Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
187. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Fontainebleau 1647 Oktober 4
Fontainebleau 1647 Oktober 4
Kopien: AE , CP All. 89 fol. 241–253 = Druckvorlage; AE , CP All. 102 fol. 208–216;
Ass.Nat. 273 fol. 475–484. Konzept: AE , CP All. 85 fol. 267–274.
Beilage; Aufkündigung des Ulmer Waffenstillstands durch den Kurfürsten von Bayern und
Marsch seiner Truppen auf Memmingen. Brief des Kurfürsten von Bayern an Mazarin: Be-
gründung seines Vorgehens; kein Bruch mit Frankreich beabsichtigt. Dem Eindruck eines
französischen Einverständnisses mit dem Vorgehen Kurbayerns ist unbedingt entgegen-
zuwirken . Weisung an Turenne, unverzüglich Luxemburg zu verlassen und den Rhein zu
überqueren; Verstärkung seiner Armee. Mutmaßungen über die Motive des Kurfürsten von
Bayern. In Abstimmung mit den Schweden Dissimulierung der eigenen Absichten gegenüber
Kurbayern. Zur Demonstration der französischen Mißbilligung des kurbayerischen Neutra-
litätsbruchs Vorgehensweise gemäß den schwedischen Wünschen; möglicherweise Vereini-
gung der Truppen Turennes und Königsmarcks oder Hessen-Kassels.
Keine Arretierung Krebs’; dessen Verständigungsbemühungen. Informierung des Kurfürsten
von Bayern über die wahren Absichten der Kronen. Stimmung im Reich gegen Frankreich
und Schweden gerichtet; als Gegenmaßnahme französisch-schwedische Erklärung über den
Friedenswillen und die Absichten der Kronen erwägenswert. Kaiserliche Assistenz für Spa-
nien und den Herzog von Lothringen.
Sondierungen Du Moulins im Auftrag des Herzogs von Lothringen. Militaria; Haltung des
Kurfürsten von Köln. Freude über die Regelung von zwanzig Vertragsartikeln in den Ver-
handlungen mit Spanien. Große Bedeutung der Überzeugung der Mediatoren vom franzö-
sischen Friedenswillen. Niederländisch-portugiesische Verhandlungen. Pauw und Knuyt.
Weisung an Chanut bezüglich der Haltung Kurbayerns. Gunstbezeigungen für Landgraf
Wilhelm VI. von Hessen-Kassel. Hofnachrichten. Militaria. Auswirkungen der militärischen
Lage auf die Verhandlungsbereitschaft Spaniens.
On envoie ausditz Sieurs Plénipotentiaires la copie des avis que nous a
donnés cette semaine par un courrier exprès le sieur d’Erlach
Johann Ludwig von Erlach, durch Heirat von Kastelen (1595–1650), Soldat bei wechseln-
den Herren, zeitweilig Rat der Stadt Bern; er stand seit 1638 in Diensten Hg. Bernhards
von Sachsen-Weimar und wurde von diesem zum Generalmajor und zum Gouverneur von
Breisach ernannt; nach dessen Tod (1639) unterstand er direkt frz. Befehl; 1650 wurde er
maréchal de France ( ABF I 375, 204ff; DBA I 289, 272–282; Steiger , 592; Gonzenbach ).
lution qu’avoit prise monsieur de Bavières de rompre la neutralité arrestée
à Ulm, et de marcher avec ses forces pour s’emparer de Memminghen.
Il n’y a plus de lieu de douter qu’ilz ne soient véritables, ledit duc aiant
escrit à Monsieur le Cardinal aux termes qu’il a fait dans une lettre qui est
du 4 e du passé
exaggéré l’impossibilité qu’il trouvoit à tenir plus longtemps ses troupes
dans des quartiers si estroits sans la ruine totale de ses sujetz et sans le dé-
périssement entier desdites troupes, qui passent malgré luy de jour à autre
au service de l’Empereur, et après s’estre plaint du peu d’espérance qu’il y a
de la paix de l’Empire, la couronne de Suède aiant mis en avant des préten-
tions hors de toute mesure pour la satisfaction de sa milice, et se connois-
sant à ce qu’il prétend qu’elle ne vise qu’à perpétuer la guerre et exterminer
la foy catholique, il conclud qu’il sera contraint de prendre des résolutions
dignes d’un prince chrestien pour le soustien de la religion avec protesta-
tion néantmoins de ne contrevenir en quoy que ce soit à ce qui a esté arresté
à Ulm à l’esgard de la France.
Il semble que ce que nous avons à faire de plus pressé et de plus important
en cette occurence c’est de parler en sorte aux ministres de Suède, comme
aussy à tous ceux des princes et estatz protestans, que non seulement il ne
puisse leur tomber dans l’esprit le moindre ombrage que nous aions au-
cune part imaginable à la résolution que monsieur de Bavières a prise,
comme ilz pourroient peut-estre en concevoir quelqu’un voiant qu’il
rompt avec eux, et qu’il semble vouloir nous espargner, mais qu’ils con-
noissent encores que nous ne nous sentons pas moins offensés qu’eux et
picqués contre luy de son procédé, et que nous somm〈es〉 prestz à faire
tout ce qui sera désiré de nous et en nostre pouvoir pour nous venger et
l’en faire repentir.
Que pour se mettre en cet estat aussytost que la Reine a eu cette nouvelle,
elle a despêché un courrier à monsieur de Turenne pour luy ordonner de
quitter tout dans le Luxembourg
des progrès, et sans considérer aussy que les frontières du roiaume de-
meurent exposées aux incursions des troupes qu’a Beek
Rhin sans perdre un seul moment de temps avec l’armée qu’il commande.
Que cependant on n’obmet aucune dilligence possible pour la renforcer
jusques à destacher un corps considérable de celle que le Roy a dans la
Flandres pour l’y joindre, quoyque le besoin de la tenir tousjours forte
soit tel que tout le monde le peut juger de l’immobilité des armes de Mes-
sieurs les Estatz, qui nous laissent desmesler seuls les affaires des Païs-Bas.
Geldbeschaffung für die Armee Turennes und neue Truppenaushebungen.
Certainement il est estrange, et il faut qu’il y ait quelque fatalité que le
prince de toute l’Allemagne qui a le plus d’intérest à la prompte conclu-
sion du traitté de l’Empire, et qui en effet la souhaitte le plus, soit celuy-là
mesme qui la recule aujourd’huy par la conduitte qu’il tient, et qui la
pourroit faire en quinze jours s’il en eust pris une toute différente.
Et comme une personne d’une prudence si consommée ne prend pas des
résolutions de la dernière importance sans de très puissantes raisons et
sans en examiner bien les suittes, on juge que pour s’estre déterminé à
celle qu’il fait aujourd’huy, qui peut aussytost causer la ruine de sa mai-
son que produire les bons effectz qu’il s’est proposé, il faut qu’il ait creu
de deux choses l’une. Que les couronnes alliées ou au moins la Suède ne
veulent pas la paix, et que pour les y obliger il faut qu’elles comman-
cen 〈t〉 à craindre les succès de la continuation de la guerre, à quoy il
aura estimé ne pouvoir mieux parvenir que par la jonction de ses forces
avec celles de l’Empereur, ne doutant point que quand les couronnes se-
ront disposées à conclure le traitté, il n’oblige après l’Empereur à donner
les mains à ce qui sera raisonnable.
L’autre qu’il pourra tousjours mesnager l’amitié et l’appui de cette cou-
ronne quoyqu’il rompe avec la Suède, et qu’en tout cas la France y pre-
nant part et se déclarant contre luy elle le sauvera tousjours dans un be-
soin pour l’intérest de la religion catholique. En effet on voit qu’il n’a
point hésité de nous envoier sa ratiffication du traitté d’Ulm, et qu’il avoit
dirigé au mesme but la conduitte de son frère l’électeur de Coulogne
Kf. Ferdinand von Köln hatte den Ulmer Waffenstillstandsvertrag (s. [ nr. 7 Anm. 14 ] ) am
2. Mai 1647 ratifiziert ( Foerster , 289 Anm. 131).
mais l’un et l’autre ont eu grand tort, ou pour mieux dire nous l’ont fait
de nous croire capables de les voir aux mains avec nos alliez, et de demeu-
rer oisifz à les regarder faire.
Ce procédé où il y a quelque artifice meslé, et peut-estre mesme mauvaise
intention de semer de la division entre nous et nos alliés, a fait penser icy
que peut-estre seroit-il plus avantageux et plus selon la prudence d’y res-
pondre pour quelque temps avec le mesme artiffice, c’est-à-dire qu’au
lieu de faire inutilement esclatter nos ressentimens dans une saison où le
coup ne peut pas suivre de près la menace, il vaudroit mieux dissimuler
jusques à ce que nous nous voions en estat de le frapper à propos et avec
proffit, comme nous espérons d’y estre bientost dans l’intention que
Leurs Majestés ont de ne rien espargner pour renforcer l’armée d’ Alle-
magne , parce que cependant l’espérance que concevra ce prince de pou-
voir se maintenir bien avec la France l’empeschera peut-estre de se porter
à des résolutions plus dangereuses qu’il feroit autrement, ou contre nos
alliez, ou contre nous-mesmes, entreprenans sur nos places du Rhin pen-
dant que nostre armée s’en trouve encores esloignée, ou qu’i arrivant elle
ne peult dans l’estat où elle est tenir teste à la sienne.
Et à la vérité s’il assembloit son armée pour venir à Memmingen comme
le sieur d’Erlach le mande, il y auroit de quoy louer Dieu dans cet acci-
dent , que ce prince voulant estre meschant ne l’ayt esté qu’à demy, car si
sans marchander il eust mis ses forces avec celles de l’Empereur, il est sans
doute qu’il eust fait courir grand risque d’une déroute totale à l’armée
suédoise après quoy et Memminghen et les autres places qu’il eût voulu
entreprendre n’auroient guères tenu devant luy.
Cette dissimulation néantmoins dont on propose d’user en cette rencon-
tre ne doit estre pratiquée que de concert avec les ministres de Suède, et
en cas qu’ils l’approuvent plustost que les ressentimens que nous pour-
rions faire hors de temps, car le bien que nous en pouvons tirer n’est pas
comparable au préjudice que nous feroit le moindre soubçon que nos al-
liez se mettroient dans l’esprit de nostre sincérité et que la France eust en
quelque façon connivé à ce que Bavières fait.
Aussy l’intention de Leurs Majestés est que Messieurs les Plénipotentiai-
res offrent ausditz ministres de Suède pour ainsy dire la carte blanche
dans cette occurrence, et qu’ilz n’ont qu’à tesmoigner ce qu’ils désirent
de nous pour faire paroistre que nous sommes entièrement innocens de
la mauvaise conduitte de ce prince, et que nous sommes prestz à vanger
les injures qu’il leur aura faites, comme s’il se fust adressé à nous-mesmes,
soit qu’ils aiment mieux que nous fassions dès à présent toutes les démons-
trations publiques de nostre ressentiment, soit qu’ils jugent comme l’on
fait icy qu’il seroit mieux de le tenir couvert pour quelque temps affin
d’asseurer le coup plus fortement, travaillant cependant pour le remettre
dans le bon chemin, et mettant sans perte de temps nostre armée en estat
que la vengeance suive immédiatement la déclaration que nous ferons de
l’offense receue. Et mesme pour en mieux asseurer l’effet, on pourroit
concerter dès à présent que Königsmarck se joignist avec le mareschal de
Turenne, les troupes de Madame la Langrave estans maintenant suffisan-
tes après l’accident arrivé à Lamboy pour agir avec succès dans le cercle
de Westphalie, ou si à cause des mutinés qui sont avec Königsmarck on
jugeoit plus à propos qu’il demeurast de delà, la plus grande partie des
forces de Madame la Langrave pourroient se joindre avec ledit sieur ma-
reschal .
Voillà les sentimens où l’on est icy, mais si Messieurs les Plénipotentiaires
jugent à propos de tenir de delà une autre conduitte et de parler plus ou
moins aux Suédois, Sa Majesté trouve bon qu’ilz le fassent et approuve
dès à présent la résolution qu’ils prendront.
On a examiné icy si on devoit arrester le sieur Krebs qui a ordre de son
maistre il y a près d’un mois de se rendre près de luy avec la résolution de
Sa Majesté sur le traitté d’alliance qu’il avoit proposé , et passer de là à
Munster. Mais tout bien considéré on a creu qu’il valoit mieux le laisser
aller, non pas tant sur le fondement cy-dessus de dissimuler, comme parce
que l’on croit de l’avoir gaigné pour cette couronne, et qu’il importe
qu’une personne bien informée de nos sentimens, et en qui monsieur de
Bavières a croiance, puisse l’entretenir de vive voix sur diverses particula-
rités où il se voit que nos parties l’abusent, outre que nous avons veu que
nous n’aurions pas grand acquest de nous saisir de la personne d’un
simple docteur, et qu’en tout cas nous pourrons faire cette démonstration
si elle est jugée nécessaire sur le résident qui est icy qui est encores de
meilleure condition. C’est ce que Messieurs les Plénipotentiaires pourront
faire sçavoir aux ministres de Suède s’ils trouvoient estrange qu’on eust
laissé partir ledit sieur Krebs, après avoir sceu que Bavières se mettoit en
devoir de rompre la suspension d’armes.
Ledit sieur Krebs nous a asseurés de nouveau de la part de son maistre
qu’il est prest de s’engager en la forme qu’on le désirera, la paix se con-
cluant à la manutention de ce qui a esté promis aux couronnes pour leur
satisfaction dans l’Empire, et qu’en cella il ne distingueroit pas la Suède
d’avec la France.
Le mesme Krebs a fait de grandes instances pour se faire donner en par-
tant un mémoire abrégé des conditions ausquelles les couronnes signeront
la paix dans un instant en cas que l’Empereur y consente, asseurant que
son maistre se fait fort de l’obliger d’y donner les mains pourveu qu’on se
mette à la raison, comme il connoist que la France y est si elle ne prétend
rien de nouveau, et qu’elle admette des tempéramens sur l’assistance de
l’Empereur aux Espagnolz. Car pour celle du duc Charles il soustient
tousjours plus fermement qu’il n’y a prince ny estat en Allemagne qui
veuille que la guerre dure seulement un quart d’heure pour ses intérestz,
et proteste que Bavières parlera pour les intérestz de la France hautement
là-dessus s’il y a nécessité de le faire.
Il a ajousté que son maistre est entièrement persuadé que la Suède ne veut
point de paix et ne vise qu’à ruiner la religion catholique, et que si on
pouvoit le destromper de cette opinion et luy faire connoistre que la
Suède est sincèrement disposée au repos de l’Empire, il engageoit sa vie
qu’il feroit conclure la paix en vingt-quatre heures sans que les Impériaux
songeassent à retrancher ny changer la moindre chose à tout ce qui a esté
accordé pour la satisfaction des couronnes.
On a eu grand regret de ne pouvoir luy parler que de ce qui nous regarde,
car il y a apparence que si nous eussions sceu à peu près le dernier mot où
se peuvent relascher les plénipotentiaires de Suède pour la satisfaction de
leur milice, on eust pu tirer beaucoup de fruit de cette négotiation, et si
elle n’eût produit la paix de l’Empire, peut-estre eust-elle prévenu à temps
les résolutions qu’est sur le point de faire monsieur de Bavières faute
vraysemblablement d’estre bien esclaircy des intentions des couronnes.
On n’a pas laissé de persuader ledit Krebs le mieux que l’on a pu, et que la
France s’emploiera volontiers à disposer ses alliez à se contenter de la
raison et de la possibilité dans ce point de la satisfaction de la milice. Ce-
pendant c’est aux ministres de Suède à considérer s’ils estimeroient à pro-
pos de donner quelque pouvoir à Messieurs les Plénipotentiaires pour
l’ajuster, en leur disant confidemment leurs dernières résolutions que
l’on essaieroit de mesnager le plus avantageusement qu’il seroit possible.
En ce cas il faudroit en escrire sans perte de temps au sieur d’Herbigny
affin qu’à l’arrivée du sieur Krebs monsieur de Bavières pust estre in-
formé esgalement de ce qui regarde la France et la Suède et prendre au
moins ses mesures sur des fondemens certains et non pas sur des illusions
que nos parties ont l’adresse de luy faire passer pour des vérités constan-
tes , comme celles que les couronnes ne veulent point de paix, et que ce-
pendant la conduitte qu’il tient cause la ruine de la religion catholique
dont sa maison a esté tousjours un des plus fermes boulevards, sur quoy
on sçait que l’évesque d’Osnaburg n’a pas oublié de desploier toute son
éloquence, et d’y ajouster mil artifices et quantité de discours qu’il nous
fait tenir à nous et aux Suédois sans que nous y aions jamais songé.
Et certes c’est un malheur déplorable et qui peut couster cher à la chres-
tienté et à l’Allemagne en particulier que les couronnes souhaittans la
paix de l’Empire avec un désir égal, et monsieur de Bavières n’aiant autre
passion que celle-là il se porte contre elles sur une supposition qu’elles ne
la veulent pas, qui est entièrement fausse. Il semble qu’il doit suffire
qu’une chose soit véritable en soy pour n’estre pas en peine de la persua-
der à un chacun, et cependant nous sommes à la veille de voir
guerre pour n’en sçavoir venir à bout, les artifices de nos parties prévalant
tousjours à nostre sincérité.
Messieurs les Plénipotentiaires asseurent par leur dernière despêche que
la plus grande partie des députés de l’assemblée ne doute plus que nous
ne soions entièrement disposés à la paix. Cependant le sieur Krebs nous
a dit encores ce matin que tous ses avis estoient contraires, et que tous
ses correspondans luy mandoient aussy bien qu’à son maistre qu’il ne
la faloit espérer des couronnes que par les armes, et que la France en
particulier ne songe qu’à achever le traitté d’Espagne pour pouvoir per-
pétuer la guerre dans l’Empire, dont le duc de Bavières
che aussy un mot dans la lettre qu’il escrit à monsieur le cardinal Ma-
zarin .
Il seroit tousjours rude que les Espagnolz eussent tousjours plus d’heur
d’imprimer dans l’esprit d’un chacun des menteries et des chimères que
nous des vérités solides, mais il est tout à fait insuportable que lorsqu’ilz
empeschent visible〈ment〉 la conclusion du traitté de l’Empire et qu’ils
s’y opposent par toutes sortes de moiens depuis qu’ils ont peu s’emparer
tout à fait de l’esprit et des délibérations de l’Empereur par le leurre du
mariage de leur infante, ils aient néantmoins l’industrie de pouvoir faire
rejetter sur nous le blasme du retardement de la paix, et qu’en cella ilz ne
trompent pas simplement le petit peuple, mais aveuglent un prince si sage
et si clairvoiant qu’est monsieur le duc de Bavières.
C’est pourquoy Sa Majesté désire que Messieurs les Plénipotentiaires exa-
minent de nouveau sérieusement quelle voie on pourroit prendre pour
destromper le public d’une impression qui nous est si préjudiciable, ne
se contentans pas de dire et asseurer que les couronnes veulent la paix,
mais venans au point et le faire toucher au doigt à un chacun, et que
nous en pressons la conclusion par tous les moiens dont nous pouvons
nous aviser, mais que les Impériaux reculent, et avouent eux-mesme[s]
de n’avoir point receu d’ordre de leur maistre depuis l’arrivée du comte
de Trautmansdorff près de luy.
Et sur ce sujet on met en considération à Messieurs les Plénipotentiaires si
pour mieux parvenir au but que nous nous proposons il seroit à propos de
concerter avec les ministres de Suède et mettre de nouveau au jour outre
nos projetz une espèce de déclaration semblable en quelque façon au pa-
pier dont Krebs nous fait icy instance, c’est-à-dire qui contient en sub-
stance les bons sentimens que les couronnes ont pour la paix et leurs der-
nières intentions, en sorte que le monde demeurast persuadé de deux cho-
ses s’il est possible. L’une qu’elles ne peuvent s’estre mises plus à la raison
qu’elles ont fait, puisqu’on ne prétend quasy que ce qui a esté promis, et
que pour le point de la satisfaction de la milice on ne demande qu’à trait-
ter , aiant desjà esté arresté qu’elle est deue, et qu’il n’y a qu’à convenir du
plus ou du moins. L’autre que le repos de l’Empire peut estre establi dans
un jour si les Impériaux marchent de bon pied à la paix, et en ont seule-
ment la moitié de l’envie qu’ilz veulent donner à entendre.
On a dit simplement qu’on met cella en considération à Messieurs les Plé-
nipotentiaires parce que ce sera à eux à examiner sur les lieux si cette décla-
ration faite hors des formes et contre l’attente d’un chacun dans une con-
joncture d’affaires qui ne semble pas favorable à nostre parti ne pourroit
point nous faire autant de mal que de bien, comme il arriveroit si ce que
nous faisons pour le seul désir du bien de la chrestienté estoit imputé à
foiblesse et à crainte des succès de la guerre, et que cette croiance réunist
plus que jamais Bavières et tout le parti catholique à l’Empereur dans l’ es-
pérance que l’occasion ne peut estre plus belle pour abattre les protestans et
relever la religion catholique, ne considérans pas qu’elle reçoit plus de
dommage en six mois de guerre qu’elle n’eust peu faire par quelques arti-
cles qui avoient esté accordés aux protestans pour restablir la paix, et que
sans que cette couronne le puisse empescher, et à son grand regret il arrive
des accidens qui luy causent des préjudices à jamais irréparables.
Il peut n’estre pas seulement inutile, mais préjudiciable mesme de parler
trop de paix lorsque les ennemis n’en veulent point et ne songent qu’aux
préparatifs de la guerre.
Neántmoins il semble qu’il peut y avoir un milieu à tenir là-dedans, qui
est de faire voir que l’on la désire affin de gaigner l’affection de ceux qui
ont le mesme sentiment, et particulièrement Bavières et les princes et
estatz de l’Empire qui souhaittent si passionnément le repos, mais de faire
connoistre en mesme temps que l’on s’en passera aisément si nos parties
persistent dans leur froideur et à chercher des subtilités pour chicanner et
faire rebrouiller tout ce qui a desjà esté accordé et à former de nouveaux
obstacles à la conclusion du traitté.
On ne seroit pas d’avis de relascher rien dans cette conjoncture, mais bien
de faire connoistre nuement la vérité de ce qui se passe parlant tousjours
avec résolution et vigueur.
Par cette conduitte on empeschera en tout cas infalliblement l’union du
parti protestant avec le catholique contre les couronnes, laquelle eust esté
à craindre si aiant tous deux une passion extrême et un esgal besoin de la
paix ilz eussent peu croire que lesditz couronnes n’y ont aucune disposi-
tion ; au contraire chacun venant à connoistre qu’elles la souhaittent sin-
cèrement et que les Espagnolz dont le nom est desjà odieux et fatal à
l’Empire la traversent, aiant tel pouvoir sur l’esprit de l’Empereur et de
ses ministres qu’ils l’obligent de sacrifier entièrement ses intérestz par-
ticuliers et de l’Empire à ceux de la couronne d’Espagne, tant s’en faut
qu’on ait à appréhender que le parti protestant adhère à leur dessein qu’il
est à présumer qu’il s’unira plus estroitement que jamais aux couronnes,
reconnoissant bien que si leur puissance venoit à estre abbatue dans l’ Em-
pire , ilz ne seroient pas longtemps, n’aians plus de protection à qui recou-
rir au besoin, sans estre réduitz au mesme estat pitoiable, dont ils se sont
tirés par nostre assistance.
En cas qu’il soit jugé à propos après en avoir conféré avec nos alliez de
pratiquer l’expédient cy-dessus d’une déclaration des couronnes sur les
affaires présentes, Messieurs les Plénipotentiaires aviseront si l’on doit y
insérer quelque chose des tempéramens que nous sommes disposés d’ ac-
cepter sur le point de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz, et de voir
si cella ne sera point pris pour un relaschement contre ce qui est dit cy-
dessus qu’il faut essaier d’éviter.
Mais il est indubitable qu’il faudroit
monde l’injustice des Impériaux dans l’assistance qu’ilz prétendent se ré-
server de donner au duc Charles, qui est à proprement dire vouloir que
nous nous li[i]ons les mains à ne pouvoir rien entreprendre contre l’ Em-
pereur et que nous les luy laissions libres à nous faire tout le mal qu’il
pourra et nous continuer la guerre sous un autre nom. On ne doute pas
que Messieurs les Plénipotentiaires n’aient chargé le sieur d’Herbigni de
parler comme il faut sur cecy à monsieur de Bavières et que ce ne soit un
des pointz de son instruction.
Messieurs les Plénipotentiaires sçauront qu’estant venu icy de Bruxelles
un religieux minime
réunion du duc Charles et de madame de Lorraine
neur de voir la Reine, et l’aiant obtenu luy a dit que ledit duc l’avoit
chargé d’asseurer Sa Majesté de son obéissance à tel point qu’il estoit
prest de faire tout ce qu’il
l’effet de ses grâces qu’après qu’il auroit exécuté tout ce que l’on auroit
désiré de son service. On s’est contenté de respondre en termes généraux,
qui entretiendront pourtant la négotiation, luy faisant seulement un petit
reproche qu’il se voioit qu’il vouloit servir les Espagnolz l’esté et l’hiver,
leur aiant donné toutes ses trouppes pendant la campagne, et voulant
après que ce fust à nous à leur trouver des quartiers d’hiver que les Espa-
gnolz leur refusent. L’affaire est d’assés grand poidz pour mériter d’estre
bien examinée, et Sa Majesté désire que lesditz Sieurs Plénipotentiaires
luy en mandent leurs avis au plus tost. On considère en cella que la paix
venant à se conclurre l’hiver, il auroit eu de son costé tout l’avantage sans
que nous eussions tiré aucun service de luy ny de ses trouppes, et mesme
que la paix ne se faisant pas, comme on doit tout croire, et craindre tout
changement de l’inconstance qui luy est si naturelle, nous ne serions pas
fort asseurés qu’après l’avoir entretenu durant la mauvaise saison il n’ al-
last encores passer la belle au service de nos ennemis.
On se paie volontiers des excuses que les Hessiens et Königsmarck nous
ont données sur la demande que nous leur avons fait de nous prester de
leurs troupes pour quelque temps, puisqu’elles ont esté emploiées si uti-
lement que d’avoir donné un eschec considérable à Lamboy à ce que nous
aprenons par les derniers avis d’Allemagne. Peut-estre que l’électeur de
Coulogne auroit escouté plus favorablement le sieur de Saint-Romain s’il
se fust trouvé près de luy dans ce rencontre, y aiant grande apparence que
la résolution qu’il a prise de rompre la neutralité a esté fondée en partie
sur les progrès que devoit faire ledit Lamboy, et cet accident pourra aussy
par contrecoup produire un bon effet envers monsieur de Bavières.
Sa Majesté a esté bien aise d’apprendre que des vingt-un premiers articles
du traitté d’Espagne il y en ait vingt d’arrestés; le délay qu’ont pris les
Espagnolz de les faire parapher ne peut estre long, puisque ce n’est que
pour les tourner en leur langue, et on attendra maintenant de sçavoir ce
qui s’ajustera pour les suivans.
C’est un grand coup pour nous d’avoir les Médiateurs favorables et per-
suadés de la sincérité de nos intentions pour la conclusion de la paix; il ne
faut rien oublier pour les y confirmer et pour essaier par l’entremise du
sieur Contareni de tenir tousjours les députés de Holande en devoir.
Le sieur de La Thuillerie nous a donné avis que Messieurs les Estatz se
rendent plus traittables dans les différens qu’ilz ont avec les Portugais,
aians enfin commencé d’escouter et d’entrer en conférence sur des moiens
d’accommodement .
Il semble que les ministres de Portugal qui sont à Munster
Vertreter Portugals auf dem WFK in Münster waren zu diesem Zeitpunkt Andrade Leitão
und Pereira de Castro ( Prestage , 15; Brazão ; Cardim ). – Dr. Francisco de Andrade
Leitão (gest. 1655), 1641 Ges. in England, 1642 bei den Gst. ( ABEPI I 49, 145–148;
GEPB II, 547f; Roma du Bocage , 228). – Luís Pereira de Castro (1582–1649), 1643
port. Botschafter in Paris ( ABEPI I 723, 198–201; GEPB XXI, 211; Roma du Bocage ,
258).
guères mieux emploier leur temps ny plus utilement pour les intérestz de
leur maistre qu’à courtiser les députés de Messieurs les Estatz et particu-
lièrement Pau, et pratiquer toutes sortes de moiens pour se le rendre fa-
vorable et l’obliger à entreprendre leur affaire près de Messieurs les
Estatz, et quand pour cella ilz luy sacrifi[e]roient deux cens mil escus, ils
ne seroient que bien emploiés pourveu qu’il fist l’accommodement.
C’est une bonne négotiation et bien aisée, puisque de la part de Messieurs
les Estatz demander et obtenir sera quasy une mesme chose, et il n’y a
qu’à travailler et faire que l’envie de s’accommoder leur continue, car les
Portugais de leur costé ne trouveront rien de trop rude ny de trop cher
pourveu qu’ils puissent s’asseurer l’amitié et l’appui des Provinces-Unies.
On peut faire comprendre aux députés de Holande que s’ilz n’ajustent
cette affaire avant la conclusion de la paix, il sera bien à craindre que pen-
dant qu’ils se débatteront avec les Portugais pour le Brésil, les Espagnolz
n’y surviennent avec une grande armée qu’ils auront moien alors de met-
tre facilement en bon estat et qu’ainsy un tiers ne se prévalle de leurs
divisions, et il est à croire que lesditz Espagnolz souhaitteront bien plus
que les Portugais aient de l’avantage en ces quartiers-là que non pas les
Provinces-Unies, qu’ilz auroient après plus de peine et moins de droit
d’en chasser.
Sa Majesté a esté bien aise d’apprendre que le sieur Pau tesmoigne à pré-
sent bonne volonté pour les intérestz de cette couronne; s’il y avoit quel-
que voie de l’engager à faire que Messieurs les Estatz parlassent aux Es-
pagnolz en la forme que nous pouvons désirer et qui a souvent esté man-
dée sur nostre traitté et que cella produisît la paix, il n’y a somme d’argent
pour considérable qu’elle fust qu’on ne tînt pour bien emploiée. Mes-
sieurs les Plénipotentiaires examineront s’il y auroit quelque moien de
luy en faire la proposition, et peut-estre que monsieur le duc de Longue-
ville pourroit luy en parler seul en confiance et s’obliger de paier en son
propre et privé nom.
Pour Knut qui donne plus de soubçon de sa conduitte, il se voit qu’il
continue à suivre les mouvemens de la princesse d’Orange, laquelle à ce
qu’on nous asseure a eu grande part à la résolution que l’électeur de Cou-
logne a prise de rompre la neutralité et au dessein que Lamboy avoit sur
l’Oostfrise.
On n’escrit que deux motz au sieur Chanut
chargeant seulement d’asseurer la reine de Suède que si les avis se trou-
vent véritables, Leurs Majestés s’en tiendront plus offensées qu’elle et fe-
ront tout ce qu’on sçauroit désirer d’elles pour s’en venger. On remet le
surplus à ce que luy feront sçavoir Messieurs les Plénipotentiaires, qui
auront soin de l’informer de la conduitte qu’ils auront tenue avec les mi-
nistres de Suède, affin qu’il règle la sienne là-dessus au lieu où il est et y
parle en mesme conformité.
Zur Unterbringung Landgraf Wilhelms VI. von Hessen-Kassel und zu
den ihm erwiesenen Ehren- und Freundschaftsbezeigungen. – Die anhal-
tende Krankheit Monsieurs ist laut Auskunft der Ärzte nicht gefährlich;
Hofnachrichten. – Verwundung Gassions während der Belagerung von
Lens; Reaktion Rantzaus. Die Feinde marschieren auf Diksmuide; Rant-
zau will gegebenenfalls dagegen vorgehen. Unsere Armee ist der feindli-
chen zahlenmäßig weit überlegen. Ebenso verhält es sich in Italien und
zur See. Die feindlichen Truppen in Katalonien wagen es nicht, sich zu
zeigen.
Il se pourroit faire cependant que cella mesme contribuast à enorgueillir
davantage les Espagnolz et les obligeast à continuer dans leur froideur
pour la paix, voiant que les événemens de la fin de la campagne en Flan-
dres ne respondent pas jusques icy aux apparences qu’il y avoit pour eux
de craindre beaucoup, mais il ne semble pas que la prudence solide deust
permettre un semblable raisonnement en des délibérations de si grande
importance ausquelles la fortune de tant d’Estatz et de royaumes est atta-
chée , mais plustost bien examiner la constitution des affaires de part et
d’autre, prendre ses mesures sur la maxime que le fort bat le foible ordi-
nairement , et faire son compte sur ce qui peut arriver probablement et
non pas sur ce que le hazard peut produire quelquefois de favorable con-
tre toute sorte d’apparence. C’est un tableau que les Médiateurs feront
grand service aux Espagnolz de leur représenter souvent affin de les em-
pescher de bastir des édiffices massifz sur de foibles fondemens, car enfin
sans vouloir leur imposer ils peuvent considérer en quel estat sont nos
affaires, si nous n’avons pas plus de forces qu’eux de tous costés et si un
grand roiaume comme est la France qui a remporté jusques icy sur eux
tant d’avantages et qui jouist en soy d’un profond repos en toutes ses par-
ties ne peut pas se promettre bien vraysemblablement la continuation des
mesmes progrès contre l’Espagne espuisée d’hommes et affoiblie par tant
de révoltes qui la deschirent aussy bien dans ses propres entrailles que
dans les parties esloignées.