Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
291. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Mai 29
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Münster 1646 Mai 29
Ausfertigung: AE , CP All. 60 fol. 352–357 = Druckvorlage; überbracht durch Héron. Kopie:
AE , CP All. 76 fol. 469–477. Konzept, überwiegend eigenhändig: AE , CP All. 65 fol.
270–274’.
Gespräch mit Trauttmansdorff. Unveränderte Standpunkte in der Breisachfrage. Bemühen
d’Avaux’ um Anbahnung freundschaftlicher Beziehungen zum Kaiser und um Gewinnung
Trauttmansdorffs. Versicherung der Wertschätzung Mazarins. Günstige Wirkung auf Trautt-
mansdorff . Intrigen der Spanier gegen ihn. Erkundigung Trauttmansdorffs nach Mazarins Ver-
hältnis zu den französischen Hochadeligen. Befriedigung und positive Äußerungen Trauttmans-
dorffs . Tod der Kaiserin. Eintreten des Fürstbischofs von Osnabrück für Frankreich in der Brei-
sachfrage . Interesse der katholischen Reichsstände an der Wiederverheiratung des Kaisers mit
Mademoiselle. Komplimente für nrs. 275 und 276. Zweifel am Abfall der Generalstaaten. Nega-
tive Auswirkungen ihrer Verhandlungen mit Spanien. Bedenken gegen weitere territoriale Zuge-
ständnisse an den Oranier. Unterstützung seiner Ansprüche gegenüber Spanien. Positive Versi-
cherungen der holländischen Gesandten. Bitte um Geheimhaltung des Angebots von Breisach:
Hoffnung auf weitere Vorteile.
En la visite que le comte de Trautmansdorff m’a rendue il a encores parlé de
Brisach, mais ce n’a presque esté de part et d’autre qu’une redite de ce que j’en
escrivis à Vostre Eminence par le dernier ordinaire
S. [ nr. 282 ] .
qu’il accorderoit plustost tout ce que nous pourrions prétendre delà le Rhin
que de nous laisser cette place, et qu’elle leur tient merveilleusement au
cœur.
Quoyque j’aye persisté à la retenir comme du tout nécessaire à la conserva-
tion de l’Alsace, l’entretien dudit sieur comte a esté moins plaintif et ses pa-
roles moins sensibles que de coustume. Il m’a remis le premier sur ce que je
luy avois dit quelques jours auparavant |:de l’estime que Vostre Eminence a
tousjours fait de luy:|, tesmoignant pourtant quelque doute s’ilz seroient vé-
ritablement assistez de la France contre le Turc et s’ilz pourroient avec seureté
trouver leurs avantages en cette guerre-là; mais il me semble que ce n’estoit
pas tant pour en douter comme pour congnoistre mieux |:de quel esprit Vos-
tre Eminence est portée envers les Impériaux et envers luy en particulier:|. Je
l’en ay esclaircy à son contentement et au mien, car il avoua que nous n’avons
aucun sujet de divertir ny mesmes d’envier les progrès qu’ilz pourroient faire
en Hongrie, et de plus il prit goust à une grande |:différence que je faisois
entre l’amitié que la France se peut prometre de la maison d’Austriche d’ Al-
lemagne , et de celle d’Espaigne:|. Je disois qu’il n’y aura pas de peine à esta-
blir une bonne union entre les François et les Allemans et spécialement entre
l’Empereur et le Roy; que je le pouvois asseurer avec certitude que Vostre
Eminence |:est fort disposée à bien vivre avec luy, qu’elle espère après la paix
de metre sur le tapis des choses avantageuses à son maistre:|, et qu’alors,
Monseigneur, |:vous luy donnerez sujet d’avoir toute confiance en vous:|.
Je ne puis |:dire combien agréablement il receut ce discours qui fust assés
estendu:|, avec quelle attention il m’escouta, ny avec quelle curiosité il essaya
par divers moiens d’en sçavoir davantage. Nous estions assis à une distance
raisonnable pour parler commodément ensemble; néantmoins [il] approcha sa
chaise lorsque je parlois, et me fit response qu’il se |:sentoit extrêmement
honnoré de vostre approbation et de la volonté que vous aviez de:| tenir la
main à ce qu’après la paix il y ait une véritable correspondance entre l’ Empe-
reur et le Roy |:et entre Vostre Eminence et luy. Il me pria Monseigneur de
vous en remercier de sa part et de vous bien asseurer qu’il travaillera sincère-
ment à la mesme fin et qu’il veut estre vostre serviteur:|. Ce furent ses paroles
qu’il accompagna de civilitez en obstant le chapeau, et disant que jamais mi-
nistre d’Estat n’a si bien servy son prince naturel que vous faites la France,
|:et qu’il ne doute point que vous ne soyez aussi officieux à vos amis:|; que
pour luy il en a peu, mais qu’il leur conserve une affection constante; que je
cognoissois les Allemans et leur sincérité; et qu’il me pouvoit bien promettre
que dez le lendemain de la paix faitte |:l’Empereur sera vostre amy:|.
«Je présuppose, dit-il, que monsieur le cardinal Mazarini ayt véritablement
l’intention que vous me tesmoignez et en ce cas je répète que |:l’Empereur
luy sera amy:|; c’est le meilleur prince du monde et du meilleur naturel
comme sont tous ceux de la maison d’Austriche.» Je dis qu’il faut donc avouer
que le conseil d’Espagne change bien les mœurs de leurs roys. Il répliqua en
riant que j’estois suspect. |:«Mais vous-mesmes Monsieur, permétez-moy de
le dire, je ne vois pas que vous leur soyez fort confident. Le conte de Penna-
renda et monsieur Brun ont déclamé icy contre vous tant que vous avez esté à
Osnabruk:|; c’est chose cogneue à un chacun. |:Ils ont blasmé hautement
vostre conduite de précipitation:| parce que les bonnes gens prétendent que
les affaires de l’Empereur, celles de l’Empire et l’intérest de la religion catho-
lique en Allemagne, que tout cella doit estre entièrement réglé par l’intérest
de leur maistre qui n’est pas de faire si tost la paix.»
Je remarquois en parlant |:de quel visage le conte de Traufmansdorff enten-
doit ces choses affin de m’avancer plus ou moins selon la disposition de son
esprit:|, et d’autant qu’il me fut aizé de |:voir que cela ne le désobligeoit
point:|, j’en pris sujet de l’avertir confidemment (tesmoignant grand désir
d’avoir quelque part en ses bonnes grâces non seulement pour le respect de sa
vertu et de sa fortune, mais pour suivre l’intention de Vostre Eminence à qui
je devois tout) que |:l’Impératrice, le père Chirogra
Diego de Quiroga OFMCap (1574–1649) ( APW [ III C 3,1 S. 438 Anm. 2 ] ).
de Terranova travailloient conjoinctement à luy nuire pendant son absence:|;
que je ne doutois point qu’il n’en eust de bons avis, mais qu’il devoit croire
que la chose va bien avant puisqu’on |:la sçait et qu’elle est venue jusques à
moy; que cette mauvaise volonté des Espagnolz et à Vienne et à Monster:|
n’a autre motif sinon de ce qu’il |:sert fidèlement son maistre, et que comme
un bon Allemand désintéressé il ne laisse pas achever la ruine de l’Empire
pour suivre aveuglément toutes leurs passions:|.
|:Il ne perdit pas un mot de:| ce que je dis sur ce chapitre, et comme l’avis est
certain et qu’il m’avoit esté donné de très bon lieu il ne put le désavouer, il
essaya seulement de l’affoiblir en partie disant que |:l’Impératrice luy avoit
encores escrit depuis peu de sa propre main:|. Mais comme il voulut en dire
autant |:du duc de Terranova:| et qu’il ne cessoit de luy faire |:des letres
pleines de compliments, il luy eschapa quelque geste de mespris dont je me
prévalus sur-le-champ:| et dis que ces gens-là |:ne pardonnent point et qu’ils
l’ont tousjours tenu contraire à leurs
peu d’esmotion qu’il |:ne se soucioit point de tous ceux qui luy veulent mal,
que cela est ordinaire aux grandes cours, qu’il servoit un bon maistre et qu’au
reste ses ennemis n’auroient pas une grande victoire quand ils pourroient es-
loigner de la cour un homme de son aage qui n’a plus rien à désirer que le
repos et qui:| aura 62 ans le 4 du mois prochain.
Je repartis qu’il faisoit bien voir dans ces assemblées qu’il agit avec grande
vigueur de corps et d’esprit, et sur cella |:il me conta assez volontiers comme
il est tousjours occupé:|. «Ouy, dis-je, |:et pour récompense il se fait des
ligues contre vous»:|. Il ne respondit pas un mot. Peu de temps après il m’ in-
terrogea curieusement jusques à me conjurer de luy dire au vray comment
vous estes, Monseigneur, avec Son Altesse Royale et les grands du royaume.
Je luy fis avouer par les effetz qui esclatent de toutes partz que l’union doit
estre parfaitte et que l’authorité de Vostre Eminence n’est contreditte d’aucun
dans l’Estat, comme à la vérité sa conduitte est si glorieuse au Roy et si désin-
téressée qu’on dit par toute la France que ses parens et amis sont ceux qui
servent bien Sa Majesté. «Mais comment peut-il empescher, répliqua Traut-
mansdorff , que tant de princes et de seigneurs d’un naturel si remuant que
sont les François ne se brouillent pas ensemble durant le bas aage du Roy?
Per Dio io l’ammiro più per tal operatione che per tutte le prosperità della
Francia.»
|:Le voyant dans ce sentiment et qu’il vous regardoit Monseigneur dans toute
l’estendue de vostre puissance:|, je dis que j’estois ravy d’avoir |:jetté les fon-
demens d’une parfaite amitié entre deux grands ministres et que j’espérois que
celle de Vostre Eminence luy seroit très utile. Il me pria de nouveau de vous
asseurer de ses services:| et dit qu’il n’estoit pas |:homme de compliments,
mais que si après la paix il voit quelque effet de mes parolles il tiendra pleine-
ment ce qu’il a promis et avec entière satisfaction de Vostre Eminence:|.
Les députez de Bavières m’ont depuis tesmoigné qu’il |:est fort content de
moy:|. J’en rens compte à Vostre Eminence parce que |:c’est le sujet de mon
entretien qui luy a pleu quoyqu’il n’en ait rien touché à personne:|.
Je ne me souviens pas bien sur quel propos il dit que l’Empereur n’a jamais eu
mauvaise volonté contre la France, et qu’il n’y aura rien si aizé (si nous le
désirons) que de conserver intelligence avec luy. Mais je sçais luy avoir res-
pondu que je n’en doutois nullement, que je tenois |:luy Traufmansdorff
meilleur François qu’Espaignol:|, et que j’avois mandé à Vostre Eminence
qu’il a mis dans sa chambre le portrait du Roy tout proche celuy de la fille de
l’Empereur. Vous eussiez dit Monseigneur qu’il estoit luy-mesmes la fille, il
me voulut donner un petit coup de son chapeau qu’il tenoit à la main, et fut
néantmoins très aise que j’eusse fait cette remarque. Il adjousta mesmes que
|:la Reyne avoit autant de sujet d’affectionner la maison de l’Empereur que
celle du roy d’Espagne. Et enfin:| il me semble Monseigneur que |:le voilà au
point que vous désiriez et qu’il voudroit que la paix fust desjà faite:|.
Trauttmansdorff ist über den inzwischen bekannt gewordenen Tod der Kaiserin
|:keineswegs bestürzt:|. Wir haben ihm einen Beileidsbesuch abgestattet.
|:L’évesque d’Osnabruk:| qui est puissant dans cette assemblée, |:et qui s’est
signalé depuis quinze jours en faveur de la France touchant Brisac:|, me di-
soit avant-hier qu’il ne faut point |:remarier l’Empereur dans la maison
d’Austriche, et qu’il luy faut donner Mademoiselle:|; que c’est le sentiment
des autres députez de princes et estatz catholiques d’Allemagne. Un homme
de ma cognoissance qui hante familièrement chez |:monsieur Wolmar:| m’en
a dit autant, mais je n’ay pu sçavoir si c’est par ordre.
Komplimente für nrs. 275 und 276.
|:Messieurs les Estats nous embarassent extrêmement::| d’un costé ilz traî-
nent |:la campaigne et de l’autre ils précipitent leur traité. J’ay peine à croire
pourtant que ce soit avec dessein:| de violer la foy publique de noz alliances
et de s’abandonner à la discrétion de leurs anciens ennemis. Le sens commun
y résiste aussy bien que l’honneur et la seureté de leur Estat. D’ailleurs tant de
peuples et de provinces ne sont pas capables de convenir d’une si lasche in-
gratitude et infidélité, et nous sçavons que l’instruction de leurs députez y est
toute contraire. |:Mais il faut craindre deux choses, la première:| que le roy
d’Espagne leur ayant fait si avantageusement leur compte |:ils ne soient
conclure aussi le nostre:|. La seconde, que cette facilité et libéralité des Espa-
gnolz envers eux |:ne rallentisse encores l’effet de la campaigne à laquelle ils
ne sont desjà guères eschaufez:|. C’est à quoy nous essayons de pourvoir en
tout ce qui dépend de noz soins, et attendons le principal secours de Vostre
Eminence. Mais j’avoue Monseigneur que j’ay un peu hésité sur la proposi-
tion qu’on nous a fait
In [ nr. 290 ] .
que ce qu’il prendra luy demeure bien que ce fust du partage de la France:|.
Car s’il arrivoit que la paix ne se fist point cette année l’on seroit contraint
dans un an d’accepter encores la mesme diversion au mesme prix, et ainsy
l’assistance ordinaire d’argent et l’extrordinaire ne servi[r]oit qu’à |:diminuer
la part du Roy qui fust tant disputée lors du traité de:| 1635. Joint que si |:ce
partage n’a lieu par:| la continuation de la présente guerre |:il pourra avoir
lieu une autre fois:|, et que cela est encores de conséquence pour |:un es-
change ou mariage qui se pourroit faire durant la paix:|.
D’ailleurs il semble que |:ledit sieur prince soit assés porté à metre en campai-
gne :| sans qu’on ayt besoin de luy proposer une rescompense. Et |:quand à
ce qu’il fait traiter icy en son nom avec les Espagnolz:|, je ne vois pas que
nous ayons sujet d’en prendre jalousie puisqu’on nous a communiqué ses pré-
tentions , et au contraire je croy que nous y devrions offrir nostre assistance
|:au sieur Knut qui agit pour luy:|.
Depuis que cecy est escrit nous avons receu beaucoup de satisfaction des am-
bassadeurs de Messieurs les Estatz touchant ce que dessus, et j’espère Monsei-
gneur que tout ira bien.
S’il plaist à Vostre Eminence de donner ordre qu’à la cour |:l’on ne se descou-
vre pas aux ministres du pape et de Venise ny à qui que ce soit sur l’offre de
Brisac, nous pourrons peut-estre mesnager encores quelque chose pour le ser-
vice du Roy:|. Et sans aucune perte de temps: |:car pour conclurre tout à fait
ce qui concerne la satisfaction particulière de Sa Majesté en nous contentant
de Brisac, les affaires généralles n’en seront pas plus avancées:|, puisqu’il faut
que les plénipotentiaires de Suède, les Hessiens et les protestans soient aussy
d’accord de ce qui les touche. Pendant qu’on achèvera de démesler tous ces
divers intérestz, |:il ne serviroit de rien de nous relascher pour ceux de la
France:|, et nous ne lairrons pas de faire tout devoir à ce que |:les affaires se
terminent au plus tôt avec nos alliez, d’autant que nostre pis-aller sera d’avoir
Brisac avec la Haute et Basse-Alsace et le Suntgau:|.