Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
Je me conformerois mal aux volontés de la Reyne si je suivois l’exemple
que vous me donnez de vous escrire en particulier. Vous me dispenserez
d’entrer dans le détail de vos nouvelles contestations , me remettant à Mon-
sieur de Brienne de vous faire sçavoir sur chacune le sentiment de Sa Majesté
et de son Conseil, où disant mon advis sur toutes choses je me suis assez
estendu au long et en ay entretenu encore particulièrement ledict Sieur de
Brienne
Mit gleicher Post schrieb Brienne an d’Avaux und Servien – Ausfertigung: AE , CP All. 28
fol. 211–212 –, die Gegner hofften, durch ihre Streitigkeiten ihre geheimen Absichten zu erfahren;
Stellungnahme Briennes zu einzelnen Punkten der Auseinandersetzung in nr. 323 und 324. In einem
Schreiben an Servien vom 14. Dezember 1644 – Ausfertigung: AE , CP All. 31 fol. 384–
384’ – erteilt Brienne ihm einen Verweis wegen der Auseinandersetzungen mit d’Avaux, auch
soweit sie durch die Sekretäre geführt wurden, und verweist auf [nr. 323.]
ment estonné que de si légères occasions, qui à le bien prendre ne sont toutes
que bagatelles, ayent néantmoings esté capables de remettre la division parmy
vous contre les ordres de Sa Majesté. Et véritablement si elle continuoit plus
longtemps, cela seroit aussi peu advantageux à la grande estime que l’on a de
vostre suffisance qu’au bien du service de Sa Majesté qui en peut recevoir
un notable préjudice, particulièrement dans l’estat présent des affaires, qu’on
a lieu d’espérer que les advantages que nous avons sur nos ennemis les feront
penser tout de bon à mettre leurs intérestz à couvert par le moyen de quelque
accommodement. Agréez la liberté avec laquelle je vous en parle, puisque
ces deux inconvéniens me seroient infiniment sensibles.
On n’a pas estimé icy que |:après la demande que vous ferez pour la liberté
de l’Electeur de Trèves il fust expédient de faire la proposition qui vous est
venue dans la pensée de remettre les choses d’Allemagne en l’estat qu’elles
estoient en l’an 1618:|
Vgl. [nr. 292.]
ment sont:
Premièrement, que |:nous mettrions au désespoir et aliénerions d’abord
l’esprit du Duc de Bavières:|, lequel est |:ant bien mesnagé peut nous
donner de grandz avantages dans le cours de la négotiation:|. Cependant
|:nous en ferions l’ouverture par une instance qui va plus directement contre
luy que contre tout autre:|, puisque |:l’exécution luy osteroit le bonnet
d’Electeur et tout ce qu’il tient du Palatinat, et il:| auroit suject de croire
que |:toutes les belles espérances que nous avons voulu luy faire concevoir
n’ont esté que des amusemens et des pièges pour mieux causer sa ruine:|.
En second lieu, il seroit vray de dire que |:par cette proposition la France
maltraitteroit plus les Suédois ses alliéz que ne font les Impériaux mesmes:|,
puisque |:d’abord nous voudrions les renvoyer au delà de la Mer Baltique
et eux leur ont souvent offert de leur laisser partie de la Poméranie, plusieurs
places maritimes et leur donner:| outre cela |:deux millions d’or:|. Vous
voyez donc bien que le |:mot qu’on leur a dit à l’oreille de ne faire cette
proposition plausible que pour nous rendre favorables les Allemandz, ne
remédie pas beaucoup à l’inconvénient et:| tousjours par |:oistroit il dans
le monde ou que nous aurions fait une proposition avec dessein de ne la
pas tenir quand elle seroit acceptée des ennemis, ou que nous n’aurions pas
le soin qu’il convient des intérestz de noz alliéz qui ont si bien servy la
cause commune:|.
Troisiesmement, |:si les Impériaux par une contreruse venoient à tesmoigner
en apparence vouloir l’accepter:|, quoyque nous sçachions bien |:qu’ilz ne
le feront jamais en effet, ne nous réduiroient ilz pas à:| la nécessité |:ou de
manquer à ce que nous aurions nous mesmes proposé ou de désobliger les
Suédois, et:| d’autant plus |:nous devroit on soupçonner d’artiffice que:|
il ne peut pas tomber dans l’esprit de nos ennemis ny d’aucune personne
désintéressée qu’ayans faict |:paroistre jusques icy une indissoluble union
avec noz alliéz, nous voulions commencer le traitté de la paix par une pro-
position qui portast avec soy la perte de tout ce que la Couronne de Suède
a acquis dans l’Allemagne, puisque:| il est cognu de tout le monde que |:les
ennemis leur ont offert des Estatz et des sommes d’argent considérables pour
faire un accommodement particulier avec eux:| .
En quatriesme lieu, |:pourquoy pour une proposition qu’on sçait qui ne
peut avoir d’effet, puisque ny nous ny:| le party contraire |:n’y pouvons
jamais entendre, Sa Majesté se fera-t-elle le préjudice elle mesme de déclarer
qu’elle ne prétend rien conserver de toutes ses conquestes d’Allemagne:|?
Ne peut il pas estre que |:par ce grand désintéressement nous courons autant
fortune de choquer que de plaire à la pluspart des Princes qui appréhendent
d’estre oppriméz par la Maison d’Austriche, et que:| comme toutes les
choses ont deux faces, ilz |:le prendroient pour un abandonnement que la
France feroit des affaires de leur province à la discrétion de l’ennemy com-
mun. Ilz ont l’exemple des Princes d’Italie qui font consister:| leur principal
intérest |:à voir cette Couronne dans Pignerol. Pourquoy:| ne pourroient
|:ilz pas de mesme désirer de nous que nous conservassions quelque poste
qui nous facilitast les moiens d’accourir à leur déffense, tinst en bride l’Em-
pereur et les Espagnolz. On:| ne juge donc pas que vous debviés vous
attacher à cette pensée et qu’il vault mieux |:dire naïvement noz véritables
intentions, puisqu’estans toutes effectivement portées au bien, à l’avantage,
à la liberté et seureté desditz Princes en la manière qu’ilz estimeront leur
estre plus avantageuse:|, il ne fault point doubter que |:elles ne gagnent
aussytost leurs cœurs comme feroit l’instance dont:| il s’agit particulière-
ment, |:la conduitte que nous avons tenue jusques icy ayant fait de grandz
progrès pour cela. Il sera seulement à propos de leur faire remarquer:|
l’obligation qu’ilz ont à Sa Majesté de vouloir à leur considération mettre
les affaires d’Allemagne les premières sur le tapis, afin que l’Empire, s’il est
possible, soit le premier à jouir de la tranquillité dont il a tant de besoing.
Voylà les sentimens du Conseil de Sa Majesté. Si néantmoings après vous
avoir touché quelques unes de nos raisons vous en avés d’autres qui vous
semblent plus fortes, vous pourrés les répliquer, et Sa Majesté y délibèrera
de nouveau n’affectant pas d’avoir une opinion plus qu’une autre, sy ce n’est
qu’autant que les considérations qu’on luy représente l’y obligent.
|:On nous veut donner de grandes alarmes d’Italie d’une ligue qu’on dit que
veulent former tous les Princes pour le repos de leur province et pour
obliger les Couronnes à restituer aux Princes naturelz tout ce qu’elles tien-
nent de leurs Estatz, dont on nous veut faire peur comme:| si la chose nous
estoit fort préjudiciable.
La vérité du faict est que |:cette ligue n’est encores que dans l’intention des
Espagnolz ou de leurs partisans qui la pratiquent, s’imaginans que:| nous
aurions |:grande peine à la restitution de Cazal et des places que nous tenons
dans le Piedmont, où ilz n’auront à rendre que Verceil et que nostre résistance
nous feroit tomber sur les bras toutes les forces des autres Princes d’Italie:|.
Cependant |:ny la République de Venize ny le Grand Duc ny le Pape n’y
ont pas songé, et Monsieur le Cardinal Bichi:| nous en escript en ces
termes
Ergänzend dazu Mazarin in [nr. 333.]
La conduicte qu’a tenue Sa Majesté jusqu’à cette heure ne donne pas occasion
qu’on puisse faire ce jugement d’elle, et la sincérité de ses intentions sera
encore mieux confirmée par la résolution qu’elle a prise depuis peu de
|:rendre à Madame de Savoye
en Piedmont et de ne retenir que celles qui pourroient courre fortune de se
perdre si on les luy remettoit:| ainsi que l’expérience du passé l’a faict voir.
|:Le Roy luy fit ces années dernières rendre Cony, Ceva, Revel, Savillane
et Quérasque:|, luy a donné moyen de |:rentrer dans Villeneve d’Ast
maintenant elle luy remet encores le fort d’Axel, Thurin, Caours, Carmagnole
et le chasteau de Monast et la citadelle et Santya:|.
J’ay bien de la peine à croire que |:si les Espagnolz avoyent un avantage
pareil, il y eust des persuasions assés efficaces pour les porter à une semblable
restitution, quelque parenté, alliance ou intérest d’honneur qui les y eust
conviéz. Cependant:| Sa Majesté le faict de son pur gré, sans autre motif
que celuy de l’équité, |:de gratiffier cette Maison:| et de faire cognoistre à
un chacun qu’elle |:préfère tousjours la justice à toute autre considération
et à tout intérest politique:|.
Cela faict que |:nous n’appréhendons nullement la ligue dont:| il semble
que |:on nous veut menacer. Le Roy ne regarde les affaires d’Italie que du
mesme œil que font tous les Princes naturelz de la province. Il ne veut que
leur seureté et empescher leur oppression:|, à quoy il a despensé des trésors
immenses et faict respandre tant de sang de ses sujectz.
Non seulement il consent |:de bon cœur à l’entier restablissement de la
Maison de Savoye:|, mais il le souhaicte ardemment, et la sincérité et le
désintéressement avec lequel il traicte |:ce qui regarde la Maison de Savoye:|
est une démonstration si visible de cette vérité que |:après cela, nous ne
devons pas estre en peine que les Princes d’Italie puissent soupçonner le
contraire.
Pour Cazal, il suffit à Sa Majesté qu’il ne puisse tomber entre les mains de
ses ennemis, à quoy tous les Princes ont un esgal intérest, et l’instruction
que l’on vous a donnée:| faict bien voir quelles sont ses intentions sur ce
suject
Vgl. APW [I A 1 S. 79–88.]
|:Quand Sa Majesté voudroit se défaire de Pignerol:|, elle juge que |:il n’y
auroit aucun Prince qui ne luy dépeschast des courriers exprès pour la prier
de le conserver:|, puisque c’est |:la porte de leur déffense et le rempart qui
affermit leur liberté. Et:| en effect, |:les Espagnolz sont si bien informéz
des intérestz et des sentimens des Princes d’Italie que dans le projet qu’ilz
ont fait de la ligue ilz ne veulent pas comprendre Pignerol, sçachans bien
que:| la seule proposition produiroit un effect tout contraire |:et que lesditz
Princes ne sont jamais pour y concourir:|.
On estime donc que |:si lesditz Princes méditoient quelque chose de sembla-
ble, ce seroit à Sa Majesté la première qu’ilz s’adresseroient pour luy tes-
moigner leur désir:|, à quoy ilz rencontreroient toutes les facilitéz imagina-
bles, puisqu’elle ne souhaicte que leur bien et ce qu’effectivement eux mes-
mes souhaictent.
Tous ces discours confirment cependant Sa Majesté dans le sentiment que
|:vous devez mettre d’abord sur le tapis les affaires d’Italie conjointement
avec celles d’Allemagne:|, puisque par ce moyen non seulement |:vous
gagnerez le cœur et les bonnes grâces des Médiateurs, auxquelz vous donne-
rez une occupation agréable et de leur intérest, mais:| Sa Majesté n’ayant
ny pour l’Allemaigne ny pour l’Italie d’autres pensées que celles que doib-
vent avoir les Princes mesmes de ces deux provinces, |:vous ne devés pas
appréhender de n’estre bien secondés. Et comme:| il est certain que |:ce
faisant nous ne sçaurions tomber dans aucune contestation où la Chrestienté
puisse nous reprocher que nous mettons des obstacles à la paix, aussy:| il
est indubitable que |:les ennemis ne sçauroient éviter ou d’acquiescer enfin
à noz prétentions ou que les Princes qui y ont le mesme intérest ne se
rangent de nostre costé pour les y contraindre, et par ce moyen toute la
haine de la Chrestienté tombera sur eux comme sur les seulz qui retardent
le repos public:|.
Il fault tousjours se souvenir que |:nous aurions un désavantage notable de
souffrir qu’on parlast des affaires d’Espagne avant que les autres fussent
ajustéez. Car ou nous relaschans tant soit peu pour la Catalongne sans estre
asseuréz d’avoir satisfaction aux autres pointz qui resteroient à traitter, les
Catalans qui se verroient dès lors abandonnéz ne songeroient qu’aux moyens
de faire leur accommodement sans nous pour en obtenir plus de grâce, ce
qui:| mesme |:feroit après venir aux Espagnolz la pensée de continuer la
guerre comme ilz:| en auroient plus de moyen. |:Ou si nous tenions ferme
à vouloir conserver la possession de cette Principauté sans voulloir escouter
aucun tempéramment:|, la pluspart du monde attribueroit |:nostre dureté
à un propos délibéré de ne point faire la paix, et:| en ce cas |:nous courrions
risque que le mesme blasme quoyqu’à tort tomberoit sur nous qui dans
l’autre tombe avec justice sur noz ennemis:|.
Monsieur le Nonce qui est icy receut il y a quelques jours un courrier de
Flandres de la part du Marquis de Castel Rodrigo qui le prioit de demander
un passeport pour Don Miguel de Salamanca, qu’il vouloit envoyer en
diligence en Espagne pour faire expédier les nouveaux pouvoirs en la forme
qu’ilz ont esté adjustés à Munster et les rapporter avec les intentions de son
maistre touchant la paix.
Don Miguel de Salamanca passant dernièrement par la France fit première-
ment instance par diverses fois pour avoir l’honneur de saluer la Reyne et
pour traicter avec moy, ce qui luy fut refusé pour les considérations que
j’espargneray de vous dire, puisqu’on vous en a donné part dès lors. Après
il en fit une nouvelle de pouvoir s’arrester quelque temps et se divertir à
voir les plus belles Maisons de France. On luy repartit que Sa Majesté auroit
peur de s’attirer la hayne de toute la Chrestienté si elle avoit permis qu’une
personne comme luy employast le temps à son plaisir qu’il pouvoit donner
si utilement à l’assemblée générale, venant instruict des dernières intentions
de son maistre. La pensée dudict Salamanca estoit d’avoir moyen par ce
séjour dans le Royaume de conférer avec les mescontens qu’il croyoit
capables de brouiller, ainsi que nous sçavons qu’il l’a tenté. Mais quand il
se vid exclus de venir à bout de tous les beaux projectz qu’il avoit formés,
il ne put s’empescher d’en faire esclatter son desplaisir et ne feignit point
de dire hautement qu’il n’avoit demandé son passeport en qualité de Pléni-
potentiaire que pour se rendre plus promptement et plus seurement en Flan-
dres et que l’on le verroit bien par l’événement, parce qu’il n’iroit nullement
à Munster.
Après avoir donc faict faire par Monsieur le Nonce une relation au Marquis
de Castel Rodrigo de tout ce que dessus, on luy faict déclarer nettement
qu’on ne veult pas estre joué deux fois de suitte, qu’il suffit d’envoyer un
simple courrier pour rapporter les passeportz sur le suject desquelz il
n’eschet rien de représenter, puisqu’ilz ont esté résolus à Munster en la
forme qu’ilz doibvent estre, et que mesme il est plus à propos de se servir
d’un courrier parce qu’il fera plus grande diligence. Que pour ce qui est de
s’informer des intentions du Roy son maistre pour la paix, véritablement
nous croyons qu’il y a un an qu’elles fussent dans les instructions des
Plénipotentiaires qu’il tient à Munster comme vous portastes celles de Sa
Majesté à vostre départ, et que cela doibt bien faire juger qui marche de
meilleur pied à l’accommodement.
J’ay crû vous debvoir donner part du détail de cette rencontre et y ad-
jousteray mesme que |:les dernières nouvelles que nous avons de Flandres
me donnent quelque lumière des sujets qu’ilz peuvent avoir pour faire passer
et repasser si souvent de leurs ministres par la France. Ces avis qui:| ont
encore esté confirméz par |:d’autres que Monsieur le Prince d’Orange nous
a fait dire en confidence portent que les peuples sont dans une telle espou-
vante et dans une si grande consternation qu’ilz sont chaque jour sur le
point de prendre quelque bonne résolution pour se tirer des misères qui les
accablent et que les Espagnolz qui cognoissent:| cette disposition |:n’ou-
blient aucuns artifices pour les amuser et leur donner à entendre tantost
qu’ilz sont sur le point de conclurre une trêve avec Messieurs les Estatz,
tantost qu’ilz ont des négotiations secrèttes avec cette Couronne qui esclor-
ront bientost à leur avantage, ce qu’ilz sont bien aises de confirmer par de
semblables voyages de personnes principales.
Sie können La Thuillerie bis zu 3 000 Reichstaler für ein Geschenk für General
Baudissin
Wolf Heinrich von Baudissin, 1579 (oder 1597?) – 1646, polnischer Gesandter in Kopenhagen.
Zur Person NDB I S. 632f. und DBL II S. 240–242.
Kavallerie ist genügend vorhanden :|.
On m’a adverty confidemment |:de Munster et avec des circonstances
encores plus particulières de Bruxelles que les ministres d’Espagne mettent
toutes pierres en œuvre pour obliger ceux de Suède à traitter en particulier,
et:| notamment que |:lorsque Monsieur Salvius fut arrivé par delà, ilz dis-
posèrent un certain Colonel Peschviz
Moritz Freiherr von Peschwitz, ehemaliger kaiserlicher Oberst. Zusammenstellung der verfügbaren
Daten in APW [II C 2 S. 156 Anm. 2.]
et advisé, |:à luy rendre une visite comme de luy pour le faire discourir sur
le traitté de la paix et avoir moyen de luy insinuer la répugnance que la
France a de la conclurre et que:| son desseing est de |:trouver des prétextes
pour rompre l’assemblée, ne songeant qu’à:| ses advantages |:particuliers
et à obliger la Couronne de Suède de servir seulement pour la faire parvenir
à ses fins:|. A quoy |:ledit Colonel pour mieux picquer les Suédois par
l’estime et la jalousie qu’ilz ont de leur grandeur et de leur puissance, devoit
adjouster et:| imprimer adroictement dans son esprit |:que les François se
vantoient de soustenir leur Estat et que sans noz assistances et nostre argent
il ne seroit nullement considérable:|.
On m’asseure que tout ce que dessus a esté exécuté et mesme que |:ce
Colonel s’est fort bien acquitté de sa commission:|. Je ne sçay pas |:si Mon-
sieur Salvius vous en aura donné advis, mais en tout cas:| la cognoissance
que vous en aurés maintenant vous donnera lieu |:d’en descouvrir entière-
ment la vérité, communiquant le tout:| avec vostre addresse accoustumée
audict |:Salvius et monstrant l’avoir appris sur les lieux mesmes par les
habitudes que vous luy ferez croire d’avoir dans la maison de Don Diego
Saavedra où quelque personne en qui il se confie entièrement vous rapporte
ses plus secrèttes pensées:|. Par ce moyen |:ledit Salvius se tiendra obligé
à la sincérité et à la confiance que vous luy aurez tesmoignée et pour y
correspondre vous donnera:| sans doubte part |:à l’avenir de tout ce qu’il
apprendra:|, d’autant plus qu’il |:aura suject de craindre que ne le faisant
pas, vous ne laissassiez pas d’en estre aussy bien informéz d’ailleurs:|.
Je souhaitterois bien d’estre adverty le plustost qu’il se pourra |:si cet avis
particulier que l’on m’a donné de la négotiation de ce Colonel cy dessus
avec Monsieur Salvius se trouve véritable:|, afin de faire |:à l’avenir plus
d’estat des personnes qui me l’ont fait sçavoir:| et que je puisse |:les engager
davantage à continuer de m’en donner en leur procurant auprès de Sa
Majesté des gratiffications proportionnées à ce service.
Les ministres d’Espagne qui sont à Munster sont très informéz de tout ce
que font les Plénipotentiaires de la Couronne de Suède et de tout ce qu’ilz
résolvent et traittent avec vous:|.
Le principal but de |:Saavedra est d’introduire quelque négotiation secrètte
avec les |:Suédois et:| principalement |:avec Monsieur Salvius, luy faisant
concevoir des soupçons de la France et de grandes espérances que traittant
séparément leur accommodement avec la Maison d’Austriche, ilz en rap-
porteront des avantages bien plus considérables:|. Et véritablement, si nous
prenons garde à |:la foiblesse présente des ennemis et aux apparences qu’il
y a de voir tousjours prospérer de bien en mieux les affaires de cette Couronne
et de ses alliéz:|, on peut conclurre ce semble fort véritablement qu’il n’y
a point de |:party si avantageux que l’Espagne ne fist aux Suédois pour les
désunir d’avec nous:|, en quoy il fault |:s’attendre que le Roy d’Espagne
passera toute mesure:| quand il en rencontrera la conjoncture favorable,
parce que |:encore qu’il ayt grand intérest en la grandeur et en la puissance
de l’Empereur:|, il est certain que |:il ne regardera pas de si près aux
avantages que l’on accordera aux Suédois aux despens de l’Empire:|, notam-
ment dans |:l’espérance qu’il concevroit que cet accommodement seul est
capable de remettre toutes ses affaires en bon estat:|.
Il semble donc fort nécessaire de |:veiller avec grande attention aux prati-
ques et aux actions des ministres de Suède et à rompre toutes les menées
que noz ennemis pourroient tramer pour nous séparer d’avec eux, prenant
surtout garde de près à ce qui est fin et adroit et:| qui ne fera pas grand
scrupule de |:supposer des faucetéz, employant:| tous les artifices imagina-
bles |:pour faire naistre en ce commencement des soupçons de nous dans
l’esprit des ministres de Suède:|, afin |:d’altérer la bonne correspondance
qui doit estre entre vous et eux et les porter:| insensiblement |:à prendre de
telles impressions de nostre procédé qu’elles les obligent de persuader en
Suède à songer à un accommodement particulier:|.
J’estime qu’il est fort à propos de |:ne pas celer ce que dessus aux ministres
de Suède et de leur en ouvrir franchement nostre cœur affin de rendre
inutiles les tentatives que feront noz ennemis:|. Sur ce suject il faudra aussy
|:leur représenter nettement la netteté de nostre conduitte, qui ne peut estre
plus sincère ny plus ferme dans l’union indissoluble de noz intérestz com-
muns:|, n’ayant jamais voulu |:prester l’oreille comme ilz l’ont pu sçavoir
à la moindre proposition des ennemis et ayans esté si jalous:| sur ce suject
|:qu’il n’est pas mesme resté lieu aux plus malins de mal interpretter la
moindre circonstance de tout le procédé que nous avons tenu:|.
J’oubliois à vous dire que l’on me donne advis que |:les Impériaux et les
Espagnolz feront tous leurs effortz pour empescher l’envoy des députéz des
Princes d’Allemagne dans l’assemblée généralle, pronosticans que cette mis-
sion ne pourroit estre que ruineuse et préjudiciable à leurs affaires:|, notam-
ment |:dans un temps que les armes de France et de ses alliéz se rendent si
redoutables dans ce pays là. Ilz songent donc:| à bon escient |:aux moyens
de divertir ce coup et ont jugé que:| le plus expédient seroit de |:convoquer
une diètte généralle dans laquelle intervinst la personne mesme de l’Empe-
reur pour publier une amnistie universelle et penser aux autres moyens
d’asseurer le repos de l’Empire, chassant toutes les forces estrangères qui le
troublent:|. C’est assez faire que de vous advertir de |:leur dessein pour s’as-
seurer que vous mettrez tous les obstacles qu’il se pourra à l’exécution:|.
PS: |:Parmy les Espagnolz l’Evesque d’Osnaburg qui est depuis peu arrivé
à l’assemblée passe pour estre entièrement françois:|. Ilz croyent mesme que
|:tous ceux de sa suitte ont la mesme inclination:|. Je ne veux pas dire
positivement que cela soit n’en ayant aucune autre preuve que |:l’oppinion
mesme des ennemis:|, mais il me semble qu’elle suffit pour vous donner
lieu de vous en prévaloir avec luy, et vous ne serez pas longtemps sans en
descouvrir la vérité.
|:Les Espagnolz sont en la plus grande appréhension du monde que les
Impériaux, persuadéz enfin du mauvais estat de leurs affaires et de:| l’appa-
rence qu’il y a de |:les voir tousjours empirer et voyans d’ailleurs la grande
disposition des Princes d’Allemagne à la paix et:| particulièrement |:du Duc
de Bavières, ne se résoluent d’achetter:| à quelque prix que ce soit |:le repos
de l’Empire concluans la paix sans l’Espagne. Saavedra et Brun fomentent
extrêmement ce soupçon, ayant esté dit par un ministre de grande qualité
à Bruxelles que sans leur adresse et leur résolution, ceux de l’Empereur
n’auroient apporté aucunes difficultéz:| touchant l’adjustement des |:pleins-
pouvoirs, se cognoissant visiblement en eux une si grande peur de voir
rompre l’assemblée qu’ilz vont au devant de:| toutes les choses qu’ilz
croyent estre |:efficacement désirées par la France:|.
La cognoissance de toutes ces particularitéz vous peut donner lieu d’en
profficter extrêmement pour le bien du service du Roy. |:Et comme les
Espagnolz n’oublient rien pour nous mettre mal avec noz alliéz et les séparer
de nous:|, il semble qu’ilz |:nous apprennent la conduitte que nous devons
tenir à leur esgard. Et encores que la Maison d’Austriche ayt semblée jus-
qu’icy indivisible:|, néantmoings s’estant veu que |:le Roy d’Espagne a
plusieurs fois sacrifié les intérestz de l’Empereur pour ses fins particulières:|,
il pourroit |:estre que l’Empereur dans les nécessitéz où il se trouve, voyant
tous les Princes de l’Empire résolus à la paix, songeast à l’indemnité de ses
intérestz sans les vouloir exposer à une ruine entière pour contribuer à
mettre en meilleur estat ceux du Roy d’Espagne:|.
Après tout, il est assez évident que |:la pluspart des préjudices que souffre
aujourd’huy l’Empire ont esté causéz par les Espagnolz, qui ont eu le crédit
dans la Cour impériale d’empescher qu’on ne considérast le bien de l’Em-
pereur que conséquemment au leur.
La paix qu’ilz le forcèrent de faire avec le Roy de Dannemarch
dommage de la Religion catholique pour pouvoir employer les forces de
l’Empire à l’oppression du Duc de Mantoue, ce:| qui donna lieu |:ensuitte
à l’invasion et aux progrès du Roy de Suède et aux malheurs qui sont arrivés
après à l’Allemagne, est un exemple assez frais et concluant:| pour faire
cognoistre à tout le monde combien sont nuisibles aux intérestz de l’Em-
pereur les conseilz d’Espagne, tousjours dirigés à leur aggrandissement
propre et à leurs avantages particuliers.
|:La haine des Espagnolz contre Waldestein luy firent oster toute authorité
à la diètte de Ratisbonne
suittes que vous sçavez:|. Il y auroit beaucoup d’autres choses à dire sur ce
suject, si je n’escrivois à des personnes autant informés qu’on le peut estre.
|:L’affaire est très délicate en soy et il faut commencer à la conduire peu à
peu, jettans les fondemens comme on fait quand on veut bastir un édifice:|.
Il seroit à propos que |:quelque personne qui eust accèz chez les Pléni-
potentiaires de l’Empereur pust comme de soy les asseurer que l’intention
de la France est de faire la paix généralle et que:| les difficultéz viennent
toutes du |:costé des Espagnolz qui sont picquéz du désir de se vanger et
de l’espérance de le pouvoir faire avec le temps. Que|:Sa Majesté facilitera
toutes |:choses pour accommoder les intérestz de l’Empire et establir une
amitié parfaitte avec l’Empereur, laquelle une fois arrestée:|, il ne seroit pas
à craindre que |:la tranquillité de l’Allemagne pust recevoir à l’avenir aucune
altération, et ainsy l’Empereur, les Princes de l’Empire, le Roy et les alliéz
de cette Couronne jouiroient d’un repos parfait et les Espagnolz se rendroient
après plus traittables, voyans qu’il leur faudroit soustenir seulz la guerre
contre ce Royaume qui n’auroit point d’autre occupation:|. En fin de tout
ce que dessus, on peut raisonnablement inférer que |:le motif le plus puissant
pour contraindre les Espagnolz à la paix est la crainte que l’on ne puisse la
conclurre sans eux.:|