Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
Avant que de respondre à la dernière lettre qu’il vous a pleu nous escrire
du 9 e de ce mois, nous sommes obligéz de vous faire sçavoir ce qui s’est
passé dans une visite que Messieurs les Médiateurs nous ont rendue.
Nous avons desjà eu cy devant le bien de vous escrire comme sur les instances
qu’ilz nous avoient faittes, nous avions disposé Messieurs les Ambassadeurs
de Suède à consentir qu’encores qu’on eust refusé de faire à Osnabrug la
mesme communication des pleins pouvoirs qui a esté faitte icy, nous ne
laissassions pas pour cella de travailler à la réfformation desdicts pouvoirs
et de convenir de la forme nouvelle en laquelle il en faudroit faire venir
d’autres, pourveu que la minutte qui en seroit concertée fust commune pour
Munster et pour Osnabrug
Vgl. [nr. 164.]
estre relaschéz jusques là et d’y avoir fait venir Messieurs les Suédois, puis-
que c’estoit à nos parties à faire cesser la difficulté qui arrestoit la négotiation
de leur part, et non pas à nous d’adjouster des facilitéz nouvelles à celles que
nous avions desjà apportées sur toutes les propositions qui nous avoient
esté faittes, outre que par celle cy l’on ne devoit encor rien traitter avec eux
que tacitement et indirectement, en accordant que ce qui seroit arresté avec
nous auroit aussy effet pour eux. Mais nous l’avions fait pour faire tousjours
plus clairement paroistre aux yeux du monde les saintes intentions de la
Reyne suivant les ordres réitéréz que Sa Majesté nous avoit envoyéz de
faciliter les affaires autant que la justice et la dignité du Roy le pourroient
permettre. La première fois que nous en donnasmes nostre consentement
à Messieurs les Médiateurs et qu’ilz virent le soin que nous avions pris
d’avoir celuy des Suédois pour une résolution qui sembloit estre à leur
préjudice, ilz en demeurèrent extrêmmement satisfaitz, non seulement pour
l’intérest public, mais pour le leur particulier, cognoissants fort bien qu’une
des principales considérations qui nous y avoit portéz avoit esté le désir de
les contenter. En mesme temps qu’ilz en firent la proposition aux commis-
saires impériaux et espagnolz qui sont en cette ville sans leur avoir tesmoigné
que nous en eussions encores donné nostre parolle, ilz la receurent avec
applaudissement, la louant comme juste et raisonnable, et promisrent d’y
faire response dans peu de jours après en avoir conféré avec leurs collègues
qui sont à Osnabrug, lesquelz ilz ne croyoient pas y devoir faire difficulté,
s’imaginans peut estre qu’elle viendroit de nostre costé. Depuis, leur con-
férence a esté faitte hors de cette ville où ilz ont esté assembléz trois ou
quatre jours, et le temps qu’ilz avoient demeurée icy après leur retour sans
donner leur response nous avoit fait croire qu’elle devoit estre favorable et
qu’ilz ne travailloient plus qu’à en concerter les termes. Mais nous avons
esté bien surpris quand Messieurs les Médiateurs nous ont fait sçavoir leur
résolution et qu’elle nous a fait connoistre que tous ces délayz et ces forma-
litéz n’avoient esté employées qu’à chercher de mauvaises raisons pour
n’accepter pas l’expédient proposé
Vgl. dazu Nassau, Auersperg, Krane und Volmar an Ferdinand III., Lengerich 1644 Juli 12,
Druck: APW [ II A 1 nr. 318 S. 527–535.]
point voulu consentir que ce qui seroit accordé icy deust servir pour Osna-
brug. Il advoue bien que les deux traittéz ne doivent passer que pour un,
mais il ne veut pas qu’ilz ayent déppendance l’un de l’autre, qui est propre-
ment demeurer d’accord d’une résolution à la charge qu’elle ne sera pas
exécuttée. Il ne peut pas désadvouer ce qui est porté par le traitté prélimi-
naire, mais il a fait visiblement paroistre en cette occasion que son dessein
est d’en éluder l’exécution. Lorsqu’on luy a représenté que cy devant toute
l’assemblée avoit deu estre tenue dans la ville de Couloigne, qu’elle n’avoit
esté séparée en deux villes qu’à nostre instance et pour la commodité des
Suédois, et que s’ilz se vouloient encores aujourd’huy disposer de venir icy,
on n’auroit pas droit de l’empescher, il a respondu nettement que quand bien
les Suédois voudroient prendre cette nouvelle résolution, l’Empereur n’y
consentiroit pas.
Nous vous supplions, Monsieur, de bien considérer la conduitte et le dessein
de nos parties duquel nous nous estions desjà bien apperceuz, mais qui
n’avoit point encor paru si visiblement qu’en cette occasion. Ilz refusent
de faire le premier pas de la négotiation à Osnabrug en communiquans
simplement les pouvoirs, et d’autant qu’ilz font semblant d’en avoir envie
mais de n’ozer pas faire cette action publique pour ne desplaire pas au Roy
de Dannemarck, nous leur fournissons nous mesmes le moyen de sortir de
ce mauvais pas et consentons que sans s’arrester à cette formalité on passe
outre icy à la réformation des pouvoirs, pourveu que ce qui sera convenu
en un lieu ait son effet en l’autre. Non seulement ilz n’y veullent pas consentir,
mais les raisons qu’ilz allèguent sont pires que leur refus, ne voulans pas
que les deux assemblées ayent déppendance l’une de l’autre, ny mesmes
qu’on puisse aujourd’huy traitter de paix en un mesme lieu quand tous les
intéressez en demeureroient d’accord. Il ne reste pas lieu de doutter après
cella que leur intention ne soit très mauvaise, et que les bonnes dispositions
que ceux d’icy ont fait quelquefois paroistre si différentes des duretéz con-
tinuelles de leur collègue d’Osnabrug n’ayent esté concertées entre eux à
dessein de mettre quelque division entre les Suédois et nous. Ilz s’imagi-
noient si nous n’eussions pas descouvert le piège qu’ilz nous vouloient
tendre, qu’enfin les Suédois prenans jalousie des facilitéz qu’ilz apportoient
avec nous eussent pu entendre à quelque traitté particulier pour nous pré-
venir, ou bien qu’irritéz du mespris qu’on faisoit d’eulx en leur refusant les
mesmes choses qu’on faisoit avec nous, ilz se fussent retirez de la négotiation,
qui est sans doutte ce que les Impériaux souhaitteroient aujourd’huy, pour-
veu que le blasme de la rupture pust estre rejetté sur les autres et que tous
ceux qui désirent si ardemment la paix dans l’Empire ne pussent pas con-
noistre qu’en effet la négotiation en auroit esté rompue par leur faute.
Ilz croyent peut estre encores de se rendre les Médiateurs favorables en leur
donnant de belles apparences, cependant qu’ilz faisoient jouer un jeu tout
contraire à Osnabrug par leur collègue que l’on croid avoir plus le secret
de son maistre que ceux d’icy. Mais comme les deux personnages qui sont
emploiéz dans la médiation sont habilles et clairvoians et qu’ilz ont autant
de cappacité que de probité, nous vous pouvons asseurer qu’ilz cognoissent
bien de quel costé est l’artifice et duquel a tousjours paru la sincérité, et
qu’ilz ne sont pas moins persuadez des bonnes intentions de la Reyne que
des mauvais desseins des ministres impériaux. Cella est si véritable que nous
sçavons de bon lieu qu’à la dernière conférence qu’ilz ont eue avec les
Ambassadeurs d’Espagne au logis de Monsieur le Nunce, Monsieur Con-
tarini contesta vigoureusement contre eux et parla souvent si haut qu’on
l’entendist presque tousjours des chambres voisines disputer avec chaleur
et véhémence.
Il importe que vous sçachiez encor que les Ambassadeurs suédois aians
envoié cy devant leur premier secrétaire au Comte d’Auersberg pour le
presser sur la communication qu’il refusoit, ledit secrétaire luy aiant repré-
senté qu’il faisoit veoir par ce refus qu’il ne vouloit pas entendre à la paix,
le Comte respondist avec un sousriz qu’il la falloit traitter lorsque l’on estoit
à Hambourg. Son intention estoit selon nostre advis de faire connoistre par
cette responce deux choses très meschantes, l’une qu’il n’en estoit plus temps
comme il eust esté alors, l’autre que la voye pour sortir d’affaires estoit de
traitter en particulier sans y comprendre la France comme les Impériaux en
avoient fait la proposition en la ville de Hambourg. Mais comme elle a tous-
jours esté rejettée des Suédois, elle ne les a touchéz en dernier lieu que pour
les irriter, et nous croyons que cette response avoit esté en partie cause de la
résolution que Monsieur Oxenstiern avoit prise de se retirer, si nous ne
l’eussions fait changer par les dicours que nous eusmes icy avec Monsieur
Salvius.
Voicy encores une résolution importante dont il est nécessaire que la Reyne
soit informée. L’Empereur ne se contente pas d’empescher que les Princes
et Estatz de l’Empire viennent ou députtent à cette assemblée, quoyqu’il
leur ait accordé son passeport par le traitté préliminaire. Mais parce qu’il a
quelque appréhension que nonobstant la déffence qu’il leur en fait faire, ilz
ne laissent pas d’y venir ou d’y envoier aussitost que les députéz des Eslec-
teurs y seront arrivéz, il empesche secrèttement ceux cy de députer sur la
promesse qu’il leur a faitte de ne rien résoudre sans leur advis et de leur
envoier communiquer à Francfort toutes les propositions qui luy seront
faittes avant qu’y prendre résolution. Cella seroit d’autant plus préjudiciable
qu’outre que c’est un changement nouveau directement contraire au traitté
préliminaire et dont la pluspart du monde demeure scandalizé, voiant que
depuis le temps que nous sommes icy un seul des Eslecteurs n’y a encor
comparu, il causeroit une si grande longueur dans les affaires que si on
vouloit les faire achever par ceux qui les auront commencées, il faudroit y
emploier des négotiateurs plus jeunes que nous.
Nous croions que vous avez desjà sceu l’envoy que nous avons fait d’un
gentilhomme à Monsieur le Prince d’Orange pour luy représenter les incon-
véniens qui peuvent arriver de l’armement d’Ostfrize. En mesme temps nous
avons despêché au Comte d’Embden Monsieur le Baron de Rorté pour luy
faire connoistre l’embarras où il se veut mettre par la résolution qu’il a prise,
et empescher s’il est possible que ses trouppes et celles de Hesse n’en vien-
nent aux mains. Monsieur de Crossicq est allé trouver pour le mesme sujet
le Comte d’Ebrestein qui est sur les lieux, ilz ont charge de chercher
ensemble quelque moyen d’esteindre le feu qui est sur le point de s’allumer.
Messieurs les Estatz et Monsieur le Prince d’Orange en ont parlé jusques icy
comme d’une affaire dont Madame la Landgrave ne doit rien craindre, mais
cette Princesse qui connoist leur secrètte intention la considère comme une
entreprise faitte directement contre elle et cappable de la ruiner si elle la
souffre. C’est pourquoy elle tesmoigne vouloir jouer de son reste pour
l’empescher. Ce qui est de plus fascheux est que voilà ses trouppes occupées
de ce costé là au temps qu’elles devoient se joindre avec Konismarck et que
nous voulions la presser de faire une diversion dans la Franconie pour y
attirer une partie des forces de Bavière que Monsieur le Maréschal de
Turennes a toutes sur les bras. Sy Fribourg se perd, nous en aurons en partie
obligation à ceux qui ont donné l’envie au Comte d’Embden de faire des
levées si hors de saison, dont l’Empereur ne prend point de jalousie et dont
Madame la Landgrave appréhende sa ruine entière. Si ledit Comte pour avoir
un honneste prétexte de se déffaire de ses trouppes vouloit se disposer de les
prester au Roy ou pour aller à Gravelines ou pour servir ailleurs, l’affaire se
pourroit accommoder de cette sorte et la despence qu’on y feroit ne seroit
pas mal employée. Nous vous pouvons asseurer que Madame la Landgrave
est fort satisfaitte des soins que nous y avons apportéz et que Monsieur le
Prince d’Orange ne se sçauroit plaindre des termes ausquelz nous luy en
avons fait parler. Mais comme la raison est entièrement du costé de Madame
la Landgrave et que le Roy a très grande part à l’intérest qu’elle y prend,
nous avons esté obligéz de faire remarquer un peu vivement le préjudice
que les affaires d’Allemagne en reçoivent, en quoy les Suédois ne nous ont
pas mal secondé par les offices qu’ilz ont fait faire à leur Résident en
Hollande .
Le mesme gentilhomme a esté chargé de parler à Monsieur le Prince
d’Orange de la contestation que nous avons avec les Ambassadeurs de
Messieurs les Estatz. La pluspart de vos lettres précédentes nous aians
ordonné de la part de la Reyne d’y travailler, et aiant estimé de nostre costé
qu’il ne falloit pas perdre l’occasion de ce que Monsieur de La Thuillerie a
ordre de faire en faveur de ceux qui vont en Dannemarck pour en tirer
quelque advantage, nous avons esté forcéz de ne différer pas plus longtemps
de mettre l’affaire sur le tappis, outre qu’il faut nécessairement que la question
soit vuidée avant que les Ambassadeurs se mettent en chemin pour venir
icy, parce qu’une des principalles difficultéz se rencontre dans les cérémonies
de leur arrivée et de la première visite. Si ces Messieurs eussent esté en
possession de ce qu’on doit faire pour eux en Dannemarck, on n’eust pas
pu s’en prévalloir ny le faire entrer en compensation de ce qu’on désire
qu’ilz nous cèdent en cette assemblée. C’est pourquoy nonobstant toutes les
difficultéz que nous vous avions répresentées par nos despêches précédentes,
nous avons estimé en taschant de les surmonter devoir entamer l’affaire par
celuy que nous avons envoié à Monsieur le Prince d’Orange. Vous verrez
par la coppie de l’instruction que nous luy avons donnée jusques où nous
l’avons chargé d’agir et comme il a ordre particulier de ne rien faire que
conjointement avec Monsieur d’Estrades et par son advis.
Vous avez veu par le commencement de cette lettre que nous n’avons rien
obmis pour exécutter les ordres contenus en la vostre, aiant facilité autant
qu’il nous a esté possible tout ce qui a paru cappable d’avancer la négotiation.
Nous n’avions garde d’y manquer, ayant tousjours cogneu que l’intention
de la Reyne est qu’on ne puisse pas imputter avec raison à ses ministres les
obstacles et les retardemens qui s’y rencontrent. Nous vous asseurons que
Sa Majesté en peut avoir l’esprit en repos, que (comme nous vous avons
desjà marqué) Messieurs les Médiateurs en sont suffisamment persuadéz et
que si on n’a point encor advancé les affaires autant qu’il seroit à souhaitter
pour le bien public, Sa Majesté et tous ceux qui ont l’honneur de la servir
en sont plainement justiffiéz devant Dieu et devant les hommes, et nous
ozons adjouster que sy nous eussions passé plus avant, outre que cella
n’auroit de rien servy, nous n’eussions pu le faire sans un préjudice notable
de la réputation et la dignité du Roy.
Il eust esté bien malaisé que nous vous eussions pû expliquer l’intention des
Impériaux et Danois touchant le retour de ceux cy à Osnabrug, puisque
nous ne croions pas que ny les uns ny les autres soient d’accord ensemble et
sçachent encor bien ce qu’ilz prétendent. Le Roy de Dannemarck s’est con-
tenté de demander par ses lettres aux Estatz de l’Empire et à l’Empereur
qu’on ne fasse point le traitté général sans l’y comprendre. En mesme temps
|:se laissant plus emporter aux mouvemens de sa cholère qu’aux conseilz
de la raison:|, il proteste qu’il ne veut point d’accommodement avec la
Suède. Les Impériaux voudroient que ce différend fust renvoie à Osnabrug,
et on nous asseure que les Sénateurs des deux Royaumes n’y veullent pas
consentir. Le Roy de Dannemarck |:recognoissant qu’il ne peut plus estre
Médiateur en la cause des Suédois, se contenteroit de:| l’estre dans le diffé-
rend des Princes d’Allemagne, et l’Empereur déclare qu’il n’a point besoin
d’une entremise d’estrangers pour accommoder les affaires de l’Empire. Ilz
ne laissent pas d’avoir leur animosité commune contre la Suède et de faire
agir leurs armes de concert à son dommage, mais on ne sçait pas encores si
leurs forces se doivent joindre, ny mesmes s’il y a aucun traitté entre eux
qui les lie l’un envers l’autre. Tout cela nous fait croire qu’un Résident qui
escrit de Copenhaguen |:qu’on y est sans hommes, sans argent et sans con-
seil, n’est pas mal instruict de l’estat de ce Royaume. Ce qui est de plus
insupportable:| est qu’ilz semblent estre tous bien d’accord dans le dessein
d’arrester présentement la négotiation de la paix.
Nous ne vous redirons plus les sujetz qui ont rompu nostre conférence avec
les Ambassadeurs de Suède, puisque nous vous les avons desjà marquez par
plusieurs de nos lettres et que toutes les choses que nous eussions pu traitter
avec eux dans un lieu tiers ont esté résolues icy plus honnorablement pour
nous dans le voiage que Monsieur Salvius a esté obligé d’y faire.
Nous vous sommes très obligéz de la part qu’il vous |:plaist nous donner
de l’accommodement de Monsieur de Lorraine, nous ne le comuniquerons
à personne qu’aux:| termes qu’il vous plaist nous le marquer, quoyque
toutes les lettres de Paris |:en parlent comme d’une chose faitte et que les
ennemis commencent à ne le considérer plus que:| comme desjà perdu pour
eux. Nous en louons Dieu de bon cœur et le prions |:de faire persévérer
ce Prince mieux qu’il n’a faict par le passé dans cette bonne résolution:|.
Quand il l’aura exécuttée, nous nous promettons si |:cella est que la jonction
de ses trouppes à celles de Monsieur le Maréschal de Turenne:| luy donnera
bientost moien de sauver Fribourg qui tient tous les espritz de ce pays
merveilleusement en suspens.
|:Monsieur Contarini a paru jusques à présent si bien disposé pour les affaires
de la paix que l’on ne sauroit luy envoyer un compagnon sans que le service
du Roy et peut estre aussi le public en receussent de préjudice:|. Il est bien
vray qu’il a cy devant demandé |:son congé, ayant esté picqué de ce qu’un:|
compétiteur qui n’a pas servy |:sa République:| si long temps que luy |:a
esté préferé pour le Patriachat d’Aquilée:| et que pour luy donner l’exclusion
on a pris prétexte sur l’employ qu’il a |:icy:|, duquel on n’a pas estimé à
propos de le retirer. Cella luy a donné un peu de mescontentement |:qu’il ne
nous a pas cellé:|. Néantmoins il seroit bien à craindre si on luy faisoit
souffrir quelque plus grande mortiffication, que la chose ne vinst de plus
loin. Car nous apprenons de divers endroitz |:que noz parties ne le croient
pas affectionné pour eux:|, et on nous a voulu asseurer d’assez bon lieu
|:qu’ils ont agi secrettement contre luy pour le faire rappeller, à quoy il est
bien nécessaire de prendre garde et de l’empescher en toutes les façons qu’on
pourra le faire sans luy nuire auprès de ses supérieurs:|.
L’ordre qu’il vous avoit pleu de nous envoier cy devant de la part de la Reyne
pour donner moyen à l’Ambassadeur de Portugal qui est en Hollande de se
rendre icy, nous a obligéz de joindre à cette despêche la coppie des deux
lettres que nous luy avons escrites pour luy faire sçavoir les raisons qui nous
ont osté le moyen de satisfaire à son désir en exécuttant les commandemens
de Sa Majesté. Il a tant fait d’esclat avant que de se mettre en chemin et a
fait sonner si haut sa dignité d’Ambassadeur qu’il a tesmoigné ne vouloir
pas déposer, qu’il s’est suscité luy mesme les obstacles qu’il rencontre et ne
sçauroit désormais plus venir icy sans que les Espagnolz entreprennent une
violence contre sa personne, s’estans expliquez de leur dessein à Messieurs
les Médiateurs. Vous jugerez bien, Monsieur, qu’il n’a pas esté à propos de
se mettre dans cet embarraz nouveau, |:et s’il faut qu’enfin l’assemblée se
rompe:|, il importe que ce soit pour des sujetz |:plus plausibles et plus
avantageux pour nous dans l’esprit du monde que ne:| seroit la venue |:d’un
Ambassadeur de Portugal sans passeport, duquel quand nous voudrions
entreprendre la deffence:|, nous ne serions pas assez fortz dans un lieu tout
environné d’ennemys. Celuy que nous avons conduit avec nous aiant tous-
jours vescu icy en personne privée n’y a point receu de trouble, mais celuy
que les Ambassadeurs de Suède ont conduict avec eux à Osnabrug n’en
ayant pas fait de mesme et ayant desjà eu quelque rencontre avec un des
commissaires impériaux, a resveillé les Espagnolz et les a confirméz dans la
résolution de s’opposer par voye de fait à la venue du troisiesme. La négo-
tiation n’est pas si eschauffée que les affaires de son maistre puissent recevoir
aucun préjudice quand il attendra que les Ambassadeurs de Messieurs les
Estatz se mettent en chemin pour venir avec eux. Pourveu qu’il ne fasse
point d’esclat et qu’il ne se qualiffie point Ambassadeur, il y a de l’apparence
qu’alors il ne recevra point d’obstacle à son arrivée. Cependant nous sommes
obligéz de vous faire sçavoir que celluy d’Osnabrug est tousjours aux oreilles
des Ambassadeurs de Suède |:pour les disposer à rompre le traitté de la
paix, ce qui n’est pas à mespriser:|.
Depuis quelques jours les dépputéz des Ducz de Brunzwic sont arrivéz à
Osnabrug
Am 15. Juli kam der Vizekanzler von Braunschweig-Lüneburg in Osnabrück an, Dr. Jakob
Lampadius, 1593–1649; zur Person ADB XVII S. 574–578. Wer darüber hinaus gemeint ist,
muß offen bleiben; vgl. dazu APW [ II A 1 S. 544 Anm. 3.]
Herzog August von Sachsen, 1614–1680, Administrator des Erzstifts Magdeburg; über ihn
NDB I S. 450 ; ADB I S. 680f.
quoyque filz de l’Electeur de Saxe, tesmoigne d’y voulloir aussi envoyer, et
nous ne douttons point que la pluspart des Princes et grandes villes d’Alle-
magne n’eussent desjà fait le mesme sy les Ambassadeurs des Electeurs
estoient icy comme ilz y devroient estre.
Nous avons desjà donné les ordres nécessaires pour faire remettre |:dans la
ville de Hambourg la somme que vous nous escrivez de faire tenir à Mon-
sieur de La Thuillerie dont nous n’avons pas manqué:| de luy donner advis.
Nous vous sommes extrêmmement obligéz du soin qu’il vous a pleu de
prendre de la faire remplacer d’ailleurs. Outre les diverses parties dont nous
avons desjà diminué par vos ordres le fondz qui est de deçà, nous avons
esté obligéz de faire donner encores deux mil escus à Monsieur de Brégy
pour son voiage de Pouloigne, nous aiant tesmoigné que ce qu’il a receu à
Paris n’a esté que pour venir icy. Il est sur les termes de son départ aussy
bien que celluy qui doit aller en Transilvanie .
Le soin que vous avez pris de faire faire une correction à celluy qui a mal
traduit nostre lettre circulaire est digne de vostre prudence. Il importe que
ce qu’on fait partir de nos mains et des autres ministres du Roy ne soit pas
altéré contre leur intention, car pour les gazettes publiques, celles d’Anvers,
de Bruxelles et de Couloigne sont si extravagantes et la pluspart du temps
si pleines de diffamations qu’elles n’obligent pas de rendre celles de Paris
plus modérées.
Nous ne manquons pas de faire la réflection que nous devons sur le bon
estat où grâces à Dieu se trouvent toutes les affaires du Roy, et nous en
tirons tous les advantages qui nous sont possibles pour faire admirer la
glorieuse conduitte de Sa Majesté et de Messieurs ses ministres. Si nous ozi-
ons, nous vous représenterions seulement que pour avoir plustost une bonne
paix il seroit à souhaitter que les ennemis fussent un peu plus incommodéz
|:en Allemagne qu’ilz ne le sont à présent, quand mesmes on leur devroit
donner du relasche en quelque autre endroit:|, mais on ne peut pas faire
tant de choses à la fois, et c’est presque une merveille que parmy les grands
effortz qu’on fait en tant de lieux, l’on ait pu remettre si tost l’armée que
Monsieur le Maréschal de Thurennes commande au bon estat où elle se
trouve après le malheur qui luy estoit arrivé.
Nous avons fait valloir à Monsieur de Rorté la protection qu’il vous a pleu
luy donner en prenant soin de ses appointemens, et si nous ne craignions
pointdenousrendreimportuns,nousvousferionssouvenirqu’iln’yaplus
riendedeçàpourlesnostresnypourlesRésidensquiserventencette
négotiation,n’aianspasintentiondetoucheràlasommequiestdestinée
pourlespartiessecrèttes.LesImpériauxetEspagnolzquisonticyaians
depuispeudebeaucoupaugmentéleurdespencenenouspermettentpasde
diminuer la nostre. Le Comte de Nassau a pris une livrée magnifique où il
a fait mettre du passement d’argent et a presque accreu de la moitié son
esquipage. Lorsque le Roy d’Espagne envoiera quelque Plénipotentiaire plus
considérable que ceux qui sont icy, nous verrons bien d’autres magni-
ficences.
Nous ne pouvons finir sans vous recommander les ministres de Madame
la Landgrave. Ce sont personnes de mérite et bien affectionnées, et les
pensions qu’on leur donne ne sont pas si grandes qu’on ne puisse aisément
leur accorder la satisfaction que nous vous demandons pour eux.
Il y a aussi un prestre catalan près de Monsieur Fontanella qui est homme
de grand sçavoir comme il l’a fait connoistre aux disputes publiques qui se
sont faittes icy. Nous vous supplions de recevoir agréablement un mémoire
que nous vous envoions pour luy
obtenir l’effet.