroit pas une acquisition à
3
mespriser:|. Qu’outre l’advantage présent qui en reviendroit, cela nous
4
pourroit servir un jour |:à facilliter noz affaires quand il seroit parlé de la
5
satisfaction particulière des deux couronnes parmy les estatz de l’Empire:|.
6
Mais ilz ont respondu que |:le duc de Bavière est plus haÿ qu’il n’a de crédit
7
dans ces deux cercles, à cause de la violence qu’il a exercée depuis plusieurs
8
années. Ce qui est de plus fascheux est que si les nouvelles que nous
9
apprenons du malheur de monsieur le mareschal de Turenne sont vérita-
10
bles

40
Am 5. Mai 1645 schlug die bayerische Armee die um Mergentheim gelegenen Truppen
41
Turennes, wobei die gesamte französische Infanterie und Teile der Kavallerie aufgerieben
42
wurden; Turenne selbst konnte nach Hessen fliehen ( Barthold II S. 509f.).
, les Suédois se vanteront d’avoir esté prophètes et ne seront peut-estre
11
pas faschez dans leur âme que le duc de Bavière ayt irrité et offensé la
12
France par cette nouvelle surprise.

13
6. La |:négotiation de l’Escossois qui agit à Lond[r]es de leur part est le
14
poinct où ilz ont tasché de nous donner le plus de satisfaction:|. Lorsqu’on
15
leur a fait sçavoir les derniers advis que nous avons receuz de monsieur |:de
16
Sabran que le parlement d’Angleterre a résolu par une délibération publi-
17
que de faire une estroicte union avec la Suède envers tous et contre tous:|,
18
ilz ont respondu qu’ilz ont très grand suject de ne croyre pas que cette
19
résolution ayt esté prise et ont demandé sy on nous en avoit envoyé la
20
coppie, adjoustans que quand elle seroit vraye |:le parlement ne l’auroit pu
21
faire que pour donner jalousie au roy d’Angleterre, mais qu’ilz estoient bien
22
asseurez qu’elle n’avoit point esté proposée de la part de la Suède et n’y
23
seroit jamais acceptée:|. Qu’une affaire de cette importance n’estoit pas
24
pour estre confiée à un homme de peu comme celuy qui en parloit et |:qui
25
n’estoit pas de leur nation:|, qu’il pouvoit bien avoir eu quelque charge
26
u:d’empescher que le roy de Dannemark n’y soit assisté des vaisseaux du
27
roy d’Angleterre et d’en demander en ce cas de ceux du parlement:|, mais
28
que d’avoir passé plus avant, outre que ce n’estoit pas leur stile ny leur
29
coustume d’agir de la sorte et que jusques icy ilz avoient tousjours refusé de
30
faire |:des confédérations envers tous et contre tous, ilz ne croyoient pas
31
que le parlement d’Angleterre eust droict de faire de semblables traictez,
32
qu’ilz ne voudroient pas en le luy attribuant se rendre juges du différent qui
33
est entre luy et le roy pour ce regard. Que la Suède avoit receu de bons
34
offices du roy d’Angleterre en divers temps:| tant dans la trêve de Pologne
35
que dans quelques aultres différends qu’elle a eue [!] cy-devant avec le
36
Dannemarck dont elle conserve chèrement le souvenir et que ce seroit
37
|:mal ressentir des assistances passées de se déclarer contre le roy d’à
38
présant et de l’offencer dans un point si chatouilleux comme est celluy qui
39
blesse la souveraineté, qu’ilz nous prioient pour conclusion de n’avoir pas

[p. 339] [scan. 387]


1
cette oppinion d’eulx et de n’avoir point d’ombrage de ce costé-là puisqu’il
2
estoit tout à faict sans fondement:|.

3
Nous espérons Monsieur que vous ne trouverés point à redire si nous
4
employons deux différentes mains pour transcrire cette dépesche puisque
5
c’est pour ne point perdre l’occasion de l’ordinaire.

6
Die Niederlage der Armee Turennes kommt zu einem sehr ungünstigen
7
Zeitpunkt, da wir jetzt nicht mehr aus der Position der Stärke heraus mit
8
unseren Verbündeten das Vorgehen in den Verhandlungen festlegen können. Die
9
Wiederherstellung der alten Stärke ist daher dringend geboten, und wir haben
10
Bönninghausen aufgefordert, mit den Aushebungen zu beginnen. Die Verhand-
11
lungen mit ihm laufen über den Gesandten Hessen-Kassels.

12
Nous ne sçavons pas sy le mémoire sur lequel le sieur Polhelm vous a parlé
13
de la part de ladicte dame ainsy que nous voyons par vostre dernière du 29
14
de l’autre moys est conforme à celuy que les ministres nous ont fait veoir
15
icy, mais elle nous a escrit |:une lettre qui n’est pas moins considérable pour
16
les fins où elle tend:|, comme vous la jugerez par la coppie cy-joincte. Il est
17
fort facile de reconnoistre que les |:mouvemens de son esprit vont selon la
18
chaleur de son zèle pour la religion:| et que ce sont aussy les mesmes
19
|:Hessiens qui excitent et portent les Suédois à procedder comme ilz font
20
pour avantager la Calviniste dans le traicté de paix, à quoy leur religion ne
21
permettroit pas qu’ilz fussent du tout si favorables, n’estoit que par ce
22
moien ilz cherchent à se concilier et acquérir les affections de tous les
23
princes et estatz d’Allemagne qui ne sont point catholiques, faisant jouer
24
politiquement la raison d’Estat sous l’ombre de celle de religion:|. La visée
25
des uns et des autres n’est pas difficile à reconnoistre, ouy bien le moyen
26
d’y obvier sans nous exposer au hazard (comme nous l’avons fait plusieurs
27
fois) |:de perdre des amitiez certaines et nécessaires dans la constitution
28
présente des affaires pour incliner à d’autres qui doibvent nous estre fort
29
suspectes:|, que sy nous estions venus à bout de conclurre la paix |:nous ne
30
dirons pas qu’alors nous ne pussions dans la seureté du repos penser à
31
d’autres choses pour rabattre un peu de cette humeur prédominante des
32
hérétiques et restablissant l’union qui devroit estre entre les catholiques qui
33
auroient un zelle aussy fervent et désintéressé que le nostre:|. Mais jusques-
34
là il nous est à pardonner si nous hésitons un peu dans les moyens |:et non
35
pas dans la résolution de faire vigoureusement tout ce qui se peut pour le
36
bien et advantage de nostre religion:|.

37
Il sera bon et curieux d’observer si les avances et ouvertures qu’a |:faictes
38
monsieur de Bavière se continueront après ce coup qu’il nous a donné car
39
comme en nous affoiblissant il doit juger que nous nous en tiendrons plus
40
fermes avec les Suédois et autres protestans dont par conséquent le parti se
41
rendra plus affermi, si sa bonne consience l’a cy-devant faict parler, elle
42
devra d’autant plus l’esmouvoir et les autres princes catholiques de la bonne
43
disposition desquelz il se faict fort à poursuivre sincèrement leur recherche,
44
et alors:| ce seroit l’occasion propre pour luy faire ouvrir le fonds de ses

[p. 340] [scan. 388]


1
intentions en faisant parler clair |:ceux qu’il emploie sur ce qu’il voudroit et
2
pourroit faire afin d’y prendre voz mesures selon l’opportunité:| en usant
3
en après des voyes qui seront jugées les plus propres pour satisfaire à ce qui
4
convient à la bonne correspondance que nous devons à nos alliez, ce que
5
nous disons seulement pour oster le prétexte qui vous a esté allégué par
6
delà comme nous veoyons par vostre pénultiesme despêche du 22 avril

42
Weder in nr. 85 noch in nr. 86 kommt dieser Sachverhalt vor; gemeint ist wohl nr. 79.

7
|:de ne s’oser ouvrir avec nous qui usons de ce mot de prétexte:| parce que
8
certainement il n’y a point de véritable fondement de cette appréhension, le
9
service du Roy estant tousjours |:nostre premier et commun object:| et l’on
10
a eu tant de preuves en diverses rencontres de la |:façon d’agir du duc de
11
Bavières par des biaisemens continuelz:|, qu’il a tousjours esté facile de
12
remarquer qu’il |:n’a cherché qu’à s’accomoder au temps pour se mettre à
13
couvert des occasions qui luy ont faict peur:|. S’il change maintenant de
14
maxime par une solide persévérance, nous changerons aussy volontiers
15
d’opinion.

16
|:Ce que monsieur Polhelm vous a dit en faveur du prince Palatin et la
17
recharge que y a faicte à l’ambassadeur de Hollande:| mérite bien les justes
18
sentimens que vous avés de faire cognoistre que |:si on luy procure du bien,
19
ce sera par générosité et non par obligation que la France ait à sa maison.
20
Messieurs les Estatz en peuvent parler:| pour eux-mesmes avec plus de
21
vérité et sont louables en cella |:de ne point manquer de gratitude pour les
22
bienfaicts qu’ilz en ont receuz dans leur naissance et le Palatinat est d’une
23
assiette si importante à leurs provinces, qu’on ne les sauroit blasmer de
24
désirer le revoir dans une main qui leur soit affidée en quoy leur intérest
25
marche d’un mesme pas que leur susdicte gratitude. La France a aussi le
26
sien à considérer et qu’une puissance que la contrariété de religion luy faict
27
rendre suspecte ne se remette pas si grande qu’elle luy devienne nuisible:|.
28
Ainsy estant bien raisonnable |:de faire pour cette maison affligée:|, ce sera
29
prudence de l’engager autant que faire se pourra |:à donner des asseurances
30
de son respect et de sa dévotion et sur toutes choses que nostre religion
31
demeure dans ce qui luy sera réstitué:|. Mais certes il nous semble |:qu’en
32
parlant à Messieurs les Estatz quand ilz sont si chauds à leur faire office:|,
33
on pourroit leur faire comprendre qu’ils |:viendront plus facillement à bout
34
de leur dessein si en exécutant nos traictez d’Alliance ilz se joignoient à
35
nous contre l’Empereur. Ce moyen seroit plus efficace pour restablir le
36
Palatin que de simples prières dont ilz se renddent prodigues en mesme
37
temps qu’ilz sont si retenus envers l’Empereur et qu’ilz ne font pas scrupule
38
de nous dire qu’ilz sont très bons impériaux. Cella ne s’accorde pas bien
39
avec les instances qu’ilz font de retarder la paix pour les intérestz de la
40
maison Palatine, si ce n’est qu’ilz soient bien aises que la guerre dure quand
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il n’y a que leur amys qui en souffrent:|.

[p. 341] [scan. 389]


1
Nous vous remercions Monsieur de la part qu’il vous a pieu nous donner de
2
l’entretien qu’a fourny à la cour le prince Edouard, s’il suit le conseil que la
3
reyne d’Angleterre luy a donné d’aller auprès de monsieur l’électeur de
4
Brandebourg il donnera signe en s’esloignant que ses amours ne sont pas
5
trop fortes sy ce n’est qu’il en soit bien asseuré comme vous en tirez une
6
forte conjecture.

7
Nous avons icy depuis huit jours les ambassadeurs

41
Wittgenstein, Heiden und Portmann; sie waren am 6. Mai in Münster eingezogen ( Becker S.
42
165).
dudit sieur électeur
8
envers lesquels nous aurions usé de pareil traittement qu’avec les autres si le
9
comte de Wigstenstein qui en est le chef eust apporté les asseurances ou
10
pour mieux dire les preuves de ce dont le gentilhomme qu’il avoit despêché
11
vers nous il y a environ deux mois nous avoit donné parole de sa part

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Vgl. nr. 49.
, qui
12
est que son maistre traitteroit désormais le Roy de Majesté, comme font les
13
électeurs de Bavières, Mayence, Cologne et Trèves en recognoissance de
14
l’honneur que Sa Majesté auroit à plaisir luy estre déféré en la personne de
15
ses ambassadeurs, ce qui fut la première condition que nous proposasmes à
16
sondit gentilhomme, avec celle que ledit comte ne prétendroit point de
17
nous autre traittement que celuy qu’il recevroit des Impériaux et que
18
généralement les intérestz de la France dans cette négociation de paix
19
seroient soustenus et favorisez de la part dudit électeur. Mais au lieu d’y
20
satisfaire de quoy nous ne pouvons pas comprendre le changement si ce
21
n’est peut-estre qu’il en ayt esté diverty par l’électeur de Saxe, les princes
22
d’Allemagne estans assés accoustumés de communiquer les uns avec les
23
autres sur les points de cérémonie, il nous escrivit premièrement à chacun
24
une lettre séparée par laquelle il nous traittoit d’Excellence à dessein qu’en
25
luy respondant aussy séparément, nous luy rendissions aussy le mesme
26
titre. Par lesdittes lettres il nous tastoit sur le traittement que nous luy
27
ferions, mais comme nous vismes qu’il jouoit au plus fin sans de son costé
28
nous asseurer du sien il nous sembla à propos de luy faire une response
29
commune sans luy donner de l’Excellence en nous remettant succintement
30
à ce que nous avons dit et entendu de son gentilhomme. A cella il nous fit
31
une réplique de composition assez grossière se déclarant ne pouvoir nous
32
satisfaire sans un ordre spécial de son maistre en une matière où il sembloit
33
qu’on le voulust contraindre, et qu’il nous prioit de l’excuser s’il changeoit
34
de dessein s’en allant plustost à Osnabrug. Cette alternative ne nous tomba
35
poinct en considération d’autant que c’est à Osnabrug que les ambassa-
36
deurs de Mayence et de Brandebourg doivent estre en suitte du traitté
37
préliminaire. Il adjousta à cette lettre un postscrit de sa main portant que sy
38
nous voullions l’asseurer que le Roy donneroit doresnavant à son maistre le
39
titre de Sérénité, comme fait le roy de Pologne, et que ses ambassadeurs ès
40
audiences de Sa Majesté soyent couverts comme le sont ceux qui jusques

[p. 342] [scan. 390]


1
icy ont bien ceddé aux électeurs, alors il nous asseureroit aussy qu’il
2
donneroit au Roy le titre de Majesté. Nous ne creusmes pas devoir entrer
3
en escritures sur cette matière qui requéroit plustost la vive voix comme
4
nous nous en laissasmes assès entendre en luy mandant que si son
5
gentilhomme eust esté icy nous aurions peu rentrer en ce discours avec
6
luy.

7
Estant à Osnabrug, et depuis son arrivée en cette ville, nous luy avons fait
8
connoistre que la langue françoise n’use point de ce terme de Sérénité et
9
que le Roy ne le donne ny à l’Empereur ny à aulcun prince du monde, que
10
quand à l’allégation du roy de Pologne nostre Roy ne se gouvernoit point
11
par exemple, mais par raison, et que ce seroit plustost audit électeur de
12
suivre l’exemple du roy de Pologne qui donne de la Majesté au Roy sans
13
qu’il en reçoive. Voyant que cella ne servoit pas à ses fins, il eust recours à
14
une autre conséquence aussy mal fondée disant que son maistre ne cédant
15
pas à la république de Venize il ne pouvoit recevoir un traittement inférieur
16
à celuy qu’elle a de Sa Majesté. On luy a fait veoir qu’il en est tout de
17
mesme que du roy de Pologne et laditte République n’ayant que du Vous et
18
rendant de la Majesté. Nous n’avons point passé à l’autre prétension de
19
faire couvrir les ambassadeurs d’autant qu’il n’estoit point question d’y
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tomber avant que l’autre fust réglée et alors nous nous serions remis à le
21
proposer à la cour où nous estimons que cella auroit peu s’ajuster, sur ce qui
22
s’y fait en faveur de Savoye et de Gennes qui cèdent effectivement aux
23
électeurs ayant souvent ouÿ dire en France, que la seule raison pourquoy on
24
n’y faisoit pas couvrir leurs ambassadeurs estoit à cause qu’ils ne rendoient
25
pas au Roy le respect qu’ils luy doivent en luy escrivant. Depuis son arrivée
26
icy il a tasché de nous mettre en expédient, à quoy peut-estre nous nous
27
serions accommodez si en mesme temps qu’il nous en faisoit parler il n’eust
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pas accepté la visite des plénipotentiaires d’Espagne, tout néantmoins s’est
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passé sans aigreur et nous luy avons tousjours fait tesmoigner que cela ne
30
nous empeschera pas de favoriser les intérestz de son maistre selon les
31
occasions qui s’en offriront dans cette assemblée quoyqu’il y ayt sujet de
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s’estonner qu’il ayt refusé de faire la mesme chose qui a esté faitte par
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quatre de ses collègues qui le précèdent et par ceux mesmes qui sont en
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guerre contre la France, de laquelle il a esté jusqu’icy particulièrement
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affectionné et assisté puissamment en des occasions de très grande impor-
36
tance pour sa maison.

37
La venue à Osnabrug de cet ambassadeur de Brandebourg y a resveillé le
38
point que nous vous avons cy-devant mandé estre en conteste entre les
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Suédois et Impériaux sur le sauf-conduit de la ville de Stralsund, car ces
40
derniers pour s’en démesler ont allégué que Stralsund n’estant pas un
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membre immédiat de l’Empire, mais médiat comme ville du duché de
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Poméranie lequel appartient à l’électeur de Brandebourg. Ils estimoient ne
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s’en devoir mesler pour ne pas choquer l’authorité de ce prince et que les
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ambassadeurs estant proches l’on entendroit d’eux ce qu’ilz estimeroient

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1
estre plus à propos de faire. Ceux-cy se sont tenuz à la négative disans que
2
sy la ville de Stralsund a quelque chose à représenter en cette assemblée elle
3
le doit faire par l’entremise des ministres de son prince les Suédois y estantz
4
contraires. Il semble que pour tempérament l’on remette l’affaire jusques à
5
la venue de la députation de Francfort qui se doit rendre icy au 15 e de ce
6
mois. Les ministres de Suède se laissant cependant tousjours entendre qu’ils
7
n’entreront point en matière pour le traitté général que cette question
8
particulière ne soit vuidée à leur satisfaction, |:mais pour le vous dire avec le
9
mesme secret qu’ilz nous en ont parlé ce n’a esté que pour gagner temps
10
n’estans pas encores prests pour la proposition que nous devons donner
11
conjoinctement:|.

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Ce fut avec la raison de ce différend que nous paiasmes il y a trois jours
13
messieurs les médiateurs qui nous venoient presser de respondre aux
14
Impériaux et nous leur fismes aussi fort bien comprendre que dans peu de
15
jours nous leur mettrions ès mains une pièce qui seroit la baze et le
16
fondement de toute la négotiation de quoy ils demeurèrent satisfaits, leur
17
ayant donné lieu de comprendre que ce n’estoient plus nos intérestz
18
particuliers qui retardoient l’affaire, mais quelque diversité d’advis entre
19
nous et les Suédois sur les poinctz qui concernent la religion qu’ils avoient
20
intérest que nous eussions le moyen et le loisir de terminer doucement et à
21
nostre satisfaction.

22
Nous croyons Monsieur que messieurs les ministres de Portugal en auront
23
aussy de la résolution que nous avons prise de concert avec ceux qui sont
24
icy de les traitter désormais comme plénipotentiaires de Portugal, ce qui va
25
à leur donner la main chés nous et à les traitter d’Excellence puisque cette
26
qualité emporte les mesmes honneurs que celle d’ambassadeurs qui leur
27
seroit fort hazardeuse, nous verrons quelle mine en feront les Espagnolz
28
pour ensuitte prendre nos mesures pour le reste.

29
Wittgenstein und Hatzfeld bitten um Schutzbriefe für ihre Güter. – Das
30
Memorandum über die Abmachungen mit Bönninghausen, das wir Ihnen
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eigentlich zusenden wollten, ist uns selbst von dem mit den Verhandlungen
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betrauten hessischen Gesandten noch nicht zugestellt worden.

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