Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
91. Memorandum Longuevilles, d’Avaux’ und Serviens für Ludwig XIV Münster 1646 Juli 30
Münster 1646 Juli 30
Ausfertigung: Ass. Nat. 276 fol. 6–17’ = Druckvorlage. Duplikat für Mazarin: AE , CP All. 61
fol. 209–217’. Kopie: AE , CP All. 77 fol. 185–189. Druck: Mém. et Nég. III S. 159–172;
Nég. secr. III S. 258–261, jeweils datiert auf den 31. Juli.
Keine Verhandlungsfortschritte durch Anwesenheit Oxenstiernas erreicht. Rheinübergang Turen-
nes. Militärisches. Antwort der Kaiserlichen von den Mediatoren überbracht: Verweigerung der
Pässe für die portugiesischen Gesandten; Ablehnung der Freilassung Prinz Eduards; 1627 als
Stichjahr für die Amnestie gewünscht; Forderung der Oberpfalz für Bayern; Restitution der Berg-
straße; Gravaminaverhandlungen; schwedische Satisfaktion; Regelung des Marburger Erbfolge-
streits durch die Kurfürsten von Sachsen und Brandenburg; Widerstand der Reichsstände gegen
eine Überlassung Philippsburgs sowie gegen französische Souveränitätsrechte bezüglich der Deka-
polis; Entschädigung der Innsbrucker Erzherzöge; Truppenabfindung; kein Bündnisrecht der
Stände gegen den Kaiser zur Vertragsassekuration; Beharren auf gleichzeitigem französisch-spani-
schem Friedensschluß; Paß für Karl von Lothringen gefordert. Gespräch mit den Mediatoren
über die Antwort der Kaiserlichen. Gefahr einer Stärkung des kaiserlich-spanischen Bündnisses.
Visite Trauttmansdorffs: abgefangene Briefe; französische Satisfaktion; Titulierungsfragen. Ver-
tragsschluß d’Anctovilles mit dem Trierer Kurfürsten. Keine Neuigkeiten bezüglich spanischer
oder niederländischer Angelegenheiten; Beunruhigung über Krankheit des Prinzen von Oranien;
Anweisung an Brasset, Beschwerde in Den Haag einzulegen wegen der Unterzeichnung der
niederländisch-spanischen Artikel durch Gent, Pauw und Knuyt.
Le voyage de monsieur Oxenstiern en ceste ville n’a pas produict tout ce que
l’on en avoit espéré pour l’avancement de la paix, à laquelle noz parties ont
tesmoigné depuis quelque temps peu de disposition, soit que les practiques
secrettes des Espagnolz ayent eu ce pouvoir sur le comte de Trautmansdorff,
ou soit par l’espérance conceue de prendre avantage sur l’armée de Suède,
estant certain que les Impériaux et Bavarois l’ayans tenue comme investie
dans la Haute-Hesse s’estoient vantez qu’elle ne pouvoit leur eschapper. Les
difficultez qui se sont trouvées au passage du Rhein, et le long temps que
monsieur le maréchal de Turenne a esté obligé de demeurer au-delà, les ont
entretenu dans ceste pensée.
On aura sceu comme Messieurs les Estatz ont |:mis en délibération s’ilz de-
voient accorder le passage à l’armée du Roy:| sur le pont de bateaux qu’ils
ont à Wésel. Il arriva que les sieurs Menerzwich, Chnut et Niderhost estoient
au mesme temps sur le poinct de partir pour aller rendre compte à leurs su-
périeurs de tout ce qui a esté faict et arresté entre les Espagnolz et eux. Leur
chemin estant par Wésel, nous jugeasmes qu’ils |:pouvoient facilliter le pas-
sage de l’armée, et pour les y obliger par nostre présence, nous résolûmes de
nous rendre aussy tost qu’eux en ce lieu:|, la venue de madame la duchesse de
Longueville nous en fournissant une occasion favorable, ce qui a réussy de
sorte que l’armée est au deçà du Rhein, à laquelle on eût peut-estre refusé le
passage, attendu |:ce qui s’est passé à La Haye nonobstant les obligations si
expresses des traictez que nous avons avec eux:|.
Tracy und Bönninghausen
Lothar Dietrich Freiherr von Bönninghausen (1598–1657) war als Söldnerführer zunächst
wechselnd in span. und ksl. Dienst. Seit 1645 befand er sich im Dienst Hessen-Kassels und
Frk.s, wurde am 16. August 1645 zum maréchal de camp ernannt, kehrte aber im Juli 1647
auf die ksl. Seite zurück ( Lahrkamp, Bönninghausen).
der schwedischen Armee vereinigt. Rückzug der Kaiserlichen.
Ce succez nous a donné beaucoup de joie et nous faict espérer que monsieur
de Turenne ayant joinct les Suédois, et s’estant fortifié des levées que l’on dict
estre fort belles et des meilleures de toutte l’Alemagne, les Impériaux seront
obligés de |:reprendre les derniers erremens du traicté et d’en poursuivre la
perfection avec:| autant de chaleur comme depuis quelque temps ils y ont
tesmoigné d’indifférence.
Depuis que nous sommes en ceste ville, les médiateurs nous ont veu pour
nous rendre response sur ce que nous leur avions dict en suite de noz confé-
rences avec monsieur Oxenstiern. Ils ont commencé par le passeport deman-
dé pour les Portugais, et ont dict que l’Empereur ne leur en peut donner au-
cun, ny comme à des particuliers, ny en qualité de ministres d’un prince ou
Estat souverain; que sy les couronnes leur veulent donner un sauf-conduict
comme les Impériaux ne le peuvent empescher, aussy n’y veulent-ils pas
consentir; que depuis trois ans que lesdicts Portugais sont en l’assemblée, ilz y
ont vescu en assurance, et y peuvent estre de mesme à l’advenir, soit qu’ils
demeurent à Munster, ou qu’ils aillent à Osnabrug ou ailleurs; de quoy les
Impériaux donnent leur parole, et pour eux et pour les ministres d’Espagne.
Quant au prince Edouart qu’il ne peut estre mis en liberté que la paix ne soit
faicte; que l’Empereur n’a pas pouvoir de l’eslargir, et ne veut pas à son suject
entreprendre une guerre contre le roy d’Espagne; que ledict Dom Edouart
sera compris dans le traicté que l’on fera avec l’Espagne, mais non pas dans
celuy de l’Empire.
Sur le poinct de l’amnistie, les Suédois ayans persisté à demander qu’elle aye
son effect dès l’année 1618, |:quoyqu’ilz soient comme d’accord avec le
comte de Transmandorf qu’elle commencera à l’année 1624 et qu’ilz ne fas-
sent cette instance que pour monstrer fermeté à soustenir les intérestz des
estatz de l’Empire protestans:|, nous avions esté |:obligez d’appuyer la de-
mande de noz alliez pour conserver l’union avec eux:|, ce que nous avions
faict de sorte néantmoins que nous avions assez |:donné à entendre aux mé-
diateurs que ce n’estoit pas avec dessein d’i tenir ferme:|. Mais les Impériaux
ont de là pris occasion de dire que lorsqu’ils s’estoient déclarez, et avoient
faict leur offre pour la satisfaction de la France, c’estoit avec condition que
l’amnistie n’auroit son commencement qu’en l’année 1627, laquelle condition
n’estant pas effectuée, ce qui avoit esté accordé par eux pour la satisfaction de
la France ne subsistoit plus.
Ils nous ont dit en l’affaire palatine que sy nous prétendions que le Palatinat
Supérieur fût démembré, et qu’il ne demeurât pas tout entier au duc de Ba-
vières c’estoit contre la promesse que nous avions faicte audict duc, et sur
laquelle estoit aussy fondé ce qui nous avoit esté accordé. Ilz ont mesmes
persisté à ce que le Beresthrat
Einige Ämter der Bergstraße waren 1463 und 1544 von Kurmainz an Kurpfalz verpfändet
worden. Deren Wiedereinlösung durch den Kf.en von Mainz hatte der Kf. von der Pfalz 1621
abgelehnt. Nach dessen Vertreibung 1623 wurde Mainz die Bergstraße ohne Zahlung der
Pfandsumme vom Ks. zugesprochen. Im WF wurden die Mainzer Rechte an der Bergstraße
bestätigt (IPO IV,7 = IPM § 15). 1650, nach Beilegung des Streits um die Ausführung dieser
Vereinbarung, erfolgte die Wiedereinlösung des Pfandes durch Kf. Johann Philipp von Schön-
born ( Oschmann S. 59 und S. 677; Jürgensmeier S. 125–128; Mentz II S. 63–65;
Schaab S. 261–264).
Bas-Palatinat luy soit restitué.
Ils se remettent à nous de faire ce que nous jugerons à propos pour les griefs
des estats de l’Empire.
Disent qu’ils traicteront de la satisfaction de la Suède avec les plénipotentiai-
res de ceste couronne-là; et pour celle de Madame la Landgrave, pour laquelle
nous avions demandé qu’elle fût maintenue dans Marbourg et que la succes-
sion qui luy est disputée
Der Marburger Erbfolgestreit zwischen dem calv. Hessen-Kassel und dem lutherischen Hessen-
Darmstadt entstand beim Tod des kinderlosen Lgf.en von Hessen-Marburg, Ludwigs des Älte-
ren (1537–1604): Dieser hatte testamentarisch die Aufteilung seines Landes zwischen beiden
hessischen Linien bei gleichzeitiger Wahrung des lutherischen Bekenntnisses verfügt. Weiterge-
hende Forderungen Hessen-Darmstadts wurden in einem ksl. Schiedsspruch zunächst abgewie-
sen. Nach Einführung des calv. Bekenntnisses im hessen-kasselischen Teil des Marburger Erbes
sowie nach Unterstützung des Kf.en Friedrich V. von der Pfalz (s. [nr. 14 Anm. 7] ) durch Hes-
sen-Kassel rief Hessen-Darmstadt den RHR an und bekam 1623 Hessen-Marburg zugespro-
chen. Ab 1627 kam es zu verschiedenen Vergleichen, die jedoch keine endgültige Lösung brach-
ten. Am 14./24. April 1648 unterzeichneten beide Linien einen in den WF (IPM § 58 = IPO
XV,13) aufgenommenen Vertrag, der Hessen-Marburg zwischen ihnen aufteilte und das luthe-
rische Bekenntnis sicherte ( Beck ; Hans Heinrich Weber ; Bettenhäuser S. 5–13).
respondu qu’il y a une règle dans la Hesse, et un accord faict entre tous les
princes de ceste maison, portant que tous les différends qui naistront entr’eux
seront décidez par des princes parens et amys communs de la maison, et
qu’en suite de ceste convention le différent de la Haute-Hesse doit estre remis
au jugement des électeurs de Saxe et Brandebourg .
Que sy l’on procède par autre voye que celle d’une amiable composition,
l’électeur de Saxe ne veut pas abandonner son gendre
Lgf. Georg II. von Hessen-Darmstadt war seit 1627 mit Sophia (1609–1671), Tochter des
Kf.en Johann Georg I. von Sachsen (s. [nr. 10 Anm. 7] ), verh.
faction du duc de Bavières et d’autres; que s’il eschet quelque recompense en
argent pour le landgrave de Hesse-Cassel, elle peut estre d’une somme de
cinquante ou soixante mil risdalles.
Pour la satisfaction de la France, qu’il ne dépend pas de l’Empereur de donner
Philipsbourg ny la souveraineté des dix villes impériales de l’Alsace, que les
estatz de l’Empire y sont contraires, et pour la récompense des archiducs
d’Inspruch persistent à demander les quatre millions de risdales avec le paye-
ment de touttes les debtes.
Que chacun de son costé satisfera la soldatesque, les couronnes devans consi-
dérer les grands Estats qu’elles acquièrent à la diminution de l’Empire; que
l’Empereur qui ne profite de rien donnera ordre à contenter sa milice.
Pour la seureté du traicté ils demeurent d’accord que tous les princes intéres-
sez soient contre celuy ou ceux qui y contreviendront, mais ils ne veulent pas
qu’il soit faict mention expresse des estatz de l’Empire comme s’ils préten-
doient inférer par ceste exclusion qu’ils ne peuvent se liguer contre l’Empe-
reur, quand mesmes il contreviendroit au traicté.
Jusques-là les Impériaux avoient respondu sur les poincts dont nous avions
parlé aux médiateurs, mais ils adjoutèrent de plus que la paix ne se pouvoit
faire dans l’Empire, qu’elle ne fût conclue en mesme temps avec les Espa-
gnols, et que c’estoit une condition absolue et sine qua non, que le roy d’Es-
pagne estoit intéressé à la cession de l’Alsace, ayant le droict d’y pouvoir suc-
céder, et que s’il n’est compris dans la paix il ne rendra point Frankendal. Ils
persistèrent aussy à demander un passeport pour le duc Charles de Lor-
raine.
Nous ne jugeasmes pas devoir contester sur ceste response, estimans qu’il va-
loit mieux en faire paroistre de l’indifférence et du mespris, et nous deman-
dasmes en riant à messieurs les médiateurs, s’ils avoient esté priez depuis peu
de nous la faire, ou sy c’estoit pendant que nous estions absens de ceste ville.
Ils respondirent que dès le 18 de ce moys ils en avoient esté chargez.
„Peut-estre“, leur dismes-nous, „que messieurs les Impériaux changeront de
discours voyans que les grands avantages que leur armée s’estoit promis ne
sont pas arrivez; qu’ils devoient considérer qu’il ne seroit pas avantageux à
l’Empereur d’apporter du changement aux choses cy-devant accordées, parce
qu’il n’a encore consenty de laisser qu’une partie des places que nous tenons,
et que la France a offert de luy en restituer plusieurs qu’il seroit malaisé de luy
oster par les armes, et lesquelles désormais elle sera en liberté de conserver
par la mesme raison dont on se veut servir contre elle.“
Monsieur Contariny dit deux ou trois fois que la paix seroit bien aisée à faire,
et que touttes choses s’ajousteroient sans doute, n’estoit la prétention de Phi-
lisbourg et des dix villes. Il dit aussy que plusieurs dans l’assemblée ne veulent
pas la paix, et font ce qu’ils peuvent pour l’empescher, desquelz on se devoit
garder. Il adjousta que les Bavarois ne parloient pas aux plénipotentiaires des
autres princes, comme ils faisoient quand ils estoient avec nous. On ne tes-
moigna pas de |:faire grande réflection sur tout cella, comme si nous n’eus-
sions point esté faschez que les affaires s’esloignassent plustost de la conclu-
sion que de s’en approcher:|. En effect quand nous nous |:serions disposez de
nous départir de la prétention de Phillisbourg et des villes de l’Alsace:| le seul
intérest de l’Espagne empescheroit tousjours que la paix ne pust estre conclue
dans l’Alemagne, sy l’Empereur persiste à ne vouloir rien faire sans elle. Sy les
advis qu’on nous a donnez d’assez bon lieu sont véritables que |:l’union de
l’Empereur et du roy catholique ait esté renouvellée et raffermie par le ma-
riage de leurs quatre enfans
Abgesehen von der geplanten Heiratsverbindung zwischen Balthasar Karl und Maria Anna
(vgl. [nr. 45 Anm. 6] ) gab es in Wien vergebliche Bemühungen um eine Ehe zwischen dem
Thronfolger Ehg. Ferdinand (1633–1654; 1653 Römischer Kg.) ( Stammtafeln NF I T. 16)
und der Infantin Maria Theresia (s. [nr. 86 Anm. 15] ) ( Mecenseffy S. 79, 88).
princesses d’Inspruch
pour ne se séparer pas de cet |:allié nouveau qui luy est si nécessaire.
Le duc de Bavières et les estatz de l’Empire:| se laissent bien entendre que
quand il n’y aura plus que cet obstacle ils obligeront l’Empereur à passer
outre, mais les Impériaux qui le reconnoissent et l’appréhendent, contestent
industrieusement sur d’autres articles, afin qu’il ne |:paroisse pas aux estatz
que la seulle exclusion des intérestz d’Espagne arreste la paix de l’Empire:|.
Le lendemain
mièrement des titres que Leurs Majestez doivent donner à l’Empereur et rece-
voir de luy, mais nous en ferons le récit en dernier lieu pour ne discontinuer
pas ce qui regarde la négotiation.
Il nous fit des excuses de ce qu’il avoit appris qu’il nous avoit esté rapporté qu’il
avoit faict voir à monsieur Oxenstiern certaines lettres interceptées à dessein de
luy faire connoistre que c’estoit de propos délibéré et par ordre de la cour que
la jonction de nostre armée à la suédoise ne s’estoit point faicte. Il se mit fort en
peine à nous persuader le contraire, disant qu’ils eût faict en cela contre le
service de son maistre qui avoit intérest que ceste jonction ne se fist pas, à quoy
il eust esté utile de supprimer plutost que de publier de telles lettres. Il dit
ensuite avec quelque émotion que ses ordres et son intention estoit [!] de faire la
paix s’il se pouvoit, et d’éviter tout ce qui en retardoit la conclusion.
Sur ce propos de paix on se mit à parler des conditions dont il reste à conve-
nir. Il fit un long discours pour faire voir que la satisfaction accordée à la
France estoit grande et excessive, que le duc de Bavières avoit tousjours don-
né à entendre à l’Empereur que moyennant la cession de Brisach la France
seroit contente, qu’on n’avoit jamais cru que l’on deut prétendre ny Philips-
bourg ny les droictz souverains sur les dix villes impériales de l’Alsace, que
l’Empereur mesme quand il voudroit ne pouvoit accorder. Il luy fut répliqué
que souvent on avoit déclaré aux médiateurs que nous voiions bien que le
retardement d’accorder Brisach estoit pour nous faire quitter le reste de noz
prétentions, que nous avions remis les villes forestières pour obliger la maison
d’Inspruch à qui elles appartenoient en particulier, quoyqu’elles fussent du
tout à nostre bienséance, qu’avec une pareille facilité nous nous estions dépar-
tis du Brisgaw , que personne ne se trouvoit intéressé en ce que nous préten-
dions, que nous ne voulions occuper ny les revenus ny les droictz de l’évesque
de Spire ne demandans que la simple garde d’une place, la France ne recher-
chant en cela que la seureté et l’affermissement de la paix.
Comme ces raisons luy faisoient peine, il dit assez brusquement que l’on
sçavoit bien que nous n’avions pas le pouvoir de conclurre, et que depuis peu
nous avions eu ordre de la cour de tenir la négotiation en suspens. „Accordez-
nous donc“, luy dismes-nous, „ce que nous désirons, contentez nos alliez et
les estats de l’Empire, et nous vous déclarons que demain sy vous voulez nous
signerons la paix.“
Il nous parut que cela luy donnoit à penser, mais qu’il n’estoit pas encor en-
tièrement persuadé que nous n’eussions dessein de retarder la conclusion.
Ceste opinion luy peut avoir esté suggéré par les Espagnols pour luy oster le
désir de conclurre promptement, en luy en faisant perdre l’espérance, peut-
estre aussy faict-il semblant de le croire pour excuser ses dernières procédures
et donner à connoistre que s’il a différé, ç’a esté pour ceste raison, et non pas à
cause des vaines espérances qu’il s’estoit un peu facilement données.
Pour ce qui regarde les titres, le comte de Trautmansdorff tint le mesme lan-
gage que celuy dont il a cy-devant esté donné advis, qu’il ne se trouveroit point
que l’Empereur eût traicté noz roys de ‚Majesté‘. Il nous fist voir les originaux
de deux lettres du feu roy, et d’une de la Royne qui donnent à l’Empereur le
titre de ‚Majesté‘. Il dit qu’à Vienne il s’en trouveroit de semblables d’Henry
Quatrième et de ses prédecesseurs; que le dessein de son maistre n’estoit pas
d’introduire aucune nouveauté, mais de suivre ce qui s’estoit jusqu’icy practi-
qué; que sy la Royne escrivant de sa main donnoit à l’Empereur de la ‚Majesté‘,
l’Empereur feroit le mesme par une lettre particulière, pourveu qu’en mesme
temps on receut les lettres de sa chancelerie en la mesme façon qu’elles ont
tousjours esté conceues. Il ajousta qu’il attendoit encor quelque nouvelle de
Vienne, et nous pria d’escrire ce que dessus à la cour. Nous respondismes que
l’on pourroit faire voir par quantité de lettres que noz roys ont escrit aux
empereurs dans les mesmes termes dont on avoit usé envers eux, et que la
Royne ne seroit jamais conseillée d’y admettre aucune disparité, que l’on pou-
voit juger de l’équité et moderation des roys de France, qui ayans eu de tout
temps la préséance sur les autres roys de la chrestienté, ne l’avoient jamais
voulu débattre à l’Empereur, quoyqu’ils l’eussent pu faire avec autant et plus de
fondement que ceux qui depuis peu ont voulu révoquer en doute leur préémi-
nence, mais qu’on ne pouvoit en aucune façon recevoir de l’inégalité dans les
titres. Nous souhaiterions bien d’avoir icy |:quelques lettres qui pussent servir
de tesmoignage comme noz roys n’ont point donné de ‚Majesté‘ aux empe-
reurs, cella pour le moins feroit voir qu’il en a esté usé diversement:|. Nous
avons supplié que l’on nous en envoyast quelques copies deuement collation-
nées, mais comme ceste affaire ne |:doit pas estre traictée par les exemples,
quelque usage qui puisse avoir esté cy-devant:|, nous n’estimons pas qu’il
|:faille en aucune manière se relascher:|, et semble qu’on ne peut convenir d’un
titre différent, |:si ce n’est qu’on vînt à prendre l’expédient de ‚Majesté Impé-
rialle’ et ‚Royalle‘:|, duquel nous avons jugé ne devoir point |:parler pour cette
fois, mais attendre s’il sera proposé par eux et conserver ce moyen comme le
dernier, auquel on se peut sur ce laisser entendre:|.
Nous suivrons exactement ce que la Royne aura agréable de nous commander
sur ce suject, supplians très humblement Sa Majesté de nous faire sçavoir sy
au |:cas qu’on ne convienne d’aucun expédient:| il suffira de dire |:comme
eux que nous avions icy des lettres pour l’Empereur:| ou sy l’on doit faire
|:partir le sieur de Mondever avec les passeports faisans mention du subject
de son envoy sans lettre:|.
Nous sommes obligez de dire à ce propos qu’encor que le comte de Traut-
mansdorff nous ayt parlé en ceste affaire avec beaucoup de civilité et de dou-
ceur, |:il n’a pas laissé de demeurer dans la fermeté et d’insister tousjours sur
le stil antien:|. Nous avons respondu qu’on ne l’avoit pas observé sy exacte-
ment envers les autres princes, qu’on avoit donné depuis peu le titre de ‚Séré-
nissime‘ à plusieurs, qui n’estoient pas d’une dignité approchante de celle du
Roy, qu’autrefois les bulles des papes estoient addressées à l’Empereur, au roy
de France, et aux autres roys qu’on designoit soubz un nom collectif, et qu’au
concile de Trente pour contenter la jalousie de Philippe II on commença de
changer ceste forme au désavantage de noz roys. Sy on vouloit s’arrester sy
ponctuellement aux règles anciennes les empereurs n’avoient point accoustu-
mé de prendre ce titre ny d’estre qualifiez que ‚Roys des Romains‘ jusqu’à ce
qu’ils eussent pris la couronne impériale des mains du Pape, et que de ceste
sorte les anciennes formes ayans esté changées en faveur d’un chacun, il n’es-
toit plus juste qu’on les fît valoir seulement au préjudice de noz roys, et qu’on
alléguast contr’eux les prérogatives des empereurs romains, lorsqu’ilz estoient
maistres de toutte la terre; que pour conclusion nous estions obligez de luy
dire qu’on ne suffriroit aucune sorte de différence entre les titres du Roy et
de l’Empereur, et que Sa Majesté avoit d’autant plus de raison de persister
en ceste résolution, que nous avions veu des lettres publiques escrites par le
feu roy de Suède et par quelques autres roys qui ne peuvent pas prétendre
d’aller du pair avec ceux de France où ils ne traictoient point l’Empereur de
‚Majesté‘.
Monsieur d’Anctouille aura donné advis de ce qu’il a |:heureusement négotié
avec l’eslecteur de Trèves et aura envoyé copie ou l’original mesme du traic-
té
les choses qu’ayant adouci l’esprit de ce prince et de ceux qui sont auprès de
luy avec ce peu d’argent que nous luy avions faict fournir:|, il n’a point
|:obligé le Roy à la somme qu’il avoit pouvoir d’accorder:|. Il semble que
l’on doit |:promptement envoyer la ratiffication:|, et qu’il importe de tenir
|:secret ce traicté:|, à ce que nous puissions mieux nous en prévaloir sy d’a-
venture les |:Impériaux venoient à rejetter la difficulté sur le contentement de
celluy à qui la place appartient:|.
Nous n’avons rien à mander de la négotiation d’Espagne ny de ce qui se faict
en Holande dont on est plutost adverty à la cour par les ministres que le Roy
tient sur les lieux. |:L’indisposition de monsieur le prince d’Orange:| nous
donne |:beaucoup d’inquiétude:|.
Les sieurs |:Menerzvic, Pau et Cnut:| ayans signé les |:articles qui ont esté
arrestez avec les Espagnolz:|, on nous mande que l’assemblée |:de La Haye
l’a trouvé fort mauvais:|. Nous avons escrit au sieur |:Brasset qu’il en doit
faire une plaincte formelle et bien vive:| et obtenir s’il se peut |:un ordre de
l’Estat à ceux qui sont icy de ne rien faire que conjoinctement avec nous, et
que les deux traictez ne marchent d’un mesme pas et s’avancent esgalle-
ment:|.