Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
Vostre despêche du 23 du mois passé nous fut rendue si tard qu’elle ne
nous donna pas le loisir d’y faire response par le précédent ordinaire. Et celle
du dernier est arrivée si tost qu’elle nous donne moyen d’en accuser la
réception et d’y respondre succinctement par Monsieur de Saint Romain
qui estoit près à partir lorsque nous l’avons receue. Il seroit désormais
inutile de vous parler de la prétention de Monsieur Contarini qui est décidée
en sorte qu’il a tout sujet d’estre content. |:Nous commençons aussy à l’estre
de luy:|, et il y a apparence qu’avant nostre arrivé il ne nous avoit pas creu
si bien disposéz pour la paix qu’il l’a recogneu depuis. Cette cognoissance
jointe à celle qu’il prend chaque jour de la mauvaise foy de noz parties
commence à l’apprivoiser avec nous, |:à quoy nous n’obmettons rien de ce
que nous estimons le pouvoir rendre favorable aux intérestz du Roy:|.
Nous craignons tousjours ce préjugé pour Messieurs les Estatz; comme
nous vous avons desjà marqué ce sont espritz qu’il seroit dangereux de
mescontenter entièrement. Ilz ont desjà rompu le commerce partout avec
les Ambassadeurs du Roy et ne faut pas espérer qu’ilz se relaschent. Cepen-
dant leur communication seroit utile en beaucoup d’endroitz, et principale-
ment pour l’employ de Monsieur de La Thuillerie. S’ilz exécutent leur
première résolution, ilz envoyeront leurs Ambassadeurs avec cinquante
vaisseaux de guerre dans la Mer Baltique
leur pouvoit permettre de donner à leurs Ambassadeurs pleinpouvoir de
parler comme ilz jugeront à propos et de prendre sur le champ le party
qu’ilz recognoistront plus utile à leur Estat, il se rendroient par la force les
arbitres de ce différend, et en ce cas ilz favoriseroient bien la négotiation de
Monsieur de La Thuillerie. Mais n’ayans point de moyen de traitter ensemble,
tant s’en faut qu’ilz puissent agir de concert, que peut estre les uns reculeront
ce que les autres auront avancé. Nous ne doutons pas que vous n’y fassiez
toutes les réflections que l’affaire mérite.
On ne peut pas bien juger si l’obmission de la qualité d’Ambassadeur dans
le pouvoir des Espagnolz a esté faitte pour esviter le préjudice qu’ilz pour-
royent recevoir en nous céddant ou pour quelque autre plus mauvais dessein.
Mais il est vray qu’elle ne leur est point donnée, et que c’est un des déffautz
que nous y avons remarqué[s] comme vous avez peu voir dans noz précé-
dentes despesches. L’exemple du Nunce et de l’Ambassadeur de Venise
nous a empesché d’examiner ces qualitéz avant que résoudre la forme de
vivre avec eux aussy curieusement que nous l’aurions faict si nous n’eussions
creu avoir mis noz intérestz à couvert et d’avoir usé d’assez de prévoyance
en priant l’Ambassadeur de Venise d’y travailler pour nous et bien considérer
les pouvoirs, affin de fonder en raison ce qu’il nous obligeroit de faire en
l’imitant. Il a esté un peu estonné que nous luy en ayons faict une douce
plainte. Néantmoins il a soustenu son action par la qualité de Plénipotentiaire
qu’il croid esgalle à celle d’Ambassadeur tant pour les honneurs que pour
l’authorité dans un traitté aussy important que celuy cy. Si elle n’estoit
donnée que pour une affaire particulière, il advoue qu’il y auroit quelque
chose à dire, mais pour traitter et conclurre une paix généralle, il estime
que cella vaut bien le tiltre d’Ambassadeur. Néantmoins, puisqu’il faut
réformer les pouvoirs, nous ne manquerons pas de demander que cette
qualité y soit adjoustée, voyant mesme qu’elle n’est ny dans le pouvoir des
commissaires de l’Empereur ny dans celuy des Espagnolz, affin qu’il ne
reste point de suject de douter sur tout ce qui pourra estre faict à l’avenir.
Nous n’avons rien obmis pour faciliter et haster le voyage de Monsieur de
La Thuillerie. Les Ambassadeurs de l’Empereur luy ont bien donné leur
passeport, mais seulement jusques à Osnabrug, parce qu’il n’en avoit pas
besoin entre cy et là. Nous apprenons que le Comte d’Auersberg ne l’a point
visité et que pour excuser ce manquement, il chicane sur ce que dernière-
ment il fit icy un voyage sans estre visité de nous . Il est vray qu’estant
arrivé le soir et reparty le landemain sans nous faire advertir, nous ne
sceusmes qu’il eust esté icy qu’après son départ. D’abord nous fismes dire
chez le Comte de Nassau que s’il luy eust pleu nous informer de la venue
de son collègue, nous n’eussions pas manqué de le voir et luy faire noz
complimens. Cependant, Auersberg prend ce prétexte pour ne faire point
de civilité à Monsieur de La Thuillerie et peut estre pour n’estre pas engagé
à faciliter son passage, ce qu’il eust esté obligé de faire s’il l’eust traitté
comme Ambassadeur. Cella nous met dans une très grande peine que nous
avions bien préveue dès La Haye, mais sans avoyr moyen d’y remédier, car
s’il eust pris la mer pour aller en Dannemarc comme c’eust esté la voye plus
courte, plus commode et plus seure, les Suédois non seulement en eussent
pris jalousie, mais s’en fussent offencéz. Pour prévenir leurs plaintes qui
eussent peu arrester l’affaire, il a fallu que Monsieur de La Thuillerie se soit
incommodé et qu’il soit allé faire à Osnaburg le premier acte de sa légation
auprès d’eux pour les disposer à trouver bon qu’ayant rendu par cet office
les premiers devoirs à la Couronne de la Suède en leurs personnes, il puisse
n’envoyer qu’un gentilhomme en Suède et aller en personne en Dannemarc
à cause que c’est son chemin et le lieu où est le mal qu’on veut guérir.
Cependant, Monsieur le Baron Oxenstiern a eu la civilité de luy dire qu’il
pouvoit bien encores commencer par la Suède en y allant par mer, sans
considérer les raisons d’Estat, de bienséance et de commodité qui ne per-
mettent pas de prendre un si grand destour pour traitter une affaire pressée.
Nous ne sçavons encores comme Monsieur de La Thuillerie pourra passer
plus outre dans cette routte, quand mesme il seroit délivré d’une fluxion
douloureuse sur l’espaule qui le retient au lit depuis quelques jours. Les
Suédois auront peine à luy donner un convoy assez fort pour le garentir
des parties qui pourront estre faittes pour l’enlever et qu’il y a grand suject
de craindre, puisque son employ donne très grande jalousie aux Impériaux.
Monsieur le Colonel Marsin est digne de louange de voulloir faire office à
son pais
Marsin stammte aus Lüttich, wo er im Frühjahr 1644 in französischem Auftrag Truppen aushob;
vgl. [S. 44 Anm. 2.]
n’a peut estre pas bien remarqué l’affection de ceux qui gouvernent cet
Estat pour le party contraire. Ilz ne peuvent pas faire passer la facilité qu’ilz
ont apportée aux levées du Roy pour une action qui mérite rescompense,
faisants tous les jours la mesme chose pour les ennemis. Ilz ne pouvoyent
la refuser au Roy sans violer ouvertement une seconde fois la neutralité qui
leur est si chére, comme ilz ont desjà faict cy devant en chassant de leur ville
et persécutant encores aujourd’huy violemment tous ceux qui ont esté
affectionnéz à la France
Die Partei der Frankreich zuneigenden sogenannten Grignoux in Lüttich hatte gegen den zwischen
der Stadt und dem Bischof von Lüttich, dem Kurfürsten von Köln, am 20. April 1644 geschlossenen
Frieden revoltiert. Ein Großteil von ihnen entzog sich der Aburteilung durch die Flucht nach
Maastricht. Darstellung des Gesamtzusammenhangs bei J. Daris I S. 148–194.
a escrit, il nous a faict la mesme prière, et les ministres de Madame la Land-
grave nous ont promis qu’on les lairra en repos jusques à ce que les levées
soient achevées. Mais après cella de voulloir prier une Princesse alliée de
s’abstenir des actions que les loix de la guerre luy permettent contre des
ennemis qui l’ont si mal traittée
en devoir de satisfaire Sa Majesté des offences qu’ilz luy ont faittes, nous
n’avons pas estimé le devoir faire. A la vérité, si comme vous le remarquez
prudemment, ilz vouloient restablir les exilez et ne tourmenter plus comme
ilz font la vefue [sic!] de La Ruelle
importunerions pour faire oublier tout le passé.
Nous ne manquerons pas de faire valloir le bon traittement qui a esté faict
à ceux de Colmar, et de faire comprendre aux ministres de Suède lorsque
nous les verrons les raisons qui les doivent obliger d’escrire aux Princes
catholiques aussy bien qu’aux autres. Leur manquement se peut excuser en
quelque sorte parce qu’ilz n’ont faict qu’envoyer des passeportz à ceux qu’ilz
ont creu leurs alliéz, ainsy qu’on peut voir par leur lettre, et que ceux du
party contraire y auront deu estre conviez comme confédéréz de l’Empereur.
Si la plainte vient de Monsieur le Duc de Bavières, c’est une pure chicanerie
et un prétexte qu’il prend pour couvrir tous les effortz qu’il fait pour anéantir
l’assemblée de Munster au lieu de l’authoriser et la rendre célèbre, comme il
devroit faire s’il avoit une sincère intention que toutes choses fussent restablies
en leur première dignité dans l’Empire. Wir verweisen in diesem Zusammenhang
auf nr. 99.
Nous n’avons encores peu convenir avec Messieurs les Suédois des moyens
d’une entreveue, quoyque nous ayons proposé divers expédiens pour les
contenter. Mais le Baron Oxenstiern est si difficile et si brutal que son
collègue mesme en est importuné. C’est un esprit capable de ruiner toutes
sortes d’affaires pour une vanité et pour une prétention mal fondée.
Nous ne vous parlerons plus de ce qui arreste nostre négotiation et nous
empesche d’exécuter si tost les ordres derniers de la Reyne que vous nous
avez envoyéz.
Nous espérons que les raisons qui sont contenues dans la lettre que nous
escrivons à Sa Majesté vous satisferont et vous feront avouer que l’intérest
de noz alliéz nous a lié les mains. Cependant les despêches que vous avez
faittes aux Ambassadeurs du Roy ne lairront pas de produire un bon effect,
en faisant voir que lorsqu’il n’y a eu que des difficultéz qu’on pouvoit
surmonter avec le temps, Sa Majesté ne s’y est pas voulu arrester et nous a
commandé de passer outre, mais lorsque pour nous diviser on a voulu
traitter avec nous et refusé d’en faire autant avec noz alliéz, nous n’avons
pas peu le faire.
Betreffend die Unterstützung Rákóczys verweisen wir auf nr. 99; außerdem ist Saint
Romain eingehend instruiert.
Il y a tant de sujet pour nous de craindre que Medina de las Torres ne nous
vienne estouffer avec l’esclat de sa despense lorsque nous serons lasséz de
la nostre, que nous souhaitterions de bon cœur qu’il luy prist envie de ne
sortir jamais de Naples et de s’y conserver par l’assistance des parens de sa
femme
Vgl. dazu [nr. 62] und [S. 121 Anm. 2.]
Henri duc de La Trimouille (andere Schreibweise Trémoille), 1599–1674, – vgl. NBG XXIX
Sp. 863f. – leitete seinen Anspruch auf Neapel aus einer 1525 zwischen François II de La Tri-
mouille – vgl. NBG XXIX Sp. 862 – und Anne de Laval geschlossenen Ehe her. Diese war
Enkelin eines Königs von Neapel. In einem Schreiben Ludwigs XIV. an d’Avaux und Servien
(Paris 1643 Oktober 26, Ausfertigung: AE , CP Holl. 29 fol. 21–22) war den Gesandten mit-
geteilt worden, man erlaube dem Herzog, seine Ansprüche in Münster geltend zu machen, obwohl sie
angesichts der Rechte der französischen Krone nichtig seien. Letztere werden wie in der Aufzeich-
nung der Kronrechte aus dem Jahre 1642 begründet; vgl. APW [ I, 1 S. 180–182] . Die Gesandten
wurden angewiesen, den Herzog zu unterstützen, soweit die königlichen Rechte nicht beeinträchtigt
würden. Das Ziel der Familie Trimouille war die Anerkennung ihrer Abstammung von dem Haus
des oben erwähnten Königs von Neapel; damit wären ihre Mitglieder zu Prinzen von Geblüt erhoben
worden; so Marie de La Trimouille an Huygens, Paris 1643 Dezember 26, Druck: C. Huygens,
Briefwisseling III S. 454f.
luy de ses prétentions pour luy fournir un tiltre.
L’on ne doit pas regretter l’argent qui a esté donné à Madame la Landgrave.
Nous sçavons qu’il est utilement employé pour ses gens de guerre. Il y a
quelques jours qu’un gentilhomme que nous avions envoyé au Comte
d’Ebrestein
Kaspar Graf von Eberstein, gest. 1644, hessischer Generalleutnant; ADB V S. 581f.
places quatre à cinq mille hommes de pied aussy bien faictz que ceux du
régiment des gardes.