Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
85. Servien an Lionne [Münster] 1646 Juli 24

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Servien an Lionne


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[Münster] 1646 Juli 24

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Konzept, größtenteils eigenhändig: AE , CP All. 77 fol. 154–159’ = Druckvorlage.

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Kenntnis der Gegner von französischer Instruktion bezüglich Portugals. Unterredung Trautt-
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mansdorffs mit Oxenstierna: Erklärung, keinen Frieden ohne Spanien zu schließen; Vorwürfe an
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Frankreich. Überlassung der Waldstädte, Philippsburgs und der Dekapolis von Frankreich ange-
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strebt . Vorwürfe gegenüber den bayrischen Gesandten. Bedeutung der Generalstaaten als Bundes-
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genossen . Hoffnung auf Frieden mit dem Kaiser und mit Spanien. Ankunft der Herzogin von
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Longueville.

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Je vous puis asseurer que les Espagnols et les Impériaux sont avertiz de tous
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les ordres qu’on nous envoye, et que c’est ce qui nous faict rencontrer icy les
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plus grandes difficultez sur les poinctz dont nous sommes en contestation. Je
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sçay qu’ilz ont dict à des personnes qu’ilz croyoient leur estre confidentes,
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qui les pressoient de s’accommoder, que les difficultez viennent de nous à
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cause que nous voulons renchérir sur les résolutions du conseil, et qu’ilz
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sçavent très bien qu’on nous a ordonné de ne rompre pas pour l’intérest de
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Portugal, et de donner deux millions d’or pour la récompense des Archiducz.
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Ce qui est de fascheux est qu’ilz disent les choses en effect comme elles nous

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sont envoyées, et ilz s’asseurent sy fort aux advis qu’on leur donne qu’encor
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que nous soustenions le contraire, cela n’est pas capable de leur faire changer
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d’oppinion, sy bien que nous travaillons inutilement, quand nous voulons
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mesnager la bourse du Roy, ou obtenir quelque autre condition advantageuse.
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Cela mériteroit bien qu’on examinast un peu par les mains de qui les dé-
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pesches ont accoustumé de passer dans la maison de monsieur de Brienne.

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Es scheint mir erforderlich, gegenüber Philippsburg ein Fort zu errichten. – Die
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neu ausgehobenen Truppen unter Tracy haben sich mit der schwedischen Armee
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vereinigt. Turenne marschiert in Richtung Hessen. Tous ceux qui ont cognois-
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sance du pays ne croyent pas que l’ennemy puisse l’empescher de se joindre.
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Après cela, on sera en estat de tout entreprendre, ou pour le moins de tout
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obtenir par un traicté de paix en chef.

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L’espérance que les Impériaux avoient conceue de prendre quelque notable
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avantage sur l’armée suédoise leur avoit bien faict changer de conduicte en-
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vers nous dans la négotiation. Trautmansdorff pendant ce temps a parlé plus
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hault contre nous qu’il n’avoit encore faict, et a déclaré nettement à monsieur
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Oxenstiern que nous estions bien trompez, si nous praetendions qu’on fist
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rien dans l’Empire à l’exclusion de l’Espagne, et a pris cette occasion de luy
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dire qu’il devoit faire un traicté pariticulier pour la Suède, puisque les difficul-
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tez qui retardoient le général venoient de nous par les injustes demandes que
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nous faisions contre l’Espagne. Il luy a dict de plus qu’il seroit bien malaisé
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que la paix fust durable avec la France, et que c’est le subjet pour lequel l’ Em-
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pereur avoit mieux aymé accorder la satisfaction du Roy en toute souveraine-
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té que de donner à Sa Majesté la qualité de prince de l’Empire, affin que sy un
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jour on vient à recommencer la guerre contre elle, les estatz de l’Empire non
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seulement n’y soient point intéressez, mais soient obligez d’assister la maison
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d’Austriche contre une puissance estrangère. Il se peult faire que c’est la véri-
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table pensée des ennemis, mais il se peult faire aussy que Trautmandorff a
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allégué cette raison aux Suédois pour leur oster la pensée d’obtenir la Pomé-
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ranie en la mesme forme qu’on accorde au Roy l’Alsace.

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Néantmoins, ce discours mérite bien qu’on y fasse refflection, et que l’on
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tasche sy les succès de cette campagne nous en donnent lieu de conserver les
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villes forestières qui peuvent plus contribuer que tout[e] autre chose à la seu-
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reté des pays et des places qui doivent demeurer au Roy, en nous asseurant le
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voysinage des Suisses et une libre communiquation avec eux. Selon mon foy-
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ble advis il vaudroit encor mieux adjouster un million d’or à nostre offre et
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donner les deux millions tous entiers qui seroient très bien employés, s’ils
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pouvoient empescher qu’une place fortifiée sur le Rhin comme Benfeld avec
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les trois autres, dont il y en a deux qui donnent le passage de la rivière, retum-
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bent entre les mains de nos ennemis.

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Ce discours et le changement de conduitte des Impériaux et des Bavarois,
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lorsqu’ils ont creu leurs affaires en meilleur estat, nous peut fournir un subjet
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très raisonnable de cette nouvelle demande, qui pourra enfin ou nous estre
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accordée ou nous faire obtenir avec Philisbourg que les dix villes impériales

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de l’Alsace

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Der Zehnstädtebund (Dekapolis) bestand aus den Reichsstädten Landau, Weißenburg ( Wis-
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sembourg ), Hagenau (Haguenau), Oberehnheim (Obernai), Rosheim und Schlettstadt
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(Sélestat) im Unterelsaß sowie Kaisersberg, Münster im St. Gregoriental, Türkheim ( Turck-
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heim ) und Colmar im Oberelsaß ( Bardot ) .
apartiennent au Roy en toute souveraineté comme le reste du
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pays, sans quoy j’ay tousjours creu et soustenu icy que cette aquisition sera
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plus considérable pour les aparences que pour l’efet.

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Car si nous n’y avons que le simple droit de protection qui à le bien prendre
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est plus onéreux que profitable, et que ces villes demeurent soubmises à l’ Em-
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pyre et aux ordres de l’Empereur tant pour la justice que pour le payement
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des contributions, outre que ce sera un perpétuel subjet de querelle et peut-
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estre d’une nouvelle guerre, ces villes inclinant comm’elles font à demeurer
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impériales auront de la peyne à recognoistre l’authorité du Roy et seront
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tousjours pour le parti contraire.

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Nous avons fait depuis peu de vives remontrances aux Bavarois sur le chan-
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gement de leur conduite qui n’a pas tendu depuis quelque temps à faciliter la
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paix ny à procurer les avantages de la France dans le traité, quoyque nous
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n’ayons perdu aucune ocasion d’avancer les intérests de leur maistre. En effect
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nous avons comencé nostre discours en leur donnant part de la résolution que
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nous avons fait prendre aux Suédois de consentir que le premier électorat
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d’un 〈…〉 demeure à monsieur de Bavière en rendant tout le Bas-Palatinat
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et donnant une huitiesme dignité au prince Palatin. Qu’à la vérité les Suédois
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faisoient faire quelque difficulté sur le Haut-Palatinat qu’ils croyoient devoir
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estre partagé entre Bavière et le Palatin, mais que nous espérions de faire ces-
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ser cette difficulté en mesme temps que celle qu’on avoit aportée jusqu’icy à
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la satisfaction des deux courones seroit cessée, et que quand cela n’arriveroit
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pas, monsieur ledict duc de Bavière seroit tousjours celuy qui gaigneroit le
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plus dans la paix asseurant l’électorat à ses successeurs avec la principale par-
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tie du Haut-Palatinat. Que nous avions de bon cœur fait les diligences en
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faveur de leur maistre pour satisfaire aux ordres de la Reyne et aux parolles
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que nous leur avions quelquefois données, encor que depuis quelque temps ils
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ne nous y eussent pas obligées. Que monsieur le duc de Bavière vouloit per-
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suader sans cesse aux autres de se départir de leurs demandes, mais qu’il n’ a-
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voit pas encor retranché la moindre chose des siennes en faveur de la paix,
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qu’à tous moments ils alléguoient les loix et les formes de l’Empyre pour
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combatre les praetentions d’autruy, mais que quand il falloit renverser les or-
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dres de l’Empyre pour asubjetir à leur maistre une ville impériale comme Da-
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navert

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Zu Donauwörth s. [ nr. 21 Anm. 3 ] .
, pour mettre garnison dans Lindau

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Lindau, Reichsstadt am Bodensee, war 1627–1649 von ksl. Truppen besetzt ( Buchstab
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S. 201).
, pour raser Hoentvyel

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Festung Hohentwiel, württembergische Exklave in Vorderösterreich ( Heydendorff II
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S. 107–110; Philippe S. 80).
, pour oster
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l’électorat d’une maison affin de le mettre dans la sienne, pour le faire rem-

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bourser des frais de la guerre en un temps où tous les autres princes en es-
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toient ruynées, ils le treuvoient fort raisonable. Que ce qui nous avoit plus
3
estonné avoit esté que les Impériaux eussent changé de langage et fussent
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devenus plus difficiles dans les conditions de la paix, depuis que les forces de
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monsieur le duc de Bavière estoient jointes avec les leurs et leur donnoient
6
espérance de quelque avantage sur les Suédois, qu’en cela l’on pouvoit dire
7
que monsieur le duc de Bavière agissoit contre son propre intérest, car si
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forçant les Suédois à un combat l’avantage demeuroit de leur costé, ils en
9
deviendroient plus difficiles dans leurs praetentions générales et particulières,
10
si aussy l’Empereur estoit victorieux, il ne considéroit peut-estre pas tant
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monsieur le duc de Bavière, n’ayant plus besoin de luy qu’il voulust achepter
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la paix aux dépens de sa maison pour acroistre celle de Bavière et aymeroit
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sans doute mieux continuer la guerre, en quoy monsieur le duc de Bavière ne
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treuveroit pas si bien son compte que s’il continuoit comm’il avoit comencé il
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y a quelque temps de disposer l’Empereur à la conclusion du traité, qu’il pa-
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roissoit aujourd’huy visiblement que les Espagnols le retardoient et auroient
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encor plus de pouvoir de le faire, lorsque monsieur le duc de Bavière seroit
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moins nécessaire.

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Nous leur fismes en suite très grande plainte de la déclaration que Traut-
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mensdorf avoit faite à monsieur Oxestiern que l’on ne fairoit jamais rien dans
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l’Empyre sans l’Espagne, puisque s’il persistoit en cette résolution, il estoit
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inutile de traiter des autres conditions de la paix, l’intérest des Espagnols qui
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ne se vouloient mettre à aucune raison estant seul capable d’en empescher la
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conclusion. Nous adjoustasmes que Trautmensdorf avoit publié des lettres
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interceptées de monsieur de Brienne escrites à monsieur d’Avaugour et s’en
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estoit voulu servir pour donner des soupçons à nos alliés, que ces lettres
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monstrant l’inclination de la France pour la paix et l’intention de considérer
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en toutes rencontres les intérests de monsieur le duc de Bavière qui est allié de
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l’Empereur ne méritoient pas qu’on tournast toute l’animosité contre nous ou
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du moins que monsieur le duc de Bavière contribuast à l’exercer, puisque
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nous n’estions hays de nos ennemis ny soupçonnés de nos alliés qu’à cause de
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l’affection que nous témoignions pour luy, qu’il estoit bien rude qu’au lieu de
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nous payer de semblable monnoye monsieur le duc de Bavière pendant le
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temps que nous agissions en sa faveur et que nous faisions tout nostre possi-
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ble pour différer la jonction de l’armée du Roy avec les Suédois de peur de luy
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nuire (comme l’on avoit peu voir par les lettres interceptées) n’eust rien oublié
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pour redoubler ses efforts contre les Suédois, affin qu’ils eussent subjet de
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croire que nous estions bien aises de leur ruyne et que nous n’avions différé
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de nous joindre à eux que pour la faciliter. Que pour conclusion il ne falloit
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pas espérer, tandis que monsieur le duc de Bavière assisteroit l’Empereur que
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nous manquassions d’assister les Suédois, et que si le procédé qu’il tenoit
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apertoit quelque changement d’affaires, nous aurions cette consolation de
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n’en estre pas cause et de n’avoir rien obmis de nostre part tant pour avancer
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la paix que pour y procurer les avantages de monsieur le duc de Bavière.

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1
Ils comencèrent leur réponse par des remerciements qu’ils nous firent des
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bons offices que nous avions rendus à leur maistre auprès des Suédois et puis
3
tachèrent de justifier leur conduite par de mauvaises raisons dont la pluspart
4
sont contenues dans la lettre que leur maistre a escrite cy-devant à Monsieur
5
le Nunce de Paris. Après ils nous voulurent persuader que le retardement
6
procédoit de la demande que nous faisions de Philisbourg et des dix villes de
7
l’Alsace, et nous firent lecture d’une lettre de Monsieur le Nunce qui nous
8
condemne sur ce point en déclarant un peu trop librement qu’il est estonné
9
de nostre praetention après les asseurances que Son Eminence luy a données
10
que quand Brisac seroit accordé, Sa Majesté seroit contente et ne demanderoit
11
plus rien (cela y est en termes exprès et que s’il a escrit en ce sens à monsieur
12
le duc de Bavière, ce n’a esté que par ordre de Son Eminence). Ce qu’ils nous
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dirent de meilleur et de plus décisif fust que quand la satisfaction des couron-
14
nes seroit ajustée, et que la paix ne seroit plus retardée que par le seul intérest
15
d’Espagne qu’on leur laissast faire et qu’on sçauroit bien obliger l’Empereur
16
de passer outre les estats de l’Empyre tant catholiques que protestans ne vou-
17
lant pas que leur repos dépende de l’obstination des Espagnols. Nous repar-
18
tismes que l’Empereur recognoissant fort bien cette disposition des estats évi-
19
toit industrieusement que la négotiation de la paix ne pust estre réduite à cest
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estat et faisoit des difficultés sur d’autres points, ausquels il ne s’arresteroit
21
pas sans l’intérest d’Espagne, affin qu’il ne pût pas paroistre aux estats de
22
l’Empyre qu’on estoit d’accord de toutes choses; que si leur maistre ne pre-
23
noit résolution de séparer ses troupes de celles de l’Archiduc

42
Ehg. Leopold Wilhelm (s. [ nr. 23 Anm. 18 ] ).
et de presser
24
l’Empereur comm’il faut de conclurre la paix en acordant la satisfaction des
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couronnes, les Espagnols auroient tousjours assez de poids pour empescher
26
qu’on ne vinst à cette conclusion tant désirée. Il me semble que nous les lais-
27
sasmes assez bien persuadé de nos raisons.

28
On ne pouvoit jamais prendre une résolution plus prudente et plus utile que
29
d’engager Messieurs les Estats par l’assistance extraordinaire qu’on leur
30
donne à faire une grande entreprise. Quand mesme nous ne devrions rien
31
faire de nostre costé, nostre principal intérest n’est pas de gaigner une place
32
de plus, mais de faire un traité avantageux, et pour y parvenir il importe par-
33
dessus toutes choses de les tenir tousjours attachés avec la France et empes-
34
cher qu’ils ne se laissent aller aux avantages qu’on leur offre dans un traité
35
particulier. Il semble qu’il n’y aura rien à craindre pour nous, pendant que les
36
armes seront en action principalement s’il y a aparence qu’elles réussissent en
37
leur dessein. Mais après la campagne ou bien au cas que monsieur le prince
38
d’Orenge ne puisse rien exéquuter, il y aura subjet de craindre que ces mes-
39
sieurs reprenants leur pratiques ne nous donnent les mesmes inquiétudes d’où
40
nous nous venons de sortir. Leur traité estant desjà tout fait et signé par les
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députés d’Espagne et par trois de Messieurs les Estats

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Gent, Pauw und Knuyt ( Waddington II S. 175f.) hatten die 70 provisorischen ndl.-span.
44
Artikel (s. [ nr. 50 Anm. 3 ] ) unterzeichnet.
, ce qu’il y a de plus

[p. 254] [scan. 326]


1
〈extraordinaire〉 en cela, et qui monstre qu’on donne encor secrètement
2
quelque espérance aux Espagnols de passer outre est qu’encor que depuis peu
3
on leur ayt déclaré sur nos instances de ne pouvoir rien faire sans la France,
4
les Espagnols n’ont point retirée leur minute d’eux et l’ont laissée confidem-
5
ment entre les mains des Hollandois. C’est pourquoy il faut tousjours extrê-
6
mement veiller à La Haye comme nous fairons icy à tout ce qui pourra estre
7
mis sur le tapis.

8
J’espère néantmoins que si monsieur de Turenne joindra l’armée de Suède,
9
comme rien ne l’en peut désormais empescher, le duc de Bavière contraindra
10
les Impériaux de conclurre le traité de l’Empyre, et qu’en mesme temps les
11
Espagnols pour ne demeurer pas seuls accepteront les offres que nous leur
12
avons faites, du moins il n’y aura que l’affaire du Portugal qui puisse estre
13
mise en compromis, la haine des Provinces-Unies estant universelle et s’ aug-
14
mentant tous les jours contre ceux de cette nation depuis l’entreprise qu’ils
15
ont faite dans le Brésil.

16
Madame de Longueville ariva hyer; nous luy avons esté à la rencontre jusques
17
à Vezel, ou les chaleurs excessives m’ont faict prendre deux chevaux pour ma
18
part.

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