Acta Pacis Westphalicae II B 6 : Die französischen Korrespondenzen, Band 6: 1647 / Michael Rohrschneider unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter MIthilfe von Rita Bohlen
92. d’Avaux an Mazarin Münster 1647 August 5
Münster 1647 August 5
Ausfertigung: AE , CP All. 85 fol. 38–41 = Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , CP
All. 89 fol. 7–9. Kopie: AE , CP All. 101 fol. 225–228’.
Rücksichtnahme auf Schweden erforderlich. Schwedische und hessen-kasselische Einwendun-
gen gegen ein französisch-kurbayerisches Bündnis; Erwiderungen d’Avaux’ gegenüber Kro-
sigk . Erörterung des Allianzvorschlags Oxenstiernas: Vorteile; Bedenken insbesondere hin-
sichtlich möglicher schwedisch-niederländischer Differenzen. Empfangsbestätigung. Freude
über die französischen Waffenerfolge. Komplimente.
L’affaire qui se présente est bien digne d’une profonde méditation de
Vostre Eminence, mais de quelque sorte que vous veniés à la résoudre, il
est très important |:d’entretenir l’humeur belliqueuse de monsieur Oxen-
stiern :| d’une négotiation à peu prez conforme à ce qu’il nous a proposé.
Elle ne sçauroit durer moins de deux mois pendant lequel temps |:la cam-
pagne sera presque finie et l’on verra lors quel train aura pris le traitté
d’Espagne:|. Autrement les Suédois entreroient en de grans ombrages des
intentions de la France si l’on |:refusoit ouvertement de se lier avec eux, et
la suitte en seroit périlleuse:|. Desjà, Monseigneur, |:ils voyent avec beau-
coup de jalousie l’union qui se forme:| entre le Roy et l’électeur de Baviè-
res , |:ils présupposent qu’elle tend à leur préjud〈ice〉:| ou au moins à se
pouvoir passer d’eux, l’un et l’autre les blesse quasi également, monsieur
Oxenstiern en a parlé de la sorte à un des députés de Hesse qui me l’a dit
en confiance. Et moy je dis avec asseurance que les Hessiens fomentent ce
soupçon et pourroient bien mesmes en estre les autheurs, ne pouvans dis-
simuler en aucune rencontre la haine qu’ils ont contre la maison de Ba-
vières . Les Suédois et eux quand ils sont ensemble nous font nostre procès
sur ce sujet. Ils se plaignent que la France fait de nouvelles amitiés,
|:qu’elle est jalouse de leur agrandissement:|, qu’elle veut affermir et aug-
menter la puissance du duc de Bavières |:pour l’opposer un jour à la Suè-
de :|, que l’on a dessein de le porter à l’Empire ou quelqu’un des siens,
mais monsieur Oxenstiern dit, ainsy que monsieur de Crosig m’a rappor-
té , qu’ils ne le permettront jamais, |:et que la couronne de Suède ayme
mieux en cette place un prince:| de la maison d’Austriche humilié, qu’un
de celle de Bavières |:si bien establye et qui aura liaison avec la France:|.
En cet endroit le truchement a si bien rendu toute la pensée d’autruy que
l’on auroit dit qu’il s’expliquoit de la sienne propre. Tant y a, Monsei-
gneur , que voillà leur entretien le plus secret et le plus sensible.
Après avoir remercié monsieur de Crosig de cet avis je luy ay fait avouer
que si le conseil du Roy a essaié de destacher Bavières du parti de l’ Em-
pereur et si après en estre venu à bout il travaille à le maintenir en neu-
tralité , c’est un grand bénéfice pour la cause commune, et que luy-mesme
Crosig l’avoit ainsy reconneu plusieurs fois. Je l’ay asseuré qu’on ne
songe à rien moins qu’à nuire en quoy que ce soit aux alliés, mais
qu’aussy ils auroient tort de prétendre que Sa Majesté ne pust accroistre
le nombre de ses amis, spécialement puisque c’est pour parvenir plus tost
et plus seurement à la fin que les deux couronnes se sont proposée.
Il a reparti qu’en ces termes personne n’y trouveroit à redire, mais que les
Suédois ont dessein de s’en bien esclaircir avec nous et de resserrer le nœud
qui a joint ensemble les couronnes si utilement jusques à cette heure.
Il m’a dit qu’il alloit à Cassel pour d’autres affaires, mais j’ay tout sujet de
croire qu’il y va pour consulter la proposition que monsieur Oxenstiern
leur a faitte aussy bien qu’à nous, comme à la vérité Madame la Landgrave
a de bonnes trouppes et beaucoup de moiens d’y contribuer. Il est parti
dez hier.
Je connois manifestement l’utilité présente de ce dessein. |:Il nous asseure
de la fidélité des Suédois:|, il fera bientost mettre les Impériaux à la raison,
il nous donne lieu de |:ne point conclurre la paix de l’Empire avant celle
d’Espagne:|, et il contraindra les Espagnols mesmes à nous accorder de
meilleures conditions pour garentir d’une dernière ruine les estatz hérédi-
taires de la maison d’Austriche en Allemagne. Mais je ne puis pas bien
desmêler si cella n’embarassera point toutes les affaires et n’engagera
point au-delà de ce qu’on pense. Surtout je considère que Messieurs les
Estatz veulent la paix, |:qu’ilz sont plains de mauvaise volonté contre la
Suède, que l’acquisition de la Poméranie citérieure:| en est la principale
cause, et que si les Suédois |:font connoistre leur prétention sur l’autre,
Messieurs les Estatz sont capables de conclurre leur traitté en quelque
façon que ce soit avec Espagne:| et d’assister ouvertement |:l’électeur de
Brandebourg:| pour maintenir le traitté qu’il a fait avec la Suède
Schwed.-kurbg. Rezeß betr. die Überlassung Pommerns, Osnabrück 1647 Februar 1/11
(Text (lat.): Meiern IV, 309ff ; NS IV, 218–221 (mit Abweichung in Punkt 5; mit frz.
ÜS); Bohlen , 115ff; ST VI.1, 149–152; DuMont VI.1, 366f (frz. ÜS); (it. ÜS) Siri IX,
215–218).
conserver |:la Poméranie ultérieure:|. En ce cas il y a lieu de croire que le
roy de Dannemarch |:ne manqueroit pas de se joindre aux Holandois et à
l’électeur:|.
D’autre part il est vray qu’après le traitté conclu avec la Suède le Roy
pourroit offrir son entremise à laditte couronne et aux Provinces-Unies
pour terminer leurs différens comme allié commun, faire |:tirer la négotia-
tion en longueur:| et en tout cas remonstrer aux Suédois l’intérest présent
qu’ils ont de se plier à un accommodement qui contente Messieurs les
Estatz.
Peut-estre aussy qu’on pourroit prévenir cette division de noz alliez, ar-
restant promptement le traitté dont est question avec les plénipotentiaires
de Suède et faisant agir l’armée. Les mauvais succès des Impériaux en Bo-
hême et en Westphalie et la neutralité de Bavières font espérer que cette
guerre pourroit bientost finir si les armées des confédérez vont prendre
leurs quartiers d’hiver dans les païs héréditaires, et que les leur[s] demeu-
rent libres pour y faire des levées et recreues. Il semble que les Suédois
font ainsy leur compte, ou bien qu’ils ne voient pas |:assez de motif pour
obliger la Holande à une rupture:|, ou qu’ils sçavent les moiens de luy
satisfaire.
C’est, Monseigneur, ce qui m’est venu en l’esprit pour et contre. Je seray
ravi que vous y trouviés quelque chose de vostre goust, ou qui vous serve
au moins à establir sur de meilleurs fondemens ce qu’il en faut croire.
J’ay receu la lettre dont Vostre Eminence m’a honoré le 27. C’est bien
avec vous, Monseigneur, qu’il se faut resjouir des bonnes nouvelles puis-
que vous les faittes telles, et que c’est particulièrement à vostre vigilance
que nous devons la prise de La Bassée. Je vous ay veu une autre fois opi-
ner seul au siège de Thionville
tousjours bénir les conseils et le travail de Vostre Eminence.