Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
Le courrier Héron nous a rendu voz despêches des 27 et dernier de l’autre
mois, premier, 4 et 6 du présent. Nous avons veu |:avec un très sensible
desplaisir que le premier pas de nostre négotiation se soit trouvé esloigné
des intentions de la Reyne, mais nous osons tant espérer de la singulière
grâce et bonté de Sa Majesté qu’elle ne croira point que ce que nous avons
faict ait esté avec la moindre pensée du monde de nous escarter de la suite
précise de ses volontez cella n’ayant proceddé que des seulles rencontres
qui nous ont ou forcez d’un costé ou conviez de l’autre à tenir le chemin
que nous avons pris:|. Car il est certain Monsieur sur ce qui est |:d’avoir
donné nostre proposition par escrit:| que nous y fismes une résistance très
forte par une contestation de plus de deux heures avec messieurs les
médiateurs |:lesquelz pour remédier à la difficulté qui se seroit rencontrée à
qui parleroit le premier prirent pour expédient la voye de se faire
bailler par chacune des parties son escript à mesme jour:| ce que nous
fismes affin de ne point donner suject de se plaindre de |:nostre répugnance
à l’encontre d’un moyen qui devoit faciliter l’ouverture du traicté ni:|
occasion à nos adversaires de nous accuser de retardement, comme ilz sont
bien aises de faire bruit des moindres apparences, et à plus forte raison ilz
auroient creu tirer grand avantage parmy ceux à qui ilz en veulent faire
accroire d’une rencontre telle que celle-là sy nous ne l’avions facilitée. Il est
constant néantmoins que |:nous n’y vinsmes que par une déclaration bien
formelle ausdictz sieurs médiateurs que cela passeroit pour ce coup seulle-
ment et que nous ne le ferions plus à l’advenir si:| bien qu’en ce poinct
nous avons desjà par prévention exécuté les ordres de Sa Majesté.
Voylà Monsieur ce que la force a emporté de nous pour ce regard. Quant à
ce qui est d’avoir fondé nostre proposition sur l’importence de pourveoir
avant toutes choses à la seureté du traitté qui interviendra, nous nous y
sommes certainement laissez aller en suitte de nos instructions qui nous
obligent en deux endroictz très précisément, aussy bien que toutes les
lettres qui du depuis nous ont esté escrites, à demander avant toutes choses
cette précaution. Et noz mesmes instructions portent que pour parvenir à
cette seureté il n’y a point de meilleur moien |:que de faire une ligue avec
les princes d’Allemagne sur quoy nous avons estimé que donc tous ou la
pluspart devroient estre icy avant que de rien commencer:| joinct aussy que
monsieur Salvius lorsqu’il y fut, nous proposa voire avec chaleur qu’il falloit
en user ainsy, et que l’on ne pouvoit rien entamer sans y appeller les estatz
de l’Empire, de quoy estans demeurez d’accord avec luy nous en donnas-
mes advis par nostre dépesche du 12 e novembre , sans qu’il y ait esté
contredict, comme sans doute c’est une pièce trés importante pour bien
establir laditte seureté. Ce n’est pas à dire Monsieur que nous la croyons sy
absolument nécessaire que pour l’absence d’aulcuns, l’affaire au principal
demeurast en suspens, ainsy que nous l’avons dict à messieurs les médi-
ateurs, ce nous seroit néantmoins un grand avantage s’ilz y estoient |:tant
pour mortiffier l’Empereur qui travaille à cors et à cri pour les en
destourner, que pour les faire entrer malgré luy en part d’une affaire qu’il
prétend se réserver comme s’il estoit leur absolu souverain et de plus pour
leur pouvoir insinuer à l’oreille et faire comprendre l’intérest qu’ilz ont à
s’unir avec nous pour asseurer une fois pour toutes leur repos et leur
liberté:|. Car tandis qu’ilz seront esloignés la maison d’Austriche ne cessera
de les amuser et de les circonvenir par diverses praticques, outre ce que son
authorité opérera sur les plus foibles et timides d’entre eux, il nous avoit
donc semblé raisonnable et utile à noz fins d’en user de la sorte et de leur
oster le subject de se plaindre par manière de dire qu’ayans esté conviez au
festin on se mist à table sans les attendre. Outre, et cecy est bien nostre
principal fondement, que nous aurions eu crainte de manquer de respect à
la lettre que le Roy leur a escritte et aussy de leur faire appréhender qu’on
les abandonneroit, si nous n’avions insisté à leur venue. Nous sommes
obligez d’adjouster que l’Empereur mesme a recogneu en quelque sorte par
le traitté préliminaire de ne pouvoir pas traitter seul avec nous en ce qu’il a
donné passeport pour tous les princes et estatz qui se voudront trouver à
l’assemblée n’y en ayant point dans l’Allemagne qui ne soient alliez de la
France ou de la Suède ou de la maison d’Austriche. En suite de quoy ses
commissaires nous ont fait dire plusieurs fois par messieurs les médiateurs
que quand leur maistre n’auroit pas toutte l’autorité nécessaire pour décider
seul les affaires de l’Empire comme Empereur, il l’avoit en vertu d’une
procuration qui luy avoit esté donnée à Ratisbonne par les estatz de
l’Empire
Im Abschied des Regensburger Reichstages von 1641 war den Reichsfürsten freigestellt
worden, Gesandte zu den Friedensverhandlungen zu entsenden, damit diese wegen ihrer und
des Reiches Angelegenheiten mit den ksl. Gesandten in Verbindung treten könnten. Der
Anspruch des K., als Oberhaupt des Reiches das Reich nach außen hin allein zu vertreten,
war noch nicht in Frage gestellt worden ( Sammlung III S. 554 § 11; Becker S. 137f.).
droict qui appartient aux estatz en prenant cette pièce et voulant s’en servir
quoyque nous aions intérest de la débattre et de continuer à demander que
ceux qui l’ont donnée se trouvent en l’assemblée en personne. Par-dessus
tout cella considérez s’il vous plaist combien il importe |:voire qui plus est
quelle est la nécessité où nous sommes de demeurer sur ce poinct unis avec
les Suédois qui en font un capital de l’affaire et pourroient tumber en
jalousie et deffiance s’ilz nous en voyoient relascher après quoy ce seroit
donner jour à la maison d’Austriche de compter à ces derniers beaucoup
d’autres choses qui ensuitte nous feroient peine pour en destourner les
mauvaises conséquences:|. Nous vous supplions de croire |:et aussy nous
faire la faveur de faire cognoistre que nous ne prétendons point tant
justiffier nostre procédé lequel nous laissons:| avec tout |:respect sous la
censure principalle comme:| nous pensons estre obligez de vous remonstrer
nuement les choses qui nous semblent avoir une portée directe au service
de Leurs Majestez et que |:s’il nous arrivoit de faillir ce ne seroit point par
la force d’un attachement à noz propres sentimens qui seront tousjours
comme ilz le doivent estre totallement soumis aux ordres et volontez
suprêmes:|.
Ce sera avec cette mesme résignation que nous continuerons de vous dire
sur ce qui concerne monsieur |:l’eslecteur de Trèves que c’est un point qui
peut estre mis sur le tapis devant toutes choses sauf d’en différer l’exécution
jusques à celle du traicté, quoyque noz instructions portent qu’il ne se peut
rien faire sans luy elles nous deschargent aussi de ce que:| nous avons mis
que |:sans la liberté l’on ne pourroit passer outre puisque:| elles nous
obligent à le demander hautement |:mais sans intention de nostre part de
retarder pour cella la négotiation de la paix lorsque le temps en seroit venu,
c’est-à-dire que les depputtez des estatz d’Allemagne seroient arrivez ou
auroient eu le temps de ce faire:| pendant quoy l’on pourroit mesnager et
obtenir quelque chose comme |:de faict messieurs les médiateurs ne sont
pas esloignez que ledict sieur eslecteur fust mis en lieu tiers et en quelque
ville franche d’où il peut agir librement:|. Quant à la |:restitution de ses
estatz elle est restraincte à celle de sa liberté par:| la fin du mesme article
|:de nostre proposition après quoy il ne s’est faict aucune conférence avec
messieurs les médiateurs sans cette déclaration de s’en remettre à la
conclusion du traicté:|. C’est tout ce que l’on pouvoit espérer pendant ces
entrefaittes. Vous nous permettrés s’il vous plaist de vous représenter
encores pour conclusion de ce point que l’on ne void pas comment |:l’on
pourroit se prévalloir de sa voix électoralle qu’on travaille tant pour le faire
venir dans le traicté et en tirer d’autres avantages comme il est prescript par
noz instructions et ce moyen-là est:| certainement |:le seul par où l’on le
pourroit avoir, monsieur l’évesque d’Osnabruk ayant luy-mesme tesmoigné
que sa détention n’estoit pas approuvée:|. Au fondz il semble n’y avoir pas
|:plus d’inconvénient à nous relascher de cette instance qu’à noz adversai-
res:| de se départir de plusieurs choses |:absurdes qu’ilz ont proposées et:|
l’usage ordinaire monstre dans toutes sortes de traittez que |:les premières
demandes estans tousjours hautes, elles se réduisent sans scrupule à ces
modiffications qui servent au bien de l’affaire et:| n’intéressent point la
réputation |:par un désistement faict aux raisons et à propos:|.
Après ce que dessus nous venons monsieur aux autres poinctz tant de
vostre despêche que du mémoire y-joinct et nous nous contenterons de
toucher ceux qui requièrent esclaircissement, plusieurs nous passans ou
pour loy ou pour information ou pour desjà prévenus de response par noz
précédentes.
Celuy qui concerne nostre procéder avec l’évesque d’Osnaburg sera le
premier, et voicy sur quoy nous avons estimé d’estre obligez d’en user
comme nous avons fait. C’est premièrement qu’il ne vient point de la part
d’un simple électeur mais de tout le collège électoral, qu’il est prince né
estant cousin germain de monsieur le duc de Bavières
prince de l’Empire non pas fait de grâce, mais à raison des Estatz qu’il y
possède comme évesque d’Osnaburg, de Minden et de Ferden, que le
traittement qui luy a esté fait icy a esté par un consentement commun de
toute l’assemblée, monsieur le nonce, les Impériaux et Espagnolz n’ayant
point marchandé à le visiter et user des termes convenables à sa naissance.
Et sur ce nous prenons la liberté de vous dire que nous ne croyons pas
encore qu’un prince d’extraction et par sa dignité prenant la qualité
d’ambassadeur perde le rang et le titre qui luy est deu, puisque l’exemple
contraire se void tous les jours et le marquis Sigismond de Brandebourg , le
duc de Saxe Lauembourg , le duc de Holstein et quantité d’autres en
peuvent servir de preuves, lesquelz estans traittez d’Altesse, ont conservé le
mesme titre et leur rang dans les ambassades. Que si l’électeur de
Couloigne fust venu en personne aiant esté nommé par le collège électoral,
(comme encores l’on croid qu’il y viendra à la fin du traitté) ou l’électeur de
Brandebourg personne ne prétendroit de leur oster l’Altesse Electorale,
monsieur le cardinal de Lion non plus lorsqu’il fut destiné à la négotiation
de la paix
pas esté séparés aussy de monsieur le cardinal Bichi, lorsqu’il a agy comme
plénipotentiaire du Roy dans le dernier traitté d’Italie
pour un fondement très constant nous croyons en vérité que si nous avions
besoin de deffence nous aurions bien plus de peine à nous en servir, si nous
avions manqué à faire ce que nous avons fait à l’endroit dudit évesque
lequel certainement nous n’aurions pas visité les premiers s’il n’eust esté
prince comme il est, et pour preuve que nous ne l’avons point simplement
considéré comme ambassadeur c’est qu’au lieu de le traitter d’Excellence
nous avons usé de ce terme de grâce principale, qui est le titre appartenant à
sa personne. Que si messieurs les Estatz en prétendent tirer des conséquen-
ces à leur avantage, nous ne sçaurions comprendre comme ilz le feroient
avec raison, s’ils veulent se rendre capables de ces circonstances qui
distinguent ce prince de l’ambassadeur d’un simple électeur. Que s’il eust
esté tel, nous nous serions bien gardés de procéder avec luy comme nous
avons fait sans un ordre exprez, ainsy que par noz précédentes nous le vous
avons demandé.
Quant à celuy de l’électeur de Brandebourg si pour des considérations il
estoit trouvé à propos de nous faire relascher, nous avons songé qu’en luy
accordant une faveur nouvelle nous pourrions essayer en la luy faisant
valloir d’engager son maistre qui monstre avoir besoin de l’appuy et
protection du Roy à user du mesme respect que font Bavières, Mayence,
Couloigne et Trèves, en le traittant de Majesté au lieu de Dignité Royalle.
Sans quoy nous ne serions pas d’avis de le faire, quand mesmes nous
aurions eu ordre de le faire à celuy de Bavières, parce que nous pourrons
dire que Sa Majesté luy a accordé cette grâce, si elle l’a fait, à cause que son
maistre a fait son devoir en escrivant à Sa Majesté sy on ne prend cette
occasion d’apprendre aux deux électeurs protestans à suivre l’exemple de
tous les autres, il sera difficile cy-après d’en trouver une si favorable, pour
les porter à ce qu’ils doivent.
Ce point estant vuidé suffisamment ce nous semble, et pour nostre
descharge et pour obvier à toutes ces prétentions, nous passons à celuy
porté par le mémoire du premier jour de l’an, où nous voions que |:l’on
incline à séparer les intérestz de l’Empereur d’avec ceux d’Espagne sur quoy
nous ne concevons pas bien si c’est avec intention de faire un traicté avec
l’Empereur sans que le roy d’Espagne y soit compris ou si c’est seullement
pour en faire démonstration afin de mettre aux Espagnolz le feu sous le
ventre et:| les rendre plus maniables. Nous ne sçavons pas aussy sur quoy se
peuvent fonder les Espagnolz quand ils présupposent qu’avec le consente-
ment de la France l’Empereur peut conclurre la paix avec les princes de
l’Empire et le roy d’Espagne avec Messieurs les Estatz et monsieur le duc de
Savoie, car il est bien dit qu’ils auront pouvoir de traitter avec les alliez et
confédérez de Sa Majesté, mais il a aussy esté exprimé que ce doibt estre la
mesme paix et au mesme lieu, or la paix dont il est parlé est la générale, et
le lieu est Munster. Il y a si peu d’apparence qu’ils puissent expliquer cet
endroit de nostre pouvoir et du leur à leur avantage, ny que nous aions
jamais eu la pensée d’adhérer à leur fausse prétention, qu’il est véritable que
ce point fût longtemps disputé par noz ennemis et ne fût passé qu’à nostre
très grande et vive instance.
Nous avons l’oeil sur |:la division de Don Diege de Sahavedra Faxardo et
de Brun pour tascher d’en proffiter:|. Nous en avions desjà bien remarqué
quelque chose sur ce que |:Brun se met un peu plus en monstre, qu’il faict
plus de visittes et sort de la contraincte où le tenoit Sahavedra:|. Quand
nous verrons le dernier nous luy parlerons des prisonniers dont nous avons
esté bien aises de sçavoir l’histoire véritable et ne manquerons d’en faire
part à messieurs les médiateurs.
|:Quant à l’article de ce que nous devons traicter avec les ambassadeurs
de Bavières, nous verrons quand ilz seront icy d’y prendre noz mesures
adroictement pour exécuter avec eux les intentions du Roy que vous
nous faictes savoir et vous rendrons compte de ce que nous y trouve-
rons:|.
Pour ce qui concerne l’ordre qui nous est donné de traitter les choses l’une
après l’autre, nous estimons très à propos d’en user ainsy, et nostre
intention a tousjours esté telle nous aiant semblé impossible de bien faire
autrement. Aussy est-ce la forme ordinaire, et c’est une des raisons
pourquoy nous avons commencé la négotiation par deux articles l’un qui
regarde la seureté du traitté, l’autre l’électeur de Trèves, avec dessein de
venir aux autres après que ceux-là seroient vuidez, comme il est porté par
noz instructions.
Nous vous avons aussy rendu compte des conférences que nous avons eues
avec messieurs Salvius et Oxenstiern |:où nous avons bien essayé de
descouvrir à quoy ilz veullent se résoudre pour les conditions de la paix,
mais ilz n’ont jamais voulu s’en ouvrir. Ce sont des adroictz qui conduisent
leurs affaires sagement, et l’on s’apperçoit assez qu’ilz ne veullent rien faire
sans avoir premièrement sondé les Allemandz et conféré avec eulx. C’est
pourquoy selon toute apparence ilz insistent si fortement à les attendre
parce qu’ilz croient un traicté ne se pouvoir faire avantageusement sans leur
intervention quelques conditions qu’on y pust obtenir sans eux pour
l’intérest particullier des deux couronnes, et:| c’est ce qui leur a donné sujet
de:| nous déclarer nettement qu’ilz ne pouvoient entamer la négotiation de
leur costé ny consentir que nous le fassions du nostre sinon après avoir
encores attendu la venue des princes et estatz de l’Empire:| et voicy quatres
raisons qu’ilz allèguent: La première parce que |:les uns leur ont mandé
qu’ilz enverront, et que les depputtez des autres sont en chemin mesme les
catholiques:|. La seconde que les députez de Mekelbourg, Lunebourg,
Magdebourg, Hesse
Reinhard Scheffer (1590–1656), hessen-kasselscher Rat ( ADB XXX S. 683 ); er vertrat
Hessen-Kassel zu dieser Zeit in Osnabrück.
eux-mesmes ce conseil et allèguent qu’il n’y a rien plus propre à faire venir
lesdictz princes que lorsqu’ilz verront que le traicté de paix est retardé
parce qu’ilz n’y ont pas encore comparu:|. La troisième que c’est |:l’avanta-
ge des Suédois et le nostre d’attendre la présence desdictz princes et estatz
afin de concerter avec eux ce qu’il faudra insérer dans la proposition, et leur
insinuer doucement les intérestz des deux couronnes:|. Et la quatrième
qu’autrement au lieu de |:tirer d’eulx du secours et de l’assistance, il y
auroit grand péril de les avoir contraires principallement en ce qui touche le
desmembrement de l’Empire qui est chose odieuse à tous les Allemandz
quelque avantage qu’on leur face voir et partant les Suédois nous remon-
strent que cella estant une matière délicate à traicter, ilz ont besoin et nous
aussy que les choses soient proposées avec participation et agrément
desdictz Allemandz:|. De là il est facile d’inférer que quand nous ne vous
aurions pas représenté les considérations qui nous mettent en peine,
touchant la proposition qui nous a esté envoiée, nous ne pourrions pas
pourtant la mettre si tost ès mains des médiateurs puisque ceux avec qui
nous devons par les traittez marcher d’un pas esgal nous nécessitent de faire
une poze. Ainsy |:nous nous trouvons bien empeschez de satisfaire d’un
costé aux ordres de la cour comme nous devons et le souhaittons avec
passion et de ne pas contrevenir de l’autre aux précédens qui nous obligent
de ne rien faire sans les Suédois:|.
Comme nous estions prestz de finir cette lettre voicy nouveau sujet d’y
adjouster encores un article où vous verrez une confirmation du précédent,
et un surcroist de la nécessité où nous sommes desjà d’aller doucement en
besogne. C’est que messieurs les plénipotentiaires de Suède aiant eu advis
de France qu’il nous estoit despêché un courrier pour nous apporter ordre
d’entrer plus avant en négotiation et sceu qu’après son arrivée icy l’un de
nous faisoit estat d’aller à Osnaburg comme desjà nous en avions pris la
résolution, ils nous ont envoyé exprez le sieur Rosenhane leur résident qui
estoit prez d’eux avec lettres de créance et de plus prié monsieur le baron
de Rorté d’y venir aussy pour nous destourner de ce voiage comme superflu
dans la mauvaise humeur où ils sont, laquelle les porte à interrompre toute
négotiation pour raison de deux incidens, l’un du violement de la foy
publique par la prise du corps du sieur Boteillo ministre du roy de Portugal,
nonobstant qu’il y eust sur le chariot où il estoit un halbardier de la garde
de monsieur Oxenstiern et accompagné d’un passeport signé de sa main. Et
l’autre le refus fait par les commissaires impériaux de donner le passeport
qu’on leur a demandé pour les députés de la ville de Stralsond, ce qu’ilz
prennent pour une contravention aux préliminaires. Comme d’un costé
nous avons tasché de modérer leurs sentimens, de l’autre nous avons eu
recours à l’entremise de monsieur l’ambassadeur de Venise pour leur faire
donner satisfaction, à quoy il s’est emploié de bonne façon sans néantmoins
aucun effet jusques icy, de quoy nous sommes um peu scandalisez. Outre
cella le sieur Rosenhans a adjousté bien nètement et ledit sieur de Rorté le
nous a aussy confirmé, que quand ilz n’auroient pas le juste sujet qu’ilz ont
de demander satisfaction sur ces deux poinctz, avant que passer outre, pour
l’intérest des princes et estatz de l’Allemagne lesdictz sieurs plénipotentiai-
res de Suède se déclarent ne pouvoir avancer la négotiation, et nous prient
aussy de nous arrester, tellement que nous voilà accrochez tant par noz
propres considérations que par celles de ces messieurs-là.
nous avons couru fortune d’adjouster de nostre costé un ressentiment,
presque pareil au leur sur ce que le sieur de Fontanelle aiant trouvé bon de
se servir du retour en Hollande du convoy qui avoit amené icy le sieur
Brasset
voire resjouissance entre les domestiques de l’ambassadeur de l’Empereur,
que ce convoy avoit esté attrapé par deux cens chevaux impériaux qui
estoient aux aguetz et Fontanelle mené à Renen fort blessé. Toutes les
enquestes que nous fismes faire une heure durant nous confirmèrent cela
avec tant de circonstances, qu’il sembloit n’y avoir plus lieu d’en douter, sur
quoy la juste crainte que nous eusmes que le sieur Fontanelle fust
incontinent destourné et mis en main des Espagnolz d’où il ne seroit jamais
sorty la vie sauve, nous porta d’en aller parler à messieurs les médiateurs,
qui trouvèrent avec nous l’action sy elle estoit véritable (car nous leur en
parlasmes douteusement) très mauvaise et capable de rompre l’assemblée,
puisque Fontanelle avoit nostre passeport qui le déclaroit estre venu de
France avec nous, et que nous l’y renvoyons pour affaires concernans la
paix. Mais comme ilz furent chez les ambassadeurs de l’Empereur et
d’Espagne nous fusmes asseurés qu’il n’en estoit rien. Ce n’est pas que nous
n’ayons eu divers et fortz indices que l’on avoit eu dessein sur ce convoy et
qu’effectivement deux cens chevaux l’avoient suivy sans le pouvoir attein-
dre, ce qui nous donna sujet en faisant remercier les médiateurs, de leur
faire cognestre que si l’effet avoit manqué, la volonté y a pu estre, et aux
autres que si on pensoit nous jouer de tels tours, nous serions fort prestz à
les relever.
Encores n’est-il pas raisonnable que Messieurs les Estatz faisant avec la
Suède l’une des deux mains qui peuvent le plus servir à la France pour faire
la guerre ou contraindre les ennemis à la paix, nous obmettions de vous
dire que nous croyons devoir extrêmement considérer leur intérest et ne
rien faire icy sans eux, qui leur pust donner ombrage, ainsy qu’apparem-
ment il seroit arrivé si nous eussions enfoncé davantage la matière n’y ayant
icy personne de leur part, et c’est où nous voyons une notable difficulté en
ce que des |:deux principaux alliez de la France la présence des uns nous
manque icy et le consentement des autres. Néantmoins si nous pouvons
attirer les Suédois dans nostre sentiment qui est de donner la proposition
nous ne lairrons pas de le faire croyans que Messieurs les Estatz sont hors
d’intérest par l’addition que nous avons faicte à l’article qui les regarde:|. Il
ne faut pas vous dire connoissant comme vous faites leurs humeurs et leurs
inclinations quelles clameurs ils feroient si on traittoit quelque chose de
solide sans eux ou contre leur advis, bien que ce fust sans beaucoup de
raison ne tenant qu’à leurs irrésolutions d’avoir icy un agent ou secrétaire
selon que nous les en avons fait convier. Nous sçavons que les mieux
intentionnez d’entre eux ont fort bien priz nostre première proposition, et
l’ont d’abondant fait valoir aux autres pour une circonspection d’amitié
autant et plus que l’obligation, quoyque très précise par les traittez, que
l’on a voulu avoir pour eux affin de leur donner loisir de se préparer et de
venir.
Herzog Moritz von Sachsen , der sich zur Zeit in Den Haag aufhält, bittet um
einen Paß für seine Reise nach Frankreich, die er gegen das Verbot seines Vaters,
des Kurfürsten von Sachsen, ausführen will. Seine Begleiter sind in Beilage 3
aufgeführt. Der hiesige Provinzial der Minoriten, Heinrich Wüsten , fordert
einen Paß für seine Reise zum Generalkonvent nach Toledo, und der Nuntius
erbittet einen für Francesco Caretto, den kaiserlichen Botschafter in Spanien
zur Rückreise durch Frankreich.
Chigi überreichte uns die Beilagen 4–6 mit den Klagen der württembergischen
Klöster über Übergriffe der französischen Truppen.
Nous ne sommes pas sans inquiétude de ne voir encore personne à la Haye
pour le service du Roy attendu les différentes affaires qui requièrent ou d’y
donner noz avis ou d’en recevoir de ce lieu-là. Celle d’Ostfrise nous fait
peine tant par l’incertitude du ply qu’elle prendra que par les longueurs que
l’on y apportera, un mois entier s’estant desjà passé depuis le jour que l’on
avoit assigné pour en traitter
se soit laissé entendre favorablement pour le maintien des quartiers et
contributions des Hessiens, sy est-ce que le changement qu’il apporta l’esté
dernier aux bonnes paroles qu’il avoit données à monsieur d’Estrades
pourroit estre encores suivy d’un pareil cet hiver. Cependant la saison nous
ira gagnant et nous serons tous estonnez que monsieur le mareschal de
Turenne ayant à agir de bonne heure, la durée de cette brouillerie servira
aux Hessiens ou de raison ou de prétexte pour s’excuser des diversions que
l’on désirera d’eux.
Vous jugerez bien Monsieur que cette despêche se fait à diverses reprises, et
que sans nous assujettir à la forme nous prenons les matières selon qu’elles
résultent des vostres très amples et très exactes, ou bien selon le temps que
plusieurs interruptions nous laissent pour conférer entre nous. Nous
revenons donc à vous dire que pour suivre la pensée de la cour |:et ne pas
traicter tout à la fois des affaires de l’Empereur et de celles des Espagnolz:|
comme vous avés bien remarqué que ceux-cy le prétendent nous avons
estimé devoir faire |:deux escris séparez afin d’essayer à les diviser:| ou du
moins ne leur fournir pas nous-mesmes un sujet |:de délibérer tous
ensemble sur une proposition venant de nostre part qui contiendroit leurs
intérestz tous ensemble et:| dans ce dessein nous est venu fort à propos ce
que monsieur de Saint Romain vous dira nous avoir esté communiqué en
grande confiance par une personne du condition.
En repassant aussy sur l’article cy-devant par lequel on désire esclaircisse-
ment de |:conditions souz lesquelles on pourroit faire la paix tant de nostre
part que de celle des alliez:| il semble que jusques à présent les choses ne
pouvoient pas aller plus avant que la conférence que nous avons eue avec
|:monsieur le baron Oxenstiern:| dont nous avons chargé monsieur de
Saint Romain de vous rendre compte et de nous rapporter une résolution.
Nous ne jugeons pas que |:les ministres de Suède se désistent de leurs
quatre articles qui regardent l’un l’amnistie généralle et non limitée, le
second le restablissement des choses en l’estat de 1618, le troisiesme qu’il
soit pourveu à la seureté de la paix et le quatriesme qu’il soit satisfaict aux
deux couronnes pour les frais de la guerre:|. Ilz disent que les deux
premiers poinctz sont entièrement |:en faveur des princes et estatz d’Alle-
magne:| comme aussy |:conformes aux traictez d’alliance que nous avons
avec eux, et que:| à mesure qu’on s’en relaschera l’on pourra mesnager ce
qui touche les deux derniers.
Pour ce qui est de la diette à la fin du traitté dont on parle, l’on n’estime pas
que ce fust une caution suffisante, cella n’estant guères plus que l’enregis-
trement d’un traitté qui se feroit au Parlement, et les Impériaux l’offrant
tous les jours, ne seroient pas marris que l’on s’en contentast. Mais la
condition présente où la maison d’Austriche a réduit l’Allemagne fait bien
voir le peu de seureté qu’il y auroit à se reposer sur la confirmation qui
seroit faitte du traitté dans une diette puisqu’elle en a entièrement ou peu
s’en faut avilli l’authorité. C’est une des plaintes et griefz des estatz de
l’Empire à quoy il faut essayer de faire trouver remède dans cette assemblée
de Munster.
Nous tenterons de recouvrer copie de la lettre dont vous nous parlez |:du
duc de Bavières à l’eslecteur de Mayence:| si tant est qu’il y en ayt eu une
escritte, car nous avons bien sceu que |:les ambassadeurs du premier ayans
eu ordre de voir ledit eslecteur:| luy ont tenu à peu près le mesme discours
que vous nous mandez sur |:l’estat florissant de la France et sur celluy
misérable de l’Allemagne:| à quoy ilz ont adjousté de plus |:la proposition
d’une trefve craincte que le traicté de paix soit trop long:| mais nous ne
sçavons si des propositions de cette importance auroient esté données par
escrit.
|:Les ambassadeurs dudict sieur duc sont tousjours à quatre lieues d’icy
réglans leur marche à la mesure des résolutions qu’ilz désirent sur la forme
de leur traictement
Wegen der ungeklärten protokollarischen Fragen blieben Haslang und Krebs zunächst vom
21. Januar bis zum 21. Februar 1645 in Hamm, die Nacht auf den 22. Februar verbrachten
sie in Steinfurt und am 22. Februar zogen sie in Münster ein (Angaben in der Abrechnung
Haslangs, Bayerisches Hauptstaatsarchiv München Hofamtsregistratur II Fasz. 128).
que nous considérons que vous nous parlez des eslecteurs en corps:| il vous
plaira nous donner ordre de ce que nous aurons à faire envers chacun d’eux,
ce qui nous est d’autant plus nécessaire qu’en rendant une visite à monsieur
l’évesque d’Osnaburg, il nous a fort pressés sur la prétention des électeurs,
sur quoy comme nous luy représentions que c’estoit chose nouvelle et
qu’elle méritoit du temps pour y penser, il nous a dit assés rondement que
cela venoit de Venize de qui ils ne pouvoient souffrir aucune différence et
qu’en désirant de l’esviter, ilz ne prétendent point aller du pair avec la
France, que les Suédois se formant sur nostre exemple en voudroient faire
autant, qu’en un mot ils ont ordre de ne point voir ceux qui ne les auront
pas visités, qu’ils traitteront comme on les traittera et qu’il l’a nètement
ainsy déclaré à Saavedra, lequel a tesmoigné hautement icy qu’il ne leur
feroit point le traittement qu’ils prétendent et qu’il n’est pas raisonnable.
Nous ne pouvons pas bien juger à quelle fin il a tenu ce discours, et s’il n’y a
point quelque mistère caché là-dessous, mais nostre devoir nous oblige de
vous faire tout sçavoir. Il y a adjousté que les Impériaux ont charge de n’y
faire aucune difficulté, jusques à les traitter tous esgallement sans faire
distinction de ceux qui sont électeurs princes d’avec ceux qui ne sont que
gentilshommes, comme Mayence et Trèves. Après cella ne prenés pas s’il
vous plaist à importuner sy nous vous pressons un peu de faire donner une
règle prompte et précise à nostre conduitte, tant au regard de tous les
électeurs séparément et de Savoye que de Messieurs les Estatz, en faveur
desquelz comme nous remarquons par vostre despesche du |:14 que l’on
incline à se relascher:|. Vous nous permettrés de vous dire qu’il ne seroit
que bon qu’au plus tost |:on leur déclarast la résolution qui aura esté prise:|
sans attendre |:de commencer par eux:| lors seulement qu’ils viendront icy,
car comme ce ne sera peut-estre de cinq ou six mois il seroit fascheux et
aussy inconvénient de |:tenir les autres comme au fillet:| de commencer
aussy par |:d’autres que par eux en cas qu’on veuille accorder quelque
faveur nouvelle. Messieurs les Estatz qui se sont tant tourmentez pour
cella:| prétendans mesmes que ce n’est qu’un |:restablissement dans ce
qu’ilz disent avoir eu par le jugement de Henri le Grand auroient grand
subject de s’en tenir moins obligez s’ilz avoient à suivre l’exemple de ceux
ausquelz le leur auroit deub servir:|. Nous estimerions en ce cas que
|:monsieur de Saint Romain revenant par la Haye pourroit en passant leur
dire et à monsieur le prince d’Orange cette bonne nouvelle, et leur bien
faire valoir que pour les contenter:|, cela met le Roy en conséquence avec
d’autres.
Nous vous remercions de la communication touchant la restitution des
places à madame la duchesse de Savoye, et en userons comme vous le
marqués auprez de messieurs les médiateurs, non tant pour leur faire
cognoistre que l’on nous communique les choses qui se passent, que pour
leur faire voir avec quel désintéressement la France agit dans les affaires
d’Italie.
Wir achten weiterhin auf alle Möglichkeiten, Truppen ausheben zu lassen. Die
Mediatoren haben sich für Nassau verwandt, dessen Güter im Westerwald
durch die Truppen Turennes bedroht sind; das gleiche Anliegen hat uns für seine
dortigen Besitzungen auch Wartenberg vorgetragen.
Nous avons fait beaucoup de réflection sur l’advis que vous nous donnés
des |:pratiques que les Suédois font en Angleterre. Celluy de nous qui s’en
va à Osnabruk essayera de descouvrir les sentimens des plénipotentiaires de
Suède:|, mais nous vous supplions d’examiner um peu, (supposé que cela
fust) s’il va à |:l’establissement de cette faction que vous craignez de tout le
party protestant:| ou seulement pour |:affoiblir celluy du roy d’Angleterre
que le roy de Dannemark:| a tesmoigné en plusieurs occasions |:de vouloir
favoriser:|. Il n’est que bon d’avoir l’oeil à tout et la correspondance de
|:celluy qui seroit en Suède pour le Roy avec monsieur de Sabran
Angleterre:| serviroit fort à pénétrer ce qui en est.
Nous vous dirons icy que monsieur le baron de Rorté nous a tesmoigné um
peu de sentiment dans l’appréhension où il est qu’on ne veuille le faire
repasser en Suède avec la mesme qualité qu’il y a desjá eue, sur quoy nous
n’avons pu refuser à la prière qu’il nous en a faitte de vous représenter
qu’après avoir esté retiré de là pour estre appellé à un plus grand employ, il
seroit en appréhension que le monde l’imputast à quelque mauvaise
satisfaction que l’on auroit conceue de luy si on le faisoit ainsy retourner
d’où il est venu. Joint à la vérité que si l’on trouve à propos d’avoir
quelqu’un en Suède, il seroit bon que celuy qui iroit eust la qualité
d’ambassadeur ordinaire, maintenant qu’il y a mutation notable dans la face
des affaires de ce royaume-là, la reyne en aiant pris le gouvernement,
considéré aussy qu’elle tient un ambassadeur en cour . Cela n’augmenteroit
pas la despense puisque probablement l’on ne voudroit point que ledit sieur
de Rorté y allast avec diminution de qualité et d’appointemens.
Vous trouverés cy-jointe une copie de la lettre circulaire que nous avons
derechef escritte aux princes et estatz de l’Empire, en laquelle nous avons
essayé de suivre le sentiment de voz dernières despêches, et avons dit que
pour l’absence de quelques-uns l’on n’en retardera pas davantage la
négotiation. Nous y adjoustons aussy une autre coppie de celle que
Messieurs les Estatz nous ont escritte et de nostre response par laquelle
nous taschons de leur oster tout subject d’ombrage soit réel soit affecté. Ilz
en ont aussy escrit à monsieur l’ambassadeur de Venize qui en a uzé comme
nous.
Quoyque cette lettre soit bien longue, nous aurions encore beaucoup à y
adjouster, mais nous avons creu y devoir suppléer par la vive voix de
monsieur de Saint Romain que nous despêchons exprez en cour. Nous vous
supplions de le nous renvoier bien instruit sur toutes les intentions de la
Reyne…