Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
178. d’Avaux an Mazarin Münster 1644 Juli 22
–/ 178 /–
Münster 1644 Juli 22
Eigenhändige Ausfertigung: AE , CP All. 37 fol. 315.
Übersende beiliegendes Memorandum.
fol. 188–199’: Memorandum d’Avaux’ betreffend die kaiserliche Proposition vor dem Frankfurter
Deputationstag zu dem französischen Invitationsschreiben = Druckvorlage
Vgl. [ S. 365 Anm. 1. ] Ein Konzept des zweiten Teils, der Observations, in AE , CP All. 25
fol. 256–260. Vgl. auch nr. 192, ein diesbezügliches Memorandum für d’Avaux und Servien. Mit
Schreiben vom 12. August 1644 – Ausfertigung: AE , CP All. 28 fol. 56 – antwortete Mazarin
d’Avaux auf nr. 178 mit der Bemerkung, nr. 192 sei bei Eintreffen seines Schreibens bereits fertig-
gestellt gewesen. Vgl. dazu Brienne in nr. 193.
Mémoire touchant la proposition des commissaires de l’Empereur
du 9. juin 1644.
La proposition de l’Empereur faitte à l’assemblée de Francfort
Vom 10. Juni 1644; vgl. dazu APW II A 1 S. 427 Anm. 2; französische Übersetzungen als
Beilagen zu [ nr. 175 ] und [ 176. ]
sant pas à nous mais aux Estatz de l’Empire qui chancèlent encores dans la
résolution et le conseil que l’Empereur demande, il est premièrement à
considérer si nous devons paroistre en une affaire qui tombera possible de
soy mesme par la longueur et les difficultéz qu’ilz y apportent. Car comme
l’authorité que l’Empereur a usurpée et les forces qu’il a en main tiennent
la pluspart des Estatz de l’Empire en telle sujettion qu’ils sont contraints
de mettre le doit sur la bouche pour renfermer leurs justes sentimens, aussy
ne veullent ilz pas se condanner eux mesmes et donner un titre à l’Empereur
pour les exclurre à jamais du droict de la paix et de la guerre. Ilz se sentent
trop intéresséz en ce que nous leur avons représenté par noz lettres pour en
tesmoigner du mescontentement ainsy que l’Empereur désire. En effect,
tous les députéz de l’assemblée se sont excusés de se pouvoir résoudre sur
la proposition sans ordre exprès de leurs maistres. Et ceux cy sont bien
empeschés entre la puissance qui les intimide et la raison qui se rencontre
avec leur propre intérest. Ilz sont assés domtés pour estre dans l’obéissance,
mais non pas encores dans la servitude.
En second lieu, il eschet de faire quelque réflexion sur la déffiance que
l’Empereur a jetté[e] artificieusement dans les espritz d’une nation qui en est
desjà fort susceptible. Sa proposition porte entre autres choses que ny la
Reyne ny les principaux ministres de l’Estat ne nous ont pas donné ordre
d’escrire cette lettre circulaire. La voillà rendue suspecte aux Princes de
l’Empire, ilz demeurent en quelque doutte des bonnes intentions de Sa
Majesté et de la validité des offres que nous leur avons faittes. Ceux mesmes
qui jugent que nous en avons eu charge ne s’y osent encores fier, |:et l’ Eves-
que d’Osnabruc
Franz Wilhelm von Wartenberg, 1593–1661, Fürstbischof von Osnabrück, Minden und Verden,
Koadjutor von Regensburg. Über ihn und seine Politik NDB V S. 365 und A. Knoch-
Lagemann , Die Politik des Bischofs Franz Wilhelm von Wartenberg. Über seine Besprechungen
mit Chigi vgl. V. Kybal – G. Incisa della Rocchetta I, 1 S. 168–176.
secrètement Monsieur le Nunce s’il y avoit seureté avec les François et si
les Princes ecclésiastiques d’Allemagne pouvoient:| prendre asseurance sur
ce que nous leur avons escrit. Il a plus fait, il a conjuré ledit |:Sieur Nunce
de me sonder bien avant sur ce propos:|, et luy a tesmoigné que si c’est
tout de bon que la France les veut maintenir, |:il y a plusieurs Princes
catholiques qui s’y joindront.
Il semble à Monsieur le Nunce que si le Roy parle:|, les choses en iront
mieux. C’est aussy l’opinion des Ambassadeurs de Suède et des députés de
Hesse
Vgl. [ nr. 175. ]
calomnies des Impériaux et qu’autrement elles pourroyent à la longue pro-
duire un mauvais effet estans publiées comme elles sont par toute l’ Alle-
magne . Que ce grand bruict que faict l’Empereur, ces plaintes si ressenties
persuadent les uns, effrayent les autres et imposent à tous une nécessité
d’approuver ou de se taire. Que c’est une vraye querelle d’Alleman, qui n’a
autre but que d’embarasser un chemin par où il faut pourtant que l’Empereur
passe si la racine de la guerre doit estre coupée. Que le traitté qui se fera icy
soit de paix soit de trêve ne sçauroit durer si les Princes et Estatz de l’Empire
n’y interviennent, et que sans eux l’Empereur ne le puisse rompre. Que la
ligue qu’on désire pour la garantie d’iceluy
Vgl. dazu die Sektion IV der französischen Hauptinstruktion, APW [ I, 1 S. 70–72. ]
nécessaire ne peut pas seulement estre proposée, bien loin de se conclurre,
s’ilz ne sont présens. Enfin que ce seroit une grande gloire à Leurs Majestéz
et une grande utilité pour le Royaume de tenir la main à l’observation des
loix de l’Empire et de renoncer plustost s’il estoit besoin à quelques intérestz
particuliers de la France que d’abandonner ce grand intérest qui couvre bien
plus puissament tous les autres. C’est ainsi que ces Messieurs et spécialement
les Suédois et les Hessiens en parlent.
Si leur sentiment est approuvé en ce qui seroit à faire pour ne pas laisser
authoriser les clameurs et calomnies des commissaires de l’Empereur, l’on
pourroit escrire sous le nom du Roy à la diète de Francfort que suivant la
fin que le feu Roy s’est proposée par ses armes et suivant ses généreux des-
seins pour la tranquillité publique, Sa Majesté a faict convier les Princes et
Estatz de l’Empire de députer à l’assemblée de Munster et d’Osnaburg, les-
quelz lieux elle a choisis particulièrement pour leur considération et com-
modité . Que ce qui leur a esté mandé sur ce suject par ses Plénipotentiaires
est conforme à ses ordres, inséparable du propre intérest de tous les membres
de l’Empire et essentiel d’un traitté de paix généralle. Que Sa Majesté
s’estonne d’entendre qu’au lieu d’embrasser avec agrément une proposition
si légitime comme plusieurs ont desjà faict, ilz demeurent encores en suspens
pour prendre une résolution digne d’eux et qui ne peut offenser l’Empereur
s’il ne désire un plus haut pouvoir et plus absolu que les constitutions de
l’Empire ne luy donnent. Que Sa Majesté les invite derechef d’assister au
traitté pour estre tesmoins de tout ce qui s’y passera et partager avec elle le
fruict de ses travaux. Que là ilz recognestront la malice des calomnies dont
les commissaires de l’Empereur ont essayé trop licentieusement de noircir
la France pour rendre suspectes les bonnes intentions de Sa Majesté qui leur
avoient esté explicquées par lesdittes lettres de ses Plénipotentiaires, et
qu’alors ilz n’auront plus que douter à la veue d’une vérité si manifeste et
d’une si véritable affection pour le bien général de l’Empire.
Que Sa Majesté laisse à juger aux Princes et Estatz qui sçavent les loix
fondamentales de l’Empire, si elles ne portent pas expressément que le droit
de la paix et de la guerre leur est commun avec l’Empereur.
Que par un mémoire présenté le 2 mai 1641 durant la diète de Ratisbonne
lorsqu’il s’agissoit d’une trêve généralle, les Estatz prétendirent d’envoyer
leurs députéz au lieu où elle seroit traittée, et qu’à plus forte raison ilz
doivent maintenant intervenir à une négotiation de paix qui décidera leurs
intérestz pour tousjours.
S’il est jugé à propos de joindre un mémoire à cette lettre, on y pourroit
insérer ce qui ensuit:
Que ce grand ressentiment de l’Empereur et tant d’invectives contre les
Plénipotentiaires de France n’est qu’un artifice pour embrouiller tousjours
de plus en plus la négotiation de la paix qui n’est pas encores assez retardée
au gré des ennemis par le prétexte qu’ilz prennent de la guerre de Danne-
march .
Que les lettres dont on se formalise ne contiennent que des véritéz publiques
et qui ont esté souvent représentées à l’Empereur par les Estatz mesmes de
l’Empire. Il ne faut que voir les actes de la diète électorale en 1630. Il n’y
a que plaintes et reproches plus aigres que ce qui a esté escrit par lesditz
Plénipotentiaires. Que l’Empereur avoit entrepris des guerres fort mal à
propos et sans l’advis des Estatz. Qu’il avoit mis des impostz comme il luy
avoit pleu, qu’il avoit levé de grandes armées qui n’avoyent servy qu’à
ruiner l’Allemagne, et choses semblables. C’estoit bien plustost alors que le
feu Empereur
Ferdinand II., 1578–1637, Kaiser ab 1619; NDB V S. 83–85.
strances injurieuses, superbes et de dangereuse conséquence, il destourna
adroittement cet orage sur Walestein
de ne faire à l’avenir aucune guerre sans le conseil et consentement de
l’Empire.
Du depuis, les Protestans assemblés à Leipsich luy escrivirent la mesme chose,
et leur lettre qui est du 18. mars 1631 signée de deux Electeurs et de huict
Princes qui y estoient en personne et de trante autres Estatz de l’Empire qui
y comparurent par leurs députez, est bien plus ample et plus pressante que
celle des Plénipotentiaires de Sa Majesté.
Les Princes catholiques ont faict aussy beaucoup de telles plaintes, et sur
tous le Duc de Bavières en la diète de 1630 cy dessus mentionnée.
Les Ducs de Brunsvich et de Lunebourg et Madame la Landgrave de Hesse
n’ont faict remonstrer autre chose en la dernière assemblée de Ratisbonne
en 1640 et 1641.
Si l’on dit que les Princes d’Allemagne ont droit d’en parler et non pas les
François, chacun sçait l’intérest et la juste jalousie que nous avons d’un
pouvoir absolu qui s’eslève sur les ruines de l’Empire. C’est la source de
tous les maux, et il y faut bien porter la main si on les veut faire cesser.
En faisant la paix, le Roy a-t-il pas raison de s’asseurer qu’en quelque occa-
sion et sous quelque couleur que ce soit l’Empereur ne puisse pas suivre
l’exemple de son père qui de sa seule authorité fit passer une grande armée
en Italie et y employa toutes les forces de l’Empire pout seconder l’injuste
oppression des Espagnolz contre le Duc de Mantoue
Vgl. dazu die französische Hauptinstruktion, APW [ I, 1 S. 73. ]
La Couronne de Suède a-t-elle pas le mesme intérest d’empescher qu’à
l’avenir l’Empereur ne s’entrejette dans les guerres qu’elle peut avoir hors
de l’Empire et n’envoie encores de puissans secours contre elle comme
fit le déffunt Empereur en faveur du Roy de Pouloigne?
N’est-il pas raisonnable que des armées entières de l’Empire n’aillent plus
servir aux querelles d’Espagne contre les Estatz Généraux des Provinces
Unies, comme il est arrivé deux fois sous la conduitte du Comte de Monte-
cuculi et de Papenheim
1628/29 unter Ernst Graf von Montecuccoli, gest. 1633; 1632 unter Gottfried Heinrich Graf zu
Pappenheim, 1594–1632. Zu Montecuccoli siehe ADB XXII S. 183 im Artikel über Raimund
Reichsfürst von Montecuccoli; zu Pappenheim ADB XXV S. 144–161.
Voillà un notable et légitime intérest que les Princes estrangers voisins de
l’Empire ont à la manutention des loix d’iceluy, puisque si elles avoient
esté observées, tous les désordres ne seroyent point arrivez ny toutes les
guerres qui s’en sont ensuivies. Il est question aujourd’huy de les terminer
par une paix générale, et par conséquent il est besoin d’en examiner la cause
pour y pourvoir.
S’il a esté cy devant loisible aux commissaires de l’Empereur dans la mesme
diète de Francfort de charger le Roy de médisances et d’injures atroces et
de dire faussement à tout l’Empire par leur proposition du 13. décembre
dernier passé que Sa Majesté excitoit l’ennemy héréditaire du nom chrestien
pour venir en Allemagne et qu’elle n’y espargnoit pas l’argent, s’ilz ont osé
publier de telles calomnies pour exiger des contributions de l’Empire, sera-t-il
déffendu aux ministres de Sa Majesté d’escrire des vérités pour avancer le
traitté de paix et affin que la pauvre Allemagne y aie part après avoir esté
le siège d’une si longue guerre?
Observations sur chaque point particulier de laditte proposition.
En la préface, les Impériaux protestent de la sincère inclination de l’ Empe-
reur à la paix et au bien de l’Empire, sur ce qu’à l’instance de quelques
Electeurs il a faict traitter des moyens de paix à la journée de Francfort.
Premièrement il paroist par leur propre aveu que l’Empereur a eu besoin
d’y estre poussé et exhorté et que son dessein estoit de ne pas mesme com-
muniquer de cette affaire avec les Electeurs mais de s’en rendre le maistre.
En second lieu, cella tend encores à l’intérest particulier de l’Empereur et
est directement contraire à la résolution prise en la dernière assemblée de
Ratisbonne du commun consentement des Estatz, qui n’ont authorisé la
diète de Francfort que pour y traitter du point de justice. Et ainsy, s’il vouloit
légitimer ce changement, il estoit nécessaire d’avoir le mesme consentement
de tous les Estatz, non pas celuy de quelques Electeurs seulement qui tien-
nent son party. D’où il est aisé à juger que ce n’est pas la paix qu’il cherche
par ce changement, mais les moyens de continuer la guerre.
Le second point est un tesmoignage que les Impériaux se vantent d’avoir
du Collège électoral tenu à Ratisbonne en 1636 pour justiffier les bonnes
inclinations du feu Empereuer à la paix. Il eust esté à propos d’y adjouster
aussy les éloges que les mesmes Electeurs et Estatz luy donnèrent en la diète
de 1630, lorsqu’ilz se plaignoient si haut de ce qu’ilz avoient attiré [sic!] la
guerre dans l’Empire et usurpé un droit qui ne luy appartenoit que conjointe-
ment avec eux. Mais ce tesmoignage non forcé ne plaist pas aux commissaires
de l’Empereur, ilz se contentent de faire parade de celuy de 1636 qui ne fut
qu’un léger compliment, non de tous les Estatz de l’Empire mais de ceux
qui venoient accepter la paix de Prague nouvellement conclue et ne pou-
voient faire autrement que de louer l’Empereur de son ardent désir et de
ses soins pour la tranquillité publique. Cette louange est de mesme nature
que l’élection du Roy des Romains et tout ce qui se passa en cette diètte,
où l’on sçait comme les uns furent intéresséz, les autres menacés et forcés
par diverses voies.
Au troisiesme point, que l’Empereur estoit résolu de s’approcher de Franc-
fort et d’assiter en personne les Estatz s’il n’en eust esté empesché par l’ entre-
prise du Prince de Transsylvanie, il faict voir assez clairement que sa pré-
sence n’estoit à autre fin que pour destourner les Estatz de venir et députer
à Munster et pour leur oster la cognoissance de ce qui s’y traittera (sinon
autant qu’il trouverra son compte), car il sçait bien que les Couronnes et
particulièrement la France n’ont consenty que l’assemblée de la paix se tinst
en Allemagne que pour la commodité des intéresséz et surtout des Princes
et Estatz de l’Empire, affin qu’ilz y puissent intervenir et travailler de concert
au restablissement de la liberté germanique, sans lequel il n’y peut avoir de
seureté dans la paix.
D’ailleurs il est certain que l’Empereur, s’il veut traitter sérieusement, aura
ses principaux ministres à Munster, et que les Princes de l’Empire y aians
aussi leurs députéz, la négotiation sera beaucoup plus facile et plus prompte
que si après les conférences de Munster il en faut encores délibérer à Franc-
fort et puis à Vienne ou à Ratisbonne.
Enfin ce dessein de l’Empereur de venir à la diète de Francfort ou auprès
ne va qu’à exclurre les Estatz de celle de Munster. Et en ce cas il est bien à
craindre que sa présence ne produise pas de meilleur effect que celuy qu’elle
produisit à Ratisbonne en 1640 et 1641, où l’on s’estoit assemblé pour aviser
aux moyens de faire la paix qui furent convertis par les Impériaux aux moyens
de prolonger la guerre. Et pour amuser les simples et donner quelque couleur
à leurs menées, ilz proposèrent le redressement de la justice qui ne fut
qu’effleuré bien légèrement et remis à la diètte de Francfort. Ces choses sont
cogneues de toute l’Allemagne, et que mesmes l’Empereur ayant obtenu ce
qu’il désiroit pour la continuation de la guerre refusa ouvertement de ratifier
le traitté des préliminaires de la paix, il désadvoua son Ambassadeur qui
l’avoit signé.
Pour le quatriesme point, si les Plénipotentiaires de France n’ont pas com-
paru à Munster à point nommé, ilz en ont déclaré les causes par la lettre
qu’ils ont escrite aux Estatz de l’Empire, et elles sont si justes que personne
ne sçauroit les désapprouver. Mais ils sont encores venus trop tost, puisqu’il
n’y a aucun député desditz Estatz non pas mesme des Electeurs qui sont
nomméz par le traitté préliminaire et pour lesquelz on a stipulé le passeport
du Roy. Ce qui fait bien voir que l’Empereur les empesche d’envoier à
Munster et qu’il ne veut point encores de paix.
Pour le cinquiesme au sujet de la guerre contre le Roy de Dannemarch,
c’est aux Suédois à y respondre. Seulement peut on dire avec raison que le
prétexte que les Impériaux prennent de cette guerre pour arrester la négo-
tiation de la paix est très mal fondé. La médiation du Roy de Dannemarch
auroit esté fort utile au public, il n’y a point de doute, et Sa Majesté voudroit
de bon cœur que cette querelle ne fust point survenue. Mais ledit Roy
n’estoit pas un Médiateur nécessaire, ny l’unicque qui puisse rendre cet
office à la Chrestienté. La Couronne de Suède offre d’accepter l’entremise
de la République de Venise ou de traitter sans entremetteurs si les Impériaux
le désirent. Ainsy il ne tient pas aux Suédois que le traitté d’Osnaburg ne
commence. Ilz n’ont point attaqué le Roy de Dannemarch comme Médiateur
ny en qualité de Duc d’Holstein, mais seulement à cause du Zond et autres
différens d’entre les deux Couronnes, ausquelz l’Empire n’a point d’intérest.
Les manifestes qui ont esté publiés de part et d’autre ne laissent pas lieu
d’en douter. Le Roy d’Espagne est aussy Prince de l’Empire à cause de la
comté de Bourgoigne, et néantmoins l’Empire ne s’est jamais voulu mesler de
la guerre des Pais Bas, quelque instance que les Espagnolz en aient faitte.
Que si l’Empereur désire que le Roy de Dannemarch, lequel il ne nomme
qu’assistant non pas allié, soit compris dans le traitté d’Osnaburg et que
luy mesme en soit content comme aussy la Couronne de Suède, les Impériaux
devroyent depuis six mois avoir hasté l’envoy des Plénipotentiaires danois
audit lieu, et cependant ne pas retarder davantage la négotiation de la paix
sous prétexte d’une affaire qui en est toute destachée.
6. Il n’y a rien à désirer au pouvoir qui a esté donné aux députéz du Roy,
mais pour faire voir l’abondante affection de Sa Majesté pour le repos public,
elle a trouvé bon que l’on concerte avec les Médiateurs la forme d’un nou-
veau pouvoir, comme aussy que l’on change ceux de l’Empereur et du Roy
d’Espagne, veu que ces derniers sont très défectueux dans la substance
mesme. Il y a longtemps que les Plénipotentiaires de Sa Majesté en ont mis
leur déclaration par escrit entre les mains des Médiateurs
Vgl. die [ Beilage zu nr. 150. ]
offert de faire venir de France un pouvoir conforme à ce qui aura esté
accordé à Munster pourveu que la mesme chose se fasse à Osnaburg. Mais
c’est ce que l’Empereur ne veut pas, et ainsy la négotiation de la paix n’est
nullement arrestée par les frivoles exceptions qu’on a proposées contre le
pouvoir donné aux François, puisqu’ilz sont prestz d’en convenir d’un autre,
mais tout le retardement procède de l’Empereur qui contrevient manifeste-
ment au traitté préliminaire qu’il a enfin ratifié. Il est dict par iceluy que les
deux assemblées ne seront tenues que pour une et les deux traittéz pour un
seul. Cependant l’Empereur y veut mettre une grande différence, n’aiant pas
voulu depuis quatre mois que ses Plénipotentiaires à Osnaburg ayent seule-
ment faict ouverture de la négotiation.
7. Les lettres des Plénipotentiaires de Sa Majesté ne contiennent rien que
d’honneste et de véritable et dont ilz ont les preuves à la main. Les mesmes
choses ont esté dittes et escrittes plusieurs fois et plus vivement par les
Princes d’Allemagne qui recognoissent l’Empereur pour leur chef là où des
Ambassadeurs de France n’ont aucune dépendance de luy, et ne manqueront
pas à dire encores et à faire autant qu’ilz pourront dans le cours de la
négotiation tout ce qui sera juste. Les Impériaux font bien paroistre leur
désir de se rendre absolus dans l’Allemagne, puisqu’ilz veullent mesmes
prescrire aux ministres des Couronnes estrangères comme ilz y doivent parler
et les prétendent empescher de dire ce qui convient aux intérestz de leurs
Roys et aux constitutions mesmes de l’Empire. Cella est absurde, aussy bien
que la comparaison qu’ilz font de l’authorité du chef de l’Empire avec celle
du Roy, disans que Sa Majesté n’a pas plus de droict de se mesler des affaires
d’Allemagne que l’Empereur de celles de France. Ce raisonnement se ruine
de soy mesme par la notable différence qui se voit entre les deux Estatz dont
l’un est monarchique et l’autre non. Tous les Princes d’Allemagne sont
libres, et il n’y en a aucun en France qui ne soit sujet du Roy. Il trahit aussy
plaisamment l’intention que les Impériaux cachent avec tant de soins. Car si
l’Empereur prétend une pareille authorité dans l’Empire et que les Roys
voisins n’ayent à s’y intéresser non plus que luy chez eux, c’est dire assez
ouvertement que s’il n’a telle authorité en effect, au moins il l’a en dessein,
et que de limitée, élective et partagée qu’elle est avec les Estatz, il cherche
à se la rendre absolue, héréditaire et indépendante comme celle d’un Roy
de France. C’est pour cette raison qu’il leur est si à contrecœur qu’on fasse
resouvenir lesditz Estatz de tant de tortz et d’entreprises contre leur liberté
et leurs privilèges, mesmement en ce qu’on les veut empescher de venir à
Munster, ce qui est si injuste que les commissaires de l’Empereur se sont
bien gardez de toucher ce point ny d’entrer en matière faute de raisons
valables. Ilz se sont contentéz de se jetter sur les injures et d’alléguer une
offense sans spécifier en quoy elle consiste.
Quand à ce qu’ilz disent qu’une partie des choses qu’on leur impute ont
esté terminées il y a longtemps, ilz veulent sans doute indiquer la paix de
Prague et ne l’ozent nommer, comme à la vérité c’est une mauvaise garentie,
et les Couronnes avec quelques Princes d’Allemagne ne tiennent nullement
ces affaires là pour décidées. Bien au contraire, c’est le sujet de la guerre et
la raison pourquoy les Plénipotentiaires de Sa Majesté et ceux de Suède ont
convié les Estatz de l’Empire à se trouver à Munster et Osnaburg, affin qu’il
n’y soit pas faict un traitté de paix qui ne vaudroit guères mieux que celle là.
8. Ce sont les impostures si contraires au texte des lettres qu’elles ne méritent
point de réplicque.
9. Si les ministres de la Couronne de Suède ont faict quelque alliance avec
le Prince de Transylvanie, ilz ont eu raison. C’est un Prince chrestien qui a
receu beaucoup de préjudice et de mauvais traittemens de l’Empereur.
Ce qui est du Turc est une fausseté toute pure et une indignité si grande que
le Roy ne croid pas que les commissaires de l’Empereur ayent eu ordre
d’escrire si insolemment. Sa Majesté n’a pas seulement sceu le traitté que
les Suédois ont faict avec le Prince de Transylvanie que depuis six semaines,
et n’a eu aucune part en cette affaire ny directement ny indirectement
elle l’assistera vollontiers pour obliger enfin les Impériaux d’entendre à la
paix.
Au reste ilz se sont emportéz par précipitation à une médisance qui retourne
contre eux. Ilz imposent à la France d’avoir excité le Turc contre la Chre-
stienté et ne s’apperçoivent pas qu’ils tombent dans un précipice plus honteux
et qui tesmoigne publiquement que leur intention est très mauvaise, puisque
pour continuer la guerre et donner le dernier eschec à l’Allemagne à qui ilz
jurent tant d’amour paternel, ilz refusent une paix avantageuse à l’Empire
et ne font aucun scrupule de baisser la teste devant le Turc par cette grande
ambassade et le tribut qu’ilz luy envoyent présentement. Il leur eust esté
aisé d’éviter cet opprobre s’ilz se portoient franchement à la paix et ne la
traversoyent point par tant de prétextes.
10. Sa Majesté advoue et approuve ce qui a esté escrit par ses Plénipotentiai-
res . Les menaces que l’Empereur a faict faire à Francfort contre leurs per-
sonnes offensent le droit des gens et la foy publique des passeportz. Aussy
peut on bien juger que les Impériaux en sont venus à cette extrémité de
donner soupçon et peut estre lieu à quelque attentat de leurs gens de guerre,
et ainsy obliger lesditz Plénipotentiaires à prendre l’alarme et se retirer, affin
que la rupture du traitté fust imputée à la France.
De plus c’est mal à propos qu’ilz veulent intéresser les Estatz de l’Empire
au ressentiment d’une lettre qui a esté escritte en leur faveur et qui ne les
accuse d’aucune chose, mais seulement les Austrichiens.
11. L’Empereur demande l’avis des Estatz si on doit traitter avec les Pléni-
potentiaires de France avant que de s’estre ressenti contre eux, quand bien
ilz produiroient un bon et légitime pouvoir. Cella descouvre enfin la véri-
table intention des Impériaux, qui veullent tellement embrouiller les affaires
de la paix et desgouter la France en telle sorte que la négotiation se rompe
tout à faict.
12. C’est une conclusion contre les Couronnes qu’on essaie de rendre cou-
pables du retardement de la paix, après avoir déclaré au précédent article
que l’Empereur n’y veut point entendre si la guerre de Dannemarch n’y
est comprise. Ce qui fait voir en peu de lignes une manifeste contradiction.
13. Ce dernier article n’est autre chose qu’un panégirique de la Maison
d’Austriche et un grand récit de ses biensfaitz envers l’Empire. Mais si l’on
repasse sur l’histoire, il se trouverra à contrepied que pour trop voulloir
entreprendre sur ses voisins, elle en a perdu trois ou quatre belles provinces
et toute la majesté de l’Empire en Italie où Frédéric 3 ème , père de Maximilian
premier
Friedrich III., 1415–1493, Kaiser ab 1452; vgl. NDB V S. 484–487 und B. Gebhardt ,
Handbuch I, 9. Aufl., S. 673–678 mit weiterer Literatur.
que l’ombre. Chacun sçait aussy combien de provinces et de places la mesme
Maison d’Austriche a soustraittes à l’Empire et combien l’Empereur d’ au-
jourd ’huy a ravalé la dignité du mesme Empire en accordant la préséance
aux Vénitiens sur les Electeurs, et ce par un décret public. On peut mettre
en ce rang les nouveaux titres accordéz à la République de Gennes depuis
trois ou quatre ans, en sorte qu’elle ne recognoist plus l’Empire, et beaucoup
d’autres choses de cette nature.
Enfin l’exhortation que l’Empereur faict aux Estatz de joindre leurs armes
tesmoigne assez qu’il n’a pas le cœur à la paix, mais seulement à les destourner
d’entendre aux semonces de Sa Majesté, laquelle on calomnie à tort et sans
fondement de briguer la direction des traittéz, puisque le contraire paroist
par les lettres de ses Plénipotentiaires qui rendent comme arbitres les Princes
et Estatz de l’Empire en les conviant d’assister au traitté pour recognoistre
qui a bonne intention.
Quand à ce que les commissaires de l’Empereur adjoustent pour distraire
les Princes d’Allemagne de l’affection qu’ilz pourroyent avoir pour le Roy,
que Sa Majesté traitte les Princes et Estatz sans prééminence et avec peu de
dignité, c’est une chose ridicule et qui ne conclud rien, estant constant que
l’Empire et la France ne se gouvernent pas de mesme sorte. Mais cette
comparaison et ce paralèle est doux à l’Empereur. Ses ministres le respectent
volontiers en leur proposition et font voir sans y penser qu’ilz veullent
former une monarchie dans l’Allemagne à l’exemple de la monarchie
françoise.