Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
119. Servien an Mazarin Münster 1647 August 26
Münster 1647 August 26
Ausfertigung: AE , CP All. 85 fol. 94–102’ = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 101 fol.
339–346’.
Empfangsbestätigung. Dank für das Wohlwollen Mazarins. Verteidigung der Ergebnisse des
Garantievertrags: Änderungen zur Zeit unmöglich; im Falle eines Friedensschlusses Verzöge-
rung der Ratifikation des Garantievertrags, um bessere Bedingungen zu erlangen; gegen-
wärtig keine Erteilung der von den Generalstaaten gewünschten Erklärung über den Mittel-
meerhandel ; nach Friedensschluß französische Forderung nach niederländischer Erklärung
zum Verzicht auf Assistenz für Spanien; Fristenregelung; Münster für diesbezügliche Ver-
handlungen ebenso ungeeignet wie eine unmittelbare Anfrage bei den Generalstaaten; Er-
läuterungen bezüglich der Modifikationswünsche Mazarins. Beschränkte Vertragstreue der
Generalstaaten.
Zur Haltung Pauws und Knuyts. Abreise La Courts nach Osnabrück. Angesichts des Ver-
haltens des Kurfürsten von Köln Rückkehr des Kurfürsten von Bayern auf die kaiserliche
Seite befürchtet. Reise Serviens nach Osnabrück geplant: Aufzeigen der Notwendigkeit von
Verhandlungen mit dem Kurfürsten von Bayern gegenüber den Schweden. Verhalten gegen-
über dem bayerischen Kurfürsten. Befürchtung, daß Kurbrandenburg Spanien Truppen
stellt; Gegenmaßnahme: Entsendung Saint-Romains. Haltung Pauws bezüglich des Ab-
schiedspräsents für Servien. Kosten des Aufenthalts in Den Haag.
Depuis mon arrivée en ce pays je n’aurois pas ozé importuner Vostre
Eminence de mes lettres |:pour diverses considérations qu’elle sçait mieux
que moy:|. Mais ayant receu par le dernier ordinaire les deux qu’il luy a
pleu de m’escrire des 9 et 16 de ce mois, j’ay cru qu’elle n’auroit pas dé-
sagréable que je prisse la liberté d’y faire response. Ich schulde Ihnen gro-
ßen Dank für Ihr Wohlwollen.
Vostre Eminence aura peu veoir par mes dépesches de La Haye que j’ay
esté le premier qui |:n’ay pu me satisfaire du traicté qui a esté fait avec
Messieurs les Estatz. Mon intention n’a pas esté de desguiser l’affaire ny
seulement de la représenter du meilleur costé pour avoir le gré qu’ont
accoustumé de chercher ceux qui ont esté chargez d’une négotiation dif-
ficile , j’ay plustost travaillé à faire paroistre les manquemens qui s’y sont
faictz par pure contrainte et les inconvéniens qu’on y doit craindre pour
l’avenir, afin qu’on y cherche des remèdes à temps, et qu’on ne se fie pas à
des promesses peu seures pour n’y estre pas trompé:|.
Vostre Eminence me permettra seulement de luy dire qu’en cela j’ay esté
|:celuy qui ay le plus blasmé ce que j’ay fait, et que beaucoup d’autres en
ont eu une opinion différente pour n’en cognoistre que les apparences, et
n’en sçavoir pas le fondz si bien que moy. Car en effect la Holande
mesme est demeurée surprise d’estre venue si avant après les précédentes
résolutions qu’elle avoit prises.
Si l’on devoit juger de l’affaire par le ressentiment des ennemis:|, Vostre
Eminence |:void qu’ilz en sont fort mal satisfaictz et que leurs partisans
sont contrainctz de se justiffier envers eux de ce qu’ilz n’ont pu les garen-
tir de ce préjudice. Je vous jure:|, Monseigneur, |:que le gouvernement des
Provinces-Unyes est aujourd’huy si changeant et si peu conduict par les
règles de l’honneur et de la raison que si le traicté de garentye n’eust esté
signé au temps qu’il l’a esté, certainement il n’eust point esté conclu en ces
termes, et qu’on a cherché divers prétextes pour m’obliger à le rompre:|.
Cela monstre qu’encor que |:on n’y doive pas prendre une entière con-
fiance , il seroit comme impossible maintenant d’y faire apporter aucun
changement. Mais le traicté de paix estant faict je croy qu’on doit faire
difficulté de le ratiffier jusqu’à ce que le poinct qui parle de l’assistance
des alliez ayt esté mieux expliqué, et cependant si Messieurs les Estatz
demandent quelque déclaration pour leur commerce de la mer Méditerra-
née , les entretenir de bonnes paroles en général, en leur disant que la dé-
claration qu’ilz nous ont faicte sur ce sujet en signant le traicté est suffi-
sante puisqu’on ne les y trouble point et que s’il y en faut adjouster de
nouvelles, il y sera pourveu lorsque les ratiffications seront délivrées de
part et d’autre. En ce temps-là si j’en suis cru les affaires du Roy estans
terminées avec l’Espagne, l’on leur donnera bien cette déclaration, mais
on leur en demandera une sur la promesse de n’assister point directement
ny indirectement les Espagnolz quelque guerre qui puisse arriver entre les
deux couronnes, et on leur parlera plus hautement qu’on n’a osé faire
jusqu’à présent.
Je ne doute point aussi qu’en ce temps-là on ne puisse obtenir que l’ Espa-
gne venant à entreprendre quelque nouveauté dans les Pays-Bas contre le
Roy ou contre Messieurs les Estatz, ilz ne se disposent à rompre plus tost
qu’au bout de six mois, mais je n’avois pas osé faire cette ouverture pour
ne faire point de différence entre les lieux où la rupture pourra cy-après
estre arrivée, ayant tousjours cru que ce seroit plustost du costé de Cata-
logne que des Pays-Bas, Messieurs les Estatz ayans autant d’intérest
d’empescher que l’hostilité ne recommence pas dans leur voisinage pour
n’y voir pas prospérer davantage les armes de l’une ou de l’autre couronne
qu’ilz se soucient peu qu’elles arivent et continuent ailleurs:|.
Vostre Eminence me permettra de luy représenter que |:il seroit très ma-
laisé et presque impossible de rien faire changer présentement au traicté
qui a esté faict:|. Oultre que l’on |:donneroit de nouveaux soupçons à noz
alliez, et qu’ilz reprendroient sujet de croire ou de dire que nous voulons
esloigner la paix, ce ne seroit pas icy le lieu où il faudroit faire cette pro-
position ; les députez de Messieurs les Estatz y viennent avec des ordres et
des instructions très limitées où certainement il ne se trouvera point de
pouvoir d’entrer en traicté avec nous sur cet article.
On ne réussiroit pas mieux de s’en addresser directement à Messieurs les
Estatz:|, car oultre que |:ce seroit commencer une négotiation de sept ou
huict mois, supposé mesme qu’elle deust produire quelque effect ce que je
ne croy pas, nous nous priverions par cette nouvelle poursuite du princi-
pal fruict du traicté qui a esté faict, lequel présentement consiste plus en
l’apparence de nostre réunion avec les Provinces-Unyes, en la satisfaction
que nous avons les uns des autres et en l’esclat que ceste nouvelle a faict
partout qu’en aucune autre chose:|. Il est bien vray que par ce moyen nous
pouvons aussy nous |:servir de l’entremise de Messieurs les Estatz ou de
l’appréhension qu’aura l’ennemy de nostre plus estroicte réunion avec eux
contre luy, pour avoir la paix aux conditions que nous avons cy-devant
proposées qui n’est pas un petit advantage:|.
Je prendray encor la liberté de dire à Vostre Eminence que |:le poinct
duquel elle souhaicteroit aujourd’huy la réformation est celuy où Mes-
sieurs les Estatz ont paru agir avec plus de sincérité:|; premièrement il
fault considérer qu’il est réciproque, |:les six mois estans aussi bien en
nostre faveur qu’en la leur. En deuxième lieu quand ce délay n’auroit pas
esté accordé, il seroit bien malaisé que l’une des partyes disant estre attac-
quée par surprise, l’autre pust rentrer sur le champ de la paix dans la
guerre sans avoir eu le temps de s’y préparer, soit en faisant des nouvelles
levées, soit en munissant ses places, soit en retirant ses hommes, ses vais-
seaux et les effectz de ses sujetz du pays du prince contre lequel on vou-
droit rompre:|. J’ay faict toutes les instances possibles |:avant la conclusion
du traicté pour faire limiter ce délay à deux ou trois mois, mais il m’a esté
impossible et ilz m’ont payé de raison en me faisant voir qu’il leur falloit
bien six mois pour pourvoir à leurs affaires avant qu’exécuter une si
grande résolution:|.
Quant à l’aultre point |:qu’ilz ne seront point obligez de rompre qu’en cas
de rupture générale entre les deux couronnes:| oultre que cette clause est
|:aussi réciproque, il eust esté malaisé de les obliger à prendre et exécuter
pour nostre deffense une résolution avant que nous-mesmes l’eussions
prise et exécutée. Messieurs les Estatz ne doivent rompre qu’en cas que
les places du Roy soient attaquées à force ouverte:|, j’avois estimé
qu’après cela |:deux roys pourroient malaisément demeurer en paix et
que de recourir à des négotiations sans employer les armes cependant
que l’on prendroit les places de l’autre, ce seroit se tromper soy-mesme,
et qui plus est ne paroistre pas sensible aux intérestz de la réputation que
les roys considèrent plus que toute autre chose:|. Je croy mesme que |:un
prince attaqué peut bien négliger sa deffense et différer son ressentiment,
mais que pour cela il n’empesche pas que ses places estans attaquées ou
prises par voye de faict, la rupture de la paix ne soit dès là faicte par son
ennemy:|.
Il est bien vray, Monseigneur, et les advis qui en ont esté donnez à Vostre
Eminence ne sont pas sans fondement que |:Messieurs les Estatz peuvent
avoir eu quelque intention de n’effectuer pas sincèrement ce qu’ilz ont
promis, et que sans doute ilz en ont faict donner secrettement espérance
à l’ennemy. Mais il est impossible de se garentir d’une infidélité quand on
traicte avec des gens qui n’ont pas honte de la commettre et qui mesme
font gloire de ne tenir pas leur parole. L’unique remède seroit ou de ne
traicter point avec eux, ou ne s’attendre pas à ce qu’ilz promettent. Le
greffier Mus me dit un jour effrontément que ses maistres ne faisoient
jamais de traictez qu’ilz ne songeassent en mesme temps aux moyens de
n’exécuter pas les choses qui les pouvoient incommoder:|. J’ay sceu aussy
que quand |:Pau et Knut firent celuy de 1635
Gemeint ist der frz.-ndl. Allianzvertrag vom 8. Februar 1635 (s. [ nr. 1 Anm. 32 ] ).
Haye qu’ilz avoient engagé l’Estat bien avant dans les intérestz de la
France:|, ilz respondirent avec un proverbe flamand que quand on auroit
|:faict entrer l’espousée dans le basteau, on ne tenoit des promesses qu’on
luy avoit faictes que celles qu’on vouloit :|.
Je remarque tout cecy à Vostre Eminence, non |:pour justiffier ce qui a
esté faict, mais pour luy faire mieux cognoistre l’humeur de ceux avec
qui nous avons à vivre, et desquelz présentement nous ne pouvons nous
passer. Néantmoins comme ilz ont un plus grand besoing de nous:|, il ne
sera pas malaisé |:après la paix faicte de les obliger à une conduite plus
raisonnable si l’on veut se résoudre en France pendant quelque temps à
les mespriser ou du moins à ne les craindre pas tant qu’on a faict jus-
qu ’icy:|.
Il ne fault pas s’estonner si |:Pau et Knut font parler Philippe Le Roy
comme il a faict à Bruxelles, ilz ont envie de gaigner l’argent qui leur a
esté promis:|; mais comme ilz ont |:tout deux fort peu d’honneur, ilz ne
seront pas faschez d’en tirer s’ilz peuvent des deux partyes, des Espagnolz
en leur faisant avoir la paix, et de la France en nous faisant obtenir les
conditions qui ont esté cy-devant proposées:|.
Sy Vostre Eminence a la moindre répugnance à se servir |:d’eux:|, je la
suplie très humblement de ne point considérer |:l’engagement où je puis
estre entré; je n’ay promis que d’en escrire à la cour favorablement et sur la
parole qui m’a esté portée qu’ilz serviroient fidellement le Roy dans la con-
clusion du traicté:|, c’est pourquoy il importe d’estre bien asseuré de |:leur
conduicte avant que s’engager à rien:|. Je suplie très humblement Vostre
Eminence de m’excuser sy je luy ay faict quelque proposition sur ce subjet
qui ne luy ayt pas esté agréable; je l’ay faicte d’aultant plus innocemment
que l’on a |:voulu rejetter sur moy toute cette affaire, et que ce sont deux
personnes qui m’ont extrêmement désobligé, pour faire voir que je mes-
prise mon intérest particulier quand il s’agit d’avancer le service du Roy:|.
Je n’ay pas bien explicqué ma pensée à Vostre Eminence sy je luy ay donné
subjet de croire que j’aye approuvé le sentiment |:que monsieur de Longue-
ville a eu sur ce sujet:|. Vostre Eminence |:a peu voir que je les ay combatus
assez librement par mes lettres. Mais j’ay estimé qu’il se tiendroit obligé
qu’on se servist de luy pour racommoder l’affaire, et que peut-estre:| Vos-
tre Eminence |:seroit bien aise de luy en donner le sujet, mais je cognois
bien qu’elle a très grande raison de ne vouloir obliger personne par aucune
voye qui puisse tant soit peu approcher de la foiblesse:|.
Monsieur de La Cour est party d’icy
Suédois combien les soupçons qu’ilz prennent trop légèrement ou leurs
animositez particulières nuisent aux affaires publiques, que pour n’avoir
pas pris le soing qu’il falloit de l’électeur de Cologne on l’a forcé de se
rejoindre à l’Empereur et qu’il en pourra arriver de mesme de monsieur
de Bavière si l’on ne travaille mieux qu’on n’a faict jusqu’icy à se bien
asseurer de luy et à l’attacher aux couronnes:|.
Après cela je fais estat de faire un voyage à Oznabrug |:pour leur faire
cognoistre la nécessité qu’il y a de faire un traicté particulier avec ledict
sieur électeur afin de moyenner s’il est possible qu’ilz nous recherchent
ou du moins qu’ilz consentent que nous traictions avec luy:|. Ce n’est pas,
Monseigneur, qu’une |:complaisance générale à toutes les plaintes et de-
mandes dudict sieur électeur soit un bon moyen de le tenir dans la raison.
C’est une humeur extrêmement difficile et entreprenante qui veut faire
achepter son amitié en toutes rencontres, quoyqu’il ayt plus besoing de
la protection de la France:|. Il sera peult-estre bien aussy utile de |:luy faire
craindre que s’il contrevient aux conditions du traicté qu’on a fait avec
luy
Gemeint ist der Ulmer Waffenstillstand vom 14. März 1647 (s. [ nr. 7 Anm. 14 ] ).
favorable dans ses intérestz particuliers:|.
Nous avons eu icy |:quelque appréhension que monsieur de Brandebourg
ne donnast ses troupes aux Espagnolz. Ses députez nous asseurent bien
que cela ne sera jamais. Mais ayant veu par des lettres d’Anvers que l’ Ar-
chiduc s’y attend, nous avons cru à propos d’envoyer le sieur de Saint-
Romain vers ledict sieur électeur pour le destourner de toutes les mauvai-
ses résolutions qu’il pourroit prendre:|.
J’ay esté extrêmement consolé quand j’ay sceu que |:Pau avoit plustost
faict paroistre son animosité contre ma personne quand on a délibéré sur
le présent qu’on me vouloit faire que:| quand on a parlé des |:intérestz
publicz où je sçay qu’il s’est conduict assez modérément:|. Quoyque le
voyage de Hollande m’ayt cousté cinquante-cinq mil livres, je me tien-
dray assez bien récompensé sy les affaires de Sa Majesté réussissent heu-
reusement , et quand Vostre Eminence continuant de m’honorer de sa
protection […].