Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
51. Memorandum Serviens für Lionne Münster 1646 Juli 3
–/ 51 /–
Münster 1646 Juli 3
Reinkonzept, teilweise eigenhändig: AE , CP All. 77 fol. 50–55, 56, 57 = Druckvorlage.
Zu nr. 23 Verweis auf nr. 12. Niederländisch-spanische Verhandlungen: Fehlinformation Bras-
sets ; Streit um Souveränitätserklärung. Niederträchtiges Verhalten der niederländischen Gesand-
ten ; geringe Einflußmöglichkeit der Generalstaaten in Den Haag. Militärische Passivität der
Generalstaaten. Nachrichten aus Konstantinopel. Intrigen d’Avaux’. Sprengung des niederlän-
disch-französischen Bündnisses von Spanien angestrebt.
J’ay esté estonné de veoir dans le mémoire du Roy du 22 e qu’on nous ayt
demandé nos sentimens sur la forme de posséder les pays qu’on cède au Roy;
cela me faict appréhender que vous n’ayez pas receu mon mémoire du 13 du
mois passé qui contient à peu près tout ce qui en peult estre dict de part et
d’autre.
L’advis donné à monsieur Brasset dont il m’a envoyé coppie, et dont il est
faict mention dans ledit mémoire du Roy du 22. e de ces deux articles adjous-
tez à l’instruction des Hollandois, ne se treuve pas véritable. Niderhost m’a
asseuré que c’est une supposition, et qu’on n’a point faict l’addition de ces
deux articles à leur instruction. Sy celuy qui en a parlé à monsieur Brasset a
procédé sincèrement, il est à craindre qu’il ne se soit trompé luy-mesme, et je
croy qu’en ce cas il aura voulu parler d’un ordre très précis qui fut donné aux
députez à leur départ de ne s’engager point à contester avec les Espagnolz sur
le point de leur souveraineté et de se contenter plustost des simples termes
équivoques de la précédente trêve, que de rien demander de plus qui leur
puisse estre refusé pour ne former pas une contestation sur ce subjet qu’ilz
croyent ne leur pouvoir estre que désavantageuse en révocquant en doubte
l’estat de leur condition. Les députez d’icy n’ont pas observé cet ordre, et
ayant cru de faire les fins et de se prévalloir de la facilité des Espagnolz, ilz
ont mis dans leur première demande l’article de leur souveraineté en termes
que les Espagnolz ne l’ont pu accorder, ce qui est cause que la principale
contestation qui est aujourd’huy entre eux tumbe dessus cet article. Lesdits
députez en sont en très grande peine craignans d’estre blasmez de leurs supé-
rieurs , et pour réparer la faulte qu’ilz ont faicte en passant leurs ordres, ilz ont
donné aux Espagnolz des déclarations signées d’eulx, qui leur font encor plus
grand préjudice. Comme ç’a esté un artiffice de Pau et de Knut qui pensoient
par ce moyen endormir les Espagnolz et avancer leur négotiation, nous n’ a-
vons pas manqué soubz main de faire relever ce manquement auprès de mon-
sieur le prince d’[Orange] et de noz amis de La Haye qui tous sont scandali-
sez de ce procédé. Il se rencontre encor heureusement pour nous que cette
mesme déclaration
Vgl. [ nr. 31 Anm. 9 ] .
tion qu’ilz ont du neuvième article, ce qui nous a doublement obligé de la
relever sy fort et d’en faire considérer le préjudice.
Ladite déclaration fut donnée par escript aux Espagnolz signée de tous les
députez le 24 e de may. Depuis ilz n’ont rien oublié pour tascher de la retirer,
et je croy que c’est une des principales raisons pour lesquelles ilz pressent
eux-mesmes les Espagnolz de mettre en forme de traicté les 71 articles dont
ilz sont d’accord ensemble pour les signer de part et d’autre et rendre en
mesme temps les divers escriptz qui se sont donnez avant qu’avoir convenu
desdits articles. Les Espagnolz ne veullent point pour tout faire cette restitu-
tion , et j’ay sceu qu’ilz disent entre eux qu’ilz ne vouldroient pour rien du
monde que la déclaration du 24 e may fust hors de leurs mains ou n’eust pas
esté faicte, parce qu’elle faict oster tout le préjudice que peult recevoir le roy
d’Espagne en recognoissant les Provinces-Unies pour libres et souveraines, ou
du moins luy donne moyen de réparer un jour le préjudice qu’il reçoit main-
tenant de cette recognoissance.
Ladite déclaration porte que le roy d’Espagne ne doibt pas restraindre la re-
cognoissance qu’il faict de la souveraineté des Provinces-Unies au temps et à
la durée de la trêve comme le prétendoient les plénipotentiaires d’Espagne,
puisque (disent les Hollandois) l’on conviendra présentement d’un ferme et
durable repos, auquel cas la limitation de cette recognoissance ne sera point
nécessaire, ou il sera libre au roy d’Espagne après la trêve expirée de repren-
dre les armes. Ce sont ces dernières parolles dont les Espagnolz font tant de
cas et dont Messieurs les Estatz peuvent recevoir beaucoup de préjudice, car
comme l’intention des plus intelligens d’entre eux estoit d’acquérir un tiltre
tant pour asseurer leur souveraineté prétendue, que pour obliger un jour le
roy d’Espagne à la continuation de la trêve, en luy disant que ses armes ne
peuvent estre justes contre un peuple qu’il a recognu souverain et sur lequel il
a déclaré qu’il ne prétend rien, la déclaration faicte par les députez le 24 e may,
faict cesser toute la force de cette raison et produict un effect tout contraire,
parce qu’elle semble fournir un consentement exprès à la guerre que le roy
d’Espagne pourra faire après la trêve expirée. En effect nous sçavons que les
autheurs de cette déclaration ont très grande peur qu’elle ne fasse du bruict
dans leur pays où les moindres parolles qui mettent en doubte la souveraineté
sont très odieuses.
Cette mesme déclaration nous fournit des armes contre Messieurs les Estatz
pour nous deffendre du neuvième article, parce qu’elle nous a osté la meilleure
raison que nous pouvions avoir pour convier les Espagnolz de leur continuer la
trêve lors qu’elle sera expirée en cas que nous y eussions esté obligez, mais à
présent, quand nous leur vouldrions dire que leur maistre ne peult pas juste-
ment recommencer la guerre contre un peuple sur lequel il a recognu ne pou-
voir rien prétendre, ilz nous pourroient fermer la bouche, en nous disant que
ses propres ennemis luy en ont donné la liberté par escript, de sorte que quand
aujourd’huy les députez de Messieurs les Estatz retireroient l’original dudit
escript signé d’eux des mains des Espagnolz nous ne serions pas contens pour
cela, à cause qu’ilz en peuvent avoir retenu des copies authenticques, et que
nous sçavons certainement que c’est principalement sur cette déclaration que
s’est fondé le roy d’Espagne pour accorder la recognoissance de la souveraineté
des Provinces-Unies qu’on a exigée de luy.
Voylà à mon advis l’intrigue dont l’amy confident de La Haye aura voulu
parler à monsieur Brasset, puisque nos amis d’icy asseurent que cette addition
de deux articles nouveaux à l’instruction est une chose supposée.
Son Eminence doibt estre informée que Pau, Knut, et les autres qui sont au-
theurs de cette déclaration et qui l’ont faict passer contre l’advis de Niderhost
et de leurs autres collègues bien intentionnez se treuvent aujourd’huy extrê-
mement en peine, craignant non seulement que leur conduicte ne soit pas
approuvée de leurs supérieurs, mais qu’on ne soit obligé de faire un désaveu
formel de ladite déclaration pour se garentir entièrement du préjudice qu’elle
peult faire.
Cela est mesme cause que Pau et Knut recherchent aujourd’huy aussy basse-
ment les Espagnolz pour sortir de cet embarras que ceux-cy les ont cy-devant
recherchez, et je croy que pour venir à bout de leurs intentions ilz n’ont pas
eu honte de faire ausdits Espagnolz diverses promesses à nostre préjudice,
comme de ne mettre point en campagne ou de ne le faire qu’en aparence etc.,
dont les avis publiez ont esté rempliz, car pour en parler franchement jamais
il ne s’est veu un procédé sy infame que celuy de ces députez envers nous.
Toutes les fois que nous leur en faisons plainte, se voyans convaincus de nos
raisons, ilz nous donnent de bonnes paroles, mais oultre qu’elles n’ont jamais
d’effect, ilz ne font pas scrupule après cela d’estre quelquefois huict jours sans
nous veoir et sans nous parler, quoyqu’ilz soient tous les jours en conférences
secrettes avec les Espagnolz.
Pour moy je serois d’advis qu’on s’en plaignist haultement puisque la dissi-
mulation jusqu’icy n’a servy qu’à augmenter leur audace, et que nos plaintes
estans considerées par les sages et les bien intentionnez du pays, serviroient à
faire blasmer les autres et à les décréditer, aussy bien seroit-il impossible pour
les remettre dans le bon chemin de faire la mesme despense que les Espagnolz
font pour les corrompre.
Monsieur de La Thuillerie et monsieur Brasset nous envoyent de belles parol-
les sur tout ce que nous leur escrivons depuis deux mois. Je ne doubte point
aussy qu’on ne leur en donne de fort bonnes au lieu où ilz sont, mais ilz
avouent eux-mesmes que les députez généraux qui sont à La Haye n’ont pas
beaucoup de pouvoir sur ceux d’icy qui sont tous authorisez par leurs provin-
ces ce qui faict croire que c’est dans les provinces mesmes qu’il fault agir.
Desjà nous apprenons que pour y gagner les espritz, on y faict mettre en
déliberation les poinctz de la Catalogne, du Portugal et autres qui nous regar-
dent , et que mesme la province de Zélande a député trois nouveaux commis-
saires avec pouvoir de résouldre ces questions à l’exclusion des autres com-
missaires de la mesme province qui estoient desjà à La Haye. Knut est bien
associé pour quatrième à cette députation, mais il a eu dessein en mesme
temps de ne bouger d’icy. On ne sçait pas bien encor au vray quel est le but
de cette nouvelle députation, ny sy les autres provinces suivront bientost
l’exemple de la Zélande, mais en vérité, quoy que puissent dire les ministres
du Roy qui sont à La Haye, il me semble qu’il s’y fauldroit remuer plus vi-
goureusement qu’on ne faict. La conduicte qu’on doibt tenir dans un Estat
populaire est tout différente de celle qu’on tient dans la cour d’un seul prince.
Les fréquentes plaintes et la hardiesse qu’on apporte à les faire servent à don-
ner courage aux bons et à désarmer les meschans, au lieu que la patience
augmente le crédit de ceux-cy, facilite leurs entreprises et oste le moyen aux
autres d’y résister, lesquels croyent avec raison n’estre pas obligez de se re-
muer pour les intérestz d’aultruy plus que la partie intéressée quand elle ne
dict mot.
Je ne puis pas comprendre à quelle plus grande extrémité pourroient estre
réduictes les affaires de France, que celle où elles se treuvent aujourd’huy à
Courtray non seulement parce que toutes les forces du royaume y sont enga-
gées , mais pour la considération des personnes qui les commandent. Cepen-
dant , nous ne voyons pas que Messieurs les Estatz s’en remuent depuis trois
sepmaines, ny qu’ilz soient le moins du monde touchez du péril où ilz nous
voyent, au contraire, nous voyons ponctuellement exécuter toutes les promes-
ses que les Espagnolz se vantent qu’on leur a faictes secrètement. L’armée de
Messieurs les Estatz estant depuis plusieurs jours assemblée sans rien faire, se
remue plus lentement qu’à l’ordinaire, quoyque les places des Espagnolz dans
leurs frontières soient toutes desgarnies et qu’ilz voyent toutes les forces des
ennemis sur nos bras. Il fault avoir beaucoup de confiance pour ne croire pas
qu’il y aye quelque trahyson secrète là-dessoubs, puisque les Espagnolz ont
publié il y a près d’un mois les mesmes choses qu’on veoid ariver aujour-
d’huy. J’espère pourtant que Dieu nous fera la grâce que nous viendrons à
bout de tous nos desseins et qu’il donnera la gloire à Son Eminence de les
faire réussir en dépit de ses ennemis.
Trautmandorff m’a dict qu’il avoit appris par lettre
Alexander Greifenklau von Vollrats an Ferdinand III., Konstantinopel 1646 Mai 18 (Kopie:
TA Ka. 125 Bb 4f. nr. 5 fol. 78–81’). Dieser Brief des ksl. Res.en in Konstantinopel war
Trauttmansdorff vom Kaiser als Beilage zu einem Schreiben vom 12. Juni 1646 übersandt
worden (s. chronologisches Register APW II A 4 unter diesem Datum).
may que monsieur de Varenne
François de Godde(s) de Varennes (Lebensdaten konnten nicht ermittelt werden), conseiller du
Roi, vermittelte 1646 als ao. frz. Ges. in Konstantinopel erfolglos im Kandia-Krieg zwischen
Venedig und den Osmanen. Am 16. Januar 1647 kehrte er an den Hof nach Paris zurück
( DBF XVI Sp. 424; BU XLII Sp. 630; Hammer-Purgstall III S. 279; Kretschmayr III
S. 323; Tongas S. 41; APW II B 5 nr. 68).
ayant eu advis qu’il avoit faict apporter beaucoup d’argent dans son vaisseau
l’avoit faict visiter et saisir tout ce qui s’y estoit treuvé, quoyqu’on n’y eust
rencontré en tout que 18 mil piastres, que sur la plainte qui en avoit esté faicte
aux principaux officiers de la Porte ilz avoient respondu que la procédure
estoit injuste et extraordinaire, mais qu’ilz n’osoient en parler.
Monsieur d’Avaux a dict depuis peu à Contarini qu’on luy a offert l’ archevê-
ché de Bordeaux, et qu’il l’a refusée [!] voyant bien que c’est un artiffice de
Son Eminence pour l’oster de sa charge, mais que les choses ne sçauroient
plus durer longtemps en l’estat qu’elles sont, et que dans peu l’on ne le traic-
tera plus comme on a faict jusques icy, que les princes commencent de n’ ap-
prouver pas ce qui se faict et là-dessus, pour flatter Contarini a déclamé
contre l’entreprise d’Italie. C’est Promontorio
vis pour le faire sçavoir à Son Eminence. J’eusse bien tousjours asseuré que
monsieur d’Avaux a beaucoup de mauvaise volonté dans l’âme, mais je n’ eus-
se pas cru qu’il eust esté assez imprudent pour s’en ouvrir à un ministre es-
tranger duquel il avoue luy-mesme chaque jour qu’on se doibt deffier. Il fault
que la passion l’ayt bien aveuglé ce coup-là. Cependant les complaisances et
les bassesses qu’il faict auprès de monsieur de Longueville me font appréhen-
der qu’il n’ayt quelque mauvais dessein, et qu’il ne tasche de détourner les
bonnes intentions de ce prince qui pèche un peu en excès de facilité. Je ne dis
pas cela sans subjet, et n’oze pas présentement en marquer les raisons que
Promontorio m’en a dictes, lequel en vérité tesmoigne beaucoup de passion
pour le service du Roy et pour celuy de Son Eminence. Nous l’avons veu
jusque procéder en l’un et en l’autre avec très grande naifveté.
Les Espagnolz sont à un tel point de mortification qu’aussytost qu’ilz ont
sceu la reddition de Courtray Noirmon est allé dire aux Hollandois de leur
part que tout estoit perdu et que si Messieurs les Estatz ne se disposoient
promptement de conclurre avec le roy d’Espagne, il seroit obligé de donner
tout le pays aux François et qu’ilz y devoient prendre garde. Ceste apréhen-
sion est depuis quelque temps la plus puissante considération dont se servent
les Espagnolz pour convier les autres à se détacher de nous.