Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
133. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1646 August 28
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[Münster] 1646 August 28
Konzept, größtenteils eigenhändig: AE , CP All. 77 fol. 318–320’ = Druckvorlage.
Informationen über die Kontakte zwischen Pauw und Brun. Bestimmung eines Gesandten für
Reise nach Den Haag zweckmäßig. Wegen mangelnder Zusammenarbeit der französischen Be-
vollmächtigten klare Anweisungen der Königin wünschenswert. Bemühen Portugals um Gewin-
nung der Generalstaaten zu empfehlen. Geheime Unterredung d’Avaux’ mit Contarini. Vor-
würfe gegen d’Avaux. Entrüstung über eine Predigt Ogiers. Bayern über die Bekanntmachung
abgefangener französischer Briefe verärgert. Erläuterung der Kritik an genannter Predigt.
J’ay sceu par un Liégeois que j’ay mis dans la maison de Brun ce que nous
mandons par nostre dépesche commune des conférences secrètes qui ont esté
faites avec Pau. Brun sortist de la dernière comme désespéré et ne voulust
point disner quand il fust de retour chez luy. Il avoit fait praeparer à la cam-
pagne de quoy manger, croyant que Pau y demeureroit, mais celluy-cy s’en
excusa, ce qui piqua l’autre de telle sorte qu’il blasma ses domestiques au
retour de ce qu’ils avoient fait boire les 〈gentilhommes〉 qui accompa-
gnoient Pau, en disant: „Ces Hollandois sont des canailles qui ne sçavent ny
faire ce qu’ils doivent envers la France ny qu’ils pourroient avec nous.“ Il
adjousta en outre: „Nous n’avons pourtant pas subjet d’en dire du mal, nous
ne laissons pas de leur avoir obligation, car s’ils eussent fait cette année ce
qu’ils eussent peu, le roy d’Espagne n’auroit plus guères de villes en Flan-
dre.“
Il a esté jugé très prudemment que le voyage de l’un de nous à La Haye sera
nécessaire en cas que monsieur de La Tuillerie s’en aille en France, mais je
crains bien que monsieur d’Avaux, qui ne voudra pas y aller pour ne s’esloi-
gner pas de monsieur de Longueville, n’y permette que j’y aille, parce que son
humeur est de ne vouloir faire ny laisser faire, [et] ne s’oppose à ce voyage
jusqu’à ce que les affaires soient désespérées, auquel cas il seroit ravi de se
décharger de cette commission pour m’en embarrasser. Il me semble qu’on ne
sçauroit prendre une meilleure ocasion ny plus plausible d’y aller que pour
proposer à Messieurs les Estats l’affaire de Portugal, en cas que les Espagnols
commencent de l’expédient que les médiateurs leur ont proposé en dernier
lieu. En mesme temps on leur parleroit des autres points sur lesquels nous
avons besoin de leur faire prendre une meilleure conduite.
Il me semble qu’il seroit très à propos qu’on nominast par la dépesche de la
cour celluy qui devra exéquuter cette commission; autrement je suis obligé de
vous dire qu’il n’en faudra rien espérer de bon. Si nous n’eussions pas tant
contesté sur les choses qu’il falloit faire auprès des députés de Messieurs les
Estats, nous eussions peut-estre empesché beaucoup de mauvaises résolutions
qu’ils ont prises, à vous dire le vray, nous avons souvent agi lorsqu’il n’estoit
plus temps. J’en ay ma conscience déchargée, n’ayant point manqué de pro-
poser à temps ce qui estoit nécessaire. Quand une négotiation est longue, la
pluralité des négotiateurs nuit beaucoup plus qu’elle ne sert, parce que l’un se
plaist à contredire, ou à détruire ce que l’autre a proposé ou avancé. J’ay bien
veu des personnes qui ayment mieux agir que de laisser agir les autres, mais je
n’ay jamais veu que monsieur d’Avaux qui empesche les autres de travailler
aux choses dont il refuse de se charger.
S’il ne plaist à la Reyne d’user quelquefois de son authorité pour ordonner
nettement les choses qu’elle juge nécessaires pour son service, elle ne sera
jamais bien servie. Pour moy je suis prest à tout ce qui sera comendé, mais il
est un peu fascheux de dépendre tousjours des caprices et des artifices de
monsieur d’Avaux qui certainement en cette ocasion ne sera point d’advis
qu’on aille en Hollande que quand il sera asseuré qu’il n’y aura plus rien à
faire qu’à recevoir du déplaisir, auquel cas il sera ravi de faire tumber la
chance sur moy. S’il n’y alloit autant du service du Roy que de mon honneur
je ne prendrois pas la liberté d’en parler.
Je dis dernièrement en confidence à l’un des ministres de Portugal qui sont
icy qu’ils devroient s’ayder auprès de Messieurs les Estats pour restablir un
peu dans les Provinces-Unies l’affection qu’on y a eu autrefois pour leur mais-
tre; qu’il y avoit six mois que nous combations par l’ordre de la Reyne et de
Son Eminence contre [les] Espagnols pour l’intérest de Portugal; qu’encor
que nous cogneussions fort bien que l’affection que nous témoignions sur ce
subjet estoit la seule chose qui empeschoit les Espagnols de s’avancer, nous
n’estions pas résolus de nous rebuter pour cela ny de nous rendre, mais qu’il
falloit au moins éviter que pour cest intérest nous n’eussions pas à combatre
nos amys aussy bien que nos ennemis; que ceux qui gouvernent les Provinces-
Unies sont la pluspart gens intéressés qu’on croid avoir esté corrompus par
l’argent d’Espagne; que si on se servoit des mesmes moyens pour les regai-
gner, ils aymeroient sans doute mieux reprendre leurs premiers sentiments et
procurer le bien de leur Estat quand ils y treuveroient esgalement leur
compte.
Je luy fis ce discours à deux fins, l’une pour luy faire cognoistre combien il est
nécessaire d’empescher que Messieurs les Estats ne soient pas d’advis
contraire au nostre en l’affaire de Portugal, affin que quand la chose arrivera
on puisse dire de l’avoir praeveue et d’en avoir adverti à temps, l’autre pour
tascher de ramener les esprits en Hollande aux despens d’autruy, car ils ne
peuvent estre bien disposé pour le Portugal qui est l’intérest de la France le
plus éloigné, qu’ils ne mettent à couvert celluy de Cataloigne et tous les autres
qui la touchent encore de plus près.
Le ministre à qui j’ay parlé m’a dit depuis peu qu’on travaille à bon escient en
Hollande, et qu’on n’épargne pas quatre cents mille ducats pour redresser
ceux qui s’estoient dévoyés. Il m’a confessé que c’est le plus asseuré moyen
d’avancer la liberté du prince Edouard et de faire cesser la difficulté des sauf-
conduits dont on treuvera le principal et plus solide effet dans la paix si le roy
de Portugal y peut estre compris ce qu’il sera indubitablement si Messieurs les
Estats déclarent nettement de ne vouloir point traiter sans cela.
Quoyque monsieur d’Avaux ne nous ayt rien dit d’une conférence qu’il a eue
avec Contarini aux capucins , et que peut-estre il attende le départ de l’ordi-
naire pour en donner advis le premier, j’ay esté adverty qu’au sortir de là
Contarini dit aux siens que si chacun estoit en la bonne disposition de mon-
sieur d’Avaux, la paix seroit bientost faite, mais qu’il y en a à la cour et icy qui
ont des inclinations et des intérests contraires. Cela est estrange que cet
homme ne laisse pas échaper une seule ocasion petite ny grande qu’il ne la
profite pour contenter sa vanité et pour rejeter faucement le blasme et la
haine sur la cour ou sur ses collègues.
Encor que Contarini soit son confident, et que chez luy on dise hautement
que si Son Eminence estoit disgratié, monsieur d’Avaux gouverneroit la
France, il n’a pas laissé de dire que ce n’estoit pas prudent à luy de laisser
déclamer son praedicateur
François Ogier (1597 oder 1598–1670), frz. Schriftsteller und Prediger, befand sich als Almo-
senier d’Avaux’ mit diesem in Münster. Er verfaßte ein Journal über seine Reise zum WFK
und den Aufenthalt dort ( NBG XXXVIII Sp. 552–555; Ogier S. V-XXXIV). Zu seiner
Predigt vom 25. August s. Ogier S. 162f. und S. 219ff.
position m’empescha de m’y treuver, mais j’ay sceu qu’il eut l’imprudence de
dire que si Saint Louis estoit médiateur de la paix il diroit aux François:
„Pourquoy ne voulez-vous pas borner vostre ambition et reigler vos désirs,
dont plusieurs étrangers ont esté scandalisez, d’autres en ont fait grand tro-
phée.“
Il dit encor quelque chose touchant l’éducation du Roy que je n’ay pas peu
sçavoir au vray, qui fust treuvé fort mauvais.
J’ay sceu que Bavière a fait de grandes plaintes à l’Empereur de ce que Traut-
mansdorff avoit monstré aux Suédois les lettres interceptées de monsieur de
Brienne. Peut-estre ne sera-t-il pas fasché de chercher noise maintenant que
les affaires de l’Empereur vont mal pour prendre quelque bonne résolution. Il
prend beaucoup de faux fondements dans les lettres ausquels j’aurois répondu
si j’avois creu qu’il eust esté nécessaire. Il est si faux que nous ayons jamais
déclaré qu’avec Brisac nous serions contents, qu’en mesme temps nous avons
insisté sur Benfeld, Saverne, Naunbourg et Philisbourg et avons dit quand on
nous a fait attendre la résolution de laisser Brisac que c’estoit un artifice pour
avoir lieu de nous faire départir des autres points que nous avions demandés,
mais que nous ne laisserions pas mener de cette sorte. Il est bien vray que
nous avions donné quelque espérance de treuver des expédients sur les autres
quatre places, mais nous disons aujourd’huy qu’il n’y en pourroit avoir de
plus raisonable que d’en laisser trois et n’en retenir qu’une.
Depuis ce mémoire escript j’ay parlé à diverses personnes qui estoient au ser-
mon le jour de la Saint Louis. Ilz demeurent tous d’acord qu’on ne pouvoit
parler plus scandaleusement qu’a faict le prédicateur de monsieur d’Avaux, et
qu’à moins d’estre payé par les Espagnolz pour descrier les affaires de France,
il ne pouvoit prescher aux termes qu’il a faict, pour confirmer à son maistre
dans une chaire publicque la réputation qu’il affecte tant de pacificque affin
de luy acquérir l’affection des peuples, il a faict passer les François pour am-
bitieux, pour déraisonnables, et a parlé d’eux comme s’ilz estoient les seulz
autheurs de la guerre et comme s’ilz empeschoient la paix. Il a adjousté beau-
coup d’autres impertinences qui seroient trop longues à dire, que du temps de
Saint Louis on n’escorchoit point les peuples pour faire la guerre aux princes
crestiens comme on faict à cette heure, qu’on n’avoit point encor treuvé les
motz nouveaux qui sont aujourd’huy en 〈…〉 pour authoriser des tirannies
etc. L’affaire a passé sy avant que Contarini a dict qu’un semblable sermon
eust faict mettre le prédicateur dans la Bastille s’il eust esté faict à Paris. Ce-
pendant il ne nous eust pas tant faict de préjudice à Paris.