Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
248. Memorandum Longuevilles und d’Avaux für Ludwig XIV Münster 1646 April 27
Münster 1646 April 27
Ausfertigung: Ass. Nat. 275 fol. 258–280 = Druckvorlage; Eingang in Paris nach Dorsal fol.
281’: 1646 Mai 9. Duplikat für Mazarin: AE , CP All. 60 fol. 192–207. Kopie: AE , CP All.
76 fol. 262–269; Datum am Kopf von 27. in 28. April verbessert, Adressat nach Zusatz von
anderer Hand Brienne.
Sondierungsvorschläge der Mediatoren im Auftrag der Spanier: Pinerolo; Sicherheit Casales;
Schlichtung der Streitigkeiten zwischen Savoyen und Mantua; Correggio und Sabbioneta; italie-
nische Liga; Freilassung der Gefangenen; Verpflichtung gegenüber Freunden und Feinden; Zu-
stimmung zur Abtretung des Elsaß an Frankreich; Rückgabe Frankenthals; Abtretung des Rous-
sillon , der französischen Eroberungen im Artois sowie von Damvillers, Landrecies, Bapaume und
Hesdin. Ablehnende Antwort der Franzosen. Drängen der Mediatoren auf französische Erklä-
rung . Bedingung der Franzosen: formelles spanisches Angebot. Bitte Peñarandas, die Holländer
zur Beschleunigung ihrer Verhandlung mit Spanien anzuhalten. Unterrichtung der Holländer.
Angebot der Mediatoren im Namen der Spanier. Einwurf der Franzosen bzw. Rosas. Antrag auf
Bedenkzeit und Gelegenheit zur Beratung mit Holländern und Portugiesen. Ungeduld der Medi-
atoren . Besprechung mit den Holländern: Peñarandas Darstellung des Angebots ihnen gegenüber;
Antwort der Holländer auf Peñarandas Bitte um Beschleunigung ihrer Verhandlung. Einigung
mit Holländern und Portugiesen auf Forderung nach Waffenstillstand für Portugal. Geheimhal-
tung der portugiesischen Zustimmung. Antwort der Franzosen auf das spanische Angebot s. Bei-
lage . Beschwerden und Drohungen der Mediatoren. Argumente der Franzosen. Allgemein posi-
tive Reaktion auf die französische Forderung für Katalonien und Portugal. Besorgnis wegen der
Reaktion der Katalanen. Geringe Aussichten für den Tauschplan. Zu nr. 201 und 214: Geldzah-
lungen der Spanier an die Holländer; Gegentaktik. Erklärung gegenüber dem Nuntius besser in
einem fortgeschrittenen Stadium der Verhandlung. Casale. Correggio. Schrittweises Vorgehen
gegenüber Spanien. Unterredung Bruns mit den Holländern über die französische Antwort.
Samedy dernier messieurs les médiateurs ayans demandé audience nous di-
rent qu’enfin ils avoient ouvert la bouche aux plénipotentiaires d’Espagne,
mais avec tant de peine et de contradictions que qui auroit veu le comte de
Penaranda quand il leur a donné ceste commission, auroit leu sur son visage
qu’il se faisoit violence.
Pour les affaires d’Italie que le roy d’Espagne est content qu’on ne parle point
de Pignerol puisque la France le désire ainsy.
Que Casal ne soit point démoly puisque nous y résistons; et que pourveu
qu’il ne demeure pas en dépost entre les mains du Roy et qu’il n’y ayt point
garnison françoise, les Espagnols demeureront d’accord de tous les autres
moyens qu’on pourra proposer pour la seureté de la place.
Que pour les différens de Savoye et de Mantoue, [il] faut remettre cela à des
commissaires qui seront nommez de part et d’autre.
Que Correggio et Sabionete, c’est un procès qui est pendant devant leurs ju-
ges naturels, et n’a rien de commun avec la paix qui se traicte à Munster.
Qu’ils consentent à la ligue entre les princes d’Italie pour courre sus à celuy
qui contreviendroit à la paix.
Que tous les prisonniers de part et d’autre soient mis en liberté sans en excep-
ter dom Edouard, mais qu’il n’est pas besoing de le nommer particulièrement,
qu’il suffit que la chose se face.
Que la clause de demeurer amis d’amis et ennemis d’ennemis seroit conceue
en sorte qu’elle n’obligeroit les deux roys qu’en cas de nouvelles révoltes.
Pour les affaires d’Alemagne et pour la part que le roy d’Espagne y a, qu’il
donnera son consentement à l’aliénation de l’Alsace qui doit non seulement
retourner à sa maison à défaut de celle d’Inspruch, mais qui luy appartient dès
à présent en vertu du partage faict avec Ferdinand I er
Ferdinand I. (1503–1564), 1558 Ks. Gemeint ist der Vertrag von Brüssel 1522, einer von
mehreren Verträgen, durch welche die Trennung in eine dt. und eine span. Linie des Hauses
Habsburg erfolgte. Ks. Karl V. überließ seinem Bruder Ferdinand und dessen Nachkommen
das maximilianische Erbe mit Ausnahme des Elsaß mit dem Sundgau, der Landvogtei Hage-
nau , der Gft. Pfirt und dem Breisgau. Diese Gebiete wurden Ferdinand nur auf Lebenszeit
übertragen. Im Vertrag von Gent 1540 verzichtete Karl V. zugunsten Ferdinands auf diesen
Vorbehalt ( Turba S. 159f.). Der span. Anspruch auf das Elsaß stützte sich zum Zeitpunkt des
WFK auf den von Oñate 1617 geschlossenen Geheimvertrag, worin Ks. Ferdinand II. dem
span. Kg. die Abtretung des Elsaß zusammen mit der Landvogtei Hagenau und der Ortenau
versprochen hatte, wenn diese Gebiete an ihn fielen ( ebenda S. 206).
jouissance aux archiducs comme à ses parens. Qu’il prétend que ceste renon-
tiation facilitera ce qu’il peut désirer ailleurs de la France, et qu’autrement il
ne la fera pas, mais protestera par un acte public contre la cession que l’ Em-
pereur en veut faire.
Qu’en traictant du Bas-Palatinat on ne les compte pour rien quoyqu’ils y
tiennent Franckendal qui est la place la plus importante, mais qu’ils sont
prests néantmoins de la rendre.
Pour les affaires de Flandres et d’Espagne, que le comte de Pennaranda trou-
voit noz prétentions sy hautes, et les plénipotentiaires de France sy attachez à
leur mot qu’il semble que nous ayons voulu fermer touttes les avenues et
empescher qu’on ne nous fît aucune proposition. Mais que se sentant pressé
par les médiateurs, ils avoient discouru ensemble, et considéré divers moyens.
En cet endroict monsieur le nonce et monsieur Contariny agitèrent l’affaire
l’un après l’autre |:et parlèrent beaucoup sans rien dire. Nostre silence les
incommodoit, nous avions creu à propos de les voir venir:|. Enfin leur dis-
cours et les espérances que leur préface nous avoit données aboutirent à nous
faire une question; au cas qu’ils pussent porter les Espagnols à laisser au Roy
tout le comté de Roussillon et tout ce qu’on tient de l’Artois avec les quatre
places cy-devant offertes
S. [ nr. 186 Anm. 3 ] .
Comme ce n’estoit pas une offre formelle, et qu’au contraire les médiateurs
nous déclarèrent que c’estoit un simple discours qu’ils faisoient sans charge,
et que le roy d’Espagne ne traictera jamais sy ce que nous occupons en Cata-
logne n’est remis entre ses mains, nous respondismes ne leur pouvoir dire que
ce que nous avons répété tant de fois, qu’on face raison de la Navarre au Roy
ou que touttes choses demeurent en l’estat où elles sont.
|:L’on ne sauroit imaginer avec quelle amertume ilz receurent cette response,
quelz effortz ilz firent pour la faire changer et enfin avec combien de mescon-
tentement et de doulleur ilz se retirèrent au bout de deux heures, tous remplis
d’opinion que la France ne veut point de paix avant la campagne, ce qui ne
nuit pas icy aux affaires du Roy:|.
Nous sommes obligés de dire pour leur descharge que nous ayans trouvé dans
ceste résolution, ils ne nous pressèrent plus d’agréer ce qu’ils avoient proposé,
voyans bien que nous n’en tenions compte, mais ils nous prièrent et conjurè-
rent très instamment d’avoir au moins confiance en eux, et de leur faire enten-
dre à peu près jusques où l’on se relascheroit de nostre costé s’ils portoient les
plénipotentiaires d’Espagne à nous offrir ce que dessus, parce que rejetter
touttes les offres qu’on nous faict sans nous expliquer de ce que nous croyons
qui y manque, et sans nous départir en rien d’une première proposition que
nous avons faicte il y a desjà deux ans, c’est une manière d’agir inouïe, ce n’est
pas traicter de la paix, mais en prescrire les loix à un grand roy et réduire la
négotiation à des termes impossibles et impratiquables. Ils dirent vingt fois
qu’ils estoient bien malheureux de n’avoir encor pu tirer une bonne parole de
nous, et d’estre comme ils se voyoient en défiance de tous costez, d’autant
qu’ils combattent sans cesse les grandes prétentions des uns, et l’irrésolution
des autres à céder au temps. Il seroit bien aisé, dit Contariny, d’adhérer tan-
tost aux François, tantost aux Espagnols, et attendre que l’affaire se meurît
d’elle-mesme, sy la guerre du Turc ne l’obligeoit à une plus vive action pour
le salut de son pays et de toutte la chrestienté. |:Il se plaignit que le comte de
Penaranda, soit par une lenteur naturelle, soit par gravité ou par gloire:|
comme aussy par faute d’expérience, n’estant jamais sorty d’Espagne, |:se met
aussi peu en peine d’avancer le traicté et escoute les médiateurs avec autant de
froideur et d’indifférence:| que sy les affaires de son maistre estoient en bon
estat. Il se laissa entendre qu’après avoir |:arraché d’un homme de cet humeur
un demi-consentement:| à la proposition cy-dessus déclarée, sy nous ne luy
donnions en main de quoy le |:pousser encor plus avant, les affaires en de-
mcurcroient là:|. Cependant la campagne s’approche, les choses changeront
de face, tout le travail de la médiation sera perdu et cela l’inquiétoit extrême-
ment .
|:La meilleure raison dont ces messieurs se servirent:| et sur laquelle ils ap-
puièrent aussy davantage fut, qu’on a souvent dict en France à monsieur le
nonce Bagny et à monsieur l’ambassadeur de Venise que les médiateurs de-
voient faire quelque ouverture pour nous donner lieu d’entrer en traicté; et
qu’à présent qu’ils offrent à la France des provinces entières l’on se contentoit
de |:mespriser encor cette proposition aussy bien:| que les précédentes sans
dire seulement à quoy il tient qu’on ne l’accepte.
Ce fut par où ils finirent de longues et sensibles plaintes accompagnées pour-
tant de telle discrétion et civilité que nous les plaignismes nous-mesmes de
tant de peines que ceste négotiation leur donne, et les priasmes de considérer
sy en la constitution présente de touttes choses, c’estoit à nous à faire les
avances que le comte de Penaranda ne veut pas faire, sy c’estoit à nous à le
rechercher et à luy faciliter les moyens de conclurre une paix qui est sy néces-
saire à l’Espagne; que sy le traicté ne s’en avance pas, le roy d’Espagne s’en
doit prendre à luy-mesme |:d’en avoir donné la conduitte à un homme si
taciturne et si réservé où il ne faut pas l’estre:|.
Les médiateurs ayans repris la parole |:dirent qu’il a esté cinq sepmaines à
digérer:| la response que nous avons faicte à l’offre des quatre places, et que
maintenant quand il sçaura que nous ne nous sommes pas plus avancez sur la
pensée des médiateurs, |:il luy faudra trois mois pour revenir de l’ estonne-
ment où cella le jettera:|. «Nous sçavons desjà sa response, dirent-ils, il n’y
manquera pas: ›Miraremos, Dios es grando, es causa suya‹; |:et quoy que nous
puissions répliquer ou remontrer, il ne parle plus.»:|
En suite de ce discours nous continuasmes à nous justifier comme il s’ en-
suit .
Que lorsqu’on a dit à la cour que c’est aux médiateurs à mettre en avant
divers partis, l’on ne s’est pas obligé à les accepter; que pour la question qu’ils
nous avoient faicte, nous la recevions avec agréement, et remerciement de
leurs soings; que c’est tousjours avancer la paix. Et puisque nos parties y veu-
lent venir par degrez, et n’ont pas la force de subir tout d’un coup un mal
qu’ils ne peuvent éviter, messieurs les médiateurs contribuoient fort à la
conclusion du traicté en levant peu à peu les difficultez qui l’arrestent.
Qu’au fonds la chose est sy disproportionnée à ce que la France a conquis sur
les Espagnols dans une juste guerre, et plus encores aux Estats et royaumes
qu’ils ont usurpez sur noz roys, qu’il s’en faut la Catalogne, et les autres pla-
ces que nous tenons au Pays-Bas, et en la Franche-Comté que nous ne l’ ac-
ceptions .
Que c’est bien à la vérité la mesme déclaration que nous avons faicte il y a
longtemps, mais que pour nous estre mis d’abord à la raison (comme les mé-
diateurs mesmes nous y avoient conviez) nous n’avions pas tort de persévérer
en une proposition qui a esté trouvée juste de tout le monde, ou de ne rendre
rien à ceux qui nous doivent, ou de venir à compte.
Les médiateurs firent de nouveau grande instance qu’on leur donnât moyen
de poursuivre la négotiation |:et de tirer quelque autre chose des plénipoten-
tiaires d’Espagne à l’advantage de la France:|.
Nous demeurasmes aux termes de nostre response ajoustans seulement que sy
de la part des Espagnols ilz nous faisoient une proposition considérable, en-
cores qu’elle ne fust pas telle qu’on la pût accepter, ce seroit néantmoins un
commencement qui nous donneroit lieu de passer plus avant en matière et d’y
apporter de nostre part les facilitez possibles.
|:Cella ne les contentat pas plus que tout le reste. Ilz dirent:| que ce sont
paroles générales qui n’obligent à rien |:et s’en allèrent plus tristes et plus
mortiffiez que nous ne les avons veus depuis longtemps:|.
Nous avons |:usé de cette fermetté parce que le mémoire du Roy:| du dernier
mars |:ne nous a ordonné de nous expliquer des intentions de Sa Majesté
qu’en cas que les médiateurs nous fissent une proposition de la part des Espa-
gnolz :|.
|:Dimanche matin l’un de nous ayant rencontré monsieur Contarini à l’ esgli-
se :| il le laissa bien persuadé qu’à moins de nous |:tenter de quelque chose de
bon:| il n’y avoit rien à espérer de nostre part. Il fit le mesme effect après
midy sur l’esprit |:du sieur Isola qui le vint visitter:|, mais il agit d’une autre
manière avec celuy-cy qui après un long entretien dit que |:monsieur Brun et
luy feroient encor un effort pour porter le comte de Penaranda à se vaincre:|
quoyqu’il soit quelquefois un jour sans les regarder, tant il a de répugnance
aux conseils qu’ils luy donnent.
Dans la conférence du jour précédent avec les médiateurs, comme nous dis-
mes que nous présupposions que les Espagnols traicteroient icy en mesme
temps avec les ambassadeurs de Messieurs les Estatz, sans quoy nous ne pou-
vions rien faire, ils répliquèrent avoir eu charge expresse du comte de Penna-
randa de nous prier de sa part de faire office auprès desdicts sieurs ambassa-
deurs à ce qu’ils voulussent haster leur négotiation, le roy son maistre luy
ayant donné ordre de traicter conjoinctement avec les plénipotentiaires de
France et ceux des Provinces-Unies du Pays-Bas.
Les médiateurs ne furent pas plutost sortis que nous allasmes communiquer
tout ce qui s’estoit passé aux ambassadeurs de Messieurs les Estatz. Ils nous
en firent beaucoup de remerciemens, et approuvèrent nostre procédé à l’ es-
gard des Espagnols, disans que Penaranda craint trop de se fendre la bou-
che .
Lundy les médiateurs revinrent avec charge des plénipotentiaires d’Espagne
de nous offrir, en faisant la paix, de laisser au Roy toutte la comté de Rous-
sillon , Arras, et le reste que nous tenons de la comté d’Artois avec les quatre
places cy-devant offertes dont il y en a deux qui ne sont pas dans l’Artois,
sçavoir-est Landrecy et Damvilliers.
Ils répétèrent aussy les mesmes choses qu’ils nous avoient dictes samedy tou-
chant Messieurs les Estatz et les affaires d’Italie.
Après les civilitez ordinaires, nous leur dismes que nous présupposions que
Roses est compris dans l’offre de la comté de Roussillon. |:Les voilà aussytost
aux champs. Ilz commencèrent cette conférence et la continuèrent de fort
mauvaise grâce, grondant tousjours et tousjours rebutans ce que nous di-
sions :|. Ils soustinrent donc que sy Roses faict partie du Roussillon, il estoit
compris dans l’offre; autrement non, et qu’ils n’en sçavoient pas davantage;
qu’il ne s’agissoit pas de les interroger, mais de respondre. Nous les priasmes
de considérer que pour fonder nostre response, il seroit à propos de s’ esclair-
cir de l’intention des Espagnols afin que nous sceussions au vray ce qu’ils
offrent. Ilz dirent que nous pouvions traicter sur ceste présupposition. Nous
y consentismes, et entrasmes dans un cabinet proche pour délibérer entre
nous. Il nous sembla que l’affaire méritoit bien d’y penser à loisir, et qu’ aupa-
ravant de respondre il seroit plus seur d’en communiquer avec les ambassa-
deurs de Portugal, et ceux de Messieurs les Estatz. |:Cella despleust aux mé-
diateurs , et quoyque nous promissions:| de les revoir le lendemain à pareille
heure et que nous leur fissions entendre, qu’il n’estoit pas possible de prendre
moins de temps pour se résoudre sur dix ou douze articles d’importance et
pour en conférer avec noz alliés, |:ilz prirent ce délay pour une fuitte affec-
tée :| et pressèrent extraordinairement qu’on leur fît response à l’heure
mesme; parmy cela ils mesloient d’autres plaintes comme sy nous eussions
usé d’artifice et de surprise pour les engager à faire faire ceste offre aux Espa-
gnols , et puis les laisser là, |:en un mot ilz n’estoient pas traictables:|.
Mardy matin nous fusmes voir les ambassadeurs de Messieurs les Estats et
leurs fismes entendre ce que dessus. Ils nous contèrent comme la veille ilz
avoient rencontré Penaranda à la promenade hors la ville, qu’il estoit le pre-
mier descendu de carrosse, et leur avoit dict la commission qu’il avoit donnée
aux médiateurs de nous proposer la paix en laissant au Roy tout le comté de
Roussillon et tout ce que les armes de Sa Majesté ont pris en Artois, outre les
quatre places cy-devant offertes. Que sy ceste offre estoit acceptée le roy son
maistre ne régneroit plus que précairement (il usa de ce mot) et qu’il ne seroit
roy d’Espagne qu’autant qu’il plairoit aux François, puisque du Roussillon
jusques à Tolède il n’y a ny montagnes, ny rivières et que rien ne nous pourra
empescher de porter la guerre dans le milieu de leur pays quand nous vou-
drons . Lesdicts sieurs ambassadeurs nous tesmoignèrent beaucoup d’ estonne-
ment de ce discours qui leur avoit esté tenu par le chef de la légation espa-
gnole |:et faisoient réflection sur le grand avantage que le Roussillon donnera
à la France. Mais comme nous leur eusmes descouvert:| le secret de ceste
fausse humilité de noz communs ennemis, qui ont intérest de faire valoir ce
qu’ilz sont contraincts de céder |:et qui taschent d’exciter quelques mouve-
mentz de jalousie contre la France, ilz avouèrent:| qu’ils avoient bien re-
connu ceste intention et ne firent qu’en rire. |:Nous dirons néantmoings en
cet endroict:| qu’en l’audience que nous eusmes après cela des médiateurs,
monsieur Contariny assi[g]nant un très grand prix à l’offre des Espagnolz
soustint que noz alliez:| estoient dans ce mesme sentiment et peu après
|:nomma les Hollandois:|.
Ces messieurs les députés des Provinces-Unies nous tesmoignèrent une en-
tière satisfaction de ce qu’on leur donne part de touttes choses sy ponctuelle-
ment , et après s’estre retirez pour délibérer sur l’office que les Espagnols
avoient désiré qu’on leur fît pour l’avancement de leur traicté, ils nous priè-
rent de respondre aux médiateurs qu’ils ne sont pas en demeure; et qu’ayans
donné, il y a longtemps, à Pennaranda un project du pouvoir qui luy est né-
cessaire s’il désire traicter avec eux, il ne s’est pas encor déclaré là-dessus.
|:Nous avons sceu de lieu asseuré qu’ilz ont ordre de ne presser pas, mais que
si les Espagnolz se portent d’eulx-mesmes à donner:| un acte par lequel ils
s’obligent de faire venir un pouvoir d’Espagne en ceste forme |:ilz ayent à
l’accepter et à poursuivre la négotiation:|, après néantmoins en avoir donné
advis à Messieurs les Estatz.
Nous leur demandasmes quel moyen ils estimoient le plus propre pour main-
tenir les Portugais et les faire comprendre dans ce traicté.|:Ilz nous dirent en
confiance avoir ordre d’appuier fortement les intérestz du roy de Portugal,
mais non pas de rompre la négotiation sur ce subject, et que si l’on obtenoit
une trefve pour luy, c’est le plus grand avantage qu’il pouvoit espérer dans la
nouveauté de son règne:|.
Les ambassadeurs de Portugal que nous visitasmes le mesme jour |:en demeu-
rèrent d’accord, mais ce fust après les avoir cathéchisez longtemps. Ilz di-
soient :| que tous les ministres du Roy leur ont tousjours faict espérer que la
France et le Portugal auroient conjoinctement paix ou trefve et que leurs in-
térestz ne seroient point séparez. |:Enfin ilz recognurent qu’il n’estoit pas
possible qu’ilz fissent d’abbord un traicté de paix avec le roy d’Espagne, et
furent touchez des exemples:| que nous prismes de chez eux-mesmes, estant
certain qu’il n’y a jamais eu que des trêves non seulement entre la maison
d’Austriche et les Suisses, entre Espagne et Messieurs les Estatz, mais aussy
entre les roys de Castille et ceux de Portugal.
Il est à remarquer qu’en sortant |:ilz nous prièrent de tenir ferme pour leur
obtenir une trefve au moins de douze ans comme fut celle qui fust conclue à
La Haye en 1609, mais nous arrestâmes avec eux que leur consentement de-
meureroit caché à tout le monde, afin que les Espagnolz soient plus facilles à
accorder ce qu’ilz croiront désagréable et désavantageux à noz alliez et à
nous-mesme:|.
Cela servira encores pour faire |:la trefve plus longue et pour justiffier la fer-
meté que nous y appo[rt]erons si:| elle est nécessaire.
Sur le soir nous fusmes trouver messieurs les médiateurs. |:Nous commenças-
mes encor cette fois par les affaires d’Italie, quoyqu’ilz n’eussent pas gardé cet
ordre lorsqu’ilz nous parlèrent de la part des Espagnolz:|. Leurs propositions
et nos responses se verront mieux par un mémoire cy-joinct. Ce n’est pas
qu’on ayt traicté par escript, nous avons seulement marqué les principaux
poincts.
Reste à dire qu’ayans déclaré il y a longtemps aux médiateurs que l’on
n’insisteroit pas au dépost de Casal entre les mains du Roy pourveu qu’il
se trouvât un autre moyen solide et réel pour la seureté de la place, nous
n’avons faict que suivre ceste résolution et la leur faire considérer extrême-
ment .
Sur les différens de Savoie et Mantoue les médiateurs dirent qu’il n’est pas
raisonnable qu’ils arrestent la paix; mais que sy nous la voulons ferme et de
durée, il faudroit récompenser monsieur de Mantoue du dommage qu’il a re-
ceu par le traicté de Quérasque. |:Jusques là tout se passa assez doucement.
Mais quand nous vinsmes à respondre à l’offre des Espagnolz, monsieur le
nonce et Contarini parurent tout à faict surpris et dirent:|.
Que ceste proposition |:leur sembloit encor plus esloignée de la paix:| qu’ au-
cune de celles qui ont esté faictes; qu’il paroissoit par là que |:ce qui avoit
tousjours esté dict estoit véritable, que la France ne veut point de paix; que
plus on s’approchoit et on nous faisoit des offres avantageuses, plus nous
entrejettons de nouvelles difficultez:|. Monsieur Contariny dit que quant à
luy il n’estimoit pas que |:la paix se fist jamais, qu’il nous prioit de nous
souvenir un jour estant à Paris que nous luy avions souvent ouÿ dire que la
paix ne se feroit point:|. Il dit une autre fois que l’on estoit sur la crise et sur
le poinct de faire un jugement assuré des intentions de la France; qu’on les
connoistroit par la response qui seroit faicte à la dépesche portée par mon-
sieur de Montigny . Il |:estoit tout rouge et eschauffé et levoit souvent les
yeux en hault. Monsieur le nonce n’estoit pas plus contant:|. Ils prétendoient
tous deux que l’on |:voyoit à cette heure le dessein de la France de fomenter
une guerre intestine dans l’Espagne et d’affermir les affaires de Cathalogne et
du Portugal pendant une trefve:|. «Mais il me semble», dit Contariny, «que la
France désire une chose qui l’obligeroit à entretenir de grandes armées dans la
Catalogne, et y faire de sy excessives despenses, qu’elle s’y espuiseroit quelque
riche et opulent que soit le royaume.»
Comme ils recommençoient souvent qu’il |:ne falloit point espérer de paix,
ilz dirent:| que Pennaranda feroit publier et imprimer l’offre qu’il avoit faicte
pour tesmoigner à toutte la chrestienté, qu’il n’auroit pas tenu au roy son
maistre que la paix ne se fist, qu’il recommanderoit les affaires à Dieu, et iroit
pour sa santé aux eaues de Spa.
On respondit avec un sousris que sy les Espagnols monstrent le chemin à
sortir de Munster l’exemple en sera bientost suivi. Et comme l’on vint à dire
qu’ils devoient se destromper une bonne fois qu’on voulût faire la paix avec
eux sy elle n’estoit avantageuse pour la France, et qu’il estoit bien juste de se
récompenser d’une partie de tant d’usurpations qu’ils avoient faictes sur nous,
monsieur Contariny dit: «Et quelle plus belle offre que de deux comtez qui
valent quatre fois la Navarre!» |:Il répéta souvent ce mot de deux comtez,
comme voulant donner à cognoistre que le reste de l’Artois pourroit encor
estre ceddé:|.
Il dit que l’Alsace, l’Artois, et le Roussillon, c’est un royaume qu’ils nous ont
apporté depuis quinze jours et qu’on n’en tient compte; qu’il est sans exemple
que dans la minorité on eût agrandy un Estat de la sorte, et qu’encor devoit-
on faire quelque réflexion sur le péril où est présentement la chrestienté, |:sur
les affaires d’Angleterre ausquelles le Roy a très grand intérest:| et avoir es-
gard à la réputation que la France acquerroit sy elle quittoit quelque chose
pour le bien de la paix, et le blasme, haine et envie des nations sy par trop
d’ambition elle donnoit lieu au Turc de faire de grands progrez.
Nous réplicasmes que d’arrester le cours de nos prospéritez et vouloir bien
perdre trente milions qui ont desjà esté employez pour la campagne pro-
chaine , c’est donner beaucoup au public; mais que la modération de Leurs
Majestez esclate encor davantage en ce qu’elles se relaschent aujourd’huy
dans les choses qui sont plus à cœur au roy d’Espagne, et luy proposent elles-
mesmes un moyen d’en convenir sans blesser sa réputation.
Qu’au reste l’offre des Espagnols n’est point sy considérable comme on la
faict, puisque dans la foiblesse où ils sont non seulement ils ne veulent pas
nous faire raison de la Navarre, mais veulent exclurre le Portugal, la Catalo-
gne , Gravelines, Bourbourg, Thionville, touttes les places sur le Lis, et aux
environs, celles de la comté de Bourgongne et autres.
Nous leur dismes aussy qu’ils en parloient en médiateurs qui n’ont autre des-
sein que de faire approcher les parties, mais que nous sçavions bien qu’ils en
jugent tout autrement. En effect nous voyons desjà icy que ceux qui ont eu
connoissance de nostre response, louent et approuvent tout à faict l’ordre qui
nous a esté envoyé de la cour touchant la Catalogne et le Portugal. Il n’y a eu
personne jusqu’à ceste heure qui n’ayt dict ouvertement que la mutation qui y
est arrivée estoit trop récente pour pouvoir jamais obliger un roy d’Espagne à
renoncer sytost à ses droictz, et à traicter but à but avec deux Estatz qui ne
font que de naistre. Maintenant que Sa Majesté se contente qu’il s’y face une
trefve, nous espérons que sy ceste proposition ne produict la paix partout
ailleurs, la faute en sera imputée à ceux qui auront refusé les voyes d’ accom-
modement qu’ils ont desjà tenues en pareilles révolutions et lorsque leurs af-
faires estoient en beaucoup meilleur estat qu’elles ne sont aujourd’huy.
Il importe seulement selon nostre advis qu’en essayant de |:gaigner par deçà
l’affection publique, l’on ne perde pas celle des peuples en Cathalogne, et
qu’il plaise à la Reyne y envoyer en toute dilligence pour tirer quelque fruict
d’une négotiation qui leur est en effect très avantageuse et qu’ilz jugeront telle
eux-mesmes s’ilz ne sont prévenuz par les artiffices de noz parties qui tasche-
ront infalliblement de leur en faire donner la première impression au désad-
vantage de la France et contre la vérité de ce qui s’est passé:|.
Pour ceste raison il n’est pas mauvais que |:les médiateurs ayent pris l’affaire
de la sorte qu’ilz ont faict:|. Leur sentiment et leur response qui sera bientost
divulguée fera cognoistre |:aux Portugais et Catalans le soing qu’on a de leurs
intérestz:|.
Et d’ailleurs les Espagnols voyans comme le Roy s’attache à la conservation
de ces pays-là (qui est ce qui les presse le plus), |:ilz pourroient tomber dans
le parti d’eschange si quelque chose les y peut induire. Mais jusques à présent
nous n’y avons point veu d’apparence:|; et ce que nous avons dict quelque-
fois de la cession de la Catalogne pour la Navarre |:avec d’autres essays de
cette sorte n’a pas réussy:|. Tellement que ceste dernière proposition est la
meilleure, qu’on eût pu faire en la conjoncture présente et a esté très judicieu-
sement ordonnée, |:ayant pourveu que les Catalans et Portugais ne puissent
entrer en ombrage ny se plaindre d’estre abandonnez, et donnant lieu néant-
moins aux Espagnolz de croire que nostre but est tousjours de les affoiblir par
là et de nous accroistre du costé d’Espagne. La réserve expresse que nous
avons faicte en mesme temps des droictz du Roy sur la Navarre ne convient
pas mal à ce dessein:| et est sy légitime qu’elle ne sçauroit estre désapprouvée
de personne.
La dépesche que nous avons faicte par le sieur de Montigny et le présent
mémoire serviront de response à ceux du Roy des 7 e et 14 e de ce mois, quand
nous aurons ajousté que nous nous prévaudrons auprès des ambassadeurs de
Messieurs les Estatz de ce qui nous est mandé touchant |:Friquet et Noir-
mont :| lorsque messieurs Pauv et Cnut seront de retour puisque ce sont
|:ceux ausquelz Noirmont s’est vanté d’avoir offert de l’argent:|. Nous ne
manquerons pas d’occasion pour faire sentir auxdicts ambassadeurs que ces
gens-là |:se font de feste à leurs despens et se laissent entendre d’avoir grand
pouvoir auprès d’eulx:|.
Ce qui nous a porté à différer de faire la déclaration au |:nonce touchant le
pape:| est que nous avons creu qu’elle produiroit mieux son effect et dans
|:l’esprit de Sa Saincteté:| et dans les sentimens de tout le monde |:lorsque la
négotiation de Munster seroit plus avancée. Car alors le pape sera piqué vive-
ment par sa conscience et par l’intérest de toutte la chrestienté de ne retarder
pas la paix généralle pour contenter une passion particulière et l’avarice de
ceux qui le gouvernent:|. Mais sy l’on juge à propos qu’il en soit parlé aux
médiateurs |:sans attendre davantage:|, nous le ferons dans le temps qu’il
nous sera ordonné.
Sy faute de seureté réelle et suffisante |:pour Casal:| il eschet de remettre sur
le tapis la proposition que nous avons faicte de |:laisser la place entre les
mains du Roy:|, nous proffiterons de l’avertissement qu’on nous donne sur
|:la majorité de monsieur de Mantoue:|. Mais il y a bien apparence qu’on
conviendra de quelque autre expédient, en quoy nous continuerons d’agir se-
lon nostre instruction.
L’article qui touche |:Correggio:| nous a donné à poinct nommé l’ordre et la
lumière pour régler la response que nous venions de faire aux médiateurs sur
ce suject. L’on verra par l’escrit cy-joinct que sur le refus que les Espagnols
ont faict |:d’entrer en traicté pour Correggio et Sabionnette:| nous avons
insisté pour raison de Sabionete, et en avons marqué |:une raison particulliè-
re , acquiessans ainsy tacitement à la réplique des Espagnolz touchant l’autre
place:|.
Nous avons esté très aises de voir que nous ayons bien pris les intentions de la
Royne sur les divers |:moyens de faire la paix avec l’Espagne:|, et qu’il faut
travailler par degrez, |:ou à faire l’eschange, ou à tirer une récompense de la
Catalogne, ou à obtenir une trefve pour ce pais-là:|. C’est à ceste fin et en cet
ordre que nous avons essayé de |:disposer les affaires et avons dirigé nostre
conduitte:| en ceste dernière négotiation avec les |:Espagnolz:|.
Depuis ce mémoire escrit les ambassadeurs de Messieurs les Estats nous sont
venus trouver pour nous dire que |:Brun les a visittez ce matin et leur a faict
rapport de la response:| que nous avions faicte à leur proposition. La premiè-
re chose qu’il leur a dit sur ce suject a esté qu’il les convioit de haster leur
négotiation, et comme ceux-cy ont respondu qu’ils attendoient leurs collè-
gues et qu’au reste ils ne sont pas en demeure puisque les Espagnols n’ont pas
encores un pouvoir en bonne forme, il a répliqué qu’ils |:l’auront dès demain
s’ilz veullent, et qu’il n’y aura point de difficulté, mais qu’il falloit expédier les
affaires:|. Les Holandois ayans tesmoigné qu’ils ne vont pas volontiers sy
viste, il a dict |:avec plaincte que cella arresteroit toutes choses:| puisque les
François avoient déclaré encor de nouveau par leur response qu’il estoit né-
cessaire de traicter conjoinctement et en mesme temps avec eux.
En second lieu il a voulu les intéresser dans une comparaison qu’il disoit que
nous avions faicte des Catalans et Portugais avec les Estatz des Provinces-
Unies. Il a fondé ceste invention sur l’extraict qu’il a pris de nostre response
où il suppose que nous avons demandé pour la Catalogne et le Portugal une
trefve semblable à celle qui sera faicte avec Messieurs les Estatz. Mais sur-
le-champ nous leur en avons faict voir la fausseté par la communication de
l’escrit mesme qui sera cy-joinct. Ils y ont leu assés curieusement qu’il y est
parlé d’une trefve de la mesme durée que celle desdicts Sieurs Estats et rien
plus. Nous leur avons aussy représenté la foiblesse de cet artifice puisque ce
n’est pas |:les Catalans, mais le Roy:| qui propose et qui feroit ladicte trefve
avec le roy d’Espagne.
Ils ont adjousté que |:Brun paroissoit dans une consternation estrange:| sur
le contenu de |:nostre response:|, et particulièrement sur deux articles: l’un
par lequel nous voulons comprendre dans ce traicté la Catalogne et le Portu-
gal , disant que la paix ne se fera jamais de ceste sorte; l’autre par lequel nous
déclarons que |:c’est la dernière intention de Leurs Majestez:| et qu’on ne s’y
tient pas obligé sy elle n’est acceptée avant la campagne.
Beilage :
1 Aufzeichnung der französischen Antwort vom 24. April 1646 auf das Angebot der Mediatoren im
Auftrag der spanischen Gesandten vom 21. und 23. April 1646; übersandt als Memorandum
Longuevilles und d’Avaux’, Münster 1646 April 27. Ausfertigung: Ass. Nat. 275 fol. 282–285 =
Druckvorlage; Duplikat für Mazarin: AE , CP All. 60 fol. 208–208’, 210–210’, 209–209’.
Kopie: AE , CP All. 76 fol. 270–272. Druck: Siri VII S. 1025–1031; vgl. Einleitung S.
LXXIII.
Les médiateurs ont dict de la part des
plénipotentiaires d’Espagne touchant les
affaires d’Italie.
Qu’ils ne peuvent consentir que Casal soit
mis en dépost entre les mains du Roy ny
qu’il y demeure une garnison françoise,
mais qu’ils s’accorderont à tout autre
expédient raisonnable pour la seureté de
la place.
Puisqu’ils désapprouvent ce que nous
avons proposé pour la seureté de Casal,
qu’ils disent quelque chose de mieux, l’on
ne s’en esloignera pas, pourveu que ce
soit un moyen réel et suffisant pour
assurer la place.
Qu’ils ne parleront point de Pignerol
puisque de la part de la France on le
désire ainsy.
Que Pignerol demeure au Roy.
Que l’affaire de Sabioneta et Corregio est
une affaire de justice où il se doit décider
à qui ces places appartiennent.
La France insiste qu’il soit faict raison de
Sabioneta à la maison de Bozolo et ne
peut en une affaire sy juste refuser
protection au marquis de Pomar qui est
au service du Roy.
Que pour vuider les différends entre les
maisons de Savoie et Mantoue pour la
division du Piedmont et Montferrat, on
nommera des commissaires de part et
d’autre.
Il n’est pas question de nommer des
commissaires puisque tous les différens
ont esté terminez par un traicté faict par
les ministres de l’Empereur et du roy
d’Espagne et de l’adveu et du
consentement des députez de monsieur de
Mantoue quoyqu’il ne l’aye pas donné par
escrit. Mais il s’agit seulement d’arrester
que ce traicté sera exécuté, le Roy offrant
de paier la somme de cinq cens mil escus
à l’acquit de monsieur de Savoie pour la
plus-valeur des terres à luy assignées par
ledict traicté.
Ils n’ont pas d’autre intérest au faict des
Grisons que celuy de la conservation de
la religion catholique.
L’alliance des Grisons avec la France sera
restablie en l’estat qu’elle estoit en l’an
1617 sans préjudice de la religion
catholique.
Ils tombent d’accord qu’il soit faict une
ligue des princes d’Italie pour la seureté
des choses accordées dans le traicté en
laquelle les deux roys seront compris.
Accepté.
On restituera les prisonniers de part et
d’autre. Et le prince Edouard sera mis en
liberté, mais sans estre faict mention
particulière de sa personne.
On insiste à ce que le prince Edouard soit
nommé ne voyans pas qu’autrement il y
eût seureté sy ce n’est que lorsqu’on sera
d’accord de tout, on le mist en liberté
avant la signature du traicté.
Ils ne sçavent pas quels sont les traictés
faicts entre la France et le duc de
Lorraine, et ne pouvans rien promettre
pour luy il seroit bon qu’il eût icy ses
députez.
Les traictez faicts avec le duc Charles
sont connus d’un chacun, il les a ratifiez
estant en pleine et entière liberté et dans
ses Estats dont il estoit en possession en
vertue desdictz traictez qui ont esté sy
fidèlement exécutés de nostre part qu’il a
falu des armées et de grandes despenses
pour reprendre ce qu’on luy avoit rendu
volontairement. On ne prétend pas que le
roy d’Espagne promette aucune chose
pour luy, mais bien, qu’en faisant la paix
avec le Roy il s’oblige de n’assister
directement ny indirectement ledict duc.
On déclarera précisément quelles seront
les obligations des deux couronnes pour
amis et ennemis de l’une et de l’autre.
Accepté.
Qu’au surplus tant s’en faut qu’ils
prétendent introduire un traicté
particulier avec les Holandois ainsy qu’ils
en sont accusés, qu’au contraire ils prient
les plénipotentiaires de France d’avancer
leur traicté avec Messieurs les Estatz et de
les porter à ce qu’ils traictent en mesme
temps.
Nous avons déjà tesmoigné aux
ambassadeurs de Holande le désir des
plénipotentiaires d’Espagne d’avancer leur
traicté en mesme temps que le nostre. A
quoy ils ont respondu qu’ils ne sont point
en demeure, puisque leur ayant esté
présenté un pouvoir en la forme que
Messieurs les Estats le désirent, les
Espagnols ne l’ont point faict encore
venir ny donné parole de le faire.
Les médiateurs ont proposé aussy de la
mesme part:
Que le roy d’Espagne en faisant la paix
laissera à la France toutte la comté de
Roussillon, Arras avec le reste de la
comté d’Artois qui est occupé par la
France et les quatre places desjà offertes
dont il y en a deux qui n’en sont pas
sçavoir Danvilliers et Landrecy.
Nostre response a esté qu’encores que
ceste proposition soit sy disproportionée
à l’estat présent des affaires et aux justes
prétentions du Roy, qu’elle pût avec
raison nous faire tenir précisément dans
noz premières responses, néantmoins à
cause du présent besoing de la
Chrestienté et sans considérer les
despenses qui sont desjà faictes pour la
campagne, nous sommes prests de signer
la paix aux conditions sy-dessous:
Déclarans de la part du Roy que c’est la
dernière ouverture à quoy on se peut
porter, et que sy elle n’est acceptée avant
que les armées ayent commencé d’agir on
demeurera libre de faire lors telles
propositions que l’estat des affaires le
requerra.
Qu’il donnera son consentement pour
l’investiture de l’Alsace au profit du Roy
sinon qu’il protestera que ce qui sera faict
par l’Empereur et les estats de l’Empire
ne puisse porter préjudice aux droicts de
sa maison sur l’Alsace.
Qu’il fera rendre aussy Frankendal qui est
au Palatinat pourveu qu’il en tire quelque
avantage d’ailleurs.
L’ouverture est telle, qu’outre les choses
offertes Leurs Majestez prétendent avoir
la cession de tout le reste de leurs
conquestes dans les Pays-Bas et la
Bourgongne. Mais s’il est jugé à propos
de faire eschange de quelques places pour
la commodité des deux parties, Leurs
Majestez y feront paroistre toutte facilité
et qu’elles songent plus à ce qui est
nécessaire pour conserver que pour
acquérir.
Pour la Catalogne, qu’il donnera une
amnistie et pardon général, et s’obligera à
la conservation des privilèges des Catalans
en la meilleure manière que l’on pourra
désirer.
Leurs Majestez consentiront qu’il se face
une trefve pour la Catalogne, touttes
choses y demeurans en l’estat qu’elles
sont de part et d’autre y compris la place
de Flix qui est de l’Arragon. Elles
consentiront aussy qu’il se face une trefve
semblable avec le Portugal lesquelles deux
trefves seront de mesme durée que celle
qui sera faicte entre l’Espagne et
Messieurs les Estats.
Pour le Portugal les Espagnols demandent
que les François aydent à le recouvrir ou
pour le moins promettent de ne donner
aucune assistance aux Portugais; qu’il
importe à la Royne que ceste couronne ne
tombe pas en la maison de Bragance, y
pouvant succéder et estant obligée par la
parenté d’y assister le roy son frère.
Bien entendu que les plénipotentiaires
d’Espagne traicteront conjoinctement et
en mesme temps avec Messieurs les Estatz
Généraux des Provinces-Unies et que les
intérests de tous les alliez de la France
seront aussy décidez conjoinctement.
Le tout sans préjudice des droictz,
actions, et prétentions du Roy, qui seront
réservés en leur entier, sur les pays et
seigneuries, ausquelles il n’a esté
expressément renoncé par Sa Majesté ou
par ses prédécesseurs et nommément sur
la Navarre.