Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
219. Memorandum Longuevilles, d’Avaux’ und Serviens für Ludwig XIV Münster 1646 Oktober 24
[ 185 ] / 219 /–
Münster 1646 Oktober 24
Ausfertigung: Ass. Nat. 276 fol. 257–277’ = Druckvorlage. Duplikat für Mazarin: AE , CP
All. 62 fol. 134–154. Kopien: AE , CP All. 67 fol. 142–151’; AE , CP All. 78 fol. 212–221’.
Druck: Mém. et Nég. III S. 281–301; Nég. secr. III S. 347–352.
Freude über Zufriedenheit des Königs und der Königin mit den französisch-kaiserlichen Satisfak-
tionsartikeln . Schwedische Satisfaktion; Überlassung Benfelds und der Waldstädte auch bei Geld-
angebot Frankreichs unwahrscheinlich. Eventuelle Schlacht in Deutschland für den Friedens-
schluß verhängnisvoll. Haß Schwedens auf Maximilian von Bayern. Bemühungen um Waffen-
ruhe . Keine Verlegung der Verhandlungen mit Spanien von Münster an den französischen Hof.
Zur Unterredung Contarinis mit Peñaranda. Verärgerung der Mediatoren über die spanischen
Gesandten. Schreiben an Saint-Nicolas. Keine Kenntnis vom Plan einer schwedisch-spanischen
oder einer französisch-schwedisch-portugiesischen Liga. Spanische Gesandte wahrscheinlich im
Besitz von Blankoratifikationen. Militärische Vorschläge. Beurteilung der spanischen Angebote.
Bedeutung Kataloniens und Portugals für Frankreich. Vertragsverzögerung bis zur Einnahme
von Dünkirchen und Lérida. Abschluß des Vertrages mit Spanien vor dem Frieden im Reich
denkbar. Antwort auf Weisungen: 1. Maßnahmen zur Sicherung des Friedens; 2. Mögliche Er-
langung einer Verzichtserklärung des spanischen Königs auf das Elsaß; 3. Partikularvertrag mit
Mantua über Casale angebracht; 4. Schiedsmänner zur Regelung von Streitigkeiten in Italien;
5. Portugal; 6. Bitte um päpstliche Bestätigung von königlichen Nominationen in Katalonien;
7. Waffenstillstandsdauer für Katalonien; 8. zum Verbleib künftiger Eroberungen; 9. Streben
nach sechsmonatiger Waffenruhe für Portugal. Unterschiedliche Voraussetzungen der Verhand-
lungen über Lothringen und über Portugal. Restitution der Barberini.
Nous avons eu grande joie d’apprendre par ledict mémoire que la Royne ayt
eu contentement de ce que nous avons icy faict avec les Impériaux. L’ agrée-
ment que Sa Majesté tesmoigne du service que nous avons rendu en ceste
occasion redoublera noz soings pour achever ce qui reste. Nous avons aussy à
rendre grâces très humbles de la communication sy ample que l’on nous a
donnée de touttes choses et spécialement des bonnes et solides raisons dont
monsieur le cardinal Mazarin s’est servi pour |:persuader à l’ambassadeur de
Suède que sa maistresse doit se disposer à la paix:|. Nous essayerons de les
faire valoir auprès des ministres de ceste couronne qui sont en l’assemblée et
ne cesserons point que nous n’ayons conduict ceste affaire au poinct que
Leurs Majestez désirent.
Sy dans les divers partis qui se pourront proposer pour induire les Suédois à
convenir de leur satisfaction, on peut insinuer celuy de |:les faire contenter de
quelque somme d’argent que la France fourniroit en gardant Benfeld et les
villes forestières ou toutes ou en partie:|, ainsy qu’il nous est très judicieuse-
ment remarqué, nous n’en perdrons aucune occasion. Mais il est bien vray
que nous y prévoyons grande difficulté pour ne pas dire impossibilité parce
principalement que |:la maison d’Austriche y est tropt intéressée:| et qu’elle
voit mal volontiers nostre accroissement en ces quartiers-là, et notamment s’il
|:se doit faire à la diminution de ses domaines et avec l’alliénation des pla-
ces :| qui sont à elle en propriété, mais nous ne laisserons pas de tenter tous
moyens pour y |:mesnager s’il se peut quelque avantage pour la France:|.
Nous sommes icy |:en grande peine de l’estat présent des affaires d’ Allema-
gne . Nous appréhendons que celluy où le duc de Bavières se trouve réduict ne
le porte à prendre quelque conseil extrême et ne luy fasse changer de
conduitte envers nous:|. La proximité des armées faict craindre que |:l’on
n’en vienne à un combat général où la victoire et la perte nous sembleroient
quasi estre égallement dangereuses:|. Sy les Impériaux avoient l’avantage, ils
ne voudroient plus traicter aux mesmes conditions, et faudroit continuer la
guerre encor longtemps pour les y faire revenir. Sy nostre party demeure vic-
torieux , il y a |:juste subject d’appréhender la conduicte des Suédois:|, non
seulement ils ne voudroient pas se contenter des conditions ausquelles ilz se
rendent sans cela difficilles, mais ilz |:prétendroient donner la loy à tout le
monde et à nous les premiers. Ilz se rendroient les maistres absolus dans les
affaires d’Allemagne et tascheroient d’y ruiner tout à faict le parti et la reli-
gion catholique qui est une visée:| qu’ilz ont en ceste guerre il y a longtemps.
Enfin nous ne voyons |:qu’inconvéniens:|, quelque changement qui arrive
par un combat dans l’estat présent des affaires. Et ce qui nous donne grande
peine est qu’en |:ruinant monsieur de Bavières nous agissons contre noz pro-
pres intérestz:|.
Nous ne mettons pas en ligne de compte que la |:Franconie et la Suabe se
trouvent par ce moyen occuppées des trouppes suédoises:| qui estoient des
provinces destinées pour la subsistance de noz armées seules quand elles pas-
seroient le Rhein; mais ce qui est bien plus important, |:les Suédois ne haïs-
sent peut-estre point tant monsieur de Bavières pour estre de religion
contraire à la leur que parce qu’ilz cognoissent qu’il a esté jusques icy attaché
d’affection à la France et qu’il peut favoriser ses desseins. Ilz veullent estre
seulz ausquelz les princes et estatz de l’Empire mal contans ou opprimez par
la maison d’Austriche puissent avoir recours, et toute puissance estrangère qui
peut partager avec eux cette aucthorité leur desplaist:|. Ils croyent que
|:monsieur de Bavières est le seul prince capable de former un parti qui puisse
s’opposer à leur puissance:|, et estiment non sans quelque fondement que
c’est luy |:qui est cause qu’ilz ne sont plus tant recherchez qu’ilz estoient au
commencement de cette négotiation:|. Il est bien certain que |:leur haine:|,
de quelque motif qu’elle vienne, |:est si implacable contre ce prince qu’un des
sénateurs de Suède a dict au sieur Chanut, ainsy qu’il nous le mande, que si
les armées confédérées entroient dans la Bavière, on y devoit tout mettre à feu
et à sang, et le sieur de Rozenhan ne s’est peu empescher de dire dans Muster
mesme que si l’on estoit contraint de sortir de la Bavière, l’armée de Suède
mettroit le feu partout:|, estant, disoit-il, meilleur de ruiner son ennemy que
de luy laisser le moien de mal faire. Enfin il paroist que sy |:ledict duc estoit
ruiné, les Suédois se rendroient arbitres de la paix et de la guerre dans l’ Alle-
magne :|, et que l’autorité que le Roy s’est acquise dans la négotiation |: passe-
roit entièrement en leurs mains:|, auquel cas il seroit fort à craindre qu’ilz
|:n’eussent pas pour nous la mesme fidélité et le mesme soing de noz intérestz
que nous avons eu des leurs:|.
Nous avons donné charge au sieur de Marsilly qui est allé vers monsieur le
maréchal de Turenne pour luy proposer la suspension d’armes, de luy repré-
senter touttes ces choses, et de le prier de nostre part de |:modérer en tout ce
qu’il luy sera possible la passion des Suédois:|. Nous croyons que Leurs Ma-
jestez luy auront en mesme temps envoié leurs ordres et commandemens bien
exprez pour le mesme effect. Il nous semble bien qu’on ne doit rien faire qui
puisse mettre les armées en péril, ny en quoy les alliez se puissent justement
plaindre que nous leur manquions, |:mais s’ilz veullent par collère et par ven-
gence faire des choses qui soient contre l’ordre de la guerre, on peut sans
pécher contre la fidélité leur déclarer qu’on séparera les trouppes et qu’on ne
souffrira pas que celles de la France:| soient employez [!] pour satisfaire à leur
haine contre un prince qui est amy et |:moins encor contre la religion catho-
lique :|.
Nous connoissons par les effectz que les advis contenus au mémoire sont
véritables. Noz déspesches qui auront esté rendues à la cour au mesme temps
que nous avons icy receu lesdictz advis en sont des preuves assurées. Mais
nous ne sçaurions assez louer la grande prudence avec laquelle on a |:rejetté
touttes les ouvertures que les ennemis ont faict pour introduire la négotiation
prez de Leurs Majestez:|. Cela eust esté capable de nous |:brouiller de nou-
veau avec noz alliez, et sans doutte c’estoit le but et l’intention des Espa-
gnolz :|. Que sy un simple soupçon que l’on a cy-devant eu d’une chose qui
n’estoit qu’imaginaire |:a esté si malaisé à guérir, quelle peine n’eust-on point
eu d’oster aux Provinces-Unies la jalousie et la meffiance qui leur est si natu-
relle , quant on eust veu les affaires se traicter ailleurs qu’à Muster:|. Il est bien
vray que nous-mesmes avons esté d’advis cy-devant qu’on |:pouvoit sans pé-
ril escouter les propositions qui se feroient par delà:|. Nostre principal fon-
dement estoit pour reconnoistre quelles estoient |:alors les intentions des Es-
pagnolz et jusques où ilz se porteroient pour avoir la paix:|, mais il a sans
doute esté plus seur de ne les |:point recevoir:|, principalement aujourd’huy
que l’on |:est comme asseuré d’obtenir la pluspart des choses que Leurs Ma-
jestez ont désirées:|. Ce n’est pas que les affaires n’eussent pu estre traictées
|:à la cour avec plus d’advantage et mieux faictes en toutes façons:|, mais veu
|:les inconvéniens:| que l’on a sy judicieusement évitez, ç’a esté l’effect d’une
|:plus haute prévoyance de n’y point voulloir entendre:|. Nous essayerons de
correspondre à l’honneur que la Royne nous faict et à la confiance que Sa
Majesté nous tesmoigne. Et pour dire le vray, puisque nous avons à |:tirer des
ennemis jusques aux dernières conditions, que nous voulions faire la paix sans
leur rendre aucune chose et traicter:|, comme ils disent eux-mesmes, à la
|:holandoise:|, peut-estre a-[t-]il esté plus à propos de renvoyer les choses à
ceux qui agissent au loing, que sy cela se fust addressé |:à Leurs Majestez et à
leurs premiers ministres que l’on eust sans doute importuné de diverses sub-
missions pour obtenir quelque grâce:|.
Nous croyons assez facilement que |:monsieur Contarini aura dict à Pena-
randa :| les choses dont on a donné advis, et nous expliquons son discours
dans le sens favorable qui luy est donné par le mémoire. Comme les média-
teurs ne vont qu’à leur fin qui est la paix, ils se servent de |:touttes les raisons
bonnes ou mauvaises qu’ilz estiment y:| pouvoir conduire et particullière-
ment |:l’ambassadeur de Venise à cause du péril où est sa république
Venedig befand sich im Krieg gegen die Osmanen (vgl. [ nr. 76 Anm. 17 ] ).
Puisque nous sommes sur le |:propos des médiateurs:|, il nous paroist à ceste
heure assez clairement que |:les Espagnolz ne leur ont point donné cognois-
sance de ce qui se traicte avec nous par l’entremise des Hollandois:|, et
comme |:lesdictz médiateurs ont plusieurs conjectures:| qui ne leur donnent
pas lieu de douter que l’on a |:bien avancé les affaires:|, ils paroissent fort
|:irritez contre les ministres d’Espagne:|. Aussy à n’en point mentir ils ne
pouvoient |:estre offensez d’eux plus sensiblement que de les voir prendre
plus de confiance en leurs propres ennemis qu’en des médiateurs nommez et
convenuz:|. Nous avons |:adverti monsieur l’abbé de Saint-Nicolas de cette
mésintelligence et luy avons mandé:| que s’il voit l’occasion favorable, il peut
s’en servir |:adroictement envers le Pappe et luy faire connoistre comme ses
bienfaictz ont esté mal placez et ses bonnes volontez peu recognues:|.
Nous n’avons pas rien descouvert s’il est vray que |:Monsieur Oxenstiern aye
voulu savoir de Penaranda si le roy d’Espagne après la paix ou la trêve
conclue avec Messieurs les Estatz voudroit entendre à faire une ligue avec la
Suède:| pour la liberté du commerce et la défense réciproque de leurs Estatz.
Nous tascherons d’éclaircir par tous moyens la vérité de cet advis. Il pourroit
bien estre que |:les Suédois qui taschent par tous moyens d’establir un grand
commerce:| dans leur pays, auroient eu intention après la paix de faire |: quel-
que traicté avec l’Espagne:| pour cet effect, et l’un de nous s’est souvenu que
|:monsieur Oxenstiern luy en a advoué quelque chose confusément:|.
Nous n’avons point aussy de connoissance de l’advis que |:l’on a eu d’ Hol-
lande que Penaranda avoit donné à entendre au sieur Paw qu’il se faisoit une
ligue pour les Indes entre la France, la Suède et le Portugal:|. Il ne faut pas
douter qu’ils n’emploient toutte sorte d’artifices pour donner jalousie de nous
à noz alliez. Et pour ce qui nous est ordonné de dire nostre sentiment s’il
seroit |:bon d’assister le roy de Portugal dans les Indes:|, il nous semble plus
nécessaire de songer aux moyens de |:donner assistance à ce roy pour la
conservation de ses Estatz de terre ferme que dans les Indes:|, veu principale-
ment que |:les Espagnolz n’ont rien à y desmêler avec luy, mais les Holandois
seullement:|, et nous estimons qu’une des |:fautes du roy de Portugal est d’ a-
voir eu plus de soings de son establissement dans les Indes que de conserver
ce qu’il possedde en Espagne:|.
Quant à l’advis que |:Penaranda a deux blancz signez de la main du roy d’ Es-
pagne pour conclurre en un instant avec Messieurs les Estatz:|, nous le te-
nons véritable. Et pour remédier au mal que |:ces blancz:| nous peuvent cau-
ser , on aura veu par un des escrits que nous avons cy-devant envoyé comme
nous avons |:déclaré aux ambassadeurs de Messieurs les Estatz:| que nous
désirions, |:et dans la signature du traicté et pour donner et recevoir les ratif-
fications et pour cesser les hostillitez:|, marcher d’un mesme pas |:avec eux:|,
et que chacune de ces choses se fist par les uns et les autres en mesme temps
dont nous leur laissions le choix, et que nous le faisions pour tenir noz inté-
restz tousjours unis et prévenir ce qui pourroit arriver |:autrement que l’un
des alliez estant en paix, l’autre feroit la guerre:|. On verra comme nous les
avons aussy advertis que pour avoir |:une ratiffication vallable, il estoit néces-
saire que depuis le traicté signé il y eust eu du temps assez pour faire venir des
ordres d’Espagne et qu’une ratiffication faicte avant ce temps porteroit sa nul-
lité avec soy:|.
Vorschläge zum Feldzug in Flandern; Einnahme Mont-Cassels empfohlen.
Comme Leurs Majestez ont receu de grandes louanges en ceste assemblée
d’avoir esté les premiers à convenir des conditions de la paix dans l’Empire, la
disposition où elles sont d’en faire autant avec l’Espagne sans considérer les
nouveaux avantages que leurs armes victorieuses leur peuvent donner tous les
jours, ne recevra pas un moindre applaudissement. Elles auront veu par les
|:offres qui sont faictes de la part des ministres d’Espagne que nous n’avons
rien perdu de ce qu’on a acquis jusques icy et qu’on a obtenu tout ce à quoy
nous avions ordre d’insister:|. Quant à |:l’eschange des places:|, comme cela
ne se doit faire qu’après le traicté conclu et arresté, |:on sera en liberté d’ ac-
cepter les partis qui agréeront et de rejetter ceux où l’on jugera ne devoir pas
entendre:|, et nous avons tout loisir de recevoir sur ce suject les ordres de
Leurs Majestez, ausquelles nous ne manquerons pas de rendre compte soi-
gneusement de ce qui nous sera proposé avant que d’y prendre aucune réso-
lution .
Nous avons estimé à propos de représenter icy que |:les affaires de Portugal
et de la Catalogne:| nous semblent estre d’une |:très grande considération:|
pour la France, et que l’on s’y doit appliquer |:doresnavant autant ou plus
qu’à aucun autre intérest du royaume:|. La puissance des grands roys ne se
mesure pas tant en elle-mesme que par comparaison de ceux qui s’y peuvent
opposer, et par la force des Estatz qui leur sont voisins. Et comme il n’y a rien
qui affoiblisse tant |:le roy d’Espagne que le démembrement de la Catalogne
et du Portugal:|, il n’y a rien aussy qui relève plus la grandeur et la puissance
du Roy, qui le mette hors du pair, qui le rende véritablement arbitre de la
chrestienté, et sans contredict le premier et le plus puissant prince de l’ Eu-
rope . Tant que |:ces deux provinces seront destachées de l’Espagne, elle se
minera peu à peu et consommera ses trésors et ses forces pour les reconquérir
et estant occuppée dans cet exercice domestique et intérieur, elle est incapable
de pousser aucune entreprise au dehors. La Catalogne sera en seureté par une
longue trêve:| et par la précaution que nous tascherons d’y adjouster. Mais
pour |:le Portugal:| il semble que l’on doit penser de |:bonne heure à l’ assis-
tance que l’on y veut envoyer après la paix faicte, qui ne doit pas estre légère,
mais telle qu’elle puisse empescher la ruine et la subversion de cet Estat:|, que
l’on y doit travailler |:dès à présant et y préparer toutes choses et mesmes luy
procurer s’il se peust le secours des Hollandois:|, à quoy nous n’oublierons
rien, leur en ayant desjà coulé |:quelques propos qu’ilz n’ont pas rejettez:|;
que sy l’on |:maintient ces deux provinces en l’estat qu’elles sont à présent:|,
il en arrivera de deux effectz également |:avantageux à la France l’un ou l’ au-
tre infalliblement, ou que les Espagnolz demeureront hors de pouvoir de faire
la guerre ailleurs et exposez à celle qu’on leur voudra faire dans:| leur propre
|:pays:| ou que |:pour se délivrer de ce mal ilz seront à la fin contrainctz de
laisser à la France ce qu’ilz occuppent encor dans les Païs-Bas, qui seroit un
accroissement si grand et si notable que l’on pourroit dire alors que la France
subsistant par elle-mesme et par ses propres forces ne despendroit pas tant de
l’assistance de ses alliez:|. Ainsy de quelque façon que l’affaire |:s’accorde, la
France:| trouvera une entière seureté, |:tandis que la Catalogne et le Portugal
subsisteront en l’estat qu’ilz sont aujourd’huy, l’Espagne occuppée au dedans
ne pourra rien entreprendre contre nous par sa foiblesse:|. Sy pour recouvrer
ces deux |:Estatz le roy catholique se résoult de donner au Roy les Païs-Bas,
son royaume sera en estat par sa seulle puissance de ne plus rien craindre:|.
Nostre intention a tousjours esté de faire ce qui nous est ordonné touchant
|:Dunkerke et Lérida:|, n’ayans pas jugé raisonnable que |:pour avancer le
traicté de peu de jours on perdît des places de cette importance:|. On aura
veu par la dépesche faicte à Osnabrug que nous n’avons pas voulu |:user du
pouvoir qu’on nous a donné de conclurre:| sans y faire les réflexions portées
au mémoire et sans attendre sur ce les ordres de la Royne. Pour Dunquerque,
les conseils en sont pris. |:Touchant Lérida nous avions pensée [!] qu’on pour-
roit mander à monsieur le comte d’Harcour:| qu’il fist sçavoir à celuy qui y
commande
trémité :| et qu’en vain il espéreroit de sauver ceste place |:par le traicté de
paix, puisque le Roy en retarderoit plustost la conclusion que de manquer à
s’en rendre maistre:|. Cela feroit connoistre au gouverneur qu’il ne doit pas se
fonder sur ceste espérance, et s’il estoit possible de l’induire |:présentement à
capituller pour rendre la place dans quelque temps:|, nous acquerrions par ce
moyen un titre |:plus légitime de la ravoir par le traicté de paix en cas qu’il se
fist entre cy et le temps stipulé pour la reddition:|. Cela serviroit au moins
envers |:les Catalans pour leur faire voir combien la Reyne est soigneuse de
leurs intérestz, puisqu’elle différeroit la paix pour leur acquérir cette [!] avan-
tage :|.
Nous n’estimons pas que le retardement du traicté de l’Empire puisse |:faire
différer la conclusion de celluy qui se doit faire avec Espagne:|, et nous pen-
serions au contraire que |:le comte de Transmandorf ne sera pas fasché de
voir conclurre ce dernier pour obliger les Suédois à se rendre plus facilles à
l’autre:|. Aussy faisons-nous estat de |:nous en servir envers ceux-cy pour
cette fin:|, et comme nous avons |:hasté les Espagnolz par la crainte de faire
sans eux la paix avec l’Empire:|, nous prétendons porter |:les Suédois à pren-
dre plus tost leurs résolutions quant nous aurons achevé celluy d’Espagne:|,
et peut-estre mesme que |:Pau et ceux de son païs qui comme luy désirent la
paix, seront bien aises de l’avancement de noz affaires pour ramener par ce
moyen:| dans leurs sentimens ceux |:qui en ont eu jusques icy de contrai-
res :|.
Nous respondrons en suitte aux poinctz dont il a pleu à la Royne de nous
faire advertir.
Sur le premier, c’est avec une grande prudence que l’on nous faict souvenir de
|:prendre garde à la seureté du traicté, puisque ce n’est que par force et par
pure nécessité que les Espagnolz en subissent les conditions, lesquelles leur
estant si désavantageuses, ilz ne manqueront pas de le rompre quant ilz croi-
ront y gaigner quelque chose:|. Nous y apporterons touttes les précautions
que nous pourrons imaginer. Jusqu’icy nous n’y en voyons point |:d’autres
que de convenir d’une ligue en Italie:|, assurer celle qui se doit faire |:dans le
traicté de l’Empire entre tous les princes intéressez, affermir l’allience que
nous avons avec Messieurs les Estatz:|, apporter tous les moiens possibles
pour empescher que |:les Catalans ne puissent estre desbauchez pendant la
trêve, empescher que le Portugal ne puisse estre envahi en peu de temps faute
de luy donner un secours considérable:| et d’affoiblir noz ennemys de tout ce
que l’on a conquis sur eux, la dernière et la plus forte de touttes est dans la
prévoiance et le prudent et heureux gouvernement de la Royne.
Le |:second poinct regarde l’ordre qui nous est donné de stipuller du roy
d’Espagne sa renontiation sur l’Alsace:|. Noz dépesches précédentes auront
faict voir que nous nous en sommes souvenus, quoyque nous eussions un
autre moyen de l’obtenir en obligeant |:les Archiducz de la fournir:| lorsqu’il
faudra leur rendre les villes forestières, et leur paier les sommes d’argent qui
leur ont esté promises.
Le troisiesme nous semble |:le plus malaisé de tous à exécutter:|. Nous avons
insisté fort longtemps que |:Casal fust laissé en mains du Roy jusques à ce
que monsieur de Mantoue fust en aage de le conserver:|. On y a tousjours
contredict et les médiateurs sur la simple proposition |:ont excité de grandes
clameurs:|, de quoy nous avons donné advis, et que nous estions nécessitez
de venir |:aux autres partis contenuz en noz instructions:|, voyans que cel-
luy -là ne |:choquoit pas moins les autres princes que les Espagnolz:|. Celluy
qui est proposé par eux-mesmes de |:rendre le Pappe et la république de Ve-
nise cautions de ce dont il sera convenu nous semble assez considérable:|, veu
mesmes que dans la ligue d’Italie ceste obligation sera renouvellée. Mais ce
que nous estimerions plus utile seroit que |:le duc de Mantoue:| en recon-
noissance de ce qu’il doit à la couronne la conservation de ses Estatz, et de
tant de despenses qu’on a faictes pour luy, |:promît de ne faire jamais aucun
eschange ny traicté, par lequel cette place pust tomber en la puissance du roy
d’Espagne et de ne point marier sa seur à un prince de la maison d’Austriche
ou de ceux qui sont attachez ou dépendans d’elle, ce qui seroit un traicté
particullier à faire avec ledict duc hors de cette négotiation:|, n’y ayant pas
d’apparence de la |:proposer aux Espaignolz, puisque cette obligation non
seullement est contre eux, mais ne dépend pas d’eux:|.
Pour le quatrième poinct nous l’exécuterons ainsy qu’il est ordonné, mettans
en condition que s’il reste quelque chose à décider pour l’Italie, on ne pourra
rentrer en guerre pour cela. Mais sy pour terminer ces différends, il falloit
|:dès à présant nommer des arbitres:|, nous supplions très humblement la
Royne de nous faire sçavoir |:de quel prince on pourra convenir au cas que
les choses se réduisent en ces termes:|.
Le cinquième poinct qui |:concerne le Portugal a:| esté sy bien exécuté que
dans tous les escritz et les notes que l’on a pris de nous, il y a tousjours un
article exprez par lequel nous avons demandé |:qu’il fust accordé pour le Por-
tugal une trêve de pareille durée à celle de Messieurs les Estatz. Les média-
teurs seulz et les Holandois sont ceux à qui nous nous sommes déclarez sur ce
poinct, parce que pour amener les choses où elles sont, il estoit nécessaire
d’en user ainsy. Il est à considérer que le secret que nous tenons aux ministres
de ce roy le met en un péril évident d’estre envahi par le roy d’Espagne lors-
qu ’il croira estre dans sa plus grande seureté:|. Nous sommes obligez de don-
ner cet advis sur lequel on fera telle réflexion qu’il sera jugé raisonnable, et
afin qu’on |:prenne les mesures qu’il faudra pour la deffense de ce royaume
que les Espagnolz se promettent de recouvrer en fort peu de temps:|.
On n’oubliera pas de satisfaire ponctuellement au sixième et de demander le
consentement à ce que |:le Pape fasse sur la nomination du Roy les mesmes
expéditions que Sa Saincteté faisoit lorsque la Catalogne estoit en la posses-
sion du roy d’Espagne:| pour oster le prétexte que l’on pourroit prendre de
|:refuser cette grâce au Roy faute dudit consentement:|.
Pour le septième nous avons tousjours demandé que la |:trêve qui sera faicte
pour la Catalogne soit d’égalle durée à celle de Messieurs les Estatz sans spé-
ciffier le nombre des années, mais au cas que lesditz Sieurs Estatz fassent la
paix au lieu d’une trêve, nous avons limité la nostre à trente années qui est un
terme qui ne vaut guères moins qu’une paix et que nous sommes presque
asseurez d’obtenir:|.
Sur le huitième nous essayerons de faire s’il se peut en sorte que |:les actions
de la campagne ayent lieu jusques au premier décembre:|. Et pour ce qui
pourroit |:estre conquis en Italie:|, nous suivrons l’ordre qui nous est pres-
crit , mais parce que |:Portolongone est assiégé et que ce poste est très impor-
tant , tant pour tenir tous les voisins en crainte que pour les entreprises qui se
peuvent faire sur le royaume de Naples:|, nous croyons qu’il y aura grande
difficulté |:à le conserver mesme par une trêve de trente années qui entre:| de
puissans roys n’est guières moins considérée qu’une paix, qui est la raison
dont nous nous sommes servis contre les Espagnolz lorsqu’ils ont faict les
difficiles à nous |:laisser Rozes:|, faisant voir le peu de différence |:qu’il y
avoit à l’accorder pour tousjours ou à le laisser pendant une trêve de trente
années:|, mais nous avons souvent déclaré et faict valoir |:aux médiateurs que
hors Pignerol le Roy ne prétendoit du tout rien dans l’Italie:|. Nous essaye-
rons néantmoins de faire tout ce qui se pourra et tascherons sy la Royne a
agréable de |:nous en donner le pouvoir d’en profiter au moins par un es-
change s’il ne se peut mieux:|.
Au neufième nous ferons effort |:par le moyen des médiateurs pour obtenir
s’il se peut une trêve de six mois pour le Portugal, car il sera difficille d’y
engager les Hollandois, le seul moien de venir à bout des autres poinctz ayant
esté le relaschement que nous avons dict que nous faisions en leur considéra-
tion sur celluy-là:|, ce que nous leur avons beaucoup faict valoir et très sou-
vent représenté. Ils nous ont tousjours assuré que touttes les fois |:qu’on a
parlé à Penaranda du Portugal:| il s’est mis dans des transportz, et a juré avec
grands sermens qu’il |:n’avoit aucun ordre de traicter sur ce poinct et qu’il
sortiroit plustost de l’assemblée que d’entrer sur cella en aucun parti:|.
Nous avons leu avec admiration |:l’expédient proposé pour le Portugal et la
Lorraine:|, n’ayans rien veu jamais, ce nous semble, de mieux imaginé. Nous
chercherons les moyens d’en profiter, et de nous en prévaloir sans rien faire
néantmoins qui puisse changer ce qui s’est négotié jusqu’icy sur ces deux
affaires, car nous supplions de considérer qu’elles |:ne sont pas entièrement
semblables:|, en ce que nous croyons avoir disposé les choses de sorte que
|:le duc Charles demeurera excluz tant du traicté de l’Empire que de celluy
d’Espagne et qu’en l’un et l’autre il sera expressément porté que ny l’ Empe-
reur ny le roy d’Espagne ne pourront assister directement ny indirectement
ledit duc:|, au lieu que nous n’avons jamais |:consenti ny en parlant aux mé-
diateurs ny aux Hollandois de ne point faire mention du roy de Portugal dans
le traicté sinon avec condition expresse que la France seroit en liberté de l’ as-
sister :|. Et cela est sy véritable et sy reconnu par |:les Espagnolz mesmes
que:| lorsque nous leur avons faict dire qu’ilz avoient promis la liberté du
prince Edouard quand la paix seroit faicte, ils ont respondu que c’estoit en un
temps auquel ilz demandoient que |:la France ne pust assister le roy de Por-
tugal et sous cette condition:|, ce qui n’ayant |:pas esté accepté par nous et
eux s’estans départis de cette demande:|, la liberté de Dom Edouart ne s’ en-
tendoit pas aussy estre accordée. Ainsy ce ne sera pas |:sous main et de façon
que la France puisse estre blasmée que l’on envoyera du secours à ce roy:|, et
nous n’estimons pas qu’il y aye rien qui |:fasse plus connoistre les nécessitez
de l’Espagne que d’avoir consenti à ce poinct ny rien plus utille à la France
pour tenir l’Espagne dans un exercice continuel qui espuisera ses forces que
d’avoir cette permission:| de laquelle |:les Portugais ont subject d’estre très
satisfaictz et d’en estre très obligez à:| Leurs Majestez. Nous avons résolu
entre nous pour nous bien prévaloir de ceste pensée, de nous addresser |: seul-
lement aux ministres du roy de Portugal et de leur dire qu’ilz peuvent faire
savoir comme d’eulx-mesmes à l’agent de Lorraine qui est icy pour l’escrire à
son maistre que si le roy d’Espagne se dispose à ce qui est équitable pour le
Portugal, la France promettra de ne pas seullement traicter avec le duc Char-
les , mais de luy accorder une bonne partie de ce qu’il peut désirer:|.
Nous obtiendrons par ceste offre les deux effectz que l’on a souhaittez, l’un
de |:gaigner l’affection du roy de Portugal:| en luy faisant connoistre que
nous avons faict |:touttes sortes d’effortz en sa faveur:|, l’autre de donner
suject |:au duc Charles de se plaindre qu’il a esté abandonné par les Espa-
gnolz :|. Le public d’ailleurs demeurera satisfaict sans qu’on |:puisse rien im-
puter à la France, puisque nous assisterons le roy de Portugal bien loing de
l’abbandonner, et ce secours estant réel et effectif l’attachera bien plus forte-
ment à noz intérestz que toute autre considération:|. Ainsy l’on pourra trou-
ver les avantages qui sont judicieusement remarquez dans l’expédient, et on
évitera deux inconvéniens que nous eussions appréhendé sy nous eussions
pris la |:voye des médiateurs et des Hollandois:| pour faire ceste ouverture,
l’un qu’introduisant une négotiation formelle |:des affaires de Lorraine:| on
eust pu dire que nous ne prétendions |:plus d’exclurre toute à faict le duc
Charles de ce traicté:|, qui est un poinct important que nous croyons avoir
desjà comme |:obtenu des Impériaux et des Espagnolz, l’autre que remettant
en parallelle les intérestz de Lorraine et de Portugal:| lorsque nous insiste-
rions à faire promettre au |:roy d’Espagne qu’il n’assistera point le duc Char-
les , on ne prétendît de mettre en doutte la liberté que nous avons desjà obtenu
d’assister ledit roy de Portugal:|.
L’accommodement de messieurs les Barberins qui a esté receu icy avec l’ ap-
plaudissement que nous avons mandé, nous a tiré de peine. Nous avions en
diverses rencontres faict |:sentir aux médiateurs que la France voulloit voir
une fin dans cette affaire:|, et quelques jours avant que de recevoir la nouvelle
nous avions esté trouver exprez |:monsieur Contarini et luy avions dict en
parolles formelles que c’estoit une affaire capable de retarder la paix:| et que
nous le priions d’y apporter par sa prudence les remèdes convenables. Il nous
repartit qu’il l’avoit assez compris sur les propos que nous en avions jettez
plus d’un mois auparavant et qu’il en avoit escrit à |:sa république pour la
faire agir du costé de Rome et disposer le Pappe à complaire en cella à Leurs
Majestez:|. Nous sçavons aussy pour certain que |:Monsieur le Nonce en avoit
addroictement escrit à Rome, ayant faict sçavoir à Sa Saintete la résolution de
la France:| qu’il avoit reconnue par les discours de ses plénipotentiaires et
qu’il laissoit à juger à |:Sa Sainteté s’il luy seroit plus avantageux d’attendre la
conclusion du traicté pour donner cella au bien de la paix ou de prévenir ce
temps-là pour paroistre le faire de son pur mouvement et obliger davantage
Leurs Majestez:|. Nous avons aussy quelque conjecture que |:le Grand-Duc
y a contribué:|. Dans la visite que nous avons faicte à Monsieur le Nonce
pour nous en conjouir avec luy, nous luy avons dict que la connoissance que
Sa Sainteté avoit eue des bonnes intentions de la Royne avoit produict ce bon
effect et que nous espérions qu’il seroit suivy encor d’autres.