Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
210. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Oktober 19
[ 188 Beilagen 1 und 2 ] / 210 / [ 236 ]
Paris 1646 Oktober 19
Kopien: Ass. Nat. 272 fol. 484–489 = Druckvorlage; AE , CP All. 78 fol. 185–189’. Konzept
Lionnes: AE , CP All. 62 fol. 117–122, 123.
Überlegungen zur spanischen Responsion auf die französischen Poincts plus importans und zur
französischen Replik: 1. Einstellung der Kampfhandlungen nicht zum Zeitpunkt der Unterzeich-
nung der Friedens, sondern erst nach erfolgter Bekanntmachung bei den Armeen. 2. Kein Behar-
ren auf Cadaqués; Wahrung der Interessen der Katalanen. 4. Garantie der Generalstaaten für
den Waffenstillstand in Katalonien erwünscht. 6. Aufschub der Vereinbarungen über Casale un-
günstig . 8. Nachteile einer Liga der italienischen Fürsten. 13. Behandlung Karls von Lothringen.
15. Beharren auf der Freilassung Prinz Eduards empfehlenswert. 16. Zum Austausch flandrischer
Plätze. Bemühen um Unterstützung portugiesischer Interessen durch die Generalstaaten.
Observations sur la response des Espagnolz et sur la réplicque de Messieurs
les Plénipotentiaires de France touchant les conditions de la paix avec l’ Espa-
gne
Sur le premier
Span. Responsion (Kopie: Ass. Nat. 276 fol. 226–227): Sur le premier. Qu’il n’est nécessaire
d’attendre des ratiffications puisque les pouvoirs des deux coronnes ratiffient dès mainte-
nant , ainsy avec la signature du traicté on pourroit faire cesser toutes hostilitez, et pour le
principal dudit article a-t-on donné charge d’y pouvoir consentir.
Frz. Replik (Kopie: Ass. Nat. 276 fol. 228–233): Sur le premier article. Accepté le consen-
tement que messieurs les Espagnols donnent que les Pays-Bas et places possedées par les
armes demeureront à Sa Majesté. Quant à la cessation des hostilitez qu’ils demandent
estre faicte le jour de la signature du traicté, on en demeure d’accord en cas que le mesme
soit faict de la part de Messieurs les Estatz, et sy Messieurs les Estatz attendent la ratifica-
tion pour cesser les hostilitez, la France fera le mesme, estant nécessaire pour la seureté
d’un chacun que la signature du traicté se fasse en mesme jour par les plénipotentiaires de
France et ceux de Messieurs les Estatz, que les ratifications du roy d’Espagne soient deli-
vrées en mesme jour, et que les hostilitez cessent aussy en mesme jour, [sans] quoy il y
auroit un temps où l’un des confédérez demeureroit en guerre pendant que l’autre seroit
en paix, ce qui seroit contraire au traicté d’alliance.
Il a esté fort à propos d’esvitter de donner à cognoistre à Messieurs les Estatz
que nous affectassions à dessein aucune longueur dans la conclusion de l’ ac-
commodement , mais on ne veoid pas bien comme quoy les hostillitez peu-
vent cesser le mesme jour qu’on signera le traicté de la paix, puisque l’avis
n’en peut estre receu que quinze ou vingt jours après en Espagne, en Italie et
sur la mer; cependant le traicté estant signé les armes ne laisseront pas d’agir
dans cet intervalle, et il seroit assez estrange et dur à digérer que sy après la
signature de la paix nous venions à perdre beaucoup de monde à l’attacque de
quelque place, on fust après obligé de la rendre parce qu’elle n’auroit esté
emportée qu’après le traicté signé.
Il semble doncques que la cessation des hostillitez peut estre arrestée et or-
donnée le jour de la signature du traicté, mais non pas exécuttée que du jour
que la nouvelle en arrivera dans les armées, et pour cela on pourroit convenir
d’un tempz proportionné à la distance des lieux où il faudra despescher,
comme de cinq ou six jours en Flandres et de quinze au moins en Catalongne
et en Italie.
Sur le deuxième
Span. Responsion: Sur le deuxième. On demeure d’accord que tout le Roussillon demeure
au Roy par le traicté de paix, mais pour ce qui est de Roses on a respondu que Roussillon
n’est entendu sinon tout ce qui est depuis le Pertus du costé de la France, et que la ville de
Roses, n’ayant jamais esté membre ny dépendence du Roussillon, devroit estre compris
dans la Catalogne et reiglé comme le reste de ladite province.
Frz. Replik: Sur le deuxième. Accepté pareillement la cession de tout le Roussillon, et pour
ce qui est de Rozes on persiste, n’estant pas permis par les ordres de passer plus avant sy
ceste place n’est cédée de mesme que le Roussillon.
Quoyque l’on ayt mandé touchant Cadacquez et que les advis que nous avons
euz que les Espagnolz s’en relascheroient aussy bien que de Rozes, nous ayent
esté confirmez depuis peu, on estime pourtant qu’il sera bon de n’en point
parler, parce que les choses estans passées sy avant sans que l’on en ayt jamais
rien dict, cette nouvelle instance pourroit produire un mauvais effect, et don-
ner grand soupçon de la sincérité des intentions de Leurs Majestez pour la
paix.
Messieurs les Plénipotentiaires se souviendront dans la conclusion de la trefve
de Catalongne de lire et bien examiner les papiers qui leur ont esté addressez
là-dessuz, et qui avoient esté présentez icy à Sa Majesté par une personne
expresse que la députation a envoyée
considération et qu’on essaye d’obtenir tout ce qui pourra le plus contanter
ces peuples-là et oster aux ennemis le moyen de nous nuire par leurs intelli-
gences dans le pays.
Sur le quatrième
Span. Responsion: Sur le quatrième. On a finalement donné consentement de la pouvoir
accorder pour 25 ans, et quant à la seureté et précautions nécessaires de part et d’autre on
est content d’y procéder de bonne foy.
Frz. Replik: Sur le quatrième. Sy Messieurs les Estatz font la trefve, on se contentera,
quand elle ne seroit que de vingt années, que celle de la Catalogne soit de la mesme durée,
mais sy Messieurs les Estatz faisoient la paix, on entend que la trefve de Catalogne soit au
moins de 30 années.
Présupposant comm’il n’est que trop vray que les Espagnolz rompront avec
nous touttes les fois qu’ilz verront jour de le faire avec apparence de bon
succez, la longueur de la trefve de Catalongne, de quelque durée qu’on l’ ac-
corde , ne nous donnera pas la seureté que nous aurions sy ladite trefve avoit
relation à celle de Hollande et que la France et Messieurs les Estatz fussent
réciprocquement obligez à les guarentir l’une et l’autre et à rompre conjoinc-
tement s’il estoit manqué à l’une des deux.
C’est pourquoy sy les Hollandois se résolvent à voulloir plustost faire la paix
qu’une trefve, il est sans doutte qu’ilz n’auront aucune raison pour se deffen-
dre de s’obliger à la manutention de nostre trefve ny pour s’empescher de
rompre leur paix sy les Espagnolz venoient à rompre nostre trefve pendant le
tempz qu’elle devra durer, puisque nous n’avons jamais faict de difficulté de
nous obliger de mesme à la manutention de quelqu’accommodement qu’ils
fassent et comm’il ne deppend pas de nous (ainsy qu’il a tousjours deppendu
d’eux) de faire la paix partout et que la trefve de Catalongne est à nostre
esgard un party de nécessité et non pas d’eslection, nous pourrions prétendre
avec justice que ladite trefve estant expirée, ilz seroient tousjours engagez à
rompre contre l’Espagne en mesme tempz que la France. Néantmoins Sa Ma-
jesté consentira vollontiers qu’ilz demeurent quitter de cette obligation, pour-
veu seullement qu’ilz s’obligent en bonne forme à la manutention de ladite
trefve pour tout le tempz qu’elle debvra durer.
Sur le sixième
Span. Responsion: Sur le sixième. Touchant Cazal on est demeuré d’accord.
Frz. Replik: Sur le sixième. D’accord de l’article, mais d’autant que messieurs les plénipo-
tentiares d’Espagne n’ont pas approuvé le dépost de ceste place entre les mains du Roy
pour quelques années, il seroit nécessaire qu’il leur plust faire quelque autre ouverture.
Sa Majesté juge très nécessaire de convenir dez à présent du tempérament
qu’il faudra prendre pour la seureté de Cazal, parce que les Espagnolz certai-
nement ne remettent à en convenir après la signature du traicté qu’ artifficieu-
sement et pour nous chicquaner. Ce point est de grande conséquence en ce
que s’il falloit reprendre les armes pour ne pouvoir s’accorder en cela, il nous
seroit sans doutte comme impossible de faire rentrer dans la partie Messieurs
les Estatz qui auroient desjà conclu et exécutté leur accommodement, et c’est
peut-estre la visée que les Espagnolz ont, et de trouver par cette voye la sépa-
ration de la France et de ses alliez qu’ilz ont inutilement tentée par tant d’ au-
tres . Ce point de Cazal donne lieu à Leurs Majestez d’advertir Messieurs les
Plénipotentiaires qu’attendu la passion que les Espagnolz ont de sortir d’ af-
faires promptement, on aura cent fois meilleur marché d’eux pour en tirer
satisfaction et sur cette seureté de Cazal et sur touttes les autres affaires que
l’on n’auroit remettant à les vuider après la signature du traicté, parce qu’ es-
tans alors hors d’appréhention, ilz traisneront les choses en longueur pour
proffitter de quelque conjoncture qui leur donne lieu d’espérer de meilleurs
succez en rébrouillant les affaires, et il ne faut pas doutter que les ministres de
Hollande ne contribuent encore à nous faire contanter en des choses si esloi-
gnées d’eux, puisqu’ilz n’ont pas moins de désir que les Espagnolz de veoir
promptement arrester noz progrez et asseurer leur repos. Enfin il est certain
que nous ferons plus de chemin en un jour présentement que l’on ne feroit en
une année après la signature du traicté.
Sur le huictième
Span. Responsion: Sur le huitième. On en est content de passer tout ce qui sera nécessaire
pour conserver la paix en Italie.
Frz. Replik: Sur le huitième. On est aussy d’accord, mais il est besoing de regarder aux
moyens de mettre en exécution la ligue proposée comme estant la principalle seuretté
pour le repos de toute l’Italie.
Sy par le moyen de la ligue des princes d’Italie on ne pouvoit pas seullement
asseurer la paix dans cette province-là et l’exécution de tout ce qui sera arresté
présentement pour l’y establir, mais encore tout ce dont nous conviendrons
ailleurs avec les Espagnolz ou au moins touchant la Catalongne, il n’y a point
de doutte qu’il seroit très avantageux de brider les Espagnolz par cette ligue,
et que la craincte de s’attirer sur les bras tous les princes d’Italie leur fist
perdre le dessein qu’ilz peuvent avoir de manquer dans quelque tempz à ce
qu’ilz ne promettront aujourd’huy que par pure nécessité, mais apprenantz
par ce que mandent Messieurs les Plénipotentiaires que plusieurs desdits prin-
ces n’ont aucun ministre dans l’assemblée et que mesme ceux qui y sont n’ont
pas pouvoir de rien arrester sur ladite ligue, on veoid bien qu’il seroit ma-
laisé de les obliger jamais à s’engager pour d’autres pointz, auxquelz ilz ne
prennent pas tant dę part qu’en celluy-cy. C’est pourquoy Sa Majesté juge
qu’après que Messieurs les Plénipotentiaires auront essayé de recognoistre
là-dessus les sentimentz desditz ministres, s’ilz voyent qu’on ne puisse pas se
promettre de les porter à la manutention généralle de ce qui sera arresté dans
le traicté de paix avec les Espagnolz ou au moins pour l’Italie et pour la Ca-
talogne , ilz se retirent adroictement de l’engagement où nous nous sommes
mis pour cette ligue d’Italie, tesmoignant que c’est pour facilliter les choses
et avancer la conclusion de la paix qui seroit nécessairement retardée, puis-
qu ’il n’y a aucun ministre à Monster qui ayt pouvoir de rien traicter sur ce
point-là.
Mais en effect dans l’estat présent des affaires qui est comme un chacun veoid
bien différend de celluy du commancement de la régence dans lequel nous
n’avions pas grand sujet d’espérer que nous peussions faire la paix et retenir la
Catalongne et une sy grande partie de la Flandres que celle que les armes du
Roy ont conquise, il nous seroit très préjudiciable d’insister pour une ligue
qui ne garentist la paix avec les Espagnolz que dans l’Italie.
Premièrement parce que sy pour plus grand chastiment de la chrestienté Dieu
permect que les affaires ayans esté une fois accommodées se rebrouillent en-
core par l’ambition ou la mauvaise foy de noz ennemis, comme la France ne
possède presque rien dans l’Italie et que l’Espagne y a des Estatz très considé-
rables , nous ne pouvons rien perdre et pouvons beaucoup gagner dans la
guerre de cette province.
En second lieu parce que ladite ligue ne serviroit qu’à asseurer lesditz Estatz
au roy d’Espagne et à luy donner moyen d’en tirer et trouppes et argent et
touttes choses nécessaires pour nous faire la guerre aillieurs.
Et enfin parce que les Espagnolz seroient bien plus hardis à rompre de nou-
veau contre nous s’ilz estoient une fois asseurez que nous ne pouvons les in-
quiéter en Italie sans nous mettre tous les princes sur les bras, de façon que
c’est aujourd’huy une seureté de la paix que de ne point faire ladite ligue,
comme ce seroit une autre seureté plus grande de la faire sy les princes d’Italie
voulloient s’obliger à la manutention de tout ce qui sera arresté avec les Espa-
gnolz ou au moins en Catalongne, car pour la Flandres nous pourrions trouver
nostre seureté, sy Messieurs les Estatz s’engageoient de rompre touttes fois et
quantes qu’on voudroit par voye de faict nous troubler dans la possession de
ce qui nous sera cédé ou soubz quelque prétexte que ce puisse estre attacquer
la France, et on ne peut pas révocquer en doutte que Messieurs les Estatz ne le
fassent volontiers, puisqu’ilz ont intérest au repos de ces provinces-là pour
jouir du leur et que l’engagement sera réciprocque entre nous et eux.
En cas néantmoins que les ministres des princes d’Italie qui sont à Munster
tesmoigent envie de ladite ligue, et que l’on remette après la signature de la
paix à en introduire le traicté et en arrester les conditions, nous tascherons
alors de la conclurre pour le tempz que durera la trefve de Catalongne, et d’y
faire sur tout pour le moins insérer un article bien équitable par lequel il sera
dit que sy les Espagnolz viennent à rompre contre nous en quelqu’autre en-
droict au préjudice de ce qui aura esté convenu par un traicté sy solemnel, la
France qui pourroit prétendre que les princes d’Italie se déclarassent contre
les viollateurs de la paix, se contantera d’avoir la faculté de rompre en Italie
contre eux sans que lesdits princes y prennent aucune part, et les Espagnolz
n’auront garde de n’y prester pas leur consentement, puisque le reffusant ilz
donneroient à cognoistre visiblement qu’ilz ne songent à présent qu’à se tirer
du mauvais pas où ilz sont pour attendre une conjoncture favorable de man-
quer à tout ce qu’ilz auroient promis.
Sur le treizième
Span. Responsion: Sur le treizième. Ilz ont tousjours insisté et insistent encores que le duc
Charles soit compris dans le traicté en la sorte et manière que les ambassadeurs de l’ Em-
pereur ont déclaré.
Frz. Replik: Sur le treizième. Il est impossible de faire la paix avec le roy d’Espagne s’il
demeure en liberté de faire une autre guerre au Roy soubz le nom du duc Charles. C’est
pourquoy on respond à cet article comme on a faict au second, n’estant pas permis aux
plénipotentiaires de France d’entrer en traicté sy le roy d’Espagne ne promet de n’assister
directement ny indirectement le duc Charles.
Il semble qu’il faille sur touttes choses convenir avec les Espagnolz et les Im-
périaux que le duc Charles venant à reffuser le party que la France luy offre en
faveur de leurs instances pour le bien de la paix et pour l’avantage de sa Maison,
il ne pourra plus rien prétendre de nous, ou au moins que lesditz Espagnolz et
Impériaux s’obligeront en la meilleure forme qu’on pourra trouver de n’ ap-
puyer point ses prétentions ny celles de ses successeurs, et il faut surtout bien
asseurer que ledit duc ne demeurera point armé, et que sy on ne peut [l’]obliger
à désarmer chacun tournera ses forces contre luy pour l’y contraindre.
S’il semble à Messieurs les Plénipotentiaires que Sa Majesté doive faire quelque
chose pour la maison de Lorraine au delà de ce qui a esté mandé par le dernier
escrit , s’il est considérable ilz en donneront avis à Sa Majesté pour sçavoir ses
résolutions, sy c’estoit chose de peu de conséquence ilz pourront les prendre
d’eux-mesmes se souvenans seullement de régler tousjours leur conduitte sur
ce qui est contenu dans ledit escrit, c’est-à-dire qu’absolument on ne veut point
souffrir le duc Charles dans la Lorraine, mais on veut qu’il désarme et qu’il se
retire en quelqu’un des lieux qui ont esté marquez ou en Angleterre.
Et touchant la souveraineté de Lorraine que l’on a mandé qu’on demeureroit
d’accord de rendre à ceux qui ont droict à la succession dudit duc, quand le
Roy sera parvenu à l’aage de vingt ans, Messieurs les Plénipotentiaires pour-
ront le promettre dans dix ans à compter du jour de la paix, et ilz pourront
aussy augmenter les pentions qu’on a escrit voulloir donner audit duc s’ilz
voyent que l’accommodement de tout deppende de ce point-là.
Messieurs les Plénipotentiaires feront remarquer à un chacun dans l’ assem-
blée que l’on ne peut aujourd’huy faire les mesmes advantages au duc Charles
qu’on luy a faict par le passé, d’autant que lorsqu’on a traicté cy-devant avec
luy, on ne luy rendoit que peu de choses, et pour le reste on remettoit à le
rendre après la paix, ainsy nous avions un long espace de tempz pendant
lequel et ledit duc pouvoit méritter la bienveillance de Leurs Majestez par ses
services, comm’il a esté mandé, et elles eussent eu le moyen de luy faire faire
une espèce d’apprentissage, le mettre à l’espreuve, bien examiner sa conduitte,
et l’ayder à la prendre telle qu’on peust concevoir meilleure oppinion de luy
qu’on ne l’a, mais à présent que l’on doit exécutter les choses presque dans le
moment qu’elles seront accordées il faut nécessairement que nous prenions
un tempz de dix années comme l’on faisoit les autres fois pour esprouver s’il
sera capable de laisser le monde en repos et d’avoir d’autres sentimentz pour
cette couronne que ceux qu’il a tesmoignez jusqu’icy.
On a mandé une fois auxdits Sieurs Plénipotentiaires l’avis que l’on avoit eu
que ledit duc faisoit estat au cas qu’il n’eust pas satisfaction dans le traicté de
la paix de grossir ses trouppes pour troubler nostre repos, ne faisant point de
doutte que les Espagnolz ne l’assistassent, et qu’il n’eust grande facillicté à
composer une armée puissante par le licentiement que l’on feroit de tous cos-
tez de tant de trouppes. C’est pourquoy il importe au dernier point de pren-
dre touttes les précautions imaginables pour empescher que cela n’arrive.
Car à la véritté il n’y a personne qui ne voye qu’il vaudroit beaucoup mieux
continuer aujourd’huy la guerre que de faire une paix après laquelle nous
eussions encore sur les bras le duc Charles, armé, fortiffié des trouppes licen-
tiées et assisté au moins indirectement par les Espagnolz et cela sans que noz
alliez y prissent aucune part.
Le vray moyen de mettre nos parties à la raison sur le point du duc Charles
est de prétendre comme l’on a mandé que le roy de Portugal doive estre com-
pris dans le traicté.
Et en cela nous ne manquerons point à ce qu’on leur a faict espérer par la
voye des médiateurs et depuis plus positivement par celle des députtez de
Hollande d’autant que nous n’avons rien offert touchant le Portugal qu’à
condition que la France seroit satisfaicte dans tous les autres pointz, parmy
lesquelz ilz ne peuvent pas nier non seullement que celluy de Lorraine ne fust
compris, mais que ce ne fust un des principaux et plus importans pour cette
couronne et pour le repoz d’un chacun.
Il n’y a pas suject d’appréhender que les Impériaux et les Espagnolz tiennent
bon jusqu’au bout pour obtenir une satisfaction entière au duc Charles, quoy-
qu ’ilz continuent tousjours d’en faire les instances, et il se veoid bien qu’ilz ne
peuvent en user présentement d’autre façon, parce que s’ilz l’abandonnoient
avant qu’estre bien asseurez de la paix, cela l’obligeroit infailliblement à se
retirer de leur service et à passer avec touttes ses trouppes dans nostre party à
quelque condition que nous voullussions luy accorder, ce qui pourroit leur
causer des dommages irréparables.
Mais il y a très grande apparence comm’on l’a desjà mandé que quand la
négociation sera sy avancée que la conclusion de la paix ne deppendra plus
que du point de Lorraine ilz y donneront les mains; néantmoins pour la seu-
reté de ladite paix nous ne debvons pas nous contanter de ce simple abandon-
nement sans convenir en mesme tempz de ce que deviendront les trouppes du
duc Charles, et sans estre bien asseurez qu’il ne sera assisté directement ny
indirectement d’hommes ny d’argent par noz ennemis.
Et à la vérité la France seroit bien mal conseillée sy elle consentoit à une paix
dans laquelle tous ses alliez trouvassent sy bien leur compte et deussent jouir
d’un proffond repos pendant qu’elle qui pour la mesme fin auroit sacriffié
tant d’avantages et de belles espérances, en trouveroit une toutte contraire, et
sa facillité n’auroit servy qu’à tendre la main aux ennemis pour les tirer du
précipice que malaysément ilz peuvent esvitter par autre voye et à leur donner
moyen après de nous tourmenter nous-mesmes en fomentant et assistant le
duc Charles.
Et ce seroit une mauvaise raison de dire que la France aura la mesme faculté
d’assister le roy de Portugal, car il n’y a personne qui ne voye bien que les
choses ne sont pas pareilles pour beaucoup de raisons que Messieurs les Plé-
nipotentiaires sçavent fort bien, et entr’autres que pour mil hommes nous
envoyerions avec grande peyne au roy de Portugal, les ennemis en peuvent
bailler en un instant dix mil au duc Charles, et que l’argent que nous pour-
rions fournir audit roy ne luy sçauroit proffitter de rien en comparaison de
ce que feroit la moindre somme que les Espagnolz donneroient audit duc.
Nous avons tousjours prétendu que Messieurs les Estatz sont obligez en vertu
d’un traicté que nous avons avec eux
et pour Pignerol que pour celles des Pays-Bas. C’est pourquoy Messieurs les
Plénipotentiaires employeront toutte leur adresse pour essayer s’il est possible
à les bien lier avec nous pour tout ce qu’il arrivera desdites affaires de la Lor-
raine , et sy on peut porter leurs députtez à le déclarer sérieusement aux Espa-
gnolz il est indubitable que cela les obligera d’y faire grande considération, et
il est à croire que la passion démesurée qu’ont Messieurs les Estatz et encores
plus leurs députez à l’assemblée de faire promptement la paix les portera ou à
s’engager de nous faire sortir de ce point comme nous prétendons d’abord
qu’ilz recognoistront que de là deppend la conclusion de tout ou au moins
d’estre joinctz à nous en tout tempz dans cet intérest.
On mande de Bruxelles que l’archiduc Léopold doibt passer bientost en Flan-
dres pour gouverner ces pays-là
Ehg. Leopold Wilhelm (s. [ nr. 23 Anm. 18 ] ) übernahm Ende des Jahres 1646 die Statthalter-
schaft in den Span. Ndl.n, trat dieses Amt jedoch erst im April 1647 an ( NDB XIV S. 297 ;
Pirenne S. 390).
Vgl. [ nr. 22 Anm. 7 ] .
qu’il doit conduire avec luy un corpz de trouppes assez considérable et que
les Espagnolz moyennant cela laisseront partir le duc Charles avec les siennes
pour aller chercher des quartiers en Allemagne se joignant aux armées de
l’Empereur et de Bavières.
D’autres mandent que Castel Rodrigo ne voudroit pas que le duc Charles
quittast sytost les Pays-Bas, mais qu’ayant esté obligé de l’opposer à l’armée
de monsieur le prince d’Orange pour observer ses mouvemens, celle-cy s’ es-
tant avancée à l’attaque de Venlo et Ruremonde ledit duc a aussy marché vers
ces quartiers-là avec la plus grande partie de ses trouppes, et comme c’est le
chemin de la retraicte, qu’il demande à présent le reste desdites trouppes et
déclarre qu’il veut passer en Allemagne sans délay.
On peut néantmoins faire une refflexion sur cela qui est que les Espagnolz
recognoissans que la paix est proche de sa conclusion et que le point de la
Lorraine peut la retarder, ilz sont bien ayses de laisser retirer ledit duc, soit
pour n’avoir pas la honte de l’abandonner dans un tempz qu’il seroit effecti-
vement à leur service, soit pour s’excuser de ce qu’ilz ne pourront l’induire à
ce qu’ilz feront semblant d’aillieurs de voulloir luy persuader, mais il ne peut
aller en aucun lieu où les Espagnolz et les Impériaux
agissans sincèrement, on ne puisse facillement le contraindre à désarmer, et il
n’est pas sy aymé ny des princes ny des peuples d’aucune nation que quand
on sçaura que la paix n’est différée que pour sa considération qui est capable
de rebrouiller tout plus que jamais, chacun ne luy courre sus pour le forcer à
quitter les armes.
On avoit autresfois escrit quelque chose à Messieurs les Plénipotentiaires
pour envoyer d’un commun consentement ledit duc contre le Turc avec une
bonne armée qu’on luy pourroit former et luy fournir les moyens pour la
maintenir. Ilz pourront revoir cette dépesche et se servir selon les occasions
des lumières qu’elle peut leur donner, examinant pourtant les inconvéniens
qu’il pourroit y avoir de luy mettre en main le commandement d’une puis-
sante armée en Hongrie avec laquelle après y avoir pris créance il peust tour-
ner court de deça pour nous troubler dans la possession de la Lorraine. Enfin
ce que nous prétendons des Espagnolz sur cette affaire de Lorraine est condi-
tio sine qua non.
Sur le quinzième
Span. Responsion: Sur le quinzième. Quant à la restitution des prisonniers on en demeure
d’accord, mais quant à Don Eduart de Bragance, on soustient qu’il n’est prisonnier de
guerre, mais sujet du roy d’Espagne, et toutesfois qu’après la paix faite le roy très-chre-
stien et la reyne sa mère régente pourront faire à ce regard les instances qu’i[ls] trouveront
à propos surquoy sera pris l’esgard comme il conviendra.
Frz. Replik: Sur le quinzième. Sy on mettoit aujourd’huy en doute l’entière liberté du
prince Edouart qui a esté promise et donnée par escrit par messieurs les médiateurs de la
part de messieurs les plénipotentiares d’Espagne, ce seroit oster toute la confiance qui doit
estre en cette négociation sy on veut qu’elle réussisse heureusement.
Il est bon de persister jusqu’au bout à demander la liberté du prince Edouart
de Portugal d’autant plus que nous ne prétendons en cela que l’exécution
d’une parolle qui nous a esté donnée par les médiateurs de la part des minis-
tres d’Espagne.
Sur le seizième
Span. Responsion: Sur le seizième. Qu’après le traicté fait on pourra user des changes pour
les places cédées et en convenir par l’interposition de Messieurs les Estatz, on en demeure
d’accord pour le reste qui est contenu dans l’article susdit.
Frz. Replik: Sur le seizième. On demeure d’accord qu’on pourra faire les eschanges qui
seront trouvées à propos pour les places qui seront ceddées par le present traicté de paix
dans le Pays-Bas et dans la comté de Bourgongne par l’interposition de Messieurs les
Estatz, ainsy qu’il est porté par ledit article.
On met en considération à Messieurs les Plénipotentiaires s’il ne seroit point
à propos de mieux spéciffier le point des eschanges de places en Flandres,
c’est-à-dire de faire bien entendre que ceux que l’on proposera doivent estre
d’une commodité réciprocque, et que quand l’un des partis n’en conviendra
pas, on ne pourra pour cela venir à rupture et chacun demeurera en posses-
sion de ce qu’il tient aujourd’huy.
Messieurs les Plénipotentiaires ont fort bien faict de relever l’ommission que
ceux d’Espagne avoient faicte à dessein dans leur mémoire des intérestz du
roy de Portugal, et d’en renouveller l’instance par le dernier article
réplique.
Nous sommes aussy obligez et par bienscéance et par intérest de faire tous les
effortz possibles pour obliger Messieurs les Estatz à la conservation du roy de
Portugal après la paix faicte, bien entendu qu’il leur donnera toutte satisfac-
tion sur les différens qu’ilz ont ensemble au Brézil, et pour le moins il fauldra
bien asseurer que lesditz Sieurs Estatz, s’ilz ne veullent l’assister, ne luy seront
pas directement contraire[s] et ne feront aucun traicté avec les Espagnolz à
son préjudice; nous avons d’autant plus de droict de presser lesditz Estatz sur
ce point de Portugal que nous pouvons leur représenter qu’ilz sont la princi-
palle cause pour laquelle nous nous sommes à la fin relaschez de n’insister pas
à le faire comprendre dans la paix.
Et comme sans doutte les Espagnolz ne songeront point à inquiéter ny nous
ny eux ou à rebrouiller ce qui aura esté arresté dans le traicté de paix tant
qu’ilz auront à desmesler cette affaire de Portugal, il se veoid que nous avons
grand intérest qu’ilz n’en sortent que le plus tard qu’il sera possible, parce que
c’est autant de temps que nous aurons de repos asseuré et une seureté très
grande de la durée de la paix pour tout ledit tempz qu’il y a apparence ne
debvoir pas estre sy court que nous n’ayons peut-estre moyen de gaigner la
majorité du Roy.