Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
231. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1647 November 1
Paris 1647 November 1
Kopien: AE , CP All. 89 fol. 372–378’ = Druckvorlage; AE , CP All. 103 fol. 28–40’;
Ass.Nat. 273 fol. 514–520. Konzept: AE , CP All. 86 fol. 66–71’.
Zweifel an der Bündnistreue der Niederländer. Intrigen Peñarandas. Meierei von ’ s-Herto-
genbosch .
Französische Subsidien für Schweden. Unzufriedenheit über Salvius’ Ablehnung einer fran-
zösisch-schwedischen Erklärung. Schwedische Militärsatisfaktion. Beziehungen zu Kurbay-
ern ; Pfalzfrage: Vortäuschung eines Angebots des englischen Parlaments an Frankreich;
Gronsfeld. Maßnahmen für den Fall eines vorzeitigen Abschlusses des kaiserlich- schwe-
dischen Vertrags.
Keine vollständige Schleifung von Lens; Nachgeben im Hinblick auf Arleux, Lécluse, Poli-
gny , Lons-le-Saunier. Casale-Artikel. Wahl des Kurfürsten von Mainz. Verteidigung des
französischen Vorgehens gegen Cremona und Unverständnis über die diesbezügliche Hal-
tung der Mediatoren.
Restitution Lothringens: Mutmaßungen über die Absichten der Kaiserlichen und der Spanier;
Einspannen des Kurfürsten von Bayern für die französischen Interessen in dieser Frage; Her-
ausstellen der Unterschiede zwischen der Assistenz Frankreichs für Portugal und der Assi-
stenz Spaniens für Herzog Karl von Lothringen.
Reise des Königs von Böhmen nach Spanien; gegenüber den Niederländern Aufzeigen der
Folgen seiner möglichen Heirat mit der spanischen Infantin. Kein Friedenswille Peñarandas
und Castel Rodrigos. Spanische Einflußnahme auf den Kaiser: Einberufung eines Reichstags
zur Klärung aller Fragen unter Ausschluß Frankreichs und Schwedens angeregt. Spanisches
Projekt einer Liga Spaniens, Dänemarks, der Niederlande und Polens gegen Schweden. Spa-
niens Interesse an einer Verschlechterung der französisch-schwedischen Beziehungen.
Zu den Beschwerden der Mediatoren über die Haltung des Kurfürsten von Bayern. Unter-
weisung Turennes. Verhandlungsführung gegenüber Ernst. Gegenüber Königsmarck Wie-
deraufnahme der Forderung nach Rückgabe der meuternden Weimarer.
Sa Majesté a esté bien aise d’apprendre par la dépesche desditz Sieurs Plé-
nipotentiaires du 21 du passé qu’ilz eussent retrouvé une occasion aussy
favorable que celle qu’ilz marquent de faire asseurer Messieurs les Estatz
que la France observeroit exactement toutes les obligations de son allian-
ce , et ne conclurroit point son traitté que conjointement avec le leur.
On ne doute point que les remonstrances que lesditz Sieurs Plénipoten-
tiaires ont faittes aux députez de Hollande et tant de raisons évidentes par
lesquelles on a pu leur faire toucher au doigt le sincère désir que Leurs
Majestez ont de l’avancement de la paix et les artifices que noz ennemis
pratiquent pour en esloigner l’effet pendant qu’ilz monstrent en appa-
rence de la souhaitter passionnément, n’aient fait quelque impression sur
leur jugement, mais on ne sçait pas si la volonté en aura esté touchée ny si
on peut se promettre d’eux qu’ils veuillent nous garder la dernière fidélité
quand noz parties leur offriront de conclurre avec eux et qu’elles recule-
ront avec la France.
Le sieur Hoeufft a receu lettres cette semaine d’un correspondant qu’il a
près desditz députez qui l’asseure qu’ilz sont très satisfaitz des confé-
rences qu’ils ont eues avec Messieurs les Plénipotentiaires et bien disposez
à faire achever nostre traitté dez qu’ilz seront entièrement d’accord de
tous les articles du leur.
Néantmoins on apprend d’ailleurs que le comte de Penneranda a de gran-
des espérances du voiage que quelques-uns d’entre eux sont allez faire à
La Haie. On a mesmes sceu cette particularité qu’il leur a fait voir des
lettres feintes ou véritables qu’il prétend avoir esté interceptées allant de
Paris à Munster et d’autres de Munster à Paris toutes pleines d’invectives
contre le procédé des Holandois et notamment contre Pau, Knuyt et Mei-
nerswick , adjoustans qu’il faut que la France mette le tout pour le tout
plustost que ne se pas vanger ou contre l’Estat ou au moins sur les par-
ticuliers des indignitez qu’on luy a faittes. Pennaranda se promet que le
discours qu’il a tenu là-dessus ausditz députez immédiatement avant leur
départ pour La Haye a produit un merveilleux effet, leur aiant fait bien
comprendre à ce qu’il prétend que les François se tiennent desjà si offen-
sez que quoy qu’ils puissent faire à l’avenir, il leur sera impossible de les
regaigner ny d’en attendre une affection sincère.
On a sceu en outre que le point de la mairie de Bois-le-Duc sera entière-
ment ajusté par des paroles équivoques si lesditz députez en sont creus
par leurs supérieurs, le roy d’Espagne renonçant générallement à tout ce
qu’il avoit ou pouvoit prétendre à laditte mairie dans quoy se trouve com-
prise la spiritualité que les Holandois luy demandoient qu’il cédast et
qu’il soustenoit ne luy pas appartenir et par conséquent ne la pouvoir
céder.
Cet expédient sauve bien les apparences dans le traitté, mais n’amoindrit
le mal en rien, et c’est proprement se jouer de la religion. Il y a cent mil
catholiques dans l’estendue de laditte mairie qui souffriront avec toute
leur postérité de cet équivoque dont nous apprenons que l’évesque d’ An-
vers fait des exclamations jusqu’au ciel, mais sans y rien avancer.
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu par la despêche que leur a por-
tée le sieur de Préfontaine qu’ils ont rencontré entièrement les intentions
du Roy sur le sujet du subside soit pour oster toute espérance aux minis-
tres de Suède qu’il puisse estre augmenté, soit pour leur donner asseu-
rance que le terme prochain sera paié ponctuellement. Ilz auront veu
aussy avec quelle facilité on s’est porté icy à faire un effort pour avancer
ledit terme sur ce qu’ilz ont représenté de la nécessité qu’en avoient les
Suédois. On travaille à mettre ensemble des escus d’or pour les envoier
comme il leur a esté mandé ou prendre d’autres expédiens selon la res-
ponse qu’ilz feront sur celuy-cy.
Sa Majesté a appris avec déplaisir qu’il n’ait pas esté possible de porter le
sieur Salvius à concerter et mettre au jour l’escrit dont il avoit donné es-
pérance , pour faire cognoistre à tout le monde la bonne disposition des
couronnes à la paix. On en a esté d’autant plus surpris qu’il demeuroit
d’accord que rien ne nous estoit présentement plus important que de per-
suader un chacun de cette vérité.
S’il n’attendoit autre chose pour y consentir que quelque proposition de
noz parties sur la satisfaction de la milice, il semble qu’il n’eût pas esté
malaizé de luy en faire porter quelqu’une puisque les Impériaux sont
tombez d’accord qu’elle est deue et qu’il n’est plus question que du plus
ou du moins et que d’ailleurs le duc de Bavière a stipulé de l’Empereur
dans le traitté qu’il vient de faire avec luy la satisfaction de la sienne, et
ainsy il a cet intérest commun avec la Suède.
On a veu avec plaisir que le sieur Ernest ait confirmé à Messieurs les Plé-
nipotentiaires tout ce qui leur avoit esté mandé d’icy sur les relations du
sieur Krebz des intentions de monsieur de Bavières, mais on s’est resjouy
surtout que le sieur Salvius ait approuvé et mesme désiré que nous es-
sayons de mesnager ce prince, inférant de là que son collègue et luy vraysem-
blablement ne s’esloigneront pas de nous voir tenir avec luy la conduitte
dont il fut escrit amplement par le dernier mémoire que l’on devoit traitter
avec eux pour essayer de les y faire consentir.
On a oublié de faire part à Messieurs les Plénipotentiaires d’un soupçon
que l’on a mis dans l’esprit du sieur Krebz et de son collègue que l’on
s’est apperceu avoir produit d’abord un effet merveilleux. On leur a dit
comme en grande confiance que le manquement de leur maistre au traitté
d’Ulm a donné lieu à une négotiation du prince palatin à Londres qui
nous fait solliciter pour engager la France à son entier restablissement et
que pourveu qu’elle s’y porte et qu’elle veuille faire rompre l’accord qui a
esté arresté à Munster de l’affaire palatine, il se fait fort que le parlement
d’Angleterre offrira de donner dix mil hommes pour joindre à monsieur
le mareschal de Turenne, et de les paier pour deux ans. On croit que Mes-
sieurs les Plénipotentiaires fomentans adroittement cette meffiance dans
l’esprit des ministres dudit duc cella ne contribuera pas peu à luy faire
haster la conclusion de la paix, ou reconnoissant que l’Empereur et les
Espagnolz s’en esloignent, à luy faire prendre les résolutions que nous
pouvons désirer.
On n’a jamais cru icy que de simples caresses fussent capables de faire
changer les inclinations du comte de Gronsfeldt
de tout temps porté envers la maison d’Austriche, mais la prudence vou-
loit que dans un temps que son maistre tesmoignoit désirer avec passion
de s’attacher à la France on luy fist acueil et mesmes qu’on n’oubliast rien
pour luy faire connestre qu’il y pourroit aussy trouver son compte.
On connoist bien qu’il est fort délicat de travailler pour faire que l’on
traitte et conclue avec nous plus tost qu’avec noz alliez, de crainte que
noz parties ne se servent des diligences que nous ferions pour cella à
nous brouiller les uns avec les autres. Néantmoins comme il se voit que
leur intention est d’achever avec les Suédois avant mesme que nous parler
puisque Volmar quitte Munster sans nous dire mot pour aller traitter avec
eux à Osnaburg, il ne faut pas négliger d’asseurer au moins en mesme
temps par l’entremise de monsieur de Bavières et de ses députez ce qui
devra estre de noz intérestz.
On n’a jamais eu la pensée icy de vouloir razer tout à fait Lens, on avoit
seulement délibéré si pour pouvoir se servir à la campagne de la garnison
qu’il faut nécessairement y laisser il seroit à propos de démolir les fortifi-
cations de la place et conserver seulement le chasteau avec cinquante sol-
datz , ce qui nous eût donné le mesme droit de conserver ce baillage et ses
deppendances.
Quant à ce que Messieurs les Plénipotentiaires disent qu’on leur dispute
opiniastrement les lieux que nous avons abandonnez comme Arleu et
L’Ecluse, Poligni et Lion-le-Saunier et que les Médiateurs donnent en
cella raison à noz parties, Sa Majesté voulant de plus en plus apporter de
nouvelles facilitez à l’avancement de la paix, trouve bon qu’après qu’ilz
auront fait tout ce qu’ilz croiront devoir à l’importance de la chose pour
emporter ce point, ilz puissent s’en relascher s’ils le jugent à propos, et
leur recommonde seulement en ce cas de le faire par degrez, comme en
tirant de noz parties quelque autre avantage en eschange dans des pointz
contentieux qui nous importent ou en moiennant que ces lieux abandon-
nez et démolis soient affectez aux récompenses et desdommagemens de-
mandez par quelques-uns de nos alliez, comme pour partie de la dot de
l’infante Catherine ou pour réparer la lésion que la maison de Mantoue
prétend avoir soufferte dans le traitté de Querasque ou pour la satisfac-
tion du duc d’Atrie ou enfin cédant purement et simplement le point pour
le bien de la paix.
Sa Majesté a veu et approuvé le changement que Messieurs les Pléni-
potentiaires ont jugé à propos de faire dans l’article qui regarde Cazal.
On croit néantmoins que Sa Majesté consentant de remettre l’argent
pour les deux tiers du paiement de la garnison entre les mains du duc de
Mantoue, il sera trouvé juste et mesme que c’est bien le moins que nous
puissions prétendre qu’il y ait une personne de la part de Sa Majesté qui le
voye distribuer à l’effet pour lequel elle le donnera, autrement si les de-
niers pouvoient estre divertis à d’autres usages, cella iroit contre la seureté
de la place et seroit contraire au traitté.
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu la coppie du mémoire que l’on
a adressé au sieur de Vautorte sur la future élection de l’archevesque de
Mayence, et que tout ce qui luy a esté mandé d’icy et de Munster s’est
trouvé entièrement conforme tant pour la préférence de monsieur l’ éves-
que de Wurtzbourg que pour les intérestz du baron de Reiffenberg et
pour empescher que l’acte de l’élection se transfère ailleurs qu’à Mayence.
On s’est estonné icy et avec raison que les Médiateurs soient devenus
moins favorables pour nous depuis que les armes du Roy sont entrées
dans le Crémonois conjointement avec celles de monsieur le duc de Mo-
dène . Il semble qu’estans persuadez comme ilz tesmoignent l’estre de nos-
tre bonne disposition à la paix et voians la répugnance qu’ont les Espa-
gnolz à s’y résoudre quoyque leurs affaires soient en si mauvais estat, ilz
auroient plustost sujet de se resjouir de tous les événemens qui peuvent
contribuer à y faire condescendre noz parties, car si estans pressez comme
ilz le sont des deux costez dans l’Estat de Milan et dans l’incertitude que
deviendront les remuemens de Naples et de Sicile qui leur importent de
tout, ilz ont encores tant de peine à pouvoir prendre la résolution de sor-
tir de ces embarras par la conclusion de la paix, que pourroit-on espérer
pour le repos public si on leur donnoit plus de relasche et qu’ils eussent
moins à craindre la guerre continuant? Nous n’avons point fait de nou-
velles entreprises qui puissent faire davantage durer les troubles de la
chrestienté. Nous n’avons attaqué que les mesmes ennemis et comme les
armes de cette couronne sont entrées depuis douze ans dans l’Estat de
Milan
Vgl. [ nr. 216 Anm. 4 ] .
qu’on deust attribuer à grande nouveauté d’avoir choisy cette fois-cy un
endroit plustost qu’un autre. Le mal est que les progrez sont médiocres et
que dans la plus grande espouvante et consternation que sçauroit jamais
avoir un païs envahi, il est survenu des déluges de pluyes qui nous ont
arresté tout court, car du reste il vaudroit beaucoup mieux avoir les Mé-
diateurs mal satisfaitz et que nous fissions des conquestes qui hastassent
les Espagnolz de conclurre la paix de peur de pis que non pas de les avoir
favorables et que noz ennemis fussent moins pressez.
Il semble que lesditz Médiateurs auroient bien plus de sujet de s’escrier
contre noz parties sur leurs nouvelles entreprises quand on leur a fait sça-
voir les cabales qui se sont formées à Spa pour essaier de troubler ce
roiaume, les intrigues et les propositions du duc de Vendosme et les con-
spirations si noires contre les personnes roialles et cet Estat que l’arrest du
secrétaire de Salamanca a donné lieu de descouvrir puisque toutes ces tra-
mes ne tendent qu’à immortaliser la guerre sur le point que l’on est de
conclurre la paix.
On achèvera ce mémoire en donnant à Messieurs les Plénipotentiaires di-
vers avis importans que l’on a receus de bon lieu.
On a sceu premièrement que le sentiment de l’archiduc Léopold n’est pas
que le roy d’Espagne diffère la conclusion de la paix pour la satisfaction
entière du duc Charles, et qu’on doit bien essayer de luy moienner le plus
de contentement qu’il sera possible, mais passer outre ne pouvant l’ obte-
nir . Et à la vérité il n’est pas vraysemblable que les Espagnolz et les Im-
périaux veuillent se résoudre à ne point achever le traitté sans faire rendre
audit duc ses Estatz, eux qui abandonnent les leurs propres pour avoir la
paix. C’est une considération très forte qui a souvent esté mandée dont
Messieurs les Plénipotentiaires se peuvent servir prez des Médiateurs
pour la faire suggérer aux Espagnolz non seulement pour leur faire
franchir plus facilement cette difficulté, mais comme un moien pour satis-
faire l’esprit dudit duc à qui on pourra faire trouver moins estrange
d’estre abandonné voiant que ses protecteurs ne peuvent pas se faire ren-
dre à eux-mesmes ce qu’ilz ont perdu du leur.
Il importe cependant extrêmement de bien asseurer ce que nous avons à
désirer dans ce point de Lorraine par le moien de monsieur de Bavières en
sorte que ce ne soit pas un achoppement à la paix de l’Empire dont noz
parties qui ne la veullent pas se puissent servir contre nous non seulement
pour l’arrester, mais pour en faire rejetter le blasme sur la France seule
après qu’ilz seront d’accord de tout avec les Suédois, mettans en doute et
nians ce qu’ilz nous ont fait dire cy-devant sur ce point, ce qui nous met-
troit dans un estrange embarras. C’est pourquoy Sa Majesté recommande
à Messieurs les Plénipotentiaires d’avoir un particulier soin et application
à moienner que ledit duc nous fasse sortir de cette affaire, à quoy nous ne
doutons pas qu’il ne s’emploie volontiers aiant tousjours avoué la justice
de nostre prétention, et connoissant que sans cella on sera bien loin de la
paix, et comme on void dans toutes les satires et invectives de Brun que
les Espagnolz font sonner haut que la France veuille dans un mesme
traitté se réserver la liberté d’assister le roy de Portugal, et l’oster à l’ Es-
pagne d’assister le duc Charles, il sera bon que Messieurs les Plénipoten-
tiaires revoient une longue dépesche qu’on leur a fait autrefois
les raisons que nous avons de prétendre cette différence qui sont sans ré-
plique et qu’il faudroit prendre grand soin de faire sçavoir à Munster et
partout ailleurs.
On apprend que le voiage du roy de Bohême en Espagne est comme
résolu. On voudroit bien demander maintenant aux députez de Mes-
sieurs les Estatz si ce prince y va pour marier l’infante au Roy comme
ilz en ont donné si souvent appréhension à leurs supérieurs par les sug-
gestions malitieuses des Espagnolz, qui en ont cependant tiré beaucoup
d’avantage.
Il y a beau champ aussy ce semble de faire comprendre aujourd’huy aus-
ditz Sieurs Estatz s’ilz seroient bien conseillez de désobliger cette cou-
ronne et de s’abandonner entre les mains des Espagnolz, et s’ils ne doi-
vent pas raisonnablement craindre que le roy de Bohême venant à hériter
de la couronne d’Espagne et estant assisté des forces de l’Empereur qui
sera son père ou son frère
valoir par les armes les droitz qu’il prétendra d’avoir sur les Provinces-
Unies quelques cessions et renonciations qu’elles aient pu exiger de son
beau-père, la maxime d’Espagne aiant tousjours esté qu’on n’est pas obli-
gé de garder la foy à des hérétiques et beaucoup moins encores quand il
se rencontre que ce sont des sujetz qu’ilz prétendent que nul contract,
traitté ny prescription ne sçauroit jamais rendre libres ny avoir obligé va-
lablement le prince qui s’est despouillé de la souveraineté.
On mande de Vienne que Penneranda y a escrit en termes pressans pour
faire encores différer ce voiage du roy de Bohême ou au moins empescher
qu’il ne se publie de quelque temps affin d’avoir tousjours moien de don-
ner jalousie aux Holandois du mariage de l’infante avec le Roy et de les
conduire mieux à ses fins par cet artifice.
Ledit Penneranda et le marquis de Castel Rodrigo sont les deux person-
nes qui certainement sont les plus contraires à la paix, représentans à ce
qu’on nous mande continuellement au roy leur maistre que s’il peut con-
tinuer la guerre encores trois ou quatre ans, leur sentiment est qu’il pré-
fère ce parti à tout autre.
Ilz essaient en mesme temps de faire insinuer à l’Empereur les mesmes
pensées par le moien de leurs adhérans et luy disent qu’il pourroit convo-
quer une diette générale de l’Empire, laquelle n’estant composée que de
seuls Allemans sans que ny la France ny la Suède y
pourroit accommoder entre eux, et exclurre les estrangers. Le duc de Ter-
ranova travaille présentement à Vienne à cette négotiation dont il semble
qu’il est à propos que nous prenions soin de faire informer monsieur de
Bavierre par ses ministres.
On a sceu en outre que les Espagnolz songent à faire une ligue avec le roy
de Dannemarck et s’appliquent dez à présent à gaigner son filz
Hg. Friedrich II. von Schleswig und Holstein (1609–1670), Sohn Kg. Christians IV. von
Dänemark; seit 1611 Koadjutor und Adm. verschiedener Hst.e, namentlich 1623–1648
Adm. von Verden, 1624 Koadjutor von Halberstadt, 1634–1648 Adm. des Est.s Bremen;
1648 Kg. (Friedrich III.) von Dänemark ( SBA A-85, 195–232; DBA I 349, 40; Kellen-
benz , Friedrich II.; Fabricius ; Ellehøj ; Lorenz , Bremen, 14f, 24; Mager , 90f).
résolu de tenir prez de luy quelque personne adroitte qui les serve. Ilz se
flattent que leur traitté s’achevant avec Messieurs les Estatz, ceux-cy en-
treront volontiers dans la mesme ligue contre la Suède qui aura pour pré-
texte la liberté du commerce de la mer Baltique et que le roy de Pologne
aussy pourra estre de la partie.
Nous apprenons de plus que les ministres d’Espagne croyent que le duc
de Bavières a plus fait pour eux rompant seulement avec la Suède et con-
tinuant la neutralité avec la France que s’il eust rompu en mesme temps
contre les deux couronnes, tenant pour infaillible que cella causera bien-
tost de la division entre elles qu’ils se préparent desjà de fomenter à bon
escient par toutes les voies dont ilz pourront s’aviser, mais par les ordres
que l’on a donnez à Messieurs les Plénipotentiaires les Suédois verront
bien clair dans nostre intention, et ainsy toutes les espérances de noz en-
nemis s’en iront en fumée.
On a remarqué dans le manifeste qu’a publié le duc de Bavière qu’il dit
que les Médiateurs avoient déclaré à ses députez que la résolution qu’il
avoit prise causeroit la dernière ruine de la religion en Allemagne et y
rendroit la guerre immortelle. C’est à Messieurs les Plénipotentiaires de
voir si cella mérite d’estre relevé et qu’on fist cognestre au Nonce particu-
lièrement que nous nous appercevons fort bien que soit sous prétexte de
piété ou autrement il n’a laissé guères eschapper d’occasion de nous nuire.
Comme monsieur de Turenne qui s’avance sur le Rhin sera fort en peine
de la conduitte qu’il devra tenir envers monsieur de Bavières, Sa Majesté
recommande de nouveau à Messieurs les Plénipotentiaires de luy faire
sçavoir le plus tost qu’il leur sera possible en quelz termes ils seront de-
meurez là-dessus avec les ministres de Suède ensuitte du contenu au der-
nier mémoire. Il a cependant ordre de ne rien innover jusques à ce qu’il
reçoive des nouvelles de Munster
Vgl. [ nr. 210 Anm. 9 ] .
Si lesditz ministres consentent que nous différions pour quelque temps
noz ressentimens contre Bavières, ils examineront ensemble ce qu’on
pourra en dire au sieur Ernest, affin de faire valoir à son maistre les dili-
gences que la France fait pour s’empescher de rompre contre luy et qu’il
nous tire au plus tost de l’embarras où nous nous trouvons là-dessus par
la prompte conclusion de la paix parce qu’à la fin quelque bonne volonté
que la France eust, elle seroit contrainte de prendre d’autres résolutions.
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu dans une lettre que leur escrit
le sieur Chanut du 28 e septembre dont il a adressé icy la copie
avoit dépleu en la cour où il est la façon dont Konigmarch avoit receu les
mutinés de nostre armée pour diverses particularitez qu’il marque qui
peuvent faire mal juger de la sincérité dudit Konigsmarch, ce que l’on
avoit pourtant trouvé à propos de dissimuler.
Peut-estre que maintenant que Konigsmarch joindra le général Wrangel
qui se rapproche de luy, il y aura lieu d’y donner quelque autre ordre qui
dissipe tous ces ombrages soit en nous faisant rendre ce corps, ou bien le
général Wrangel le retenant prez de luy et l’ostant à Konigsmarch lequel
estant Allemand pourroit se laisser avec le temps gaigner à ce spécieux
nom de liberté germanique et à un coup prez faire le tour de Jean de
Wert avec plus de succez que luy, et quoyqu’on ne doive pas croire aisé-
ment de pareilles actions d’un homme d’honneur, il ne manque pas de
gens qui l’appréhendent sur ce qu’ilz voient que les ennemis s’en flattent.
Il semble que nous devons prendre cette conjoncture pour travailler de
nouveau à cette affaire et que Messieurs les Plénipotentiaires pourroient
quand la jonction des armes de Suède sera faitte y envoier quelque per-
sonne affectionnée et intelligente pour en traitter avec Wrangel qui vray-
semblablement aura receu là-dessus des ordres de la royne sa maistresse
telz que nous pouvons les désirer, et on pourroit luy représenter qu’ils
ont grand intérest de nous rendre ces trouppes non seulement pour le
mauvais exemple qu’elles peuvent donner dans une armée qui ne fait ja-
mais de monstre, mais pour mettre la nostre en estat de pouvoir agir uti-
lement , luy disant que d’avoir ou n’avoir pas ce corps fera que monsieur
de Turenne pourroit tenir la campagne ou ne la tenir pas. Il sera bon be-
soin aussy que la personne qu’on choisira pour cette négotiation soit
adroitte pour empescher que Konigsmarch ne destruise sous main tout
ce qu’il avanceroit d’ailleurs par la faveur de Wrangel.