Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
262. Memorandum Serviens für Lionne Münster 1646 [Mai 8]
Münster 1646 [Mai 8]
Konzept, mit eigenhändigen Korrekturen und Zusätzen: AE , CP All. 76 fol. 288–289,
293–303’
Einzelne, meist nur einseitig beschriebene Blätter, mehrfach am Rand als mémoire particulier
bezeichnet. Das Datum, nach [ nr. 278 ] , ist das Datum des Posttags.
Einstellung La Bardes. Kritik an der Antwort Longuevilles und d’Avaux’ auf das spanische An-
gebot bez. Kataloniens. Eifersucht Oxenstiernas auf Salvius. Intrigen d’Avaux’. Grund für Aus-
bleiben der Stellungnahme zum Waffenstillstand. Beschwichtigung der Katalanen. Anspruch
Longuevilles auf Berücksichtigung in der Investitur für das Elsaß. Spanische Nachrichtenverbin-
dungen in Frankreich. Rechtfertigung des Wunsches nach Verleihung der Grafschaft Ferrette.
Umgang mit Longueville und seiner Frau. Privata. Interessen Lionnes im Elsaß. Hinweis auf
Beilage. Wunsch der Schweden nach Verlängerung der Allianz: unbegründete Besorgnisse
d’Avaux’.
Je n’ay pas treuvé monsieur de La Barde à ce voyage en la mesme disposition,
ny pour moy ny pour le public, où je l’avois veu cy-devant. Il est demeuré
fort réservé sur toutes les choses qui se sont passées entre monsieur Oxen-
stiern et monsieur d’Avaux la dernière fois qu’ilz se sont veuz, et m’a dict
franchement qu’il avoit intérest d’escouter un chacun et de bien vivre avec
tout le monde. Il ne m’a pas désavoué que monsieur d’Avaux n’eust beaucoup
agy contre moy, mais il ne me l’a pas aussy formellement confirmé sy ce n’est
par son silence et par divers sousris. Il paroist tous les jours plus mescontent
de son employ, en parle avec grandes plaintes, ne s’occupe qu’à une histoire
latine qu’il compose , et se promet qu’on le retirera pour le plus tard au mois
de juin comme il l’a demandé plusieurs fois disant vous en avoir escript fran-
chement de la sorte. En effect un homme qui a les honneurs de l’ambassade
dans la teste a grand subjet de se desplaire dans la résidence d’Oznabrug où il
fault plus de discrétion et de patience que de vanité. Pour vous en parler
confidemment, j’ay treuvé son esprit dans une assiète toute différente de celle
où je l’avois laissé à mon précédent voyage d’Oznabrug
Im Dezember 1645, s. [ nr. 32 Anm. 2 ] .
monsieur de Chavigny estoit sur le point de rentrer dans sa charge, mainte-
nant qu’il veoid ses espérances évanouyes il ne faint point de dire qu’on a eu
grand tort de les luy redonner, et que c’est Son Eminence qui l’avoit engagé à
y penser. Il veult pourtant qu’on croye que monsieur de Chavigny l’a tous-
jours maltraicté et qu’il n’est point obligé de suivre sa fortune qu’aultant que
la bienscéance du monde l’y convie comme parent.
Je crains extrêmement que sy le dernier escript qu’on a envoyé d’icy à la cour
contenant ce qui s’est passé entre les médiateurs et nous estoit veu (comme il
fault tout appréhender d’eulx) qu’il ne nous en arivast de grands préjudices
principalement du costé de Catalogne. On a receu la proposition des Espa-
gnolz sur ce poinct aux mesmes termes dont ilz composent leurs libelles et
leurs placardz quand ilz veulent séduire les peuples de ce pays-là en leur of-
frant un pardon général, la conservation de leurs privilèges etc. Il me semble
qu’on n’y a pas respondu assez fortement et qu’une responce foible comme
celle-là joincte à l’offre de n’y faire qu’une trefve, en mesme temps qu’on en
veult séparer le Roussillon et l’asseurer par une paix, fera aisément cognoistre
à ces peuples qu’on prend le chemin de les abbandonner, cela arivant après les
bruictz qui ont desjà couru en Hollande, lesquelz auront facilement passé en
Catalogne, y pourra produire de très dangereux effectz sy on n’y remédie. Je
demande pardon à Son Eminence de mon appréhention, mais il est si impor-
tant de conserver la Cataloigne en l’estat qu’ell’est que sy nous l’avions per-
due avant qu’en avoir tiré récompense, les Espagnolz deviendroient beaucoup
plus difficiles dans les conditions de la paix lesquelles ilz ne facilitent que
pour recouvrer cette province. L’expression de Roses dans ce qu’on veult
conserver par la paix en ne faisant qu’une trêve pour la Catalogne nous peult
aussy beaucoup nuire. Car ou cette place est du Roussillon (ce qu’on ne croid
pas), et en ce cas elle estoit comprise dans l’offre des Espagnolz sans qu’il fust
besoin de l’exprimer, ou elle est de la Catalogne (comme l’on l’asseure), et si
cela est le soin qu’on a pris de l’en séparer affin de l’asseurer par la paix fera
paroistre bien clairement qu’on ne se soucie pas beaucoup du reste pour le-
quel on ne demande qu’une trêve. Il faut tout craindre parmy des peuples sy
changeans et sy capables de prendre des résolutions extrêmes que les Cata-
lans . Monsieur Oxenstiern m’a tesmoigné plus de jalousie qu’il n’avoit encor
faict contre son collègue. Il croid que monsieur d’Avaux le veult rendre consi-
dérable en France, et l’y descrier luy Oxenstieren. Je ne fus pas fasché qu’il
eust ceste appréhention, et fus bien aise de prendre cette occasion pour luy
faire corriger son humeur qui est quelquesfois trop difficile, sans repartir pré-
cisément à ce qu’il m’avoit dict. Je luy repondis qu’il est véritable que bien
souvent il estoit un peu trop ferme dans ses oppinions, et que ceux qui ne
l’aymoient pas faisoient craindre d’avoir à traicter avec luy. Il prist grand soin
de me faire cognoistre qu’il estoit beaucoup plus traictable que son collègue
lequel bien souvent luy conseilloit de tenir bon et soubz main se faisoit de
feste pour racommoder les affaires; que c’est un homme estrange auquel on
ne peult pas prendre confiance, qui mesme ne sçait pas bien vivre avec sa
femme
qu’il a de se faire considérer en France, et qu’on ne l’y croye pas de l’humeur
que je l’avois représenté, ce qui me fait espérer que nous aurons meilleure
raison de luy à l’avenir, veu que si je ne me trompe il fait dessein d’aller en
France après la paix et qu’il désire de s’y rendre agréable. Il nous importe de
le conserver en bonne humeur, à quoy je travaille autant que je puis, car encor
que son père le blasme en particulier quand il a tort, il le soustient en public
et ne souffre pas qu’on censure ny qu’on change en Suède ce qu’il fait par
deçà.
Monsieur d’Avaux avoit bien employé sa malignité naturelle à son dernier
voyage d’Oznabrug
Im Februar 1646, s. [ nr. 111 Anm. 2 ] , [ nr. 120 ] , [ nr. 137 ] .
lascheté de cet homme est estrange. C’ettoit luy qui pendant les contestations
passées disoit le plus souvent qu’il ne falloit point craindre les Suédois, et
qu’on ne devoit pas souffrir leurs entreprises. Cependant il leur a faict sçavoir
que toutes les aigreurs estoient venues de moy seul et que contre son advis j’y
avois porté monsieur de Longueville. Cet artiffice luy a sy mal réussy que
monsieur Oxenstiern qu’il croyoit avoir irrité m’en a donné advis confidem-
ment en se mocquant de luy. Comme je ne prétendz rien de la Suède, je ne me
soucierois pas beaucoup des oppinions qu’elle pourroit prendre, quand je fais
mon debvoir, mais il est malaisé que le service du Roy ne reçoive grand pré-
judice quand l’un de nous blasme les résolutions que nous avons prises en-
semble au lieu de les justiffier, pour avoir le plaisir de les rejetter quoyque
faulcement sur l’un de ses collègues. Je vous jure sur mon honneur qu’il ne
s’est jamais rien passé entre nous tant en affaires publicques que particulières
qu’il ne l’ayt révélé honteusement aux parties intéressées quand il a cru me
pouvoir faire mauvais office, et qu’il ne m’ayt joué des pièces semblables à
celle que vous sçavez de monsieur d’Héméry auquel il escrivist contre la véri-
té que j’avois mal parlé de luy. Cela n’a guières d’exemple dans des employz
sy importans que celuy-cy et principalement parmy des gents qui affectent
comme luy une probité aparente.
Vous devez estre bien asseuré qu’il n’a pas tenu à moy qu’on n’ayt envoyé
nostre advis sur la trêve comme il nous avoit esté ordonné
S. [ nr. 196 ] ; vgl. [ nr. 197 ] und davor [ nr. 185 ] sowie [ nr. 200 ] , zuletzt noch [ nr. 213 ] .
résouldre monsieur de Longueville et il m’avoit chargé de le dresser, je l’avois
faict, et la plus grande partie avoit esté mise en chiffre dans la dépesche du 14 e
du mois passé . Monsieur d’Avaux luy fit tout à coup changer d’advis sans
que j’en aye pu sçavoir la raison. J’en ay reparlé deux ou trois fois depuis sans
y avoir rien avancé. Je prieray monsieur de Longueville de treuver bon que
j’envoye mon advis en particulier à monsieur de Brienne.
Il faudra bien se souvenir d’escripre en Catalogne sur la proposition des Es-
pagnolz et les responces qui y ont esté faictes de nostre part lesquelles me
paroissent un peu foibles
ront esgallement aux Catalans, l’une que l’on veult séparer le Roussillon de la
Catalogne faisant la paix pour l’un et une simple trêve pour l’aultre; la se-
conde que l’on se laisse porter insensiblement à abbandonner la Catalogne
puisqu’au lieu de destruire l’offre du pardon faict par les Espagnolz on s’est
contenté de dire que toutes choses demeureront en mesme estat. Puisque nous
nous sommes insensiblement portés à traiter de cette affaire avant que toutes
les autres soient résolues, il me semble qu’on doit travailler de temps en
temps à praevenir l’esprit des principaux du pays et les fortifier contre ce
qu’ils pourroient aprendre d’ailleurs, selon mon foyble sentiment il y a subjet
de tout craindre de ce costé-là.
Je crains bien que sy l’on ne peult obtenir l’investiture de l’Alsace pour les
roys de France il n’arrive un subjet de mescontentement à monsieur de Lon-
gueville . Car lorsque Trautmansdorf m’a parlé des princes du sang, il l’a [!]
restrainct son offre aux princes légitimes de la maison de Bourbon. Je n’en ay
pas voulu faire rapport en ces termes pour ne toucher pas la praetention de
monsieur de Longueville qui a fort avant dans le cœur la qualité de prince du
sang. Sy on faict quelque chose qui l’en exclue formellement, je sçay bien
qu’on l’offencera sensiblement. C’est pourquoy dans les divers inconvéniens
qui peuvent arriver en cette matière j’ay creu très nécessaire que Son Emi-
nence fust avertie de cette mauvaise rencontre et qu’il importe extrêmement
de s’y conduire avec dextérité.
Il y a un Lorrain à Paris nommé le chevalier de L’Escalle qui escript les
nouvelles de ce qui se passe à une damoiselle qui est chez Brun. Un Liégeois
qui a esté aultresfois à Saavedra, et à qui nous donnons pension depuis sept ou
huict mois nous en a donné l’advis. J’ay mesnagé qu’il fist entrer un de ses
frères
Nicht ermittelt; s. im übrigen [ nr. 208 Anm. 8 ] .
les assez considérables. Il nous a encor adverty que les Espagnolz prennent
grand soin de faire mettre des supérieurs des maisons religieuses à leur dévo-
tion , affin que les religieux qu’ilz envoyent en France y soient receuz comme
venans d’un pays neutre, lesquelz n’y vont que pour servir les Espagnolz et
leur donner des advis.
Ich möchte Mazarin mit meiner Bitte um die Grafschaft Ferrette keine
Schwierigkeiten machen und hätte sie im Falle der Gewährung nicht vor Frie-
densschluß in Besitz genommen. Je ne croy pas que les collonelz à qui on a
distribué tout le pays d’Alsace ayent jamais prétendu d’en jouir après la paix.
Ce sont représailles et confiscations qui ne durent d’ordinaire que pendant la
guerre. Il me semble qu’il importe au service du Roy qu’on ne remplisse pas
ce pays d’estrangers, au moins de hérétiques à cause qu’en Allemagne les sei-
gneurs forcent leurs subjetz d’estre de leur religion. Il sera bien plus utile
selon mon foible advis de donner des pensions à tous ces collonelz, et les leur
faire payer dans Strasbourg ou dans Basle. On aura raison de leur dire que le
Roy ayant esté obligé d’acquérir à prix d’argent le droict des archiducz, on a
esté contraint de vendre leur domaine. A toute extrémité on leur pourroit
donner quelque chose du prix qui viendra de l’alliénation. En effect je croy
qu’il en fauldra venir là, et qu’on treuvera par ce moyen une partie de la
somme que nous promettrons aux archiducz par le traicté de paix. On y treu-
vera encor un aultre advantage qui est de remplir ce pays nouvellement
conquis de subjetz du Roy en leur faisant achepter ce qui sera alliéné, et en
faisant cette alliénation on pourra gratiffier ceux qu’il plaira à Sa Majesté par
des ordonnances de comptant ou aultrement. Jusqu’à ce que je sçache la réso-
lution qu’on y prendra je ne prieray point monsieur de Longueville d’en es-
crire quoyque je luy en aye desjà parlé et qu’il m’ayt promis d’en escrire.
Tout se passe très bien présentement entre luy et moy et il ne s’y peult rien
adjouster. Vous ne devez pas estre en peine quand madame de Longueville
sera icy qu’il arive rien de nostre part qui luy puisse desplaire. Car oultre que
ma femme pourra bien aller en France avant moy pour y faire ses couches s’il
y a apparence à la conclusion de la paix, soyez asseuré qu’elle ne prétendra
rien de madame de Longueville et qu’elle ne vivra que comme une simple
damoiselle doibt vivre avec une grande princesse sans songer à la qualité
d’ambassadrice.
Privata: Ansuchen meines Bruders, des Abtes.
Anbei verschiedene Unterlagen über das Elsaß, damit Sie sehen können, ob Sie
etwas für Sie in Frage Kommendes finden.
Beiliegendes Memorandum kann ich aus postalischen Gründen erst heute ab-
schicken . Obwohl durch nr. 241 eigentlich überholt, sende ich es dennoch wegen
einiger dort unbehandelter Punkte, speziell Italien betreffend, und bin gespannt
auf die Reaktion auf meinen Vorschlag.
Lorsque nous résolusmes ensemble ce que j’avois à faire en mon voyage d’ Oz-
nabrug , monsieur d’Avaux fist grande instance que sy les Suédois parloient de
la continuation de leur alliance avec la France, il ne falloit pas entendre à cette
recherche de crainte qu’ilz n’eussent dessein d’engager par ce moyen la
France à quelque nouveau subside. Je fus surpris de l’ardeur avec laquelle il
soustint son oppinion que je treuvé [!] un peu extraordinaire. En effect le bon
seigneur quand il veut couvrir quelque jalousie secrète ou se faire de feste en
quelque rencontre, il élève comme cela des fantosmes pour avoir la gloire de
les combatre. Je respondis que son appréhention estoit louable, mais qu’elle
me sembloit sans fondement; qu’il n’y avoit pas apparence que les Suédois
n’ayant point obtenu ny demandé de subside pendant les dix premières an-
nées que devoit durer nostre alliance après la paix eussent la pensée d’en prae-
tendre pour la continuer ou la rendre perpétuelle; qu’il y auroit bien eu plus
de prétexte à une semblable praetention lorsqu’on a fait l’alliance pour un
temps limité; que d’ailleurs, la ligue que nous avons proposée dans l’Empyre,
qui nous rend pour tousjours garends les uns envers les aultres de la paix qui
sera faite, produict le mesme effect que la continuation de nostre alliance avec
eux; que je ne voyois point d’inconvénient de laisser désirer aux Suédois une
plus estroitte union avec la France puisque jusqu’à présent ilz ont eu l’ indus-
trie de s’en faire tousjours rechercher; qu’après tout, un semblable désir ne
pouvoit estre qu’honorable et avantageux pour nous puisqu’il mettoit l’affaire
à nostre choix, et qu’il ne nous ostoit pas la liberté de l’accorder ou de la
refuser; qu’ils se rendroient ridicules s’ils nous fournissoient eux-mesmes un
juste subjet de n’acorder pas une chose qu’ils désirent et qu’aussy bien il n’ es-
toit pas question maintenant de résouldre cette quaestion puisque nous n’ a-
vions point d’ordre de la cour pour cela, mais qu’il estoit utile que nous pus-
sions advertir nos supérieurs du véritable désir des Suédois.