Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
Ich habe nr. 52 mit Beilagen erhalten. Die Invitationsschreiben sind nach Form und
Inhalt vollkommen.
Je suis bien de vostre avis que la peur qu’ont les Princes et villes libres de
l’Empire d’offencer la Maison d’Austriche les a empeschéz jusques icy de
s’opposer aux invasions qu’elle faisoit sur leur liberté. Mais puisqu’il a desjà
paru quelque chose de la diminution de cette crainte par le refus qu’on y a
fait des contributions que l’Empereur demandoit pour la continuation de la
guerre, j’estime qu’il faut suivre cette pointe et travailler autant qu’il se
pourra à faire cesser cette passion mal fondée, afin que ces Princes et villes
poursuivent à estre admises au traitté de la paix généralle.
Pour cela il ne faut point user d’artifices ny de fausses suppositions, c’est
une conduite qu’il faut laisser à ceux qui en ont besoin. Il ne faut seulement
que faire ouvir les yeux aux Allemans et leur faire voir sans déguisement
l’estat présent des affaires tant du costé de la France et de ses alliéz, que de
celuy de l’Empereur, du Roy d’Espagne et de leurs adhérans. Je m’asseure
qu’ils comprendront facilement qu’il y a une entiére seureté pour eux sous la
protection de la France et de ses alliéz en la poursuitte qu’ils feront d’un
droit qui leur appartient et qui leur est accordé par les loix et les constitutions
de l’Empire.
Il y a encore un artifice à repousser dont nos ennemis se sont continuelle-
ment servi pour nous décrier envers les Allemans et y rendre nos armes
odieuses et suspectes, qui est l’impression qu’ils y ont toujours donnée
qu’elles estoient intéressées, et que sous prétexte de protéger et d’assister
les Allemans, nous n’avions dessein que d’usurper et de nous establir dans
l’Allemagne.
Il sera aisé de détruire cette calomnie en représentant premièrement la géné-
rosité et le désintéressement avec lequel nous avons secouru les Princes
qu’on a voulu opprimer en Italie. Vous sçavez assez ce qui s’y est passé,
puisque vous y avez agy, et vous pouvez estre informé de ce qui s’y passe
encore aujourd’huy où l’on rend à Monsieur le Duc de Savoye les places
à mesure qu’elles peuvent estre en seureté entre ses mains
de les conserver, le Roy ne gardant jusqu’à la paix que celles qui couroient
autrement fortune de se perdre comme il est visible, de sorte que le profit
de la guerre devant demeurer à Monsieur de Savoye, le Roy n’aura pour sa
part que la dépence qu’il a fallu employer pour la faire et la gloire d’avoir
procuré à ses dépens le salut d’un sien voisin qui est le seul partage qu’il
en prétend. Qu’on a raison de faire le mesme jugement de la pureté des
intentions de Sa Majesté pour l’Allemagne, et que s’il y possède quelques
places dont le nombre est fort petit, ce n’est que comme gardien d’icelles
jusqu’à la paix pour la considération susdite.
Qu’au reste si l’on considère les traittéz que le feu Roy a faits pour les inté-
rests de l’Allemagne, soit avec le feu Roy de Suède, soit depuis sa mort avec
la Reyne et la Couronne de Suède
soit avec Madame la Landgrave de Hesse , on n’y verra pas une marque
d’intérest ny un terme qui tende à quelque utilité qui en doive revenir à la
France.
Vous ferez effort sur cette considération dans les occasions et selon que vous
le jugerez à propos, me remettant du reste à l’intelligence que vous avez des
affaires et des mœurs des gens de ce pays là; je n’ay voulu que vous désigner
en passant mon sentiment là dessus.
Pour ce qui est du désir de la paix, je crois qu’il est à propos de tesmoigner
que l’on la désire, puisque la vérité est telle et que la Reyne le requiert ainsy.
Mais je crois aussy conformément à vostre pensée qu’il faut en mesme temps
donner à entendre que c’est la charité crestienne qui la luy fait désirer et
non pas la crainte ny l’impuissance de continuer la guerre. Et piusque ce
sont les Espagnols qui en effet y apportent le plus de répugnance, bien qu’en
apparence et pour s’exempter de blasme ils fassent mine du contraire, ils [!]
faudra laisser juger au monde par la comparaison de leurs affaires avec les
nostres qui de nous en a plus de besoin et est en estat de poursuivre avec
plus d’avantage la guerre.
C’est une chose estrange que ces gens qui fanfarent tant le désir qu’ils
disent avoir de la paix, n’ayent envoié à Munster que des députéz sans
pouvoir de la conclurre, et que des deux qui ont effectivement ce pouvoir,
Dom Francesco de Melos s’en retourne en Espagne et le Marquis de Castel
Rodrigo vienne en Flandres. Je remets plusieurs autres choses à la dépesche
de Monsieur de Brienne …