Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
Ayant dépesché en Ostfrise Monsieur le Baron de Rorté pour le subjet qui
est cognu de Vos Excellences, nous renvoyons son filz à Oznabrug affin
qu’il puisse recevoir leurs ordres et faire la fonction du père pendant son
absence aux occasions qui le réquerront. Nous l’avons chargé d’informer
Vos Excellences de tout ce qui s’est passé en la dernière visite que Messieurs
les Médiateurs nous ont rendue pour nous faire sçavoir la responce des
commissaires impériaux et espagnolz sur la proposition qu’ilz leur avoient
faicte. S’il y eust eu quelque chose de favorable et qui eust tendu à l’avance-
ment des affaires, nous n’eussions pas manqué d’en donner part à Vos
Excellences dès le lendemain. Mais n’ayant rien appris que la dureté et
l’injustice ordinaire de nos parties, nous avons creu qu’elles viendroient
assez tost à vostre cognoissance. Après avoir esté assembléz trois jours à la
campagne et avoir délibéré cinq ou six jours en cette ville depuis leur retour,
enfin leur responce a esté qu’ilz ne pouvoient consentir à l’expédient pro-
posé, parce qu’ilz ne vouloient pas que les traictéz de Munster et d’Oznabrug
eussent aulcune dépendance l’un de l’autre. Cette raison que nous avons
treuvée pire que le refus nous a donné une preuve bien claire de leurs
mauvaises intentions. On n’a pas manqué de leur alléguer le traicté prélimi-
naire et plusieurs autres raisons bien concluantes qui toutesfois n’ont pas
esté cappables de leur faire changer d’advis, au contraire ilz ont tesmoigné
que quand nous demeurerions tous d’accord de traicter aujourd’huy en un
mesme lieu, ilz n’y consentiroient pas. Ilz ont bien tasché de nous faire
entendre que ce qui seroit accordé icy pourroit aussy servir pour Oznabrug.
Mais ilz n’ont point voulu s’y obliger ny en donner leur parolle, et nous
n’avons pas creu devoir passer outre sans cela ny nous contenter de simples
espérances avec des gens qui jusques icy n’ont pas procédé de trop bonne
foy. Sy bien que nous en sommes demeuréz là sans avoir pris aulcune
résolution, et nous avons seulement faict nos plainctes aux Médiateurs en
leur faisant cognoistre combien vostre sincérité et la nostre sont différentes
de l’artiffice et de la mauvaise foy de nos parties. A la vérité, sur les autres
points qui ne sont pas importans, ilz ont faict semblant d’y vouloir donner
satisfaction et ont promis de faire réparer toutes les entreprises qui ont esté
faictes jusques icy contre la liberté de l’assemblée. Ilz se sont obligéz de les
faire cesser à l’avenir, et mesme d’escrire à l’Archevesque de Brême pour
empescher que ny luy ny ses troupes ne facent rien dont on puisse avoir
subjet de se plaindre. Cela nous a empesché[s] de luy envoyer un trompette
comme nous en avions faict le dessein, ayant estimé qu’il seroit plus hono-
rable que les Impériaux fissent ces diligences que nous. Sy toutes fois Vos
Excellences jugent que sans attendre ce qu’ilz feront nous y devions envoyer,
nous le ferons de très bon cœur. Voylà, Messieurs, où nous en sommes.
S’il y eust eu quelque chose de plus important qui nous eust obligé de
prendre quelque résolution ensemble, un de nous fust allé à Oznabrug pour
en conférer avec Vos Excellences. Mais dans l’attente où nous sommes
chaque jour de quelques ordres qui nous doibvent venir de la Cour sur
toutes ces difficultéz, lesquelz peult estre nous obligeront de prendre voz
bons advis avant que les exécuter, nous avons différé de résouldre ce voyage
jusqu’en ce temps là, et nous remettant pour le surplus audit Sieur Baron
de Mallepierre nous nous contenterons de nous dire…