Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy

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L’estat des affaires que nous avons en main n’estant point changé depuis
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nostre dernière despêche et n’ayans rien d’important à escrire touchant
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nostre négotiation, nous n’ozons importuner la Reyne de noz lettres. Nous

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nous contenterons de vous asseurer que nous exécuterons fidèllement tout
2
ce qu’elle a eu agréable de nous ordonner par les deux dernières dont il
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luy a pleu de nous honorer, et nous promettons que Sa Majesté apprendra
4
de vous que c’est par respect que nous n’avons pas pris la liberté de luy en
5
adresser les responses. Vous ne nous refuserez pas aussy la faveur de faire
6
sçavoir à Sa Majesté, comme nous vous en supplions bien humblement, que
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ce n’a point esté pour nous descharger de peine ny d’envie que nous nous
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sommes excuséz de traitter avec Messieurs les Estatz du différend que nous
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avons avec eux pour le rang de leurs Ambassadeurs. Nous sçavons bien que
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le devoir du serviteur est de se charger des choses difficiles et fascheuses
11
et que ce seroit un grand manquement de n’en soulager pas le maistre quand
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on le peut faire. Mais nous vous avons représenté combien cette affaire est
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malaisée à traitter de loing, aujourd’huy principalement qu’il n’y a point
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d’Ambassadeur en Hollande et que les députéz qui composent l’assemblée
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généralle sont séparéz, partie estant demeurée à La Haye et l’autre estant
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auprès de Monsieur le Prince d’Orange. Toutes les contestations où la
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dignité des Souverains est intéressée sont si chatouilleuses que nous n’avons
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rien ozé faire en celle cy sans recevoir les commandemens de la Reyne. Si Sa
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Majesté en a esté quelques fois importunée, nous en avons un très grand
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desplaisir. La seulle crainte de faillir et de luy desplaire nous a obligéz d’en
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uzer de la sorte, et si nous eussions peu deviner ce qu’elle a eu agréable que
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nous fissions sans le luy demander, nous y aurions de bon cœur pris résolu-
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tion et l’aurions exemptée de nostre importunité. Nous vous aurons beau-
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coup d’obligation s’il vous plaist d’estre nostre caution envers Sa Majesté
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que nous ne trouverons jamais rien de pezant ny de fascheux pour son service
26
quand les occasions qui s’en présenteront seront dans l’estendue de nostre
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pouvoir. Lorsque Sa Majesté ne voudra pas que son nom ny son authorité
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paroisse en quelque affaire, qu’elle appréhendera qu’une grâce ou un ordre
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venant directement d’elle ne soit plustost tiré en conséquense que quand la
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chose ne viendra que de nous, vous aurez agréable de nous faire sçavoir ses
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intentions et de nous ordonner de sa part d’y agir comme de nous mesmes,
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nous ne manquerons pas d’y obéir ponctuellement, pourveu qu’il vous plaise
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de nous prescrire confidemment ce que nous aurons à faire, que nous soyons
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asseuréz auparavant que ce que nous ferons ne sera pas désagréable à Sa
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Majesté. Mais sans cette asseurance nous serions en perpetuelle crainte de
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ne rencontrer pas ses sentimens et par conséquent d’estre désadvouéz, ce
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que vous sçavez que de fidèlles serviteurs qui n’ont pour but que l’avantage
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et le service de leur maistre sont obligéz de craindre.

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Nous avions creu de faire mercredy dernier nostre première entreveue avec
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les Ambassadeurs de Suède. Mais le jour mesme auquel elle avoit esté résolue,
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comme nous estions prestz à partir, ilz nous envoyèrent supplier de la différer
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à cause qu’ilz ne croyoient pas de s’y pouvoir trouver avec seureté. Ilz

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1
avoyent eu quelques advis que des trouppes de l’Archevesque de Brème
2
avoient faict dessein sur leurs personnes pendant ce voyage, ce qui les avoit
3
obligéz d’envoyer un trompette vers luy pour estre esclaircis de ses inten-
4
tions. Mais le trompette n’estant pas revenu dans le temps qu’il devoit, ilz
5
avoyent eu subject d’augmenter leurs appréhensions. Si bien que voilà nostre
6
conférence encores renvoyée pour quelques jours jusques à ce que les affaires
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soyent un peu calmées entre les Suédois et les Danois dans ce voisinage, ou
8
du moins jusques à ce que le commerce que la guerre n’empesche pas entre
9
des ennemis soit restably parmy eux.

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Le jour auparavant nous avions désiré de voir Messieurs les Médiateurs tant
11
pour leur communiquer nostre voyage que pour leur donner l’escrit dont
12
nous vous envoyons la coppie. Les Impériaux usent de tant d’artiffice pour
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persuader que le retardement du traitté vient en partie de nous, que nous
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avons esté obligéz de dresser cet acte qui ne contient en substance que les
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mesmes offres que nous avons desjà faict de bouche il y a longtemps, mais
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qui nous servira d’une preuve authentique lorsqu’il sera question de justiffier
17
au public la sincérité de nostre conduitte. Lesdits Sieurs Médiateurs nous
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offrirent de le recevoir, mais s’excusèrent de le donner aux Impériaux. Nous
19
respondismes que ce n’estoit pas nostre dessein qu’il leur fust présenté,
20
mais seulement qu’eux qui n’estoyent pas intéresséz dans l’affaire eussent
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en main de quoy rendre tesmoignage de la vérité quand il sera temps

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Die Konferenz mit den Mediatoren fand am 20. Juni 1644 statt. Die Mediatoren nahmen zunächst
42
das Schriftstück nicht an; vgl. dazu nr. [164 ] und V. Kybal – G. Incisa della Rocchetta I,
43
1 S. 146f.
.

22
Dans cette conférence Messieurs les Médiateurs nous firent deux propositions.
23
La première de sçavoir des ministres de Suède s’ilz voudroyent consentir
24
que les députéz du Roy de Dannemarch revinssent à Osnaburg. Nous leur
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demandasmes si après ce consentement ilz estoyent asseuréz que les Impé-
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riaux entreroyent sincèrement en négotiation sans plus chercher de déffaittes.
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Ilz nous respondirent qu’ilz avoyent faict la mesme demande au Comte de
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Nassau et à son collègue, mais qu’à nous dire le vray, ilz n’en avoyent peu
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tirer aucune response certaine, mais seulement que cella pourroit beaucoup
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faciliter les affaires. Ce fut Monsieur Contarini seul qui fit seul la proposition
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en présence toutes fois de Monsieur le Nunce, à cause qu’il ne se veut point
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mesler dans les intérestz des héréticques. Après luy avoir déclaré qu’il seroit
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inutile de sçavoir les sentimens des Suédois puisque les Impériaux ne se
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veullent pas seulement explicquer de ce qu’ilz feroyent après cella, nous luy
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fismes cognoistre que cette ouverture n’avoit pour but que de traverser la
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négotiation de Monsieur de La Thuillerie et de faire renvoyer de nostre
37
consentement à Osnaburg un différend que les Impériaux appréhenderoient
38
qui n’y fust pas terminé. Que cella n’empescheroit pas que nous ne taschas-
39
sions pour leur complaire d’apprendre la pensée des ministres de Suède
40
sur ce suject.

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1
La seconde proposition qu’ilz nous firent conjoinctement fut que pour
2
augmenter tousjours davantage la gloire que nous avions acquise en facili-
3
tant les affaires et mettre d’autant plus noz parties dans le blasme, ilz esti-
4
moient que nous pourrions travailler icy à la réformation des pouvoirs pour
5
gagner autant de temps. Que les commissaires de l’Empereur avoyent desjà
6
faict réfformer le leur sans attendre qu’il en eust esté convenu entre nous et
7
qu’ilz soustenoyent que la communication qu’on les pressoit de faire avec
8
les Suédois n’estoit pas une formalité nécessaire, puisque leurs pouvoirs des
9
uns et des autres avoyent esté dresséz suivant la minutte qui en avoit esté
10
cy devant concertée entre l’Ambassadeur de l’Empereur et celuy de Suède
11
dans la ville de Hambourg, qu’ilz déclaroient qu’il n’y avoit rien de changé
12
en cette minutte comme les Suédois le pouvoient remarquer dans la coppie
13
qui nous en avoit esté donnée icy, et croyoient que cette déclaration leur
14
acquéreroit un grand advantage en ce que justiffiant que la forme du pouvoir
15
a desjà esté concertée entre eux et les Suédois, ilz voulloyent soustenir que
16
par ce moyen la négotiation d’Osnaburg estoit plus advancée que celle d’icy
17
où le mesme concert n’avoit pas encores esté faict avec nous, et que pour
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faire tout marcher d’un mesme pas suivant le traitté préliminaire, il falloit
19
nécessairement convenir d’une forme nouvelle des pouvoirs affin de les
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faire venir de part et d’autre suivant les minutes qui en auroyent esté con-
21
venues. A quoy ces Messieurs adjoustèrent qu’ilz nous prioyent de faire
22
réflection sur les discours des Impériaux, de les voulloir communiquer aux
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ministres de Suède pour sçavoir s’ilz estoyent véritables, et de différer de
24
leur donner nostre escrit jusques à ce que nous fussions de retour de nostre
25
conférence, parce que les Impériaux faisoyent fondement sur la convention
26
faitte à Hambourg avec l’Ambassadeur de Suède touchant leurs pouvoirs.
27
Cella se trouverroit renversé si les Suédois le désadvouoient et si nous adjou-
28
stions leur désadveu dans nostre escrit. Nous leur fismes voir clairement
29
qu’il y avoit plus de subtilité que de raison dans les discours des Impériaux,
30
parce que supposé qu’il fust véritable et que l’ajustement des pouvoirs dont
31
ilz parloient eust esté faict à Hambourg, cella ne les exemptoit pas d’en faire
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de nouveau la communication, quand ce ne seroit que pour voir s’ilz sont
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conformes à la minute qui en a esté convenue, cette formalité estant absolu-
34
ment nécessaire et ayant tousjours esté praticquée à l’entrée de tous les
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traittéz. Que d’ailleurs la diligence dont avoyent usé les commissaires de
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l’Empereur faisant réfformer leur premier pouvoir sans avoir sceu de nous
37
ce qu’il falloit adjouster au second pour nostre satisfaction non seulement
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estoit inutile, mais n’avoit esté faitte qu’à mauvais dessein pour tascher de
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se mettre à couvert par cette apparence de bonne vollonté du blasme que
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chacun leur donne, et n’estre pas obligez d’y faire insérer les clauses essen-
41
cielles que nous avons intérest d’y désirer, lesquelles ne se trouvent point
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dans le second non plus que dans le premier, puisqu’entre autres choses il
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ne leur est pas donné pouvoir de traitter avec noz alliéz en traittant avec
44
nous. Que néantmoins nous ne lairrions pas de conférer de tout avec les

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1
Ambassadeurs de Suède et d’en reparler auxdictz Sieurs Médiateurs à nostre
2
retour puisqu’ilz le désiroient.

3
Les députéz de Madame la Landgrave estans arrivéz en cette ville depuis
4
quelques jours

34
Krosigk und Vulteius trafen nach APW [II A 1 nr. 289 S. 477] am 15. Juni in Münster ein. Zu
35
Krosigk vgl. S. 44 Anm. 1. Johann Vulteius, 1605–1684, hessen-kasselscher Geheimer Rat und
36
Kriegsrat; vgl. ADB XL S. 390.
, après nous avoir visitéz ont aussy désiré de saluer les
5
Ambassadeurs de l’Empereur. Nous avons estimé nous devoir asseurer
6
auparavant par le moyen de Monsieur Contarini qu’ilz seroyent receus et
7
traittéz civilement, mais nous avons esté bien surpris lorsque la response
8
dudict Sieur Contarini nous a appris qu’il n’en avoit peu tirer aucune des
9
autres, et qu’ayant demandé délay pour en conférer ensemble, ilz avoyent
10
enfin déclaré qu’ilz exécuteroyent en ce rencontre les ordres qu’ilz avoyent
11
de l’Empereur sans se vouloir explicquer plus clairement de leur dessein

37
Vgl. dazu Auersperg und Krane an Ferdinand III., Osnabrück 1644 Juni 20, Druck: APW II
38
[A 1 nr. 291 S. 478f.]
.
12
Ledict Sieur Contarini n’a pas peu s’empescher de tesmoigner aussy bien
13
que nous qu’il trouvoit cette déclaration un peu incivile. Cella nous confirme
14
tousjours de plus en plus dans l’opinion que nous avons prise d’abord que
15
ces Ambassadeurs estans les mesmes qui ont demeuré cinq ans à Collogne
16
sans rien faire |:ne sont pas ceux qui doivent conclure la paix:|. Il semble
17
qu’ilz n’ont esté envoyéz icy que pour chicaner et dresser des procèz verbaux
18
et non pas pour y traitter des affaires d’importance. Tandis qu’on verra le
19
Comte de Kurtze

39
Über Kurz vgl. [S. 36 Anm. 6.]
faire des voyages vers le Duc de Bavières et le Comte de
20
Schvartzsemberg

40
Johann Adolf Graf von Schwarzenberg, 1615–1683, seit 1641 Reichshofrat, 1670 Reichsfürst.
41
Über ihn O. v. Gschliesser S. 243f.; H. F. Schwarz S. 336–340. Mit zum Teil abwei-
42
chenden
Daten und weiterer Literatur K. zu Schwarzenberg, Geschichte des reichsständischen
43
Hauses Schwarzenberg, S. 116–127.
en Dannemarch où il est à présent |:et qu’il ne paroistra
21
personne icy qui ait plus d’expérience dans le maniement des affaires d’Estat
22
que ceux qui y sont:|, il y aura tousjours lieu de croire que ce qui se traitte
23
aux autres endroits tient plus à cœur à l’Empereur que ce que l’on doit
24
traitter icy.

25
Saavedra tesmoigne de n’approuver pas les difficultéz que font en toutes
26
rencontres les ministres de l’Empereur, et a dict à Monsieur Contarini qu’il
27
en avoit faict plainte au Père Chiroga

44
Der Kapuzinerpater Diego Quiroga war Beichtvater der Kaiserin; biographische Daten nicht
45
ermittelt.
qui est auprès de l’Impératrice pour
28
faire qu’on leur envoye d’autres ordres. Nous ne sçaurions pas bien juger
29
si c’est par feinte ou sincèrement qu’il faict paroistre ces bonnes dispositions,
30
mais nous avons remarqué en toutes occasions qu’il a faict semblant de
31
faciliter les affaires et de voulloir surmonter les obstacles qui se sont ren-
32
contrez, soit que l’estat où son maistre se trouve réduict l’y oblige en effect
33
et qu’il prétende par cette conduitte se rendre les Médiateurs plus favorables.

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1
Il avoit proposé ces jours passéz d’escrire en corps au Roy de Dannemarch
2
pour le convier de députer à Osnaburg affin que son intérest ne retarde pas
3
plus longtemps la négotiation généralle. Mais tout cella ne tend qu’à se
4
mettre l’esprit en repos de la négotiation que Monsieur de La Thuillerie a
5
ordre de faire en Dannemarch.

6
Les lettres qui viennent d’Ausbourg ne parlent que des magnifiques présens
7
que l’Empereur y fait faire pour envoyer au Grand Seigneur, comme s’il
8
avoit oublié l’antienne tradition |:que ces barbares s’en orgueuillissent plustost
9
qu’ilz ne s’appaisent quand on augmente:| les honneurs ou les dons qu’on
10
a accoustumé de leur faire. L’oppinion qu’ilz prennent que ce changement
11
ne procède que de foiblesse ou de crainte est plus capable d’attirer leurs
12
armes contre les Chrestiens que de les destourner. L’Empereur néantmoins
13
ne s’en soucie pas pourveu qu’il se délivre à présent du Rakotzi, lequel est
14
bien retourné dans ses Estatz, mais sans avoir esté déffaict ny s’estre accom-
15
modé, les petitz eschecz qu’il a receus ont plustost esté des désordres qui se
16
sont mis dans ses trouppes que des déffaittes. On dict que son armée est
17
encores de trente huict mille hommes et que les conditions qu’il demande
18
pour s’accommoder sont si hautes qu’elles ne semblent pas partir d’un
19
Prince qui ayt tout à faict envie de quitter les armes.

20
Les advis que nous recevons de divers endroictz portent |:que le dessein
21
des Bavarois est d’attaquer une des places que le Roy tient sur le Rhin pour
22
peu que Monsieur le Maréschal de Turenne s’esloigne de l’Alsace. Ilz:|
23
s’imaginent que comme elles nous ont autres fois servy à nous rendre
24
maistres |:de Brisack, qu’elles leur pourront aussy facilliter la mesme entre-
25
prise si leur donnant un passage sur le Rhin, elles leur avoient ouvert les
26
moiens d’occuper l’Alsace:|. Quoyque nous sçachions que la Reyne ne
27
manque pas d’estre bien advertie de toutes choses, nous avons appris celle
28
cy de si bon lieu que nous croyrions manquer nostre devoir si nous ne vous
29
le faisions sçavoir.

30
Dom Francesco de Mello faict de grandes instances pour avoir un secours
31
considérable d’Allemagne. Les advis portent qu’il ne le demande que dans
32
deux mois à compter dès le temps que l’armée de Sa Majesté est entrée dans
33
la Flandre. Quelques uns croyent que Hasfeld est destiné pour cella. S’il est
34
vray comme on dict qu’il aille joindre l’armée de Bavières, ce pourroit bien
35
estre pour ce dessein après avoir servy aux Bavarrois pour faire leurs pre-
36
miers effortz vers le Haut Rhin. Nous espérons que la prévoyance de la
37
Reyne et la vigilance de Messieurs ses ministres rendront tous ces préparatifs
38
sans effort et que l’on aura bien pourveu avant ce temps là aux diminutions
39
qui arrivent ordinairement dans les armées françoises qui sont engagées à
40
un long siège, affin qu’il reste de quoy faire teste à l’ennemy quand il se
41
sera renforcé.

42
Il est venu quelques advis de Rome que le Roy offroit aux Espagnolz
43
d’abandonner le Roy de Portugal, pourveu qu’on fist présentement une
44
trêve et que les affaires de Catalongne demeurassent pendant la minorité

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1
du Roy en l’estat qu’elles sont à présent. La mesme chose a seté escritte de
2
Catalongne au Régent de cette province qui est icy près de nous

30
Fontanella.
, mais nous
3
avons faict voir que ce sont artiffices de l’ennemy pour mettre noz amis en
4
déffiance et refroidir l’affection des sujectz du Roy en Catalongne.

5
Lesdictz Espagnolz ont publié icy en mesme temps que leur maistre avoit
6
traitté tous les prisonniers catalans avec une grande douceur. Peut estre que
7
voyant que la cruauté qu’il a faict exe[r]cer contre eux jusques icy ne luy a
8
pas réussy, il veut changer de méthode, mais les Catalans ne tesmoignent
9
pas estre disposéz à se laisser surprendre par ce changement.

10
Ces jours passéz un religieux de cette ville fit sçavoir au Régent de Cata-
11
longne que Saavedra désiroit parler à luy. L’autre respondit qu’il n’avoit
12
rien à traitter avec Saavedra et nous en vint advertir à l’heure mesme. Celuy
13
qui en fit la recherche s’adressa à l’aumosnier du Régent qui n’a pas voullu
14
nommer le religieux, mais nous avons suject de croire que c’est un Jésuite
15
à cause que l’aumosnier fréquente et dispute souvent en philosophie dans
16
leur collège

31
In der publizierten spanischen Korrespondenz findet sich in einem Brief Saavedras an Philipp IV.
32
vom 23. April 1644 der erste Bericht über Kontakte zu den Katalanen, und zwar über einen nicht
33
genannten deutschen Jesuiten; Corr. dipl. I S. 37. Weitere Berichte darüber folgen am 10. und
34
14. Mai; ebenda S. 53 und 55f. Am 19. Mai meldet Saavedra, daß man sich nicht mehr des
35
Jesuiten, sondern des Abtes „Carlini“, eines Italieners, bediene; ebenda S. 56. Im Gegensatz zu
36
dem hier Berichteten äußert sich Saavedra befriedigt über den Verlauf der Gespräche. Mit Carlini
37
ist wohl Pellegrino Carleni gemeint, Abt von S. Maria in Umbrien, der in Münster den Grafen
38
Ludwig von Egmond vertrat; vgl. APW [ III D 1 S. 166 Anm. 1.]
.

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