Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
103. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1647 August 16
Paris 1647 August 16
Kopien: AE , CP All. 88 fol. 603–608’, 591–598 = Druckvorlage; AE , CP All. 101 fol.
264–276’, 277’, 277, 278–281’; Ass.Nat. 273 fol. 416–427. Konzept: AE , CP All. 85 fol.
59–70’.
Postangelegenheiten; Empfangsbestätigung. IPM/F; Artikel über die Inklusion der foederati
et adhaerentes Frankreichs. Abreise des kurkölnischen Gesandten; Satisfaktion Hessen- Kas-
sels . Haltung der Schweden. Zur Zahlung der französischen Subsidien an Schweden. Hal-
tung des Papstes; Wahrung der Interessen der katholischen Religion; freie katholische Reli-
gionsausübung in der Unterpfalz.
Verbot kaiserlicher Assistenz für Spanien: diesbezügliche Haltung Oxenstiernas; Bereitschaft
zum Verzicht auf Assistenz Schwedens, Hessen-Kassels und der anderen Reichsstände für
Frankreich nur im Falle des Verzichts des Kaisers – auch als Erzherzog von Österreich –
und der Reichsstände auf Assistenz für Spanien; weitere Bedingungen; Handlungsvollmacht
der Gesandten in dieser Frage.
Kaiserliche Antwort auf das IPM/F: spanischer Einfluß; Klagen über Volmar und Chigi;
keine Nachgiebigkeit in der Frage habsburgischer Assistenz für Herzog Karl von Lothringen;
Titel «Landgraf im Elsaß».
Erörterung der Vorschläge Oxenstiernas: Friedensschluß im Reich selbst ohne Friedensschluß
mit Spanien einer entsprechend den Vorschlägen Oxenstiernas geführten Fortsetzung des
Krieges vorzuziehen. Diesbezügliche Verhandlungsführung: Verzögerung; im Falle eines er-
forderlichen Eingehens auf den Vorschlag Oxenstiernas Erwerb der Waldstädte, des Breis-
gaus , der Ortenau und Benfelds anzustreben; kurbrandenburgische Rekompens nicht aus
Kirchengut; Wahrung der Interessen Kurbayerns; württembergische Plätze; französische
Subsidien für Schweden; Einsatzort und -zeit der Armee Turennes.
Kaiserliche Verhandlungsführung. Rückführung der Armee Turennes zum Gehorsam. Kai-
serlich -schwedisches Separatabkommen nicht zu befürchten. Ausführlichere Stellungnahme
der Gesandten über einen auf die Niederlande beschränkten Frieden mit Spanien erwartet.
Nachrichten über ein antifranzösisches Manifest Bruns; Gegenmaßnahme. Geldangelegen-
heiten ; Gratifikationen. Aufstände in Neapel und Sizilien. Haltung gegenüber Pauw und
Knuyt. Spanische Intrigen. Schreiben Chanuts: Intentionen der schwedischen Königin; ihr
geheimer Entschluß hinsichtlich der französischen Subsidien. Informationen über spanische
Pläne. Ereignisse in Neapel. Absendung Montbas’.
La marche de la cour dans le temps du départ des deux derniers ordinaires
a empesché qu’on n’ayt pu respondre plus tost aux deux mémoires de
Messieurs les Plénipotentiaires des 22 et 29 e du passé, lesquels aussy bien
ne contenoient rien qui requît qu’on se hastât d’y répliquer.
On a receu depuis celuy du 5 du courant et cette despêche respondra à
tous trois par ordre.
On a veu les deux projets du traitté de l’Empire que Messieurs les Pléni-
potentiaires avoient mis entre les mains des Médiateurs et de quelle façon
ils avoient réparé les divers préjudices que les Impériaux ont voulu nous
faire dans le projet qui a esté délivré de leur part.
On a veu aussy les deux modelles que Messieurs les Plénipotentiaires ont
dressé de l’article où doivent estre nommés les rois, princes et républiques
que la France comprendra de sa part dans le traitté. Il est certain qu’ils ont
songé à tout ce qui se peut pour le rang desditz princes, aussy Sa Majesté
se remet entièrement à eux de former ledit article en la manière qu’ils
aviseront ensemble, sachant bien qu’ils donneront à un chacun le plus de
satisfaction qui se pourra sans en désobliger d’autres plus considérables,
et leur recommandant seulement qu’aux choses douteuses ils préfèrent
tousjours le contentement de ceux qui ont joint leurs armes aux nostres
dans cette guerre.
Ilz doivent aussy sçavoir qu’on n’a jamais hésité icy à donner toute sorte
de prérogatives à la maison de Savoie par-dessus celle du Grand-Duc,
mais puisque le marquis de Saint-Maurice tesmoigne estre content que
madame de Savoie
qu’on doive se prévaloir de cet expédient qui nous donne encore lieu de
satisfaire l’esprit de monsieur le Grand-Duc.
Le baron de Fanffe partit dez Amiens, mais on fera sçavoir au sieur Krebs
les avantages que la France a procurés à monsieur l’électeur de Coulongne
sur le sujet de la satisfaction 〈que〉 Madame la Langrave prétendoit à ses
despens afin qu’il l’en avertis〈se〉 et monsieur de Bavières aussy.
On a esté très aise d’apprendre la déclaration que les ministres de Suède
ont faite aux Impériaux de ne pouvoir rien faire sans la France, comme
aussy que Messieurs les Plénipotentiaires ne se fioient pas si entièrement à
cette déclaration qu’ils ne fussent tousjours sur leurs gardes et ne veillas-
sent de près à la conduitte des ministres de Suède pour se servir selon que
le besoin plus ou moins grand le requerra des expédiens qu’on leur a mar-
qués par les despêches précédentes.
L’argent du subside de la couronne de Suède pour le terme escheu est tout
prest, et on auroit dès à présent envoié des lettres de change pour le faire
paier à Hambourg quand Messieurs les Plénipotentiaires escriroient qu’il
le faut, n’estoit qu’on a jugé que cella ne pouvoit se faire si secrètement,
aiant à passer par voie de marchands, que les ministres de Suède n’en des-
couvrissent quelque chose, et qu’estant sceu Messieurs les Plénipotentiai-
res auroient moins de moien de tirer quelque autre avantage des Suédois
dans les choses que nous avons à désirer d’eux, mais lesditz Sieurs Pléni-
potentiaires peuvent s’engager que ledit subside sera fourni punctuelle-
ment au jour qu’ils désigneront, et si l’affaire presse, ils pourront despê-
cher un courrier en diligence qui portera à son retour les lettres de
changes nécessaires pour faire ce paiement à Hambourg.
Si les Suédois ne se fussent pas contentés de la satisfaction qu’ils avoient
demandée dans l’Empire et que la guerre eût deu continuer pour cella, à la
vérité nous eussions prétendu d’estre deschargés du subside, mais la
guerre continuant pour d’autres affaires ausquelles nous prenons part, ou
mesmes pour des choses justes qu’on nous refuse, on n’a point songé en
ce cas à espargner ou se descharger dudit subside, et mesme en l’autre on
consentoit à le bailler plustost que de laisser du dégoust à la Suède, mais
on vouloit seulement en tirer quelque autre avantage en eschange.
Sa Majesté est bien asseurée que Messieurs les Plénipotentiaires ne man-
quent pas de faire remarquer au Nunce le procéder de nos parties et le
nostre dans les affaires où la religion catholique est intéressée, mais il tient
l’un et l’autre extrêmement secret à Rome, d’où tant s’en faut qu’on nous
fasse paroistre le moindre tesmoignage de reconnoissance, que de temps à
autre le nunce reçoit ordre du Pape et des brefz exprès à Leurs Majestés
comme encores depuis peu le général des Capucins
Innozenz von Caltagirone (1589–1655, mit bürgerlichem Namen: Giuseppe Marcinò),
1643–1650 General der Kapuziner, hielt sich im Auftrag des Papstes seit April 1647 in Paris
auf, um dort für einen der kath. Kirche günstigen Friedensschluß zu werben ( ABI I 612,
171–174; II 357, 29; II S 43, 217; Lexicon Capuccinum , 820f, 1129; Cultrera ).
fort pressans sur ces intérestz de la religion en Allemagne, comme si la
France estoit la cause seule de tous les préjudices qu’elle souffre, et qu’il
ne fût pas beaucoup plus nécessaire d’adresser ces sortes d’instances aux
ministres de la maison d’Austriche, qui sacrifient en toute rencontre la
religion au moindre intérest politique, et se servent du zèle que nous
avons pour ses avantages, et de nos facilités pour nous mettre mal avec
nos alliés et nous faire d’autres préjudices.
Puisque la connivence des Impériaux à tout ce que désire la couronne de
Suède ou plustost l’aversion qu’ils ont à nous accorder quoy que ce soit
que nous demandions, mesme pour le bien de la religion catholique,
comme il a paru dans les instances que nous avions faittes en faveur de
l’ordre de Malte et qu’ils ont refusées tout net, nous empeschera peut-
estre de pouvoir faire arrester dans le traitté général que le Palatin soit
obligé de laisser dans le Bas-Palatinat le libre exercice de la religion ca-
tholique , il ne faudra rien obmettre en ce cas pour en tirer de luy une
promesse particulière, à quoy Sa Majesté désire que Messieurs les Pléni-
potentiaires travaillent sérieusement par les moiens qu’ils aviseront.
Outre les trois raisons que Messieurs les Plénipotentiaires marquent dans
leur mémoire du 5 e fort judicieusement, qui peuvent obliger les ministres
de Suède à adhérer comme ils font à la prétention que les Impériaux ont de
pouvoir assister les Espagnolz, il y en a une quatrième qui est qu’il[s] s’en
croiroient plus considérables, parce que la France auroit plus de besoin
d’eux et de leurs assistances, et en effect il
seille et dit qu’il vaut mieux que le Roy et le roy d’Espagne puissent tirer
secours de leurs alliez et leurs adhérans que non pas se priver de l’assistance
que la France peut recevoir de la Suède et des estatz de l’Empire.
Sa Majesté a veu avec grand plaisir la repartie que Messieurs les Pléni-
potentiaires ont fait audit Oxenstiern, quand il a voulu soustenir qu’on
ne peut prétendre avec raison de l’Empereur quelque chose d’inégal. On
luy a dit des vérités ausquelles il luy eust esté malaisé de répliquer que par
un sousris comme il a fait, mais il est bien estrange que les ministres mes-
mes de nos alliez connoissans la justice de nostre demande bien loin de
nous assister, ainsy que le sieur Chanut escrit
Vgl. [ nr. 86 Anm. 5 ] und 7 und Chanut an Brienne, Stockholm 1647 Juli 6 (Ausf.: AE , CP
Suède 9 fol. 277–281; Eingang laut Dorsalvermerk, fol. 282’: Neufchâtel[-en-Bray] 1647
August 6; Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Suède 13 fol. 127–129).
de leurs supérieurs, sont les premiers à nous donner le tort et à nous vou-
loir faire relascher.
Messieurs les Plénipotentiaires tesmoignent que pour faire cette esgalité
de condition à laquelle les Impériaux sont si attachés ils seroient d’avis
en cas de besoin, que l’on se contentast durant la présente guerre entre
les deux couronnes que l’Espagne ne pût estre assistée de l’Empereur, ny
la France de la Suède, sans oster la liberté qui est naturelle aux princes et
estatz de l’Empire de favoriser l’un ou l’autre parti.
Mais on n’a pas bien compris icy si leur pensée est que l’archiduc d’ Aus-
triche , qui est prince de l’Empire, ou l’Empereur sous ce nom eût la fa-
culté en ce cas d’assister l’Espagne, et néantmoins c’est ce qui doit abso-
lument décider la résolution de cette ouverture.
Car si l’Empereur consent de ne pouvoir assister en quelque qualité que
ce soit les Espagnols, moiennant que nous promettions en eschange de ne
recevoir aucune assistance de la Suède, nous y pouvons donner les mains,
et sortir par cette voie de tout cet embarras, mais nous aurions un mani-
feste désavantage de nous priver des assistances de la Suède pour empes-
cher que l’Empereur comme empereur ne pût assister les Espagnolz si la
faculté luy en demeuroit comme archiduc, ainsy qu’il semble qu’elle luy
demeureroit par ladite proposition, puisque l’archiduc est un des princes
de l’Empire, et qu’on conviendroit que lesditz princes pourroient favori-
ser l’un ou l’autre des partis.
Et en ce cas le secours que nous pourrions tirer de Madame la Langrave et
de nos autres amis
Espagnolz tireroient de l’Empereur, puisque si nous ne voulons nous
tromper nous-mesmes, nous ne devons pas douter que soit comme archi-
duc , soit comme empereur il ne donnast tousjours esgalement au roy
d’Espagne tout ce qu’il pourra luy donner de forces et d’autres assistan-
ces .
Que si pour obtenir ce que dessus on estoit contraint d’exclure aussy Ma-
dame la Langrave avec la Suède comme Messieurs les Plénipotentiaires en
forment le doute, et demandent de sçavoir en ce cas si Sa Majesté ne ju-
geroit pas plus utile de se passer générallement de toute l’assistance des
princes et estatz de l’Empire, Sadite Majesté estime qu’on peut y consen-
tir de sa part, pourveu qu’on asseure bien que les Espagnolz ne puissent
estre assistés directement ny indirectement
estat ou prince de l’Empire, et que cella soit exécuté bien exactement.
On suppose deux choses, l’une en laquelle il ne peut y avoir seulement
l’ombre d’une difficulté que touchant nostre armée qui a agi jusques icy
en Allemagne nous ne serons obligez à rien qu’à la retirer de l’Empire.
L’autre que l’on liera aussy les mains à l’Empereur de ne pouvoir assister
le roy d’Espagne contre le Portugal en quelque qualité que ce soit, au
moins tant que la guerre durera entre les deux couronnes, car autrement
il ne nous serviroit de rien de stipuler tout ce que dessus, puisque quand
les Espagnolz emploieroient contre nous ces forces de l’Empereur desti-
nées contre le Portugal comme ils le feroient infailliblement, il ne seroit
pas en nostre pouvoir ny de le justifier ny par conséquent d’apporter au-
cun remède à cette contravention, et cependant nous en souffririons tout
le préjudice dont nous travaillons tant aujourd’huy à nous garentir.
Voillà quels sont les sentimens de Sa Majesté sur cette matière, mais
comme elle a connexité avec beaucoup d’autres, et qu’on doit y apporter
plus ou moins de facilité selon l’estat des autres affaires qui peuvent
changer de face à tous momens, Sadite Majesté a estimé ne pouvoir pren-
dre une meilleure résolution que de la remettre entièrement à la prudente
conduitte de Messieurs les Plénipotentiaires lesquels estans sur les lieux et
voiant d’heure à autre la disposition des espritz, et ensuitte la nécessité
qu’il peut y avoir de tenir bon ou de relascher, reconnoistront mieux ce
qui se doit faire pour accommoder ce point à nos autres intérestz qu’on
ne le peut prescrire d’icy. C’est pourquoy Sa Majesté confirme le pouvoir
qu’elle leur a desjà donné de prendre ensemble sur le fait de cette assis-
tance telle résolution qu’ils croiront la meilleure pour le bien de son ser-
vice , et l’approuve dès à présent quelle qu’elle soit.
Que si la contestation se termine par l’expédient que les deux couronnes
ne puissent recevoir aucune assistance de l’Empire, on aura moien de faire
valoir aux ministres de Suède que quoyqu’il n’y eût pas de raison pour
fonder cette esgalité, néantmoins on y a donné les mains pour déférer à
leurs sentimens et se conformer au désir qu’ils tesmoignent de la conclu-
sion de la paix.
Quant ce point sera ajusté, et que toute l’assemblée verra que la paix de
l’Empire ne demeure pas en arrière pour nos intérestz, comme les minis-
tres de Suède le publient, quoyqu’en effect il paresse assés par les pro-
positions qu’Oxenstiern a faittes en dernier lieu que c’est la Suède qui ne
la désire pas, il semble que lesditz ministres ne seront pas peu empeschés
de leur contenance, et que la France acquerra sans doute la bienveillance
de tous les princes et estatz de l’Empire pour les facilités qu’elle apporte
à l’establissement de leur repos, sans que ny les Suédois ny les Espa-
gnolz puissent par aucun artifice donner à qui que ce soit une croiance
contraire.
On a veu les responses que les Impériaux ont faites au projet de traitté
qu’avoient donné Messieurs les Plénipotentiaires. On peut dire là-dessus
aux Médiateurs qu’il se recognoist assés que l’on ne traitte plus avec des
Allemands qui aient à cœur le bien de leur patrie, mais avec les ministres
d’Espagne qui ne se soucient pas beaucoup de sacrifier tout l’Empire à
leurs intérestz particuliers, puisque tant que Trautmansdorff a eu la direc-
tion des affaires on n’a point veu qu’il ait parlé en la manière que fait Wol-
mar , qui n’est que l’organe par où Penneranda fait entendre ses volontés.
Leurs Majestés cependant trouvent un grand repos d’esprit et beaucoup
de satisfaction intérieure dans leurs bonnes intentions, espérant que Dieu,
qui les conoist, continuera de les bénir, et désirent que Messieurs les Plé-
nipotentiaires s’appliquent et mettent en œuvre toute sorte de moiens
pour faire toucher au doigt à un chacun l’injustice de nos ennemis, et
qu’elle est la seule cause que le repos dont la chrestienté a tant de besoin
est si longtemps retardé, mais après tout elles se promettent que cet en-
durcissement de nos parties ne servira qu’à attirer sur cette couronne de
nouvelles bénédictions de Dieu et de nouveaux avantages.
Le nunce Chigi condanne la plume de Wolmar, mais luy-mesme pour-
roit bien mieux emploier la sienne, et son oisiveté dans tout ce qui se
passe doit estre plus blasmée que le mauvais employ de l’autre. Il est
vray que ce seroit un chemin qui esloigneroit ledit Nunce du cardinalat
où il croit de parvenir bientost par celuy qu’il tient de nous descrier et
de faire valoir que les Espagnolz ont raison en tout. Il sera bien à propos
qu’à son défaut Messieurs les Plénipotentiaires fassent sçavoir au mar-
quis de Fontenay de quelle sorte les ministres de la maison d’Austriche
traittent les affaires de la religion dans la négotiation de la paix, et
comme ils s’en esloignent dès qu’ils croient de voir le moindre petit
jour à prospérer dans la guerre.
Sa Majesté a considéré les tempéramens dont les Médiateurs ont fait ou-
verture sur les points qui restent indécis dans le traitté de l’Empire, et les
responses que Messieurs les Plénipotentiaires leur ont fait, qui ne pou-
voient estre plus judicieuses.
Mais comme le point de l’assistance de l’Empereur aux Espagnolz estant
une fois ajusté, Sa Majesté ne voudroit pas que la guerre fust continuée
pour les autres qui sont en contestation, à la réserve pourtant de celuy de
l’assistance du duc Charles, elle donne pouvoir ausditz Sieurs Plénipoten-
tiaires de les terminer en telle manière qu’ils estimeront à propos, leur
recommandant seulement de prendre garde autant qu’il se pourra que
leur relaschement ou les facilités qu’ils y apporteront ne fassent pas un
effect contraire à nostre fin, qui est d’avancer la paix, et que lorsque Leurs
Majestés cèdent quelque point par le seul désir qu’elles ont de ce bien
public, les ennemis n’infèrent de là que nous croions nos affaires en mau-
vais estat et n’en prennent occasion de former de nouvelles difficultés.
Pour conclusion ce qu’on peut dire là-dessus c’est que si les Impériaux
ont une véritable envie de conclure la paix, elle sera bientost faite pour
ce qui nous regarde ensuitte des ordres et pouvoirs que Leurs Majestés
ont desjà donné ou donnent présentement à Messieurs les Plénipotentiai-
res ; mais si au contraire le conseil d’Espagne continuant à prévaloir sur
leurs espritz ilz persistent à vouloir sacrifier leur repos et leur bien aux
intérestz d’autruy, il y a grand sujet de craindre que quoy que nous relas-
chions , cella ne servira de rien et qu’il nous en prendra comme dans le
traitté d’Espagne où la facilité que nous avons apportée en certains pointz
n’a servi qu’à en faire aussytost prétendre d’autres.
Quant à ce qui regarde l’assistance du duc Charles Messieurs les Pléni-
potentiaires jugeront bien que c’est un point que nous ne pouvons jamais
passer, puisqu’en nous liant les mains de ne pouvoir rien faire contre
l’Empereur à l’avenir, nous consentirions qu’il pust nous continuer la
guerre avec toutes ses forces ne faisant qu’emprunter le nom d’un autre
prince.
Que si comme Messieurs les Plénipotentiaires ont fort bien reparti aux
Médiateurs, l’Empereur désire avoir le conseil des estatz de l’Empire
pour appuier la résolution qu’il prendra à son esgard et pour en pouvoir
paier ledit duc lorsqu’il luy fera ses plaintes, nous ne
point, mais nous ne commettrons jamais un point si important à la déci-
sion de qui que ce soit sans estre asseuré qu’il jugera en la manière que
nous prétendons et qui est juste.
Dans les nécessités d’argent où est l’Empereur on doit faire grande ré-
flexion sur ce que les Médiateurs semblent avoir laissé à nostre option que
la maison d’Austriche garde son titre de landgrave d’Alsace et nous nostre
argent, et il se voit par là qu’ils conservent tousjours les pensées de revenir
et de rebrouiller puisqu’ils aiment mieux se priver d’une utilité présente
qui est mesme assés considérable que de se despouiller entièrement des
prétentions de l’avenir qui sont assés incertaines. Il est de la prudence de
Messieurs les Plénipotentiaires de bien aprofondir cette affaire et reco-
noistre s’il est possible le fonds des intentions des ennemis.
Sa Majesté a considéré meurement la proposition qui a esté faite à Mes-
sieurs les Plénipotentiaires par le sieur Oxenstiern d’estraind〈re〉 la liai-
son des couronnes alliées par un nouveau traitté, continuer plus vigoureu-
sement que jamais la guerre à l’Empereur, et convenir ensemble dès à
cette heure des avantages qu’on s’obligeroit de se procurer l’un à l’autre
en cas que les affaires succédassent comme il y a toute apparence de se le
promettre.
Le jugement qu’on a fait icy de cette ouverture c’est que dans la con-
joncture présente que les Impériaux se laissans entièrement gouverner au
conseil des Espagnolz nous refusent tout, il est avantageux pour nous que
nous trouvions les Suédois dans cette humeur belliqueuse qui les empes-
chera d’escouter toutes les offres qu’on leur pourra faire pour les déta-
cher de cette couronne, et nous donnera moien de faire marcher les deux
traittés d’un pas esgal, ou mesme de for[c]er le roy d’Espagne à la paix par
l’appréhension des extrémités où vraysemblablement l’Empereur peut
estre poussé.
Mais Sa Majesté seroit bien faschée que la dureté des Impériaux la con-
traignît d’embrasser ce parti que proposent les Suédois, et estime qu’ en-
cores que la prudence veuille qu’on tesmoigne d’y adhérer comme Mes-
sieurs les Plénipotentiaires ont fait fort judicieusement, affin de ne tom-
ber pas dans un inconvénient plus grand de voir accommoder la Suède
avec l’Empereur sans nous, on doit néantmoins se deffendre autant qu’il
se pourra d’en venir à la conclusion de cette nouvelle obligation récipro-
que , et en tirer la négotiation en longueur pour voir cependant s’il y aura
lieu de faire mieux, c’est-à-dire d’avoir la paix qui semble estre préférable
à tout, quand mesme elle ne seroit pas générale et qu’on ne pourroit con-
clure présentement que le traitté de l’Empire.
Et à la vérité il semble que la continuation de la guerre en Allemagne ne
puisse en toutes façons que nous estre fort préjudiciable et que supposé
mesme qu’on ne doive point manquer de moiens de la soustenir et de
paier punctuellement les subsides, nous nous exposerions à une perte évi-
dente en quelque manière que les affaires succédassent, ce qui est tous-
jours incertain jusqu’au dernier jour dans le manîment des armes.
Car ou celles des couronnes alliées feroient de grans progrez dans l’ Alle-
magne , et en ce cas mesme, qui est pourtant ce que nous aurions à désirer
de mieux, nous aurions beaucoup à craindre puisque comme il ne faut pas
douter que les Suédois ne fussent les principaux arbitres de tout pour les
raisons que Messieurs les Plénipotentiaires jugeront assés, et qu’ils ne
donnassent la loy, nous devrions appréhender outre le préjudice que la
religion catholique recevroit de leur aggrandissement quelques précau-
tions que nous y eussions prises, qu’ils ne songeassent à nous donner
aussy la loy comme aux autres, et à s’establir en sorte que leur puissance
unie d’affection et d’intérest avec les estatz et les princes protestans de
l’Empire fust plus à redouter que n’est aujourd’huy celle de la maison
d’Austriche, leur conduitte passée nous devans rendre assés sçavans de
quelz vastes desseins ils seroient capables dès que leurs forces et l’estat
des affaires respondroient à leur désir et à leur ambition.
Ou le sort des armes nous estant contraire à tous deux, nous n’aurions pas
seulement hazardé ce que nous tenons aujourd’huy dans l’Empire, et dont
la paix nous asseurera une partie si considérable, mais nous nous serions
exposés à estre immolés à la Suède, qui dans les mauvais succès de la
guerre ne seroit peut-estre pas à l’espreuve des avantages que luy offriroient
les ennemis pour la détacher de nous, et ainsy nous nous serions attirés
sur les bras toutes les forces de l’Empereur ou pour estre victorieuses ou
parce qu’elles seroient libres par un accommodement particulier avec les
Suédois.
Il y a mesme grand sujet de croire que la raison qui rend lesditz Suédois
sy entreprenans et si hardis à vouloir poursuivre cette guerre, c’est qu’ils
considèrent et reconnoissent qu’il ne peut quasy leur en prendre mal, car
ou les affaires succédans bien ils en tireront de grans avantages en toutes
façons, ou s’il leur arrivoit un malheur, ils voient que la passion que nos
parties ont de les destacher de la France, contre qui va toute la haine, fera
qu’ils seront tousjours receus à des conditions avantageuses en quelque
mauvais estat qu’ils soient réduitz pourveu qu’ils consentent à traitter sé-
parément , outre que se trouvant en possession d’une si grande quantité de
places presque en toutes les parties d’Allemagne quelque disgrâce qu’il
leur arrive, ils voient bien qu’ils seront tousjours recherchés et considé-
rables .
Et certes la conduitte que les Impériaux tiennent aujourd’huy avec nous
leur doit bien donner cette asseurance, y aiant plus de peine à obtenir
pour nous une petite ville que pour eux des provinces entières; ce qui
prouve encores bien évidemment que ce sont les Espagnols qui ont main-
tenant la direction des affaires de l’Empire, puisque c’est justement le
mesme procédé qu’ils ont tenu à l’esgard des Holandois et qui leur a desjà
réussy.
Sa Majesté considère en outre dans cette proposition du sieur Oxenstiern
qu’il est bien malaisé qu’elle ne nous engageast plus avant que nous ne
voudrions, et que si on s’embarque dans cette nouvelle guerre et en de
nouvelles prétentions, il ne sera pas en nostre pouvoir de nous en retirer
quand on voudra ou que nos autres intérestz le requerront.
On fait réflexion aussy sur les suittes que peut avoir ce dessein et sur les
liaisons et ligues qu’il peut donner occasion de former contre nous.
Messieurs les Estatz après les Portugais ne haïssent rien tant que les Sué-
dois , et voient avec peine et jalousie leur agrandissement. Il est vray que la
province de Holande ne nous aime guères mieux, mais il luy reste encores
quelque honte de lever tout à fait le masque, et il luy seroit malaisé de
porter les autres dans ses sentimens.
De sorte que si une fois la France et la Suède mettoient en avant les pré-
tentions que propose Oxenstiern, il n’arriveroit pas seulement qu’elles
fussent fort mal receues de tout l’Empire, mais peut-estre à l’instant Mes-
sieurs les Estatz s’uniroient avec les Espagnolz contre la Suède, et Bran-
debourg se joindroit à eux pour l’intérest de la Poméranie, le roy de Dan-
nemarck et la plus grande partie des villes anséatiques pour d’autres, et
peut-estre le roy de Poulogne.
On sçait bien que nostre principal objet doit estre de nuire aux ennemis
présens qui est la maison d’Austriche tant qu’elle ne nous fera pas raison.
Mais la prudence veut qu’on jette aussy les yeux sur l’avenir, et que s’il est
en nostre pouvoir de prévenir par la paix tant d’inconvéniens qui peuvent
arriver en recommenceant une espèce de nouvelle guerre, nous n’en lais-
sions pas eschaper l’occasion et de mettre en seureté nos conquestes d’ Al-
lemagne quand mesme nous devrions nous relascher pour cella de quel-
qu ’une de nos demandes, ainsy qu’on a mandé à Messieurs les Plénipoten-
tiaires et qu’il est dit plus particulièrement cy-dessus.
Aussy bien voit-on desjà qu’Oxenstiern, qui a fait de si belles proposi-
tions , le jour suivant n’estoit plus le mesme, et Messieurs les Plénipotentiai-
res trouveront tout un autre homme, ce qui doit nous rendre encore bien
circonspectz à nous engager, voians ces variations dans l’autheur mesme
de cette pensée, qui nous doivent faire juger qu’en de mauvais succès nous
ne trouverions peut-estre pas dans ces messieurs la fermeté et la fidélité
qui se devroit, estans assés accoustumés à faire ce qui les accommmode
sans avoir beaucoup d’esgard aux intérestz d’autruy pour raisonnable[s]
qu’ils soient, et trouvans toute facilité à cella parce que comme il est dit
cy-dessus nous sommes le principal objet de la haine de nos parties.
Tout cella fait juger à Sa Majesté que la paix de l’Empire mesme sans celle
d’Espagne doit estre préférée (si l’on peut l’avoir) à une continuation de
guerre avec ces nouveaux engagemens que proposent les Suédois.
Que néantmoins on peut se servir utilement de l’ouverture d’Oxenstiern
pour faire marcher les deux traittés d’un pas esgal, tesmoignant d’y adhé-
rer , et tirant pourtant la négotiation en longueur jusques à ce qu’on perde
tout à fait les espérances d’avoir la paix ou générale ou au moins la par-
ticulière de l’Empire.
Et à la vérité quand il n’y auroit autre motif pour nous faire résoudre de
conclure la paix de l’Empire sans celle d’Espagne que de voir l’ appréhen-
sion extrême que les Espagnolz en ont, et les obstacles qu’ils s’efforcent
d’y mettre par toute sorte de moiens imaginables, tesmoignans estre per-
suadés par cette conduitte que rien ne peut leur estre plus préjudiciable
quand mesme ils seroient asseurés d’avoir les assistances de l’Empereur,
cella seul devroit ce semble faire grande force pour nous monstrer le
choix du parti que nous devons prendre, qui doit tousjours estre l’opposé
de ce que désirent les ennemis.
Que si toutes nos diligences et les facilités que nous pouvons apporter pour
avoir la paix comme il est dit ou générale ou particulière dans l’Empire sont
rendues infructueuses par les soins que les Espagnolz prennent de traverser
l’une et l’autre, et que nous soions réduitz à la nécessité de choisir ou de
voir faire aux Suédois leur accommodement à part, ou de nous lier plus
estroitement avec eux aux conditions qu’a proposé Oxenstiern, il faudra
bien alors passer par-dessus toutes les considérations marquées cy-dessus
et nous engager avec les Suédois plustost que demeurer seuls à soustenir le
faix de la guerre contre l’Empereur et le roy d’Espagne.
En ce dernier cas comme nous serons obligés de consentir à diverses cho-
ses que les Suédois désireront de nous pour leurs avantages, il faudra son-
ger aussy aux nostres et ne perdre pas le fruit de nos travaux et de nos
despenses, et si nous nous engageons à leur faire avoir la Poméranie ulté-
rieure , c’est bien le moins qu’ils puissent faire en eschange que de s’ enga-
ger à nous faire avoir les villes forestières, le Brisgau et l’Ortenau, et que
par quelque moien qu’on ajustera Benfelt nous demeure aussy.
Mais il ne faudroit pas manquer de stipuler dès à présent que la récom-
pense qu’on pourra donner à Brandebourg de cette partie de la Poméranie
ne sera point prise sur des biens d’Eglise, mais sur le patrimoine de l’ Em-
pereur suivant ce qu’Oxenstiern a dit luy-mesme qu’il n’avoit jusques icy
paié que du bien d’autruy, quoyque l’union des deux couronnes eût eu
pour objet principal l’affoiblissement de la maison d’Austriche.
Il seroit aussy très important en ce cas, outres toutes les autres choses que
Messieurs les Plénipotentiaires marquent dans leur despêche, de ménager
les intérestz du duc de Bavières, et se bien asseurer de luy. On croit que
les ministres de Suède ne disconviendront pas que ce prince et ses forces
peuvent donner un grand poids à la balance du costé où il se mettra. C’est
pourquoy il n’y a rien de si important pour le bon succès d’un semblable
projet que de l’avoir dans nostre parti, comme il seroit facile par un traitté
particulier que la France pourroit faire avec luy. Il seroit bien estrange
que l’aversion qu’ils ont pour ce prince les empeschast de connoistre ce
qui leur est avantageux. On ne veut point que l’amitié que l’on essaie
d’entretenir avec luy puisse préjudicier en aucune façon aux traittés que
nous avons avec la couronne de Suède
Gemeint sind die in [ nr. 22 Anm. 15 ] gen. frz.-schwed. Allianzverträge; der letzte Allianz-
vertrag datiert Hamburg 1641 Juni 30.
une animosité dont les princes se doivent tousjours despouiller, quand
leur intérest le requiert, ils nous privassent et eux-mesmes des avantages
que peut apporter à la cause commune la liaison qu’on peut faire avec
monsieur de Bavières.
Que si entre cy et là l’affaire des places du Wirtemberg n’avoit pu estre
ajustée, on pourroit prendre cette occasion de la terminer, faisant voir non
seulement l’utilité qu’il y aura de le contenter, mais la nécessité que nous
avons qu’il y ait une ligne de communication entre la France et ses Estatz
pour tout ce qui peut arriver.
Quant à la continuation du subside il ne peut y avoir de difficulté, et
quand la paix devroit estre conclue dans huit jours, Messieurs les Pléni-
potentiaires ont pouvoir de faire paier le terme d’à présent.
Pour ce qui est de l’armée de monsieur de Turenne il faudroit mettre
quelque clause s’il estoit possible qui nous réservast la faculté de nous en
servir contre les Espagnolz, promettant seulement qu’elle ne s’ esloigne-
roit point davantage du Rhin que le Luxembourg ou la Franche-Comté,
qu’elle le repasseroit tousjours un mois après estre appellée par le général
de l’armée principale de Suède, et mesme s’il estoit besoin qu’elle n’agiroit
que deux ou trois mois de la campagne deçà le Rhin, ajoustant néant-
moins s’il estoit possible de l’obteni〈r〉 qu’en cas que Messieurs les
Estatz achevassent leur traitté sans nous, ou qu’ils ne missent pas en cam-
pagne , nous ne serions pas tenus aux restrictions cy-dessus touchant le
lieu et le temps que nous devrions emploier nostre armée, ou qu’au moins
nous pussions nous servir d’une partie d’icelle.
Ce n’est pas que Leurs Majestés n’entendent que Messieurs les Pléni-
potentiaires ne puissent disposer de toutes ces conditions, leur donnant
pouvoir d’y ajouster, retrancher ou changer ainsy qu’ilz le jugeront plus
à propos pour son service.
Voillà quels sont les sentimens de Sa Majesté sur tout ce qui se passe pré-
sentement , ausquels Messieurs les Plénipotentiaires accommoderont leur
conduitte et leurs résolutions, si ce n’est qu’ils se trouvent d’avis différent,
auquel cas ils escriront icy leurs doutes pour recevoir de nouveaux ordres
de Sa Majesté sur ce qu’ils représenteront. Et en cas que les affaires pres-
sassent de sorte qu’ils n’eussent pas le temps d’escrire icy leurs sentimens
et en avoir response, Sa Majesté les en dispense et trouvera bonnes touttes
les résolutions qu’ils croiront que l’estat des choses les oblige de prendre
pour le bien du service.
On ajoustera seulement que quand on fait réflexion sur l’estat présent des
affaires d’Allemagne, qui sont sans doute dans la plus grande décadence
qu’elles aient jamais esté pour la maison d’Austriche, et qu’on se resou-
vient de tout ce qu’a fait cy-devant l’Empereur pour avoir la paix, on ne
peut trouver autre raison de la dureté qu’ont aujourd’huy ses ministres et
de la hauteur avec laquelle ils traittent, si ce n’est que l’Empereur a résolu
de se sacrifier pour les Espagnols, ce qu’il ne tesmoignoit pas vouloir faire
avant la mort du prince d’Espagne .
Le sieur Oxenstiern n’a que faire de se mettre en peine de nous reprocher
et se plaindre que nostre armée se dissipe, nous en sommes plus faschés
que luy et y avons plus d’intérest, aussy n’obmet-on aucun moien possi-
ble pour remédier à ce désordre et pour la remettre au meilleur estat qu’il
se pourra. Cependant il aura sceu que le mal est beaucoup diminué, et que
les espérances qu’on a qu’il doive tout à fait cesser sont très bien fondées
puisque les dernières nouvelles qu’on a du mareschal de Turenne sont
qu’il se promettoit d’avoir bientost tout le corps mutiné dans l’obéissance.
On ne croit pas icy que le péril d’un accommodement particulier entre la
Suède et l’Empereur soit si grand ny si proche que Messieurs les Pléni-
potentiaires tesmoignent tousjours de l’appréhender. On ne peut se per-
suader que les plénipotentiaires de Suède aient eu ordre de leur reine de
passer outre sans nous, ny qu’ils l’osent faire sans cella; néantmoins il est
tousjours de la prudence de se deffier pour n’estre pas surpris, et comme
Messieurs les Plénipotentiaires ont un pouvoir entier sur tous les points
indécis du traitté de l’Empire à la réserve de celuy de Lorraine, pour le-
quel les Médiateurs ont dit que les estatz de l’Empire ne permettroient
pas la continuation de la guerre, il semble que quand nous aurions eu cy-
devant cette crainte avec grand fondement, elle doit cesser maintenant
qu’on leur a mis en main les moiens et le pouvoir de s’en garentir dans le
besoin.
Leurs Majestés ont esté bien aises de sçavoir que Messieurs les Pléni-
potentiaires croient que la proposition de faire la paix seulement dans les
Païs-Bas estant bien mesnagée et faite à propos et dans une bonne con-
joncture puisse produire de bons effectz. Elles attendront d’avoir de leurs
nouvelles plus amplement là-dessus quand ilz en auront conféré comme
ils marquent avec le sieur Servien à son retour de La Haye.
On apprend de tous costés que Brun travaille à composer un manifeste
Gemeint ist vermutlich Brun , Advis (s. [ nr. 199 Anm. 4 ] ). Als Antwort von seiten Frk.s
erschien die Reponse de Théophraste Renaudot a l’auteur des Libelles intitulés Avis du
Gazetier de Cologne a celui de Paris, Paris 1648 (vgl. Knuttel nr. 5412; Truchis de
Varennes , 379f).
qu’il veut donner au public pour prouver les bonnes intentions que l’ Espa-
gne a eues pour la paix, et que le blasme du retardement de cette sainte
œuvre doit estre tout rejetté sur cette couronne. Il seroit comme nécessaire
de travailler aussy de nostre costé à en faire un autre pour faire sçavoir au
monde comme toutes choses ont passé, et monstrer que l’Espagne n’a ja-
mais eu d’autre but dans toute la négotiation que de séparer Messieurs les
Estatz de la France, et continuer après la guerre contre elle seule, affin de
nous en servir en cas que tout ce que Dieu fait pour toucher le cœur de nos
parties et les obliger de donner les mains à la paix ne serve de rien.
Leurs Majestés se sont faschées quand elles ont appris qu’on n’avoit pas
envoié dans le temps qu’elles avoient ordonné la somme d’argent qu’on a
fait depuis tenir à Messieurs les Plénipotentiaires, quoyque leurs finances
soient fort espuisées, elles connoissent fort bien qu’il ne peut y avoir d’ ar-
gent mieux despensé que celuy qui pourra produire quelque avantage
dans les négotiations de Munster, aussy ont-elles donné ordre à messieurs
des finances de pourvoir dès à présent à un nouveau fonds pour y estre
emploié. Cependant elles ont fort approuvé qu’ils aient fait espérer une
gratification au secrétaire de l’ambassade de Suède, comme aussy qu’ils
aient donné trois mil risdalles aux ministres de Brandebourg.
On ne sçait pas si la conjoncture seroit propre pour offrir quelques pré-
sens aux ambassadeurs de Suède, comme pourroit estre quelque tapisserie
ou de la vaisselle d’argent. Si Messieurs les Plénipotentiaires le jugent à
propos, ils le manderont, et on y satisfera promptement. On sçait que
monsieur Oxenstiern avoit autrefois tesmoigné de désirer une tapisserie.
On a mandé au sieur marquis de Fontenay
lièrement à Messieurs les Plénipotentiaires tout ce qui se passera aux
quartiers où il est, et surtout les progrez et l’estat des révoltes de Naples
et de Sicile affin qu’ils puissent s’en prévaloir dans la négotiation.
Le sieur Servien dira à Messieurs les Plénipotentiaires ce qu’il a traitté en
dernier lieu à La Haye à l’esgard de Pau et de Knuyt, ensuitte de quoy
monsieur le prince d’Orange aiant escrit icy
S. [ nr. 94 Anm. 2 ] .
asseurant qu’ils s’estudieront à l’avenir de mériter par leur conduitte les
bonnes grâces de Leurs Majestés, elles ont jugé à propos de luy tesmoi-
gner qu’elles oublioient le passé et de permettre ausditz Sieurs Pléni-
potentiaires comme elles font, qu’ils puissent traitter de nouveau avec
Pau et Knuyt. Comme ces gens-cy ont reconnu maintenant qu’il ne leur
seroit pas aisé de porter les Provinces-Unies à une défection entière
comme ils l’avoient espéré et que par conséquent la France sera tousjours
en estat de leur faire beaucoup de mal pour l’authorité qu’elle conservera
dans lesdites provinces, on croit qu’à présent que leur feu est jetté sans
avoir la suitte qu’ilz
rer le passé, ainsy que Pau en a fait donner asseurance aux sieurs de Ser-
vien et de La Thuillerie par le sieur Hugens. Et on y a d’autant plustost
donné les mains qu’encores qu’ils soient aujourd’huy fort décrédités dans
leurs provinces, comme la matière est mal disposée, ils eussent peut-estre
eu assés de malice et d’adresse pour imprimer dans l’esprit des peuples
que le refus qu’on eût fait de traitter avec eux n’estoit qu’un prétexte
mandié pour empescher la conclusion de la paix.
Messieurs les Plénipotentiaires sçauront que les Espagnolz ont tiré jus-
ques icy un profit qui n’est pas concevable d’une espèce de confidence
qu’ilz font aux députés de Holande de leur monstrer certains endroitz
des originaux mesmes des despêches du roy d’Espagne qu’ils se font es-
crire esprès pour estre monstrées quoyqu’en chiffre, et lesditz députez
ont esté si grossiers qu’ils ne se sont pas apperceus de cet artifice, ou les
plus habiles d’entre eux qui l’ont cognu estans gaignés ne l’ont pas des-
couvert aux autres. On sçait que Penneranda s’est vanté que cella avoit
produit des effectz merveilleux. Il sera bon que Messieurs les Plénipoten-
tiaires fassent connoistre cette tromperie ausditz députés affin qu’ils ne
s’y laissent plus surprendre.
Le mesme Penneranda s’est vanté d’avoir extrêmement altéré l’esprit de
Trautmansdorff contre cette couronne et en particulier contre monsieur
d’Avaux avec qui il apprenoit qu’il traittoit confidemment. Il se glorifie
aussy de l’avoir fait sortir de l’assemblée, et se loue beaucoup de Brun qui
l’a bien secondé à cella. Mais nous espérons que ce luy pourra estre une
matière de repentir aussytost que de gloire.
Depuis ce mémoire escrit jusques icy on a receu une ample dépêche
sieur Chanut sur toutes les affaires courantes, et comme on ne doute
point qu’il n’ayt pris soin en mesme temps d’informer de tout Messieurs
les Plénipotentiaires
Vgl. [ nr. 86 Anm. 7 ] .
Ilz auront sceu en premier lieu ce qui s’est passé en Suède sur le sujet de
Benfelt, et les ordres que la reine a envoié là-dessus à ses ministres .
Ilz auront aussy appris la résolution que ladite reine a prise de traitter
monsieur le duc de Bavières favorablement en toutes rencontres par l’avis
de tout le sénat, et les ordres qui en ont esté adressés aux sieurs Oxen-
stiern et Salvius
servir à avancer les intérestz de ce prince dont le chancelier a parlé à la
vérité comme d’un ennemy réconcilié, mais tousjours avouant le grand
avantage qu’a la cause commune de l’avoir séparé de la maison d’ Austri-
che et l’intérest qu’on a de le maintenir en cet estat.
Ils auront aussy sceu ce que le sieur Chanut mande avoir apris de la bou-
che de la reine et des principaux du sénat, que la paix de l’Empire se fai-
sant sans celle d’Espagne, l’intention de la Suède touchant sa milice estoit
bien de garder pour elle-mesme quelques trouppes, mais d’assister la
France du reste, se réservant seulement que l’armée eût tousjours quelque
attache à la Suède, affin de s’en pouvoir prévaloir en cas de besoin. Cette
particularité aussy peut donner grande lumière à Messieurs les Plénipoten-
tiaires pour la conduitte qu’ils doivent tenir dans le point de l’assistance de
l’Empereur aux Espagnolz.
Et enfin ils auront sceu comme quoy la reine de Suède entrant autant
que nous pouvions désirer dans nos besoins et dans nos nécessités sur ce
que luy en a représenté ledit Chanut, avoit généreusement donné les
mains à se contenter de la moitié du subside si on ne pouvoit luy en
paier davantage sans faire souffrir nos autres affaires; qu’elle désiroit
seulement que cette diminution demeurast secrette entre la France et
elle, et que ses plénipotentiaires mesmes n’en sceussent rien, et creussent
que les choses estoient tousjours dans leur train accoustumé; ce qui a
tellement touché le cœur de la Reine que pour respondre à cette géné-
rosité et à cette marque si sensible d’affection Sa Majesté mande au sieur
Chanut
que manquer de fournir à l’ordinaire le paiement entier du subside et
qu’on en envoie l’ordre à Messieurs les Plénipoteniaires.
On auroit encores beaucoup à escrire pour informer Messieurs les Pléni-
potentiaires tant des particularités de la confession volontaire qu’a fait et
envoié icy escritte de sa main le secrétaire du duc de Vendosme , qui
alloit de la part de son maistre à l’Archiduc et qui a esté arresté à Hail-
bron , que sur la déposition d’un Espagnol
Wahrscheinlich Miguel de Iturrieta (gest. 1679), Angehöriger des Staats- und Kriegssekre-
tariats der span. Regierung in Brüssel; 1653 secretario de Estado; 1669–1671 span. Bot-
schaftssekretär , dann Res. in Paris; seit 1672 Staats- und Kriegssekretär der span. Regie-
rung in Brüssel ( Lefèvre , 174–179; Repertorium , 519; Escudero , 711). – Er wurde im
Oktober 1648 wieder freigelassen; vgl. das Memorandum Mazarins für Servien, Saint-
Germain-en-Laye 1648 Oktober 30 (Ausf.: AE , CP All. 122 fol. 612–616, hier fol. 615–
616; Teildruck: Mazarin , Lettres III, 220–224).
à Péronne, lequel s’est trouvé secrétaire de Salamanca
Miguel de Salamanca (1597?-1676), Ritter des Santiagoordens und alcalde mayor von
Burgos; als Vertrauter des Kardinal-Infanten Ferdinand hatte er wichtige Ämter in der
Brüsseler Regierung erlangt; er war zunächst veedor und contador der Artillerie und
1638 Mitglied des Finanzrats und der contaduría mayor del Rey sowie Staats- und Kriegs-
sekretär des Kardinal-Infanten; mehrfach wurde er zu diplomatischen Missionen entsandt.
Später wurde er asistente del superintendente de la justicia militar der Span. Ndl., conse-
jero für Italien, 1652 consejero de Castilla und war 1663–1666 gobernador del consejo de
hacienda ( BNB XXXI, 665ff; Lefèvre , 117–127; Fayard II, 697).
à descouvrir des choses assés importantes, touchant le dessein pour lequel
il avoit esté envoié.
Ein Abgesandter
berichtet qu’ils avoient prise de chasser tout à fait les Espagnolz et se
mettre sous l’obéissance du Roy, moiennant que Sa Majesté jurast la con-
servation de leurs privilèges, demandant promptement l’armée navale, la-
quelle s’est trouvée heureusement à Protolongone par la prévoiance qu’on
a eu que cella pouvoit arriver.
Mais le temps ne suffisant pas pour mander les particularités de tout ce
que dessus, on fait estat de despêcher dans un jour ou deux le sieur de
Monbas; que si après tout ce qui arrive les Espagnolz ne se disposent à
faire la paix, il faudra conclure que Dieu permet que leur cœur s’en dur-
cisse pour donner lieu à quelque chose de plus grand que nous n’ozerions
nous promettre, ne se pouvant rien voir de plus manifeste que les décla-
rations que sa bonté fait journellement en faveur de cette couronne, puis-
que toutes les diligences que les ennemis font par toute sorte de voies
imaginables pour susciter des brouilleries dans ce roiaume ne se descou-
vrent pas seulement avant qu’ils aient mis les choses au point de nuire,
mais que dans le mesme temps comme pour une punition visible de leur
meschante volonté, deux roiaumes entiers se souslèvent de nouveau
contre eux, sans que nous nous en meslions en aucune façon.