Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
52. Memorandum Saint-Romains Münster 1646 Juli 3
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Münster 1646 Juli 3
Eigenhändige Ausfertigungen: Ass. Nat. 276 fol. 89–90’ = Druckvorlage
fol. 546–547’ (ohne Unterschrift). Zweitausfertigung: AE , CP All. 60 fol. 402–403’.
Hauptanliegen der Reise nach Schweden: Zulassung La Bardes; schwedische Verhandlungsfüh-
rung. Zustimmung Axel Oxenstiernas. Verweis auf Beilage. Ermahnung Johan Oxenstiernas
durch seinen Vater. Wunsch Königin Christinas nach guter Zusammenarbeit zwischen schwedi-
schen und französischen Gesandten. Keine Regelung bezüglich La Bardes. Schwedisches Friedens-
bedürfnis. Forderung nach Restitution der Pfalz; kein Beharren auf Rückgabe der Kurwürde.
Festhalten am Bündnis mit Frankreich. Befürwortung eines allgemeinen Friedens. Familie La
Gardie sowie Brahe und Torstenson von Königin Christina zur Wahrung ihrer Autorität favori-
siert. Kriegsbereitschaft Rákóczys. Rivalität zwischen den Familien Oxenstierna und La Gardie
positiv für Frankreich.
Relation de mon voiage en Suède
Le principal sujet de mon voiage regardoit l’admission de monsieur de La
Barde aux conférences avec les Impériaux et la conduitte de messieurs les
plénipotentiaires de Suède à nostre regard. Monsieur le chancelier Oxenstiern
a bien reconnu le juste sujet que messeigneurs les ambassadeurs du Roi
avoient de se plaindre touchant l’un et l’autre point, et s’est senti fort obligé
de la modération et retenue avec laquelle on s’est conduit; il nous l’a tesmoi-
gné en plusieurs rencontres à monsieur Chanut et à moi. La response qu’il a
faitte à messeigneurs les ambassadeurs du Roi, dont copie sera ci-jointe, porte
en termes exprès que la reine de Suède „severe iniunxit ministris suis“ d’agir
en toutes choses de concert avec les ministres de France. Il nous a dit de plus
que comme père il y avoit exhorté son fils, et ne doutoit point qu’on n’en eust
tout contentement. Et comme je pris congé de lui, après m’avoir fait grande
caresse, il tesmoigna en termes exprès la satisfaction qu’il avoit du procédé de
mesdits seigneurs les ambassadeurs.
La reine de Suède a parlé encore plus nettement sur ce sujet. Elle a déclaré
que ses ambassadeurs faisoient contre son intention s’ils ne vivoient pas avec
ceux du Roi dans une parfaitte intelligence, et qu’elle renouvelleroit sérieuse-
ment les ordres qu’ils avoient eus plusieurs fois de ne faire aucune chose sans
la participation et le consentement des ministres de France, et il nous a sem-
blé, touchant l’admission de monsieur de La Barde, qu’il estoit possible d’em-
porter ce point sur l’esprit de Sa Majesté si l’on s’y fust opiniastré, mais on ne
le jugea pas à propos pour la considération du chancelier et aussi que l’estat
de la négotiation de la paix s’estant changé, la chose estoit devenue de peu
d’importance.
Après cela j’eus ordre de pénétrer les sentimens de la reine de Suède et de ses
ministres touchant la paix et le restablissement de la maison Palatine.
Il est malaisé de voir le fonds du cœur de ces messieurs qui sont deffians et
réservez au delà de tout ce que l’on sçauroit dire. Et pour ce qui regarde la
paix, monsieur le chancelier Oxenstiern nous a souvent déclaré que la Suède
la désiroit, mais il a tousjours ajousté qu’il falloit qu’elle fust seure et hon-
neste, que les estats d’Allemagne fussent contens et la paix de Pragues
lée. Et quelques avances que les Impériaux aient fait à Munster pendant mon
séjour à Stockholm, il a tousjours tesmoigné grande deffiance de leur sincérité
|:et esloigné toute espérance de paix:|. Le reste de la Suède nous a semblé
|:en avoir meilleure opinion:|, et il y a lieu de croire que |:si les autres ne la
désirent:| ils y consentiront volontiers pour la raison suivante dont il est es-
chappé quelque chose à quelqu’un d’entr’eux. |:La Suède est fort espuisée
d’argent et d’hommes, toutes ses forces sont en Allemagne, et:| s’il lui arrivoit
un malheur, comme la perte d’une bataille, à quoi elle est tous les jours expo-
sée, |:ces voisins qui n’attendent que l’occasion de luy courre sus:| n’en per-
droient pas une si favorable, et cet |: Estat despourveu d’hommes et d’ar-
gent :|, comme il est, courroit |:en ce cas quelque fortune:|. C’est pourquoi
les Suédois qui sont sages et qui ont cette opinion des princes voisins, seront
bien aises de se délivrer de ce hazard, et de s’affermir par la paix dans toutes
leurs conquestes.
Pour ce qui regarde la maison Palatine, monsieur le chancelier Oxenstiern
nous dist la première fois que nous lui en parlasmes, que les princes de cette
maison
Pgf. Karl Ludwig (s. [nr. 7 Anm. 19] ) und seine jüngeren Brüder Ruprecht (s. [nr. 21 Anm. 7] ),
Moritz (1621–1654), Eduard (1625–1663) und Philipp (1627–1650) ( Stammtafeln NF I
T. 28).
en a tousjours parlé avec beaucoup d’indifférence, et si d’abord la reine de
Suède nous tesmoigna considérer favorablement les intérests de cette maison,
néantmoins estant pressée sur cet affaire, elle déclara nettement qu’elle ne
seroit pas d’avis de continuer la guerre pour la restitution de la dignité électo-
rale si l’on obtenoit que toutes les terres fussent rendues.
Il est à considérer que monsieur le chancelier Oxenstiern nous a parlé en
plusieurs rencontres de tous les princes d’Allemagne |:avec la mesme indiffé-
rence qu’il a faict de la maison Palatine:|, et si les Impériaux ne se fussent
point si fort avancez à leur esgard, il nous semble avoir veu qu’ils eussent esté
|:traittables:| et touchant |:l’intérest des princes protestans:| et mesme tou-
chant leur satisfaction.
J’avois encore ordre d’observer s’il n’y avoit point en Suède quelque secrette
disposition à un traitté particulier, mais de quelque costé que nous aions jetté
les yeux, nous n’avons veu que des marques de respect et de bonne volonté
envers la France, et il nous a semblé que la pluspart posoient pour maxime et
fondement de la manutention et grandeur de leur Estat l’amitié et l’alliance de
la France, et le désir que monsieur de La Garde et monsieur le chancelier ont
de l’estendre au delà de la paix et de la rendre perpétuelle, dont ils nous ont
parlé ouvertement, en est une preuve certaine.
Pour ce qui regarde la distinction et l’indépendance du traitté d’Allemagne
d’avec celui d’Espagne, ils ont bien donné parole, en cas que la paix se fist
séparément dans l’Empire, de nous accommoder des troupes dont ils n’au-
roient plus besoin, mais il semble qu’ils aimeront mieux que ces deux affaires
ne se séparent point. Ils ont dit que leurs ambassadeurs n’avoient jamais eu
d’ordre que pour une paix générale, et il nous a semblé qu’ils ne verroient pas
volontiers que la paix se fist seulement avec les Espagnols. |:Peut-estre se-
rions-nous alors en estat d’agir en Allemagne plus puissament qu’ilz ne dési-
rent:|.
La reine de Suède est d’un esprit eslevé, ferme et très intelligent; elle tesmoi-
gne vouloir régner et cherche à affermir son autorité dont elle nous a paru
fort jalouse. Elle considère pour cet effet la maison de La Garde, le comte
Brahe et le maréchal Torstensohn qui retourne en Suède. Elle nous a tous-
jours parlé très favorablement de messieurs de La Garde père et fils
moigne grand désir que ce dernier fust bien traitté en France où elle l’envoie
ambassadeur extraordinaire. Il est bien informé des pensées de ladite reine, et
l’on peut beaucoup obliger Sa Majesté en la personne dudit ambassadeur.
Privates Anliegen La Gardies.
Le chancelier Oxenstiern me dist en partant que Rakoci avoit envoié un dé-
puté vers monsieur Torstensohn pour tesmoigner la bonne volonté qu’il avoit
de rentrer en guerre contre l’Empereur, et qu’il ne doutoit pas qu’il n’eust
aussi envoié vers messeigneurs les ambassadeurs pour le mesme sujet. Je le
pressai de dire son sentiment sur cet affaire, dont je l’asseurai qu’on seroit
bien aise d’estre informé à Munster. Il me dist que le Turc estant aujourd’huy
en armes contre la chrestienté, il n’estimoit pas qu’il fust à propos de faire
alliance avec lui, |: mais qu’on pourroit l’entretenir et si de lui-mesme il vou-
loit se remuer pour ses intérestz:| le laisser faire.
Il recommanda soigneusement la diversion du costé du Rhin, et que monsieur
de Turenne eust ordre d’agir de concert avec les généraux de Suède. La reine,
le connestable et tous les autres firent la mesme instance avec affection.
|:La jalousie qui est entre la maison de La Garde et celle du chancelier
Oxenstiern:| est avantageuse à nos affaires et facilite la paix, et il est à sou-
haitter que les choses demeurent pour ce regard en l’estat où elles sont,
|:parce que si le chancelier estoit absolument le maistre des conseilz et des
résolutions comme il a esté autresfois, je crois qu’il se rendroit très difficille
aux affaires d’Allemagne:|.