Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
217. Memorandum d’Avaux’ für [Mazarin] [Münster] 1646 Oktober 23

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Memorandum d’Avaux’ für [Mazarin]


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[Münster] 1646 Oktober 23

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Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 67 fol. 138–141’ = Druckvorlage.

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Überlegungen zu einer Regelung für Lothringen; Vorschläge d’Avaux’: 1. Übergabe des Elsaß an
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die Nachfahren Herzog Karls anläßlich des zwanzigsten Geburtstags Ludwigs XIV. oder:
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2. Belehnung Herzog Karls und seiner Nachfahren mit schlesischen Territorien gegen Rückgabe
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des Elsaß an die Tiroler Erzherzöge bei Schleifung Breisachs und Benfelds. Vorzüge eines franzö-
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sischen Verzichts auf das Elsaß. Drängen der niederländischen Gesandten.

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Le mémoire concernant le duc Charles m’a semblé tout à fait juste et judi-
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cieux et néantmoins si avantageux à la France que j’ay peine à croire que le
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parti qu’on propose soit accepté par ledit duc.

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Il est juste, parce que ce seroit tenir une grande rigueur non tant à ce prince
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qu’à sa maison de la priver pour jamais de toute la Lorraine sans aucune ré-
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compense , et je n’ay veu personne icy ny à Osnaburg qui tienne cella pratti-
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cable . En tout cas il semble que la nouvelle contravention au traitté de Paris

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Vertrag von Paris vom 29. März 1641 (s. [ nr. 11 Anm. 2 ] und [ nr. 132 Anm. 8 ] ).

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ne pourroit estre punie qu’à la proportion que le furent les précédentes, car
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quoyque par ce dernier traitté il se soit sousmis à la perte de tous ses Estatz,
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c’est une peine comminatoire qui est ordinairement remise quand on vient à
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résipiscence. Autant donc qu’il y a de différence entre quatre places et deux
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souverainetés, autant il y en auroit du traittement qu’on luy fit alors à celuy
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d’aujourd’huy. Il est vray qu’en ce temps-là il estoit plus considérable et sa
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cause plus favorable qu’à présent comme il est très bien remarqué par le mé-
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moire , mais comme c’est un sujet légitime pour luy imposer de plus sévères
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conditions de paix, aussy ne paroist-il pas suffisant pour luy fermer et aux
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siens toutes voies d’accommodement.

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Le mémoire est concerté très judicieusement, parce qu’il exclud tout à fait
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celuy qui l’a mérité par sa mauvaise conduitte et qui abuseroit encores des
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grâces qu’on luy pourroit faire, mais rappelle à une partie de sa succession
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ceux qui y ont droit et qui troubleroient sans doute le repos de la France s’il

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n’y est pourveu. Le temps qu’on veut prendre pour leur faire cette grâce, les
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conditions qu’on y appose pour la mériter le choix qu’on laisse au Roy de les
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remettre alors dans l’ancien duché de Lorraine les places démolies ou de leur
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donner ailleurs un autre Estat souverain d’égale valeur, et les pensions qu’on
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leur donneroit cependant sont des moiens excellens pour asseurer la paix qui
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se sera faitte à Munster, pour tenir le duc Charles esloigné des lieux qui luy
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donneroient commodité de brouiller, et pour réserver l’affaire entière au juge-
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ment de Sa Majesté lorsqu’elle sera pleinement en aage d’en cognestre la
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conséquence. Je dis encores un coup que cette ouverture est accompagnée de
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toute la circonspection et prévoiance qu’on pourroit désirer, parce qu’il est
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très important de ne pas faire la paix à demy et de laisser une guerre plus
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dangereuse que celle dont nous serions sortis, estant fort à craindre que ce ne
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fust la semence d’une guerre civile surtout durant la minorité, et alors les
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Espagnols ne s’oublieroient pas.

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Item, pour avoir promis de n’assister point le duc Charles ils ne s’ empesche-
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roient jamais de le faire; ils sçavent bien que la France ne rentreroit pas en
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guerre contre eux, et de plus ils justifieroient cette action par l’exemple de la
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France mesme qui assista les Holandois après le traitté de Vervins quoy’qu’il
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y eust obligation au contraire.

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Le duc Charles a de l’argent, il a une armée, le général Beck est desjà arresté
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pour passer à son service avec de bonnes trouppes, le roy d’Espagne les fera
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entretenir sans qu’on puisse s’en appercevoir, et elles grossiront encores après
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la paix par le licentiement de tant de soldatz qui chercheront maistre.

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Pour peu que dure cette guerre de Lorraine, elle trouverra des partisans en
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France, car il sera malaisé de contenter tous ceux qui pensent avoir servi et
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impossible de donner à beaucoup de gens ce qu’ils s’adjugent aujourd’huy à
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eux-mesmes.

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La plus grande difficulté qui se rencontre parmy les malcontens est de lever
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des trouppes et de former un corps considérable, avant qu’on puisse estre à
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eux et estouffer le mal en sa naissance, mais si le duc Charles peut seulement
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maintenir son armée pendant quelque temps, la tentation sera présente et la
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commodité entière.

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S’il faisoit quelque progrès dans une de noz provinces ou dans son païs où il a
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encores des créatures, nous serions à la guerre autant que jamais, et s’il est
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battu et chassé, ce n’est rien fait. Il reviendra tousjours avec des assistances
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secrettes de la maison d’Austriche et avec apparence de devoir estre favorisé
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par des François mesmes.

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Enfin s’il faut demeurer en guerre, il vaudroit beaucoup mieux que ce fust en
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Flandre où nous gaignons tous les jours et esloignons une frontière très ja-
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louse , que non pas en Lorraine, en Champaigne et ailleurs où nous n’avons
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qu’à perdre.

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Le mémoire ou l’expédient dont il fait mention me semble aussy très avanta-
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geux au Roy, et à tel point que je n’en ose quasi espérer autre fruit sinon de
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donner lieu aux Impériaux et Espagnols de se desgager honnestement de la

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1
protection du duc Charles. Cella est bien quelque chose, tant pour les obliger
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à promettre de ne l’assister directement ny indirectement, que pour rendre
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leur contravention plus odieuse à tout le monde et plus injuste s’ils luy don-
4
nent quelque secours. Mais selon que je conçois cette affaire, et qu’à mon
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advis il la faut considérer comme une affaire domestique, il y auroit grand
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avantage de la terminer présentement quand il en cousteroit quelque chose de
7
plus.

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Premièrement, je ne sçais s’il y a beaucoup d’inégalité entre l’ancienne duché
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et souveraineté de Lorraine et le langraviat d’Alsace, car dans la Basse-Alsace
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nous n’avons que la prévosté de Haguenau avec soisante villages, les villes de
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clergé et toute la noblesse relevant immédiatement de l’Empire. Et quand à
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Brisach, je crois que Nancy qui fait partie de laditte ancienne duché de Lor-
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raine n’est guères moins considérable.

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Mais supposé que l’Alsace qui est chargée de debtes fust de plus grand prix
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que l’ancienne duché de Lorraine avec le Barrois, qui n’est pas mouvant de la
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couronne, ne compteroit-on pour rien le desmembrement de cet Estat, et ne
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seroit-il point meilleur de tenir les Lorrains esloignés que de les remettre au
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milieu de leurs terres héréditaires et d’un peuple qui leur est entièrement
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affectionné?

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Que si le Roy estant parvenu à l’aage de vingt ans trouve plus à propos de
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donner un autre Estat ou souveraineté de pareille valeur, Sa Majesté ne pourra
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donner que l’Alsace, car tout ce que nous tenons en Flandres est trop prétieux
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et trop important à la seureté de Paris pour s’en désaisir. Et quant à la Cata-
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logne deux choses y résistent, l’une que cette province n’est laissée à Sa Ma-
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jesté que pendant une trêve dont il ne restera lors que dix-huit ans, l’autre que
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malaizément les Catalans voudroient changer de maistre et se sousmettre à un
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petit prince qui ne seroit pas capable de les deffendre contre le roy d’ Espa-
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gne .

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En troisième lieu la Catalogne peut servir bien plus utilement que pour des-
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dommager le duc Charles, elle pourra valoir au Roy tout ce qui reste à l’ Es-
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pagne dans les Pays-Bas. Et pour conclusion soit en Alsace, soit en Catalogne
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ou en Flandre que Sa Majesté donnast cette récompense, ce seroit tousjours
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dans nostre voisinage, tousjours avec péril que la maison de Lorraine ne vinst
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à cabaler dans la cour pour rentrer dans ses Estatz par faveur ou par fac-
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tion .

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Ces considérations me font croire que puisqu’on nous donne ordre d’ accor-
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der deux cent mil escus par an tant pour le duc Charles que pour madame sa
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femme et pour le duc François, et de leur promettre dans douze ans la resti-
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tution du duché de Lorraine à la réserve de ce qui est mouvant de France et de
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ce qui dépend des trois éveschés

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Metz, Toul, Verdun.
ou un autre Estat souverain d’égale valeur;
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ce sera espargner sept milions deux cent mil livres d’une part, les deux tiers de
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toutes les debtes de la chambre d’Ensisheim d’autre, et beaucoup d’ inquiétu-

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1
des , comme aussy mettre fin à la guerre pour une bonne fois s’il plaist à Leurs
2
Majestés rendre l’Alsace aux archiducs d’Inspruch, à condition que Brisach et
3
Benfeld seront razés et que l’Empereur donnera en fief de l’Empire au duc
4
Charles et à sa maison les duchés de Glogau et de Sagan

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Glogau und Sagan, Hgt.er in Niederschlesien.
, le marquisat de
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Jägersdorff

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Jägerndorf, Ft. in Oberschlesien.
et autres terres de Silésie jusques à la concurrence de ce que vaut
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l’Alsace. Car si cet eschange ne se fait dans l’occasion qui s’en offre aujour-
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d’huy, nulle des parties ne s’y rendra facile après la paix d’autant que la
8
maison d’Austriche et celle de Lorraine auront un intérest commun à faire
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restablir le duc François dans une partie de la Lorraine ou au moins à le loger
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aux frontières de France.

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Que si l’on peut encores se dispenser du paiement de la somme promise pour
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récompense de l’Alsace ce sera au moins avec les debtes une espargne de
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douze milions en douze ans.

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Une autre raison pour nous desprendre de ce grand amour de l’Alsace est que
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les François se conduisent mal avec les estrangers dont il n’y a que trop
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d’exemples, et que dans les païs qui sont esloignés de la cour les gouverneurs
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et officiers ne tiennent point bon ordre et nous font perdre incontinent l’ af-
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fection des sujetz et des voisins.

19
On doit aussy considérer qu’outre l’extrême despense des garnisons de Bri-
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sach et de Philisbourg, ceux qui commanderont dans ces places en temps de
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troubles dans le roiaume seront fort à charge, ne feront que ce qu’il leur
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plaira, et auront en main de quoy nous faire bien du mal si par un caprice ils
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adhèrent aux malcontents ou que par corruption ils changent de maistre, car
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en de telles conjontures[!] les tentations seront très grandes et l’on ne pro-
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posera pas moins à un gouverneur de Brisach que de le faire prince de l’ Em-
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pire .

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Les rois ont les mains longues, mais elles ne peuvent pas pourtant atteindre
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partout, et l’Espagne ne se voit aujourd’huy si bas et à la veille d’une ruine
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entière sinon pour avoir eu de trop vastes desseins et une domination trop
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estendue. Quand l’histoire parle du conseil que prit Auguste coercendi intra
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terminos Imperii, c’est avec de grandes louanges, ne si Imperium proferre
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voluisset, comme Dion

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Cassius Dio Cocceianus (2. Hälfte 2. Jh. – 1. Hälfte 3. Jh.) ( Wellmann ) ist Verfasser einer
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griechisch geschriebenen röm. Geschichte. Die hier zitierte lateinische ÜS könnte sich auf ver-
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schiedene Stellen beziehen: Cassius Dio LIV, 9, 1–3 berichtet vom Beschluß des Augustus, nach
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Niederschlagung eines Aufstandes in Armenien 20 v. Chr. auf neue Eroberungen zu verzichten.
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Cassius Dio LVI, 33, 5–6 gibt den testamentarischen Ratschlag des Augustus wieder, auf Ge-
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bietserweiterungen zu verzichten, und die Leichenrede des Tiberius (Cassius Dio LVI, 41, 7)
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hebt diese Politik ausdrücklich lobend hervor.
le rapporte, id difficilius tueretur, facilius etiam par-
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tum amitteret.

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Reste à dire que les ambassadeurs de Hollande nous estans venu trouver hier
35
de la part des plénipotentiaires d’Espagne touchant nostre traitté mirent de

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1
nouveau sur le tapis la proposition qu’ils nous firent il y a quelques jours de
2
donner l’Alsace au duc Charles à la réserve de Brisach qui demeureroit au
3
Roy.

4
Si nous ne voulons que conclurre un traitté glorieux qui ayt beaucoup d’ es-
5
clat , et partir bientost de Munster, nous avons raison de persister à l’exclusion
6
du duc Charles le remettant tousjours à la cour, et de faire nostre compte sur
7
l’Alsace et sur toute la Lorraine. Mais s’il faut aller au solide, et pourvoir
8
meurement à une véritable seureté de la paix je crois en ma conscience qu’il
9
nous est commandé très prudemment d’essayer icy de sortir de cette affaire, et
10
que pousser ledit duc en Silésie et transplanter sa maison ce seroit bien mieux
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le punir et leur oster les moiens de nuire à la France que de les laisser en
12
l’estat qu’ils sont.

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